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lundi 30 mars 2020

Le coronavirus a-t-il un passeport ?


Le Covid-19 n'a pas de passeport, mais les respirateurs, les masques, les gants, les blouses, les surblouses, les écouvillons, les tests, etc., ont-ils un passeport ? 

Bien entendu, vous connaissez la réponse ... on trouve tout cela en Chine !

Tentative de réponse à la question, le coronavirus a-t-il un passeport ? 
Et les réponses ne seront pas que scientifiques ... 


Le 25 février 2020, France Culture intitulait d’un reportage, Coronavirus : « Fermer les frontières n'est pas efficace, les virus n'ont pas de passeport ».

Hélas, comme souvent avec les médias, le titre ne correspond pas au contenu utile d’un épidémiologiste suisse.

Cela étant tous les scientifiques ne sont pas d’accord sur la fermeture des frontières, comme le montre cet ancien article de la RTBF à propos du virus Ebola :
La fermeture temporaire des frontières en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia pendant l'épidémie d'Ebola, lors des années 2013-2016, a permis d'arrêter la progression internationale du virus, selon une étude scientifique dirigée par le Rega Instituut de la KU Leuven, relayée mardi. L'équipe internationale de chercheurs a analysé les données génétiques de 1610 échantillons prélevés sur des patients atteints du virus.
Un article de L’Express du 24 février estime à propos du Coronavirus : pourquoi la fermeture des frontières est jugée « illusoire » et « inefficace », à vous de voir, même si les avis des scientifiques sont partagés ...

Le 12 mars, le chef de l’État a appelé à « éviter le repli nationaliste », insistant : « Ce virus, il n’a pas de passeport ». « Nous aurons sans doute des mesures de contrôles, de fermetures de frontières mais il faudra les prendre quand ce sera pertinent. » Selon lui, elles « devront être décidées à l’échelle européenne ».

Autre information sur RTL du 16 mars 2020, le point de vue de Natacha Polony,
Je ne sais pas pour vous, mais moi, la phrase « ce virus n’a pas de passeport, il ne connaît pas les frontières », ça finit par m’horripiler. Ce virus est porté par des hommes qui, eux, peuvent s’arrêter aux frontières si on le leur demande. Cette phrase, c’est de l’idéologie pure. Et pendant ce temps, l’Allemagne ferme ses frontières. C’est un pays populiste, l’Allemagne ?
Le 17 mars, le président de la République indiquait :
Dès le 17 mars à midi, les frontières à l’entrée de l’espace Schengen seront fermées. Tous les voyages entre les pays non européens et l’Union européenne seront suspendus. Les Français à l’étranger qui veulent rentrer pourront bien sûr rejoindre leur pays.
Le 30 mars 2020, François Lenglet indiquait :
Si vous regardez cette vidéo, pensez que je ne suis pas loin de partager cet opinion ...

Complément du 4 avril 2020. On lira dans Le Figaro.frCoronavirus : vers un port généralisé du masque ? 

Alors que le gouvernement n'a cessé de répéter que les masques n'avaient aucune utilité pour les individus non-porteurs de la maladie, le discours est en train d'évoluer.

jeudi 2 janvier 2020

Choses lues : Les vœux 2020 de L’agri aux "politiques"

Je relaie bien volontiers cet édito de Jean-Paul Pelras sur l'agri, le journal qui le dit, tous les jeudis. Actu agricole & rurale de l'Aude et des Pyrénées-Orientales ...
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jeudi 19 décembre 2019

A propos du scepticisme scientifique


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

« A propos du scepticisme scientifique », source article de Ron Doering paru dans Food in Canada et diffusé par Doug Powell du barfblog.

Ronald Doering a été le premier président de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA).

En septembre, plusieurs médias ont rapporté un sondage par 3M qui a révélé que 32% des Canadiens sont « sceptiques vis-à-vis de la science ». Les résultats ont été universellement traités comme « inquiétants », « alarmants » et « déprimants » en raison d'un tel manque de la confiance dans les scientifiques que cela pourrait fausser les discussions politiques sur des considérations non scientifiques (mauvais) et peut-être aussi, saper le financement des scientifiques (très mauvais).

Comme le savent les lecteurs de cette chronique au fil des ans, j'ai une opinion différente. 

