Le beurre suisse
contient-il, comme l’allemand, des lubrifiants venant des machines
ou des contaminations dues aux emballages? Nos résultats sont moins
catastrophiques que ceux de nos voisins, mais laissent songeur.
Le beurre, un produit a fortiori naturel et qui a sa place dans une
alimentation équilibrée. Il contient des acides gras essentiels
dont le corps a besoin. C’est aussi une précieuse source de
vitamines A, D et E, essentielles au bon fonctionnement de
l’organisme. Oui mais voilà, la matière première n’est plus
barattée, elle est travaillée via un processus industriel où des
machines la transforme et l’emballe. Et c’est là que les choses
se corsent!
En novembre dernier, le magazine allemand Öko-Test publiait
un test accablant sur le beurre. Un seul produit de tout
l’échantillon obtenait un résultat correct, les autres
contenaient des traces de lubrifiants ou d’hydrocarbures, des
dérivés pétroliers, en quantité inadmissible pour la santé.
L’émission télévisée alémanique Kassensturz et la FRC ont
voulu à leur tour vérifier si la Suisse se trouvait dans un
contexte similaire. Treize beurres achetés dans les principaux
commerces ont donc filé au laboratoire.
Les experts devaient traquer certaines huiles minérales présentes
dans les emballages et les encres d’impression. En l’occurrence,
des hydrocarbures
d’huiles minérales saturés (MOSH) et des polyoléfines
oligomériques d’hydrocarbures saturés (POSH). Ils ont aussi
cherché d’autres hydrocarbures présents dans les lubrifiants des
machines de transformation du lait, les hopanes et les stéranes. La
difficulté dans ce test reste de faire la part des choses entre la
contamination liée au processus industriel et celle qui intervient
en amont lorsque le bétail paît, le lait de vache contenant déjà
des traces de polluants liés à la qualité de l’air et des eaux.
La législation suisse ne fixe pas de limites concernant la quantité
d’huiles minérales dans le beurre. Aussi, pour évaluer nos
échantillons, nous sommes-nous appuyés sur les valeurs allemandes.
Sur treize échantillons, huit s’en sortent correctement. Les
autres sont à éviter.
Tous les beurres contiennent des hydrocarbures provenant
essentiellement des emballages. Cela s’explique par le fait que ces
substances migrent avec facilité dans les matières grasses. Le
M-Budget est, lui, contaminé par des lubrifiants. Il faudrait
refaire une analyse pour déterminer si le cas est isolé, lié à
une fuite non détectée, ou si la chaîne de production est
problématique.
Impact sur la santé
Ingérer des huiles provenant du pétrole altère la santé. De
nombreux experts, l’Autorité européenne de sécurité des
aliments en tête, sonnent l’alarme car ces huiles peuvent
s’accumuler dans les tissus et devenir cancérogènes. Pour les
éliminer, les fabricants devraient recourir à l’utilisation
d’encres et de colles sans huiles minérales. Ces produits
existent, à l’industrie de les privilégier.
Et en attendant? Le consommateur peut opter pour des contenants en
verre (pas une mince affaire!) ou privilégier un beurre de
fromagerie, emballé dans du papier. Pour diminuer les risques de
contamination liés aux encres, le client peut encore choisir un
beurre produit il y a peu (voir la date sur l’étiquette) et le
mettre dans un beurrier une fois à la maison pour diminuer le temps
de contact avec l’emballage.
NB :
Ce test de la FRC n’est disponible en intégralité qu’auprès
des abonnés membres, mais comme la FRC est très sympa, si vous lui envoyez un message, je pense qu’il n’aura pas
de problème.