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mardi 12 janvier 2021

Une étude identifie l'exposition à un pathogène alimentaire commun à un cancer rare du cerveau

«Une étude identifie l'exposition à un pathogène alimentaire commun à un cancer rare du cerveau», source American Cancer Society.

Une nouvelle étude suggère un lien entre l'infection à Toxoplasma gondii (T. gondii) et le risque de gliome, un type de cancer du cerveau, chez l'adulte. L’étude, parue dans International Journal of Cancer, révèle que les personnes atteintes de gliome sont plus susceptibles d'avoir des anticorps contre T. gondii (indiquant qu'elles ont déjà eu une infection) qu'un groupe similaire sans cancer.

Pour l'étude, des chercheurs dirigés par James Hodge et Anna Coghill ont examiné l'association entre les anticorps contre T. gondii mesurés plusieurs années avant le diagnostic du cancer et le risque de développer un gliome. Les participants à l’étude provenaient de la cohorte nutritionnelle de la Cancer Prevention Study-II (CPS-II) de l’American Cancer Society et de la Janus Serum Bank (Janus) du Norwegian Cancer Registry.

T. gondii est un parasite commun qui est le plus souvent acquis à partir de viande insuffisamment cuite et qui peut entraîner la formation de kystes dans le cerveau. Ces résultats suggèrent que la réduction de l'exposition à ce pathogène commun d'origine alimentaire pourrait fournir un facteur de risque modifiable de tumeurs cérébrales très agressives chez les adultes.

Bien que le gliome soit une maladie relativement rare, il s'agit d'un cancer extrêmement mortel. Dans le monde en 2018, il y a eu environ 300 000 cas incidents et 241 000 décès dus à des cancers du cerveau et d'autres cancers du système nerveux. La majorité (80%) des tumeurs cérébrales malignes sont des gliomes, pour lesquels le taux de survie relative à cinq ans estimé est de 5%.

L'étude note qu'une association entre les anticorps contre T. gondii et le gliome était similaire dans deux groupes de personnes démographiquement différents: les cas de du CPS-II avaient environ 70 ans au moment du prélèvement sanguin, tandis que ceux de la cohorte Janus avaient environ 40 ans .

«Cela ne signifie pas que T. gondii provoque définitivement un gliome dans toutes les situations. Certaines personnes atteintes de gliome n'ont pas d'anticorps contre T. gondii, et vice versa», note Hodge.

«Les résultats suggèrent que les personnes plus exposées au parasite T. gondii sont plus susceptibles de développer un gliome», a déclaré Coghill. «Cependant, il convient de noter que le risque absolu d'être diagnostiqué avec un gliome reste faible et que ces résultats doivent être reproduits dans un groupe d'individus plus large et plus diversifié.»

Les auteurs notent que «si les études futures reproduisent ces résultats, les efforts en cours pour réduire l'exposition à ce pathogène commun offriraient la première opportunité tangible de prévention de cette tumeur cérébrale très agressive».

mercredi 16 décembre 2020

Pourquoi il est important de rétablir la vérité sur les nitrites dans la charcuterie

Au préalable à ce nouvel article, on lira les épisodes précédents,

Voici donc un communiqué du 11 décembre de la FICT qui rapporte, « Nitrites et charcuterie : rétablir la vérité ».

La FICT représente plus de 300 entreprises de charcuterie traiteur, à 90% des PME et réparties sur tout le territoire français.

L’action que nous menons aujourd’hui a pour objectif de rétablir la vérité au regard des communications injustifiées réalisées dans l’application YUKA concernant les nitrites.

Que concluent les expertises scientifiques ?

Aujourd’hui, toutes les expertises scientifiques collectives officielles confirment qu’il n’y a pas de risque lié à l’usage des nitrites aux doses utilisées dans les charcuteries :

  • L’Académie de l’Agriculture de France a rendu un rapport en novembre 2020 dans lequel elle conclut que « le risque soupçonné d’augmentation du cancer colorectal lié à l’utilisation des nitrites comme additifs dans les charcuteries aux dosés autorisées par la réglementation n’est pas scientifiquement établi par les études toxicologiques et épidémiologiques disponibles ce jour » – rapport disponible sur ce lien.
  • L’EFSA, a confirmé en 2017 l’innocuité des nitrites aux doses utilisées comme additifs alimentaires en 2017.
  • L’ANSES, dans son avis de 2011, avait considéré que l’apport de nitrites conformément à la réglementation ne constitue pas un problème de santé publique.

