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mercredi 17 mai 2023

L’élevage industriel, quésaco ?

«Elevage industriel cherche définition», source blog-notes d’Olivier Masbou.

L’élevage industriel est régulièrement mis en cause en France et en Europe. Mais, au fait, l’élevage industriel, quésaco ?

Si l’on sait à peu près ce que veut dire ‘élevage intensif’ (grosso modo la population d’animaux rapportée au nombre d’hectares d’une exploitation et/ou au nombre de m2 d’un bâtiment), il n’existe pas de définition de l’élevage industriel.

A tel point que le Conseil d’Etat à décidé, le 22 mars, de saisir la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur cette question. La plus haute juridiction administrative française demande à la Cour de préciser si «la notion d’élevage industriel qui y figure est équivalente à celle d’élevage hors sol» ; ou, si la notion d’élevage industriel est distincte de la notion d’élevage hors sol, de déterminer «quels sont les critères à prendre en compte pour déterminer si un élevage doit être qualifié d’industriel» ?

La réponse de la CJUE pourrait tarder à venir car, rapporte le quotidien l’Opinion (17 mars), les ministres de l’Environnement de l’UE, le Parlement et la Commission européenne sont en train de se disputer pour savoir «à quel moment un élevage devient ‘industriel’».

Bref, nous en concluons que, à ce jour, personne ne sait, en France et en Europe, ce qu’est un élevage industriel. Dans l’attente d’une définition officielle, l’expression ne devrait plus pouvoir être employée. On peut rêver !

lundi 26 septembre 2022

La Suisse refuse d'interdire l'élevage intensif

Le journal La France Agricole indiquait que «Les Suisses voteront le dimanche 25 septembre 2022 pour se prononcer sur l'interdiction de l'élevage intensif dans ce pays encore très rural et déjà doté de lois parmi les plus strictes au monde en matière de bien-être animal.»

Les organisations de défense des animaux à l'origine de l'initiative veulent inscrire dans la Constitution la dignité des animaux d'élevage. Leur proposition éradiquerait essentiellement tout élevage industriel.

On connaît désormais le résultat, «Élevage intensif: pas de durcissement de la loi en matière de bien-être animal», selon Swissinfo du 26 septembre 2022.

Le peuple suisse a refusé dimanche l’initiative sur l’élevage intensif qui voulait inscrire la protection de la dignité des animaux dans la Constitution helvétique. La majorité des citoyens et citoyennes a considéré que la législation actuelle était déjà suffisamment stricte.

Le peuple a rejeté dimanche l'initiative populaire «Non à l'élevage intensif» par 62,9% des voix. Seul le canton de Bâle-Ville a dit «oui» à ce durcissement des règles.

En Suisse romande, le refus a été particulièrement net en Valais, avec 76,1%, à Fribourg (72,9%) et dans le Jura (72,4%). Vaud (65,6%) et Neuchâtel (63,9%) ont été un peu moins sévères. Le Tessin rejette également l'initiative, à près de deux contre trois.

Appenzell Rhodes-Intérieures est le champion du «non» avec 78,4% des voix, suivi d'Obwald avec 76,3% et de Schwyz avec 74,9%. Berne a aussi refusé par 61,5%. Le texte a fait de meilleurs scores dans les zones urbaines. Au total, environ 1,8 million de personnes ont refusé l'initiative. Le camp du «oui» a lui réuni un peu plus d'un million de votes.

En rejetant l’initiative contre l’élevage intensif ce dimanche, les Suisses ont une nouvelle fois exprimé leur attachement à une agriculture nationale forte. Mais les milieux agricoles ne pourront pas balayer d’un simple revers de la main le débat grandissant sur l’impact climatique des aliments.

Les agriculteurs et agricultrices suisses peuvent souffler. Du moins, celles et ceux, largement majoritaires, qui s’opposaient à l’interdiction de l’élevage intensif. Même si la campagne a été un peu moins émotionnelle et agitée que celle de l’an dernier sur l’interdiction des pesticides de synthèse, cette votation avait un air de déjà-vu.

Le texte, soutenu par des associations antispécistes et de défense des animaux, voulait inscrire dans la Constitution suisse la protection de la dignité des animaux de rente et l’interdiction de l’élevage intensif. Il prévoyait aussi que, d’ici 25 ans, les exigences en matière de bien-être du bétail et de la volaille atteignent au moins les standards 2018 du label Bio Suisse. Ces critères auraient également été valables pour les importations d’animaux et de produits d’origine animale.

