lundi 1 juillet 2019

De la migration de mélamine vers les aliments à partir d'ustensiles et de vaisselle


Photo du dernier produit rappelé en France le 27 juin 2019, gobelets ocre « Les jolis trop beau » de marque Moulin Roty (Source DGCCRF)
Selon un avis de l’Anses de 2016,
La mélamine est un composé dont les utilisations sont au départ complètement éloignées de l’alimentation animale ou humaine (Efsa, 2010). La mélamine est un composé qui a été utilisé par le passé dans l'industrie des biens d'équipement. Mais, il a également été ajouté accidentellement ou frauduleusement dans les aliments pour augmenter les teneurs apparentes en protéines.
Une fois consommée, la mélamine est soit éliminée dans les urines, soit concentrée dans les reins, entraînant la formation de calculs ; ces derniers peuvent conduire à des insuffisances rénales et à des complications rénales sévères (Efsa, 2010). La mélamine ne s’accumule pas dans les muscles. 
Plus récemment, la DGCCRF a publié le 5 avril 2019, « Contrôles à l'importation des ustensiles de cuisine en polyamide et en mélamine originaires ou en provenance de Chine et de Hong Kong » document dans lequel il est indiqué,
Les contrôles à l’importation de ces marchandises, pris en charge par les services de la DGDDI (bureaux de douane des lieux de dédouanement) lors de l’entrée en application du règlement n°284/2011 le 1er juillet 2011, sont mis en œuvre par les services de la DGCCRF depuis le 1er avril 2015. Les marchandises doivent être acheminées via l’un des premiers points d’introduction  désignés (PPID) pour leur contrôle par la DGCCRF avant mise en libre pratique. 
Sont concernés par ces contrôles, « la vaisselle et les ustensiles de cuisine entièrement en matière plastique polyamide ou mélamine destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires ou dont la partie destinée à entrer en contact avec des denrées alimentaires est en matière plastique polyamide ou mélamine»

Selon un article du 29 juin 2019 de Franck Valayer, fondateur et directeur du site Oulah!, « Vous reprendrez bien un peu de mélamine ? »
Depuis le début de l’année 2019, ce ne sont pas moins de 11 produits pour enfants qui ont été rappelés pour un taux de mélamine supérieur à la limite autorisée (contre 2 en 2018). Si ce nombre parait dérisoire par rapport à d’autres rappels, il n’en reste pas moins inquiétant au vu de ce que cache cette substance.
Ce chiffre semble cohérent car en Belgique, en 2019, l’AFSCA a rapporté 20 avis de rappel d’ustensiles de cuisine et de vaisselle concernés par la migration de mélamine vers l’aliment.

A noter que seuls sept produits ont fait l’objet d’un avis de rappel sur le site de la DGCCRF en 2019 et un seul avis de rappel en 2018.

Sur les études sur la mélamine, on en revient souvent au cas historique traité par l’Afssa, aujourd’hui l’Anses, en 2008, dans un avis relatif l'évaluation du risque d’exposition à la mélamine lié à la consommation d’aliments contaminés en provenance de Chine.

Les contrôles à l’importation ont également porté sur certains matériaux au contact des denrées alimentaires. Sur les 406 lots notifiés d’ustensiles de cuisine en mélamine et polyamide originaires ou en provenance de République populaire de Chine ou de la région administrative spéciale de Hong-Kong, en République populaire de Chine, 42 lots ont été analysés afin de s’assurer du respect des exigences en matière de migration d’amines aromatiques primaires (AAP) ou de formaldéhyde. 
Sur l’ensemble des lots contrôlés, 2 ont été déclarés non-conformes, 1 à la suite du contrôle documentaire et 1 à la suite du contrôle physique. Ce produit a été déclaré non conforme et dangereux en raison de valeurs de migration en arômes aromatiques primaires supérieures à la limite admise.
Dans une information du BfR de 2011, il est noté que « Les ustensiles et la vaisselle en résine de mélamine ne conviennent pas aux micro-ondes et à la cuisson ».

19 rappels de produits alimentaires en juin 2019, mais 178 depuis six mois, presqu’un par jour !