L’ensemble de ces expertises a bien tenu compte des avis du CIRC (OMS) sur les nitrites, mais les effets identifiés par le CIRC ne sont pas retrouvés aux faibles doses auxquelles les nitrites sont utilisés dans les charcuteries, ce qui explique les conclusions de ces études.

D’ailleurs, les nitrites sont recommandés par l’ANSES dans les produits de charcuterie, dans un avis publié en décembre 2019, pour la maîtrise du risque de botulisme. Une nouvelle étude de l’ANSES est attendue d’ici fin 2021.

Pourquoi la FICT trouve-t-elle légitime que la justice statue sur les allégations de YUKA ?

Au vu des expertises scientifiques, la FICT conteste la véracité des mentions qui sont diffusées sur l’application Yuka concernant les nitrites. De ce fait, nous considérons que les allégations de Yuka portent injustement atteinte à l’image et à la réputation des produits de charcuterie.

La FICT considère que l’application YUKA, qui apporte des informations à près de 6 millions de consommateurs, a la responsabilité de communiquer des éléments qui doivent être justifiés scientifiquement.

Aussi, dans une démarche transparente et avec la volonté de rétablir la vérité scientifique concernant les nitrites, nous souhaitons, comme chaque citoyen en a le droit dans notre République, demander à la justice de statuer sur le droit de Yuka à alléguer des informations sans fondement scientifique avéré auprès de millions de consommateurs. La FICT ne prétend en aucun cas vouloir s’opposer à la qualification des produits par une application smartphone dès lors qu’elle est basée sur des critères objectifs et justifiés ou de s’opposer à la signature de pétitions par les citoyens.

Le portail d'information sur la place des nitrites dans la charcuterie est ici.

Par apport à l'application Yuka, rappelons que La Fédération française des Industries d'Aliments Conservés fait condamner Yuka pour dénigrement.

Par ailleurs, selon le site Food Navigator, «Les charcutiers français rejettent les appels à l'interdiction des nitrates dans des produits alimentaires».

Alors que l'Assemblée française s'apprête à voter le 28 janvier une loi visant à interdire l'utilisation des nitrates dans les produits alimentaires, la Fédération des entreprises de Charcuteries Traiteurs (FICT) affirme qu'il n'y a pas de risques pour la santé liés à l'utilisation des nitrites aux niveaux actuellement recommandés.

S'il est adopté, le projet de loi (qui doit ensuite aller au Sénat), déposé par les membres du bloc centriste du président Macron, signifierait une interdiction de l'ajout de nitrites et de nitrates dans le jambon cru tel que le jambon de Bayonne et de Parme à partir de 2023 et une interdiction. sur les autres produits carnés, y compris le jambon cuit, l'andouillette, le boudin, la terrine ou les rillettes, à partir de 2025.

La législation ferait de la France le premier pays européen à imposer une telle interdiction.

Elle imposerait également, jusqu'en 2023, un étiquetage clair sur les viandes transformées contenant des nitrites ou des nitrates ajoutés précisant: «Contient des nitrites ou des nitrates ajoutés et qui peuvent favoriser le cancer colorectal» ainsi que la quantité d'additifs utilisés. La législation concerne également les additifs nitrés issus de bouillons de légumes riches en nitrites et nitrates.

Le projet de loi est né de la pression de groupes comme la Ligue française de lutte contre le cancer, du groupe de consommateurs Foodwatch France et de l'application de nutrition Yuka.

Des conservateurs et des nitrates sont utilisés dans les charcuteries de porc afin de supprimer les bactéries dangereuses et de donner de la coloration à la viande. Mais les groupes prétendent que les additifs E249 (nitrite de potassium), E 250 (nitrite de sodium), E251 (nitrate de sodium) et E252 (nitrate de potassium) - particulièrement utilisés dans les viandes transformées telles que les saucisses industrielles - présentent un risque pour la santé, qui lorsqu'ils sont ingérés peuvent contribuer à la formation de composés cancérigènes dans notre estomac appelés nitrosamines.

