mardi 15 octobre 2019

A propos du riz en plastique


Le journal Libération du 24 mai répondait à la question « Qu'est ce que c'est que cette histoire de riz en plastique qu'on croise régulièrement sur le Web (lien signalé sur Facebook) ».

Le 30 mai 2019, le journal vespéral rapportait Les « aliments en plastique chinois », une rumeur tenace. De nombreuses vidéos laissent à penser que la Chine produit de la nourriture en plastique. Il n’en est rien.

Voici donc ce qu'il en est avec « Le riz dit en plastique aurait pu être la vraie affaire, mais en fait c'est du riz stocké depuis une décennie »,source article de Joe Whitworth paru le 15 octobre 2019 dans Food Safety News.

Les articles sur le « riz en plastique » sont probablement incorrects, selon un expert en fraude alimentaire, affirmant qu'il pourrait s'agir en fait de riz mal stocké depuis une dizaine d'années.

Chris Elliott, professeur en sécurité des aliments et fondateur de l’Institute for Global Food Security à l’Université Queen’s de Belfast, a déclaré qu’il enquêtait sur la fraude en matière de riz depuis plusieurs années.

« Tout cela a commencé avec beaucoup d’articles venant de différentes parties du monde sur ce qu'on appelait du riz en plastique. Les gens prétendaient qu'on leur vendait du riz en plastique. En étant quelqu’un qui étudie la fraude alimentaire, cela m'intéressait beaucoup », a-t-il confié à Food Safety News, alors qu'il se trouvait à Edimbourg, pour rencontrer le responsable de la Scottish Food Crime and Incidents Unit (SFCIU).

« La première chose, lorsque nous avons examiné les données économiques, actuellement le plastique coûte plus cher que le riz, et donc, vous savez qu'il n'est pas en plastique. Vous pensez alors pourquoi les gens pensent-ils qu’ils mangent du riz en plastique? Nous avons mis beaucoup de temps à découvrir ce qui se passait et nous avons passé beaucoup de temps en Asie du Sud-Est à poser de nombreuses questions. »

« Le riz en plastique n'est pas fabriqué à partir de plastique, c'est du riz qui a été stocké pendant une période allant jusqu'à 10 ans et qui n'a pas été stocké de manière particulièrement satisfaisante. Le riz était gravement contaminé par des moisissures et au lieu de cette belle couleur blanche, il était devenu une couleur verte désagréable. Les fraudeurs avaient alors fait sortir ce riz des magasins et l'ont blanchi pour qu’il retrouve sa couleur blanche. »

« Le seul problème était que lorsque vous blanchissez du riz, il perd sa belle surface brillante. Pour la récupérer, il doit être aspergé de cire de paraffine. Avec ce revêtement de paraffine, il ne cuit pas correctement, d’où son nom «riz en plastique ». »

Analyse sur smartphone
L’université essaie de mettre au point des tests analytiques rapides depuis deux ans pour que les gens puissent détecter la différence entre le riz authentique et le produit mal traité en termes de produits chimiques.

« La science et la technologie peuvent détecter et dissuader la fraude alimentaire », a expliqué M. Elliott.

« En ce qui concerne mon propre travail à la Queen’s University, nous examinons comment nous pouvons utiliser ce que nous avons tous en poche pour détecter la fraude alimentaire. Donc, faire beaucoup d'analyses basées sur un smartphone. En utilisant les empreintes digitales des aliments, nous pouvons construire ces modèles mathématiques de ce à quoi l’empreinte digitale des aliments devrait ressembler. Il y a six semaines à peine, je me trouvais sur un marché ghanéen à la recherche de fraude concernant le riz à l'aide de mon smartphone. »

Elliott a dit que l'Europe dispose d'un bon réseau de sécurité des aliments afin que les gens n'essaient pas de vendre des produits de très basse qualité dans la région, car les systèmes les captureraient. 

« Au Royaume-Uni et dans l’ensemble de l’Europe, nous n’avons pas besoin des consommateurs pour vérifier si nos aliments ont été produits frauduleusement. Nous avons une excellente infrastructure composée d’agences gouvernementales et une industrie alimentaire fantastique qui font tout cela pour nous », a-t-il dit.

