vendredi 21 février 2020

Epilogue provisoire des foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liés à des coquillages crus en France : Norovirus inside !

Santé publique de France publie dans Eurosurveillanceun article, « Large commitant outbreaks of acute gastroenterits emergency visits in adults and food-borne event suspected to be linked to raw shellfish, France, December 2019 to January 2020 » ou Importante épidémie liée à des visites aux urgences pour gastro-entérites aiguë chez des adultes et foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liés à des coquillages crus en France de décembre 2019 à janvier 2020.

Avant de citer des éléments de l'article proprement dit, permettez-moi de situer le contexte …

Santé publique de France nous explique que « Les gastro-entérites aiguës (GEA) hivernales sont souvent virales. Une recrudescence est observée chaque année, en France, comme en Europe, générant une augmentation des consultations médicales pour GEA. »

Par ailleurs, selon une étude de Santé publique de France en population générale réalisée de mai 2009 à avril 2010 en France métropolitaine a estimé que plus de 21 millions d’épisodes de gastro-entérites aiguës virales survenaient chaque année en France.

Si l'on se réfère à un article du BEH de janvier 2018 à propos des infections d'origine alimentaires en France métropolitaine,
Les norovirus apparaissent responsables du plus grand nombre de cas (517 593 cas, soit 34% du nombre total de cas d’origine alimentaire) ; ils sont au 3e rang en nombre d’hospitalisations (3 447 hospitalisations, 20% du nombre total d’hospitalisations pour infection d’origine alimentaire) et au 7e en nombre de décès.

On lira aussi cet article du blog du 13 janvier 2020, Coquillages et norovirus inside !

Autre aspects, les communiqués de Santé publique de France :
  • le 3 janvier 2020, communiqué de Santé publique de France, 668 personnes contaminées, communiqué aujourd'hui disparu, mais heureusement le blog est là, voir ici, mais pas de communiqué sur le site du ministère de l'agriculture … comprenne qui pourra ?
  • le 10 janvier 2020, communiqué de Santé publique de France, « Toxi-infections alimentaires collectives suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus, bilan épidémiologique au 8 janvier 2020 », 1 033 personnes contaminées, voir aussi le blog, ici, mais toujours pas de communiqué sur le site du ministère de l'agriculture …

Autre aspect inquiétant de ces « foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liés à des coquillages crus en France de décembre 2019 à janvier 2020 », le ministère de l'agriculture n'a fait part d'aucun avis de rappel, laissant le job aux distributeurs et aux entreprises alimentaires ...

Mais là aussi, il y a un souci car apparemment tous les distributeurs ne semblent pas vendre de coquillages en fin d'année, étonnant, non ? car certains n'ont procédé à aucun rappel ...

Pour les avis de rappel, d'après Ouah!, la référence en la matière, en décembre 2019, il n'y a pas eu de rappels de coquillages, mais en revanche 34 en janvier 2020 ; le sujet des rappels ne s'est pas clos avec janvier 2020, car comme l'indique Oulah!, il y a eu 1 rappel en février 2020.

Enfin au niveau des notifications au RASFF de l'UE, il y a eu 2 notifications en décembre 2019, mais aucune notification par la France.
En janvier 2020, il y a eu 28 notifications pour des coquillages de France, dont 4 notifications par la France. Enfin en février 2020, il y a eu 6 notifications au RASFF de l'UE dont 0 notification par la France. La dernière notification date du 20 février ...

Pour situer le contexte, il y a eu 35 notifications au RASFF de l'UE en 2018 pour la présence de norovirus dans des coquillages de France, dont trois notifications par la France. En 2019, léger mieux avec 8 notifications pour la présence de norovirus, dont 2 les 9 et 12 décembre 2019 ; sur ces notifications de 2019, 1 notification a été faite par la France.

Notons que ces « foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liés à des coquillages crus en France de décembre 2019 à janvier 2020 » se sont également poursuivis en février chez d'autres Etats membres de l'UE. Le nombre de foyers de TIAC est pour l'instant inconnu ...

Last but not the least, l'article d'Eurosurveillance précité signale qu'il y aura au moins une suite. En effet, les auteurs prévoient d'« estimer l'excès de cas de maladies gastro-intestinales qui a eu lieu pendant la période de Noël et du Jour de l'An via les données de l'assurance maladie qui seront disponible d'ici trois mois. »

Espérons aussi qu'une version française de cet article paraîtra très prochainement.