Quand les pouvoirs publics se contentent de regarder passer les avis de rappel des produits alimentaires sans informer complètement le consommateur. 19 rappels en juin 2019, mais 178 depuis six mois, presqu’un par jour !

Presqu’un rappel de produit alimentaire par jour en France en 2019, avec un mois de juin qui confirme la tendance haussière du début d’année… mais tout va bien, presque pas de fatigue liée aux avis de rappel

Après janvier, février, mars, avril et mai, avec respectivement, 20, 25, 35, 43 et 36 avis rappels, voici donc le mois de juin avec que, serait-on tenté de dire, 19 avis de rappels, soit un total de 178 en six mois, pratiquement un par jour, c'est totalement inédit en nombre et c’est inacceptable de ne pas avoir d’information de la par des pouvoirs publics …

Rappelons qu’il y a eu en France, 216 avis de rappel en 2018 versus 133 en 2017, selon le site Oulah.

Le souci avec ces données est qu’elles ne sont, à mon sens, que la partie émergée de l’iceberg des rappels !

Voici les 19 rappels comptabilisées au 30 juin 2019 que chacun peut vérifier ...
  1. 3 juin 2019 : rappel de barquettes de moules de corde de marque Filière Qualité Carrefour. Présence de toxines DSP, pour plus de détails, et en particulier, concernant les notifications au RASFF de l'UE, voir ici.
  2. 4 juin 2019 : rappel de moules Italie sac de 10 kg de marque Maredoc par Intermarché. Présence de toxines DSP, pour plus de détails, et en particulier, concernant les notifications au RASFF de l'UE, voir ici.
  3. 4 juin 2019 : Rappel par Lidl de pizzas 470 g de marque Toque du chef en raison de la présence de corps étrangers métalliques… Lidl sur ce rappel des pizzas a diffusé en retard le communiqué de Sodebo par rapport aux autres distributeurs qui ont procédé au rappel le 31 mai 2019, voir ici pour le détail. Pas d’information sur le site de la DGCCRF.
  4. 5 juin 2019 : Rappel par Carrefour de gnocchi à poêler de marque Lustucru frais. Certains sachets peuvent présenter un film gnocchi à poêler nature 320 g et contenir des gnocchi à poêler saveur fromage. L’étiquetage des gnocchi nature ne mentionne pas dans la liste des ingrédients la présence de fromage (indication uniquement de la phrase « Peut contenir des traces de lait… »). Une notification d'alerte au RASFF de l'UE par la France a eu lieu le 6 juin 2019 pour cause d'étiquetage erroné. Avis de rappel publié par la DGCCRF le 6 juin 2019.
  5. 6 juin 2019 : rappel par Carrefour et Auchan de Maggi Bolino Inde : Nouilles au curry doux en raison d'une erreur d’étiquetage sur l’information concernant les allergènes, ici il s'agit de l'allergène moutarde. Avis de rappel publié par la DGCCRF le 7 juin 2019.
  6. 11 juin 2019 : rappel par Carrefour de bourriches d’huîtres de Bouzigues de la société Sanchez, suite à la mise en évidence de la présence de salmonelles : 18 huîtres de Bouzigues Bio N°2 ; 12 Huîtres Bouzigues N°3 Filière Qualité Carrefour ; 24 Huîtres Bouzigues N°3. Selon un article paru dans Le Matin de Suisse, cette contamination serait inférieure au seuil de tolérance d'où ce titre, « France, moules: la psychose inutile de la toxine paralysante »... étonnant !
  7. 13 juin 2019 : rappel par Intermarché et Carrefour de pâté de campagne supérieur bressan VPF de marque Chambade en raison de la présence de Listeria monocytogenes.
  8. 14 juin 2019 : rappel de mélange classique et mélange exotique 250g de marque ‘Simplement bon et bio’. Présence de mycotoxines à un taux supérieur à la réglementation. Source DGCCRF.
  9. 14 juin 2019 : rappel d’œufs de marque Les extras de la presqu’île et intoxication alimentaire liée à des salmonelles à Huahine, selon Tahiti Infos. Il suffit de mettre les mots-clés suivants, « Tahiti, salmonelles, œufs », sur votre moteur de recherche pour découvrir l'étendu du problème Salmonella à Tahiti.
  10. 16 juin 2019 : rappel de Nuggets 100 % filets de poulet de marque Auchan, suite à une erreur d’emballage, la société Galliance procède au rappel pour cause de présence d’allergènes : les allergènes seigle et céleri ne sont mentionnés sur l’emballage qu’à l’état de traces alors que la recette en contient. Information diffusée sur le site de la DGCCRF.
