lundi 25 novembre 2019

De nouvelles préoccupations commerciales discutées au sein de l’OMC


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

« OMC : Le Comité SPS aborde de nouvelles préoccupations commerciales et une mise à jour sur la transparence », source comité de l’OMS sur les SPS.

SPS : Sanitary and Phytosanitary Measures ou accord sur l’application des mesures sanitaires et phytosanitaires.

Les membres de l'OMC ont discuté d'un certain nombre de nouvelles préoccupations commerciales lors de la réunion du Comité des mesures sanitaires et phytosanitaires tenue les 7 et 8 novembre et ont également annoncé des progrès dans la résolution de quatre préoccupations commerciales. Les membres ont également été informés de la mise en œuvre des dispositions relatives à la transparence de l'Accord SPS.
Les membres ont mis en exergue une série de mesures qui fixent des normes en matière de sécurité sanitaire des aliments et de santé animale et végétale et qui, selon de nombreux exportateurs agroalimentaires, sont trop strictes et entravent les échanges, en particulier au détriment des agriculteurs des pays en développement. Cinq nouvelles préoccupations commerciales spécifiques et 12 préoccupations déjà exprimées ont été abordées lors de la réunion du comité, et un grand nombre de membres de l'OMC ont contribué aux discussions.

Taiwan a fourni des informations concernant la résolution d'un STC (specific trade concern) soulevé pour la première fois en mars 2017 concernant les restrictions d'importation imposées par la Thaïlande sur les graines de papaye, et le Pérou a demandé de retirer de l'ordre du jour un nouveau STC concernant les restrictions imposées par la Colombie à l'importation de café, ainsi qu'un précédent STC concernant la teneur maximale en cadmium de l'Union européenne dans les denrées alimentaires. La Chine a également retiré un STC concernant les mesures de l'UE concernant les produits d'origine animale.

Nouvelles préoccupations commerciales spécifiques (ou STCs)

Réglementation européenne sur les plantes à haut risque (ou organismes de quarantaine prioritaires)
Israël a fait part de son inquiétude concernant le Règlement de l'UE 2016/2031 sur les plantes à haut risque (ou mesures de protection contre les organismes nuisibles aux végétaux), qui pourrait bloquer tous les échanges existants pour 36 nouveaux types de plantes le 14 décembre 2019 à moins qu'une évaluation du risque phytosanitaire (PRA ou pest risk assessment) et les exigences d'entrée convenues aient été complétées avant cette date. Les États-Unis, le Canada et le Kenya ont également exprimé leur préoccupation. Ils ont souligné que nombre de ces produits étaient commercialisés depuis des années sans aucun problème et que l'interruption des importations à la date butoir du 14 décembre aurait un impact négatif immédiat sur les échanges, sans aucune amélioration claire ou mesurable de la sécurité des importations de l'UE. Ils ont demandé à l'UE d'expliquer quelles mesures elle avait prises pour minimiser les effets négatifs sur le commerce et si elle envisageait ou non des mesures provisoires permettant de maintenir un commerce historiquement sûr tout en cherchant à obtenir les informations nécessaires à une évaluation plus objective du risque phytosanitaire.

L’UE a répondu qu’elle avait recours à sa prérogative d’augmenter son niveau de protection après avoir conclu que le niveau précédent était insuffisant. L'UE a déclaré que le nouveau système introduit le concept d'évaluation du risque phytosanitaire (PRA), qui s'applique à tous les partenaires commerciaux, et a indiqué qu'il s'agissait d'une mesure provisoire par définition, car elle restera en place jusqu'à la finalisation de l'évaluation des risques. . L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fourni des orientations et des informations sur la manière de préparer les dossiers d’exportation nécessaires pour ces produits, et tout a été mis en œuvre pour éviter ou minimiser les perturbations des échanges, a ajouté l’UE, qui a également pris note des préoccupations soulevées.

Procédures d'approbation de la Thaïlande pour les produits d'origine animale
Le Brésil et l'Union européenne ont exprimé leurs préoccupations concernant les procédures d'approbation de la Thaïlande pour les importations de viande de porc et d'autres produits d'origine animale et sur ce qu'ils considéraient comme des délais injustifiés et longs pour l'approbation des importations. Dans le cas de l'UE, par exemple, des demandes émanant de onze États membres sont en instance, dont certaines depuis 2011. Le Brésil et l'UE ont noté que la Thaïlande traitait chaque demande séparément, et ont souligné que des synergies pourraient être exploitées, ainsi que le processus d'approbation global. accéléré sans perte d'examen, si les applications étaient regroupées et les étapes redondantes éliminées.

