Des
aliments dits à risque ont été retrouvés sur les menus des
établissements de santé en Allemagne et en Italie, selon une étude.
Des
produits pouvant présenter un risque pour les personnes vulnérables
– notamment des salades de charcuterie, des charcuteries crues
et/ou fermentées, des fromages à pâte molle, du poisson fumé ou
des baies surgelées – étaient proposés au menu de tous les
établissements en Allemagne et d'un tiers des sites en Italie.
Des
chercheurs ont examiné l'utilisation des données électroniques des
menus alimentaires pour soutenir les enquêtes sur les épidémies
d'origine alimentaire associées aux soins de santé grâce à une
enquête auprès de 35 établissements de santé en Allemagne et en
Italie. Ils ont constaté que l'utilisation des données sur les
menus alimentaires dans les enquêtes sur les éclosions était
difficile en raison d'une documentation incomplète.
Une
grande variabilité a été signalée dans la durée de stockage des
données ded menu, de zéro à 10 ans. Les formats comprenaient le
papier, les formats électroniques pdf, Word ou Excel et des bases de
données interrogeables.
Besoin
de sensibiliser
L'enquête,
entre juin 2019 et février 2021, a été complétée par des
hygiénistes hospitaliers, des chefs de cuisine, des traiteurs ou des
diététiciens en charge de la gestion des menus alimentaires des
patients. Il comprenait 22 sites en Italie et 13 en Allemagne. Les
résultats ont été publiés dans la revue Epidemiology
and Infection, «Catering
of high-risk foods and potential of stored food menu data for timely
outbreak investigations in healthcare facilities, Italy and Germany».
Le
questionnaire couvrait des informations sur la gestion des services
de restauration, le format et la durée de stockage des données des
menus, la disponibilité des données de menu pour chaque patient,
l'historique des données de menu par l'établissement en relation
avec une suspicion d'éclosion d'origine alimentaire, et des
informations indiquant s'il a fourni des aliments à risque.
L'étude
a porté sur 26 hôpitaux et neuf maisons de repos de différentes
tailles. Un EHPAD en Allemagne n'a pas participé, en disant que
«l'intoxication alimentaire n'était pas un problème» dans son
établissement. Cela souligne la nécessité de sensibiliser au
risque d'épidémies et de renforcer les recommandations d'hygiène
alimentaire parmi le personnel et les entreprises alimentaires, ont
déclaré les chercheurs.
Les
systèmes de restauration comprenaient des services internes,
externes et mixtes. Les activités de restauration étaient
principalement externalisées par les hôpitaux italiens, alors qu'en
Allemagne, la restauration interne était plus souvent présente
dans les hôpitaux et les EHPAD.
Un
hôpital en Allemagne, dans lequel une épidémie à Salmonella Derby
s'est produite à cause de la saucisse crue fermentée à tartiner
(German Teewurst) n'offrait plus cet article, mais d'autres aliments
potentiellement à haut risque étaient disponibles pour les
patients, tels que du fromage à pâte molle et du poisson fumé.
Utilisation
des données du menu pendant les épidémies
La
majorité des hôpitaux en Italie ont indiqué qu'un lien direct
entre les données du menu alimentaire et les patients individuels
pouvait être établi, contrairement à seulement la moitié des
hôpitaux en Allemagne. Dans les EHPAD, le lien direct entre les
données de menu et les résidents individuels des EHPAD était peu
courant en Italie et en Allemagne.
Des
bases de données électroniques étaient disponibles pour la plupart
des hôpitaux italiens, mais seulement pour quelques hôpitaux
allemands. Aucune base de données de ce type n'a été utilisée par
les EHPAD.
Les
scientifiques ont dit que les données sur les menus alimentaires
devraient être documentées pour tous les repas proposés et être
liées aux patients individuels ou aux résidents des EHPAD. Une
durée minimale de stockage des données d'au moins un an
faciliterait l'investigation d'événements de longue durée tels que
les épidémies de listériose ou pour les articles ayant une longue
durée de conservation, tels que les aliments surgelés.
La
numérisation et la collecte de données supplémentaires
entraîneront des coûts supplémentaires, y compris en ressources
humaines. Le rapport coût-bénéfice de la collecte et de la
numérisation des données sur les menus alimentaires doit être
évalué, car l'utilisation et l'analyse de ces données peuvent
avoir des avantages partagés pour différents professionnels de la
santé, selon l'étude.
Des
études supplémentaires sont nécessaires pour déterminer si la
présence d'aliments à haut risque au menu est liée à un manque de
connaissance des recommandations en matière de sécurité des
aliments ou reflète la demande des patients et des résidents des
EHPAD, ont dit les scientifiques.