lundi 15 juin 2020

COVID-19, après le discours, la réalité ...

Après le discours du 14 juin 2029 et en particulier, sur le virus du COVID-19, la réalité ...
La lutte contre l’épidémie n’est donc pas terminée mais je suis heureux, avec vous, de cette première victoire contre le virus. Et je veux ce soir penser avec émotion à nos morts, à leurs familles, dont le deuil a été rendu plus cruel encore en raison des contraintes de cette période.
Nous n’avons pas à rougir mes chers compatriotes de notre bilan. Des dizaines de milliers de vies ont été sauvées par nos choix, par nos actions. Nous avons su doubler en quelques jours nos capacités de réanimation, organiser des transferts de centaines de patients entre régions et avec les pays voisins, approvisionner les commerces, réorienter notre production industrielle, inventer des solidarités nouvelles.
La période a montré que nous avions du ressort, de la ressource. Que, face à un virus qui nous a frappés plus tôt et plus fort que beaucoup d’autres, nous étions capables d’être inventifs, réactifs, solides.
Nous pouvons être fiers de ce qui a été fait et de notre pays.
Bien sûr cette épreuve a aussi révélé des failles, des fragilités : notre dépendance à d’autres continents pour nous procurer certains produits, nos lourdeurs d’organisation, nos inégalités sociales et territoriales.

La réalité, ce n'est pas l'absence de masque ou de test, ce sont ces deux figures de l'Université John Hopkins que l'on ne peut pas soupçonner de fake news, en ce qui concerne l'analyse de la mortalité.

Mortalité dans les pays les plus touchés
Pour les vingt pays actuellement les plus touchés par COVID-19 dans le monde, les barres du graphique ci-dessous indiquent le nombre de décès pour 100 cas confirmés (taux de mortalité observé) ou pour 100 000 habitants (cela représente la population générale d'un pays, avec à la fois, les cas confirmés et les personnes en bonne santé). Les pays en haut de ce chiffre ont le plus de décès proportionnellement à leurs cas ou population de COVID-19, mais pas nécessairement le plus de décès dans l'ensemble.

Et cela se passe d'explication ... données au 14 juin 2020 ...
Ces données au 15 juin 2020 ont changé et la France est désormais absente des données ...

dimanche 14 juin 2020

Intoxication à la ciguatera liée à des darnes de vivaneau congelées d'Inde suspectée aux Pays-Bas


« Intoxication à la ciguatera liée à des poissons importés suspectée aux Pays-Bas », source article de Joe Whitworth paru le 14 juin 2020 dans Food Safety News et adapté par mes soins.

Aux Pays-Bas, cinq personnes ont été affectées par une intoxication liée à la ciguatera probablement causée par des darnes de vivaneau congelées en provenance d'Inde.

Ces malades ont pris un repas ensemble à la mi-mai et ont développé des symptômes, notamment une gastro-entérite et des troubles neurologiques dans les trois heures. Aucun d'eux n'a eu besoin de soins hospitaliers.

Tjitte Mastenbroek, attachée de presse à l'Autorité néerlandaise de sécurité des produits alimentaires et de consommation (NVWA), a déclaré qu'un empoisonnement probable aux ciguatoxines avait été établi.

«Un emballage d'origine scellé de poisson était encore disponible dans le ménage et est actuellement en cours d'analyse pour recherche de neurotoxines. Le résultat de cette analyse du vivaneau rouge est attendu la semaine prochaine. Actuellement, on ne sait pas si ce cas est lié à une source ponctuelle (par exemple un seul poisson) dans le lot, qui aurait pu être contaminée par des ciguatoxines », a-t-il déclaré.

«Le lot concerné a été rappelé auprès de la vente et des consommateurs aux Pays-Bas. Le produit n'a été proposé à la vente aux Pays-Bas que dans un nombre limité de toko. Ces petits magasins ont averti leurs clients par le biais d'affiches et d'information dans les rayons des magasins.»

Aux Pays-Bas, le nom d'un magasin d'alimentation asiatique est un Toko.

Large distribution mais aucun autre cas rapporté
La ciguatera est une maladie causée par la consommation de poisson contenant certaines toxines. Les toxines proviennent d'un type d'algue et pénètrent dans le poisson soit en mangeant les algues, soit en mangeant du poisson qui a mangé les algues.

Une alerte au RASFF de l'UE, référence 2020.2254, notifiée par les Pays-Bas le 1er juin 2020, a rapporté la présence de ciguatera suspectée d'être causé par des darnes de vivaneau (Lutjanus bohar) congelé d'Inde via la France.

Un rappel au Luxembourg a eu lieu le 1er janvier 2020. Pas d'information en France alors que le produit a été distribué ...

Les produits ont également été distribués en Autriche, Belgique, Finlande, Allemagne, Italie, Suède, Suisse et Royaume-Uni.

L'alerte des autorités luxembourgeoises indique que la marque du produit concerné est Seapro et porte le numéro de lot 85205-2217. La distribution au Luxembourg est réalisée par Tandoori Market.

Les informations fournies ne permettent pas d’exclure qu’une partie des produits ait été vendue au consommateur final.