Sur Twitter, le comité d'initiative déplore avoir manqué une opportunité, mais assure vouloir se «battre pour une Suisse sans élevage intensif».

Commentaire
Comme souvent des habitants des grandes villes (des bobos ou des écolos ou bien les deux ?) comme à Bâle, mais hélas aussi en France, s’opposent à ce que font les agriculteurs. C’est sûr, ‘ils’ doivent mieux savoir ...

lundi 22 août 2022

Le monde paysan est un élément fondamental ... en Suisse

Très sincèrement, je ne sais ce qui se passerait en France, si un tel vote devait avoir lieu, mais il vous faut aussi savoir qu'on ne consulte plus les gens en France depuis bien trop longtemps ...  

On aurait pu croire la cause entendue, mais voici qu’un nouveau vote va intervenir en Suisse à propos de l’«Élevage intensif: un nouveau clivage villes-campagnes en vue», source Agence Télégraphique Suisse (ATS) via Agir info.

Pour la sixième fois depuis 2017, la Suisse vote le 25 septembre sur une question liée à l'agriculture. L'initiative «Non à l'élevage intensif» reflète un énième clivage entre urbains et ruraux, qui devrait à nouveau tourner à l'avantage de ces derniers.

L'an dernier, deux initiatives populaires issues de comités citoyens demandaient l'interdiction des produits phytosanitaires dans l'agriculture. Rejetés par un peu plus de six votantes et votants sur dix, la campagne avait été tendue, voire violente par moments, avec des menaces de mort et des incendies intentionnels.

Le monde agricole a, dans sa grande majorité, martelé que ces textes menaçaient leurs exploitations. Seules les grandes villes s'y sont montrées favorables. Guy Parmelin, alors président de la Confédération et ancien viticulteur, avait pointé la problématique: «un fossé semble s'installer de plus en plus entre les grandes villes et la campagne».

Sujets émotionnels
Une partie qui devrait se rejouer avec la votation sur l'élevage intensif, même si, période estivale oblige, la campagne de votation a été relativement calme pour l'instant. «Ces sujets sont toujours émotionnels», rappelle à Keystone-ATS le politologue Pascal Sciarini, de l'Université de Genève.

«Les milieux urbains ont une vision idéalisée du monde paysan et de ce qu'il devrait être.» Ils appellent de leurs voeux davantage de contraintes, afin de faire avancer des causes jugées progressistes. De l'autre côté, les paysans, qui se voient comme des entrepreneurs, «ont du mal avec l'idée que l'Etat vienne leur dire comment fonctionner et comment travailler.»

Pendant des décennies, les paysans étaient une sorte de «vache sacrée» en Suisse. Depuis les années 1990 et 2000, avec la libéralisation, les accords de l'OMC, le tournant vert et les subventions de la Confédération, ce statut a évolué. Ce qui ne va pas sans provoquer des tensions.

Vote «raisonnable»
Depuis 2017, le monde paysan a toujours vu les votants le soutenir. Le résultat ne devrait pas être sensiblement différent cette fois. «Il y a un effet 'vote raisonnable' sur toutes ces questions. Les gens veulent avant tout continuer à pouvoir choisir leur nourriture et ne pas la payer trop chère», poursuit Pascal Sciarini.

«Surtout dans un contexte peu favorable aux expérimentations progressistes, comme on le vit actuellement avec les pénuries, la guerre en Ukraine, la canicule et les sécheresses».

Enfin, les activistes issus de milieux urbains sont coutumiers d'actions très médiatisées. Mais au final, «la Suisse reste un pays à majorité conservatrice de droite.» Le monde paysan en est un élément fondamental.