La Thaïlande a répondu que les procédures d'importation appliquées aux produits de l'élevage étaient claires, transparentes, fiables et traçables, ainsi que pleinement conformes aux règles et recommandations de l'OMC. Les procédures d'accès au marché reposent sur une analyse des risques conforme aux mesures SPS, a ajouté la Thaïlande, qui a récemment approuvé les importations de plusieurs produits à base de viande de porc, de bœuf et de volaille de l'Union européenne, notamment des protéines animales transformées provenant de porcins, de bovins et de volaille. En ce qui concerne le Brésil, la Thaïlande a indiqué qu'une mission d'inspection des établissements de viande de bœuf au Brésil avait été effectuée et qu'un questionnaire d'évaluation des importations de produits à base de viande de volaille avait été fourni aux autorités et attend maintenant leurs réponses.

Restrictions imposées par les Philippines sur les importations de viande
L'Union européenne s'est également déclarée préoccupée par les restrictions imposées par les Philippines sur les importations de viande. Selon l'UE, ces restrictions ne respectent pas les normes internationales convenues, pas plus qu'elles n'appliquent les principes de régionalisation à l'égard de l'UE. Ils maintiennent également des interdictions scientifiquement injustifiées à l'échelle nationale sur les importations de produits à base de viande en provenance d'États membres de l'UE en raison de l'épidémie de peste porcine africaine (PPA). Selon l'UE, ces mesures s'appliquent actuellement à neuf États membres de l'UE, même si l'un des États concernés par les interdictions (Allemagne) n'a jamais eu de foyer de PPA sur son territoire, et un autre (la République tchèque) est indemne de PPA pour plus de 18 mois.

Dans leur réponse, les Philippines ont souligné que la PPA est une maladie très contagieuse qui a la capacité de se propager rapidement, de se multiplier et de rester virulente pendant des semaines, voire des mois, quelles que soient les frontières. Comme il n’existe actuellement aucun vaccin ni traitement efficace, la PPA peut entraîner d’énormes pertes économiques et nuire gravement à la sécurité alimentaire, ont déclaré les Philippines, qui ont assuré aux membres que les restrictions à l’importation de viande en provenance de pays présentant une épidémie de PPA sont une mesure de précaution provisoire conforme à l’Accord SPS. Les Philippines ont reconnu que cette mesure avait restreint le commerce international et se sont déclarées optimistes sur le fait que grâce à la coopération, elles pourraient surmonter la situation actuelle.

Importations de l'UE de sabots et de cornes transformés
L’Indonésie a fait part de ses préoccupations concernant les exigences sanitaires de l’Allemagne concernant l’importation de sabots et de cornes transformés, qui présente un potentiel commercial important pour l’Indonésie et l’Allemagne en tant qu’ingrédient pour les engrais. L'Indonésie a déclaré qu'elle avait suivi l'approche processus établie pour demander l'accès au marché par l'intermédiaire du Ministère allemand de l'alimentation et de l'agriculture mais attend toujours des éclaircissements concernant les exigences sanitaires. Il s'est également déclaré disposé à collaborer étroitement avec l'Allemagne et l'Union européenne sur cette question afin de suivre les différentes étapes de la procédure à suivre avant d'obtenir l'accès au marché.

L'Union européenne a déclaré que cette question était harmonisée au niveau de l'UE par le biais d'un règlement définissant les exigences et les conditions applicables à la production et à l'importation de sous-produits animaux. Après avoir reçu en mars de cette année la première demande de lIindonésie concernant la procédure d’importation, plusieurs discussions bilatérales ont eu lieu. L'UE examine actuellement la documentation soumise et sa procédure de consultation interne est en cours. L'UE a ajouté qu'elle souhaitait trouver une solution dans les meilleurs délais et s'est engagée à tenir l'Indonésie informée des développements et des résultats de son évaluation.