« Ce que nous voulons faire, c'est donner ces outils à des personnes de l'industrie alimentaire, à des inspecteurs du gouvernement et à des agents de la santé environnementale, pour qu'ils vérifient pour nous. Dans les pays en voie de développement, la situation est très différente, car cette infrastructure n’existe pas dans ces pays. Nous voulons que les consommateurs disposent de ces outils pour prendre des décisions éclairées. »

«Le riz en plastique est vendu à des régions du monde qui n’ont pas ces contrôles et ces mesures. Ce n’est pas seulement en Asie du Sud-Est; en Afrique subsaharienne, cela se produit régulièrement là où il n'y a pas que du riz, mais ce qui est généralement vendu est les/ pire du pire. Tout ce qui ne peut pas aller en Europe à cause des normes de sécurité des aliments finira par être jeté en Afrique sub-saharienne. Cela est vendu dans des pays où ils ne disposent pas des mesures nécessaires pour vérifier et tester ces produits. »

Elliott a dirigé l'examen indépendant du système alimentaire britannique à la suite du scandale de la viande de cheval en 2013 et est co-coordinateur de EU-China-Safe, un projet européen Horizon 2020 qui se poursuivra jusqu'en août 2021. Seize participants de l'UE et 17 de la Chine ont pour objectif améliorer la sécurité des aliments et lutter contre la fraude.

Prévisions et problèmes causés par le Brexit
Il faut beaucoup de travail pour essayer de prédire quel pourrait être le prochain problème.

« Nous développons l’analyse prédictive, collectant de nombreuses informations provenant de différentes régions du monde », a déclaré Elliott.

« Réfléchissez à ce qui se passe avec notre climat et dans les échanges commerciaux de denrées alimentaires dans le monde entier pour tenter de prévoir les problèmes, les pénuries et la demande plus importante que la disponibilité des produits alimentaires. Ce n'est pas seulement pour guider nos recherches, mais nous informons l'industrie et les agences gouvernementales de ce que nous pensons que leur programme de surveillance devrait être dans pas plus de six mois ou un an plus tard. »

En ce qui concerne le Brexit, Elliott a dit qu'il ne s'agissait pas de savoir si cela causerait des problèmes, mais de déterminer leur importance.

« Dès que vous commencez à modifier les règles et les réglementations, cela donne une opportunité énorme aux personnes qui trichent et cela se produit dans le monde entier. Il y aura potentiellement une quantité énorme de fraude autour des tarifs car ils vont changer. Je pense que le potentiel de contrebande de la République d'Irlande vers l'Irlande du Nord et le reste de la Grande-Bretagne se produira également », a-t-il dit.

« L’autre grand facteur, ce qui me préoccupe encore plus, est que le Royaume-Uni sera coupé des réseaux européens établis qui partagent des informations et des renseignements. Les fraudeurs ne sont pas idiots, ils connaîtront le décalage entre le Royaume-Uni et l’Europe et maximiseront cette opportunité. »

« Il y aura également des difficultés sur le plan des relations informelles. Je sais que les organismes de réglementation du pays peuvent prendre le téléphone et parler à leurs homologues allemands ou français, mais est-ce que ce sera la même chose à l'avenir, j'en doute fort. Je ne pense pas que l'idée de quitter l'Europe soit sans heurts. Je pense qu'il faudra des années pour rétablir certaines de ces relations que nous avions naguère. »

Charcuterie allemande contaminée par Listeria et communication en retard de nos autorités sanitaires, as usual?


Le blog signale régulièrement des retards et des manques de transparence de nos autorités sanitaires quant il s’agit de rappels de produitt alimentaires.

Pas plus tard que le 2 octobre, je signalais dans « Il paraît que le réseau d’alerte rapide de l’UE (RASFF) est rapide, il paraît … », les retards de la part de la DGCCRF dans la publication des avis de rappel.

Le 10 octobre 2019, un avis de rappel émis par la DGCCRF concernant une boisson Chupa Chups fraise.
J'avais indiqué presque'un mois à l'avance dans cet article le rappel de Chupa chups drink strawberry de la marque Chupa Chups, contenant l’allergène lait non mentionné sur l’emballage. Ce produit a été distribué en France comme le rapporte cette notification de la Belgique au RASFF de l’UE le 17 septembre

