jeudi 20 juin 2019

Un militant caché pourrait avoir incité à des abus dans une exploitation laitière, selon un reportage paru dans les médias américains


« Un militant caché pourrait avoir incité à des abus à Fair Oaks Farms, selon un reportage paru dans les médias américains », source article de Rita Jane Gabbett du 20 juin 2019 dans Meatingplace.

Un témoin a établi que des employés de Fair Oaks Farms qui étaient sous couverture d’un groupe de défense des animaux, Animal Recovery Mission (ARM), ont contraint leurs collègues à exécuter des actes qu'ils ont ensuite enregistrés, selon plusieurs médias.

Le Rensselaer Republican a cité le procureur du comté de Newton, Jeff Drinski, qui aurait déclaré: « Un témoin tiers est venu corroborer les allégations d'un suspect selon lesquelles un des employés de l’ARM auraient encouragé ou contraint le comportement décrit dans une partie de la vidéo qui a été mis en ligne. Les détectives continuent d’investiguer sur ces accusations au moyen d’interviews supplémentaires et d’une découverte écrite. »

La vidéo de l’ARM a déclenché une investigation et a jusqu'à présent abouti à l'arrestation d'un suspect la semaine dernière et à des mandats en suspens pour deux autres personnes soupçonnées de cruauté envers des animaux à Fair Oaks Farms, un producteur de produits laitiers et une destination prisée pour l’agrotourisme dans le nord de l’Indiana.

Le fondateur de Fair Oaks Farms, Mike McCloskey, a déclaré dans un communiqué en réponse à ce qui s’est passé plutôt ce mois-ci qu’il était dégoûté par les actions vues et qu’il en assumait toute la responsabilité. Dans la vidéo initiale, quatre travailleurs sur cinq travaillaient sur l’exploitation agricole à la ferme et le cinquième pour une entreprise de transport.

La société a licencié les employés identifiés dans la vidéo. Dans son engagement à rendre des comptes sur son site Internet, Fair Oaks Farms a annoncé dans un communiqué et une vidéo qu’il avait demandé à un auditeur indépendant d’effectuer des audits fréquents et inopinés à l’exploitation agricole. Il a aussi installé une caméra de surveillance et embauché un spécialiste du bien-être animal à temps plein pour gérer les pratiques de l'entreprise.

WTHR, affilié à la NBC, a cité ce communiqué publié mardi par l’Animal Recovery Mission: « Que les procureurs publient une information aussi infondée et fictive faisant partie d’une affaire pénale ouverte et en cours n’est pas seulement peu professionnelle, mais irresponsable car cela pourrait avoir un impact négatif sur cette affaire pénale très importante. »

A propos de la communication du directeur général de l'alimentation

Quant on s’intéresse un peu à la sécurité sanitaire des aliments en France, on constate que le nouveau directeur général de l’alimentation nous gâte avec deux interviews, certes une communication de nature institutionnelle, sans contradiction aucune, mais enfin, il communique …

De quoi s’agit-il ?



Sur l’interview publiée le 7 juin 2019, on avait eu droit à deux scoops, le premier est un classique,
« … il faut toujours rappeler que la sécurité sanitaire des aliments est d'abord la responsabilité première professionnels, mais ensuite nous sommes présents sur l'ensemble du territoire avec des agents qui sont chargés soit de l'inspection des plans de maîtrise sanitaire des entreprises, de l'inspection dans les entreprises, dans les restaurants, dans les entreprises de remise directe, dans les entreprises de transformation, de distribution. » 
Nous sommes présents mais en fait d’une façon puzzle sur l’ensemble du territoire, et le directeur général cite ensuite certes le nombre d’agents sur le terrain, environ 4500 agents, mais se garde bien de citer le nombre d’inspections en sécurité des aliments, voir ici.

