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jeudi 5 mars 2020

Retour sur la contamination par norovius de coquillages de France. Malgré la fermeture de plus de 31 sites, les notifications au RASFF de l'UE continuent


« Des cas d'intoxication alimentaire en France liés à des coquillages ont entraîné la fermeture de plus de 30 sites de récolte », source article de Joe Whitworth paru le 5 mars 2020 dans Food Safety News. Adapté par mes soins -aa.

Plus de 30 sites de récolte ont été fermés sur une période de deux mois en France dans le cadre d'épidémies liées à la consommation d'huîtres, selon des données récemment publiées.

En raison de la contamination confirmée par norovirus, 31 sites de récolte ont été fermés entre le 21 décembre 2019 et le 10 janvier 2020, affectant plus de 400 entreprises. Cela se compare à 11 sites en janvier 2018 et à deux en janvier 2019.

Les personnes ont été infectées par norovirus et d'autres virus entériques tels que rotavirus, sapovirus, entérovirus et le virus Aichi, selon une étude publiée dans la revue Eurosurveillance.
Voir l'article du blog, Epilogue provisoire des foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liés à des coquillages crus en France : Norovirus inside !

Fin décembre, Santé publique France a identifié, à travers son système de surveillance syndromique, une forte augmentation des maladies gastro-intestinales, principalement des gastro-entérites aiguës et des vomissements. Cela a été constaté dans les services d’urgence du réseau de l’Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (OSCOUR) et dans les associations de médecins généralistes d’urgence qui fournissent des visites à domicile comme SOS Médecins.

De plus, un nombre inhabituellement élevé de foyers d'intoxication alimentaire liés à la consommation de coquillages crus ont été enregistrées par l'agence par le biais du système de surveillance obligatoire.

Des chiffres beaucoup plus élevés
Les visites pour gastro-entérite aiguë et vomissements dans les services d'urgence et les visites à domicile de médecins généralistes d'urgence ont augmenté considérablement les 26 et 27 décembre à 3 925 et 4 896 respectivement en France métropolitaine et en Corse pour les personnes de 15 ans et plus, par rapport au nombre quotidien moyen de décembre 1 à 25 sur 1161.

Les 33 500 visites pour ces symptômes pour les deux groupes en France et en Corse, du 26 décembre 2019 au 5 janvier 2020, étaient supérieures au nombre attendu de 19 750.

Pour les personnes âgées de 15 ans et plus, 8 957 visites aux urgences ont été enregistrées pour gastro-entérite aiguë et 3 386 pour vomissements. Pour les associations de visites à domicile, 19 602 visites de gastro-entérite aiguë et 1 553 pour vomissements ont été enregistrées pour le même groupe d'âge.

Les 26 et 27 décembre 2019, 43 foyers suspectés d'être provoqués par la consommation de coquillages crus, principalement des huîtres, ont été signalés à Santé publique France via le système de surveillance des signalements. Ce nombre était élevé par rapport aux années précédentes. Depuis 2006, entre trois et 22 foyers liés à des coquillages crus ont été signalés par an.

Du 11 décembre 2019 au 22 janvier 2020, 197 foyers liés à la consommation de coquillages crus ont été signalés. Ils ont touché 1 121 personnes, dont 25 ont été hospitalisées, mais personne n'est décédée.

Sur des échantillons de selles de 32 personnes, correspondant à 19 foyers, les génogroupes I (GI), II (GII) ou GI/GII de norovirus ont été confirmés dans 26 cas. Une co-infection entre norovirus et d'autres virus entériques a été retrouvée dans 10 des 26 cas: rotavirus une fois, sapovirus cinq fois, entérovirus trois fois et virus Aichi une fois. L'entérovirus seul a été identifié dans deux cas.

Trente cinq souches, isolées de 26 cas, appartenaient à 10 génotypes de norovirus différents des deux génogroupes. Une prédominance de GI.1 et GII.17 a été observée, suivie de GII.4 Sydney et GII.8.

Élément international
Du 12 décembre 2019 au 14 janvier 2020, le Luxembourg, la Suède, le Danemark, la Suisse, l'Italie et les Pays-Bas ont signalé des cas d'intoxication alimentaire due à la consommation de coquillages crus de France ou à des contrôles positifs à norovirus sur les lots de coquillages crus, principalement des coquillages bivalves , de France.

Au moins 180 personnes au Danemark ont ​​été malades depuis le début de l'année et 70 en Suède, bien que certaines d'entre elles auraient consommé des huîtres suédoises.

