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jeudi 20 avril 2023

Bisphénol A le retour : Nouvelle saison au sein de l'UE. Malheureusement, la série est interdite en France !

Dans un article du blog, je rapportais la situation du bisphénol A au sein de l’UE.

En 2021, l’EFSA a décidé de mettre en commentaire sur le bisphénol A, un projet d'avis de l'EFSA pour réduire la dose journalière tolérable. Et le BfR d’Allemagne a publié un communiqué n°041/2021 du 15 décembre 2021 sur le Projet de nouvel avis sur le bisphénol A : Réévaluation par l'Autorité européenne de sécurité des aliments ouverte à la consultation publique.

Voici que le 19 avril 2023, l’EFSA rapporte «Le bisphénol A dans les aliments présente des risques pour la santé».

L’exposition alimentaire au bisphénol A (BPA) constitue un problème sanitaire pour les consommateurs de tous les groupes d’âge, ont conclu les experts de l’EFSA dans leur nouvelle réévaluation.

Après une évaluation approfondie des nouvelles preuves scientifiques disponibles et une consultation publique, les experts de l’EFSA ont identifié des effets potentiellement nocifs pour le système immunitaire.

La Commission européenne et les autorités nationales discuteront des mesures réglementaires appropriées pour donner suite à l’avis de l’EFSA. 

Réduction du seuil d’apport
Par rapport à la précédente évaluation de 2015, le groupe d'experts de l'EFSA a considérablement abaissé la dose journalière tolérable (DJT) pour le BPA, c'est-à-dire la quantité qui peut être ingérée quotidiennement tout au long de la vie sans présenter de risque appréciable pour la santé.

Les scientifiques de l'EFSA ont établi une DJT de 0,2 nanogramme (0,2 milliardième de gramme) par kilogramme de poids corporel par jour, remplaçant la limite temporaire précédente de 4 microgrammes (4 millionièmes de gramme) par kilogramme de poids corporel par jour. 

La nouvelle DJT est donc environ 20.000 fois moins élevée que la précédente.

Exposition au BPA
En comparant la nouvelle DJT avec les estimations de l'exposition alimentaire au BPA, nos experts ont conclu que les consommateurs ayant une exposition moyenne et élevée au BPA dans tous les groupes d'âge dépassaient la nouvelle DJT, ce qui soulève des préoccupations pour la santé.

Prochaine étape
Ce sont les décideurs de l'UE, à savoir la Commission européenne et les représentants des États membres, qui sont chargés de fixer les limites de quantité des substances chimiques susceptibles de migrer des emballages alimentaires vers les aliments.

Commentaire
L’EFSA refile donc la patate chaude aux politiques, ras le bol du bisphénol A ?
Voilà que deux agences s’opposent à cet avis de l’EFSA, le BfR d’Allemagne et l’Agence européenne du médicament (EMA) ...

Qu’en pense le BfR ?
Étant donné que les estimations actuelles de l'exposition pour la population allemande ou européenne ne sont pas disponibles, une évaluation fiable et complète des risques du BPA ne peut pas être réalisée pour le moment. Afin d'évaluer si le BPA présente ou non un risque pour la santé des consommateurs, le BfR recommande de collecter et d'évaluer des données d'exposition supplémentaires et plus actuelles.
(…)
Le BfR ne prend pas à son compte la nouvelle DJT de l'EFSA en raison de plusieurs divergences scientifiques et méthodologiques. Par exemple, il n'existe actuellement aucune preuve que les augmentations relatives observées des niveaux de cellules Th17 déclenchent des effets indésirables sur les souris étudiées, et la pertinence des résultats pour la santé humaine est discutable. Le règlement (CE) 178/2002 contient des dispositions relatives aux avis scientifiques divergents. Sur le site Internet de l'EFSA, la prise de position du BfR dans la consultation publique sur l'avis de l'EFSA et le rapport sur les points de vue divergents sont publiés. Outre le BfR, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a également présenté ses différents points de vue sur la méthodologie de la réévaluation de l'EFSA.
Sur la base d'une analyse détaillée des données scientifiques sur les effets toxicologiques de l'exposition gastro-intestinale (orale, par la bouche) au BPA, le BfR a dérivé une valeur DJT de 0,2 microgramme (ce qui correspond à 200 nanogrammes) par kilogramme de poids corporel par jour. Cette valeur est 20 fois inférieure à la précédente DJT provisoire de l'EFSA, calculée en 2015. Le BfR a utilisé une approche conservatrice, tenant également compte de plusieurs incertitudes de manière quantitative et statistique. L'évaluation s'est concentrée sur les critères d'évaluation critiques identifiés dans l'avis EFSA de 2023 (effets immunitaires, toxicité pour la reproduction, augmentation des taux sériques d'acide urique). Cependant, en raison de son caractère conservateur et sur la base d'évaluations d'autres autorités, la DJT dérivée du BfR est également protectrice vis-à-vis d'autres paramètres toxicologiques (par exemple, toxicité générale, cancérogénicité, effets sur le cerveau et le comportement). Le BfR suggère d'utiliser cette valeur DJT de 0,2 microgramme par kilogramme de poids corporel par jour comme base d'évaluation des risques.