Au passage, je signale à nouveau que sur l’Infographie sur la sécurité sanitaire des aliments, le ministère de l’agriculture dont dépend la DGAL, indique 75 000 inspections d’établissements pour vérifier la sécurité sanitaire des aliments ; ce chiffre est fantaisiste, puisque selon le rapport d’activité 2018 de la DGAL, on en a 57 000 !

Désormais, depuis le 28 juin 2019, le chiffre de 57 500 inspections en sécurité des aliments s'affiche sur l'infographie sur la sécurité sanitaire des aliments, le blog est donc ravi d'être lu, au moins, par la DGAL!

Le second scoop est tout aussi intéressant,
« … notamment par le fait que la réglementation européenne a fixé une obligation de résultat pour les opérateurs. Le produit qui doit être mis sur le marché doit être sûr, et s'il n'est pas sûr, ce sont qui en sont responsables, et donc il y a une obligation pour le professionnel à rechercher tous les moyens qui permettent d'assurer la sécurité sanitaire des aliments qu'il met sur le marché. » 
Je crois qu’on a bien compris le rôle des professionnels …

 Et pour le reste l’interview ne nous apprend pas grand-chose, mis à part cette affirmation sans preuve, « Oui, notre alimentation en Europe est l'une des plus sûres au monde »
Nous pouvons le mesurer d'ailleurs par rapport aux alertes et au nombre de malades liés aux intoxications alimentaires qui en Europe est très faible par rapport à d'autres parties du monde.
Rappelons à l'expert alim'agri que selon l'EFSA de décembre 2018, « Zoonoses, les progrès sont au point mort » :
L’année dernière, les signalisations de cas pour les trois zoonoses principales dans l’UE n’ont présenté que de légères fluctuations par rapport à 2016. Le nombre de cas signalés de salmonellose et de campylobactériose est resté stable au cours des cinq dernières années, bien que la listériose continue à augmenter. 

Bref, passons à la seconde interview, celle du 12 juin 2019,
Elles doivent vraiment intégrer dans leur logique d'entreprise la performance sur ce volet sanitaire afin d'en faire un outil de différenciation, de segmentation pour permettre d'apporter un « plus » au produit tout venant que l'on trouve sur le marché. On le voit notamment dans le cadre de la politique d'exportation. Si vous ne maîtrisez pas le sanitaire, vous pouvez conclure tous les accords que vous voulez, vous n'exporterez rien ! Donc c'est un préalable, mais un préalable dont il faut faire un atout pour se démarquer dans le marché mondial.
Nous sommes d’accord, mais pour avoir des entreprises compétitives, il faut aussi des services publics compétitifs, et l’on peut légitimement se demander si La sécurité des aliments est-elle une variable d’ajustement de la politique économique de la France !

Je crois aussi que le directeur général de l’alimentation n’a pas lu le récent rapport du Sénat qui indique « Une concurrence déloyale posant de vrais doutes sur la qualité sanitaire des produits importés » ainsi que « La perte de compétitivité provient également d'une tendance à la « sur-réglementation », qui se manifeste en France par des surtranspositions que ne réalisent pas d'autres pays européens. »

Puis, on (re)découvre la marotte du directeur général de l’alimentation, « La sécurité sanitaire des produits qui sont mis sur le marché sont de la responsabilité première des entreprises. », mais il y a une nouveauté qui est introduite :
Pour autant, bien évidemment, lorsqu'il y a une crise, la responsabilité de l’État peut être mise en cause s'il n'est pas assez réactif. 
Ah bon, ça peut arriver ?
Environ 1 400 alertes sont gérées chaque année par la DGAL en lien avec les services déconcentrés. Nous avons un système de sécurité sanitaire efficace et qui est particulièrement réputé au niveau international. Mais cela ne veut pas dire que l'on ne peut pas l'améliorer !  
J’en étais resté à 1047 alertes en 2017, mais il est vrai qu’en 2018, elles ont fortement augmenté avec 30% d’augmentation enregistrée au mois de septembre 2018.