  11. 16 juin 2019 : rappel diffusé par Carrefour de moelleux saveur citron no gluten de la société Jock, en raison de la présence de gluten. Pas d’information sur le site de la DGCCRF.
  12. 18 juin 2019 : rappel de 8 beignets de crevette 140g de marque Saveurs d’Ailleurs par la société Prodisal, « suite à la présence éventuelle de Listéria et par mesure de précaution ». Source Géant Casino. Si le produit est rappelé, c’est qu’on a retrouvé des Listeria, la contamination n’est donc pas éventuelle. L’entreprise indique sur son site Internet, « Des tests de vieillissement sont réalisés sur nos produits et nous garantissons jusqu’à 21 jours de DLC départ sur la plupart de nos références », des test de vieillissement, c’est bien, mais des tests de croissance, c’est mieux !
  13. 18 juin 2019 : rappel de couscous 8 mois 2 x 200 g de marque Mots d’enfants (Marque Repère E.Leclerc) ; suite à une erreur d’emballage, la cartonnette du produit Coucous 8 mois 2 x 200 g entoure certains bols de hachis Parmentier de jambon 8 mois de marque Mots d’enfants qui contient l’allergène lait comme ingrédient. Ah l’erreur humaine … elle a bon dos … Avis de rappel diffusé par la DGCCRF le 20 juin 2019.
  14. 19 juin 2019 : rappel par Auchan de hachis Parmentier surgelé 1 kg de marque Auchan ; suite à une erreur de fabrication, la société Celtigel procède au rappel du produit suivant, pour cause de présence de l’allergène soja. Ah l’erreur humaine … elle a bon dos … Avis de rappel diffusé par la DGCCRF le 20 juin 2019.
  15. 20 juin 2019 : rappel par la société Frais Devant du Lomo Bio en barquettes 70g, produit vendu chez Carrefour et houra.fr, « en raison de la présence de Listeria monocytogenes ». Cela fait suite à une alerte au RASFF de l’UE notifiée par la France le 20 juin 2019 de viande de porc bio, séchée et tranchée d’Espagne pour cause de Listeria monocytogenes (1 000 ufc/g), c’est vraiment beaucoup ! A noter les rappels en Belgique sur le site de l’AFSCA, ici et ici, et par les autorités sanitaires du Luxembourg le 21 juin 2019. Cela est peut-être à rapprocher de l’article où il est indiqué que l’Espagne observe une augmentation du taux d'hospitalisation lié à Listeria.
  16. 24 juin 2019 : rappel par la société Rostain de « Terrine de Campagne » suite à la présence potentielle de corps étrangers en verre vendue chez Naturalia et houra.fr.
  17. 26 juin 2019 : rappel Pistache Premium Quality de marque Meray, source DGCCRF. Ce rappel fait suite à une notification au RASFF de l’UE par l’Allemagne pour la présence d’aflatoxines dans des pistaches de Turquie, B1 = 23,4; Totales = 25,4 µg/kg.
  18. 26 juin 2019 : rappel par la société Ruel de Filets mignons fumés nature, 5 baies, herbes de Provence, piment ; Bacon cru fumé. Conditionnement : Tranché en barquette sous atmosphère ; En morceau sous-vide; En entier sous-vide. DLC : toutes dates limites de consommation. La cause du rappel est la présence de salmonelles. Source ministère de l’agriculture. Pour information, les salaisons ont été commercialisées entre le 21 avril et ce mercredi 26 juin. Mieux tard que jamais … Rappel par Carrefour mais que le 28 juin 2019 …
  19. 27 juin 2019 : rappel de curcuma liposomal et poivre noir de la marque Nutrimea en raison de cas d’hépatite cholestatique aigüe signalés à la suite de la consommation de compléments alimentaires à base de curcumine. L’AFSCA de Belgique signale que ce produit était vendu sur le site Amazon France et Nutrimea. Des consommateurs de France ont reçu un message d’Amazon France « de ne pas consommer une boite de Curcuma commandée, suite à une investigation du ministère italien de la Santé. », rappel en Italie.
Pour information, je n’ai pas comptabilisé pour le mois de juin, l'avis de rappel de pots en verre d'origan de marque Albert Ménès publié le 14 juin par la DGCCRF, car ce rappel a été initié par Auchan le 20 mai 2019, voir plus de détails ici.