Je souhaite bien du plaisir à Food Watch qui rapporte, selon LCI
« Un manque de « transparence » de la part des autorités françaises au sujet de l'importation de saucisses allemandes, produite par la société Wilke ? »
L’affaire concerne « Des saucisses allemandes contaminées à la listeria ont été importées en France, alerte Foodwatch »
C'est ce que dénonce l'ONG Food Watch, qui réclame mardi 15 octobre une communication publique de la part des autorités sanitaires françaises.
Si l'affaire a été portée à la connaissance du public par Foodwatch, c'est que ces produits ont été importés et commercialisés dans « au moins deux départements français : l'Ille-et-Vilaine et la Moselle ». Si « des rappels ont été opérés localement avec des affichettes », avec le concours de Santé publique France et la Direction des alertes sanitaires du ministère de l'Agriculture, l'ONG juge « insuffisante » cette réaction. Elle réclame ainsi que la Direction générale de l'alimentation (DGAL), publie l'intégralité « des produits importés et commercialisés », ainsi que les points de vente concernés.
De son côté, le ministère de l'Agriculture, contacté par l'AFP, a souligné qu'il n'y avait « pas de cas humains en France ». Et a assuré que « tous les produits issus de l'entreprise allemande Wilke ont été signalés via le RASFF (réseau d'alerte européen) par les autorités compétentes allemandes selon les procédures habituelles ». Une alerte « relayée par la DGAL [...] pour une action de retrait ciblée. Les produits sont pour l'heure tracés et donc retirés dans les meilleurs délais », a poursuivi le ministère. 
Ce scandale alimentaire, conclut l'AFP, concerne potentiellement près d'une trentaine de pays en Europe et dans le monde, où Wilke exportait et commercialisait ces produits.

Le blog a parlé de cet affaire le 4 octobre 2019 sans que cela ne déclenche de buzz. En effet, suite à un article, « Allemagne : Une usine de viande liée à une épidémie à Listeria arrête sa production ».

J’indiquais « Aura-t’on des nouvelles en France ? » dans la mesure où une notification d’alerte au RASFF de l’UE a été faite le 3 octobre 2019 par l’Allemagne et que la France est sur la liste des pays où les produits allemands ont été distribués.

Un autre article du blog signalait que c’est via le RASFF que la France a demandé des informations le 4 octobre 2019 sur le résultat des investigations et des mesures prises. On n'en saura pas plus, ce doit être classé 'secret défense' ... mais n’a pas comme à son habitude communiquer sur le sujet … contrairement à deux pays voisins, le Luxembourg et la Belgique …

Au Luxembourg, il y a eu, un communiqué du 7 octobre 2019, « Deux épisodes de cas de maladie alimentaire groupés, causés par Listeria monocytogenes en Allemagne et aux Pays-Bas. Mesures prises par les autorités de sécurité alimentaire luxembourgeoises » qui a été suivi le 11 octobre par une mise à jour concernant les « Résultats des analyses des échantillons officiels pris par les services de contrôle au Luxembourg ».

Il faut dire, que pour compliquer les choses, aux Pays-Bas, il y a aussi des cas groupés de Listériose liés à du « Rosbif cuit » (100 g) de la marque Délifin provenant d’une entreprise néerlandaise, Offerman, où une contamination à Listeria a été rapportée.

Signalons dans ce contexte que l’AFSCA de Belgique a publié le 9 octobre 2019 un rappel de charcuterie de volaille d’Allemagne avec le fameux code « DE EV 203 EG », qui identifie le fabricant quelle que soit la marque. Et a diffusé la liste des points de vente. Autant d’aspects que le communiqué du ministère de l’agriculture ne rapporte pas ...

En effet, tous les produits fabriqués par l’entreprise allemande Wilke précitée ont été rappelés. Les autorités allemandes mettent à jour un document long de 13 pages sur les produits concernés. Ils sont reconnaissables à la marque d'identification ovale « DE EV 203 EG », qui identifie le fabricant quelle que soit la marque.

Ce que l’on reproche à nos autorités sanitaires, et Food Watch a raison, c’est l’absence d’information et de transparence, mais ce n’est pas une nouveauté, loin s’en faut !

Enfin, vient d'être publié un communiqué du 15 octobre 2019 du ministère de l’agriculture, sous pression semble-t’il, « Listéria : le point sur les saucisses importées d'Allemagne en France » :
Le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation a été alerté le 2 octobre 2019 sur l'importation en France de saucisses contaminées par la Listéria. Ces produits sont tracés et retirés de la vente. Aucun cas humain n'est à déplorer en France.

Sauf erreur de ma part, je maintiens que la date initiale de la notification est le 3 octobre, voir ce lien.
Les produits contaminés, issus de l'entreprise allemande Wilke, ont été signalés via le RASFF (réseau d'alerte européen) par les autorités compétentes allemandes selon les procédures habituelles. Tous les produits fabriqués par cette entreprise sont visés par les mesures de retrait et de rappel.