La ciguatera implique généralement une combinaison de troubles gastro-intestinaux, neurologiques et, parfois, cardiovasculaires. Les symptômes définis dans ces catégories générales varient selon l'origine géographique des poissons toxiques et, dans une certaine mesure, selon l'espèce de poisson. Les personnes qui auraient consommé les produits mentionnés ci-dessus et qui présenteraient ce type de symptômes sont invitées à consulter un médecin en lui signalant cette consommation.

L'apparition des symptômes se produit généralement dans les six heures suivant la consommation du produit contaminé et dure quelques jours ou semaines. La toxine de ciguatera n'affecte pas l'apparence, l'odeur ou le goût du poisson. La congélation ou la cuisson du poisson une fois qu'il a été contaminé ne tuera pas la toxine.

samedi 13 juin 2020

La Norvège enquête sur l'origine d'une augmentation de cas de yersiniose


« La Norvège enquête sur l'origine d'une augmentation de cas de yersiniose », source Food Safety News.

Les autorités norvégiennes enquêtent sur une augmentation des infections à Yersinia au cours du dernier mois.

L'Institut norvégien de santé publique (Folkehelseinstituttet) a signalé qu'une infection à Yersinia enterocolitica O3 avait été détectée chez 13 personnes vivant dans plusieurs comtés.

Des investigations sur l'épidémie visant à trouver la source de l'infection ont été ouvertes auprès des autorités locales, de l'Institut vétérinaire et de l'Autorité norvégienne de sécurité des aliments (Mattilsynet).

Les patients sont âgés de 2 à 57 ans et la plupart sont des femmes. Les personnes infectées résident à Agder (4), Oslo (4), Rogaland (3), Trøndelag (2) et Viken (1).

Des bactéries ayant des profils d'ADN similaires ont été détectées chez les 14 individus et tous les échantillons ont été prélevés au cours des deux dernières semaines de mai et de la première semaine de juin.

Rechercher une origine commune
Chaque année, entre 40 et 80 cas de yériniose sont signalés à l'Institut norvégien de santé publique, la plupart étant infectés au niveau national.

Hilde Marie Lund, de l'Institut norvégien de santé publique, a dit que l'investigation tentera de déterminer si les patients ont une origine commune d'infection.

«Les patients sont interrogés et les inspecteurs locaux prélèvent des échantillons de produits alimentaires dans les maisons des personnes infectées pour trouver l'origine de l'épidémie si possible. Ces échantillons sont analysés à l'Institut vétérinaire. Le travail d'investigation peut être compliqué et prendre du temps, et dans de nombreux cas, il ne sera pas possible de retrouver la source de l'infection ou de clarifier s'il s'agit d'une source courante», a-t-elle dit.

La yersiniose est une infection causée par la bactérie Yersinia enterocolitica. Les symptômes les plus courants chez les enfants sont la diarrhée, la fièvre et les douleurs abdominales. Chez les enfants plus âgés et les adultes, les douleurs abdominales du côté droit et la fièvre pourraient être les principaux symptômes. Ils se développent généralement quatre à sept jours après l'exposition et durent une à trois semaines.

Les éclosions antérieures ont été causées par des produits de porc, des légumes et de la salade crus ou insuffisamment cuits ainsi que de l'eau potable non traitée.


Complément. En 2011 et 2012, la Norvège a commun deux épidémies de yersiniose avec pour origine respectivement de la laitue et un mélange de salades.

Rappel international de coupes de gelées au goût fruité pour enfants en raison d'un risque de suffocation


Photos du produit commercialisé en Europe et faisant l'objet d'un rappel
« Rappel à l'échelle nationale en cours pour des coupes de gelées pour enfants en raison du risque de suffocation », source Food Safety News du 12 juin 2020.

À la suite de décès par suffocation liés à un produit similaire, les coupes de gelée au goût fruité Xi Zhi Liang sont en cours de rappel en raison de risques potentiels de suffocation.

« Le risque potentiel de suffocationt a été constaté lors d'une inspection de routine par le New York State Department of Agriculture and Markets, Food Safety and Inspection », selon un avis de rappel de l'entreprise publié par la Food and Drug Administration des États-Unis.

«Le produit est disponible dans des sachets en plastique rose, jaune et bleu, avec de nombreux coupes de gelée en plastique individuels à l'intérieur de chaque sachet, et une petite voiture dans une pochette à l'avant du sachet en plastique. Le code UPC est 6902934982138.»

À la date de publication de l'avis de rappel, aucune blessure n'avait été confirmée en rapport avec les produits rappelés par Rong Shing Trading Ny Inc. de Brooklyn, NY.

Il est à craindre que les consommateurs aient les produits rappelés chez eux, car la date de péremption est le 30 décembre de cette année. La seule autre information d'étiquetage fournie par la société était le poids de 21,1 onces (600 g) et le nom Liang Fruit Jelly Cups

« De petite coupes de gelée contenant de la poudre de konjac ont déjà été impliqués dans la mort d'étouffement d'enfants », selon l'avis de rappel. «Les petites coupes de gelée de poudre de konjac sont actuellement sous l'alerte d'importation 35-15 par la FDA et ne sont pas autorisés à entrer aux États-Unis.