Niveaux maximaux des contaminants de la Russie
L'Indonésie s'est également déclarée préoccupée par les limites maximales fixées par la Fédération de Russie pour certains contaminants, tels que le 3-MCPD et l'ester glycidylique dans les huiles végétales, notamment les produits dérivés de l'huile de palme. L’un des principaux producteurs d’huiles végétales au monde, avec une production de 43 millions de tonnes en 2018, a indiqué que la nouvelle limite maximale fixée par la Fédération de Russie toucherait non seulement l’Indonésie, mais également d’autres pays producteurs d’huiles végétales. Soulignant que les mesures SPS prises par un Membre ne s'appliqueront que dans la mesure nécessaire pour protéger la santé ou la vie des personnes, des animaux ou des végétaux et de manière à ne pas constituer une restriction déguisée au commerce international, l'Indonésie a demandé à la Fédération de Russie des éclaircissements sur les points suivants: le raisonnement et la justification scientifique de la nouvelle limite maximale.

Dans sa réponse, la Fédération de Russie a justifié sa décision quant à la nécessité de protéger la vie animale et humaine et a déclaré qu'elle était à la fois compatible avec les obligations de l'OMC et avec les preuves scientifiques et les recherches entreprises à ce sujet par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le monde. Organisation de la santé (OMS).

Problèmes soulevés précédemment
Les STCs (ou spécific trade concerns) évoqués précédemment par le Comité SPS comprenaient cinq politiques de l'UE en matière de SPS: des limites maximales de résidus (LMR) pour plusieurs pesticides; législation sur les perturbateurs endocriniens; les nouvelles LMR pour l'insecticide lambda-cyhalothrine; et la nouvelle définition du fongicide folpet

L'UE a également soulevé des questions précédemment abordées, notamment les restrictions à l'importation de volaille imposées par l'Afrique du Sud en raison de l'influenza aviaire hautement pathogène; des restrictions à l'importation imposées par la Chine à l'ensemble du pays en raison également de l'influenza aviaire hautement pathogène; des restrictions américaines à l'importation de pommes et de poires; des procédures d'approbation de l'Indonésie pour les produits animaux et végétaux; et des préoccupations générales concernant les restrictions à l'importation dues à l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB).

En outre, le Comité a été informé de préoccupations concernant les restrictions à l'importation de bovins vivants en provenance de l'Argentine liées à la fièvre aphteuse (FMD); des restrictions de l'Ukraine sur les produits du porc en provenance du Brésil; et des mesures du Mexique sur les importations de fleurs d'hibiscus en provenance du Sénégal.

Mise en œuvre des dispositions de transparence
Les membres ont eu un aperçu du niveau de mise en œuvre des dispositions de l'Accord SPS relatives à la transparence. En vertu de l'Accord SPS, chaque membre de l'OMC a des obligations en matière de transparence. Par exemple, les pays sont tenus de publier toutes les mesures sanitaires et phytosanitaires (mesures SPS) et de notifier les modifications apportées aux mesures SPS. Lors de la mise en œuvre de l'accord, les pays doivent identifier une seule autorité du gouvernement central responsable des exigences de notification de l'Accord SPS (l'autorité de notification). En outre, les pays sont tenus d'établir un point d'information chargé de répondre aux questions des autres pays sur les mesures SPS et les questions connexes (le point d'information).

Le Secrétariat a distribué son rapport annuel qui montre qu'au 12 septembre 2019, 128 membres sur 164 (78%) avaient présenté au moins une notification à l'OMC. Les membres n'ayant encore présenté aucune notification comprennent 12 pays en voie de développement et 15 low developed countries (LDcs).

Le rapport indique une tendance globale à la hausse du nombre de notifications au fil des ans et de nouvelles données intéressantes concernant l'utilisation des notifications par les membres en fonction de leur statut de développement, du type de notification et des informations fournies. Il conclut également que, compte tenu de l'augmentation constante du nombre de documents, la gestion du flux des notifications et la coordination au niveau national pour pouvoir bénéficier d'un système transparent constituent un défi pour de nombreux membres.

C'est l'un des domaines dans lesquels les membres ont sollicité une assistance technique et des conseils sur les meilleures pratiques afin d'améliorer leurs mécanismes de transparence. Le rapport révèle que certains membres ont considérablement augmenté leurs notifications à la suite d'une formation à la transparence. En outre, des ateliers sur la transparence, généralement organisés tous les deux ans, offrent une formation hautement interactive sur l'utilisation du SPS Information Management System (IMS), du SPS Notification Submission System (NSS) et du système d'alerte ePing.