Mais la FICT, qui représente 300 entreprises de charcuterie et de traiteurs en France, a qualifié ces allégations d'«injustifiées». Il cite la dernière évaluation des risques des nitrates ajoutés aux aliments par l’Autorité européenne de sécurité des aliments, qui a conclu que les niveaux de sécurité existants pour les nitrites et les nitrates ajoutés intentionnellement à la viande et à d’autres aliments sont une protection efficace pour les consommateurs. La dose journalière admissible (DJA) actuel pour les nitrates est de 3,7 mg par kg de poids corporel par jour (mg/kg pc/jour). Le niveau de sécurité pour les nitrites a été rétabli à 0,07 mg/kg pc/jour, proche de la DJA existante légèrement plus conservatrice de 0,06 mg/kg pc/jour.

Pour la FICT,

Conscientes que les consommateurs souhaitent moins d’additifs dans les aliments et moins de nitrites dans les charcuteries, les entreprises de charcuterie poursuivent leurs efforts menés depuis des années en réduisant volontairement en 2020 les additifs de 50% et les nitrites de 20% (après une première réduction de 20% en 2016 par rapport à la réglementation), soit en moyenne moins de 100 milligrammes par kilogramme de charcuterie au lieu de 150mg/kg autorisés par la réglementation.

Voilà pourquoi nous souhaitons rétablir la vérité et continuer à régaler les français avec des produits sains et délicieux.

 Tout est bon dans le cochon, CQFD ... 

Mise à jour du 15 janvier 2021. Publication du rapport d'information sur les sels nitrités dans l'industrie alimentaire

On lira sur ce sujet, un bon article de Marjolaine Ceyrou dans la revue PROCESS AlimentaireNitrites : la Fict remet en cause l’impartialité du rapport parlementaire.

Effectivement après l'avoir largement parcouru, ce rapport n'est qu'à charge, et le procureur n'est pas ici le rapporteur, M. Ramos, avec le concours du Président de la Lique contre le Cancer, l'infréquentable, M. Axel Kahn ...

Apparemment, le prochain avis de l'Anses va faire pencher ou non la balance ...

jeudi 27 février 2020

Non, le jambon ne tue pas, une chronique de Jean de Kervasdoué


Un article paru sur le blog de seppi m'a signalé cette information : « Non, le jambon ne tue pas », nous dit M. Jean de Kervasdoué dans Le Point.


Je relaie bien volontiers une partie de l'article du Point du 20 février ci-après,

Kervasdoué – Non, le jambon ne tue pas

Chronique. L'économiste de la santé décrypte une fake news qui a fait beaucoup de bruit : les liens entre cancers et charcuteries contenant des nitrites.

Par Jean de Kervasdoué.

Les nitrites ajoutés dans le jambon sont-ils cancérogènes ?

91 % des Français ont confiance en la science et les chercheurs, selon un sondage Ifop. Il importe de préserver ce précieux capital quand, sur Internet, cette jungle informationnelle, foisonne une multitude de sources contradictoires. Or, comme dans l'exemple choisi ici, il arrive que la confusion s'installe entre le point de vue de certaines associations, celui des chercheurs et celui, encore différent, des instances de régulation. Comme chez certains religieux, il arrive que la noblesse de la cause militante l'emporte sur la rigueur.

Outre le fait qu'il est regrettable de diffuser de fausses informations, cela peut être grave quand elles ont des conséquences ; or certaines de ces déclarations infondées peuvent structurer l'opinion et avoir des effets tangibles quand les politiques s'en emparent, engagent des frais inutiles et élaborent des réglementations littéralement insensées.

Alerte rose sur le jambon

Ainsi Axel Kahn, non pas le chercheur mais le président de la Ligue nationale contre le cancer, puissante et ancienne (1918) association de patients, déclare au journal de 13 heures de France 2, le mercredi 20 novembre 2019, que les nitrites entraînent directement 3 000 morts en France.


