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jeudi 16 décembre 2021

Il était une fois des moulins à vent, des bovins et ... des experts de l'Anses

Les arguments contre les éoliennes ne manquent pas, et à titre personnel, je suis opposé aux éoliennes ...

Les éoliennes font trop de bruit
Les éoliennes émettent des infrasons
Les éoliennes gâchent le paysage
Une éolienne consomme beaucoup d’énergie pour fonctionner
Les éoliennes tuent les oiseaux
Les éoliennes ne produisent pas assez d'électricité
L'énergie éolienne est trop chère
Les éoliennes sont dangereuses
L’énergie éolienne est imprévisible
L’énergie éolienne nécessite une capacité de production de réserve
Les éoliennes ne réduisent pas la pollution
Les éoliennes font fuir les touristes

Malgré cela la com de l’Anses estime le 16 décembre 2021 que s’agissant du troubles dans deux élevages bovins, le lien avec les éoliennes est hautement improbable

Etonnant !

Les exploitants de deux élevages de bovins de Loire-Atlantique, situés à proximité d’un parc éolien, ont rapporté différents troubles chez leurs animaux, dont une diminution de la production et de la qualité du lait, des troubles du comportement ou une augmentation de la mortalité.

Pour autant, nous dit le communiqué, l’Anses conclut que les troubles rencontrés ne sont très probablement pas liés à la présence des éoliennes. L’Agence recommande l’établissement d’un protocole de diagnostic global adapté, pour pouvoir répondre rapidement en cas de survenue de troubles dans d’autres élevages proches d’éoliennes.

Pourtant, la justice a reconnu le syndrome éolien chez l'homme mais l'Anses ne semble pas le reconnaître pour les bovins ...

En effet, selon la défense des tenants des éoliennes contre des riverains qui avaient porté plainte, il existe un effet «nocebo» et une absence de preuves ...

Les promoteurs soutiennent que la preuve de troubles anormaux de voisinage n’est pas rapportée. Les six éoliennes ne se trouvent pas à la même distance de la maison des riverains requêrants, ce qui a une incidence sur le bruit reproché. Pour les défendeurs, le cas de chaque éolienne doit être pris en considération individuellement. Par ailleurs, ils rappellent que les très basses fréquences ne sont pas encadrées par la réglementation. Pour les infrasons (moins de 20 Hz), ils sont mêmes inaudibles par l’Homme.

Concernant les effets sur la santé, les défendeurs soulignent que l’anormalité d’un tel trouble doit être apprécié objectivement et collectivement: le trouble doit donc être objectivement anormal pour un groupe de personnes, par exemple de riverains, et non pour le couple seul. Les conclusions du sapiteur ne sont fondées que sur les seules déclarations des riverains. Ils invoquent l’effet «nocebo», les symptômes étant apparus lorsque le bois les séparant visuellement des éoliennes a été coupé. Sur la valeur du bien immobilier, pour les défendeurs, le couple de riverains n’apporte pas suffisamment de preuves des sommes qu’ils disent avoir perdues.

Bref, de mon humble point de vue, dans ce combat contre les moulins à vent, l’Anses ne sort pas grandi. Si vous souhaitez tout savoir lisez l’avis et le rapport relatifs à l’imputabilité à la présence d’un champ d’éoliennes de troubles rapportés dans deux élevages bovins. Mais attention, il comprend 252 pages, mais heureusement, la vacance de Noël approchent !

Cela étant, on lira aussi un document de France Culture, Morts suspectes de centaines de bovins : de nouveaux éléments désignent les lignes électriques.

En effet, plusieurs actions en justice ont cependant été intentées par les éleveurs concernés. Fin novembre, le tribunal judiciaire de Nantes a ordonné une expertise des câbles électriques du site, qui doit être rendue au plus tard le 31 juillet 2022.
A suivre ...

Aux lecteurs du blog
Grâce à la revue PROCESS Alimentaire, vous n'avez plus accès aux 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le lien suivanthttp://amgar.blog.processalimentaire.com/. Triste histoire de sous ...

vendredi 2 octobre 2020

La FAO et l'OMS vont revoir la problématique Listeria dans les aliments prêts à consommer

« La FAO et l'OMS vont revoir la problématique Listeria dans les aliments prêts à consommer », source article de Joe Whitworth paru le 2 octobre 2020 dans Food Safety News.

