vendredi 12 juillet 2019

France : Cafouillage dans la communication à propos du rappel de coppa pour cause de cas de gastro-entérites ou de plusieurs foyers de TIAC à Salmonella, c’est au choix ?

Le titre de cet article illustre la com des ministères de l’agriculture et de la santé à propos d’un communiqué publié le 12 juillet 2019 et intitulé « Cas de gastroentérites liés à la consommation de Coppa contaminée par des Salmonelles ».

Bien entendu des toxi-infections alimentaires collectives ou TIAC ont souvent comme symptomatologie une gastro-entérite, mais souvent on peut lire en France, ici ou là, à propos d’une investigation sur une TIAC que ce n’est pas une intoxication alimentaire mais une gastro

Le début du texte du communiqué demeure ensuite plus clair … si l’on peut dire …
Plusieurs foyers de toxi-infections alimentaires collectives à Salmonella ont été signalés le 8 juillet dernier aux autorités sanitaires. Des plaintes de consommateurs ont conduit la direction qualité de l’enseigne Intermarché à alerter les autorités et à procéder au retrait des produits en points de vente. Le lien avec la consommation de Coppa (charcuterie italienne) de la marque « Di Vittorio » du fournisseur CASTELLI FRANCE a été confirmé par La Direction générale de l’alimentation, la Direction générale de la santé et Santé publique France. 
Pour l’instant, pas d’information du côté de Santé publique France.

Cela étant, celui ou celle qui a rédigé ce communiqué doit faire des efforts de clarté …

« Plusieurs foyers de toxi-infections alimentaires collectives à Salmonella ont été signalés », la formulation vaut son pesant de cacahuètes ! Combien de foyers, combien de personnes ? On ne le saura pas …

D’accord, pour le signalement, mais fait par qui ?

Puis, on apprend qu’il s’agit de plaintes de consommateurs … mais toujours pas de nombre de personnes concernées …
Les magasins de l’enseigne Intermarché ont procédé dès le 8 juillet dernier au retrait de la distribution des lots de Coppa suspects et une information aux consommateurs par affichettes dans les lieux de vente a été diffusée ce jour. Un numéro vert est à disposition des consommateurs : 0 800 000 175.
D'accord, mais pourquoi le texte des deux communiqués d'Intermarché date du 11 juillet, et non pas du 8 juillet, voir plus bas pour les détails.
Le produit concerné est de la Coppa tranchée ou entière commercialisée entre le 17 mai et le 8 juillet 2019 au rayon traditionnel des magasins, sur tout le territoire national. Les autorités sanitaires recommandent aux personnes qui détiennent encore les produits concernés de ne pas les consommer et de les rapporter au point de vente où ils ont été achetés.
Cela va être un peu compliqué car il a bien été vendu de la coppa par Intermarché qui a émis deux avis de rappel distincts :
  • 11 juillet 2019 : rappel de coppa de la société Castelli France de marque Di Vittorio par Intermarché pour cause de présence de Salmonella.
  • 11 juillet 2019 : rappel par Intermarché de sandwich à la coppa préparé sur place acheté en le 17 mai et le 8 juillet 2019 pour cause de présence de Salmonella dans la coppa. Pas de marque, pas de fournisseur.
Le communiqué du ministère de l’agriculture ne renvoie au lien d’Intermarché afin de fournir plus de détails … d’autant que le communiqué de rappel de sandwich n’indique ni la marque, ni de fournisseur  …

Puis le communiqué rappelle les conséquences d’une intoxication alimentaire à Salmonella :
Les toxi-infections alimentaires causées par les salmonelles se traduisent par des troubles gastro-intestinaux (diarrhée, vomissements) d’apparition brutale souvent accompagnés de fièvre et de maux de tête qui surviennent généralement 6 à 72h après la consommation des produits contaminés. Ces symptômes peuvent être plus prononcés chez les jeunes enfants, les femmes enceintes, les sujets immunodéprimés et les personnes âgées.
Les personnes qui auraient consommé ces produits et qui présenteraient ces symptômes, sont invitées à consulter leur médecin traitant en lui signalant cette consommation. En l’absence de symptômes dans les 7 jours après la consommation des produits concernés, il est inutile de s'inquiéter et de consulter un médecin. 
Signalons que la France a notifié le 9 juillet 2019 au RASFF de l’UE une alerte, référence 2019.2473, pour la présence de Salmonella enterica sérotype Typhimurium dans de la coppa d’Italie.