«Les coupes rappelées ont été distribués à l'échelle nationale dans les magasins d'alimentation.»

Cela ne concerne pas que les Etats-Unis.

En effet, dans l'UE, une alerte au RASFF a été notifiée, référence 2020.2338 : notification par le Danemark le 8 juin 2020 d'un risque de suffocation lié à la consommation et en raison de la présence de E 407, carraghénane non autorisé dans des mini jelly cups (coupes de gelée au goût fruité) de Taïwan via les Pays-Bas. 

Selon l'avis de rappel de l'AFSCA de Belgique, mis à jour le 13 juin, il est signalé,
Suite à une notification via le système RASFF (système d'alerte rapide européen Food et Feed), l'AFSCA signale la présence d'additifs non autorisés E407 (carraghénane) et E410 (gomme de caroube) dans des bonbons gélifiés, les Fruitery Jelly (coupes de gelée au goût fruité : fraise, raisin, ananas et pomme) et Jelly Straws
La présence de ces additifs ne représente pas un danger pour la santé mais peut présenter un risque dans des denrées alimentaires de type « gelée » par exemple, car elle rend les produits plus solides et peut dès lors provoquer des étouffements, essentiellement chez les enfants qui y sont moins attentifs. Le risque de suffocation est principalement dû à la taille, la forme et la consistance ferme de cette confiserie.

Le produit a été distribué dans les pays suivants:
Autriche, Belgique, Croatie, Chypre, République tchèque, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Italie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Taïwan, Ukraine, Royaume-Uni.
Mise à jour du 15 juin 2020
Food Safety News annonce le rappel de coupe gélifiées dans 25 pays en raison d'un risque de suffocation (Gel cups recalled from 25 countries because of choking risk).

Le site Oulah! signale rappel de Jelly cups en mentionnant le RASFF, mais pas d'information de nos autorités sanitaires qui doivent être toujours confinées ...

vendredi 12 juin 2020

Obésité et COVID-19: le rôle de l'industrie alimentaire


« Obésité et COVID-19: le rôle de l'industrie alimentaire », source article paru dans BMJ le 10 juin 2020.

La pandémie virale rend la lutte contre la pandémie d'obésité encore plus urgente.

De plus en plus de preuves indiquent que l'obésité est un facteur de risque indépendant de maladie grave et de décès par le COVID-19. Au Royaume-Uni, une étude de cohorte de population (428 225 participants; 340 admis à l'hôpital avec un COVID-19 confirmé, dont 44% étaient en surpoids et 34% obèses) et l'étude OpenSAFELY utilisant des dossiers de santé électroniques couplés (17 425 445 participants, 5 683 décès liés au COVID-19 (29% de surpoids, 33% d'obésité)) ont montré une relation dose-réponse entre l'excès de poids et la gravité du COVID-19.

Après avoir ajusté des facteurs de confusion potentiels, y compris l'âge, le sexe, l'origine ethnique et la misère sociale, le risque relatif de maladie grave de COVID-19 a augmenté de 44% pour les personnes en surpoids (risque relatif 1,44, intervalle de confiance à 95% 1,08 à 1,92 ) et a presque doublé chez les personnes obèses (1,97, 1,46 à 2,65) dans l'étude de cohorte.

De même, dans l'étude OpenSAFELY, après ajustement complet de tous les autres facteurs de risque (y compris les comorbidités), le risque de mourir de la COVID-19 augmentait avec la gravité de l'obésité, contre un risque 27% plus élevé dans la première catégorie d'obésité (indice de masse corporelle (IMC) 30-34,9; hazard ratio 1,27, 1,18 à 1,36) à plus du doublement du risque dans la catégorie la plus obèse (IMC > 40; 2,27, 1,99 à 2,58). De plus petites études menées dans la région Asie-Pacifique, en Europe et aux États-Unis ont confirmé ces résultats.

De multiples mécanismes pourraient expliquer la relation entre l'obésité et le COVID-19. L'enzyme de conversion de l'angiotensine-2 (ACE-2), l'enzyme transmembranaire que le SARS-CoV-2 utilise pour l'entrée dans les cellules, existe en plus grande quantité chez les personnes obèses. Que ce soit le résultat d'une expression plus élevée de l'ACE-2 dans les adipocytes des personnes obèses ou ayant plus de tissu adipeux en général (et donc un plus grand nombre de cellules exprimant l'ACE-2) n'est pas encore clair. Le tissu adipeux des personnes obèses peut donc être une cible potentielle et un réservoir viral pour le SRAS-CoV-2 avant qu'il ne se propage à d'autres organes, comme cela s'est avéré être le cas pour d'autres virus.

L'obésité peut également altérer les réponses immunitaires, comme cela a été montré avec le virus de la grippe, conduisant à une défense de l'hôte affaiblie et à une plus grande probabilité d'une tempête de cytokines avec COVID-19.

Enfin, l'obésité diminue la fonction pulmonaire par une plus grande résistance dans les voies respiratoires et plus de difficulté à élargir les poumons. Lorsque des patients obèses doivent être admis dans des unités de soins intensifs, il est difficile d'améliorer leurs niveaux de saturation en oxygène et de les ventiler.