Les experts de la FAO et de l'OMS doivent se pencher à nouveau sur Listeria monocytogenes dans les aliments prêts à consommer.

La décision de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) est due aux progrès du diagnostic et aux changements dans l'épidémiologie des éclosions de listériose.

Les réunions conjointes des experts de la FAO/OMS sur l'évaluation des risques microbiologiques (JEMRA pour Joint FAO/WHO Expert Meetings on Microbiological Risk Assessment) sont prévues du 20 octobre au 6 novembre 2020.

Mettre à jour les connaissances
Une évaluation des risques de la FAO et de l'OMS en 2004 sur Listeria monocytogenes a fourni des informations scientifiques sur la caractérisation des risques de contamination par Listeria dans les aliments et la gravité de la listériose pour les populations sensibles.

Le rapport technique se limitait à certains aliments prêts à consommer, notamment le lait pasteurisé, la crème glacée, le poisson fumé à froid et les viandes fermentées, et la probabilité que ces produits soient des vecteurs de la listériose d'origine alimentaire.

Depuis lors, des éclosions continuent de se produire dans le monde entier, associées à des véhicules alimentaires connus et non signalés auparavant, notamment des fruits et légumes frais et peu transformés, des graines germées, des produits carnés prêts à consommer et des produits laitiers congelés.

De nouveaux outils sont désormais disponibles pour caractériser les isolats de Listeria monocytogenes. De nouvelles études et données représentant les différents produits alimentaires et régions géographiques offriront des opportunités de valider les modèles actuels d'évaluation des risques pour Listeria monocytogenes, d'évaluer leur application à d'autres aliments et de développer des approches de gestion pour maîtriser ce pathogène.

Exemples d'épidémie
L'épidémie de listériose la plus importante et la plus meurtrière à ce jour a été enregistrée en 2017 et 2018 en Afrique du Sud. Elle était liée aux produits carnés prêts à consommer et a causé plus de 1 050 cas de maladies et au moins 218 décès.

Elle a été retracée en mars 2018 à un produit de viande transformé prêt à consommer appelé polony fabriqué dans une usine de Polokwane dirigée par Enterprise Foods, alors propriété de Tiger Brands. En août de cette année, Tiger Brands a accepté de vendre sa division de viandes transformées, qui comprend Enterprise Foods.

L'Espagne a enregistré sa plus grande épidémie de listériose en 2019. Elle était liée à du porc rôti réfrigéré de marque «La Mecha» produit par Magrudis. Plus de 200 personnes ont été atteintes dont trois décès de personnes âgées et six femmes enceintes ont perdu leur bébé. L'alerte de listériose a débuté à la mi-août et s'est terminée à la mi-octobre 2019.

Une épidémie internationale de 2015 à 2018 a été attribuée à du maïs et à des légumes surgelés produits par Greenyard en Hongrie. Cela comprenait 54 cas en Australie, en Finlande, en Suède, au Danemark, en Autriche et au Royaume-Uni avec 10 décès. Les produits surgelés en cause ont été distribués dans 116 pays.

Le rapport 2018 sur les zoonoses de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a révélé qu'il y avait eu une tendance à la hausse statistiquement significative des cas confirmés de listériose en Europe de 2009 à 2018. Environ 2 550 cas d'infection ont été enregistrées en 2018.

Une liste d'experts proposée pour la réunion du JEMRA comprend Jeff Farber, professeur titulaire au Département des sciences alimentaires de l'Université de Guelph; Catherine W. Donnelly, professeur de nutrition et de sciences alimentaires à l'Université du Vermont et Elliot Ryser, professeur au Département des sciences alimentaires et de la nutrition humaine de l'Université d'État du Michigan.

D'autres spécialistes sont Deon Mahoney, anciennement de l'OMS, de la FAO et de Food Standards Australia New Zealand, Alexandre Leclercq, directeur adjoint du Centre français de référence et du Centre collaborateur OMS Listeria à l'Institut Pasteur de Paris et Qingli Dong, professeur et directeur de doctorat à l'Université de Shanghai pour les sciences et technologies.

vendredi 24 avril 2020

Au secours, les masques arrivent, mais pas avant le 4 ou 11 mai, et après visa par un comité Théodule !


