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dimanche 22 septembre 2019

Les activités de l'EFSA sur les risques émergents en 2018


« Une nouvelle source possible de toxine botulique parmi les questions discutées par le réseau de l'UE », source Food Safety News.

Les réseaux européens chargés d'identifier les risques émergents ont débattu de 18 problèmes potentiels en 2018.

Ils ont été classés en fonction du danger microbiologique responsable de 10 problèmes, deux dangers pour les produits chimiques et autres, tels que la résistance aux antimicrobiens et les allergies.

Les facteurs à l'origine des problèmes émergents ont également classé les risques, par exemple trois fois pour un nouveau procédé ou une nouvelle technologie, deux fois pour une activité illégale et les nouvelles tendances de consommation, et l'un était lié au changement climatique. Cinq n'étaient pas considérés comme des problèmes émergents.

La variété des séances d’information témoigne de l’efficacité avec laquelle les membres discutent d’un grand nombre de questions émergentes potentielles identifiées par leurs propres activités d’analyse prospective, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Le réseau d'échanges sur les risques émergents (EREN pour Emerging Risks Exchange Network) et le groupe de discussion des parties prenantes sur les risques émergents se sont réunis deux fois en 2018. Au total, 22 questions issues de l'analyse prospective dans les États membres ont été présentées à EREN.

Nouvel enemble de gènes codant pour la neurotoxine botulique
Les nouvelles technologies de diagnostic bioinformatique ont permis d'identifier un nouvel ensemble de gènes codant pour la neurotoxine botulique (BoNT) chez Enterococcus, indiquant une nouvelle source possible de toxine botulique. Si le gène boNT présent dans des non-Clostridia est exprimé, les groupes prédisposés traditionnels au botulisme s'élargiront.

Les groupes sur les risques émergents ont conclu que des recherches supplémentaires étaient nécessaires pour étudier l'expression du nouveau groupe de gènes BoNT et la caractérisation biochimique de la toxine.

Il a souvent été rapporté que les isolats de séquence type 131 de E. coli (ST131) produisent des bêta-lactamases à spectre étendu et presque tous sont résistants aux fluoroquinolones. Les isolats de E. coli ST131 sont considérés comme véritablement pathogènes.

Récemment aux États-Unis, une étude prospective d’un an sur E. coli provenant de produits carnés et de cultures cliniques a montré que les souches de E. coli ST131 sont partagées avec des échantillons cliniques d’infections humaines extra-intestinales et des échantillons de volailles. Ceci suggère une source d'origine alimentaire pour les infections uropathogènes chez l'homme, soit par une voie indirecte, telle qu'une préoccupation en matière d'hygiène en raison de la contamination des mains, soit par une voie directe.

Cette question avait déjà été abordée en 2013. L'EFSA encouragera le surveillance des données des États membres et échangera des informations avec le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.

Un autre problème était la consommation de viande de chien. Il est légal de manger de la viande de chien dans de nombreux États américains, au Canada et dans la plupart des pays africains et asiatiques. En Europe, l'abattage de chiens et la vente de leur viande sont illégaux.

Les risques potentiels associés au commerce illégal sont la transmission de zoonoses telles que la trichinellose, le choléra et la rage. Les experts prévoient de fournir des preuves scientifiques sur la transmission potentielle de maladies zoonotiques par la consommation ou la manipulation de viande de chien.

Préoccupations concernant le collagène et la ricine
L'utilisation de collagène d'invertébrés dans les applications alimentaires, les aliments pour animaux et biomédicales suscite un intérêt croissant. On sait peu de choses sur le pouvoir pathogène des microbes présents chez l’homme et et l’animal ou sur leur potentiel de filtrage des agents pathogènes connus des eaux de ruissellement et des eaux usées provenant de l'agriculture ou des eaux usées et transmis à l'homme.

Les plans prévoient la collecte d'informations sur les risques potentiels liés à l'utilisation d'invertébrés tels que les méduses dans l'alimentation humaine et animale, ainsi qu'à partir de lieux où l'utilisation de ces produits est plus répandue, comme en Asie.

Dans la rubrique risque chimique et activité illégale, une augmentation des cas de contamination à la cire d'abeille par des acaricides et des pesticides et l'absence de cire d'abeille naturelle sur le marché ont entraîné une augmentation des prix, ce qui signifie que le risque de fraude est accru, selon le rapport. Il n’existe pas de définition officielle de la composition en cire d’abeille et aucune mesure de contrôle appropriée n’est en place.