Environnement malsain
L'épidémie de COVID-19 semble être encore un autre problème de santé exacerbé par la pandémie d'obésité. En 2016, plus de 1,9 milliard d'adultes étaient en surpoids ou obèses dans le monde, et ce nombre continue d'augmenter rapidement. La prévalence du surpoids et de l'obésité atteint désormais 65 à 70% dans les populations adultes du Royaume-Uni et des États-Unis. L'obésité est une cause majeure d'hypertension artérielle, de diabète de type 2, de maladies cardiaques, d'accidents vasculaires cérébraux et de cancer et pèse lourdement sur la santé systèmes et économies. En 2014-15, le NHS a dépensé plus de 6,7 milliards d'euros pour lutter contre les conséquences directes de l'obésité.

La pandémie d'obésité est le résultat de la vie dans des environnements alimentaires où il est difficile de ne pas consommer trop de calories. L'industrie alimentaire mondiale produit et promeut largement des boissons bon marché sucrées et des aliments ultra transformés riches en sel, en sucre et en graisses saturées qui ne procurent qu'une sensation passagère de satiété. Les gouvernements ont fait trop peu, l'un des rares succès étant les taxes sur les boissons sucrées, en particulier la taxe sur l'industrie au Royaume-Uni qui a entraîné une reformulation pour réduire la teneur en sucre.

Il est maintenant clair que l'industrie alimentaire partage la critique non seulement pour la pandémie d'obésité, mais aussi pour la gravité de la maladie de COVID-19 et ses conséquences dévastatrices. Pendant la pandémie de COVID-19, une augmentation de la pauvreté alimentaire, des perturbations des chaînes d'approvisionnement et des achats de panique peuvent avoir un accès limité aux aliments frais, ce qui fait pencher la balance vers une plus grande consommation d'aliments hautement transformés et de produits à longue durée de vie généralement élevés en sel, sucre et graisses saturées. De plus, depuis le début de la pandémie de COVID-19, l'industrie alimentaire a lancé des campagnes et des initiatives de responsabilité sociale des entreprises, souvent avec des tactiques à peine voilées utilisant l'épidémie comme une opportunité de marketing (par exemple, en offrant un demi-million de «smiles» (sourires) sous la forme de beignets au personnel du NHS).

Les industries alimentaires du monde entier doivent immédiatement cesser de promouvoir et les gouvernements doivent forcer la reformulation des aliments et des boissons malsains. Au Royaume-Uni, des objectifs supplémentaires ont déjà progressivement réduit la quantité de sel ajoutée aux aliments, entraînant une baisse de la consommation de sel, de la pression artérielle et de la mortalité cardiovasculaire. Réduire le sel, le sucre et les graisses saturées à tous les niveaux améliorerait le régime alimentaire de l'ensemble de la population et apporterait des avantages encore plus importants aux personnes les plus démunies socialement. Le bilan du morbidité et de la mortalité du au COVID-19 a rendu cela plus évident et plus urgent que jamais.

Méthode d’évaluation des risques liés à la présence d’esters d’acides gras de glycidol dans les denrées alimentaires, selon le Comité scientifique de l'AFSCA



La DGCCRF avait réalisé des contrôles sur les composés néoformés présents dans certaines denrées alimentaires en 2016.
Les composés néoformés sont l’acrylamide, le 3-monochloro-propane-1, (3-MCPD) et ses esters, les esters de 2-MCPD, les esters de glycidol, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), le furane et les dérivés méthylés du furane.

Voici que le Comité scientifique de l'AFSCA a approuvé un avis le 22 novembre 2019 et amendé le 29 mai 2020 sur une 'Méthode d’évaluation des risques liés à la présence d’esters d’acides gras de glycidol dans les denrées alimentaires' (dossier SciCom 2016/31 E).

Le résumé vous est proposé ci-après.

Contexte et question
Les esters d'acides gras de glycidol (GE) sont des contaminants de processus qui se forment lors du raffinage des huiles végétales. Ils sont hydrolysés en glycidol dans le tractus gastro-intestinal. Le glycidol est probablement carcinogène et génotoxique pour l’homme. En 2017, le JECFA a établi une valeur de BMDL10 de 2,4 mg/kg pc/j pour le glycidol (JECFA, 2017). Il n’y a pas de données toxicologiques disponibles pour les GE.

Le Règlement (UE) 2018/290 fixe des teneurs maximales légales pour les GE (exprimées en glycidol) dans les huiles et graisses végétales mises sur le marché pour la vente au consommateur final ou pour une utilisation en tant qu'ingrédient dans les denrées alimentaires, dans les huiles et graisses végétales destinées à la production de denrées alimentaires pour bébés et de préparations à base de céréales pour nourrissons et enfants en bas âge, et dans les préparations pour nourrissons, préparations de suite et denrées alimentaires destinées à des fins médicales spéciales pour nourrissons et enfants en bas âge (en poudre ou liquides).

En raison du caractère carcinogène et génotoxique du glycidol, il est demandé au Comité scientifique de proposer une valeur toxicologique de référence pour les GE afin de permettre aux opérateurs de réaliser leur propre évaluation des risques liés à la présence de GE dans les denrées alimentaires. Il est également demandé d’émettre des recommandations à l’intention des opérateurs pour réduire les teneurs en GE dans les denrées alimentaires.