Pourtant on vient de très loin, ainsi,

Dans une interview au Figaro du 18 avril, la directrice générale de Santé publique de France persiste dans son aveuglement sur le port du masque en ville, elle reste alignée sur la doxa du gouvernement et du président de la République ...

A la question sur le port du masque pour le grand public, quelles sont vos recommandations ?
Nos recommandations concernent les personnels de santé, et les personnes avec des symptômes. Nous estimons que nous ne disposons pas assez d'informations assez robustes pour se prononcer pour le reste de la population, et nous étudions le sujet avec le Haut Conseil de la santé publique.

Mais tout cela est fini, terminé, avant l’heure, c’est pas l’heure, après l’heure, tant pis pour vous !

Je ne referai pas ici l’historique d’un fiasco ou d’un scandale des masques en France, chacun la connaît avec anecdotes et litotes aussi stupides que navrantes. Un historique de la pénurie de masques en France a été proposé sur ce lien.

Les comités Théodule et autres experts de l’Afnor reviennent avec une série de liens sur les masques et tout ce que vous avez voulu savoir sur les masques sans jamais oser le demander, attention il faut que votre masque soit conforme presque avec les normes NF Afnor, sinon point de salut !

Rappelons que l’Académie nationale de médecine avait déjà publié dès le 2 avril des tutos pour faire des masques ici et a plublié « Aux masques citoyens ! ». Le blog avait proposé des tutos dans un article, Le tuto le plus simple pour faire un masque, et sans couture !

Mais quelle tristesse d’en être arrivé là … voici quelques exemple de liens de la bureaucratie made in Afnor …

Un masque « grand public » sur tous les visages français déconfinés après le 11 mai 2020 ?

AFNOR n’a pas attendu : elle ouvre une plateforme web solidaire pour mettre en relation confectionneurs ou fabricants de masques barrires et employeurs souhaitant équiper leurs salariés ou agents. Rendez-vous sur https://masques-barrieres.afnor.org !
Masques barrières solidaires. La plateforme qui crée le lien entre une offre solidaire et des demandes de masques barrières. Pour se référer au modèle, mettre à disposition ses confections, trouver des masques, donner des matériaux

Général ; Disponibilité du document ; Matériaux/essais/performance ; Confection ; Utilisation.
Coronavirus : téléchargez le modèle de masque barrière

Vente libre de masques en Israël en supermarché
Par ailleurs, on apprend selon Les Echos du 24 avril 2020, « Les Français pourront se procurer des masques à partir du 4 mai »
Le gouvernement veut rendre plus accessible les masques grand public aux Français, avant le déconfinement. Plusieurs modes de distribution sont à l'étude, pharmacies, mairies, grande distribution ou encore buralistes. De premières expérimentations seront faites à partir du 4 mai, explique Agnès Pannier Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances.

« Et l'approvisionnement, par la production française et les importations, va s'accroître rapidement pour dépasser 25 millions de masques lavables par semaine fin avril », poursuit-elle. Anecdote qui en dit long, hélas, la moitié de ces masques seulement seront fabriqués en France ...

Mais on ne vous a pas attendu, et des moyens pour s’en procurer ainsi que des tutos, il en existe depuis longtemps …

En complément à l'article, j'ajoute ce qui suit dans l'interview aux Echos,


A la question, Des Français vous reprochent d’avoir dit qu’ils n’étaient pas indispensables parce qu’il n’y en avait pas …

Le ministre de la Santé a été très transparent sur le niveau de notre stock stratégique qui n’avait pas été alimenté par des décisions des gouvernements successifs. De surcroît, le scénario épidémique actuel n’a pas été imaginé. Il a fallu travailler en urgence pour faire face à une consommation mutipliée par plus de dix, nous l’avons fait et nous avons rattrapé le retard initial.



Langue de bois comme de bien entendu et non réponse à la question posée, les Français avaient besoins de masques et il n’y en avait pas, il fallait donc le dire tout simplement …



Dernier point, je lisais dernièrement que selon une ancienne ministre de l’éducation nationale, s’agissant du coronavirus : « Le leadership de cette crise est essentiellement pris en charge par des hommes »



Le blog vient de citer deux femmes dans cet article, qui n’ont pas brillé par leur clairvoyance, c’est le moins qu’on puisse dire … alors homme ou femme, quel importance, ce n’est pas le souci, ce que l’on veut c’est une stratégie !