Détail du calendrier
  • 17 mai, date de mise en vente de la coppa par Intermarché.
  • 8 juillet, il est signalé plusieurs foyers de toxi-infections alimentaires collectives à Salmonella aux autorités sanitaires à la suite de plaintes de consommateurs.
  • 9 juillet, notification au RASFF de l’UE par la France de la présence de Salmonella enterica sérotype Typhimurium dans de la coppa d’Italie.11
  • 11 juillet, publication de deux communiqués de rappel par Intermarché.
  • 12 juillet, communiqué du ministère de l’agriculture : « Cas de gastroentérites liés à la consommation de Coppa contaminée par des Salmonelles ».
Comme on peut le constater, quatre jours se sont écoulés entre le signalement suite à des plaintes de consommateurs et le communiqué des ministères de la santé et de l’agriculture.

Le blog aimerait bien une investigation sur ces foyers de TIAC, sur le calendrier des évènements et sur les autocontrôles chez Intermarché ...

A suivre …

Suivent ci-dessous les deux affichettes diffusées par Intermarché:
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
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Complément du 13 juillet 2019. On lira pour voir les différences et les ressemblances avec l'Histoire d'une alerte alimentaire en infographie publiée par Santé publique de France. On peut d'ores et déjà dire que ce qui s'est passée dans ces plusieurs foyers de toxi-infections alimentaires collectives à Salmonella est globalement l'inverse de la théorie professée dans cette infographie, à vous de voir ...

On en sait un peu sur les plaintes de consommateurs, selon France Bleu du 13 juillet 2019,
Après plusieurs signalements de consommateurs, la direction qualité de l'enseigne Intermarché vient de retirer plusieurs lots de « Coppa » de ses rayons.
En Occitanie, quatre personnes ont été hospitalisées. Une quinzaine d'autres ont été malades, après avoir consommé la charcuterie.
Dans le Gers, une quinzaine d'adhérents d'une association ont été malades, et une personne est encore à l’hôpital. En Haute-Garonne deux personnes ont été également hospitalisées à Bouloc. 
La direction (d’Intermaché) explique que le rappel des produits concerne toute la France. D'après nos informations, il y a d'autres personnes malades notamment en Isère, dans le Puy-de-Dôme mais aussi le Var. La Mayenne serait aussi touchée. Les autorités demandent aux clients de cette enseigne d'être très vigilants. 
Complément du 14 juillet 2019. Selon Food Safety News et Oulah!, le même produit, de la coppa Di Vittorio de marque Castelli France, avait été rappelé en août 2018 pour la présence de Listeria monocytogenes. Le produit avait été vendu chez Intermarché entre le 8 juin et 9 août 2018. Il n’y avait pas d’information sur ce rappel sur les sites officiels.


Complément du 16 juillet 2019. Dans une mise à jour au 15 juillet 2019 de la notification au RASFF de l’UE par la France, référence 2019.2473, on apprend que l’épidémie d’origine alimentaire suspectée d’être causée par Salmonella enterica sérotype Typhimurium dans de la coppa d'Italie, avait des matières premières de France et d'Allemagne.

Les enquêtes de la DGCCRF, aujourd'hui le miel


Dans la rubrique, résultats d’enquêtes, la DGCCRF communique le 11 juillet 2019 sur « Qualité des miels, gelées royales, sirops d’érable et d’agave ».

Contexte
La faiblesse de la production française de miel et le maintien d’une demande intérieure forte, en particulier d’un miel d’origine France ‒ voire locale ‒, sont susceptibles de conduire à des pratiques frauduleuses individuelles ou organisées.
L’enquête de la DGCCRF a visé à rechercher le non-respect des caractéristiques de composition, les infractions aux règles d’étiquetage mais également de tromperies sur les caractéristiques du produit et l’adultération des miels par des sucres exogènes ou par des dilutions. Le Service national des enquêtes (SNE) de la DGCCRF a contrôlé l’amont de la filière miel ainsi que la gelée royale, le sirop d’érable et le sirop d’agave, en s’appuyant notamment sur des données douanières. Les directions départementales ont effectués des contrôles ciblés sur la base des informations transmises par le SNE ainsi que des contrôles à la distribution.
317 établissements, de la production à la distribution, ont fait l’objet de contrôles dont notamment 123 apiculteurs, 116 commerces, 24 transformateurs et 19 sites internet ou de vente à distance. 262 échantillons de produits prélevés par les enquêteurs au cours des contrôles ont été analysés en laboratoire.
Les résultats sont à lire dans le détail sur le lien précité, mais en voici quelques exemples :
  • 43 % des miels analysés en laboratoire sont « non conformes » et 2 % « à surveiller »
  • Plusieurs cas de miels importés et revendus au consommateur final dans des pots mentionnant une origine française ont été relevés
  • 41 injonctions ont été prises contre des apiculteurs et des opérateurs
  • 108 avertissements ont relevé essentiellement des défauts d’étiquetage et des présentations prêtant à confusion
  • 23 procès-verbaux
En 2013 déjà, la DGCCRF contrôlait la qualité des miels. Ce qu’on peut simplement dire c’est que la situation semble s'être sensiblement aggravée depuis …