Commentaire
Bien entendu, tout cela nous apparaît dérisoire en France, nous qui avons un texte réglementaire, la loi n°2010-729 du 30 juin 2010 modifiée par la loi n°2012-1442 du 24 décembre 2012 qui suspend la fabrication l'importation, l'exportation et la mise sur le marché à titre gratuit ou onéreux de tout conditionnement, contenant ou ustensile comportant du bisphénol A et destiné à entrer en contact direct avec toutes les denrées alimentaires à partir du 1er janvier 2015.  

Heureux pays qui ignore les discussions scientifiques au niveau européen et préfère légiférer, pardon interdire ...

Mise à jour du 27 avril 2023
Bisphénol A dans les produits du quotidien : Réponses aux questions fréquemment posées. Mise à jour du BfR du 21 avril 2023.

jeudi 16 décembre 2021

Saga du bisphénol A: Une nouvelle saison en préparation !

En France, on a une loi n°2010-729 du 30 juin 2010 modifiée par la loi n°2012-1442 du 24 décembre 2012 suspend la fabrication l'importation, l'exportation et la mise sur le marché à titre gratuit ou onéreux de tout conditionnement, contenant ou ustensile comportant du bisphénol A et destiné à entrer en contact direct avec toutes les denrées alimentaires à partir du 1er janvier 2015.  

Cela n’empêche pas l’EFSA de mettre en commentaire sur le bisphénol A, un projet d'avis de l'EFSA pour réduire la dose journalière tolérable.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a réévalué les risques associés au bisphénol A (BPA) dans les aliments et propose de réduire considérablement la dose journalière tolérable (DJT) par rapport à sa précédente évaluation de 2015. Les conclusions de l'EFSA sur le BPA sont expliquées dans un projet d'avis scientifique ouvert à la consultation publique jusqu'au 8 février 2022. Toutes les parties intéressées sont encouragées à y contribuer.

La DJT est une estimation de la quantité d’une substance (exprimée par kilogramme de poids corporel) qui peut être ingérée pendant toute la durée d’une vie sans risque appréciable pour la santé. Dans son évaluation des risques associés au BPA de 2015, l'EFSA avait fixé une DJT temporaire de 4 microgrammes par kilogramme de poids corporel par jour.

Dans le projet de réévaluation publié aujourd'hui, le groupe d'experts de l'EFSA sur les matériaux en contact avec les aliments les enzymes et les auxiliaires technologiques (panel CEP) a établi une DJT de 0,04 nanogrammes par kilogramme de poids corporel par jour. L'abaissement de la DJT résulte de l'évaluation de nouvelles études scientifiques publiées entre 2013 et 2018, particulièrement celles qui indiquaient des effets indésirables du BPA sur le système immunitaire. Dans les études animales, on a observé une augmentation du nombre de lymphocytes T auxiliaires, un type de globules blancs qui jouent un rôle clé dans les mécanismes immunitaires cellulaires et qui, lorsqu'ils sont élevés, peuvent entraîner le développement d'une inflammation pulmonaire allergique.

En associant la nouvelle DJT avec les estimations de l’exposition des consommateurs au BPA dans l'alimentation, l'EFSA a conclu que les personnes qui présentaient une exposition moyenne ou élevée au BPA dépassaient la nouvelle DJT dans tous les groupes d'âge, ce qui est susceptible d’engendrer des problèmes de santé.

Le BfR d’Allemagne a publié un communiqué n°041/2021 du 15 décembre 2021 sur le Projet de nouvel avis sur le bisphénol A : Réévaluation par l'Autorité européenne de sécurité des aliments ouverte à la consultation publique.