Ricine dans les engrais
L'empoisonnement de chiens attribué à la ricine dans des engrais a également été discuté. Depuis mai 2017, le centre antipoison de Lombardie à Milan a signalé neuf cas d'intoxication chez le chien, dont quatre mortels, après ingestion d'engrais contenant des tourteaux de graines de ricin, un sous-produit de la production d'huile de ricin par pressage des graines de ricin.

La ricine est une protéine toxique présente dans les graines de ricin. Les graines de cette plante sont cultivées dans le monde entier pour produire de l'huile de ricin. La teneur en ricine des graines pressées non traitées représente environ 5% de la matière. Différents types de traitements thermiques et chimiques sont utilisés pour détoxifier le sous-produit, mais toutes les méthodes ne sont pas efficaces.

Les résidus de la production d'huile de ricin sont principalement utilisés en tant que fertilisant ou engrais bio, et leur utilisation en tant que source de protéines dans le secteur de l'alimentation animale est limitée dans l'UE. La facilité d'achat et la variété de marques dans lesquelles cette matière est disponible, ainsi que le manque de conseils d'experts professionnels pour les utilisateurs, rendent le risque imminent et potentiellement grave.

L’homme est également exposé au risque, par exemple des bébés ingérant accidentellement des engrais et des adultes manipulant intentionnellement les produits, l'inhalation étant une voie d'exposition. La tendance croissante à utiliser des produits bio dans divers domaines, y compris les engrais, et la sous-estimation du danger que représentent les sous-produits pourraient être à l'origine de ce risque et de risques similaires.

Risques non émergents et balayage de l'horizon
Les virus tueurs de bactéries appelés bactériophages étaient l'un des cinq sujets qui n'étaient pas considérés comme un problème émergent par les groupes de sécurité des aliments.

Avant d'approuver une préparation de phages, les phages doivent être analysés de manière approfondie et une décision au cas par cas doit être prise. Les incertitudes incluent la transduction appelée transfert horizontal de gènes, l’augmentation de la résistance aux antibiotiques et la recontamination des aliments et l’efficacité. Les données actuelles sur la sécurité de la préparation des phages et l'espèce Listeria innocua ont été jugées insuffisantes.

Les allergies associées aux compléments alimentaires rapportés par le programme de nutrivilance et de nutrition de l’Anses en étaient un autre exemple. Trois allergies graves consécutives à la consommation de compléments alimentaires contenant des produits de la ruche tels que de la gelée royale ou du miel et du pollen ont été rapportées, avec un niveau de causalité élevé. L'allergie à la gelée royale et au miel a été décrite dans la littérature scientifique.

Les présentations au cours de l'analyse à l'horizon couvraient le kratom, la toxine de Clostridium perfringens associée à la sclérose en plaques, l'identification d'une nouvelle espèce de Listeria du Costa Rica et les paillettes dans les aliments.

Les problèmes émergents et actuels en 2017 de la Food Standards Australia New Zealand (FSANZ) comprennent l'acrylamide, la résistance aux antimicrobiens, l'arsenic dans le riz, le bisphénol A, les glutamates, les esters de glycidyle et le 3-MCPD, les furannes, le virus de l’hépatite A dans les baies, les niveaux élevés d'iode, les édulcorants intenses, les alcaloïdes pyrrolizidiniques, les radionucléides, les colorants synthétiques et les alcaloïdes de tropaniques.

samedi 15 juin 2019

Le grand n'importe quoi des avis de rappel en France par l'exemple


Le 20 mai 2019, il y a eu un rappel d'origan de marque Albert Ménès distribué par Auchan pour cause de présence d'alcaloïdes pyrrolizidiniques en concentration supérieure aux recommandations fixées par les autorités européennes.

Ce rappel d'origan m'avait intrigué et à son sujet j'avais publié le 22 mai un article ici.

Par ailleurs, dans un récapitulatif des rappels de lai 2019, j'indiquais dans un article du 1er juin 3019 qu'il n'y avait pas d'information de la part de la DGCCRF au sujet de ce rappel.

Ce rappel faisait pourtant suite à une notification au RASFF de l'UE par l'Autriche le 9 mai 2019.

