jeudi 20 avril 2023

Bisphénol A le retour : Nouvelle saison au sein de l'UE. Malheureusement, la série est interdite en France !

Dans un article du blog, je rapportais la situation du bisphénol A au sein de l’UE.

En 2021, l’EFSA a décidé de mettre en commentaire sur le bisphénol A, un projet d'avis de l'EFSA pour réduire la dose journalière tolérable. Et le BfR d’Allemagne a publié un communiqué n°041/2021 du 15 décembre 2021 sur le Projet de nouvel avis sur le bisphénol A : Réévaluation par l'Autorité européenne de sécurité des aliments ouverte à la consultation publique.

Voici que le 19 avril 2023, l’EFSA rapporte «Le bisphénol A dans les aliments présente des risques pour la santé».

L’exposition alimentaire au bisphénol A (BPA) constitue un problème sanitaire pour les consommateurs de tous les groupes d’âge, ont conclu les experts de l’EFSA dans leur nouvelle réévaluation.

Après une évaluation approfondie des nouvelles preuves scientifiques disponibles et une consultation publique, les experts de l’EFSA ont identifié des effets potentiellement nocifs pour le système immunitaire.

La Commission européenne et les autorités nationales discuteront des mesures réglementaires appropriées pour donner suite à l’avis de l’EFSA. 

Réduction du seuil d’apport
Par rapport à la précédente évaluation de 2015, le groupe d'experts de l'EFSA a considérablement abaissé la dose journalière tolérable (DJT) pour le BPA, c'est-à-dire la quantité qui peut être ingérée quotidiennement tout au long de la vie sans présenter de risque appréciable pour la santé.

Les scientifiques de l'EFSA ont établi une DJT de 0,2 nanogramme (0,2 milliardième de gramme) par kilogramme de poids corporel par jour, remplaçant la limite temporaire précédente de 4 microgrammes (4 millionièmes de gramme) par kilogramme de poids corporel par jour. 

La nouvelle DJT est donc environ 20.000 fois moins élevée que la précédente.

Exposition au BPA
En comparant la nouvelle DJT avec les estimations de l'exposition alimentaire au BPA, nos experts ont conclu que les consommateurs ayant une exposition moyenne et élevée au BPA dans tous les groupes d'âge dépassaient la nouvelle DJT, ce qui soulève des préoccupations pour la santé.

Prochaine étape
Ce sont les décideurs de l'UE, à savoir la Commission européenne et les représentants des États membres, qui sont chargés de fixer les limites de quantité des substances chimiques susceptibles de migrer des emballages alimentaires vers les aliments.

Commentaire
L’EFSA refile donc la patate chaude aux politiques, ras le bol du bisphénol A ?
Voilà que deux agences s’opposent à cet avis de l’EFSA, le BfR d’Allemagne et l’Agence européenne du médicament (EMA) ...

Qu’en pense le BfR ?
Étant donné que les estimations actuelles de l'exposition pour la population allemande ou européenne ne sont pas disponibles, une évaluation fiable et complète des risques du BPA ne peut pas être réalisée pour le moment. Afin d'évaluer si le BPA présente ou non un risque pour la santé des consommateurs, le BfR recommande de collecter et d'évaluer des données d'exposition supplémentaires et plus actuelles.
(…)
Le BfR ne prend pas à son compte la nouvelle DJT de l'EFSA en raison de plusieurs divergences scientifiques et méthodologiques. Par exemple, il n'existe actuellement aucune preuve que les augmentations relatives observées des niveaux de cellules Th17 déclenchent des effets indésirables sur les souris étudiées, et la pertinence des résultats pour la santé humaine est discutable. Le règlement (CE) 178/2002 contient des dispositions relatives aux avis scientifiques divergents. Sur le site Internet de l'EFSA, la prise de position du BfR dans la consultation publique sur l'avis de l'EFSA et le rapport sur les points de vue divergents sont publiés. Outre le BfR, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a également présenté ses différents points de vue sur la méthodologie de la réévaluation de l'EFSA.
Sur la base d'une analyse détaillée des données scientifiques sur les effets toxicologiques de l'exposition gastro-intestinale (orale, par la bouche) au BPA, le BfR a dérivé une valeur DJT de 0,2 microgramme (ce qui correspond à 200 nanogrammes) par kilogramme de poids corporel par jour. Cette valeur est 20 fois inférieure à la précédente DJT provisoire de l'EFSA, calculée en 2015. Le BfR a utilisé une approche conservatrice, tenant également compte de plusieurs incertitudes de manière quantitative et statistique. L'évaluation s'est concentrée sur les critères d'évaluation critiques identifiés dans l'avis EFSA de 2023 (effets immunitaires, toxicité pour la reproduction, augmentation des taux sériques d'acide urique). Cependant, en raison de son caractère conservateur et sur la base d'évaluations d'autres autorités, la DJT dérivée du BfR est également protectrice vis-à-vis d'autres paramètres toxicologiques (par exemple, toxicité générale, cancérogénicité, effets sur le cerveau et le comportement). Le BfR suggère d'utiliser cette valeur DJT de 0,2 microgramme par kilogramme de poids corporel par jour comme base d'évaluation des risques.

Commentaire
Bien entendu, tout cela nous apparaît dérisoire en France, nous qui avons un texte réglementaire, la loi n°2010-729 du 30 juin 2010 modifiée par la loi n°2012-1442 du 24 décembre 2012 qui suspend la fabrication l'importation, l'exportation et la mise sur le marché à titre gratuit ou onéreux de tout conditionnement, contenant ou ustensile comportant du bisphénol A et destiné à entrer en contact direct avec toutes les denrées alimentaires à partir du 1er janvier 2015.  

Heureux pays qui ignore les discussions scientifiques au niveau européen et préfère légiférer, pardon interdire ...

Mise à jour du 27 avril 2023
Bisphénol A dans les produits du quotidien : Réponses aux questions fréquemment posées. Mise à jour du BfR du 21 avril 2023.

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