Le bisphénol A est un composé chimique utilisé comme substance source pour les plastiques polycarbonates et les résines époxy. L'EFSA a réévalué les risques potentiels pour la santé associés au bisphénol A et a rendu les résultats accessibles au public pour commentaires le 15 décembre 2021, ici.

La nouvelle valeur de la dose journalière tolérable (DJT) dérivée de l'EFSA pour le bisphénol A est de 0,04 nanogramme par kilogramme de poids corporel par jour. La valeur de DJT indique la quantité d'une substance qui peut être ingérée quotidiennement au cours d'une vie sans risque identifiable pour la santé. La nouvelle valeur est environ 100 000 fois inférieure à la valeur d'orientation provisoire (temporaire) fondée sur la santé précédemment donnée par l'EFSA. Pour les personnes de tous âges, l'apport en bisphénol A provenant des aliments et d'autres sources dépasse cette nouvelle valeur, même si l'apport total dans la population diminue depuis des années.

Depuis la publication d’une DJT temporaire de l'EFSA en 2015, de nombreuses nouvelles études ont été publiées. Le contexte de l'abaissement de la DJT par l'EFSA est avant tout la preuve d'études sur des souris qu'un apport de bisphénol A par les mères pendant la gestation et dans la première période après la naissance peut entraîner des modifications du nombre de cellules dans le système immunitaire spécifique de leur descendance. Dans quelle mesure ces effets sur le système immunitaire sont-ils préjudiciables à l'organisme concerné (souris) et si les résultats peuvent être transférés à l'homme est, de l'avis du BfR, actuellement encore une question scientifique non résolue. Une relation causale entre la consommation de bisphénol A et les effets immunologiques chez l'homme ne peut pas être confirmée par des études chez l'homme à ce jour. Le BfR commentera la déclaration de l'EFSA après un examen complet.

Mise à jour du 2 mars 2022. On lira cet article de l’Anses«Perturbateurs endocriniens: pourquoi les remplaçants du bisphénol posent aussi problème».

Aux lecteurs du blog«
Pour une triste question d’argent, 500 euros, la revue PROCESS Alimentaire prive les lecteurs de 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles, étant donné le nombre important de lecteurs. Le départ du blog de la revue a été uniquement motivé par un manque de réactivité dans la maintenance du blog. 

dimanche 15 décembre 2019

Saga du BPA : Une étude remet en cause le dosage du BPA. En fait, il serait beaucoup plus élevé que ce que l'on pensait


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

Source article de Agnese Codignola dans il fatto alimentare du 13 décembre 2019, « Bisphénol A: tout serai-il à refaire. L'exposition au BPA est probablement sous-estimée par les méthodes de dosage utilisées jusqu'à présent »
Selon toute vraisemblance, l'exposition au bisphénol A (BPA) n'a jusqu'à présent pas été calculée correctement et nous supposons que cela a donné des résultats plus faibles que prévu: beaucoup plus. Une analyse, qui vient d'être publiée dans Lancet Diabetes & Endocrinology par des chercheurs de plusieurs universités américaines, montre que les méthodes officielles de quantification utilisées jusqu'à présent, toutes indirectes, sont grossières et sous-estiment les valeurs de BPA. Une application plus précise et plus directe conduit à des chiffres loin de ceux considérés comme moyens, sur lesquels les décisions des autorités sanitaires ont toujours été basées.


La conclusion de nos analyses est que des études antérieures utilisant des techniques indirectes nécessitant une déconjugaison ont sous-estimé les niveaux humains réels de BPA. En conséquence, nous avons entrepris une analyse comparative de 29 échantillons d'urine de femmes enceintes au cours de leur deuxième trimestre en utilisant des méthodes indirectes et directes. En utilisant la méthode directe, nous avons obtenu une moyenne géométrique pour ces échantillons d'urine de 51 à 99 ng/ml de BPA total, 44 fois plus élevée que la dernière moyenne géométrique pour les adultes aux États-Unis rapportée par la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES).

En revanche, la méthode indirecte a donné une moyenne géométrique pour le BPA total de 2,77 ng/mL, près de 19 fois inférieure à la méthode directe mais en bon accord avec les données NHANES. Il est important de noter que la disparité entre les résultats indirects et directs a augmenté considérablement à mesure que l'exposition augmentait.