Entre le 14 janvier et le 10 février, 18 notifications au RASFF ont été publiées par l'Italie, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède et la Finlande pour la contamination par norovirus d'huîtres vivantes de France et des produits ont également été rappelés à Hong Kong et Singapour.
Il vous faut savoir que depuis le 10 février, les affaires continuent, si l'on peut dire, en effet, il y a encore eu depuis le 11 février au 5 mars 2020, trois notifications au RASFF de l'UE, et la dernière en date est du 3 mars 2020 par l'Italie …, le tout sans aucune information du ministère d el'agriculture qui aurait dû centralié les fermetures et les avis de rappel. 
La question est donc bien pourquoi y a-t-il encore des notifications au RASFF de l'UE ?

Des études antérieures ont montré que la contamination des huîtres par norovirus est généralement liée à une combinaison de conditions environnementales, notamment de fortes précipitations avant la récolte. Cela peut entraîner un débordement des stations d'épuration et une contamination fécale de l'eau.

En décembre 2019, des précipitations inhabituellement fortes ont été enregistrées dans toute la France, ce qui peut avoir contribué à la contamination des sites de récolte par des norovirus humains.

Les chercheurs prévoient également d'estimer le nombre excessif de cas de maladies gastro-intestinales pendant Noël et le Nouvel An en utilisant les données de l'assurance maladie qui seront disponibles dans les trois mois.

samedi 1 février 2020

Dès janvier 2020, la sécurité sanitaire des aliments en France est déjà dans la tourmente

NB : Cet article initial a été modifié le 3 février pour tenir compte d'un rappel tardif.

Oui c'est vrai, il y a de quoi se taper la tête contre les murs, 2020 donne déjà des signes de mauvais présages pour la sécurité des aliments : des rappels en France et des notifications au RASFF de l'UE pour les produits d'origine France à la pelle, des autorités sanitaires non transparentes et l'amélioration de l'organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments en France reste top secret … pour les citoyens ...

Janvier 2020 s’achève avec un nouveau record d'avis de rappel de produits alimentaires …et de graves incertitudes sur l’état de l'organisation de la sécurité des aliments en France, jugez plutôt ...

Voici donc quelques faits rapides pour vous dresser une nouvelle fois un simple constat que tout un chacun peut faire … faute de transparence de nos autorités sanitaires …

Ainsi que le note un éditorial du Figaro du 27 janvier, Le virus de la méfiance, à propos du coronavirus 2019-nCoV, mais qui vaut pour la sécurité des aliments, « la transparence, seule à même d’entretenir la confiance, constitue la meilleure défense contre la rumeur, la désinformation et le chaos. »

Rappels en France en janvier 2020
Au moins 53 avis de rappels (et ce n'est qu'une estimation) dont 34 sont liés à des coquillages (huîtres, moules, etc.), selon et grâce à Oulah, la référence des consommateurs en France en matière de rappels.

Les causes des rappels en France sont les suivantes :
  • Norovirus : 34
  • Listeria monocytogenes : 8 (charcuterie et fromages de chèvre)
  • Allergènes : 3
  • Salmonella : 1 (charcuterie)
  • Bacillus cereus : 1 (gingembre moulu)
  • Pesticides : 1
  • Produit de nettoyage : 1
  • Risque d’inflammation : 1
  • Corps étrangers métalliques : 1 (saucisson cuit fumé amylacé)
  • Conditions de fabrication et de stockage non conformes à la législation sanitaire. : 1 (verrines de foie gras en bocaux de 200 à 350g).
  • Patuline : 1 rappeld e jus de pommes.
D'après les données de 2019, le chiffre des d'avis de rappel de janvier, 53, est supérieur celui d'août 2019 qui constituait déjà le précédent record avec 46 avis de rappels... mais hélas nous ne sommes pas ici en terrain sportif, où comme l'on dit les records sont faits pour être battus … il est question de sécurité des aliments … mais nos autorités sanitaires en ont-elles conscience ?

A noter que le dernier rappel de coquillages est intervenu le 28 janvier 2020 et que quelques distributeurs n'ont pas dû vendre d'huîtres cette année car ils n'ont pas rapporté de rappels, sauf erreur de ma part, sur leur sites Internet respectifs, Monoprix, E.Leclerc, entre autres, vraiment très étonnant ...