Bien que cela dépende bien sûr de ce que vous entendez par « science », mon avis est généralement que tout le monde devrait être plus sceptique vis-à-vis de la science. Je ne dis pas que la science n'est pas importante. Les scientifiques de l'ACIA et leurs 10 laboratoires sont essentiels au travail de l'agence. Nous ne pouvons jamais avoir trop de bonne science.

Ce que je dis, c'est qu'il existe de nombreuses raisons pour lesquelles les citoyens ordinaires, et en particulier les consommateurs, devraient toujours être sceptiques à l'égard de la science:

1. La plupart des sciences sont beaucoup plus incertaines que ce qui est généralement reconnu. Dans les sciences des aliments et de la nutrition, par exemple, vous nommez le problème et je peux vous donner une science contradictoire. Au fil des ans dans cette chronique, j'ai démontré des données scientifiques très contradictoires sur, par exemple, les aliments génétiquement modifiés, l'irradiation des aliments, la sécurité du BPA (bisphénol A) dans les emballages alimentaires, la sécurité du saumon d'élevage, la sécurité de la fluoration de l'eau et des additifs alimentaires. Nous avons vu que les deux scientifiques de haut niveau au Canada sur le niveau de sel sécuritaire dans nos régimes alimentaires sont si en désaccord qu’ils recourent régulièrement à des injures vicieuses.

Le Canada et les États-Unis considèrent la science sur l'acide folique si claire qu'ils exigent l'enrichissement obligatoire de certains aliments, tandis que chaque pays de l'UE interprète la science comme si dangereuse qu'ils refusent de les enrichir; les deux groupes insistent sur le fait que leur politique est « fondée sur la science ». Il est illégal de vendre du lait cru au Canada et en Australie, mais légal en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord; les deux parties insistent sur le fait que leurs politiques sont « fondées sur la science ». La science de la nutrition hésite énormément. Avec une telle incertitude omniprésente, n'est-ce pas simplement du bon sens que d'être sceptique?

2. Les consommateurs obtiennent leurs informations scientifiques sur les aliments et la nutrition dans les journaux, les magazines, la télévision et les réseaux sociaux, dont aucun n'a de journalistes scientifiques formés et qui font tous du commerce dans des « investigations » alarmistes, dénigrement de sociétés alimentaires, conseils de célébrités et des clips de 45 secondes. La plupart des consommateurs ne comprennent pas la plupart des étiquettes des aliments. Les allégations santé concernent davantage le marketing que la santé. L'analphabétisme scientifique et l'illetrisme en mathématiques abondent. Comme l’a fait remarquer Mark Twain, si vous ne lisez pas les magazines et les journaux, vous n’êtes pas informé, et si vous le faites, vous êtes mal informé. (Bien sûr, cet article est une exception). Face à une telle désinformation répandue, n’est-ce pas simplement du bon sens d’être sceptique?

3. L'un des mythes les plus répandus est que la science et la politique peuvent être séparées. Lorsque j’étais président du plus grand organisme de réglementation scientifique du Canada, je traitais régulièrement avec des scientifiques qui ne semblaient pas savoir à quel point leurs conseils scientifiques étaient imprégnés de considérations politiques non énoncées. Les implications politiques entrent dans l'évaluation des risques à pratiquement toutes les étapes du processus. De plus, dans notre système, les scientifiques ne font pas de politique. Une fois que le scientifique a effectué l'évaluation des risques fondée sur la science, les politiciens élus et leurs conseillers principaux assument la responsabilité de la gestion des risques fondée sur des politiques en soupesant la science avec les considérations économiques, politiques, juridiques, environnementales et éthiques. Ce n'est pas de la politisation de la science; il s'agit de l'élaboration de politiques fondées sur des preuves. Ces deux fonctions distinctes sont souvent confondues et le résultat présenté comme déterminé uniquement par la science. N’est-ce pas du bon sens d’être sceptique à l’égard de cette « science »?

4. Un ami scientifique a récemment souligné une autre raison d'être sceptique. Le système universitaire insiste toujours sur le fait que les professeurs publient ou périssent, ce qui explique pourquoi tant de science publiée est à la fois non lue et illisible, n'apportant rien de valeur au public qui en paie le prix. Il est certainement logique, dit-il, d'être sceptique à l'égard de cette science. Étant donné la reconnaissance croissante de l'importance de l'alimentation pour la santé et la menace croissante des maladies d'origine alimentaire, nous avons besoin de plus de données scientifiques de meilleure qualité pour aider à l'élaboration des politiques publiques. Cela dit, le public devrait toujours être sceptique quant à la science qui se présente à lui.

lundi 26 août 2019

Glyphosate : gaspillage de fonds publics pour justifier une décision politique !