En conclusion,
Cette enquête réalisée au cours des deux dernières années a permis de mettre en évidence un taux d’anomalie globalement limité (32% mais avec essentiellement des manquements d’étiquetage) au regard de l’effort de ciblage qui avait été réalisé pour contrôler en priorité les opérateurs à risque. Pour autant, des fraudes importantes ont été mises en évidence, notamment par des professionnels peu scrupuleux se faisant passer pour des apiculteurs ou commercialisant sous couvert d’une origine locale des produits importés. Ces pratiques sont particulièrement dommageables pour les apiculteurs qui, dans une grande majorité, vendent leur propre production en circuits courts. Les produits vendus par la grande distribution sont globalement bien surveillés par les grossistes qui effectuent des analyses pour s’assurer de la qualité des produits. Toutefois, étant donné les volumes concernés, des pratiques trompeuses auront un impact plus important. 
Last but not the least, dans un autre communiqué, la DGCCRF annonce le 11 juillet 2019 un « projet de décret visant à renforcer l’information des consommateurs sur l’origine des miels issus de mélanges et conditionnés en France ».

On verra ce qu’il en sera de ce décret, mais pourtant, le 6 novembre 2015, la DGCCRF avait publié une fiche pratique sur Étiquetage du miel :
  • Étiquetage. Les règles d’étiquetage et de présentation sont celles applicables aux denrées alimentaires et celles concernant les denrées préemballées prévues par le règlement concernant l’information des consommateurs sur les denrées alimentaires.
  • Mentions obligatoires
  • La dénomination de vente
  • Liste des ingrédients
  • Date de durabilité
  • Nom ou raison sociale et adresse du fabricant ou conditionneur ou vendeur
  • Indication du lot de fabrication
  • Indication du ou des pays d’origine
  • Les diverses expressions
Bref, un décret versus une fiche pratique …

Dans le texte annonçant ce projet de décret, on découvre qu’il y peut-être eu dans le cadre de la fraude alimentaire « plusieurs centaines voire milliers de tonnes de miel originaires de Chine », filière fort heureusement démantelée …
Au cours des deux dernières années les services de la DGCCRF ont été particulièrement mobilisés sur ce sujet : 317 établissements ont été contrôlés et 262 produits analysés dans ses laboratoires. 32% des établissements contrôlés présentaient des anomalies et 43% des prélèvements sont revenus non conformes. Si presque 70% des contrôles d’établissements n’ont pas mis en évidence de manquement et que la première cause de non-conformité concernait des défauts d’étiquetage, des manquements graves tels que des défauts de composition, de qualité ou d’adultération ont été mis en évidence. Les contrôles ont ainsi donné suite à 23 procès-verbaux transmis à la Justice, à 41 injonctions et à l’envoi de 108 avertissements. Une tromperie en bande organisée ayant conduit à la « francisation » de plusieurs centaines voire milliers de tonnes de miel originaires de Chine et d’Espagne a notamment été démantelée.
Complément du 15 juillet 2019. On lira l'article de Franck Valayer, Le miel et les abeilles (des Ministères). 

Campylobacter et Listeria en hausse en Irlande


« Campylobacter et Listeria en hausse en Irlande », source article de Joe Whitworth paru le 12 juillet 2019 dans Food Safety News.

Listeria et Campylobacter ont tous les deux augmenté en Irlande l'année dernière, selon les données du Health Protection Surveillance Centre.

Le rapport sur la listériose en Irlande en 2018 est ici et celui sur les infections à Campylobacter en 2018  est ici.

22 cas de patients atteints de listériose, cela est le nombre le plus élevé depuis que la maladie est devenue à déclaration obligatoire en 2004.

Plus de 3 000 cas d’infection à Campylobacter ont été enregistrées. En 2018, 3 030 cas de campylobactériose ont été signalés, soit une augmentation de 8,7% par rapport aux 2 786 patients en 2017.
Cela représente 63,6 cas pour 100 000 habitants.

« Campy » reste la cause la plus fréquente de gastro-entérite bactérienne en Irlande. C’est la huitième année consécutive que les taux ont augmenté par rapport aux taux enregistrés entre 2004 et 2010.

La campylobactériose touche toutes les tranches d'âge, le taux le plus élevé se situant dans le groupe des 0 à 4 ans. Ce taux chez les jeunes enfants est une caractéristique bien décrite de la maladie et observée au niveau européen, selon le Centre de surveillance de la protection de la santé (HPSC).