Autres données pertinentes: L'utilisation des outils disponibles est en augmentation constante et, à ce jour, 85 membres ont demandé l'accès au SPS NSS en ligne et 46 ont envoyé des notifications via le système. Du 1er janvier au 15 septembre 2019, environ 75% des notifications ont été soumises via le SPS NSS. En outre, près de 8 000 utilisateurs des secteurs public et privé sont enregistrés pour recevoir des notifications d’alertes ePing.

Cinquième revue
Les Membres ont progressé dans le cinquième examen du fonctionnement et de la mise en œuvre de l'Accord SPS, qui devrait être achevé en 2020.

dimanche 24 novembre 2019

A propos de la transparence supposée des autorités sanitaires aux Etats-Unis et ailleurs. Faut-il en rester là ?


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

« Lettre de la rédaction: Restons-en là (Let’s call the whole thing off) », source article de Dan Flynn paru le 24 novembre 2019 dansFood Safety News.
Au cours des trois dernières semaines, Food Safety News a publié des avertissements concernant le manque de crédibilité de la Food and Drug Administration (FDA) et des Centers for Disease Control and Prevention (CDC).

Nous pensions que cet avertissement était justifié parce que la FDA et les CDC ont été pris en flagrant délit en train de cacher l’existence du quatrième foyer à E. coli O157:H7 en raison de la contamination de la laitue romaine. Nous comptons désormais une cinquième épidémie à E. coli causées par la romaine depuis la fin de 2017; il n'est donc pas surprenant que les autorités aient pensé pouvoir en cacher une.

Les deux agences fédérales ont réussi à garder leur petit secret pendant six semaines. Nous pensions que leur comportement méritait d'être puni, mais à part de les mettre en probation double secret, nous ne pouvions rien faire de plus.

Nous avons ensuite décidé que Food Safety News avertirait nos lecteurs du manque de crédibilité de la FDA et des CDC.

Le plan était de donner ces avertissements pendant six semaines, la même période au cours de laquelle ils ont caché l'épidémie. Nous pensions que les lecteurs devraient savoir que les deux agences fédérales pourraient aussi bien mentir que dire la vérité.

Nous sommes en train de couper court parce que nous ne voulons pas ajouter de mauvais karma à quiconque sur la romaine. Nous ne devons pas non plus continuer à faire partie de cette histoire, qui n’a pas de fin en ce moment.

La laitue romaine, au cours des deux dernières années, a infecté 360 personnes au cours de ces cinq épidémies, E. coli a envoyé près de la moitié de ses patients dans des hôpitaux et six autres sont décédées.

Et Thanksgiving est en train de devenir le jour de la marmotte de l’industrie romaine, les produits réfrigérés prêts à consommer étant de nouveau retirés des rayons des magasins des juste avant les grands jours de shopping.

Les nouvelles concernant l'épidémie n°5 sont arrivées rapidement les 20 et 21 novembre.

Il convient probablement de souligner le rôle joué par les fonctionnaires de l’État et le Food Safety and Inspection Service (FSIS) de l’USDA dans la diffusion de cette information.

Les autorités ont retrouvé E. coli dans des conditionnements non ouverts de laitue romaine produite par Ready Pac et le FSIS a annoncé que Missa Bay, située à Swedesboro, New Jersey, rappelait environ 97 272 pounds de produits de salade, car l’ingrédient, la laitue, pourrait être contaminé par E. coli 0157:H7.

Et l’épidémie n°5 a également entraîné des commentaires plus immédiats de la part des acteurs de l’industrie, de haut en bas de la chaîne d’approvisionnement. Le gouvernement et l'industrie ont travaillé pour supprimer la source de ces épidémies, mais les expressions de sympathie pour les victimes ont été rares et lointaines.

Alors, pour la dernière fois, voici ce que nous avons publié trois semaines plus tôt:

Note du rédacteur en chef sur l’avis initialement publié le 3 novembre: À ce jour, la crédibilité de la Food and Drug Administration (FDA) et du Centers for Disease Control and Prevention (CDC) n’est pas digne de confiance. Les deux agences ont fait preuve d’un mépris irresponsable pour le droit du public de savoir, et leur fiabilité reste incertaine. Au cours des six prochaines semaines, Food Safety News publiera cette note ci-dessus sur tous les articles concernant la FDA ou les CDC.

C'était trois semaines de plaisir.