Enfin, petite mesquinerie, la tva sur les masques vendus ne sera que de 5,5%, un scandale peut en cacher un autre ...



Mise à jour du 30 avril 2020. La DGCCRF publie un communiqué le 29 avril 2020, Mise en vente de masques de protection dans les enseignes de la grande distribution.
Les enseignes de la grande distribution alimentaire confirment que des masques grand public (en tissu et réutilisables) et des masques à usage unique seront progressivement mis en vente, dans des magasins et drive, à partir du lundi 4 mai, avec des approvisionnements qui monteront en puissance après le 11 mai.
Avant l'heure, on ne doit pas porter un masque, mais après le 11 mai, il faudra en porter un !


Après les amendes pour défaut de dérogation de sortie, le secrétaire d’État aux Transports a ajouté aux souches de son carnet de contraventions une nouvelle sanction: à partir du 11 mai, les usagers des transports pourront être sanctionnés s’ils ne portent pas de masque. Le citoyen, bonne pomme, à qui l’on a expliqué que le masque ne servait à rien, puis qu’on en manquait cruellement, puis qu’il pouvait se le fabriquer lui-même, ne devrait pas être, comme les pouvoirs publics, en retard à l’allumage. Il portera son masque. Il n’en reste pas moins que la passion de l’amende comme la compulsion fiscale participent, une fois encore, du génie français.

dimanche 19 avril 2020

La parole scientifique au temps du coronavirus par Marcel Kuntz


Adapté et augmenté d'une interview par L’Express du 5/4/2020

Le blog vous propose des extraits.

Jamais sans doute les scientifiques n'ont été aussi omniprésents que durant cette crise sanitaire. Directeur de recherche au CNRS et enseignant à l'université de Grenoble, Marcel Kuntz se félicite que l'expertise soit de retour en grâce. Mais ce spécialiste des biotechnologies végétales déplore les détournements idéologiques qui sont faits entre coronavirus et cause écologique. Et regrette que la parole scientifique n'ait pas plus été écoutée par les politiques dans des dossiers comme les OGM ou le nucléaire.

Thomas Mahler : Du fait de la crise sanitaire, les scientifiques sont omniprésents dans les médias et semblent être au coeur de la décision politique. Faut-il s'en réjouir?

Marcel Kuntz : Les experts ont plutôt fait oeuvre d'explications modestes, avec une écoute généralement bienveillante des journalistes : quand il y a des morts, comme dans cette pandémie, alors la connaissance redevient une valeur. Le relativisme postmoderne en prend un coup !
Sont-ils pour autant au coeur de la décision politique ? Il est trop tôt pour se prononcer.

On notera quand même un inouï battage médiatique pour accréditer que l'apparition des pandémies virales, dont le Covid-19 serait due à une « biodiversité maltraitée ». Avec à la manoeuvre une poignée de scientifiques, en l'occurrence tournés vers les milieux naturels. L'idéologie et l'envie frénétique de financement n'ont, semble-t-il, pas disparu (j'interprète : il ne faudrait pas que tout l'argent de la recherche aille dans la santé, au détriment de son propre domaine de recherche !). Les Hommes restent des Hommes... Quant à l'idéologie, qui citer de meilleur que Nicolas Hulot qui y voit « une sorte d'ultimatum de la Nature » ? En réalité il faut faire la part des choses. En quoi la « grippe espagnole » était-elle due à la perte de biodiversité ? Les oiseaux sauvages sont en cause dans la grippe asiatique et la plus récente grippe aviaire, autrement dit la nature n'est pas forcément bonne.

Que pensez-vous de l'action d'un conseil scientifique épaulant directement le gouvernement dans ses décisions concernant cette épidémie?
C'est une forme de com' politique : créer un « comité scientifique » peut crédibiliser l'action gouvernementale, qui en a bien besoin. En réalité, les collaborateurs ministériels auraient été en contact avec des experts même sans ce comité. Je ne peux m'empêcher d'y voir aussi une façon pour le gouvernement de se protéger : le syndrome « sang contaminé » (c'est-à-dire le procès de ministres, dont le Premier à l'époque) obsède les politiciens. Avant tout se protéger ! Pouvoir dire : « nous avons suivi les scientifiques » pourra être une façon de diluer les mises en cause, justes ou injustes, qui ne manqueront pas de venir.