À l'instar de la calomnie du Barbier de Séville, ce chiffre gonfle et, dans la soirée de ce même jour, sur un autre média, il passe à 4 000. Il s'agissait alors de lancer la Journée mondiale contre le cancer et de faire signer une pétition. La Ligue nationale contre le cancer, Foodwatch et Yuka, qui en étaient à l'origine, souhaitaient en effet recueillir des signatures pour interdire l'ajout de nitrites (un excellent conservateur) dans les produits alimentaires, notamment dans la charcuterie. Le 22 décembre, Le Journal du dimanche montre une photo d'une tranche appétissante d'un jambon bien rose sur une assiette blanche et titre « Le jambon tue ». Ce même journal, le 1er février 2020, rapporte que 27 maires et candidats aux municipales s'engagent à offrir dans leur commune des cantines sans nitrites. La pétition s'appuie sur deux types de données, les unes biochimiques, les autres épidémiologiques. 


Selon Denis Corpet, professeur émérite à l'école vétérinaire de Toulouse, l'ajout de nitrites dans le saucisson pour le conserver et lui donner du goût, comme l'ajout des nitrates lors de la préparation des jambons commercialisés en tranches prédécoupées et vendus sous plastique transparent afin de les conserver et de leur donner une couleur bien appétissante, produirait des nitrosamines qui seraient cancérogènes. Ces produits seraient un danger potentiel. Toutefois, Denis Corpet reconnaît que, si le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) considère qu'il y a un danger potentiel, « Le groupe de travail CIRC-OMS n'a pas fait d'estimation du risque ». Il semble ignorer que, depuis longtemps, s'appuyant sur des travaux internationaux portant sur des milliers de cas, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) avait évalué ce risque et écrivait en juin 2017 que les additifs nitrités étaient sans danger pour les consommateurs aux doses journalières habituelles, même en tenant compte de la transformation des nitrates en nitrite dans la salive. Comme en matière de pollution par les moteurs diesel, le CIRC a signalé un danger potentiel et, pour beaucoup, ce danger est devenu un risque qui, pourtant, n'est pas avéré.

A suivre ...

dimanche 22 décembre 2019

L'empire du bien à des révélations à faire sur le scandale sanitaire de la charcuterie : Tout est bon dans le cochon !

Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

Après, Menu végétarien une fois par semaine dans les cantines scolaires, l'empire du bien a encore frappé !, voici que le Journal du Dimanche du 21 décembre 2019, le camp du bien a encore frappé, car, mais oui, il nous fait « des révélations sur un scandale sanitaire » à propos de la charcuterie … et nous dire ce que nous ne devons pas manger ...
La bataille contre les nitrites dans le jambon et le saucisson continue.Aiguillonné par le député Richard Ramosqui vient d'arracher la création d'une mission d'enquête parlementaire sur leur dangerosité après avoir proposé une taxe en octobre, le professeur Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, se donne « trois à quatre ans » pour obtenir leur éradication. En 2015, l'OMS avait levé le voile sur un scandale sanitaire en classant la viande transformée parmi les cancérogènes avérés.
La Ligue contre le cancer part en guerre contre les nitrites dans la charcuterie alors qu'une mission d'enquête va être lancée à l'Assemblée. Ces additifs chimiques sont soupçonnés d'être responsables de milliers de cancers liés à la consommation de charcuterie.

P
our mémoire
, car il faut en avoir dans ce cas-là, Axel Kahn n’en est pas à un excès près, rappelons qu’il est celui qui voyait en mai 2012, lors d’un meeting d’un ancien président de la République, « Images et symboles sont mobilisés par le Nuremberg du tout petit d'hier ».

Pour ma part, cet individu peut « aller à Canossa » ou partir cueillir des olives en Basse Provence, il est ailleurs … et c'est bien dommage pour la Ligue contre le cancer d'avoir un tel président ...