NB : Selon l'agence de la santé publique du CanadaÉclosion d’infections à E. coli aux États-Unis liée à la laitue romaine a des répercussions sur les Canadiens.

Un premier rappel a eu lieu le 22 novembre 2019Produits de salade de marque Bonduelle pourraient être dangereuses en raison de la présence possible de la bactérie E. coli O157:H7.

Plusieurs cas de cryptosporidiose identifiés dans les Alpes-Maritimes depuis le 7 octobre 2019


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

Un communiqué de l’ARS PACA du 22 novembre fait le point sur la « Cryptosporidiose dans les Alpes-Maritimes ».

Il est fait état sans plus de précisions de Plusieurs cas de « Cryptosporidiose » ont été identifiés, depuis le 7 octobre, dans l’ouest des Alpes-Maritimes.
Il apparaît étonnant que depuis le 7 octobre, il n’y ait pas un recensement des personnes touchées ... 

On parle sur ce site de 38 personnes sont atteintes de cryptosporidiose dans le sud de la France et il est rapporté par Nice Matin, Ce vendredi après-midi, 92 cas de cryptosporidiose ont été enregistrés par l'ARS, et même selon France 3 régionsGrasse : après les nouvelles analyses de l'eau, les 92 cas de cryptosporidiose restent une énigme.

Je reproduis ci-dessous le communiqué de l'ARS précité en intégralité.
Qu’est-ce que la Cryptosporidiose ?La Cryptosporidiose est une infection du tube digestif due à un parasite appelé le « cryptosporidium ». Ce parasite est présent naturellement  dans l’environnement (les taux d’infection varient de 0,6 à 2 % dans les pays industrialisés). La contamination de l’homme se fait soit par contact direct avec un animal ou un humain porteur du parasite présent dans les selles, soit de façon indirecte par consommation d’eau ou d’aliments contaminés.
Quels sont les impacts sur la santé ?C’est une maladie généralement bénigne. Le symptôme principal de la maladie est une diarrhée, avec parfois vomissements, fortes douleurs abdominales, fatigue et légère fièvre. L’infection peut aussi être asymptomatique. La durée d’incubation est en moyenne d’une semaine (6 à 8 jours).
Pour une personne en bonne santé, l’évolution vers la guérison se fait spontanément  (parfois les symptômes peuvent durer quelques semaines), cependant l’infection peut être plus sévère chez une personne immunodéprimée, ce qui nécessite une prise en charge médicale.
A ce jour l’ARS n’a relevé aucun facteur d’aggravation ni aucune hospitalisation liée à cet épisode. Ce germe étant très transmissible, il est recommandé à toutes les personnes malades ou en contact avec des personnes malades d’appliquer les mesures d’hygiène les plus strictes (lavages des mains, utilisation de gel hydro-alcoolique).
Selon Nice Matin, « Les Grassois attendaient avec impatience les résultats de l'enquête de l'ARS dans l'affaire de « l'épidémie de cryptosporidiose », maladie transmise par un parasite et qui détraque violemment les intestins (« pire qu'une bonne tourista », décrivent les personnes touchées). »
Les nouvelles informations à retenirA ce jour :
  • le Var n’est pas concerné par les cas diagnostiqués de Cryptosporidiose ;
  • de nouveaux cas ont été portés à la connaissance de l’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) depuis son dernier communiqué de presse du 15 novembre ;
  • une suspicion de contamination se porte sur le secteur de Grasse, alimenté en eau par le canal du Foulon (ouest des Alpes-Maritimes), qui aurait pu être contaminé suite à de fortes précipitations.
On peut aussi lire sur ce site, Vous habitez dans le département du Var (83) ? Attention : votre eau du robinet est contaminée par un parasite, le cryptosporidium.

C’est pourquoi, par mesure de précaution, il a été décidé de :
  • réaliser une purge de tous les réseaux d’eau concernés en période nocturne ;
  • modifier l’alimentation en eau pour les communes de Grasse, Châteauneuf de Grasse, Mouans-Sartoux, Opio, Roquefort-les-Pins, le Rouret et Valbonne pour diminuer au maximum les apports du canal du Foulon.