Résultats et discussion
Dans cet avis, le Comité scientifique décrit aux opérateurs comment réaliser une évaluation des risques liés à la présence des GE dans les denrées alimentaires. L’apport peu préoccupant en GE calculé (0,24 µg de glycidol/kg pc/j) est utilisé comme valeur toxicologique de référence. Les étapes classiques d’une évaluation des risques (identification du danger, caractérisation du danger, estimation de l’exposition chronique et caractérisation du risque) sont suivies. Les expositions chroniques haute et moyenne des divers groupes de consommateurs belges (enfants, adultes, etc.) aux GE sont estimées sur base de la consommation moyenne et haute des différents groupes d’âge de consommateurs belges, disponibles dans la Food Consumption Database de l’EFSA (système FoodEx2). Si des données de consommation ne sont pas disponibles pour les consommateurs belges, les données de consommation des pays voisins (France, Pays-Bas, Grand-Duché du Luxembourg ou Allemagne) peuvent être utilisées. Ensuite, pour la caractérisation des risques, les expositions chroniques estimées sont comparées à l’apport peu préoccupant en GE calculé (0,24 µg de glycidol/kg pc/j). Si celles-ci sont inférieures à l’apport peu préoccupant en GE, alors l’opérateur peut conclure que la teneur en GE n’est pas préoccupante pour la santé publique. Dans le cas contraire, on ne peut exclure un risque pour la santé.

Conclusions
Le Comité scientifique a calculé un apport peu préoccupant de 0,24 µg de glycidol/kg pc par jour. Sur base de cet apport peu préoccupant, les opérateurs peuvent effectuer leur propre évaluation de risques ou calculer une concentration acceptable estimée (Estimated Acceptable Concentration, EAC) en GE dans une denrée alimentaire définie. Dans le présent avis, des exemples de EAC en GE sont donnés pour un certain nombre de denrées alimentaires, et les opérateurs peuvent les utiliser.

Recommandations
Le Comité scientifique recommande aux opérateurs de calculer, dans la mesure du possible, une «concentration acceptable estimée» (Estimated Acceptable Concentration, EAC) en GE pour chaque denrée alimentaire qu’ils produisent, transforment et/ou mettent sur le marché.

Le Comité scientifique recommande également aux opérateurs d’appliquer les recommandations émises dans le «Code of practice for the reduction of 3-monochloropropane-1,2-diol esters (3-MCPDE) and glycidyl esters (GE) in refined oils and food products made with refined oils» de la Commission du Codex Alimentarius (Codex Alimentarius, 2019). Ces recommandations visent à limiter/réduire la formation et /ou la présence des GE dans les denrées alimentaires afin de protéger au mieux la santé du consommateur. Une traduction de ce document est disponible en annexe.

Définitions et abréviations
BMD Benchmark dose
Point de référence standardisé obtenu par modélisation mathématique à partir de données provenant d’expériences sur animaux ou d’études sur l’homme (cliniques ou épidémiologiques). La BMD estime la dose induisant une réponse faible mais mesurable (généralement de 1 à 10% d'incidence par rapport au contrôle) (EFSA, 2005).
BMDL Benchmark dose lower confidence limit
Limite inférieure de l'intervalle de confiance à 95% de la BMD. Pour les composés cancérigènes, la BMDL10 est la plus petite dose, qui avec une probabilité de 95%, causera une augmentation de l’incidence des cas de cancer de maximum 10% (EFSA, 2005).
Concentration Acceptable Estimée (Estimated Acceptable Concentration)
Limite de concentration basée sur le risque qui correspond à la concentration d'une substance que l'aliment peut contenir sans que l'exposition à la substance via l'aliment ne présente un risque ou une préoccupation pour la santé publique, et qui peut servir de base pour dériver une limite d'action (Comité scientifique, 2019).

Un beau cocktail, farine de sarrasin bio, Datura, intoxications alimentaires et justice à la Martinique


France Antilles.fr de la Martinique nous dit presque tout sur des cas d'« Intoxications à la farine de sarrasin : une société et sa gérante poursuivies ».
En février 2019, au moins 51 personnes avaient été contaminées au datura suite à la mise sur le marché de farine de sarrasin complète bio, malgré des appels à retirer les lots impropres à la consommation. L’enquête vient d’être clôturée.

Rappelons qu'un rappel a eu lieu en France métropolitaine le 18 décembre 2018, je sais bien que la Martinique n'est pas la porte à côté, mais là le décalage semble énorme ...
Une Chandeleur et des crêpes aux «vertu» hallucinogènes. En février 2019, plus d’une cinquantaine de Martiniquais avaient été victimes d’une intoxication au datura, suite à la mise sur le marché de lots de farine de sarrasin complète bio, des marques Naturaline et Moulins des Moines.
Sur 20 lots concernés par la procédure nationale de rappel, quatre étaient vendus à la Martinique. Avertie dès le 21 décembre (2018 -aa), la Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (Dieccte) avait immédiatement fait retirer les produits incriminés. « Sauf qu'après notre passage, il y avait un container en transit et, lorsque le grossiste l'a reçu, il l'a mis sur le marché », nous avait précisé une responsable du service qualité sécurité du pôle Cde la Dieccte à l’époque.
Au vu de ces premiers éléments, le parquet de Fort-de-France avait ouvert une enquête. Confiée au commissariat du Lamentin et à la Dieccte, elle vient d’être clôturée cette semaine, à l’issue des investigations et de l’audition de toutes les parties concernées par la chaîne de vente.

