vendredi 4 mars 2022

France: Fallait-il rappeler de la burrata en raison d'un risque de présence de Pseudomonas fluorescens ?

RappelConso a publié un avis de rappel de burrata 100g,120g et 200g en raison d’un risque de présence de Pseudomonas fluorescens.

Il est noté:
- Risques encourus par le consommateur: Pseudomonas.
- Description complémentaire du risque: Cette bactérie est susceptible de dégrader le produit et de lui conférer un mauvais goût et une couleur bleutée, le rendant inconsommable.

Ce rappel était-il justifié ?
Pour bien comprendre le sujet, il va falloir nous plonger dans le temps et revenir à un produit proche de la burrata, la mozarella. Nous sommes en 2011 et de la mozarella bleue a été mise en vente sur le marché européen, est-ce normal, légal ou pas ?

Voici donc des éléments pour comprendre et sans doute après leur lecture, vous saurez peut-être ou non si l’on a appliqué le principe de précaution ou pas avec ce rappel ‘volontaire’ ? A vous de voir ...

Un député européen a posé une question le 19 septembre 2011 à la Commission européenne à propos du cas de la mozarella bleue.

Durant plusieurs semaines au cours des mois de juin et juillet 2010, la «mozzarella bleue» provenant de l'entreprise bavaroise Milchwerk Jäger a défrayé la chronique dans le monde entier.
L'entreprise Milchwerk Jäger a rapidement annoncé que la bactérie Pseudomonas fluorescens, présente dans le sol et apparemment inoffensive, était à l'origine de la coloration bleue de la mozzarella. Il est d'ailleurs fort probable que cette bactérie ait été acheminée lors du réapprovisionnement en eau potable de l'entreprise. En juin 2010, par le biais d'internet, Hermann Jäger jr. (propriétaire de Milchwerk Jäger) a fourni de nombreuses précisions à ce sujet: «Un contrôle par échantillonnage des Pseudomonas a permis d'identifier Pseudomonas fluorescens grâce à la spectroscopie à transformée de Fourier. La réglementation technique relative aux matériaux biologiques 466 classe la Pseudomonas fluorescens dans le groupe de risque 1 (micro-organismes peu susceptibles de causer des maladies humaines).».

Les autorités bavaroises et Bruxelles ont adhéré à cette opinion.

Cependant, de nombreuses études ont confirmé que la bactérie Pseudomonas fluorescens est dangereuse. En voici un exemple: «Pseudomonas fluorescens altère la perméabilité épithéliale et se propage par les cellules intestinales Caco-2/TC7», source LMDF-SME, Laboratoire de microbiologie, Signaux et Microenvironnement, Évreux, France.

Néanmoins, quelques mois plus tard, une nouvelle version, qui exclut toute menace pour la santé, est diffusée. Dans une évaluation des risque de l’Institut fédéral d'évaluation des risques (BFR) n°010/2011 du 14 mars 2011, on évoque tout à coup Pseudomonas tolaasii et Pseudomonas libanensis. Il s'agit de deux espèces de la famille des Pseudomonas, qui sont effectivement inoffensives.

On n'évoque plus Pseudomonas fluorescens qui, selon la déclaration d'Hermann Jäger jr. en été 2010, avait été scientifiquement identifiée (ces analyses avaient d'ailleurs entraîné des dépenses conséquentes) et avait fait l'objet d'une communication aux autorités de l'UE.

- La Commission peut-elle affirmer que la prise de position de la BFR protège la santé publique ?
- La Commission a-t-elle effectué des contrôles afin de clarifier cette étrange contradiction ?

Commentaire du blog
L’étude du laboratoire d’Evreux est une étude in vitro.
Le document du BfR précité rapporte notamment, «Selon les connaissances actuelles, ceux-ci ne présentent aucun danger pour la santé humaine, ils peuvent cependant altérer les aliments et les rendre impropres à la consommation.»

En juin 2010, les autorités italiennes ont signalé un problème avec la mozzarella en provenance d'Allemagne à la suite de plaintes de consommateurs selon lesquelles le produit était devenu bleu après l'ouverture de l'emballage. Le problème a été identifié comme étant de nature microbiologique. Très vite Pseudomonas fluorescens a été identifié sur le produit. P. fluorescens est connu pour provoquer une décoloration des aliments et est l'un des organismes les plus courants responsables de l’altérioration des aliments. Il est cependant rarement pathogène et même chez les patients immunodéprimés. Un nombre élevé de P. fluorescens a été retrouvé dans le produit (330x106 UFC/g), ce qui montre qu'il devait y avoir une contamination importante quelque part dans la chaîne de production. Les lots identifiés ont été retirés du marché. Les autorités allemandes ont commencé à enquêter sur la source de la contamination et ont publié une évaluation des risques, qui a été mise à jour pour la dernière fois le 14 mars 2011.

Le 16 juin 2010, les autorités italiennes ont envoyé une notification à la Commission via le système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), indiquant que la couleur bleue est probablement causée par P. tolaasii et P. libanensis. La Commission ne voit pas d'incohérence avec l'évaluation des risques allemande car, selon la terminologie, les deux souches font partie du groupe P. fluorescens.

Mise à jour du 7 mars 2022. Nouveau rappel de burrata, le 7 mars. Même cause, même conséquence, pourtant sur l'avis de rappel, il est écrit,
Présence de Pseudomonas fluorescens
- Risques encourus par le consommateur: Pseudomonas
- Description complémentaire du risque: pas de risque pathogene, mais degradation du produit.
- Conduite à tenir par le consommateur: Ne plus consommer. Ne plus utiliser le produit.
- Préconisation sanitaire: Cette bactérie est un germe d'altération qui provoque des modifications de couleur, d'aspect et de saveur sur les produits (problèmes organoleptiques). La consommation de produit contaminé par cette bactérie ne présente pas de risque particulier pour le consommateur.
- Modalités de compensation: Remboursement

Mise à jour du 7 mars 2022. Notification au RASFF de l’UE par la France le 8 mars de la présence de Pseudomonas fluorescens, suite à une plainte d’un consommateur.

Aux lecteurs du blog
Pour une triste question d’argent, 500 euros, la revue PROCESS Alimentaire prive les lecteurs de 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles, étant donné le nombre important de lecteurs. Le départ du blog de la revue a été uniquement motivé par un manque de réactivité dans la maintenance du blog.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.