Selon l'ARS PACA, les communes concernées sont : Bar-sur-Loup, Mouans-Sartoux, Châteauneuf-de-Grasse, Gourdon (Le Pont du Loup), Grasse, Le Rouet, Opionne et Villeneuve Loubet (le Val d'Azur)
Suite à la découverte de ces cas, l’ARS Paca a réalisé des analyses sur les différents captages et réseaux d’eau concernés. Aucune contamination bactérienne et parasitaire n’a été constatée. De son côté, le gestionnaire des réseaux d’eau de la ville de Grasse (Suez) a mené des investigations qui ont révélé une contamination en un seul et unique point du réseau, sur de l’eau ayant stagné dans une borne incendie.
C’est la raison pour laquelle de nouveaux prélèvements ont été réalisés. Les résultats d’analyse sont attendus dans les prochains jours.
Par ailleurs, l’ARS Paca suit avec attention les consultations pour gastro-entérite, à l’hôpital et en ville. Elle travaille également en lien avec les médecins et les pharmaciens du secteur. Des investigations sont également menées avec le réseau des vétérinaires sanitaires du secteur en lien avec les services de l’Etat. Toutes les personnes atteintes de cette pathologie ont été contactées par les équipes de la cellule régionale de Santé Publique France ou de l’ARS pour déterminer les origines possibles de la contamination.
Peut-on consommer l’eau du robinet ?L’Agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et Santé publique France continuent d’investiguer sur les cas de cryptosporidiose, pour évaluer son évolution dans le temps et repérer d’éventuelles nouvelles personnes atteintes. Pendant le temps de cette enquête, par mesure de précaution, elle conseille à la population concernée, et plus particulièrement aux personnes immunodéprimées ou greffées, de :
  • consommer de l’eau embouteillée ou de faire bouillir l’eau du robinet pendant 2 minutes avant de la consommer ou de l’utiliser pour la préparation des aliments ;
  • préparer les biberons avec de l’eau embouteillée ;
  • se laver les mains régulièrement avec une solution hydro-alcoolique suivie de séchage, pour éviter la transmission du parasite.
L’eau du robinet peut toujours être utilisée pour la cuisson des aliments, la douche, les usages ménagers (vaisselle, linge…).
NB : Le dessin proposé est issu de Nice Matin.

Je reste septique sur l'efficacité de la solution hydro-alcoolique sur les mains. L'Anses conseille en hygiène domestique:
Recommandations aux consommateurs• Respecter les règles d’hygiène concernant notamment: le lavage soigneux des mains en sortant des toilettes, après avoir changé une couche et après contact avec des animaux et leurs déjections, et le lavage soigneux des ustensiles de cuisine et des plans de travail, en particulier avant de manipuler des aliments.• Laver soigneusement les aliments pouvant être souillés par des oocystes de Cryptosporidium: salades, radis, carottes, fraises, etc. Cuire les aliments si les conditions de lavage ne peuvent pas être appliquées par manque d’eau destinée à la consommation humaine. 
Autres recommandations importantes, notamment pour les personnes immunodéprimées et les jeunes enfants, et dans les pays à faible niveau d’hygiène: ne pas boire d’eau de surface non traitée ou d’eau provenant d’un puits ou d’une source non contrôlés ; éviter la consommation de jus de fruit frais non pasteurisés, de glace dont la provenance ou les modalités de préparations ne sont pas sûres, ou encore de coquillages crus, s’ils ne proviennent pas d’une zone d’élevage autorisée ou contrôlée. 
Éviter le contact avec des selles et avec des animaux infectés (visites de fermes, etc.).
Complément du 6 décembre 2010


Dans un article, « Show me the science, Quand et comment utiliser un désinfectant pour les mains en ville ? », voici des recommandations du CDC :

Les désinfectants pour les mains à base d’alcool peuvent rapidement réduire le nombre de microbes sur les mains dans certaines situations, mais ils ne permettent pas d’éliminer tous les types de germes.

Pourquoi?
Le savon et l'eau sont plus efficaces que les désinfectants pour les mains pour éliminer certains types de germes, tels que Cryptosporidium, norovirus et Clostridium difficile. Bien que les désinfectants pour les mains à base d’alcool puissent inactiver très efficacement de nombreux types de microbes lorsqu’ils sont utilisés correctement, il est possible que les utilisateurs n’utilisent pas un volume de désinfectant assez important ou l’essuient avant qu’il ait séché.