Dans cette attente, le blog vous propose quelques éléments de cet article :
Le 27 décembre 2019, Santé publique France, l'Agence française de santé publique a identifié grâce à son système de surveillance syndromique (SurSaUD), une forte augmentation du nombre de visites pour des maladies gastro-intestinales, principalement des gastro-entérites aiguës (GEA) et des vomissements enregistrés le 26 décembre 2019.
Cela a été constaté à la fois dans les services d'urgence départementaux du réseau de l'Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (OSCOUR) et dans les associations de médecins généralistes (MG) qui assurent les visites à domicile, SOS Médecins.
Parallèlement, les 26 et 27 décembre, un nombre anormalement élevé de foyers de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) suspectées d'être liées à la consommation de coquillage crus ont été signalées à Santé publque de France via le système de surveillance obligatoire. Nous décrivons ici ces épidémies concomitantes et les résultats des investigations.
Alerte d'une épidémie de gastro-entérites
Le nombre de visites pour GEA et vomissements par les services d'urgence départementaux et l'association de médecins généralistes pour des visites à domicile a considérablement augmenté les 26 et 27 décembre ( respectivement, n = 3 925 et 4 896) en France métropolitaine et en Corse chez des personnes de 15 ans et plus, par rapport à la nombre moyen de visites quotidiennes du 1er au 25 décembre 2019 (n = 1 161).
Parallèlement, les 26 et 27 décembre, 43 foyers de TIAC suspectés d'être liés à la consommation de coquillages crus, principalement des huîtres, ont été signalés à Santé publique de France via le système de surveillance obligatoire. Ce nombre était inhabituellement élevé par rapport aux années précédentes. Depuis 2006, entre 3 et 22 foyers de TIAC liés à la consommation de coquillages crus ont été déclarés par an en décembre.
Le ministère français de la santé a été informé le 27 décembre 2019 de l'augmentation du nombre de consultations pour GEA observées via le système de surveillance syndromique, ainsi que du nombre inhabituel de foyers de TIAC signalant un lien suspect avec des coquillages crus.
 Description des foyers de TIAC suspectés d'être liés à la consommation de coquillages crus
Au total, du 11 décembre 2019 au 22 janvier 2020, 197 foyers de TIAC suspectés d'être liés à la consommation de coquillages crus ont été signalés. Les cas ont été définis comme toute personne présentant des symptômes de gastro-entérite dans le cadre d'un foyer de TIAC. Les 197 foyers de TIAC signalés ont touché 1 121 personnes, dont 25 (2,2%) ont été hospitalisées. Aucun décès n'a été signalé. Les cas concernaient principalement des personnes de 15 ans et plus (96,8%; 695/719 cas avec des informations sur l'âge disponibles). Ces foyers de TIAC se sont produits dans toutes les régions de France métropolitaine (aucune foyer de TIAC n'a été notifiée en Corse). Les dates des repas suspects variaient du 3 décembre 2019 au 1er janvier 2020, avec un pic les 24 et 25 décembre (57,4%; 113/197).
Un deuxième pic, plus faible, a été observé le 31 décembre 2019 et le 1er janvier 2020, avec 22 foyers de TIAC signalés (11,2%). Le début des symptômes a varié du 4 décembre 2019 au 3 janvier 2020, avec un pic le 26 décembre. Les symptômes, principalement la diarrhée et les vomissements, et la période d'incubation étaient compatibles avec norovirus ou d'autres infections virales entériques.
Les investigations épidémiologiques entreprises par l'ARS et par les Directions départementales en charge de la protection des populations ont suspecté des coquillages crus, principalement des huîtres, comme une exposition commune des cas dans chacun de ces foyers de TIAC.
L'augmentation de l'activité observée grâce au système de surveillance syndromique étant concomitante à une forte augmentation de foyers de TIAC soupçonnée d'être liée à la consommation de coquillages crus, les événements semblent être liés.
Plusieurs éléments suggèrent que les foyers de TIAC, en plus de l'activité de GEA saisonnière typique, a contribué au pic observé de consultations: (i) l'augmentation très soudaine et forte des visites médicales d'urgence pour les maladies gastro-intestinales suggère des sources communes de contamination par rapport à une transmission d'humain à humain qui aurait été caractérisée par une plus grande diffusion dans la courbe; (ii) le moment des pics pendant les vacances de Noël et du Nouvel An où les huîtres sont plus consommées en France; (iii) l'augmentation concerne principalement les personnes de 15 ans et plus, des individus plus susceptibles de manger des coquillages que les enfants.
Par ailleurs, l'activité de GEA et des vomissements, ainsi que le nombre de notifications des foyers de TIAC ont diminué après le début de la nouvelle année, qui a coïncidé avec la fin de la période des fêtes et donc moins de consommation d'huîtres, ainsi que la fermeture des sites de récolte contaminés.