Parce que la grossesse induit des changements physiologiques qui pourraient affecter le métabolisme du BPA, nous avons également comparé les mesures indirectes et directes sur des échantillons d'urine de cinq hommes adultes et de cinq femmes non enceintes. Les mêmes tendances étaient évidentes dans ce petit échantillon et, comme dans les échantillons provenant des femmes enceintes, la différence des niveaux de BPA reflétait l'incapacité de la méthode indirecte à mesurer avec précision les niveaux de métabolites du BPA.

Les méthodes analytiques indirectes ont fourni l'essentiel des données sur les taux humains de BPA. À notre connaissance, nos données fournissent la première preuve qu'il s'agit d'un outil d'analyse défectueux pour la mesure des niveaux de BPA.

Étonnamment, malgré son utilisation répandue, l'efficacité de la conversion du glucuronide de BPA en BPA libre en utilisant la déconjugaison enzymatique avec la glucuronidase de Helix pomatia n'a jamais été évaluée. Nos résultats à la fois d'un faible taux de conversion dans les échantillons d'urine synthétique enrichis et de taux de BPA significativement inférieurs obtenus par analyse indirecte d'échantillons provenant de femmes non enceintes et enceintes,et d'hommes remettent en question l'hypothèse largement répandue selon laquelle les niveaux humains de BPA peuvent être évalués à l'aide de la déconjugaison enzymatique.

Surtout, parce que les estimations de l'exposition humaine ont été basées presque exclusivement sur des données provenant de méthodes indirectes, ces résultats fournissent des preuves convaincantes que l'exposition humaine au BPA est beaucoup plus élevée que ce qui était supposé précédemment.

Étant donné que des niveaux d'exposition négligeables ont été la pierre angulaire des décisions réglementaires, y compris la conclusion de la FDA que le BPA pose peu de risques pour la santé, les données actuelles soulèvent l'urgence que les risques pour la santé humaine ont également été considérablement sous-estimés.

En plus d'offrir une nouvelle dimension au différend sur la sécurité du BPA et des analogues structurels qui l'ont remplacé, nos résultats ont des implications plus larges. Actuellement, les mesures d'une large gamme de produits chimiques, y compris les bisphénols de remplacement, d'autres phénols environnementaux (par exemple, les parabènes, la benzophénone, le triclosan) et les métabolites de phtalate reposent sur des méthodes indirectes. Ainsi, le problème identifié ici pour le BPA pourrait s'étendre à d'autres contaminants environnementaux.

Par conséquent, il est essentiel de déterminer dans quelle mesure les erreurs d'estimation de l'exposition humaine s'étendent à d'autres contaminants chimiques mesurés par des méthodes indirectes.

Cet effort nécessitera une approche coordonnée pour fournir un financement pour la synthèse des normes pour les produits chimiques individuels et leurs métabolites pour une mesure précise des produits chimiques préoccupants pour la santé des humains et des animaux.

mercredi 16 octobre 2019

Saga de la famille bisphénol, l'Anses demande d'éviter une substitution par le bisphénol B


Dans un article du 26 octobre 2017, dans un article intitulé « Saga du bisphénol A : où l’on reparle du bisphénol S », j’indiquais :

Chemical Watch rapporte que « Des chercheurs de l'UE concluent que le BPS présente une activité similaire endocrinienne au BPA ». Le JRC (Joint Research Centre) dit que ce matériau de substitution a les mêmes effets œstrogéniques  et devrait être encore évalué.

Voici qu’aujourd’hui l’Anses nous dit qu’il faut « Eviter une substitution du Bisphénol A par le Bisphénol B ».