Si vous ne disposez ni d’eau ni de savon, utilisez un désinfectant pour les mains à base d’alcool contenant au moins 60% d’alcool.
Pourquoi ?
De nombreuses études ont montré que les désinfectants avec une concentration en alcool comprise entre 60 et 95% sont plus efficaces pour tuer les germes que ceux avec une concentration en alcool inférieure ou les désinfectants pour les mains sans alcool. Les désinfectants pour les mains sans alcool à 60-95% 1) nz peuvent pas bien fonctionner contre de nombreux types de germes; et 2) réduisent simplement la croissance des germes plutôt que de les tuer sur le coup.

samedi 23 novembre 2019

Choses lues sur Listeria et sa maîtrise par les entreprises alimentaires


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

Trois articles lus récemment dans la presse grand public, et on va commencer par un classique, cela se passe en Belgique, mais cela aurait pu tout aussi bien se passer en France ...

Listéria dans une fromagerie à Cognelée: des normes trop sévères ? (source RTBF du 23 novembre 2019)
A Cognelée, dans la province de Namur, Julien Artois et sa compagne, Adèle Selvais, de la « Bergerie des Fauves Laineux » font grise mine, depuis quelques jours. Ils ont été contraints de retirer de la vente une partie de leur production de fromages au lait cru, pour cause de contamination à la listeria, une bactérie potentiellement dangereuse. « D’après les résultats des analyses, deux échantillons sur trois étaient positifs à la listeria, sans connaître le taux de contamination à ce moment-là. On a prévenu l’AFSCA qui nous a dit qu’on devait retirer les produits de la vente, et les rappeler là où on les avait vendus. Ce que nous avons fait et nous avons continué à produire au lait pasteurisé », explique Julien Artois.
Pour, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) applique les normes en vigueur au sein de l'Union Européenne et observe donc une tolérance zéro pour les producteurs, qu'ils soient artisans ou industriels. Pour Julien Artois, cette tolérance zéro est excessive. « On a commencé à être un peu en colère, car on trouve que les normes, qui sont de 'zéro', absence totale chez le producteur et de moins de 100 unités par 25 grammes dans la distribution ne sont pas adaptées à notre situation. Ici, on est en dessous de 10 unités. Je me réfère à un document scientifique de l’AFSCA, et le Conseil supérieur de la santé de Belgique, qui émet toute une série de critères pour évaluer la dangerosité d’un produit contaminé. Et il y a deux critères qu’on respecte totalement : le premier est que le produit devient dangereux quand il dépasse les 10 unités par 25 grammes, et le deuxième est la durée de conservation. Les produits qui sont considérés à risque quand ils sont contaminés par la listeria, sont d’une durée de conservation de 2 à 4 semaines. Nous, ici, nous sommes à des dates limites de consommation de 10 jours maximum. Donc, on est en dessous de 10 unités, et les produits doivent être consommés dans les 10 jours. »
Pas d’indication sur la croissance de la bactérie
Pour l’AFSCA, le risque de prolifération de la listeria tout au long de la chaîne de fabrication, jusqu’à arriver dans nos assiettes, justifie la tolérance zéro appliquée envers les producteurs. « C’est une bactérie dont le développement est très instable. Et nous n’avons pas une vue assez complète sur la croissance de cette bactérie en termes de temps pour savoir si, dans l’assiette du consommateur, il y aura un risque ou no», précise le porte-parole de l’AFSCA, Jean-Sébastien Walhin. L’agence fédérale souligne également qu’elle finance un programme de recherche qui permet aux petits producteurs de faire analyser la prolifération de la listeria dans leurs produits. Aujourd’hui, la Bergerie des fauves laineux évalue ses pertes à 3000 euros, ses gérants demandent également plus de souplesse administrative et de soutien du pouvoir politique pour tous les produits à base de lait cru.

Vous avez un problème de contamination par Listeria, voir un problème récurrent, vous devez absolument lire cet article de 20 minutes.fr, ce sont des conseils gracieux, mieux que ceux d’un expert …

Que doit faire une entreprise face à une contamination à la listeria ?
Après la fermeture de la ferme bio Durr, dans le Bas-Rhin, pour cause de listeria, quelles sont les procédures sanitaires que doit suivre l’industrie alimentaire ?
En cas de contamination, que doit-on faire ?