Le temps des scientifiques n'est pas celui de l'actualité
Regrettez-vous que la parole scientifique n'ait pas été plus écoutée sur d'autres sujets, tels les OGM ou le nucléaire?
La parole scientifique est prudente : les OGM, pour prendre cet exemple, ne posent pas de problème sanitaire particuliermais comme pour toute activité humaine on peut établir une liste de risque théorique, pour les anticiper. Cette approche raisonnée a peu de force par rapport aux discours catastrophistes, et est de plus brouillée par des militants qui se trouvent être aussi scientifiques, et bien plus médiatiques. De plus, le temps des scientifiques n'est pas celui de l'actualité : rappelons que la réfutation finale des allégations erronées de Gilles-Eric Séralini, qui firent la une des médias en septembre 2012 avec ses fameux rats atteints de tumeurs, a dû attendre 2018, le temps de mener de nouvelles études européennes (Lire ma note sur le sujet).

Le plus décevant a été le recul, puis le ralliement des décideurs politiques de tous bords à ces discours, pour des raisons électoralistes. Ce fut le cas aussi sur le nucléaire. Je regrette la perte délibérée de fleurons technologiques français, pour l'agriculture, la santé et la production d'énergie, etc.

A la faveur de la crise actuelle, on vient de s'apercevoir de la dépendance de la France par rapport à la Chine pour des médicaments et autres produits stratégiques. Mais nous alertons depuis vingt ans de notre vassalisation sur les biotechnologies ! Sans avoir su convaincre. Demain des médicaments issus des nouvelles biotechs seront chinois, car l'Europe s'est suicidée sur ces sujets : dans une étude publiée l'année passée, nous avons recensé pour les Etats-Unis et la Chine (celle-ci étant en train de devenir leader) près de 900 brevets chacun et moins de 200 pour l'Europe entière dans le domaine des nouvelles biotechnologies les plus prometteuses, en premier lieu pour la santé.

lundi 20 mai 2019

Améliorer la confiance dans les travaux des experts, selon l'OPECST, mais cela ne peut pas être valable pour le glyphosate


Améliorer la confiance dans les travaux des experts selon l'OPECST, mais cela ne peut pas être valable pour le glyphosate revient à continuer à fonctionner comme d'hab, comme si le cas du glyphosate n'est pas emblématique de ce qui pourrit précisément l'expertise scientifique ... en France comme à l'étranger ...

L'Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) vient de faire paraître à titre provisoire le Rapport de M. Philippe Bolo, Mme Anne Genetet, MM. Pierre Médevielle et Pierre Ouzoulias établi au nom de cet office, intitulé « Evaluation des risques sanitaires et environnementaux par les agences : trouver le chemin de la confiance »

Comme documents disponibles nous avons donc le Rapport provisoireune synthèse, le 1er communiqué de presse et le 2e communiqué de presse.

Le premier communiqué de presse est en fait le carton d''invitation à la conférence de presse, dans lequel il était indiqué :
... les conclusions de leur rapport d’information sur l’indépendance et l’objectivité des agences chargées d’évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché ANSES, EFSA, ECHA… plusieurs agences sont chargées en France et en Europe de l’expertise des risques sanitaires et environnementaux liés à l’utilisation de nombreux produits : pesticides agricoles, additifs alimentaires, biocides, produits chimiques utilisés dans les produits de grande consommation… 
La polémique sur le glyphosate a conduit l’OPECST à se pencher sur leur fonctionnement et sur les difficultés et limites de l’expertise des risques. Accès aux données, prise en compte des avancées de la science, choix des méthodologies, prévention des conflits d’intérêt, communication sur les risques : des progrès restent à faire pour trouver le chemin de la confiance de nos concitoyens dans l’expertise produite par nos agences.
Pas très clair tout cela d'autant qu'on apprend ce qu'on savait déjà, selon le deuxième communiqué de presse,
Contrairement à ce qui a pu être indiqué, il ne se prononce pas sur la toxicité à long terme du glyphosate, qui doit être réexaminée par plusieurs agences d’évaluation européennes dans le cadre du processus de réautorisation du glyphosate à l’horizon 2022. Si la question du glyphosate est abordée dans le rapport, c’est pour mettre en perspective les différences d’appréciations entre le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et les agences d’évaluation, notamment l’EFSA, afin d’éclairer le public sur le contenu et la portée de ces divergences apparentes entre experts, mais pas de rouvrir le débat sur l’interdiction du glyphosate, qui a été tranché par le Gouvernement.
Fermez le ban! L'interdiction du glyphosate est bien politique et non pas scientifique …