Trois éclosions d'origine alimentaire, mais aucune source identifiée
La manipulation de la volaille crue ou la consommation de viande de volaille crue ou insuffisamment cuite, ainsi que la consommation d’eau ou de lait contaminé ou non pasteurisé et de produits dérivés de ceux-ci sont des facteurs de risque de campylobactériose.

Il y a eu cinq éclosions de campylobactériose au cours de la période examinée. Trois ont été rapportés comme étant d'origine alimentaire, mais aucune source n'a été identifiée. Deux étaient dans des établissements de santé de longue durée; 11 personnes auraient été malades entre elles, dont trois confirmées par le laboratoire. Une intoxication alimentaire de deux cas confirmés par le laboratoire liés à un hôtel proviendrait également d'une source alimentaire.

« Les notifications d'épidémies à Campylobacter sont moins fréquentes que celles d'autres agents pathogènes gastro-intestinaux bactériens; de plus en plus, cela est considéré comme un reflet de notre incapacité à les détecter car le typage traditionnel des souches de Campylobacter a une valeur limitée », selon HPSC.

En 2018, les rapports ont culminé entre mai et août. Le pays où a eu lieu l'infection était connu pour 56 personnes, dont 12 étaient liées à un voyage à l'étranger.

Tous les patients signalés en Irlande en 2018 ont été confirmés par le laboratoire, mais les données sur les isolats d'espèces n'ont été rapportées que pour 13% d'entre eux. Parmi les 407 isolats, 92% étaient des Campylobacter jejuni et 7%, Campylobacter coli, seuls trois d'entre eux étant d'autres espèces.

Les données de résistance aux antibiotiques étaient disponibles pour 46 isolats. Quinze ont montré une résistance à la ciprofloxacine, 18 à la tétracycline, aucune n'ayant de résistance à l'érythromycine.

Les symptômes durent généralement quelques jours, bien que parfois, la récupération puisse durer jusqu'à 10 jours. L'arthrite peut se développer suite à une infection et, dans de rares cas, une affection neurologique appelée syndrome de Guillain-Barré (SGB) peut se développer. Le SGB peut durer des semaines ou des mois. La plupart des gens se rétablissent complètement, mais certains développent une faiblesse plus chronique qui peut entraîner la mort. On estime qu'un cas sur 1 000 signalé de campylobactériose conduit à un SGB.

Listeria: deux fausses couches et un décès
En 2018, 22 cas de listériose ont été signalés, soit une augmentation de huit par rapport à 2017. Aucune source n'a été confirmée pour aucun d'entre eux.

Dix ont eu lieu dans les trois mois de juillet à septembre. Toutes les personnes impliquées appartenaient aux groupes reconnus à risque de listériose, d'être âgées, d'avoir une maladie sous-jacente, d'être enceinte ou d'être néonatales.

Un enfant mort-né et quatre femmes enceintes auraient eu lieu comme conséquence d’une mortalité à la naissance et deux fausses couches.

Dix-sept cas n'étaient pas liés à la grossesse, soit une augmentation de 70% par rapport aux 10 cas en 2017. Neuf d'entre eux étaient des hommes. Les patients étaient âgés de 42 à 92 ans et les trois quarts étaient âgés de 65 ans et plus.

Quatorze cas, dont ceux âgés de moins de 65 ans, avaient une maladie sous-jacente susceptible d’augmenter le risque de listériose. Huit avaient une infection sanguine, deux une méningite et une infection sanguine et cinq autres symptômes. Un décès a été signalé en 2018.

Les isolats de 18 des 22 cas notifiés ont été adressés au laboratoire pour typage; le sérotype 4b était le plus fréquent dans 11 isolats suivis du sérotype 1/2 avec six isolats.

Les 18 isolats ont été distingués en 10 différents types de séquence par séquençage du génome complet, et la comparaison des données de séquence a permis d’exclure la probabilité de liens entre eux. Comme quelques isolats n'étaient pas disponibles, il était possible qu'une petite éclosion ait été détectée.

« Comme aucun foyer n’a été identifié parmi les cas signalés, il apparaît que le nombre d’infections sporadiques a augmenté, ce qui a été particulièrement perceptible chez les personnes âgées. Cette augmentation a principalement eu lieu pendant les mois d'été 2018, une période au cours de laquelle il faisait exceptionnellement chaud », selon le HPSC.

Les aliments souvent associés à une infection sont des produits prêts à consommer réfrigérés et transformés, tels que des plats cuisinés et réfrigérés, des fromages à pâte molle, la charcuterie, les pâtés et le poisson fumé.