samedi 22 décembre 2018

« Y-a-t-il de bons et de mauvais additifs alimentaires ? », telle est la question ...


Un communiqué du 5 décembre 2012 de l’Académie d’Agriculture informe, « Y-a-t-il de bons et de mauvais additifs alimentaires ? » Des Académiciens dénoncent cet état de fait dans ce « Point de vue ».

Extrait.
On voit fleurir ici ou là, à travers des articles de presse ou via des applications pour smartphone pour qualifier le profil d’aliments ou via la publication d’un récent rapport parlementaire des listes de bons ou de mauvais additifs. 
Ces classements sont réalisés par des inconnus, dont les compétences scientifiques en termes d’évaluation du risque en sécurité sanitaire des aliments ne sont pas précisées, pas plus que leurs conflits d’intérêt potentiels avec des industriels ou des ONG. Mais pire que tout cela, on ignore sur quelles bases scientifiques ce classement est réalisé. 
Ce que l’on sait c’est que la liste de base à partir de laquelle les additifs sont triés comme bons ou mauvais est celle des additifs inscrits sur la liste positive de l’UE, considérés par les experts de l’Efsa (European Food Safety Authority) comme ne faisant pas courir de risque à la santé du consommateur et autorisés en France dans la limite des doses permises dans les denrées dans lesquelles ils peuvent être utilisés. 
Il est à noter que l’identité des experts de l’Efsa ayant signé les opinions est connue, leur curriculum vitae et leur déclaration d’intérêt sont publics, accessibles par chacun sur le site web de l’Efsa et le paradigme sur lequel repose l’évaluation du risque des additifs est connu de tous. 
Alors, pourquoi certains disent-ils qu’il y a de bons et de mauvais additifs autorisés aujourd’hui en France et en Europe ? 
Il semble que les classements publiés ici ou là reposent sur une erreur d’interprétation des termes danger et risque.  
Le danger est, en toxicologie alimentaire, la propriété d’une molécule d’avoir un effet toxique. Le danger n’est pas synonyme de risque. 
Le risque est, en toxicologie alimentaire, la probabilité d’être exposé au danger via la consommation d’un aliment qui contient une molécule dangereuse à une dose toxique compte tenu de l’exposition.
Liste positive, qu'est-ce que c'est ? 

En Europe, l'utilisation des additifs est strictement réglementée selon le principe dit « de listes positives ». Autrement dit, ce qui n'est pas expressément autorisé est interdit. Source document du 15 décembre 2017 de la DGCCRF sur les additifs alimentaires : condition et modalités d’utilisation.

On écoutera avec attention cette vidéo d’Emmanuelle Ducros de L’Opinion, dont j’avais déjà signalé ici la pertinence de ses vidéos pédagogiques, « Additifs alimentaires: le danger n’est pas forcément celui que l’on croit ».
Des applications proposent de trier, pour les consommateurs, les « bons » et les « mauvais » additifs alimentaires. Outre le fait que tous ont été testés par les autorités sanitaires européennes avant d’être autorisés, le tri joue sur un malentendu. Une confusion entre le danger et le risque ! Cela revient à dire qu’il faut interdire à tous les bateaux de prendre la mer car ils risquent de couler, sous prétexte que l’on risque d’être sur un bateau qui coulera.
NB : L’idée de cet article m’est venue en lisant celui de seppi, « Additifs alimentaires : l'Académie d'Agriculture de France pisse dans un violon.

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