Cela étant, ce n'est pas l'OMS, mais le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'OMS qui a évalué en 2015 « la consommation de la viande rouge et des produits carnés transformés » …

D'une façon générale, l’Anses rappelle que la meilleure prévention des risques s’appuie sur une alimentation équilibrée et diversifiée permettant d'atteindre les apports nutritionnels conseillés, avec un apport calorique adapté aux dépenses énergétiques, jointe à une activité physique régulière.

L’Anses avait aussi publié en 2011, Nutrition et cancers : quelles recommandations ?

Sur le site de l’Afis, on lira Viande rouge cancérogène : faut-il s’alarmer ? et sur le blog de seppi, Viande cancérogène : il est temps que le CIRC arrête son barnum !

Complément du 23 décembre 2019. On réécoutera cette vidéo pédagogique d’Emmanuelle Ducros de L’Opinion, « Additifs alimentaires: le danger n’est pas forcément celui que l’on croit » que j'avais déjà mentionné ici sur YouTube.

lundi 4 novembre 2019

Des chercheurs identifient certaines bactéries intestinales susceptibles de causer le cancer de l'intestin


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.


Au cours de la National Cancer Research Institute (NCRI) Cancer Conference de Glasgow, 3-5 novembre 2019, une étude a exploré le rôle causal du microbiome humain intestinal sur le cancer colorectal par la randomisation mendélienne*.

Des chercheurs identifient certaines bactéries intestinales susceptibles de causer le cancer de l'intestin. Source eurekalert.

Des personnes qui ont un certain type de bactéries dans leur intestin risquent davantage de développer un cancer de l'intestin.

Dans la première étude utilisant une technique appelée randomisation mendélienne pour étudier le rôle déterminant joué par les bactéries dans le développement du cancer de l'intestin, le Dr Kaitlin Wade, de l'Université de Bristol (Royaume-Uni), a déclaré aujourd'hui (lundi): « Nous avons trouvé des preuves que la présence d'un type non classifié de bactéries appartenant à un groupe bactérien appelé Bacteroidales augmentait le risque de cancer de l'intestin de 2 à 15%. »

« Cela signifie qu'en moyenne, les personnes atteintes de ce type de bactéries dans le tube digestif présentent un risque légèrement plus élevé de cancer de l'intestin que les autres. Nous avons pu utiliser la randomisation mendélienne pour comprendre le rôle causal que ces bactéries pouvaient avoir. Nos résultats corroborent les études précédentes qui avaient montré que les bactéries de l’ordre des  Bacteroidales étaient plus susceptibles d’être présentes, et en plus grande quantité, chez les personnes atteintes du cancer de l’intestin que chez celles qui n’en souffraient pas. »

Le microbiome est une communauté de micro-organismes, des bactéries dans ce cas, qui se a lieu naturellement dans le corps. Il est de plus en plus évident que la composition du microbiome joue un rôle dans la santé humaine et la vulnérabilité du corps aux maladies. Le microbiome intestinal humain, qui contient environ 3 000 milliards de bactéries, facilite la digestion et protège des infections. Il est déterminé par la constitution génétique de chaque personne et de son environnement. Il est donc propre à chaque personne. De plus, il reste relativement stable tout au long de la vie, à moins d’être affecté par des antibiotiques, une maladie ou un changement de régime, entre autres.

Le Dr Wade, chercheur en début de carrière, a déclaré: « Je voulais savoir si des variations dans le microbiome intestinal humain, comme le nombre de bactéries ou simplement le nombre de types de bactéries différents, pouvaient avoir un impact sur le cancer de l'intestin. De nombreuses études chez la souris et chez l’homme ont montré une association entre le microbiome intestinal et le cancer de l’intestin, mais très peu ont fourni des preuves convaincantes de la causalité. En d’autres termes, il est très difficile de déterminer si des composants du microbiome intestinal peuvent causer le cancer de l’intestin, si la maladie elle-même conduit à une variation du microbiome intestinal ou au fait que l'association soit due à d'autres facteurs qui provoquent une variation dans les deux. »

La randomisation mendélienne utilise une analyse statistique complexe de données provenant de grandes populations pour fournir des preuves de cause à effet, plutôt que simplement l'existence d'une association.