Y’a donc un progrès … sans doute tout l’alphabet va y passer …

On savait comme le rapporte le communiqué de l’Anses précité,
Le BPB est aujourd’hui utilisé comme alternative à certains usages du BPA et du bisphénol S (BPS) dans certains pays tels que les Etats-Unis où il est enregistré en tant qu'additif indirect pour certains revêtements et polymères en contact avec les aliments par la Food and Drug Administration (FDA).
Le Bisphénol B présente des propriétés endocriniennes similaires à celles du Bisphénol A. Telle est la conclusion des experts de l’Anses dont les travaux sont publiés aujourd’hui dans la revue Environmental Health Perspectives. L’article présente les résultats de l’évaluation des propriétés de perturbation endocrinienne du bisphénol B (BPB) menée en septembre 2018 dans le cadre de la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 1).
Les experts ont développé une méthode d’analyse originale en se basant sur la similarité de structure entre le bisphénol A (BPA) et le BPB. Cette approche se veut plus inclusive que celle qui est actuellement appliquée au niveau règlementaire en Europe. En effet, les experts ont pris en compte les effets possibles du BPB sur l’homme ou la faune sauvage observés lors de tests en laboratoire réalisés sur différentes espèces de vertébrés tels que des rongeurs ou des poissons.
Les données obtenues mettent en évidence la capacité du BPB à interférer avec la voie de signalisation des œstrogènes, à réduire la production de testostérone, à altérer la stéroïdogenèse, à modifier la spermatogénèse chez les rats et les poissons-zèbres, ainsi que la reproduction des poissons. Cette activité oestrogénique ainsi que l'inhibition de la production de testostérone sont cohérentes avec l'activité endocrinienne du BPA.
Ces travaux concluent donc que le BPB présente des propriétés endocriniennes similaires à celles du BPA, la première substance chimique à avoir été identifiée en tant que perturbateur endocrinien pour l’homme au niveau européen.

Last but not the least,
Bien que non fabriqué ou utilisé comme substance chimique en Europe (il n’est pas enregistré dans le cadre du règlement européen REACH), on le retrouve dans des échantillons biologiques de populations européennes (Cunha and Fernandes 2010 et Cobellis et al. 2009) ainsi que dans des milieux environnementaux en Chine (Yan et al. 2017, Liu et al. 2017). Son identification comme perturbateur endocrinien dans le cadre du règlement REACH permettra d’éviter que l’industrie développe son utilisation ou sa fabrication pour substituer le BPA ou BPS. Cette identification obligera également les importateurs d’articles contenant du BPB à plus de 0,1% à déclarer sa présence.

Pendant qu’on y est, il faut aussi signaler l’existence de bisphénol F, voir ici.

En conclusion, ceux qui ont propagé le logo « sans BPA » devrait désormais indiquer « sans bisphénol », un point c’est tout !

NB : Tous les liens sont de mon fait.

Mise à jour du 25 octobre 2019. Communiqué du ministère de la santé du 24 octobre 2019
Perturbateurs endocriniens : la France engage la reconnaissance du Bisphénol B comme « substance extrêmement préoccupante »
A la suite de la publication d’une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) sur les propriétés de perturbateur endocrinien du Bisphénol B, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, ont décidé d’engager les procédures permettant de reconnaître cette substance comme perturbateur endocrinien. Cette reconnaissance, dans le cadre du règlement REACH, doit permettre à terme d’éviter son utilisation comme substituant au Bisphénol A ou Bisphénol S.

lundi 22 avril 2019

Saga du BPA : Comment remplacer le bisphénol A dans les papiers thermiques ?


Comme indiqué dans un article récent où j’évoquais cet avis 04-2019 approuvé par le Comité scientifique de l’AFSCA le 22 mars 2019 concernant les Préoccupations toxicologiques relatives aux alternatives potentielles pour le remplacement du bisphénol A dans les matériaux destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires ».

Rappelons que selon la DGCCRF, « La loi « bisphénol A », a suspendu, à compter du 1er janvier 2015, l'importation et la mise sur le marché, à titre gratuit ou onéreux, de tout conditionnement, contenant ou ustensile, comportant du bisphénol A et destiné à entrer en contact direct avec les denrées alimentaires. »