Et bien, tout arrive, l'information de la DGCCRF est publiée le … 14 juin 2019!
Une fois de plus, force est de constater que les avis de rappel, c'est du grand n'importe quoi ..
Avis de rappel de pots en verre d'origan de marque Albert Ménès 
  • Nom du produit : Origan 22g
  • Marque : Albert Ménès
  • Référence : Pot en verre - EAN : 3234750031848
  • Lot : 18.262.766 avec DDM au 09/2021

Risque : Présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques en concentration supérieure aux recommandations émises par les autorités européennes
Commentaire : Il est demandé aux personnes qui en auraient acheté, et qui en détiendraient encore, de ne pas les consommer et de les ramener à leur point de vente.

mercredi 22 mai 2019

A propos du rappel d'origan en raison de la présence d'alcaloïdes pyrrolizidiniques


Concours de circonstance ou pas, j'ai mis en ligne hier un avis du BfR sur les concentrations en alcaloïdes pyrrolizidiniques dans les épices et les herbes séchées et congelées et voici qu'a été publié le 20 mai 2019 un communiqué de rappel sur le site du distributeur Auchan et dont vous avez l'essentiel ci- dessous :
Les questions que l'on peut se poser sont les suivantes :
  • La société Albert Ménès met-elle en œuvre vraiment tous les moyens nécessaires afin de préserver la sécurité sanitaire de ses produits et par conséquent la santé des consommateurs ?
  • La société Albert Ménès a-t-elle vraiment pris en compte le danger alcaloïdes pyrrolizidiniques dans son plan HACCP ?
  • La société Albert Ménès a-t-elle un plan d'analyses renforcé qui vise particulièrement le groupe « origan, marjolaine », dont on sait qu'il s'agit de produits à risque, comme l'a rappelé encore récemment le BfR d'Allemagne dans un avis ?
  • La société Albert Ménès fait-elle de la veille technologique ?
Bref, autant de questions qui resteront sans réponse, d'où le rappel !

La suite du communiqué fait mention d'une mesure de précaution, et non pas du principe de précaution, c'est un progrès par rapport à d'autres communiqués de rappel, pour rappeler auprès des consommateurs le produit en raison du danger alcaloïdes pyrrolizidiniques.

Selon le projet PASHERBS de Belgique,
L’origan était de loin l’herbe aromatique la plus problématique en ce qui concerne la contamination aux alcaloïdes pyrrolizidiniques  : jusqu’à 2200 ng/g dans un échantillon individuel d’origan, et les 10 mélanges d’herbes les plus contaminés contenaient tous de l’origan.

Rappelons que selon le BfR,
Les alcaloïdes pyrrolizidiniques (PAs) sont des constituants naturels détectés dans le monde entier chez plus de 350 espèces de plantes et soupçonnés d’être présents sur plus de 6 000. Les plantes les produisent comme défense contre les prédateurs. Sur plus de 660 PAS connus et composés similaires, les 1,2 PAs-insaturés ont un potentiel néfaste pour la santé. Par conséquent, ils sont indésirables dans les aliments et les aliments pour animaux.

Les 1,2 PAs-insaturés sont des substances cancérogènes génotoxiques.

lundi 20 mai 2019

Améliorer la confiance dans les travaux des experts, selon l'OPECST, mais cela ne peut pas être valable pour le glyphosate


Améliorer la confiance dans les travaux des experts selon l'OPECST, mais cela ne peut pas être valable pour le glyphosate revient à continuer à fonctionner comme d'hab, comme si le cas du glyphosate n'est pas emblématique de ce qui pourrit précisément l'expertise scientifique ... en France comme à l'étranger ...

L'Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) vient de faire paraître à titre provisoire le Rapport de M. Philippe Bolo, Mme Anne Genetet, MM. Pierre Médevielle et Pierre Ouzoulias établi au nom de cet office, intitulé « Evaluation des risques sanitaires et environnementaux par les agences : trouver le chemin de la confiance »

Comme documents disponibles nous avons donc le Rapport provisoireune synthèse, le 1er communiqué de presse et le 2e communiqué de presse.