Oui mais la réaction des Etats-membres est souvent à géométrie varaible, l'affaire du fipronil l'avait bien montré ... 
À l'échelle nationale, ces alertes sont relayées par la Direction générale de l'Alimentation du ministère via le système interne de communication avec les Directions départementales de la protection des populations (DDPP) pour une action de retrait ciblée.
Les DDPP s'assurent de l'effectivité des mesures de retrait / rappel dans leur département respectif (07, 25, 29, 35, 44, 57, 67, 68, 72, 75, 95). Ainsi, depuis le 2 octobre, les autorités allemandes ont transmis 11 tableaux avec des listes de destinataires. Il s'agit principalement de restaurants commerciaux, hôtels, traiteurs, associations, charcuteries, une péniche de croisière, deux maisons de retraite. Dans la plupart des cas, le distributeur avait prévenu ses clients et le retrait avait été mis en place aussitôt.

Cela concerne 11 départements et non pas deux comme indiqué dans l'article de LCI.

Très franchement, j’ai des doutes sur cet envoi le 2 octobre de 11 tableaux avec des listes de destinataires
Les quantités distribuées en France sont faibles, elles ne représentent que quelques kilos de marchandise selon les établissements. À ce jour, aucun malade en lien avec cette alerte n'a été identifié.

Je vous laisse apprécier ce que signifie quelques kilos de marchandise, qui peuvent contaminer pas mal de consommateurs ...

Le communiqué rappelle les actions engagées :
  • le blocage des produits sur les sites concernés et le rappel par affichette des produits ont été effectués par les professionnels ;
  • la vérification de traçabilité à partir de ces établissements est en cours en complément ;
  • la DGAL est en contact avec les Centres nationaux de référence de lInstitut Pasteur et Santé publique France car la listériose est une maladie à incubation longue.
Les actions engagées montrent que le risque n’est pas écarté puisqu’il y a des vérifications de traçabilité. Par ailleurs, le délai d’une listériose peut aller jusqu’à 60 jours ...

Mise à jour du 16 octobre 2019. Une information fournie par Oulah,selon Ouest-France du 15 octobre 2019, Ille-et-Vilaine. Trois kilos de salami contaminé à la listeria vendus chez des détaillants.

Mise à jour du 17 octobre 2019. Un article de 60 Millions du 16 octobre 2019 rapporte notamment, 
... déposer des affichettes est loin d’être satisfaisant, car elles sont rarement vues par les clients. 60 Millions réclame depuis longtemps une amélioration des dispositifs d’information sur les rappels de produits.
60 Millions a mille fois raisons, mais comment se faire entendre ? 

Pourquoi il faut craindre les cocktails à l'azote liquide?

«Faut-il craindre les cocktails à l'azote liquide ?» se demandait Le Figaro.fr du 10 octobre 2012, après qu’une adolescente britannique a dû subir une ablation de l'estomac après avoir ingéré un cocktail contenant de l'azote liquide.

Ce site répond que mettre de l’« Azote liquide dans les Cocktails : mauvaise idée ! »
Certains barmen, subjugués par l’effet visuel de la fumée blanche produite par l’azote liquide dans les cocktails, l’utilisent pour paraître tendance en appelant ça de la « mixologie moléculaire ».
L’azote liquide prends une forme gazeuse au-dessus de -196°C, mais bien que ce « brouillard d’eau » ne soit pas dangereux, si le consommateur boit trop vite son verre sans laisser suffisamment de temps à l’azote liquide pour se réchauffer et se gazéifier dans le cocktail, il peut être ingurgité, se transformant rapidement en gaz dans l’estomac en le faisant exploser comme un ballon.

Dans un document sur «Azote liquide dans l’industrie des aliments et des boissons», le ministère du travail de l’Ontario explique les soucis rencontrés.
Les emplacements du danger comprennent des fournisseurs de produits alimentaires et de boissons de première ligne, comme des restaurants, des bars, et des comptoirs de crème glacée où des cocktails et de la crème glacée de spécialité utilisant du LN (azote liquide -aa) peuvent être commandés.

Une femme de Floride a dû avoir sa vésicule biliaire et une partie de son estomac retirées après qu'un serveur eut mis de l'azote liquide dans son eau de boisson.

Stacey Wagers, 45 ans, poursuit en justice le Don Cesar Hotel, en Floride, parce qu'un serveur a versé de l'azote liquide dans son verre d'eau qu'elle a bu.