Puis vient le cœur du sujet de son interview avec cet aveu de taille, il était temps !
Certaines crises passées et d'autres plus récentes – comme l'affaire Lactalis – ont montré que la France avait une organisation de sa police sanitaire assez complexe. Les compétences sont en effet partagées entre la DGAL et la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes). Ce qui peut entraîner une certaine confusion pour les consommateurs, et même les entreprises.
On pourrait aussi citer la crise fipronil avec un retard à l’allumage, la guerre des polices, etc., donc, on s’en serait douter, tout ne va pas si bien que ça … lire Le côté obscur de la sécurité des aliments en France : baisse constante des contrôles, guerre des polices sanitaires, fiasco des rappels, augmentation des maladies infectieuses d'origine alimentaire.

« Des évolutions de cette organisation sont-elles envisagées ? », demande-t-on au directeur général de l’alimentation.

Pas de bouleversements, pas de changements de cap, mais de simples évolutions …
Oui, une mission interministérielle a été mise en place de manière à avoir une vision globale et de faire un certain nombre de propositions d'évolution. L'objectif : aller vers une police clarifiée de l'alimentation. L'idée est de redonner plus de lisibilité à notre organisation nationale afin que le respect de la chaîne de commandement et l'efficacité de l'action de l’État face à un problème sanitaire soient garantis. D'autant que nous sommes dans un champ qui évolue constamment, avec des demandes qui sont de plus en plus pointues et complexes, que ce soit au niveau de la fabrication des aliments ou bien de la distribution, qui se fait de plus en plus de manière dématérialisée. Il faut sans cesse que notre action, notre positionnement, prennent en compte ces évolutions technologiques et/ou sociétales. 
Ah bon ce n’était pas clair avant ?

On ne voit d’ailleurs pas le mot transparence, terme qui n’est pas cité une seule fois dans les deux interviews, c’est dire … on attendra donc les résultats de la ‘mission interministérielle’ pour juger …

Une bonne interview se doit de parler de l’action du Président de la République, les deux interviews le font,
« force de contrôle européenne pour lutter contre les fraudes alimentaires » pour la première interview 
et pour la seconde, « Ce que le président de la République a souhaité, c'est que l'on puisse proposer au niveau européen la mise en place d'une organisation – qui peut prendre des formes diverses – pour que l'on ait une réactivité forte dans le domaine des fraudes alimentaires. »
La seconde interview se termine sur la ‘traditionnelle mobilisation’ liée à l’opération alimentation vacances,
 … lancement annuel d'une opération majeure pour la DGAL : l'opération alimentation vacances (OAV) qui vise à renforcer les contrôles dans les établissements de restauration éphémères ou ayant un surcroît d'activité à cette période, mais également à informer le grand public sur les règles de conservation des aliments à respecter pendant l'été. Les équipes présentes pendant la période estivale sont mobilisées pour orienter les contrôles en priorité sur cette thématique. 
Je ne sais pas s’il s’agit d’une opération majeure pour la DGAL, la question est plutôt une opération majeure, mais que quoi ?

Le compte rendu qui en est fait et que le blog rapporte régulièrement, ici, ici et ici, montre, à ‘évidence, que rien ne bouge, année après année, sorte de rendez-vous traditionnel où il faut fournir des chiffres, des chiffres, enfin point trop n’en faut, il faut dire que ce ministère si peu transparent, qu’il est avare de données …

En conclusion, constat bien tristounet de l’écoute ou de la lecture de ces deux interviews, ce qu’il faut souhaiter, c’est qu’il n’y en ait pas une troisième …

Relevons que pas un mot n'a été dit sur le scandale de la non-information des consommateurs à propos des rappels de produits alimentaires ... malgré plusieurs rapports, rien ne change, rien n'évolue ... étonnant, non ?

Quand la cuisson « à cœur » du steak haché sera-t-elle une fois pour toute réglée pour les personnes à risque?