Trois chefs de poursuites
Le parquet a décidé de poursuivre Surgel'Diet, le grossiste qui a procédé à l’importation de la farine de sarrasin en Martinique ainsi que la gérante de l’entreprise.
« En l’état actuel de l’enquête, alors que la cheffe d'entreprise avait bien été informée par le fabricant, Moulin des Moines, et qu’il y a eu des injonctions de procéder au retrait, il lui est reproché de ne pas l’avoir fait et d’avoir mis en vente la farine dans plusieurs supermarchés », précise Renaud Gaudeul, le procureur de la République, interrogé à ce sujet.
Les hypermarchés ont, pour leur part, été mis hors de cause ne disposant pas, selon l’enquête, d’informations attestant que la marchandise était avariée.
Surgel’Diet et sa gérante sont poursuivis pour «tromperie sur la marchandise et mise en danger pour la santé de l’homme», non-respect «d’une procédure de retrait ou de rappel de denrées alimentaires impropres à la consommation humaine» et «blessures involontaires par imprudence, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité». L’audience correctionnelle est prévue le 9 septembre prochain devant le tribunal judiciaire de Fort-de-France.

Le Datura, une plante très toxique
« J'avais l'impression d'être ivre, je titubais, alors que je ne consomme pas d'alcool. Mon mari avait la bouche sèche, il voyait flou ». Comme Christine et son mari, la consommation de crêpes en février 2019 avait donné lieu à des symptômes très inquiétants : sécheresse de la bouche, pupilles dilatées, troubles de la vue, tachycardie, agitation, confusion, désorientation spatio-temporelle, hallucinations, paroles incohérentes...
En cause : le Datura, présent dans les lots incriminés. Cette plante herbacée contient naturellement de très fortes teneurs en alcaloïdes tropaniques (atropine et scopolamine). Ces alcaloïdes sont toxiques, ils ont des effets sur le système nerveux central (excitation, hallucination, désorientation), sur la vision et sur le cœur (tachycardie). Cette herbe peut contaminer certaines récoltes et être à l’origine d’intoxications aiguës.

On lira un article de Magali Labadie paru dans Vigil’Anses n°5, le bulletin des vigilances de l’Anses, de juin 2018, Datura ou les «fleurs du mal», et je ne me permettrais pas de dire comme France info du 13 octobre 2019, « Le datura, une plante invasive hallucinogène, est-il le poison de l'agriculture bio ? »

Le blog a proposé différents articles sur le datura ici.

Complément. Il y a eu 13 avis de rappel ayant pour cause la présence de Datura pendant l'année 2019.

Suisse: A propos d'un curieux rappel de préparation pour nourrissons pour cause de présence de Cronobacter sakazakii, mais où le mot rappel n'est pas prononcé


Les entreprises alimentaires n'aiment pas les rappels, eh oui, qui peut apprécier d'être contrôlés par des autorités sanitaires pour se rendre compte que le ou les produits contrôlés par vos soins doivent être rappelés …

Une contamination microbiologique par des bactéries Cronobacter sakazakii a été constatée dans les préparations de céréales pour nourrissons Bimbosan « Bio-Hosana » et « Bio-2 » en sachet recharge. Un danger pour la santé ne pouvant être exclu, l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) recommande de ne pas consommer les produits concernés.

Ce qu'il y a de merveilleux dans ce communiqué des autorités sanitaires suisses, c'est que le mot retrait ou rappel n'est pas mentionné, on vous « recommande de ne pas consommer les produits concernés. »

Le mot rappel doit être un gros mot en Suisse …

L'autre intérêt de ce 'rappel' est la réaction de l'entreprise datée du 9 juin 2020 mais qui dans la réalité est un peut plus tardive, le 11 juin 2020, afin de préparer un communiquer rédigé par une agence de com, jugez plutôt …
Des analyses ont révélé la présence de Cronobacter sakazakii dans certains aliments de complément. La Cronobacter sakazakii est une bactérie spécifique pouvant présenter dans de très rares cas un danger pour la santé des nouveau-nés (jusqu’à 2 mois) et des bébés prématurés.

Ce sont les infections à Cronobacter sakazakii, qui, fort heureusement, sont rares ... pas le danger Cronobacter sakazakii.
Cette bactérie n’est donc pas autorisée en particulier dans les laits initiaux. Pour tous les autres produits destinés aux enfants plus âgés, il n'existe pas de critère de sécurité spécifique pour Cronobacter sakazakii.

