Une
note de service de la DGAL, DGAL/MUS/2019-86
du 01-02-2019,
traite de la « Publication
du bilan et des statistiques des alertes dans le domaine alimentaire
enregistrées par la mission des urgences sanitaires en 2017 ».
Ce bilan annuel 2017 donne une description de l'activité des services déconcentrés et de la Mission des Urgences Sanitaires (MUS) en matière de gestion des alertes dans le domaine des denrées alimentaires d'origine animale.
Il
y a encore peu ce bilan s'appelait le bilan
des non-conformités relatives aux denrées
d'origine animale, aux produits en contenant et aux aliments pour
animaux enregistrées à la DGAL
et la dernière
version disponible devait concerner le bilan des années 2012 et
2013 …et puis plus rien en termes de bilan .., c'est
dire si ce bilan 2017 présente un grand intérêt.
Disons-le
d'emblée, c'est un excellent travail qui a été réalisé et qui
est proposé dans cette note de service de la DGAL. Beaucoup de
données à étudier mais aussi des questions à se poser, la MUS
traite les alertes, sanitaires, c'est bien, mais pourquoi n'est-on
pas informé ?
On
nous dit en préambule, sous forme d'avertissement, que « Ces
données ne permettent pas de tirer des conclusions sur la qualité
sanitaire des produits mis sur le marché en France, ni d’effectuer
des comparaisons avec celles d’autres pays ou avec celles du
RASFF. »
Soit,
mais quand on voit le nombre d'alertes nationales, on est quand même
un peu inquiet, 1045 alertes pour 2017… surtout quand on essaie de
suivre tant bien que mal les informations sur les avis de rappel
Le nombre annuel d'alertes nationales est stable depuis 2014. De même, la part des alertes déclenchées hors de France est stable depuis 2014 (2014: 10%, 2015: 12%, 2016: 13%, 2017: 11%).
Et
surtout, si on lit la conclusion de ce rapport,
Le nombre d’alertes en 2017 est relativement stable par rapport aux années précédentes. A noter que ce chiffre, nous le verrons lors du prochain bilan, est en nette augmentation en 2018 (30% d’augmentation enregistrée au mois de septembre 2018).
On s'en doutait, mais là on se demande pourquoi une telle dégradation de la situation
après quatre année de stabilité, pourquoi aucun indicateur n'est pas à la baisse ?
Les
données de la MUS soulignent le bon travail fait par les
autocontrôles dans les entreprises alimentaires, pourtant si décriés
dans différents rapports :
La majorité des alertes est déclenchée suite à des autocontrôles positifs (64%). Les Plan de Surveillance -Plan de Contrôles (PSPC) de la DGAL sont à l'origine de 12% des alertes, denrées alimentaires d'origine animale (DAOA) et alimentation animale confondues. Pour l'alimentation animale seule, les PSPC sont à l'origine de 17% des alertes (soit 2 alertes issues de PSPC pour 12 alertes déclenchées en France).
Il
est même souligné que « La majorité des alertes sont
déclenchées suite à des autocontrôles professionnels avec une
légère progression des contrôles à la production. »
Parmi les alertes déclenchées suite à des autocontrôles, 48% font suite à un prélèvement au niveau du détaillant et 36% font suite à un prélèvement au niveau du producteur.
Merci
qui ? Merci les entreprises alimentaires !
En ce qui concerne les alertes déclenchées en dehors de la France, en 2017, la majorité a fait suite à un prélèvement officiel (43%), ou à un autocontrôle (38%). A noter que dans les autres Etats membres, les autorités compétentes réalisent plus de prélèvements en contrôle officiel qu'en France.
La
dernière phrase sonne comme un aveu d'impuissance. Le ministère de
l'agriculture nous indique que « Au
total, plus de 800 000 analyses sont réalisées chaque année par un
réseau de laboratoires agréés. »
Il faut donc croire malgré l'avertissement du début du rapport, que
c'est sans doute mieux ailleurs ...
Les produits carnés (boucherie, charcuterie, volaille, gibier) représentent la plus grande part des alertes (44%). Viennent ensuite les produits de la mer, c'est-à-dire poissons, coquillages et crustacés (32%) et les produits laitiers (14%).