Autre type d’information utile selon le RASFF de l’UE, il y a eu 103 notifications pour les produits alimentaires d’origine France au 30 juin 2019 versus 121 pour la même période en 2018.

Sur ces 103 notifications, seules 35 ont été notifiées par la France, c’est dire l’efficacité des autocontrôles et des contrôles sanitaires … en France.

NB : Merci au site Oulah! d'informer en temps réel les consommateurs ...

Les toxines de cyanobactéries : une préoccupation sanitaire croissante


Un article de l’ARS de Bretagne du 1er juillet 2019 nous informe sur « Le suivi sanitaire des cyanobactéries dans les baignades en eau douce ».
Les cyanobactéries sont des microalgues qui peuvent se multiplier massivement quand les conditions environnementales leurs sont favorables. Au-delà de la température ou de la luminosité, l’abondance en nutriments présents dans l’eau et les sédiments, et en particulier en phosphore, apparait comme l’un des principaux facteurs de développement.
Leur prolifération est favorisée dans les milieux envasés (stock nutritif abondant) et/ou confinés (faible renouvellement de l’eau). Elle peut entrainer une coloration homogène vert intense de toute la colonne d’eau, ou conduire à l’apparition à la surface de l’eau d’une fine pellicule verte -appelée fleur d’eau- pouvant s’étendre sur la totalité d’un plan d’eau ou s’accumuler près des berges, à l’abri du vent.
Le principal risque sanitaire lié aux proliférations de cyanobactéries réside dans la capacité de certaines espèces à produire des toxines (hépatotoxines, neurotoxines et dermatotoxines) pouvant provoquer des troubles de santé chez l’homme et les animaux.
 Une même toxine peut être produite par des espèces différentes et une même espèce peut produire des toxines différentes. De plus, la quantité de toxine produite est très variable au sein d’une espèce et dépend des conditions environnementales.
Les données interactives du suivi sanitaire des cyanobactéries en Bretagne
Une data visualisation, disponible sur le site de l’OEB, permet d’accéder de manière interactive à ces données aux échelles géographiques pertinentes. Sur la carte, des zones cliquables permettent d'affiner les résultats pour chaque site de baignade suivi.
Une information a été aussi publiée sur le site de l’ARS Centre Val de Loire et l’ARS Auvergne-Rhône Alpes.

Un article paru dans le numéro 8 de Vigil’Anses de juin 2019 fait le point sur « Les toxines de cyanobactéries : une préoccupation sanitaire croissante ».
Le nombre de cas répertoriés dans les Centres antipoison est probablement très sous-estimé : d’une part les symptômes sont peu spécifiques et la méconnaissance de ces intoxications fait que le diagnostic n’est pas évoqué, ce d’autant que les symptômes disparaissent rapidement. D’autre part, lorsque le diagnostic est évoqué, un manque d'investigation (peu de prélèvements réalisés, tests peu disponibles, etc.) ne permet pas de le confirmer. De ce fait, la plupart des expositions aux cyanobactéries ne sont probablement pas connues des Centres antipoison.
Enfin, il apparait nécessaire de renforcer la diffusion de recommandations générales à destination du public, notamment pour les populations vivant à proximité de plans d’eau dont la problématique est connue et pour les sites à fortes activités touristiques, lors des périodes de l’année propices au développement des cyanobactéries.
La sensibilisation et l’information de la population comprennent un affichage visible du risque lié aux cyanobactéries dans les eaux de baignade et autres activités récréatives. Cet affichage doit permettre à la population de reconnaitre et d’éviter une exposition aux cyanobactéries.
Des affichages simples et visuels indiquant l’interdiction de se baigner, de pêcher ou de pratiquer des activités nautiques, comme cela existe déjà dans les Pays de Loire et en Bretagne, préviennent les risques pour la population.