Aux lecteurs du blog
La revue PROCESS Alimentaire censure pour une triste question d’argent les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors que la revue a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire a fermé le blog et refuse tout assouplissement. Derrière cette revue, il faut que vous le sachiez, il y a une direction aux éditions du Boisbaudry, pleine de mépris, et un rédacteur en chef complice !

lundi 18 janvier 2021

Les liens entre élevage intensif et épidémies sont exceptionnels

Dans l’air du temps COVID, un reportage en Suisse (RTS) du 18 mai 2020 rapporte qu’il faut «Lutter contre l'élevage intensif pour prévenir de nouveaux virus»

A rebours de ce reportage, un article du journal La Croix du 16 janvier fait le point sur le Covid-19  et «Les liens entre élevage intensif et épidémies sont exceptionnels»

Entretien 

Avec 40 actions prévues dans plusieurs villes de France samedi 16 janvier, l’association L214 entend alerter sur le lien entre élevage intensif et risque épidémique pour les humains. Ce lien est-il avéré ? L’analyse de Daniel Marc, vétérinaire et chercheur en infectiologie/virologie moléculaire à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement)

La Croix : Dans quelle mesure les activités d’élevage sont-elles une cause de transmission des virus ?

Daniel Marc : Un agent infectieux ne naît jamais à partir de rien. Que ce soit, Ebola, le VIH  au XXe siècle ou la rougeole il y a probablement quelques siècles, les virus nous viennent toujours des animaux. Il peut venir d’un contact direct avec l’hôte premier, c’est par exemple le cas du sida avec les chimpanzés. Il y a les contaminations qui se font par un hôte intermédiaire, à travers lequel le virus s’adapte à l’homme, ce qui est le cas, par exemple, des coronavirus (le SARS de 2003 s’était ainsi adapté chez la civette). Enfin, on peut être contaminé par la piqûre d’un vecteur, c’est-à-dire d’un insecte piquant, à l’image du virus Zika ou de la fièvre jaune transmis par les moustiques.

Dès lors, il est logique que certaines zoonoses – les maladies transmissibles entre les animaux et l’être humain – nous soient arrivées à travers l’élevage mais c’est loin d’être la norme.

Peut-on quantifier le nombre d’épidémies dans l’histoire récente qui nous viennent de l’élevage intensif ?

D. M. : Aujourd’hui, le discours à la mode, qui parle beaucoup aux jeunes générations, vise à remettre en question l’élevage intensif. On veut faire croire que c’est la cause de tout, y compris des épidémies.

Il y a des précédents, certes, mais ce sont des exceptions. J’en vois essentiellement deux. La pandémie grippale à virus influenza A(H1N1) de 2009, par exemple, a été le fruit d’un assemblage viral de plus de dix ans entre des souches virales d’origine aviaire, des souches porcines et une souche humaine qui s’est constitué chez le porc. C’est au sein des élevages porcins qu’il a pu trouver une forme qui s’adapte à nous et qu’il s’est répandu dans la population.

L’autre, c’est le virus Nipah qui a fait une centaine de morts en Malaisie en 1998. Il s’est aussi transmis de la chauve-souris à l’homme à travers des élevages de porcs. Dans ce cas-là, les élevages porcins avaient été construits sur des zones déforestées qui empiétaient sur le milieu naturel des chauves-souris.

Changer notre modèle agricole n’aurait donc pas d’impact sur le risque épidémique ?

D. M. : À mon sens, élevage intensif ou extensif, cela ne change rien. Dans les deux cas, c’est le fait d’être en contact avec les animaux qui explique la transmission, pas leur nombre ou leurs conditions d’élevage. On a même un paradoxe en ce moment avec l’épidémie de grippe aviaire. Elle touche essentiellement le Sud-Ouest parce qu’on y pratique l’élevage de canards en plein air et que le virus vient du monde sauvage. En revanche, les élevages intensifs de volailles, très nombreux dans toute l’Europe, en sont protégés car ils sont confinés.

L’une des explications, c’est que nous sommes sept milliards d’êtres humains contre deux milliards au début du XXe siècle. Nous avons une densité de population beaucoup plus forte et l’augmentation des flux de biens et de personnes permet aux agents infectieux de se répandre en quelques jours sur tous les continents, notamment par les transports aériens.

Ceci étant dit, une épidémie restera un fait exceptionnel et difficile à prévoir, à l’image d’un volcan qui entre en éruption ou d’un séisme. Si on en croit les sources historiques écrites datant d’avant le XXe siècle, on remarque qu’il y a trois à quatre épidémies grippales par siècle environ, et ce, bien avant la naissance de notre modèle agricole.

Je pense qu’il faut vivre avec ce risque et répondre sur le plan scientifique. On a déjà réussi à éradiquer des virus, comme la variole (c’était en 1978). C’est un fait exceptionnel, qui n’a été permis que par une volonté de tous les acteurs concernés et une confiance absolue dans la science et dans la vaccination.

