Après
l’article Choses
lues sur le glyphosate, je relaie bien volontiers cet article du
collectif Science-Technologies-Action (STA) intitulé, Glyphosate :
gaspillage de fonds publics pour justifier une décision politique !
« A
la demande du gouvernement, l’ANSES lance un appel à candidature
pour améliorer les connaissances relatives à la cancérogénicité
du glyphosate »
Tel
est le titre
du communiqué du 19 juillet 2019 des quatre ministres de
l’Agriculture, la Santé, Recherche et l’Ecologie qui avaient
saisi l’ANSES le 28 mars 2018, « compte-tenu des avis
divergents rendus par les agences qui font référence en matière
d’évaluation ».
Les
résultats de cette étude d’un coût de 1,2 M€ seront
disponibles sous 18 mois et viendront compléter le dossier de
réexamen de l’autorisation du glyphosate par l’Union européenne
en 2022.
Le
Collectif STA s’interroge sur une telle initiative qui soulève
plusieurs questions :
Pourquoi
une nouvelle étude sur le glyphosate alors que cet herbicide a fait
l’objet depuis près de 50 ans de multiples études et que toutes
les agences sanitaires française, européennes et internationales
ont conclu à l’absence de risque sanitaire ?
R.Genet,
directeur général de l’ANSES ne déclarait-il pas le 18 mai
2019 sur Europe 1: « Aujourd’hui en France, il n’y
a pas de risque sanitaire avec les produits à base de glyphosate
dont l’utilisation est strictement encadrée « ?
Affirmation
confirmée le 8 août 2019 par l’Agence américaine de protection
de l’environnement (EPA) estimant à propos de l’étiquetage, que
qualifier le glyphosate de cancérigène est faux et trompeur.
Si
controverse il y a, elle émane du classement du glyphosate
« cancérogène probable » par le seul CIRC -au
même titre que la viande rouge- , un classement contesté par
toutes les agences sanitaires et par l’OMS, maison-mère du CIRC et
qui a fait l’objet d’un dossier accablant réalisé par le
Collectif
Science-Technologies-Actions. Un dossier largement diffusé,
justifiant une enquête officielle, mais jamais repris par les
médias !
Pourquoi
une nouvelle étude, alors que la mission OPECST sur l'expertise
sanitaire a déjà étudié les raisons de la divergence entre le
CIRC et les autres agences sanitaires, pour conclure que cette
divergence tenait au fait que le CIRC est la seule agence qui a pris
en compte des expérimentations non conformes au lignes directrices
de l'OCDE ?
Pourquoi
une étude franco-française alors que c’est l’Union européenne
qui est le cadre normal de ce type d’évaluation. Serait-ce une
opération politique pour tenter de justifier une décision aberrante
d’interdiction du glyphosate ? Le choix des équipes de
recherche retenues pour réaliser cette étude sera significatif, car
les candidatures d’experts scientifiques militants ne manqueront
pas.
Pourquoi
lancer une telle étude alors que le communiqué des quatre ministres
demande à l’ANSES, avec l’appui de l’INRA, au retrait du
glyphosate « dès lors que des alternatives existent ».
Oui, des alternatives existent mais moins performantes, plus chères
et souvent moins satisfaisantes pour l’environnement.
Pourquoi
lancer une étude alors que le communiqué précise que le sort
du glyphosate est déjà scellé par le choix présidentiel : « Cette
démarche permet, sur le fondement des travaux de la communauté
scientifique, de mettre en œuvre l’engagement présidentiel de
sortie du glyphosate et d’accélérer la transition vers une
agriculture moins dépendante aux produits phytosanitaires et plus
respectueuse de l’environnement et de la santé.
Qui
imagine que la décision politique sera revue, si l’étude, si elle
est conduite avec rigueur, conclut comme les précédentes à
l’absence de risque sanitaire ?
Curieuse
démarche de prendre une décision politique puis de demander à la
science de la justifier …
Pourquoi
un tel gaspillage d’argent se rajoutant au fort impact économique
de la sortie du glyphosate pour l’agriculture, les collectivités
ou les entreprises comme la SNCF qui aurait mérité d’être évalué
par les économistes de l’INRA ? En juillet 2017 la Fondation
Concorde avait estimé à près d’un milliard le coût
pour l’agriculture pour les seuls coûts directs et 500 millions
pour la SNCF!
Ce
nouvel épisode navrant sur le glyphosate illustre le peu d’intérêt
gouvernemental pour l’agriculture, l’expertise scientifique et la
gestion rationnelle du pays.
L’indifférence
générale qui l’accompagne est une incitation à persévérer dans
une politique collant à u opinion désinformée et manipulée pour
en tirer des bénéfices électoraux !
Le
Collectif STA composé de chercheurs, ingénieurs, médecins,
enseignants et autres citoyens consternés par la marginalisation de
la Science et les attaques incessantes contre les technologies
innovantes, a pour but de faire entendre la voix de la raison, de
l'approche scientifique et du progrès, notamment auprès des
décideurs et des médias.
Complément du 1er octobre 2019. On lira Glyphosate : « Ne cédons pas à la chimiophobie ». Entretien avec Robin Mesnage dans Agriculture & Environnement du 1er octobre 2019.
Complément du 1er octobre 2019. On lira Glyphosate : « Ne cédons pas à la chimiophobie ». Entretien avec Robin Mesnage dans Agriculture & Environnement du 1er octobre 2019.
Membre du CRIIGEN et auteur d’une thèse réalisée dans l’équipe du Pr. Séralini étudiant les effets des pesticides et des OGM sur la santé, Robin Mesnage est aujourd’hui toxicologue au département de génétique moléculaire et médicale du King’s College de Londres. Il revient en exclusivité pour A&E sur le cas du glyphosate.
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