Rappelons aussi que selon Santé publique de France du 10 janvier 2020 concernant les toxi-infections alimentaires collectives suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus, bilan épidémiologique au 8 janvier 2020 : « Au total, 1 033 personnes ont été malades dont 21 (2%) ont été hospitalisées. » Depuis le 10 janvier, silence radio …

Rappelons enfin que les avis de rappel de l'année 2019 avaient atteint le chiffre estimé et impressionnant de 354 versus 332 en 2018 … effectivement tout augmente et janvier 2020 montre la voie à suivre ...

RASFF de l’UE
Il existe une autre façon de voir les choses en termes de rappel de produits alimentaires, c'est de voir l'état des notifications pour les produits d'origine France au niveau du réseau d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux de l'UE ou RASFF.

38 notifications pour les produits d’origine France en janvier 2020. On est ans contestation aucune en tête des notifications des Etats membres de l'UE, on fait même mieux que la Pologne, qui était le grand gagnant des notifications au RASFF de 2019, la France n’était sur l'année 2019 que deuxième.

La France a été à l’origine seulement de 8 notifications sur 38, c'est dire ...

Dans le détail cela donne,
  • 26 notifications liés aux coquillages de France pour cause de présence de norovirus et/ou d’intoxication alimentaire, dont trois notifications par la France. Les trois dernières notifications datent du 31 janvier 2020 … ce qui souligne que les rappels ne se sont pas effectués correctement depuis la publication des arrêtés préfectoraux et que le RASFF n'est pas un réseau aussi rapide qu'il veut bien le dire ou bien encore les deux causes à la fois ...
  • Quatre notifications : présence de Listeria monocytogenes dans de la mousse de foie de canard réfrigéré et de mousse de foie de porc et de poulet aux cèpes et champignons noirs de France ; présence ans du salami de cheval ; présence dans du roquefort ; présence dans du camembert.
  • Trois notifications pour la présence de Salmonella : présence du variant monophasique (1,4, [5],12:i:-) de Salmonella enterica sérotype Typhimurium dans des foies de poulets réfrigérés ; présence de Salmonella enterica sérotype Napoli dans des huîtres de France et présence de Salmonella enterica sérotype Senftenberg dans un gâteau au colza bio de France.
  • Une notification pour des huîtres de France pour cause de dénombrement trop élevé de E. coli.
  • Une notification pour présence d’ergot de seigle dans de la farine de France (alimentation animale).
  • Une notification pour la présence de gluten gluten (70 mg/kg) non mentionné sur l’étiquetage de cumin moulu d’Espagne, conditionné en France.
  • Une notification pour la présence de l'allergène lait non déclaré sur l'étiquetage de chocolat fondant de France.
  • Une notification pour présence de patuline dans du jus de pomme de France.
Nouveautés DGCCRF 2020
Depuis janvier 2020, la DGCCRF semble avoir arrêtée d’informer les consommateurs à propos des rappels de produits alimentaires en 2020 … car aucun rappel de produit alimentaire n’a pas été rapporté ; le préposé est sans doute parti sans laisser d'adresse …

Dans la catégorie, on n'est jamais si bien servi que par soi-même, selon ce tweet, « L’application SignalConso, une application de la DGCCRF récompensée par le 3e prix de l’Innovation remis par la secrétaire générale du ministère de l'économie. »
On lira ce que je pense de SignalConso, ici.

Nouveautés ministère de l'agriculture 2020
En janvier 2020, silence radio du ministère de l’agriculture sur les toxi-infections alimentaires collectives suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus, cela ne devait pas être une alerte sanitaire … avec un zéro pointé en termes d’avis de rappel … on ne va pas quand même communiquer sur des cas de gastro !

En janvier 2020, dans un article du ministère l’agriculture sur le « Panier de janvier - Quels sont les produits du début d'année ? », dans les produits de la mer, on ne trouve pas trace des huîtres, moules, etc., étonnant, non ? C’était déjà la même chose pour novembre et décembre 2019 …

Et que dire des gesticulations électorales du ministre de l'agriculture qui entend se présenter aux municipales à Biarritz, c'est son droit, mais tout en restant à temps plein ministre de l'agriculture …
« Ce ministre qui sème la zizanie », titre de son coté Le Parisien.fr (22 janvier), qui consacre une quasi pleine page au ministre de l’Agriculture. « Un article qui a visiblement agacé Didier Guillaume : il l’a évoqué, sans le citer, au cours de ses vœux à la presse. » (source blog Olivier Masbou) ; au final cette « zizanie » va cesser, car « Didier Guillaume renonce à la mairie de Biarritz », quelle perte de temps … mais ce n'est pas franchement une bonne nouvelle pour les agriculteurs et dune façon plus générale pour les citoyens de ce pays.

Organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments en France
Il a été souhaité en haut lieu une nouvelle organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments en France ...

Je vous en avais parlé ici le 15 janvier … avec notamment « La délégation au privé de tâches à faible valeur ajoutée est également préconisée par les corps d’inspection. », entendez par là, vraisemblablement, les inspections des restaurants et des entreprises de remise directe au consommateur ainsi que des entreprises alimentaires certifiées par des organismes privés tierce partie … mais aussi les prélèvements pour les plans de contrôle et les plan de surveillance … on brade ...

Comme le rapport est 'secret', ce qui a été dévoilé ne sont que des informations à prendre au conditionnel. Il est aussi dénoncé dans Miroir Social du 17 janvier 2020, les « Fuites organisées du rapport sur l’organisation des contrôles de sécurité sanitaire des aliments ».

Notons une information rapportée par le directeur général de l'alimentation dans un article du 6 janvier intitulé, « Les défis de la Direction générale de l'alimentation pour 2020 » :
La mission inter-inspections sur l’organisation des contrôles relatifs à la sécurité sanitaire des aliments a rendu son rapport récemment. La mission était mandatée pour faire une analyse critique du dispositif existant afin de le rendre plus efficace et plus lisible pour les citoyens et les entreprises. Les conclusions de la mission doivent désormais être analysées avant que les arbitrages ne soient rendus.
On se sent tout de suite mieux informer, quelle langue de bois ...

Ma position sur cette organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments en France est simplissime, sans nouveau moyens humains publics, rien n’ira correctement !

Conclusion
La conclusion nous vient des Etats-Unis, et c'est à méditer, avec cet article du 17 janvier 2020 paru dans Food Safety News, « La décision de l'USDA d'externaliser les inspections est la recette d'un désastre » (USDA move to outsource inspections is recipe for disaster).

L’année 2020 commence donc, à mon sens, sous de mauvais auspices pour la sécurité des aliments en France !

jeudi 2 janvier 2020

La Pologne, les volailles et Salmonella, une situation inextricable


Depuis un certain nombre d’années, quatre à cinq ans, voire plus, la Pologne rencontre des problèmes récurrents avec Salmonella que ce soit au niveau de ses volailles que de ses œufs sans oublier, en octobre 2016, les steaks hachés surgelés de Pologne destinés à une banque alimentaire de France

Voici que « La Pologne tente de lutter contre Salmonella dans la volaille », source article de Joe Whitworth paru le 2 janvier 2020 dans Food Safety News.

Avant d’aborder l’article proprement dit quelques éléments contextuels sur la Pologne en 2019 : le pays est devenu le premier pays de l’UE avec le plus de notifications pour les produits d’origine Pologne avec 300 notifications au RASFF de l’UE versus 185 en 2018, c’est dire …

La Pologne a ravi cette première place à la France qui, en 2018, était en tête avec 215 notifications au RASFF de l’UE versus 191 en 2019 (désormais à la deuxième place de ce classement atypique) ...

La Pologne tente de lutter contre le nombre élevé et croissant d'alertes liées à Salmonella dans les produits de volaille fabriqués dans le pays.

La DG Sante, l'unité de la Commission européenne chargée de la politique de sécurité sanitaire des aliments et de la santé, a cherché à savoir si la production et la mise sur le marché de volailles étaient conformes à la législation de l'UE et a fait état de constatations principalement positives.

L'audit en Pologne en mars et avril 2019 a inclus des visites dans un laboratoire vétérinaire régional, six abattoirs et sept ateliers de découpe. Les établissements à faible risque sont soumis à des contrôles une fois tous les 12 mois; les sites à risque moyen en ont une fois tous les six mois et les usines à haut risque une fois tous les trois mois.


Le plan officiel de prélèvements détecte plus souvent Salmonella
Entre janvier 2016 et mars 2019, 181 notifications du système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) (44 en 2016; 50 en 2017; 65 en 2018 et 22 jusqu'en mars) concernaient la Pologne et Salmonella dans les produits de viande de volaille.