Les contaminants impliqués dans les alertes enregistrées par la MUS en 2017 : Listeria monocytogenes constitue la problématique la plus fréquente (33% des alertes), suivi par Salmonella (20% des alertes).
Pour
Listeria
monocytogenes, « en France, une différence
existe avec d’autres pays pour la gestion de certains produits avec
présence de Listeria monocytogenes < 100 UFC/g », il y
a systématiquement alerte.
Au
niveau des rappels, aucun site Internet public ou privé ne donne la
totalité des informations sur les avis de rappel. Le site Oulah!
avait dénombré 133 avis de rappel en 2017, mais cependant, il est
très loin du compte car,
« En 2017, 291 rappels ont été effectués. L'ensemble de ces rappels concerne les denrées (aucun rappel sur le feed -alimentation animale). Certains rappels sont mis en place alors qu'aucun retrait n'est possible : c'est le cas lorsque le produit est à DLC dépassée par exemple. Concernant ces rappels, 52% ont une portée nationale ou internationale. »
On
reste stupéfait devant le constat selon lequel, « Des
communiqués de presse ont été publiés pour 18 alertes, soit 6%
des alertes avec rappel. »
Puis
intervient le petit jeu du chat et de la souris, ce n'est pas à moi
de le faire mais à l'autre, et le consommateur doit se dire que ces
enfantillages doivent cesser, et apparemment, ils vont cesser car
« on » annonce un site unique des avis de rappel :
L'administration a pris en charge la publication du communiqué de presse dans 7 cas. En règle générale, le professionnel est en effet responsable de la communication. Dans certains cas, l'administration peut se substituer au professionnel (lorsque celui-ci est défaillant ou lorsque le rappel concerne plusieurs producteurs dans le cas par exemple de fermetures de zones de pêche), ou communiquer en parallèle dans un contexte de cas humains.
Les rappels concernent principalement des produits contaminés par des bactéries : 222 rappels sur 291 concernaient cette problématique en 2017. Parmi les alertes liées à des bactéries, 35% ont nécessité un rappel.
L'autre principale cause à l'origine de rappels est la présence de corps étrangers type verre (18 rappels), devant les toxines (3 rappels) et les virus (2 rappels).
En
bref, bactéries, toxines, virus, tout cela est de la microbiologie
...
Concernant
le RASFF, « en 2017 sur les 110 alertes déclenchées, 16
ont entraîné des mesures de retrait et/ou rappel. »
Les
chiffres du RASFF pour 2017 consultés sont quelque peu différents,
133 notifications au RASFF pour les produits d'origine France dont 80
alertes ...
Pour
les produits
carnés,
« Au
total, 44% des alertes déclenchées en 2017 concernaient
des produits carnés (soit 457 alertes). »
Les problématiques les plus fréquentes sont des contaminations bactériennes: 171 alertes à Listeria monocytogenes, 160 alertes à Salmonella.
Pour
les produits laitiers, « En 2017, 140 alertes ont été
enregistrées à la MUS. La grande majorité de ces alertes concerne
des fromages au lait cru (101 alertes, soit 72%). »
Pour les fromages au lait cru en 2017 (produits en France et hors de France), 100 sur les 101 alertes étaient liés à une contamination bactérienne. En fromages au lait cru, 58 alertes étaient liés à la présence de Listeria monocytogenes. Sur ces 58 alertes, 55 concernaient un fromage produit en France.
Les
fromages au lait cru font partie du patrimoine culinaire de notre
pays mais ils représentent aussi un souci en termes de santé
publique.
Pour
les coquillages,
« La
majorité des non conformités concerne la présence d'E. coli à un
taux supérieur au seuil. Les alertes portent
principalement sur des mollusques produits en France. »
Il
me semble que la problématique norovirus dans les coquillages ait
été sous estimée ...
Au
niveau du RASFF de l'UE, il y a eu 21 notifications pour des
coquillages de France et autant de notification avec E. coli qu'avec
norovirus ...
Ce
bilan sous forme de constat, c'est bien mais comment fait-on pour
améliorer les choses ?
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