Wagers et son amie avaient vu le serveur verser le fluide cryogénique sur un désert à une table voisine. L'amie a dit au serveur que ça avait l'air cool, alors il en a versé dans leurs verres.

Wagers a dit qu'elle ne savait pas que boire de l'azote liquide était dangereux. Dès qu'elle a bu de l'eau, elle a dit que sa poitrine lui a semblé être en train d'exploser et qu'elle ne pouvait pas parler.

Les médecins ont dû retirer une partie de son estomac gelé et de sa vésicule biliaire.

En août 2018, la FDA a publié une recommandation pour avertir les clients et les détaillants « du risque de blessure grave résultant de la consommation, de la consommation ou de la manipulation de produits alimentaires préparés en ajoutant de l'azote liquide au point de vente, immédiatement avant la consommation ».

« L’azote liquide, bien que non toxique, peut causer de graves dommages à la peau et aux organes internes en cas de mauvaise manipulation ou d’ingestion accidentelle, en raison des températures extrêmement basses qu’il peut maintenir », a ajouté la FDA.

La plainte déposée par Wagers dit qu’elle poursuit à la fois l’hôtel et le directeur des aliments et boissons de plus de 15 000 dollars chacun et qu’elle cherchait à obtenir un procès avec un jury.

dimanche 13 octobre 2019

Les niveaux danois de résistance aux antimicrobiens chez les animaux et dans la viande sont demeurés stables en 2018


« Les niveaux danois de résistance aux antimicrobiens chez les animaux et dans la viande sont demeurés stables en 2018 », source Food Safety News.

Un rapport donnant un aperçu de l'utilisation et de la résistance aux antimicrobiens au Danemark a été publié par le Statens Serum Institute et le National Food Institute.

Le Danish Integrated Antimicrobial Resistance Monitoring and Research Program (DANMAP) surveille l'utilisation des antimicrobiens chez l'homme et les animaux au Danemark, ainsi que la présence de bactéries résistantes aux antimicrobiens chez les animaux, les humains et les aliments.

Le rapport annuel résume les résultats des tests de sensibilité d'isolats d'hôpitaux, de pratiques générales et vétérinaires, de laboratoires de l'industrie alimentaire et de la Danish Veterinary and Food Administration.

Secteur porcin, bovin et avicole
L'utilisation d'antimicrobiens chez les animaux a tendance à diminuer depuis 2013, avec 100 tonnes utilisées en 2018. Les trois quarts de tous les antimicrobiens prescrits par des vétérinaires sont utilisés dans le secteur porcin. L'utilisation de tétracyclines et de colistine chez les porcs a considérablement diminué, mais l'utilisation de macrolides et d'aminoglycosides a augmenté.

L'utilisation globale pour le bétail a fluctué entre 12 et 13 tonnes au cours des cinq dernières années. En 2018, plus des deux tiers devaient traiter des bovins âgés de plus d'un an. L'utilisation d'antimicrobiens chez les volailles est faible (1 326 kg), mais l'aquaculture a plus que doublé en raison de l'été 2018 chaud.

« La résistance aux antimicrobiens est un problème mondial, car la résistance dans un pays peut créer des problèmes au-delà de ses frontières, par exemple par le biais de l’exportation de produits alimentaires et de voyages. Par conséquent, pour lutter contre le problème de la résistance, des mesures internationales sont nécessaires parallèlement aux mesures danoises efficaces », a dit Helle Korsgaard, responsable du National Food Institute.

Au Danemark, les antimicrobiens ne sont généralement pas recommandés pour le traitement de la diarrhée chez l'homme, notamment la salmonellose et la campylobactériose. Si nécessaire, les patients doivent être traités avec des macrolides tels que l'azithromycine et l'érythromycine.

La campylobactériose est la principale cause de gastro-entérite bactérienne, avec environ 40 à 60 000 infections d'origine alimentaire par an. Au total, 4 546 cas confirmés en laboratoire ont été signalés l'année dernière.

Environ un tiers des infections à Campylobacter sont associées à un voyage. La source la plus courante de cas est acquise dans le pays avec de la viande de volaille. Les bovins sont également importants et la transmission se fait par la viande, le lait non pasteurisé, l'environnement et le contact direct.

Données sur Salmonella et Campylobacter
Le niveau de résistance à l'azithromycine parmi les isolats humains de Salmonella Typhimurium était inférieur à 1% et celui du porc danois à 5%. Aucune résistance à l'érythromycine n'a été constatée parmi les isolats de Campylobacter jejuni provenant d'animaux ou de patients humains.