C'est dommage car en préambule ce communiqué de presse avait pourtant indiqué,
L’objectif de cette mission consistait à comprendre le fonctionnement des agences, les difficultés qu’elles peuvent rencontrer dans la conduite et la restitution de leurs travaux d’évaluation des risques et dessiner des pistes pour renforcer la confiance dans l’expertise scientifique qu’elles produisent.
A-t-on encore confiance dans l'expertise scientifique ? Je serais tenté de dire ça dépend … de l'opinion publique et des sondages …

Sur le document de synthèse, glyphosate oblige, on nous explique que l'enjeu central est d' « améliorer la confiance dans les travaux des experts »

Comment expliquer que le glyphosate soit classé cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) et pas par les agences sanitaires et environnementales ?
En mars 2015, le CIRC a classé le glyphosate parmi les cancérogènes probables (monographie n°112). Or, en novembre 2015, l’EFSA a estimé, comme le font presque toutes les autres agences d’évaluation officielles nationales (US-EPA aux États-Unis, FSC au Japon, APVMA en Australie …) qu’il était « improbable que le glyphosate fasse courir aux humains un danger cancérogène ».Cette divergence, troublante pour le grand public, s’explique par l’utilisation de sources différentes :
  • Le CIRC s’intéresse à toutes les formulations contenant du glyphosate alors que l’EFSA étudie le glyphosate en substance pure.
  • Concernant les études épidémiologiques, CIRC et EFSA s’appuient sur des sources quasi-identiques, notamment l’Agricultural Health Study (AHS) américaine et concluent à un niveau de preuve limité (CIRC) voire très limité (EFSA) de cancérogénicité du glyphosate pour l’homme.
  • Concernant les études animales, le CIRC en identifie 2 qui attestent d’un lien significatif entre exposition au glyphosate et cancer, écartées par l’EFSA pour non-respect des critères de l’OCDE. A l’inverse l’EFSA a eu accès aux études non publiées des industriels, contrairement au CIRC (le CIRC n’a étudié que 3 études sur les souris sur les 5 utilisées par l’EFSA et le CIRC n’a étudié que 3 études sur les rats sur les 9 utilisées par l’EFSA).
  • Le CIRC estime également qu’il existe des preuves mécanistiques solides que l’exposition au glyphosate entraîne des effets génotoxiques ou induit du stress oxydatif, alors que l’EFSA estime qu’il est improbable que le glyphosate puisse être génotoxique. 
La divergence d’appréciation s’explique aussi par des différences dans l’interprétation des données disponibles, notamment sur la pertinence biologique de données d’expérimentations animales ou encore sur l’absence de prise en compte par l’EFSA de la cytotoxicité secondaire.  
Enfin, la portée des travaux du CIRC et de l’EFSA diffère : le CIRC se concentre sur la question du danger causé par le glyphosate (indépendamment du degré d’exposition), alors que l’EFSA analyse les risques encourus pour la santé humaine ou l’environnement (combinant danger et exposition). Les doses à partir desquelles des études identifient des effets cancérogènes chez l’animal (au-delà de l’absorption de 1 000 mg/kg de poids corporel) sont très élevées et donc improbables à atteindre, avec une dose journalière admissible (DJA) fixée à 0,5 mg/kg de poids corporel, correspondant à une dose sans effet observé (NOAEL) de 50 mg/kg à laquelle s’applique un facteur de sécurité de 100. Les agences ont donc jusqu’à présent écarté le risque cancérigène en cas d’exposition au glyphosate, dans les conditions normales d’utilisation de cette substance.
Complément du 23 mai 2029. On écoutera avec intérêt le débat, « Faut-il interdire le glyphosate? »