jeudi 27 juin 2019

Investigation d’une épidémie de gastro-entérites aiguës d’origine hydrique en mars 2016 en Isère


Je reproduis ci-après la conclusion de la remarquable et passionnante investigation qui relate un certain nombre d’actions correctives à la suite d’une importante épidémie localisée de gastro-entérites aiguës virales d’origine hydrique. C'est à lire ... et bravo l'InVS!
Cette épidémie dont l’alerte à l’ARS a été tardive a fortement marqué les habitants des deux communes du fait de son ampleur, de sa sévérité et de la situation de crise qu’elle a générée.


Cet événement pourra permettre d’appuyer les actions de sensibilisation des parties prenantes (exploitants, professionnels de santé, gestionnaires de collectivité) au signalement telles que préconisées dans le guide d’investigation des épidémies liées à l’ingestion d’eau de distribution. 
Les résultats des enquêtes épidémiologiques, microbiologiques et environnementales viennent confirmer l’origine hydrique de l’épidémie de gastro-entérites aiguës survenue en mars 2016 à Vif et Le Gua. L’étude épidémiologique complétée par l'enquête auprès des données de l'assurance maladie a permis d’apprécier son ampleur et son impact sanitaire sur la population de Vif et Le Gua. 


Au total, il est estimé que 26% de la population de Vif et Le Gua ont été touchés soit environ 2600 cas de GEA dont 35% d’enfants. 


L'épidémie d'ampleur de mars 2016 a donc été causée par l'ingestion d'une eau non désinfectée contenant des virus entériques pathogènes d'origine humaine. L’enquête a montré un défaut de surveillance des installations de traitement et de la teneur en désinfectant dans l'eau distribuée associés à une ressource en eau très vulnérable et dont le bassin d’alimentation était insuffisamment connu. En particulier, le rejet de la station d’épuration des eaux usées d’un hameau participait à alimenter la ressource en eau. Ce point de rejet a été depuis déplacé. 


Une inspection menée par l’ARS a montré que depuis l'épisode épidémique, l'exploitant des installations a considérablement amélioré son système de surveillance et de gestion des installations de production et de distribution d'eau, permettant de garantir la distribution d'une eau de qualité microbiologique conforme. 


Compte-tenu de la vulnérabilité importante des captages de l’Echaillon et de la forte attente de la population, la communauté d’agglomération de Grenoble a décidé de rechercher une autre ressource en eau malgré les coûts importants associés. Un forage a été créé dans la nappe alluviale du Drac au niveau de la réserve naturelle régionale des Îsles sur la commune de Vif. Sa mise en service progressive en 2018 a permis de remplacer totalement les captages de l’Echaillon qui sont toutefois conservés comme ressource de secours. 
Concernant les virus entériques, il est noté
Le typage des virus effectué après séquençage par le CNR a montré que les souches de rotavirus étaient de type G1P(8) et celles de norovirus étaient de type GII-17. Les souches étaient par ailleurs toutes identiques, confirmant une source d'exposition commune.


Ces analyses ont montré pour un certain nombre de patients une co-contamination par deux virus entériques (rotavirus, norovirus) voire une contamination par 3 virus pour une coproculture (rotavirus, norovirus et sapovirus). 
Le réservoir de ces souches de norovirus et de rotavirus est strictement humain excluant l’hypothèse d’une contamination d’origine animale.
Référence.
Yvon JM, Vincent N, Bourrin S. Investigation d’une épidémie de gastro-entérites aiguës d’origine hydrique à Vif-Le Gua, Isère, mars 2016. Saint-Maurice : Santé publique France, 2019. 59 p.

NB : La photo est issu de ce site d'information.

mercredi 26 juin 2019

La Chine suspend toutes ses importations de viande avec le Canada


« La Chine suspend toutes ses importations de viande avec le Canada », source article paru sur le blog de Jim Romahn, agri 007.

Une allégation chinoise selon laquelle les certificats d'exportation ont été falsifiés a secoué l'industrie canadienne de la viande. La Chine a donc suspendu toutes les importations de viande en provenance du Canada à compter de cette semaine.

Selon un communiqué publié par l'ambassade de Chine, un lot de viande de porc provenant du Canada contiendrait des résidus de ractopamine, un additif pour l'alimentation animale interdit dans de nombreux pays. Les importations de viande de porc en provenance de cette installation ont été interrompues dans l’attente d’une enquête du côté canadien.

« L'enquête qui a suivi a révélé que les certificats sanitaires vétérinaires joints au lot de porc exporté vers la Chine étaient contrefaits et que le nombre de ces faux certificats était de 188 », indique le communiqué.

Le porc a été exporté par Frigo Royal de Sainte-Hyacinthe, Québec.