Un nombre impressionnant de 170 notifications au RASFF (ce chiffre est en fait encore plus impressionnant avec 194 notifications d’alerte -aa) concernait Salmonella et de la viande de volaille de Pologne en 2019 avec des sérotypes comprenant Enteritidis, Typhimurium, Infantis, Newport, Kentucky et Bredeney.

Sur la base des informations fournies par les autorités pour le premier semestre 2018, si Salmonella est présent, la probabilité de détecter ce pathogène dans le plan de prélèvements de l'entreprise est trois fois plus faible que lors du plan officiel de prélèvements. Ces données indiquent pour le second semestre 2018 une probabilité 2,5 fois plus faible.

Les autorités ont mis en place des procédures officielles de prélèvements spéciales au niveau des abattoirs pour vérifier la fiabilité de l'échantillonnage des autocontrôles des entreprises, qui donnent des taux de détection de Salmonella beaucoup plus faibles. Ils ont également revu les laboratoires privés agréés pour trouver la cause première de l'augmentation des notifications au RASFF.

L'Institut national de recherche vétérinaire (PIWet Puławy) a inspecté sept laboratoires privés effectuant des analyses pour des abattoirs de volaille. Après ces vérifications, cinq ont vu l'approbation pour les analyses de détection de Salmonella spp. retirée.

Selon le rapport d'audit, bien que les mesures de suivi des notifications au RASFF et des incidents alimentaires aient été rapides et complètes, elles n'ont généralement pas été efficaces pour prévenir la réintroduction de Salmonella dans la chaîne de transformation de la viande de volaille.

Un audit précédent avait mis en évidence des lacunes dans l'application des mesures nationales dans les établissements de production à faible volume : insuffisances sanitaires au niveau du site non détectées lors des inspections par les autorités, supervision et contrôle insuffisants de l'utilisation des additifs alimentaires et étiquetage des viandes séparées mécaniquemen et des problèmes liés aux mesures prises par les autorités en cas de résultats positifs dans les analyses officielles de Salmonella.

Lors de la dernière visite, dans un abattoir de sauvagine (oiseaux aquatiques sauvages) et de poulets de chair avec une usine de découpe et un établissement de produits à base de viande, l'équipe d'audit a noté que les capacités approuvées ne permettaient pas un nettoyage et une désinfection adéquats ou ne fournissaient pas un espace de travail requis pour la performance hygiénique des opérations.

En outre, la dernière modification d'une décision d'approbation en mars 2018 a permis à l'entreprise d'augmenter sa capacité d'abattage et de transformation malgré plusieurs notifications au RASFF dues à Salmonella et une à Campylobacter en 2017 et 2018.

Les vétérinaires autorisés paient les problèmes rencontrés
Selon les données officielles des plans de prélèvements de 2017, 1 119 lots de viande de volaille fraîche, y compris les carcasses, ont été analysés pour Salmonella spp. dont 118 n'étaient pas conformes car 55 étaient positifs pour Salmonella Enteritidis ou Typhimurium.

Le laboratoire officiel régional a analysé 780 échantillons officiels de produits de viande de volaille pour les critères microbiologiques en 2018 et 107 n'étaient pas conformes.

Dans deux usines de produits de viande de volaille visitées, il y avait de sérieuses exigences structurelles et d'hygiène qui n'avaient pas été détectées ou corrigées par aucun niveau des autorités de contrôle.

Selon le rapport d'audit, le nombre d'agents officiels en baisse, leurs bas salaires et la rémunération liée à la production des vétérinaires autorisés impactent l'application de la législation de l'UE.

L'équipe d'audit a été informée que le nombre de vétérinaires autorisés impliqués dans les contrôles officiels des établissements de viande était de 3 318 en 2018 et est resté constant entre 2016 et 2018. Cependant, au cours de la même période, le nombre de vétérinaires officiels permanents a diminué de 141, la plupart d'entre eux (90 ) dans les districts, de 2172 en 2016 à 2031 en 2018.

Un responsable de la sécurité des aliments devait superviser 45 établissements agréés avec une fréquence minimale de contrôles de une à quatre fois par an et un autre approuvé pour l'exportation aux États-Unis nécessitant un audit mensuel de deux jours et 262 entités alimentaires. Le fonctionnaire doit également participer à des audits au niveau régional de deux jours tous les trois mois et superviser 30 vétérinaires autorisés assignés dans le district.

