Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de
produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à
nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux
entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un
manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire
une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.
« A
propos
du
scepticisme
scientifique »,
source
article de Ron Doering paru dans Food in Canada et diffusé par Doug
Powell du
barfblog.
Ronald
Doering a été le premier président de l'Agence canadienne
d'inspection des aliments (ACIA).
En
septembre, plusieurs médias ont rapporté un sondage
par
3M
qui a révélé que 32% des Canadiens sont « sceptiques
vis-à-vis de la science ».
Les résultats ont été universellement traités comme
« inquiétants »,
« alarmants » et « déprimants » en raison
d'un tel manque de la confiance dans les scientifiques que
cela pourrait
fausser
les discussions politiques sur des considérations non scientifiques
(mauvais) et peut-être aussi, saper le financement des scientifiques
(très mauvais).
Comme
le savent les lecteurs de cette chronique au fil des ans, j'ai une
opinion différente.
Bien que cela dépende bien sûr de ce que vous
entendez par « science », mon avis est généralement que
tout le monde devrait être plus sceptique vis-à-vis de la science.
Je ne dis pas que la science n'est pas importante. Les scientifiques
de l'ACIA et leurs 10 laboratoires sont essentiels au travail de
l'agence. Nous ne pouvons jamais avoir trop de bonne science.
Ce
que je dis, c'est qu'il existe de nombreuses raisons pour lesquelles
les citoyens ordinaires, et en particulier les consommateurs,
devraient toujours être sceptiques à l'égard de la science:
1.
La plupart des sciences sont beaucoup plus incertaines que ce qui est
généralement reconnu. Dans les sciences des aliments et de la
nutrition, par exemple, vous nommez le problème et je peux vous
donner une science contradictoire. Au fil des ans dans cette
chronique, j'ai démontré des données scientifiques très
contradictoires sur, par exemple, les aliments génétiquement
modifiés, l'irradiation des aliments, la sécurité du BPA
(bisphénol
A) dans
les emballages alimentaires, la sécurité du saumon d'élevage, la
sécurité de la fluoration de l'eau et des additifs alimentaires.
Nous avons vu que les deux scientifiques de
haut niveau au
Canada sur le niveau de sel sécuritaire
dans nos régimes alimentaires sont si en désaccord qu’ils
recourent régulièrement à des injures vicieuses.
Le
Canada et les États-Unis considèrent la science sur l'acide folique
si claire qu'ils exigent l'enrichissement obligatoire de certains
aliments, tandis que chaque pays de l'UE interprète la science comme
si dangereuse qu'ils refusent de
les enrichir;
les deux groupes insistent sur le fait que leur politique est
« fondée
sur la science ».
Il est illégal de vendre du lait cru au Canada et en Australie, mais
légal en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord; les
deux parties insistent sur le fait que leurs politiques sont
« fondées
sur la science ».
La science de la nutrition hésite énormément. Avec une telle
incertitude omniprésente, n'est-ce pas simplement du bon sens que
d'être
sceptique?
2.
Les consommateurs obtiennent leurs informations scientifiques sur les
aliments
et la nutrition dans les journaux, les magazines, la télévision et
les réseaux
sociaux, dont aucun n'a de journalistes scientifiques formés et qui font tous du commerce
dans des « investigations »
alarmistes, dénigrement de sociétés alimentaires, conseils de
célébrités et des
clips de 45
secondes. La plupart des consommateurs ne comprennent pas la plupart
des étiquettes des aliments. Les allégations santé concernent
davantage le marketing que la santé. L'analphabétisme scientifique
et l'illetrisme
en mathématiques abondent. Comme l’a fait remarquer Mark Twain, si vous ne lisez pas
les magazines et les journaux, vous n’êtes pas informé, et si
vous le faites, vous êtes mal informé. (Bien sûr, cet article
est
une exception). Face à une telle désinformation répandue, n’est-ce
pas simplement du bon sens d’être sceptique?
3.
L'un des mythes les plus répandus est que la science et la politique
peuvent être séparées. Lorsque j’étais président du plus grand
organisme de réglementation scientifique du Canada, je traitais
régulièrement avec des scientifiques qui ne semblaient pas savoir à
quel point leurs conseils scientifiques étaient imprégnés de
considérations politiques non énoncées. Les implications
politiques entrent dans l'évaluation des risques à pratiquement
toutes les étapes du processus. De plus, dans notre système, les
scientifiques ne font pas de politique. Une fois que le scientifique
a effectué l'évaluation des risques fondée sur la science, les
politiciens élus et leurs conseillers principaux assument la
responsabilité de la gestion des risques fondée sur des politiques
en soupesant la science avec les considérations économiques,
politiques, juridiques, environnementales et éthiques. Ce n'est pas
de la politisation de la science; il s'agit de l'élaboration de
politiques fondées sur des preuves. Ces deux fonctions distinctes
sont souvent confondues et le résultat présenté comme déterminé
uniquement par la science. N’est-ce pas du bon sens d’être
sceptique à l’égard de cette « science »?
4.
Un ami scientifique a récemment souligné une autre raison d'être
sceptique. Le système universitaire insiste toujours sur le fait que
les professeurs publient ou périssent, ce qui explique pourquoi tant
de science publiée est à la fois non
lue
et illisible, n'apportant rien de valeur au public qui en paie le
prix. Il est certainement logique, dit-il, d'être sceptique à
l'égard de cette science. Étant donné la reconnaissance croissante
de l'importance de l'alimentation pour la santé et la menace
croissante des maladies d'origine alimentaire, nous avons besoin de
plus de données scientifiques de meilleure qualité pour aider à
l'élaboration des politiques publiques.
Cela dit, le public devrait toujours être sceptique quant à la
science qui se présente à lui.
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