« Avec la randomisation mendélienne, nous utilisons les variations génétiques naturelles héritées de manière aléatoire des individus, qui modifient les niveaux de bactéries dans le microbiome intestinal de manière à imiter un essai randomisé, afin de déterminer si des individus de constitution génétique différente, et donc de profils de microbiome intestinal différents, présenter un risque différent de cancer colorectal », a expliqué le Dr Wade. « De cette manière, nous ne devons pas modifier directement le microbiome intestinal de quelqu'un en donnant des antibiotiques ou des probiotiques dans le cadre d'un essai randomisé, ni perdre du temps à attendre si des membres de la population ont le cancer colorectal. Nous avons simplement besoin d'études disposant déjà de ces informations mesurées. »

Les chercheurs ont utilisé des données provenant de 3 890 personnes participant au projet flamand Gut Flora, à l’étude German Food Chain Plus et à l’étude PopGen, ainsi qu’à 120 328 personnes appartenant à l’international Genetics and Epidemiology of Colorectal Cancer Consortium. Ces études ont recherché de petites variations dans le génome des participants qui se produisent plus fréquemment chez les personnes atteintes d'une maladie ou caractéristiques particulières que chez les personnes ne présentant pas cette maladie ou caractéristiques - appelées études d'association pangénomique (GWAS).
Ils ont constaté que la variation génétique dans la population dans certaines parties du génome était liée à la présence ou à la variation de 13 types de bactéries intestinales, et que les personnes présentant un type non classifié de bactéries du groupe Bacteroidales présentaient un risque plus élevé de cancer de l'intestin par rapport à aux personnes qui n'avaient pas ces bactéries.

Le Dr Wade a déclaré que ses conclusions devaient être reprises par d'autres études utilisant différents ensembles de données et méthodes avant que les implications pour la santé humaine puissent être pleinement comprises.

« Nous devons classer les espèces ou les souches de bactéries exactes du groupe Bacteroidales, et nous devons faire plus de travail pour comprendre comment et pourquoi la variation génétique humaine peut altérer le microbiome intestinal. Même si ces résultats montrent que ces bactéries peuvent causer le cancer de l'intestin, nous ne savons pas si essayer de les modifier dans le but de réduire le risque de cancer de l’intestin pourrait avoir d’autres effets imprévus sur d’autres aspects de la santé. Cependant, je pense que nous sommes à la pointe de la compréhension et de l’appréciation de la complexité de ces relations - non seulement celles entre le microbiome intestinal humain et la maladie, mais également entre la variation génétique humaine et le microbiome intestinal même - qui est nécessaire pour utiliser de manière appropriée ces méthodes pour évaluer la causalité », a-t-elle conclu.

Le professeur Ian Tomlinson, nouveau directeur du Cancer Research UK Edinburgh Centre de l'Université d'Edinburgh, Royaume-Uni, est membre du comité scientifique de la conférence du NCRI et n'a pas participé à l'étude. Il a déclaré: « Les méthodes de randomisation mendélienne sont de plus en plus utilisées pour fournir des indications sur les facteurs de risque de causalité en analysant les associations génétiques avec une maladie et avec les facteurs de risque. C’est l’une des premières études à utiliser ces méthodes pour mieux comprendre les raisons de la les liens supposés et plausibles - mais en grande partie non prouvés - entre le microbiome et le cancer de l'intestin. »

« La stabilité du microbiome intestinal est en cause et il existe des relations complexes entre les types et le nombre de bactéries présentes, et il est donc trop tôt pour attribuer un lien de causalité aux résultats rapportés. Néanmoins, des études plus vastes similaires pourraient améliorer considérablement notre compréhension du développement du cancer de l'intestin. »

*L’utilisation de marqueurs génétiques, reposant sur une méthode appelée randomisation mendélienne, permet de réduire les risques de biais afin d’estimer la relation causale entre un facteur de risque (phénotype) et une maladie.
Développée depuis 2003, la randomisation mendélienne s’est imposée comme un outil de recherche important en épidémiologie permettant d’explorer de nombreuses associations complexes, notamment lorsque des essais randomisés contrôlés sont indisponibles. Source IUMSP Lausanne.