Les procédures sont les mêmes pour l’agriculture bio ou conventionnelle, tout producteur est tenu de faire des auto-contrôles. Si une analyse est positive à la listeria, il doit rappeler ses produits et informer les services vétérinaires. Dans l’affaire de la ferme Durr, ceux-ci ont découvert que plusieurs auto-contrôles positifs à la listeria  ne leur ont pas été communiqués par la PME. Le conseiller de la famille Durr, Stéphane Bour, assure que les exploitantes n’ont pas pris la mesure du danger. Dans les faits, elles n’ont clairement pas respecté la procédure standard.
Ensuite, « il faut multiplier les analyses pour localiser la bactérie, il faut bloquer la production », explique Olivier Fabre d’Agria Grand Est, le centre régional d’innovation en agroalimentaire situé à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle). « Suit un nettoyage intense avec des acides et du chlore. » La ferme Durr de Boofzheim prévoit de détruire ses anciens ateliers pour en reconstruire aux normes récentes.

Peut-être parce que ces anciens ateliers ne sont pas nettoyables ?
Pourquoi le public n’est pas systématiquement informé ?

Légalement, il n’y a aucune obligation de le faire. Un exemple en Alsace : le traiteur industriel Schneider à Hoerdt a été touché par la listeria car il achète sa crème à la ferme Durr. Plusieurs lots de garniture pour flammekueches ont été rappelés mais l’information n’a pas été rendue publique. Le ministère de l’Agriculture explique que la procédure standard est le simple retrait. Le retrait-rappel est uniquement mis en place lorsque la santé du consommateur est en danger. Dans ce cas seulement, l’information est donnée aux médias.

Ce qui est rapporté ici avec les lots de garniture pour flammekueches est totalement faux ! Pour s’en convaince, on lira le détail sur cet article, ici. Il y a même eu un rappel aux Luxembourg le 10 septembre …
Se relève-t-on d’une telle crise ?

Olivier Fabre assure que oui : « Dans les années 2000, le rappel des produits, c’était la mort de l’entreprise, maintenant, le public est habitué. Une crise listeria, c’est un surcoût énorme, l’image en prend un coup mais on survit. » En Alsace, le traiteur industriel Stoeffler d’Obernai a survécu. En 2002, sa production a été arrêtée pendant dix jours, ses produits rappelés. L’entreprise avait vendu pendant deux mois des produits qu’elle savait contaminés. Mais Stoeffler compte plus de 300 employés et son chiffre d’affaires est de 80 millions d’euros par an. Pour une PME comme la ferme Durr, la survie sera beaucoup plus difficile.

Alors c’est oui ou c’est non ?


Listeria : nettoyage et désinfection au programme chez Tradival à Fleury-les-Aubrais (source La République du Centre du 21 novembre 2019)
Le rappel a été effectué mardi, chez les clients GMS (grandes et moyennes surfaces), les clients grossistes et les clients bouchers de Tradival. Ceci représente plusieurs tonnes de langues en gelée retirées, « le retrait a été très large, par précaution », précise la responsable marketing. « La deuxième étape a été l’arrêt de la production de façon à procéder à un nettoyage complet du site. C’est en cours, jusqu’à la fin de la semaine. »

Pour le nettoyage complet du site, la question que l’on peut se poser est la suivante : l’entreprise va-t’elle suivre le protocole suggéré par le directeur départemental de la protection des populations du Loiret ?
Nettoyer oui, mais comment ?

Cette semaine et sûrement jusqu’à ce vendredi 22 novembre au soir, l’entreprise Tradival effectue un nettoyage/désinfection de son atelier de transformation. Mais, comment s’y prend-on ? « L’entreprise a des protocoles de nettoyage et de désinfection donc c’est d’abord un nettoyage pour enlever toutes les particules (morceaux de gras ou de viande), puis c’est un nettoyage avec des détergents, rinçage, séchage », explique Patrick Giraud, directeur départemental de la protection des populations dans le Loiret. « Qui est suivi d’une désinfection avec des produits qui sont plus agressifs envers les germes. C’est une action plus bactéricide. Le protocole est sous la responsabilité de l’industriel. Validé par le responsable qualité de l’entreprise. C’est un nettoyage/désinfection très approfondi, l’entreprise voulant mettre toutes les chances de son côté. »

Juste une simple observation, le protocole de nettoyage et de désinfection n’est pas validé par le responsable qualité de l’entreprise, mais par des analyses et essais microbiologiques pour comprendre si ce que l’on fait en routine sert à quelque chose ...