La résistance aux quinolones est restée la plus commune chez Campylobacter jejuni chez les poulets de chair, les bovins et les humains. Environ un tiers des isolats d’origine animale et des cas d’origine humaine acquis au pays étaient résistants à la ciprofloxacine, alors que 83% des isolats humains associés à un voyage étaient résistants à la ciprofloxacine.

La résistance à la tétracycline chez Campylobacter jejuni chez les poulets de chair a considérablement augmenté de 2017 à 2018, ce qui a coïncidé avec une augmentation parmi les isolats humains d'origine domestique. La résistance à la tétracycline et à la ciprofloxacine a également augmenté chez les isolats de poulets de chair.

Salmonella Typhimurium et Salmonella Derby étaient les sérotypes les plus répandus isolés à partir de porcs danois. Environ les deux tiers des isolats de Salmonella Typhimurium étaient monophasiques et une tendance similaire a été observée parmi les isolats humains de Salmonella Typhimurium.

Les niveaux de résistance à la tétracycline, à l’ampicilline et au sulfonamide étaient élevés. Environ la moitié de toutes les Salmonella isolées chez les porcs danois étaient des Salmonella Derby, où des niveaux de résistance plus faibles ont été observés.

Parmi les cas humains, la résistance aux fluoroquinolones est restée élevée parmi les isolats de Salmonella Typhimurium issus de voyages versus des isolats de cas contractés au Danemark. La résistance aux céphalosporines et aux carbapénèmes de troisième génération était très faible chez Salmonella Typhimurium chez l'homme et non retrouvée chez les isolats de Salmonella provenant de porcs danois.

Résultats chez E. coli
Les modifications les plus importantes de la résistance chez des E. coli indicateurs parmi les animaux producteurs d'aliments ont été une réduction de la multirésistance chez des isolats de poulets de chair et de porc et une augmentation des isolats de porcs sensibles par rapport aux années précédentes.

La viande de poulet importée était plus susceptible de contenir E. coli producteurs de bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) et des bêta-lactamases AmpC (AmpC) que les poulets et la viande de poulet danois.

Les méthodes ont révélé la présence d'au moins une bactérie productrice de BLSE ou de AmpC dans 15% des conditionnements de viande de poulet produite au Danemark et de 46% du poulet importé inclus dans l'étude.

« La viande de poulet vendue au Danemark ne semble pas être une source majeure d'infections sanguines chez l'homme, causées par la bactérie E. coli producteurs de BLSE ou d'AmpC », a dit le professeur Rene Hendriksen du National Food Institute.

samedi 12 octobre 2019

Les produits biocides, plus de contrôles, plus d'anomalies ?


« Le contrôle des produits biocides et des détergents », vu par la DGCCRF le 7 octobre 2018

On nous dit « Autorité de protection des consommateurs, la DGCCRF mène chaque année un plan de contrôle des produits biocides et des détergents pour garantir la sécurité des consommateurs et leur bonne information. »

Rappelons que les biocides sont soumis à une réglementation européenne.
A certains égards, les biocides peuvent être assimilés à des pesticides ou de sproduits phytosanitaires…
… dans le cadre de son plan annuel 2017, elle a contrôlé près de 900 entreprises ( en fait885) et près de 3 000 produits (1 840 produits biocides et 1 120 détergents) dont environ 200 (en fait 213) ont fait l’objet d’analyses approfondies dans ses laboratoires. Des anomalies – portant principalement sur des défauts d’étiquetage et sur la commercialisation de produits avec,  des dates de péremption dépassées – ont été constatées dans près de 47 % des établissements. 
Par ailleurs,
...de nombreux produits ont continué, après le 1er juin 2017, date de mise en application obligatoire du règlement CLP sur les mélanges dangereux, à être étiquetés conformément aux anciennes directives. Ce manquement représente près de 21 % des anomalies constatées pour les produits biocides et 53,5 % des anomalies pour les détergents. D’autres anomalies d’étiquetage ou d'emballage ont été relevées lors de l’enquête : par exemple, l’absence de l’indice tactile de danger pour les malvoyants, l’absence de certaines mentions de danger, un classement de danger sous-estimé, ou un étiquetage en langue étrangère. 
Il semble qu’il y ait eu « près de 21 % des anomalies constatées pour les produits biocides et 53,5 % des anomalies pour les détergents », ce qui donne au total un « taux d’anomalie de 47 % ».