Tout est soft dans cette communication, « Cette bactérie n’est donc pas autorisée dans les laits initiaux » alors qu'elle l'est pour « tous les autres produits destinés aux enfants plus âgés », car « il n'existe pas de critère de sécurité spécifique pour Cronobacter sakazakii. »
L’OSAV (Office fédéral pour la sécurité alimentaire et les affaires vétérinaires) estime désormais qu'il existe des motifs raisonnables de soupçonner qu’un risque pour la santé ne puisse être exclu et a averti le public en conséquence.

Le public est informé mais toujours pas de 'rappel' … décidément le mot du mal à sortir …
1. Une contamination microbiologique par des bactéries Cronobacter sakazakii a été constatée dans les deux lots de produits Bimbosan Bio-Hosana et BioAvoine-Épeautre. Seuls les produits suivants sont concernés:
Bio-Hosana, Lot L19432 S1Date de durabilité minimale: 19/07/2021Bio-2 (Avoine-Épeautre), Lot L27057200201Date de durabilité minimale: 13/10/2021
2. Même si le risque sanitaire est considéré comme minime, Bimbosan estime la qualité et la sécurité alimentaire comme des priorités absolues. Bimbosan a donc immédiatement retiré du marché les produits concernés et recommande de ne pas les consommer.
3. Si vous avez encore l’un de ces produits chez vous, rapportez-le à votre point de vente. Votre produit sera remboursé ou échangé gratuitement.

On remet une dernière couche sur le fait que « Même si le risque sanitaire est considéré comme minime », on vous demande d'apprécier l'effort consenti par cette entreprise …

Et au final, on apprend que l'entreprise « a donc immédiatement retiré du marché les produits concernés et recommande de ne pas les consommer. »

Avait-elle le choix ? Bien sûr que non !
Remarques
Les produits Bimbosan ont quitté notre entreprise en parfait état selon le statut juridique et les connaissances scientifiques actuels. Bimbosan s'engage à tout mettre en œuvre pour assurer à tout moment un haut niveau de sécurité des produits. L’OSAV réévalue le risque de détection de Cronobacter sakazakii dans les aliments complémentaires. Bien sûr, nous allons tenir compte toute nouvelle découverte fondée sur la sécurité dans notre production.

Avec ces remarques, on atteint de sommets dans la com à propos des risques …

Pour l'entreprise alimentaire, « les produits Bimbosan ont quitté notre entreprise en parfait état selon le statut juridique et les connaissances scientifiques actuels. »

Les connaissances actuelles sont déjà assez anciennes sur Cronobacter sakazakii et l'entreprise fait mine de les découvrir, vraiment étonnant ...

Bien entendu, ce que rapporte l'entreprise n'est pas exact puisqu'une deux phrases plus loin apprend que « Bien sûr, nous allons tenir compte toute nouvelle découverte fondée sur la sécurité dans notre production. »

Soit l'entreprise alimentaire vient de découvrir l'existence de Cronobacter sakazakkii, et il serait intéressant de voir ce qu'en dit son plan HACCP, soit l'entreprise se moque des autorités sanitaires et de l'OSAV en particulier, car le produit était soit disant en parfait état …

Dernier point, ce type de produit peut être vendu sur des plate-formes en lignes, qui ne connaissent pas les frontières de la Suisse, attention donc ... car personne ne mentionne cet aspect des choses ...

jeudi 11 juin 2020

Effet des conditions de stockage sur la stabilité au stockage de l'eau électrolysée neutre non diluée


Effet des conditions de stockage sur la stabilité au stockage de l'eau électrolysée neutre non diluée, source Journal of Food Protection.

Résumé
L'eau électrolysée neutre (EEN) est un désinfectant oxydant qui peut être fabriqué localement sur place mais qui est souvent stocké dans un format prêt à l'emploi afin d'accumuler les volumes importants requis pour une utilisation périodique ou saisonnière.

La stabilité de conservation du désinfectant EEN a donc été évaluée dans diverses conditions de stockage pour guider l'élaboration de protocoles pour son application industrielle. À cette fin, de l'EEN fraîche avec une concentration de chlore disponible (CCD) de 480 mg/L, un pH de 6,96 et un potentiel de réduction d'oxydation (POR) de 916 mV a été stocké dans différentes conditions.

Il s'agissait de bouteilles en polypropylène ouvertes ou scellées, de trois rapports aire de la surface/volume (AS:V) différents (0,9, 1,7 et 8,7) et de deux températures (4 et 25°C). L'EEN stockée à 4°C était significativement plus stable que l'EEN stockée à 25°C, où le CCD et le pH diminuaient de 137 mg/L et 0,7, respectivement, tandis que le POR augmentait de 23 mV après 101 jours de stockage à 25°C, la CCD a diminué à <0,01 mg/L après 52 jours dans des bouteilles avec un rapport AS:V de 8,7 avec une diminution similaire après 101 jours dans des bouteilles avec un rapport AS:V de 1,7.

Cependant, le pH a diminué jusqu'à 3,7 unités de pH, mais le POR a augmenté jusqu'à 208 mV. L'efficacité antimicrobienne de l'eau électrolysée oxydante 'vieillie' avec différents CCD et POR, mais le même pH (c.-à-d. 3,4 ± 0,2) a été évaluée par rapport à Escherichia coli et Listeria innocua pour déterminer toute différence dans l'activité antimicrobienne résiduelle.