Mis à jour en le 10 avril 2018, l’Anses a publié un document sur les « Usages et effets sanitaires du bisphénol A (BPA) » dans lequel, j’ai extrait les éléments suivants :
Le bisphénol A intervient dans la synthèse de certains retardateurs de flamme et comme révélateur dans les papiers thermiques (tickets de caisse notamment).
Les travaux de l’Anses ont permis d’identifier d’autres situations d’exposition, notamment liées à la manipulation de papiers thermiques (tickets de caisse, reçus de cartes bancaires,…), en particulier dans un cadre professionnel.
Au sujet de l’évaluation des risques sanitaires, l’Anses recommande, suite à la mise en évidence de situations potentiellement à risque pour l’enfant à naître des femmes enceintes manipulant des papiers thermiques contenant du bisphénol A, en particulier dans le cadre de leur activité professionnelle :
  • de prendre des mesures en vue de réduire l’exposition des femmes manipulant des papiers thermiques contenant du bisphénol A ou d’autres composés de la famille des bisphénols, notamment en milieu de travail ;
  • d’engager, dans les meilleurs délais, une étude de biométrologie chez des femmes travaillant en caisse manipulant des papiers thermiques contenant du bisphénol A et/ou du bisphénol S, en vue de vérifier les résultats issus des scénarios d’exposition retenus dans ce travail et d’identifier les mesures de gestion les plus adaptées. L’Agence s’engage à soutenir de telles investigations.
A propos de la « proposition de restriction du BPA dans les papiers thermiques », l’Anses indique :
L’Anses a soumis à l’ECHA en mai 2014 une proposition de restriction de l’usage du BPA dans les papiers thermiques, dans le cadre du Règlement REACh. Cette proposition mettait en avant  l’existence d’un risque pour la santé des travailleurs (principalement des employés de caisse) et des consommateurs exposés au BPA du fait de la manipulation de papiers thermiques (tickets de caisse).
Le RAC (Risk Assesment Committee) en juin 2015 a conclu que la proposition de restriction constituait la réponse la mieux adaptée en termes d’efficacité pour réduire les risques sanitaires associés. En décembre 2015, le comité d’évaluation socio-économique (SEAC) a confirmé que la mesure de restriction proposée constituait une mesure  appropriée pour réduire les risques pour la santé des travailleurs exposés.

En décembre 2016, cette mesure de restriction (modification de l’annexe XVII du règlement REACh) a été publiée au journal officiel de l’Union européenne. Elle prévoit que « le bisphénol A ne pourra plus être mis sur le marché dans le papier thermique à une concentration égale ou supérieure à 0,02 % en poids après le 2 janvier 2020 ». A cette concentration, cette valeur limite est en pratique équivalente à une interdiction du BPA.
Ce long préambule  pour arriver au sujet diffusé le 17 avril 2019 par le service public fédéral (SPF) de Belgique, Santé publique, sécurité de la chaîne alimentaire et environnement, « Comment remplacer le Bisphenol A dans les papiers thermiques ? »
A partir du 2 janvier 2020, le Bisphenol A, reconnu comme perturbateur endocrinien, sera interdit dans les papiers thermiques. Dans cette perspective, la division Politique de produits et Substances chimiques de notre SPF a organisé, conjointement avec le SPF Economie et l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), un atelier pour discuter des solutions de remplacement au Bisphenol A. 
Les papiers thermiques sont d’un usage courant pour les consommateurs. Ils sont utilisés pour produire des tickets de caisse, de parking, de transport, des cartes d’embarquement, des billets de cinéma, des étiquettes pour la poste ou encore celles apposées sur les aliments, … 
Une grande variété d’acteurs ont répondu présent : des fabricants, transformateurs et utilisateurs de papiers thermiques, des fabricants d’alternatives chimiques, des instituts de recherche, des représentants d’ONG, d’associations professionnelles, de syndicats, des autorités nationales et européennes. Tout au long des travaux, différentes manières de remplacer le Bisphénol A ont été envisagées et discutées. 
Ce dialogue a mis en évidence que des efforts de collaboration et une communication améliorée dans la chaîne d'approvisionnement sont essentiels pour garantir une substitution durable et éviter le remplacement du bisphenol A par d’autres substances dangereuses, comme par exemple le bisphenol S. 
La division Politique de produits et Substances chimiques achève actuellement l’évaluation des dangers du bisphenol S pour la santé humaine. Elle s’est également engagée à évaluer deux autres alternatives au bisphenol A dans les papiers thermiques en 2020 et 2021.

lundi 15 avril 2019

Saga du BPA : Où il est question des préoccupations toxicologiques relatives aux alternatives potentielles pour le remplacement du bisphénol A


La France devient ainsi le premier pays du monde à interdire aussi largement le bisphénol A. Cette substance chimique de synthèse est identifiée depuis longtemps comme un perturbateur endocrinien, en raison de sa structure moléculaire proche de celle des hormones. En avril 2013, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a conclu après trois années de travail à des « risques potentiels pour la santé », confirmant « la nécessité de réduire les expositions », notamment par la voie alimentaire, qui contribue à « plus de 80 % de l'exposition de la population ».
On lira la loi « bisphénol A » comme l’appelle la DGCCRF en France, ici.