De plus, il y a eu :
  • 97 produits non conformes
  • 8 produits non conformes et dangereux
  • 285 avertissements
  • 123 mesures de police administrative
  • 29 procès-verbaux 
En 2016, une précédente enquête avait révélé,
776 établissements ont été contrôlés (des distributeurs aux deux tiers) conduisant à 2 168 actions de contrôle et portant sur 2 300 références (désinfectants, insecticides et répulsifs pour plus des trois quarts d’entre elles). 
Cible
  • 586 établissements visités
  • plus de 2050 références de produits
  • 113 prélèvements
Résultats
  • Taux d’anomalie des établissements de 33 %
  • 28 % des établissements en anomalie
  • 77 échantillons non conformes
  • 125 avertissements
  • 42 injonctions
  • 10 procès-verbaux
Pour une autre action antérieure de contrôle par la DGCCRF du 12 novembre 2015, les résultats sont les suivants :

Cible
  • 713 établissements
  • 1 897 actions de contrôles
Résultats
  • Taux d’anomalie des établissements de 28 %
  • 189 avertissements
  • 22 mesures de police administrative
  • 7 injonctions
  • 11 procès-verbaux
Pour clore l’enquête de 2017, la DGCCRF note benoîtement,
En raison de la complexité des règlements à appliquer, de nombreux professionnels méconnaissent les dispositions à respecter ; toutefois ils font preuve de réactivité pour engager les modifications nécessaires à leur mise en conformité. Étant donné le fort taux d’anomalies relevé  – en particulier concernant les dates de péremption – et la dangerosité potentielle de ces produits, la DGCCRF maintient les contrôles dans ce secteur. 
Ce qui en ressort, c’est qu’après chaque enquête, le taux d’anomalie augmente de même que les produits non-conformes et le procès-verbaux … et l’on ne voit pas bien quand tout cela s’arrêtera …

Plus de réglementations, plus d’anomalies ?

Rappels de produits alimentaires, le Canada et l'Allemagne disputent la première place à la France


Attention les yeux, des rappels comme ceux-là, on n’en voit pas souvent, il faut donc absolument que la France tienne son rang en matière de rappels deproduits alimentaires …


L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) mène une enquête sur la salubrité des aliments concernant la bactérie E. coli O157:H7 dans divers produits de bœuf et de veau vendus par Ryding-Regency Meat Packers Ltd. (établissement 99) et St. Ann's Foods Inc./Ryding-Regency Meat Packers Ltd. (établissement 639). Si d'autres produits font l'objet d'un rappel, l'ACIA en informera le public au moyen d'autres avis de rappel d'aliments.
Aucun cas de maladie associé à la consommation de ces produits n'a été signalé.

Il vous faut savoir que l’établissement 639 a vu sa licence suspendue par l’ACIA.

Le nombre de références rappelées est impressionnant : 434 références de produits de viande pour les consommateurs et 535 références pour les hôtels, restaurants, institutions, producteurs et détaillants !

Ceci est sans compter, toujours au Canada, du rappel de produits de viande de poulet cuits en raison de la présence de Listeria monocytogenes, au moins 20 avis de rappels en septembre et octobre 2019 ...

Voici qu’en Allemagne, les rappels sont aussi en train de battre des record, vielle rivalité entre la France et l’Allemagne, sur ce nouveau front …

« Les États-Unis ont reçu de la viande d’une entreprise allemande liée à l'épidémie à Listeria », source article de Joe Whitworth paru le 12 octobre 2019 dans Food Safety News.

Le blog avait déjà consacré un article à cette épidémie ici.

Les États-Unis font partie des 20 pays qui auraient pu recevoir de la viande d'une entreprise allemande liée à une éclosion de Listeria.

Les produits potentiellement contaminés de Wilke Waldecker Fleisch- und Wurstwaren ont été distribués aux États-Unis, selon le système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF).

Food Safety News a contacté le Food Safety and Inspection Service du ministère américain de l’agriculture pour obtenir des informations. Un porte-parole a déclaré que l’agence n’était pas au courant de rappels potentiels liés à des saucisses importées d’Allemagne et que Wilke n’était pas certifiée comme éligible pour exporter aux États-Unis.

Les autres pays touchés sont l'Autriche, la Belgique, la Bulgarie, Chypre, le Danemark, la Finlande, la France, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, le Japon, la Lettonie, le Liban, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Slovaquie, la Suède, la Suède et la Suisse. Le Royaume-Uni.