NB : L’image est issue d’un article intitulé, Une histoire de cochon : miracle contre l'élevage intensif au XIIIe siècle.

mercredi 6 mai 2020

Des chercheurs étudient le rôle de l'élevage intensif dans l'évolution de Campylobacter


Campylobacter sp. source Université de Bath.
« L'élevage intensif augmenterait le risque d'épidémies, avertissent des scientifiques », source communiqué du 4 mai de l’Université de Bath.

La surutilisation d'antibiotiques, le nombre élevé d'animaux et la faible diversité génétique de l'élevage intensif augmentent le risque de transfert d'agents pathogènes animaux à l'homme.

Une équipe internationale de chercheurs dirigée par les universités de Bath et Sheffield, a étudié l'évolution de Campylobacter jejuni, une bactérie hébergée par le bétail qui est la principale cause de gastro-entérite dans les pays à revenu élevé.

Faits sur Campylobacter:
  • Provoque une diarrhée sanglante chez l'homme.
  • Transféré aux humains après avoir consommé de la viande et de la volaille contaminées.
  • Bien qu'il ne soit pas aussi dangereux que la typhoïde, le choléra ou E. coli, il provoque des maladies graves chez les patients ayant des problèmes de santé sous-jacents et peut causer des dommages durables.
  • Environ 1 personne sur 7 souffre d'une infection à un moment de sa vie.
  • Cause trois fois plus de cas que E. coli, Salmonella et Listeria réunis.
  • Présents dans les fientes ou lisier de poulets, porcs, bovins et animaux sauvages.
  • Campylobacter serait présent dans les fèces de 20% des bovins dans le monde.
  • Le microbe est très résistant aux antibiotiques en raison de leur utilisation en élevage.
Les chercheurs, publiant dans la prestigieuse revue Proceedings of the National Academy of Sciences, ont étudié l'évolution génétique du pathogène et ont découvert que des souches spécifiques de bovins de la bactérie sont apparues en même temps qu'une augmentation spectaculaire du nombre de bovins au 20e siècle.

Les auteurs de l'étude suggèrent que des changements dans l'alimentation, l'anatomie et la physiologie des bovins ont déclenché un transfert de gènes entre des souches générales et spécifiques de bovins avec un gain et une perte de gènes importants. Cela a aidé la bactérie à franchir la barrière des espèces et à infecter les humains, déclenchant un problème de santé publique majeur.

Combiner cela avec le mouvement accru des animaux dans le monde, les pratiques d'élevage intensif ont fourni l'environnement parfait dans lequel se propager à l'échelle mondiale à travers les réseaux commerciaux.

Le professeur Sam Sheppard, directeur de la bioinformatique du Milner Center for Evolution de l'Université de Bath, a dit : « Il y a environ 1,5 milliard de bovins sur Terre, chacun produisant environ 30 kg de fumier par jour; si environ 20% d'entre eux sont porteurs de Campylobacter, cela représente un énorme risque potentiel pour la santé publique. »

« Au cours des dernières décennies, plusieurs virus et bactéries pathogènes ont transformé des espèces d'animaux sauvages en humains: le VIH a commencé chez les singes; H5N1 provenait des oiseaux; désormais, le Covid-19 est soupçonné d'être issu de chauves-souris. »

« Notre travail montre que les changements environnementaux et les contacts accrus avec les animaux de ferme ont également provoqué la propagation d'infections bactériennes aux humains. »

« Je pense que c'est un signal d'alarme pour être plus responsable des méthodes d'élevage, afin que nous puissions réduire le risque d’épidméies liées aux pathogènes problématiques à l'avenir. »

Le professeur Dave Kelly du Département de biologie moléculaire et de biotechnologie de l'Université de Sheffield a dit : « Les agents pathogènes humains hébergés par les animaux représentent une menace croissante et nos résultats soulignent comment leur adaptabilité peut leur permettre de changer d'hôtes et d'exploiter des pratiques d’élevage intensifs. »

Les chercheurs espèrent que leur étude pourra aider les scientifiques à prévoir les problèmes potentiels à l'avenir afin qu'ils puissent être évités avant qu'ils ne se transforment en une autre épidémie.

Une vidéo du premier auteur, Evangelos Mourkas, est disponible.