Le premier communiqué de presse est en fait le carton d''invitation à la conférence de presse, dans lequel il était indiqué :
... les conclusions de leur rapport d’information sur l’indépendance et l’objectivité des agences chargées d’évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché ANSES, EFSA, ECHA… plusieurs agences sont chargées en France et en Europe de l’expertise des risques sanitaires et environnementaux liés à l’utilisation de nombreux produits : pesticides agricoles, additifs alimentaires, biocides, produits chimiques utilisés dans les produits de grande consommation… 
La polémique sur le glyphosate a conduit l’OPECST à se pencher sur leur fonctionnement et sur les difficultés et limites de l’expertise des risques. Accès aux données, prise en compte des avancées de la science, choix des méthodologies, prévention des conflits d’intérêt, communication sur les risques : des progrès restent à faire pour trouver le chemin de la confiance de nos concitoyens dans l’expertise produite par nos agences.
Pas très clair tout cela d'autant qu'on apprend ce qu'on savait déjà, selon le deuxième communiqué de presse,
Contrairement à ce qui a pu être indiqué, il ne se prononce pas sur la toxicité à long terme du glyphosate, qui doit être réexaminée par plusieurs agences d’évaluation européennes dans le cadre du processus de réautorisation du glyphosate à l’horizon 2022. Si la question du glyphosate est abordée dans le rapport, c’est pour mettre en perspective les différences d’appréciations entre le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et les agences d’évaluation, notamment l’EFSA, afin d’éclairer le public sur le contenu et la portée de ces divergences apparentes entre experts, mais pas de rouvrir le débat sur l’interdiction du glyphosate, qui a été tranché par le Gouvernement.
Fermez le ban! L'interdiction du glyphosate est bien politique et non pas scientifique …

C'est dommage car en préambule ce communiqué de presse avait pourtant indiqué,
L’objectif de cette mission consistait à comprendre le fonctionnement des agences, les difficultés qu’elles peuvent rencontrer dans la conduite et la restitution de leurs travaux d’évaluation des risques et dessiner des pistes pour renforcer la confiance dans l’expertise scientifique qu’elles produisent.
A-t-on encore confiance dans l'expertise scientifique ? Je serais tenté de dire ça dépend … de l'opinion publique et des sondages …

Sur le document de synthèse, glyphosate oblige, on nous explique que l'enjeu central est d' « améliorer la confiance dans les travaux des experts »

Comment expliquer que le glyphosate soit classé cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et pas par les agences sanitaires et environnementales ?
En mars 2015, le CIRC a classé le glyphosate parmi les cancérogènes probables (monographie n°112). Or, en novembre 2015, l’EFSA a estimé, comme le font presque toutes les autres agences d’évaluation officielles nationales (US-EPA aux États-Unis, FSC au Japon, APVMA en Australie …) qu’il était « improbable que le glyphosate fasse courir aux humains un danger cancérogène ».Cette divergence, troublante pour le grand public, s’explique par l’utilisation de sources différentes :
  • Le CIRC s’intéresse à toutes les formulations contenant du glyphosate alors que l’EFSA étudie le glyphosate en substance pure.
  • Concernant les études épidémiologiques, CIRC et EFSA s’appuient sur des sources quasi-identiques, notamment l’Agricultural Health Study (AHS) américaine et concluent à un niveau de preuve limité (CIRC) voire très limité (EFSA) de cancérogénicité du glyphosate pour l’homme.
  • Concernant les études animales, le CIRC en identifie 2 qui attestent d’un lien significatif entre exposition au glyphosate et cancer, écartées par l’EFSA pour non-respect des critères de l’OCDE. A l’inverse l’EFSA a eu accès aux études non publiées des industriels, contrairement au CIRC (le CIRC n’a étudié que 3 études sur les souris sur les 5 utilisées par l’EFSA et le CIRC n’a étudié que 3 études sur les rats sur les 9 utilisées par l’EFSA).
  • Le CIRC estime également qu’il existe des preuves mécanistiques solides que l’exposition au glyphosate entraîne des effets génotoxiques ou induit du stress oxydatif, alors que l’EFSA estime qu’il est improbable que le glyphosate puisse être génotoxique. 
La divergence d’appréciation s’explique aussi par des différences dans l’interprétation des données disponibles, notamment sur la pertinence biologique de données d’expérimentations animales ou encore sur l’absence de prise en compte par l’EFSA de la cytotoxicité secondaire.  
Enfin, la portée des travaux du CIRC et de l’EFSA diffère : le CIRC se concentre sur la question du danger causé par le glyphosate (indépendamment du degré d’exposition), alors que l’EFSA analyse les risques encourus pour la santé humaine ou l’environnement (combinant danger et exposition). Les doses à partir desquelles des études identifient des effets cancérogènes chez l’animal (au-delà de l’absorption de 1 000 mg/kg de poids corporel) sont très élevées et donc improbables à atteindre, avec une dose journalière admissible (DJA) fixée à 0,5 mg/kg de poids corporel, correspondant à une dose sans effet observé (NOAEL) de 50 mg/kg à laquelle s’applique un facteur de sécurité de 100. Les agences ont donc jusqu’à présent écarté le risque cancérigène en cas d’exposition au glyphosate, dans les conditions normales d’utilisation de cette substance.
Complément du 23 mai 2029. On écoutera avec intérêt le débat, « Faut-il interdire le glyphosate? »