Après l’article Choses lues sur le glyphosate, je relaie bien volontiers cet article du collectif Science-Technologies-Action (STA) intitulé, Glyphosate : gaspillage de fonds publics pour justifier une décision politique !

« A  la demande du gouvernement, l’ANSES lance un appel à candidature pour améliorer les connaissances relatives à la cancérogénicité du glyphosate »

Tel est le titre du communiqué du 19 juillet 2019 des quatre ministres de l’Agriculture, la Santé, Recherche et l’Ecologie qui avaient saisi l’ANSES le 28 mars 2018, « compte-tenu des avis divergents rendus par les agences qui font référence en matière d’évaluation ».

Les résultats de cette étude d’un coût de 1,2 M€ seront disponibles sous 18 mois et viendront compléter le dossier de réexamen de l’autorisation du glyphosate par l’Union européenne en 2022.

Le Collectif STA s’interroge sur une telle initiative qui soulève plusieurs questions :

Pourquoi une nouvelle étude sur le glyphosate alors que cet herbicide a fait l’objet depuis près de 50 ans de multiples études et que toutes les agences sanitaires française, européennes et internationales ont conclu à l’absence de risque sanitaire ?

R.Genet, directeur général de l’ANSES ne déclarait-il pas le 18 mai 2019 sur Europe 1: « Aujourd’hui en France, il n’y a pas de risque sanitaire avec les produits à base de glyphosate dont l’utilisation est strictement encadrée « ?

Affirmation confirmée le 8 août 2019 par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) estimant à propos de l’étiquetage, que qualifier le glyphosate de cancérigène est faux et trompeur.

Si controverse il y a, elle émane du classement du glyphosate « cancérogène probable » par le seul  CIRC -au même titre que la viande rouge- , un classement  contesté par toutes les agences sanitaires et par l’OMS, maison-mère du CIRC et qui a fait l’objet d’un dossier accablant réalisé par le Collectif Science-Technologies-Actions. Un dossier largement diffusé, justifiant une enquête officielle, mais jamais repris par les médias !

Pourquoi une nouvelle étude, alors que la mission OPECST sur l'expertise sanitaire a déjà étudié les raisons de la divergence entre le CIRC et les autres agences sanitaires, pour conclure que cette divergence tenait au fait que le CIRC est la seule agence qui a pris en compte des expérimentations non conformes au lignes directrices de l'OCDE ?

Pourquoi une étude franco-française alors que c’est l’Union européenne qui est le cadre normal de ce type d’évaluation. Serait-ce une opération politique pour tenter de justifier une décision aberrante d’interdiction du glyphosate ? Le choix des équipes de recherche retenues pour réaliser cette étude sera significatif, car les candidatures d’experts scientifiques militants ne manqueront pas.

Pourquoi lancer une telle étude alors que le communiqué des quatre ministres demande à l’ANSES, avec l’appui de l’INRA, au retrait du glyphosate « dès lors que des alternatives existent ». Oui, des alternatives existent mais moins performantes, plus chères et souvent moins satisfaisantes pour l’environnement.

Pourquoi lancer une étude alors que le communiqué précise que le sort du glyphosate est déjà scellé par le choix présidentiel : « Cette démarche permet, sur le fondement des travaux de la communauté scientifique, de mettre en œuvre l’engagement présidentiel de sortie du glyphosate et d’accélérer la transition vers une agriculture moins dépendante aux produits phytosanitaires et plus respectueuse de l’environnement et de la santé.

Qui imagine que la décision politique sera revue, si l’étude, si elle est conduite avec rigueur, conclut comme les précédentes à l’absence de risque sanitaire ?

Curieuse démarche de prendre une décision politique puis de demander à la science de la justifier …

Pourquoi un tel gaspillage d’argent se rajoutant au fort impact économique de la sortie du glyphosate pour l’agriculture, les collectivités ou les entreprises comme la SNCF qui aurait mérité d’être évalué par les économistes de l’INRA ? En juillet 2017 la Fondation Concorde avait estimé à près d’un milliard  le coût pour l’agriculture pour les seuls coûts directs et 500 millions pour la SNCF!