Ceux qui voudraient retrouver tous les articles consacrés à la cuisson du steak haché, ils peuvent les retrouver ici, et il y en pour tout le monde …

Tout cela pour dire, qu'il n’est toujours pas facile de s’y retrouver dans la cuisson à cœur du steak haché en France en 2019, jugez plutôt …

Culture Viande propos le 8 juin 2019, « Tout sur le Steak Haché (Dossier spécial du Magazine ZOOM) »
Le steak haché se positionne parmi les aliments les plus contrôlés, les plus consommés et les mieux positionnés dans les évolutions et tendances de consommation.
 Qu’est-ce qui explique cela ? … Sans doute parce que l’apport nutritionnel d’un steak haché est le même que celui d’une côte de bœuf : dans les deux cas, il s’agit de muscle, rien que du muscle ! Si ce produit est ancré dans le quotidien des Français, c’est parce qu’ils lui attribuent praticité, qualités nutritionnelles et bon rapport qualité-prix : le steak haché est reconnu comme un produit sûr pour 78% des Français (Ifop).
En lisant le magazine Zoom, on peut lire ceci à propos de la cuisson,
La cuisson dite « à cœur » Avec la viande, c’est la Saint-Valentin toute l’année !
Pour toute les viandes et toute l’année, il est recommandé une « cuisson à cœur ». 
Comment savoir si votre steak haché est « cuit à cœur » ?
A l’œil, le cœur du steak haché ne doit être ni rouge, ni rosé.
La cuisson à cœur est supérieure à 65°C, température suffisante mais nécessaire pour détruire les bactéries - comme l’E.coli, pouvant toucher les personnes les plus fragiles. 
La cuisson à cœur est recommandée par les autorités publiques. Elle est obligatoire depuis le 1er janvier 2006 et doit être mentionnée sur les emballages des produits alimentaires. Pour être facilement visible par les consommateurs, elle figure dans le même champ visuel que la quantité nette de produit ou les conditions de conservations.
On aura noté qu’il est encore fait mention de la couleur ; attention, la couleur est un indicateur trompeur, voir ici et ici.

Par ailleurs, il ne s’agit de simples E. coli, bactéries hôtes de l’intestin, mais de E. coli entérohémorragiques, voir aussi ici.

Quant aux autorités publiques en question, elles sont, à mon sens, restées figées par une note d'information interministérielle destinée aux professionnels de la restauration collective, DGAL/SDSSA/O2007-8001 du 13-02-2007, toujours en vigueur, qui indique notamment :

Comte tenu de la source précieuse de protéines qu’il représente, et dans le cadre d’une alimentation diversifiée, il n’est pas souhaitable d’éliminer des menus le steak haché.
Mais il faut impérativement pour les consommateurs sensibles cuire « à cœur » les steaks hachés c’est-à-dire à 65°C.

Les personnes les plus fragiles sont le plus souvent les jeunes enfants et les personnes âgées et elles sont concernées par la cuisson à cœur du steak haché. 

Ainsi l’Anses indique,
Il est nécessaire de bien cuire à cœur les viandes hachées ou produits à base de viande hachée consommés par les jeunes enfants ou les personnes âgées. Une température à cœur de 70°C doit être atteinte pendant 2 minutes lors de la cuisson des steaks hachés de bœuf.
Comment atteint-on 70°C à cœur ?

Avec un thermomètre, comme indiqué ci-contre!

A mon humble avis, suivez les conseils de l'Anses, c'est plus sûr!


Mise à jour du 2 juillet 2019. Victoire des experts de l'Anses sur la com de l'Anses, il n'est plus écrit sur le lien mentionné ci-dessus
Il est nécessaire de bien cuire à cœur les viandes hachées ou produits à base de viande hachée consommés par les jeunes enfants ou les personnes âgées. Une température à cœur de 70°C doit être atteinte pendant 2 minutes lors de la cuisson des steaks hachés de bœuf.
Mais,

... un mode de cuisson des steaks hachés plus adapté aux jeunes enfants permettrait une réduction significative du risque (cuisson à cœur à une température de 70°C).