Les vétérinaires autorisés sont payés en fonction du nombre d'animaux inspectés ou de la quantité de viande introduite dans l'atelier de découpe qu'ils supervisent. Si l'établissement est arrêté pour une raison quelconque, ils ne sont pas payés pour cette période. Ce système de paiement sape leur indépendance dans des situations où les mesures d'exécution nécessaires à prendre sur place incluraient l'arrêt des opérations d'abattage.

mardi 15 octobre 2019

Charcuterie allemande contaminée par Listeria et communication en retard de nos autorités sanitaires, as usual?


Le blog signale régulièrement des retards et des manques de transparence de nos autorités sanitaires quant il s’agit de rappels de produitt alimentaires.

Pas plus tard que le 2 octobre, je signalais dans « Il paraît que le réseau d’alerte rapide de l’UE (RASFF) est rapide, il paraît … », les retards de la part de la DGCCRF dans la publication des avis de rappel.

Le 10 octobre 2019, un avis de rappel émis par la DGCCRF concernant une boisson Chupa Chups fraise.
J'avais indiqué presque'un mois à l'avance dans cet article le rappel de Chupa chups drink strawberry de la marque Chupa Chups, contenant l’allergène lait non mentionné sur l’emballage. Ce produit a été distribué en France comme le rapporte cette notification de la Belgique au RASFF de l’UE le 17 septembre

Je souhaite bien du plaisir à Food Watch qui rapporte, selon LCI
« Un manque de « transparence » de la part des autorités françaises au sujet de l'importation de saucisses allemandes, produite par la société Wilke ? »
L’affaire concerne « Des saucisses allemandes contaminées à la listeria ont été importées en France, alerte Foodwatch »
C'est ce que dénonce l'ONG Food Watch, qui réclame mardi 15 octobre une communication publique de la part des autorités sanitaires françaises.
Si l'affaire a été portée à la connaissance du public par Foodwatch, c'est que ces produits ont été importés et commercialisés dans « au moins deux départements français : l'Ille-et-Vilaine et la Moselle ». Si « des rappels ont été opérés localement avec des affichettes », avec le concours de Santé publique France et la Direction des alertes sanitaires du ministère de l'Agriculture, l'ONG juge « insuffisante » cette réaction. Elle réclame ainsi que la Direction générale de l'alimentation (DGAL), publie l'intégralité « des produits importés et commercialisés », ainsi que les points de vente concernés.
De son côté, le ministère de l'Agriculture, contacté par l'AFP, a souligné qu'il n'y avait « pas de cas humains en France ». Et a assuré que « tous les produits issus de l'entreprise allemande Wilke ont été signalés via le RASFF (réseau d'alerte européen) par les autorités compétentes allemandes selon les procédures habituelles ». Une alerte « relayée par la DGAL [...] pour une action de retrait ciblée. Les produits sont pour l'heure tracés et donc retirés dans les meilleurs délais », a poursuivi le ministère. 
Ce scandale alimentaire, conclut l'AFP, concerne potentiellement près d'une trentaine de pays en Europe et dans le monde, où Wilke exportait et commercialisait ces produits.

Le blog a parlé de cet affaire le 4 octobre 2019 sans que cela ne déclenche de buzz. En effet, suite à un article, « Allemagne : Une usine de viande liée à une épidémie à Listeria arrête sa production ».

J’indiquais « Aura-t’on des nouvelles en France ? » dans la mesure où une notification d’alerte au RASFF de l’UE a été faite le 3 octobre 2019 par l’Allemagne et que la France est sur la liste des pays où les produits allemands ont été distribués.

Un autre article du blog signalait que c’est via le RASFF que la France a demandé des informations le 4 octobre 2019 sur le résultat des investigations et des mesures prises. On n'en saura pas plus, ce doit être classé 'secret défense' ... mais n’a pas comme à son habitude communiquer sur le sujet … contrairement à deux pays voisins, le Luxembourg et la Belgique …

Au Luxembourg, il y a eu, un communiqué du 7 octobre 2019, « Deux épisodes de cas de maladie alimentaire groupés, causés par Listeria monocytogenes en Allemagne et aux Pays-Bas. Mesures prises par les autorités de sécurité alimentaire luxembourgeoises » qui a été suivi le 11 octobre par une mise à jour concernant les « Résultats des analyses des échantillons officiels pris par les services de contrôle au Luxembourg ».

Il faut dire, que pour compliquer les choses, aux Pays-Bas, il y a aussi des cas groupés de Listériose liés à du « Rosbif cuit » (100 g) de la marque Délifin provenant d’une entreprise néerlandaise, Offerman, où une contamination à Listeria a été rapportée.