Ce nouvel épisode navrant sur le glyphosate illustre le peu d’intérêt gouvernemental pour l’agriculture, l’expertise scientifique et la gestion rationnelle du pays.

L’indifférence générale qui l’accompagne est une incitation à persévérer dans une politique collant à u opinion désinformée et manipulée pour en tirer des bénéfices électoraux !

Le Collectif STA composé de chercheurs, ingénieurs, médecins, enseignants et autres citoyens consternés par la marginalisation de la Science et les attaques incessantes contre les technologies innovantes, a pour but de faire entendre la voix de la raison, de l'approche scientifique et du progrès, notamment auprès des décideurs et des médias.

Complément du 1er octobre 2019. On lira Glyphosate : « Ne cédons pas à la chimiophobie ». Entretien avec Robin Mesnage dans Agriculture & Environnement du 1er octobre 2019.

Membre du CRIIGEN et auteur d’une thèse réalisée dans l’équipe du Pr. Séralini étudiant les effets des pesticides et des OGM sur la santé, Robin Mesnage est aujourd’hui toxicologue au département de génétique moléculaire et médicale du King’s College de Londres. Il revient en exclusivité pour A&E sur le cas du glyphosate.

lundi 19 août 2019

Les agriculteurs méritent plus que des paroles et des traités!


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Si tout le monde semble d’accord sur le constat et parler de souffrance chez nos agriculteurs, pourquoi cela ne bouge pas plus ?

D’un côté le ministre de l’agriculture, dans un moment de lucidité ou un coup de chaud suite à une corrida,, a indiqué sur France info le 19 août 2019,
« … Il y a une souffrance dans le monde agricole. Je n'en peux plus de tous ces gens qui stigmatisent et qui montrent les agriculteurs du doigt », a déclaré Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture. « Les agriculteurs ne sont pas des empoisonneurs, ce ne sont pas des pollueurs, ce sont des gens qui souffrent et qui ne gagnent pas leur vie, c'est ça le vrai problème », a-t-il conclu. 

En écho aux déclarations du ministre, voici le témoignage d’Anne-Cécile Suzanne, agricultrice en polyculture élevage dans l’Orne, paru dans Le Figaro.fr du 18 août 2019 (extraits), « Accusé agriculteur, présentez-vous à la barre! »

Suite au vote du CETA, elle indique que la « colère est montée, comme si ce vote avait été la goutte de trop, la dernière consécration du paradoxe français, qui enferme notre agriculture entre quatre murs. »
Le premier de ces murs est vert. Quand on est agriculteur, il n’est plus possible d’aller chez son boulanger sans se voir reprocher de traiter son blé. La pression sociale et médiatique n’a jamais été aussi forte pour nous demander de produire de façon durable, en respectant les animaux, les paysages, les cours d’eau et la santé des consommateurs. La solution est exposée comme étant simple et il n’est pas un citoyen, pas un expert télévisé, qui ne sache quoi faire s’il était agriculteur: passez tous au bio, à l’agroécologie et à la production de lentilles, on vous remerciera. Par contre, nous attendons toujours que la consommation suive… 
Le deuxième mur est blanc. Blanc comme les pages de traités qui font de l’agriculture la variable d’ajustement des négociations commerciales. Sur les marchés internationaux, les productions agricoles se négocient suivant deux critères: la quantité et le prix. Pour survivre, un seul mot d’ordre, dont l’écho résonne à chaque nouveau traité de libre-échange: la productivité. Afin de la maximiser, nous devons absolument intensifier notre production, par l’utilisation de produits phytosanitaires et la maximisation de la surface cultivée. Bougez-vous, nous dit le président de la République, afin de renforcer votre compétitivité. Très bien, à bas les arbres et les haies, faisons de la place. 
Le mur vert et le mur blanc se font face, si nous en choisissons un, la réalité de l’autre nous rattrape et le résultat est une impasse. Soit on est durable, mais pas rentable, soit on est performant, mais détesté. Alors on essaie de faire un pas de côté, mais à gauche et à droite, on est enfermé. 
Car il y a un troisième mur, et il est rouge. À bas la viande rouge et le sang, à bas les abattoirs et les élevages. Aujourd’hui, être éleveur bovin, c’est être résistant. Le sujet est devenu identitaire, et se résume à une fracture trop claire pour être vraiment nette: si j’aime les animaux et le climat, je mange des lentilles, si j’aime mon terroir et mes traditions, je vais chaque jour chez mon boucher. Que les prairies captent le CO2 et permettent la préservation des habitats sauvages? Que les estives ne soient entretenues que grâce au passage des animaux d’élevage? Que les vaches de France vivent en plein air? Des réalités annexes, dont il ne vaut pas la peine de faire état quand on parle alimentation, agriculture et légumes verts. 
En filigrane, une consommation coupable, un vide de sens où le consommateur se voit reprocher de ne pas rationaliser chacun de ses tickets de caisse au supermarché. De plus en plus, on s’excuse d’exister et on fantasme l’élevage, comme un métier fait de cages, alors même que les animaux, eux, vivent le plus souvent dans les prés. Le résultat in fine est terrible: nos élevages disparaissent, et l’on préfère importer de la viande d’animaux élevés en cage et dopés aux hormones à l’étranger. 
Le dernier mur est noir. Noir comme les pensées des céréaliers, des maraîchers, des fruiticulteurs et des éleveurs, qui se voient imposer des normes affectant leurs rendements et des prix d’achat en dessous de leurs coûts de production. Des normes qui leur coûtent cher, et dont ils ne sont pas remboursés. Le résultat est la disparition des petites exploitations, avec des revenus constamment en baisse et un désespoir installé durablement dans ces professions.
Il faut souhaiter que le ministre puisse lire ces propos et enfin se décider, au-delà des paroles, à agir très concrètement, mais le peut-il ?