L'eau électrolysée oxydante avec une CCD ≥7 mg/L et un POR de 1 094 mV a provoqué une réduction d'au moins 4,7 log, tandis que l'eau électrolysée oxydante avec une CCD non détectable et un POR considérablement élevé (716 mV) a eu peu d'effet antimicrobien (<1 log réduction). Les résultats de cette étude indiquent que l'efficacité de l'EEN en tant que désinfectant pour les applications à grande échelle comme l'horticulture peut être maintenue pendant au moins 3 mois lorsqu'elle est stockée dans des conteneurs fermés avec un faible rapport AS:V à basses températures.

Nanomatériaux dans l’alimentation: Identification et évaluation des risques par l'Anses


Une actualisation de l'information de l'Anses du 9 juin 2020 rapporte « Nanomatériaux dans l’alimentation : les recommandations de l’Anses pour améliorer leur identification et mieux évaluer les risques sanitaires pour les consommateurs »

Depuis la fin des années 1990, un nombre accru de nanomatériaux sont intégrés, du fait de leurs propriétés spécifiques, dans la composition de produits de la vie courante et notamment de produits alimentaires. Face à la diffusion des nanomatériaux manufacturés dans notre quotidien, de nombreux questionnements relatifs à leur identification, leurs impacts sur la santé humaine et sur l’environnement, ainsi que la manière de les réglementer, ont vu le jour. L’Anses porte une attention particulière au sujet et a publié, depuis 2006, plusieurs expertises sur les nanomatériaux. Dans cette lignée, l’Agence propose aujourd’hui un état des lieux de la présence de nanomatériaux manufacturés dans l’alimentation ainsi qu’une méthode permettant de déterminer l’approche la plus adaptée pour l’évaluation des risques sanitaires des aliments contenant de tels matériaux.

Le travail d’expertise mené par l’Agence a permis de recenser les principaux usages des nanomatériaux manufacturés dans le domaine alimentaire :
  • En tant qu’additif, pour améliorer l’aspect et l’appétence du produit alimentaire (en modifiant la structure, la couleur, la texture, par ex. les additifs E 341iii – phosphates tricalciques - ou E551 – silice amorphe) ;
  • En tant que matériaux au contact des aliments, pour leurs fonctions d’améliorations de la sécurité du conditionnement (par ex. fonction anti-microbien assurée par le nano-argent) ;
  • Enfin, il a été identifié la présence d’ingrédients à vocation nutritive, pouvant se trouver à l’état nanoparticulaire (ex. du carbonate de calcium utilisé dans les laits infantiles pour atteindre une teneur suffisante en calcium).
En France, la déclaration des substances à l'état nanoparticulaire, obligatoire depuis 2013 via le registre R-Nano géré par l’Anses, prévoit que les fabricants, importateurs et distributeurs de plus de 100 grammes de substances à l'état nanoparticulaire par an fassent état de l’identité des substances, les quantités manipulées ainsi que les usages prévus. Malgré ces obligations, l’identification et la traçabilité des nanomatériaux dans le domaine de l’alimentation s’avèrent encore aujourd’hui limitées. Elles constituent pourtant une étape indispensable à l’évaluation des risques sanitaires.

37 nanomatériaux manufacturés référencés, une majorité des catégories alimentaires concernées
A partir de données publiées dans la littérature scientifique, l’Agence a référencé 37 substances, utilisées en tant qu’additifs ou ingrédients alimentaires et pour lesquelles elle considère que la présence de nanoparticules est avérée (7 substances : le carbonate de calcium, le dioxyde de titane (Pour lequel la mise sur le marché en France de denrées alimentaires contenant l’additif (E171) est suspendue pour un an à compter du 1er janvier 2020 ), des oxydes et hydroxydes de fer, le silicate de calcium, les phosphates tricalciques, les silices amorphes synthétiques, des composés organiques et composites) ou suspectée (30 substances dont : l’aluminium, l’argent, l’or, le phosphates de magnésium, le citrate d'ammonium ferrique, les sels de sodium, de potassium et de calcium d’acides gras, etc.).

Dans le cadre de cette expertise, l’Agence se base sur sa propre qualification du terme « nanomatériau manufacturé » :
  • Un nanomatériau manufacturé est un matériau de nature organique, inorganique ou composite, produit par l’Homme à des fins applicatives et composé en tout ou partie de particules constitutives présentant au moins une dimension comprise entre 1 et 100 nm (nano-échelle).
  • Les dimensions des particules constitutives peuvent être supérieures à 100 nm si ces dernières présentent une surface spécifique importante ou des propriétés propres à la nano-échelle.
  • Les particules constitutives peuvent se retrouver sous la forme d’agrégats ou d’agglomérats dont les dimensions peuvent être largement supérieures à la nano-échelle.
  • Les matériaux pour lesquels la fraction nanométrique n’aurait pas été produite intentionnellement au cours des processus de fabrication rentrent dans le cadre de cette qualification.
On lira Nanomatériaux dans les produits destinés à l’alimentation. Avis de l’Anses. Rapport d’expertise collective. Mai 2020. Edition scientifique, 238 pages.