La ministre fédérale de l'Agriculture, Marie-Claude Bibeau, a déclaré dans un communiqué que « l'ACIA (Agence canadienne d'inspection des aliments) a pris des mesures pour remédier à ce problème et continue de collaborer étroitement avec ses partenaires de l'industrie et les autorités chinoises. »

« L’ACIA enquête sur ce problème technique et a informé les services de la répression appropriés. »

« Cet incident est spécifique aux certificats d'exportation vers la Chine. Les certificats d'exportation vers d'autres pays ne sont pas affectés », indique le communiqué.

La suspension intervient juste après la publication d’un rapport sur le commerce international indiquant que les importations de porc en provenance de Chine ont augmenté ce printemps.

Jim Romahn ajoute, « J'espère que les responsables gouvernementaux et de l'entreprise impliqués seront bannis à vie de toute activité liée à l'industrie alimentaire. »

Commentaires. N’y a-t-il pas aussi derrière tout cela des arrières pensées chinoises liées à l‘arrestation au Canada d’une dirigeante d’Huawei ?

L'Anses demande de revoir le guide de BPH et de HACCP des fromages à la coupe en GMS



Cet avis est intéressant car l’Anses ou plus précisément le  groupe de travail (GT) « Evaluation des guides de bonnes pratiques d’hygiène (GBPH) et d’application des principes HACCP » a réalisé cette expertise à la demande de la DGCCRF le 3 octobre 2018.

L’Anses n’évalue plus les GBPH et d’application des principes HACCP, mais seulement « l’analyse des dangers effectuée et la pertinence des dangers retenus au regard du champ d’application du guide. »

L’expertise « ne porte que sur les points majeurs ayant un impact sur la sécurité des produits considérés et sur la sécurité du consommateur au final. »

Parmi les remarques, on peut lire,
Le GT GBPH relève que les établissements dérogataires ne sont pas évoqués comme fournisseurs potentiels, ce qui peut exclure certaines sources d’approvisionnement issus de circuits « courts ».
Des précisions pourraient, toutefois, être apportées sur les produits visés en indiquant la présence de végétaux dans certains fromages ou en décoration
… le guide ne propose pas à proprement parler une analyse des dangers spécifiques aux produits fromagers. Le guide décrit d’abord l’étape d’évaluation des dangers pour l’application des principes de la méthode HACCP en détaillant les éléments qui doivent la constituer (nature ou type de dangers, origine ou source, condition et cause d’apparition). A ce propos, le GT GBPH note que « La démarche globale d’analyse est donc insuffisante. »
Les dangers biologiques identifiés dans le guide sont pertinents mais insuffisants. Le GT GBPH recommande d’ajouter a minima dans la liste longue Brucella, Mycobacterium spp., ainsi que de développer l’argumentaire pour leur éviction de la liste des dangers significatifs (liste courte). Les dangers liés aux œufs devraient clairement être indiqués. Il manque une liste courte de dangers clairement identifiée et argumentée.
La liste des dangers chimiques potentiels ou raisonnablement prévisibles est incomplète. Le GT GBPH recommande d’inclure : les furanes et PCB, les retardateurs de flamme bromés, l’histamine, les dangers liés au mésusage d'auxiliaires technologiques et additifs alimentaires, les mycotoxines (notamment l’aflatoxine M1). Les deux dangers chimiques significatifs sont pertinents mais l’argumentaire pour leur sélection n’est pas présent dans le guide. Le GT GBPH recommande d’inclure dans une même logique les résidus de produits biocides utilisés dans le rayon (ex : produits de lutte contre les nuisibles). 
En conclusion,
Au final, l’analyse des dangers proposée est insuffisante et nécessite des modifications majeures pour répondre pleinement aux exigences du règlement (CE) n°852/2004 pour la mise en œuvre d’un guide de bonnes pratiques d’hygiène et d’application des principes HACCP.
Je ne sais dans combien de temps la GMS s’en remettra des remarques du GT GBPH de l’Anses et quand sera publier un nouveau guide, en attendant, je pense que vous pouvez, si vous le souhaitez continuer acheter vos fromages en GMS, mais mieux, je vous conseille plutôt de les acheter chez un fromager …

J’espère que cet accroc ne finira pas comme avec le GBPH restauration rapide du syndicat national de la restauration rapide (SNARR) qui persiste à indiquer dans sa brochure institutionnelle sur son site Internet,
Le SNARR publiera à cet effet un guide de bonnes pratiques validé par la DGAL et la DGCCRF après avis de l’Anses.
Le souci est qu’avec ce syndicat, L’espoir fait vivre, mais comme une corde raide (Paul Valéry).

Sur les avatars du SNARR et de l'éventuelle publication de son GBPH, on lira sans se lasser la communication atypique de ce syndicat, ici, ici et ici.