L’écologie politique à contresens en France


Je relaie bien volontiers la tribune libre de « L’écologie politique à contresens ».

« L’inculture scientifique fréquente chez les responsables politiques et des leaders d’opinion ouvre la voie à la démagogie, au relativisme ambiant accordant la même valeur à tous les avis ».

Une croyance forte, une conviction bien ancrée, si légitimes qu’elles puissent paraître, peuvent paralyser la pensée et aboutir à l’inverse du but recherché, si elles s’écartent de la réalité et de la vérité scientifique assise sur la démarche expérimentale. L’écologie politique très prégnante dans la société française n’échappe pas à cette dérive et conduit souvent à des choix politiques néfastes s’éloignant des véritables enjeux. C’est le cas pour des sujets fortement médiatisés touchant au climat, à l’énergie, à l’agriculture ou à la biodiversité.

Pour lutter contre le réchauffement climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’écologie politique défend le développement des énergies renouvelables (éolien, solaire photovoltaïque) et la réduction, voire l’abandon de l’énergie nucléaire. Elle feint d’ignorer que le cycle complet du nucléaire français est très faiblement émetteur de CO2, qu’il produit de l’électricité à la demande, contrairement aux énergies renouvelables, dont l’intermittence liée aux caprices de la météo, impose le concours de centrales pilotables à gaz ou au charbon qui détériorent leur bilan CO2 et renchérissent, comme en Allemagne, le coût de l’électricité.

Ces investissements considérables et contestables dans l’éolien et le solaire photovoltaïque pour répondre à l’urgence climatique se font au détriment des deux secteurs les plus émetteurs de CO2 et les plus créateurs d’emploi : les transports et l’habitat.

Nuisances. Enfin, surprenant est le choix des défenseurs de l’environnement et de la biodiversité en faveur des éoliennes géantes qui défigurent nos paysages, aujourd’hui dans nos campagnes, demain sur notre littoral malgré leur coût faramineux, qui créent diverses nuisances aux riverains et occasionnent perturbation et mortalité des oiseaux et chauves-souris.

Concernant l’agriculture, l’écologie politique milite pour une agriculture sans intrants chimiques, ni innovation biotechnologique en amélioration des plantes (OGM) et prône l’agriculture biologique, ignorant les conséquences économiques et écologiques de ces choix.

Même si elle utilise aussi des pesticides qualifiés de naturels, l’agriculture biologique (AB) est le modèle agricole alternatif fortement promu par les décideurs politiques et la mouvance écologiste. S’il répond à une demande des consommateurs aisés, bénéficie du marketing offensif et intéressé de la grande distribution alimentaire et peut améliorer le revenu des agriculteurs, l’AB a ses limites à la fois sur les plans économiques, environnemental et sanitaire.