Signalons dans ce contexte que l’AFSCA de Belgique a publié le 9 octobre 2019 un rappel de charcuterie de volaille d’Allemagne avec le fameux code « DE EV 203 EG », qui identifie le fabricant quelle que soit la marque. Et a diffusé la liste des points de vente. Autant d’aspects que le communiqué du ministère de l’agriculture ne rapporte pas ...

En effet, tous les produits fabriqués par l’entreprise allemande Wilke précitée ont été rappelés. Les autorités allemandes mettent à jour un document long de 13 pages sur les produits concernés. Ils sont reconnaissables à la marque d'identification ovale « DE EV 203 EG », qui identifie le fabricant quelle que soit la marque.

Ce que l’on reproche à nos autorités sanitaires, et Food Watch a raison, c’est l’absence d’information et de transparence, mais ce n’est pas une nouveauté, loin s’en faut !

Enfin, vient d'être publié un communiqué du 15 octobre 2019 du ministère de l’agriculture, sous pression semble-t’il, « Listéria : le point sur les saucisses importées d'Allemagne en France » :
Le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation a été alerté le 2 octobre 2019 sur l'importation en France de saucisses contaminées par la Listéria. Ces produits sont tracés et retirés de la vente. Aucun cas humain n'est à déplorer en France.

Sauf erreur de ma part, je maintiens que la date initiale de la notification est le 3 octobre, voir ce lien.
Les produits contaminés, issus de l'entreprise allemande Wilke, ont été signalés via le RASFF (réseau d'alerte européen) par les autorités compétentes allemandes selon les procédures habituelles. Tous les produits fabriqués par cette entreprise sont visés par les mesures de retrait et de rappel.

Oui mais la réaction des Etats-membres est souvent à géométrie varaible, l'affaire du fipronil l'avait bien montré ... 
À l'échelle nationale, ces alertes sont relayées par la Direction générale de l'Alimentation du ministère via le système interne de communication avec les Directions départementales de la protection des populations (DDPP) pour une action de retrait ciblée.
Les DDPP s'assurent de l'effectivité des mesures de retrait / rappel dans leur département respectif (07, 25, 29, 35, 44, 57, 67, 68, 72, 75, 95). Ainsi, depuis le 2 octobre, les autorités allemandes ont transmis 11 tableaux avec des listes de destinataires. Il s'agit principalement de restaurants commerciaux, hôtels, traiteurs, associations, charcuteries, une péniche de croisière, deux maisons de retraite. Dans la plupart des cas, le distributeur avait prévenu ses clients et le retrait avait été mis en place aussitôt.

Cela concerne 11 départements et non pas deux comme indiqué dans l'article de LCI.

Très franchement, j’ai des doutes sur cet envoi le 2 octobre de 11 tableaux avec des listes de destinataires
Les quantités distribuées en France sont faibles, elles ne représentent que quelques kilos de marchandise selon les établissements. À ce jour, aucun malade en lien avec cette alerte n'a été identifié.

Je vous laisse apprécier ce que signifie quelques kilos de marchandise, qui peuvent contaminer pas mal de consommateurs ...

Le communiqué rappelle les actions engagées :
  • le blocage des produits sur les sites concernés et le rappel par affichette des produits ont été effectués par les professionnels ;
  • la vérification de traçabilité à partir de ces établissements est en cours en complément ;
  • la DGAL est en contact avec les Centres nationaux de référence de lInstitut Pasteur et Santé publique France car la listériose est une maladie à incubation longue.
Les actions engagées montrent que le risque n’est pas écarté puisqu’il y a des vérifications de traçabilité. Par ailleurs, le délai d’une listériose peut aller jusqu’à 60 jours ...

Mise à jour du 16 octobre 2019. Une information fournie par Oulah,selon Ouest-France du 15 octobre 2019, Ille-et-Vilaine. Trois kilos de salami contaminé à la listeria vendus chez des détaillants.

Mise à jour du 17 octobre 2019. Un article de 60 Millions du 16 octobre 2019 rapporte notamment, 
... déposer des affichettes est loin d’être satisfaisant, car elles sont rarement vues par les clients. 60 Millions réclame depuis longtemps une amélioration des dispositifs d’information sur les rappels de produits.
60 Millions a mille fois raisons, mais comment se faire entendre ?