Rappelons que certains sites de production et de récolte ont été fermés dès le 21 décembre (Morbihan) puis d'autres arrêtés préfectoraux ont suivis… -aa.
Plusieurs foyers de TIAC à norovirus liés à la consommation de coquillages crus ont été décrits au cours des années précédentes pendant les périodes hivernales. Parallèlement, plusieurs pays européens ont signalé des intoxications alimentaires et des contrôles positifs à norovirus sur des lots de coquillages crus exportés de France et provenant de sites de récolte qui ont ensuite été fermés. Au 18 février 2020, deux notifications RASFF supplémentaires ont été publiées par la France les 22 et 24 janvier 2020 concernant une éventuelle contamination par norovirus dans des mollusques bivalves et des mesures de retrait ultérieures (RASFF 2020.0307 et 2020.0362) .En outre, entre le 14 janvier et le 10 février, 18 notifications au RASFF ont été publiés par cinq pays de l’Union européenne (Italie, Pays-Bas, Danemark, Suède et Finlande) concernant la contamination par norovirus d'huîtres vivantes de France (RASFF 2020.0217, 0223, 0292, 0345, 0375, 0431, 0445, 0450, 0458, 0482, 0483, 0498, 0504, 0564, 0571, 0626, 0638, 0654).
Comme vu plus haut, ces chiffres sous-estiment grandement les notifications au RASFF de l'UE : 2 en décembre 2019, 28 notifications en janvier 2020 et 6 en février 2020… -aa.
Aucune circulation d'une nouvelle souche ou variant de norovirus émergent n'a été identifiée par le Centre national de référence (CNR), ce qui aurait pu expliquer l'augmentation observée des GEA au cours de la saison d'hiver en cours. Au 18 février 2020, 28% de toutes les souches identifiées au CNR étaient du génogroupe GI, la même proportion que lors de la saison d'hiver précédente.
Étant donné que les proportions d'hospitalisations après la sortie des urgences et à la suite d'un foyer de TIAC étaient faibles, rien n'indique une maladie grave associée liée à ces éclosions. Une étude précédente estimait que 33,4% des cas de,GEA avaient consulté un médecin et 0,2% étaient allés aux urgences. Par conséquent, le nombre total de cas a été probablement sous-estimé, car de nombreuses personnes atteintes de GEA ne consultent pas pour leurs symptômes bénins.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour estimer l'ampleur de l'épidémie et évaluer la proportion de cas pouvant être attribués à une intoxication alimentaire après la consommation de coquillages crus. Nous prévoyons d'estimer le nombre excessif de cas de maladies gastro-intestinales survenus pendant la période de Noël et du Nouvel An en utilisant les données de l'assurance maladie qui seront disponibles dans les 3 mois.
La grande quantité de foyers de TIAC signalée soupçonnée d'être liée à la consommation de coquillages crus suggère une contamination étendue des sites de récolte. À la suite de la notification de foyers de TIAC, 31 sites de récolte ont été fermés en raison de la contamination par norovirus, un nombre anormalement élevé par rapport aux années précédentes (11 en janvier 2018 et deux en janvier 2019). Des études antérieures ont montré que la contamination des huîtres par norovirus est généralement liée à une combinaison de conditions environnementales, y compris de fortes pluies avant la récolte. De fortes précipitations peuvent conduire à un débordement des stations d'épuration puis à une contamination fécale de l'eau. En décembre 2019, des précipitations inhabituellement fortes ont été enregistrées sur le territoire métropolitain, ce qui peut avoir contribué à la contamination des sites de récolte par des norovirus humains.
Une étude plus approfondie des facteurs de contamination à grande échelle des zones de production de mollusques doit être menée, en particulier en explorant les données sur les précipitations, les incidents de débordement des usines de traitement des eaux usées et les données sur la contamination fécale de l'eau sur ces sites de production. Cela contribuera à une meilleure compréhension des variables affectant la contamination des mollusques et pourrait être utilisé par les décideurs pour mettre en place des systèmes d'alerte précoce afin de prévenir la récurrence de tels épisodes.
RéférenceFouillet Anne, Fournet Nelly, Forgeot Cécile, Jones Gabrielle, Septfons Alexandra, Franconeri Léa, Ambert-Balay Katia, Schmidt Jeannot, Guérin Patrick, de Valk Henriette, Caserio-Schönemann Céline. Large concomitant outbreaks of acute gastroenteritis emergency visits in adults and food-borne events suspected to be linked to raw shellfish, France, December 2019 to January 2020. Eurosurveill. 2020;25(7):pii=2000060. 

Je suis d'accord pour que des systèmes d'alerte précoce soient mis en place … mais quand, comment, par qui ?

Je pense aussi qu'un site Internet unique aurait été le bienvenue pour éviter une cacophonie dans les informations et les avis de rappel ...

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