Avec des rendements aléatoires et plus faibles que l’agriculture conventionnelle, la généralisation de l’AB nécessiterait, pour satisfaire la demande alimentaire, la mise en culture de nouvelles terres au détriment de la biodiversité et l’importation accrue de produits bio, peu souhaitable d’un point de vue économique et environnemental. Plus exigeante en travail mécanique, elle génère davantage de CO2 et demandant plus de travail manuel, elle est plus vulnérable à la concurrence des pays à bas coût de main-d’œuvre. Enfin, les prix plus élevés des produits bio et la plus grande exposition de l’AB aux contaminants biologiques sont de réels freins au développement de ce mode de production agricole.

De nombreux écologistes et quelques responsables politiques vont jusqu’à réclamer l’abandon total et immédiat de tous les pesticides, ignorant les caractéristiques spécifiques de chacun d’eux, rejetant les évaluations rigoureuses et au cas par cas des agences sanitaires avant leur mise en marché et surtout sans proposer des solutions alternatives efficaces pour lutter contre insectes ravageurs, maladies et mauvaises herbes affectant les cultures.

Cette phobie des pesticides irréfléchie et l’ignorance de la réalité agricole conduisent à des aberrations comme l’interdiction programmée et sans fondement scientifique du désherbant glyphosate utilisé dans le monde depuis quarante-cinq ans. Une décision strictement politique répondant aux demandes des écologistes qui va mettre un terme à ce qui se fait aujourd’hui de mieux en matière d’agroécologie : l’agriculture de conservation reposant sur le semis direct (aucun travail du sol) combiné avec un couvert végétal du sol en interculture. Une technique agronomique offrant à la fois réduction des coûts, amélioration de la fertilité des sols et des bénéfices environnementaux majeurs comme la séquestration du CO2 atmosphérique dans le sol et la diminution des émissions de CO2 lié à la réduction du nombre de passages de tracteurs.

Technique qui participe aussi à l’amélioration de la biodiversité en activant la vie biologique des sols et en offrant refuge et nourriture à la faune sauvage en toute saison. Autant d’avantages ignorés ou rejetés par les écologistes politiques ne retenant qu’une seule chose : la nécessaire application annuelle d’une faible dose de glyphosate avant semis !

Biodiversité. L’écologie politique est fâchée avec la chimie mais elle l’est tout autant avec la génétique et les biotechnologies végétales à l’instar des OGM, autre psychose française. L’Union européenne autorise l’importation et la consommation de nombreux OGM mais un seul est autorisé à la culture, un maïs résistant à deux insectes ravageurs (pyrale et sésamie), connu par son acronyme Mon810 ou maïs Bt. Sous la forte pression écologiste et prétextant du principe de précaution, la France, frileuse, l’a interdit, toujours sans justification scientifique et contre l’avis des instances officielles d’évaluation.

Ce maïs permettait de supprimer deux traitements insecticides aériens, contribuait à préserver la biodiversité en respectant les insectes auxiliaires utiles (abeilles, coccinelles, syrphes…) et les oiseaux. En plus il offrait un bénéfice sanitaire en réduisant les teneurs en mycotoxines du maïs dont plusieurs sont des cancérigènes avérés. Diabolisés en France, les OGM sont utilisés chaque année par 17 millions d’agriculteurs dans le monde sur des surfaces représentant sept fois la surface agricole française !

Une fois encore les croyances l’ont emporté sur les savoirs conduisant le pays dans la voie du dogmatisme et de choix politiques erronés souvent contraires aux objectifs écologiques affichés. La passion écologique se montre réfractaire au doute, à l’analyse critique et manifeste une propension surprenante à se focaliser sur les risques et ignorer les bénéfices. Elle a pris une inquiétante coloration anti-science alors que c’est justement la science et les technologies qui permettront de répondre aux grands défis de la société.

L’inculture scientifique fréquente chez les responsables politiques et des leaders d’opinion ouvre la voie à la démagogie, au relativisme ambiant accordant la même valeur à tous les avis. Elle laisse s’installer, comme les récents débats pour les élections européennes l’ont montré, une orthodoxie « écolomaniaque», sans véritable débat argumenté et rationnel s’appuyant sur les faits et la science.

Gérard Kafadaroff est ingénieur agronome ; Jean-Pierre Riou est chroniqueur indépendant sur l’énergie. Ils sont membres du Collectif Science-Technologies-Actions.

NB : L'image proposée est de mon fait. -aa