Le rappel de Ferrero lié à une épidémie à Salmonella est probablement l'un des plus importants retraits de produits chocolatés de l'histoire commerciale européenne, compte tenu du calendrier par rapport à Pâques et de la large distribution, selon une étude.
Une épidémie à Salmonella Typhimurium monophasique dans au moins 10 pays, touchant principalement les jeunes enfants, a été liée au chocolat Kinder produit par Ferrero en Belgique.
La Belgique, la France, l'Allemagne, l'Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège, l'Espagne, la Suède et le Royaume-Uni ont des cas tandis que des personnes en Autriche et en Suisse peuvent également être touchées. Des rappels ont été émis aux États-Unis et au Canada, mais il n'y a pas de maladies connexes dans ces deux pays.
En raison de la sous-déclaration des systèmes de surveillance à Salmonella et des sensibilités variables des techniques microbiologiques utilisées dans les pays européens, l'ampleur de l'épidémie est «certainement sous-estimée», étant donné que des volumes très élevés de produits chocolatés impliqués sont consommés dans l'Union européenne et le Royaume-Uni, ont déclaré des chercheurs de la revue Eurosurveillance, «Investigation of an international outbreak of multidrug-resistant monophasic Salmonella Typhimurium associated with chocolate products, EU/EEA and United Kingdom, February to April 2022».
Alors que la période entre la détection initiale de l'épidémie et les mesures ultérieures au niveau international a pris plus de deux mois, une fois les liens épidémiologiques définitifs établis avec le produit en cause, les actions de contrôle ont suivi rapidement, ont dit les chercheurs.
Salmonella Typhimurium monophasique correspondant à la souche du foyer épidémique a été identifiée à l'usine Ferrero d'Arlon mi-décembre 2021 par la société. Cependant, des responsables de l'UE ont dit que le premier cas britannique en décembre ne pouvait s'expliquer par une contamination découverte dans l'usine de transformation au cours du même mois, suggérant des problèmes antérieurs ou une autre source.
Suite au signalement au Royaume-Uni sur la plateforme EpiPulse Food and Waterborne Diseases (FWD) du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) le 17 février 2022, et une alerte du système d'alerte précoce et de réponse (EWRS) le 25 mars, l'Allemagne, la Suède, la France, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Norvège, l'Irlande, la Belgique et l'Espagne ont signalé des cas confirmés ou probables. La dernière date de prélèvements provient du Royaume-Uni le 28 mars.
Les autorités belges ont arrêté la production dans l'usine en avril et le Réseau international des autorités de sécurité alimentaire (INFOSAN) a émis une alerte informant 77 pays et territoires de la distribution des produits impliqués. Une investigation a également été ouverte par le parquet de Luxembourg.
Les autorités brésiliennes ont interdit la vente et l'importation des produits Kinder fabriqués par Ferrero en Belgique. Ceci malgré le fait que le pays ne figure pas sur la liste des pays qui ont reçu les articles potentiellement contaminés.
Dans l'ensemble, 88 des 101 personnes malades interrogées dans 10 pays ont déclaré avoir consommé divers produits de chocolat Ferrero.
Les résultats positifs de Ferrero provenaient de prélèvements de l'équipement de transformation, les tanks de babeurre,
mi-décembre 2021 et en janvier 2022. Certains produits à base de chocolat ont été distribués après des analyses négatives vis-à-vis de Salmonella. L'usine d'Arlon fabrique environ 7% du total des produits Kinder fabriqués chaque année dans le monde.
Au moins 10 échantillons de produits impliqués, provenant des domiciles des cas, ont été testés dans quatre pays, avec des résultats négatifs. Des enquêtes antérieures n'ont trouvé que de petites quantités de bactéries Salmonella dans des échantillons de produits chocolatés, ce qui suggère que la contamination peut être difficile à détecter, selon l'étude. Ceci est étayé par des informations de l'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR) sur Salmonella dans le chocolat (voir l’article du blog -aa).
Des investigations sont en cours pour définir un approvisionnement commun en matières premières. L'analyse des causes profondes de l'épidémie se poursuit également pour déterminer si elle a été causée par un ingrédient contaminé ou une autre source de contamination potentiellementde plusieurs souches.
Les chercheurs ont également noté le profil de multirésistance aux médicaments de la souche épidémique. Cependant, ils ont déclaré qu'elle était sensible aux fluoroquinolones, à l'azithromycine et aux céphalosporines de troisième génération, qui offrent des options de traitement efficaces pour les cas d'infection du sang.
La notification précoce de la détection de l'épidémie et les résultats préliminaires de l'enquête au Royaume-Uni, suivis d'une collaboration rapide entre plusieurs pays dans le partage d'informations, coordonnés et soutenus par l'ECDC, ont été essentiels au progrès rapide des enquêtes sur l'épidémie. Les informations épidémiologiques descriptives ont fourni des preuves solides impliquant le véhicule de l'infection dans cette épidémie, en particulier lorsqu'elles ont été fusionnées au niveau international, suffisantes pour permettre aux autorités de santé publique et de sécurité des aliments d'entreprendre les contrôles rapides et nécessaires. Les informations ultérieures sur la détection de la souche épidémique dans l'installation de traitement impliquée ont fourni une confirmation microbiologique supplémentaire du lien entre les produits de l'entreprise et l'épidémie à l'échelle européenne. Cela a démontré l'utilité et souligné la nécessité d'un partage rapide des informations sur les séquences microbiologiques, dérivées non seulement des cas de maladie humaine tels qu'ils se sont produits au cours de cette enquête sur l'épidémie mais également les prélèvements des aliments, des animaux et de l'environnement.
Les mesures de maîtrise prises dans tous les pays concernés constituent probablement l'un des plus importants retraits et rappels de produits chocolatés de l'histoire commerciale européenne.
Plusieurs sources mentionnent un/des contrôles d'environnement positif sur un filtre en sortie d'1 ou 2 tanks de babeurre. Cependant le babeurre ne semble pas figurer sur la liste des ingrédients utilisés pour manufacturer les produits rappelés à Arlon ? une confusion quelque part ?
RépondreSupprimerPeut-être s'agit de lactosérum ?
RépondreSupprimerAutre point, les problèmes de chronologie, https://leblogaa.blogspot.com/2022/04/problemes-de-chronologie-souleves-dans.html
Effectivement la chronologie demanderait des éclaircissements.
SupprimerBabeurre ou lactosérum ou autre produit laitier ?:
La liste des ingrédients utilisés pour les produits rappelés montrent que les formes pulvérulentes sont largement utilisées à Arlon.
Or le terme « filtre » est davantage utilisé pour des process « liquides » et « tamis » pour des process poudres. A moins qu’il ne s’agisse de filtre sur un circuit air comprimé, par ex sur un silo de stockage poudres à fond vibrant /décolmatant ? Ce type d’info pourrait utilement figurer dans le futur rapport d’une agence sanitaire avec ses recommandations de bonnes pratiques d’hygiène pour la filière des producteurs.
Il est intéressant de faire un parallèle avec la crise 2017/2018 en France et les avis de l’ANSES 2018-SA-0264 et 2018-SA-0077 pour la filière de production des préparations en poudre pour nourrissons. Où en est-on du projet de l’obligation de déclarer aux Autorités Nationales les contrôles d’environnement testés pathogènes positifs ? En France et ailleurs en Europe ? Serait-il pertinent d’étendre cette obligation à d’autres filières de fabrication de produits consommés en l’état par de jeunes enfants ?