Notons aussi que l’EFSA avait indiqué le 21 janvier 2015, « L’exposition au bisphénol A ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs » et le 4 septembre 2018, « BPA : nouvelles études à l’examen ».

Le 11 septembre 2019, je rapportais dans un article une curiosité, « la saga du BPA continue ! », malgré l’interdiction en France ...

Préoccupations toxicologiques relatives aux alternatives potentielles pour le remplacement du bisphénol A dans les matériaux destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires ». 35 pages.
L’avis indique le contexte en Belgique et en Europe,
En Belgique, le commerce, la mise dans le commerce et la fabrication de contenants qui contiennent du bisphénol A (BPA) sont interdits pour des denrées alimentaires pour les enfants de 0 à 3 ans depuis le 1er janvier 2013.En Europe, l’utilisation de BPA pour la fabrication de biberons en polycarbonate destinés aux nourrissons a été interdite en 2011. Cette interdiction a été étendue en 2018 à la fabrication de gobelets ou de bouteilles en polycarbonate qui, sur base de leurs propriétés d’étanchéité, sont destinés aux nourrissons et enfants en bas âge.
La question
Un ministre, qui a la sécurité alimentaire sous sa responsabilité, « a demandé au Comité scientifique de donner un état actuel des connaissances sur les préoccupations toxicologiques concernant les alternatives potentielles au BPA dans les matériaux destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires (FCM)  afin d’estimer si les alternatives actuelles sont potentiellement dangereuses (ou comportent un risque) pour le consommateur. »
Dans la conclusion de l'avis, il est indiqué :
La locution « alternatives au BPA dans les FCM » peut être interprétée de manière très large. Les FCM qui contiennent du BPA sont le polycarbonate et les résines époxy. Les alternatives au BPA dans les FCM peuvent être envisagées sous trois angles différents, à savoir le remplacement du BPA par un autre monomère pour la production de polycarbonates et de résines époxy, le remplacement du polycarbonate et des résines époxy par un autre plastique ou une résine sans BPA, et le remplacement du polycarbonate et des résines époxy par un tout autre matériau. L’avis fournit un aperçu des alternatives possibles au BPA dans les FCM.
Les préoccupations toxicologiques de quelques bisphénols autres que le BPA, à savoir le BPAF, le BPB, le BPE, le BPF et le BPS dans les FCM sont décrites dans l’avis dans le cadre de l’évaluation des risques. La littérature scientifique montre que les bisphénols autres que le BPA présentent également des effets œstrogéniques et anti-androgéniques. Selon le composé, les effets perturbateurs endocriniens dans certains modèles peuvent être plus ou moins importants que ceux du BPA. D'autre part, il semble que les autres bisphénols migrent moins rapidement et en quantités moins importantes que le BPA, de sorte que le risque en raison de leur exposition pourrait être inférieur au risque lié à BPA.
Dans son avis scientifique de 2015 sur le BPA, l'EFSA a estimé que l'exposition au BPA via le régime alimentaire, même pour les groupes les plus exposés, ne présentait pas de risque pour la santé (EFSA, 2015). Etant donné que les bisphénols alternatifs, présentant un profil toxicologique similaire, sont généralement détectés à des concentrations et à une fréquence plus basses, cela signifie le plus probablement que ces composés ne posent pas non plus de risque pour la santé. Toutefois, l'EFSA continue de surveiller de près la littérature concernant le BPA et une réévaluation est actuellement en cours, qui inclura notamment les résultats de l'étude CLARITY-BPA. Si cette réévaluation montre que le BPA pose effectivement des risques pour la santé humaine, il faut déterminer si ces nouvelles connaissances s'appliquent également aux autres bisphénols. 
En Belgique, les plastiques et les vernis sont, en théorie, également bien réglementés. Toutefois, pour les vernis, il n'existe pas de législation spécifique au niveau européen, ce qui signifie qu'ils doivent uniquement se conformer au Règlement (CE) N° 1935/2004. Ce règlement stipule qu'aucun constituant ne peut migrer en quantités pouvant être nocives pour la santé publique. Cependant, cela est difficile à déterminer et tout à fait arbitraire. En conséquence, les résines époxy constituent un point d'attention. De nombreux précurseurs alternatifs sans BPA pour la synthèse de résines époxy ont déjà été décrits dans la littérature scientifique.