Plus de 1000 articles rappelés
Les produits fabriqués par Wilke ont été rappelés. Les autorités allemandes mettent à jour un document long de 13 pages sur les produits concernés. Ils sont reconnaissables à la marque d'identification ovale « DE EV 203 EG », qui identifie le fabricant quelle que soit la marque. Des articles auraient pu être vendus en vrac et aux cuisines et cantines d'hôpitaux.

Des responsables du district allemand de Waldeck-Frankenberg ont cessé la production sur le site de Twistetal, à Berndorf, début octobre. La société a depuis été déclarée en faillite.

Selon la branche allemande de l'organisation de consommateurs, Foodwatch, Listeria aurait été suspectée mi-août et des problèmes d'hygiène dans l'usine auraient été constatés fin août, mais une inspection de suivi effectuée en septembre a révélé que ces problèmes avaient été en grande partie corrigés.

Le groupe a accusé les autorités d'être trop lentes dans la gestion de crise et de ne pas partager suffisamment d'informations.

Atria, un détaillant suédois, a rappelé toutes les dates de six produits de la gamme Wilke. Aucun des produits à base de salami n'a été testé positif pour Listeria.

Au Danemark, Deli Drengene ApS a rappelé des saucisses snack, car Listeria avait été retrouvé dans la production d’une société de allemande.

Au Luxembourg, certains produits ont été commercialisés dans des établissements de restauration. Les autorités ont pris contact avec les institutions concernées pour vérifier le respect des mesures de retrait et les premiers résultats montrent que des rappels ont été effectués. Des échantillons officiels sont prélevés pour faire des analyses de laboratoire sur ces articles. Selon les informations actuelles, la distribution directe des produits au consommateur n'a pas eu lieu.

Infections sporadiques depuis 2014; aucun malade dans d'autres pays
L’épidémie concerne Listeria monocytogenes de séquence cluster type 2521 (sérogroupe IIa). Il a été identifié l'année dernière par séquençage du génome complet et 37 personnes de 12 lands allemands sont impliquées. Jusqu'à présent, aucune maladie apparentée n'a été signalée dans d'autres pays européens.

En 2014, 2016 et 2017, quelques cas sporadiques ont été détectés et ont été rétrospectivement attribués à l'épidémie. Une infection a été enregistrée en 2014, trois en 2016 et quatre en 2017.

Les séquences du génome des isolats de Listeria étant étroitement liées, on peut donc supposer que les patients ont été infectés par une source commune, selon l'Institut Robert Koch (RKI).

Au milieu de 2018, il y avait une augmentation avec 21 cas détectés par séquençage du génome à RKI. Cette année, huit autres cas d’infections ont été découverts, la dernière date d'apparition connue étant le 13 juillet 2019. La plupart des personnes ont été infectées en mangeant des aliments dans des établissements de santé.

La tranche d'âge des personnes touchées est comprise entre 31 et 91 ans. Il y a 18 femmes et 19 hommes, mais aucun cas lié à la grossesse. Trois personnes seraient décédées des suites de la listériose. Dix autres personnes infectées par la Listeria sont décédées, mais non à la suite d'une listériose. La cause du décès n'a pas pu être déterminée pour un patient.

L'Institut fédéral d'évaluation des risques (BfR) et l'Office fédéral de la protection du consommateur et de la sécurité des aliments (BVL) ont examiné les chaînes d'approvisionnement et les échantillons d'aliments. Les investigations ont comparé un isolat de Listeria provenant d'un aliment de l'entreprise située près de Hesse avec des isolats de patients de l'épidémie, établissant ainsi une relation étroite entre eux.

En 2018, 701 déclarations de listériose invasive en Allemagne ont été soumises à RKI.

Les personnes âgées et immunodéprimées, les femmes enceintes et les nouveau-nés ont un risque accru de contracter la listériose.

Les symptômes de l'infection peuvent inclure des vomissements, des nausées, une fièvre persistante, des douleurs musculaires, des maux de tête importants et une raideur de la nuque. Le délai entre l’infection et le développement des symptômes varie de quelques jours à 70 jours avec une moyenne de trois semaines.

NB: La France est sur la liste des pays où les produits allemands ont été distribués. Le 4 octobre 2019, on apprend par le RASFF que la France a demandé des informations sur le résultat des investigations et des mesures prises. On n'en saura pas plus, ce doit être classé 'secret défense' ...