RappelConso
a publié un avis de rappel de burrata 100g,120g et 200g en raison d’un
risque de présence de Pseudomonas fluorescens.
Il est noté:
- Risques encourus par le consommateur: Pseudomonas.
- Description complémentaire du risque: Cette bactérie est
susceptible de dégrader le produit et de lui conférer un mauvais
goût et une couleur bleutée, le rendant inconsommable.
Ce rappel était-il justifié ?
Pour bien comprendre le sujet, il va falloir nous plonger dans le
temps et revenir à un produit proche de la burrata, la mozarella.
Nous sommes en 2011 et de la mozarella bleue a été mise en vente
sur le marché européen, est-ce normal, légal ou pas ?
Voici donc des éléments pour comprendre et sans doute après leur
lecture, vous saurez peut-être ou non si l’on a appliqué le
principe de précaution ou pas avec ce rappel ‘volontaire’ ? A vous de voir ...
Un
député européen a posé une question le 19 septembre 2011 à
la Commission européenne à propos du cas de la mozarella bleue.
Durant plusieurs semaines au cours des mois de juin et juillet 2010,
la «mozzarella bleue» provenant de l'entreprise bavaroise Milchwerk
Jäger a défrayé la chronique dans le monde entier.
L'entreprise Milchwerk Jäger a rapidement annoncé que la bactérie
Pseudomonas fluorescens, présente dans le sol et apparemment
inoffensive, était à l'origine de la coloration bleue de la
mozzarella. Il est d'ailleurs fort probable que cette bactérie ait
été acheminée lors du réapprovisionnement en eau potable de
l'entreprise. En juin 2010, par le biais d'internet, Hermann Jäger
jr. (propriétaire de Milchwerk Jäger) a fourni de nombreuses
précisions à ce sujet: «Un contrôle par échantillonnage des
Pseudomonas a permis d'identifier Pseudomonas fluorescens
grâce à la spectroscopie à transformée de Fourier. La
réglementation technique relative aux matériaux biologiques 466
classe la Pseudomonas fluorescens dans le groupe de risque 1
(micro-organismes peu susceptibles de causer des maladies
humaines).».
Les autorités bavaroises et Bruxelles ont adhéré à cette opinion.
Cependant, de nombreuses études ont confirmé que la bactérie
Pseudomonas fluorescens est dangereuse. En voici un exemple: «Pseudomonas
fluorescens altère la perméabilité épithéliale et se propage par
les cellules intestinales Caco-2/TC7», source LMDF-SME,
Laboratoire de microbiologie, Signaux et Microenvironnement, Évreux,
France.
Néanmoins, quelques mois plus tard, une nouvelle version, qui exclut
toute menace pour la santé, est diffusée. Dans une évaluation des
risque de l’Institut
fédéral d'évaluation des risques (BFR) n°010/2011 du 14 mars
2011, on évoque tout à coup Pseudomonas tolaasii et
Pseudomonas libanensis. Il s'agit de deux espèces de
la famille des Pseudomonas, qui sont effectivement
inoffensives.
On n'évoque plus Pseudomonas fluorescens qui, selon la
déclaration d'Hermann Jäger jr. en été 2010, avait été
scientifiquement identifiée (ces analyses avaient d'ailleurs
entraîné des dépenses conséquentes) et avait fait l'objet d'une
communication aux autorités de l'UE.
- La Commission peut-elle affirmer que la prise de position de la BFR
protège la santé publique ?
- La Commission a-t-elle effectué des contrôles afin de clarifier
cette étrange contradiction ?
Commentaire du blog
L’étude du laboratoire d’Evreux est une étude in vitro.
Le document du BfR précité rapporte notamment, «Selon les
connaissances actuelles, ceux-ci ne présentent aucun danger pour la
santé humaine, ils peuvent cependant altérer les aliments et les
rendre impropres à la consommation.»
En juin 2010, les autorités italiennes ont signalé un problème
avec la mozzarella en provenance d'Allemagne à la suite de plaintes
de consommateurs selon lesquelles le produit était devenu bleu après
l'ouverture de l'emballage. Le problème a été identifié comme
étant de nature microbiologique. Très vite Pseudomonas
fluorescens a été identifié sur le produit. P. fluorescens
est connu pour provoquer une décoloration des aliments et est l'un
des organismes les plus courants responsables de l’altérioration
des aliments. Il est cependant rarement pathogène et même chez les
patients immunodéprimés. Un nombre élevé de P. fluorescens
a été retrouvé dans le produit (330x106 UFC/g), ce qui
montre qu'il devait y avoir une contamination importante quelque part
dans la chaîne de production. Les lots identifiés ont été retirés
du marché. Les autorités allemandes ont commencé à enquêter sur
la source de la contamination et ont publié une évaluation des
risques, qui a été mise à jour pour la dernière fois le 14 mars
2011.
Le 16 juin 2010, les
autorités italiennes ont envoyé une notification à la Commission
via le système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les
aliments pour animaux (RASFF), indiquant que la couleur bleue est
probablement causée par P.
tolaasii
et P.
libanensis.
La Commission ne voit pas d'incohérence avec l'évaluation des
risques allemande car, selon la terminologie, les deux souches font
partie du groupe P.
fluorescens.
Mise à jour du 7 mars 2022. Nouveau rappel de burrata, le 7 mars. Même cause, même conséquence, pourtant sur l'avis de rappel, il est écrit,
Présence de Pseudomonas fluorescens
- Risques encourus par le consommateur: Pseudomonas
- Description complémentaire du risque: pas de risque pathogene,
mais degradation du produit.
- Conduite à tenir par le consommateur: Ne plus consommer. Ne plus
utiliser le produit.
- Préconisation sanitaire: Cette bactérie est un germe d'altération
qui provoque des modifications de couleur, d'aspect et de saveur sur
les produits (problèmes organoleptiques). La consommation de produit
contaminé par cette bactérie ne présente pas de risque particulier
pour le consommateur.
- Modalités de compensation: Remboursement
Mise à jour du 7 mars
2022.
Notification
au RASFF de l’UE par la France le 8 mars de la présence de
Pseudomonas
fluorescens,
suite à une plainte d’un consommateur.
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