mardi 20 août 2019

Hépatite E en hausse. Un avertissement irlandais cite le porc comme contributeur


« Hépatite E en hausse. Un avertissement irlandais cite le porc comme contributeur » source Food Safety News.

Le Health Protection Surveillance Center en Irlande a émis un avertissement concernant l'hépatite E et la viande de porc insuffisamment cuite à la suite d'une augmentation du nombre de personnes infectées durant l'été et l'automne de l'année dernière.

L'agence a signalé une légère augmentation du nombre de notifications cliniques durant les périodes d'été et d'automne de 2018.

Les responsables du Health Protection Surveillance Center (HPSC) ont rappelé aux consommateurs le risque associé à la viande insuffisamment cuite, en particulier lors de la cuisson au barbecue. La viande cuite sur un grill risque davantage de se carboniser à l'extérieur, tout en restant insuffisamment cuite au centre.

Avis de la FSAI
L'infection à l'hépatite E est une maladie du foie causée par le virus de l'hépatite E. Les infections sont liées à la consommation de viande de porc ou de gibier crue ou insuffisamment cuite, mais peuvent également survenir en buvant de l'eau contaminée par le virus de l'hépatite E ou en mangeant des coquillages contaminés.

La Food Safety Authority of Ireland (FSAI) recommande de cuire le porc et les produits à base de viande de porc, tels que les saucisses, à une température minimale de 75°C au centre de la partie la plus épaisse.

L'agence recommande l'utilisation d'un thermomètre à viande pour vérifier la température de la viande cuite et des produits à base de viande. Le lavage des mains et les précautions d’hygiène en cuisine sont également essentiels pour prévenir les maladies d’origine alimentaire dues à la manipulation de viande crue ou à la contamination croisée des aliments cuits par des articles crus, des ustensiles et des surfaces en contact avec les aliments.

Le délai moyen entre l'exposition au virus de l'hépatite E et l'infection est de 40 jours, la plage allant de 21 à 56 jours. La moitié des personnes infectées ne développent pas de symptômes mais peuvent quand même transmettre le virus à d'autres personnes.

Les symptômes peuvent inclure un jaunissement de la peau et des yeux, une urine foncée, une fatigue extrême, des nausées, des vomissements et des douleurs abdominales et cela peut être plus grave chez les femmes enceintes et les personnes dont le système immunitaire est affaibli.

Rôle des aliments
L’hépatite E est devenue une maladie à déclaration obligatoire en Irlande à la fin de 2015.

Il y a eu 218 déclarations au HPSC entre 2016 et 2018. Au total, 66% étaient des cas cliniques, détectés parce qu’ils présentaient des symptômes cliniques ou des résultats d’analyse de l'hépatite alors que les 34% restants étaient des donneurs de sang.

Il y a eu 54 déclarations d'hépatite E en 2017, contre 90 en 2016. Les antécédents alimentaires ont été complétés pour 23 cas liés au virus de l’hépatite E.

Tous sauf un avaient mangé un ou plusieurs produits à base de viande de porc au cours des neuf semaines précédant la maladie ou le diagnostic. Le seul cas qui n'avait pas consommé de porc était probablement infecté en dehors de l'Irlande. Les produits de porc les plus consommés étaient le bacon à 91%, les saucisses de porc à 87%, la viande de porc à 74% et le jambon en tranches.

En 2017, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a constaté que la consommation de viande de porc et de foie de porc crus ou insuffisamment cuits était la principale cause d'infection par l'hépatite E dans l'UE.

Selon les données du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), le nombre de cas confirmés liés au virus de l’hépatite E a explosé, passant de 514 en 2005 à 5 617 cas en 2015, soit 10 fois plus. Au total, 28 décès ont été signalés dans cinq pays entre 2005 et 2015.

Quelle différence induit une note d’un restaurant en hygiène des aliments? Le cas de la ville de New-York


Un article vient de paraître sur « What a Difference a Grade Makes: Evidence from New York City's Restaurant Grading Policy » ou Quelle différence induit une note d’un restaurants en hygiène des aliments : Eléments issus du système de notation des restaurants de New-York.

Résumé.
Les autorités sanitaires peuvent-elles utiliser des ou des scores  pour inciter les entreprises alimentaires à mieux se conformer aux réglementations en vigueur? 
La divulgation publique de la conformité aux réglementations sur la sécurité des aliments est-elle importante pour les restaurants? 
En fin de compte, cela dépend si la note importe ou non.
Basé sur 28 mois de données sur plus de 15 000 restaurants à New York, cet article explore l'impact des notes des restaurants publics sur l'activité économique et les ressources publiques en utilisant des méthodes de données de panel rigoureuses, notamment des modèles à effets fixes avec des contrôles de la conformité sous-jacente à la sécurité des aliments. 
Les résultats montrent que la note A réduit la probabilité de fermeture du restaurant et augmente les revenus tout en augmentant les taxes de vente versées et en diminuant les amendes par rapport à la note B. 
À l'inverse, la note C augmente la probabilité de fermeture des restaurants et réduit les revenus tout en réduisant les taxes de vente versées par rapport aux notes B. 
Ces résultats suggèrent que les autorités sanitaires peuvent intégrer des informations publiques dans les réglementations pour inciter davantage à la conformité.
NB : On pourra retrouver ici une série d'articles consacrés aux inspections sanitaires de la ville de New-York et à son système de notation.

Information fournie par Doug Powell du barfblog.

lundi 19 août 2019

La consommation excessive de boissons énergisantes augmente les risques pour la santé des enfants et des adolescents, selon le BfR


« La consommation excessive de boissons énergisantes augmente les risques pour la santé des enfants et des adolescents », selon un avis du BfR 17/2019 qui vient d’être mis en ligne.
Le BfR publie un avis sur les effets sur le système cardiovasculaire des boissons contenant de la caféine.


Les boissons énergisantes contenant de la caféine sont consommées en grande quantité, en particulier dans les clubs de danse, de manifestations musicales et sportives et , lorsque on joue pendant longtemps à des jeux sur ordinateur.

Selon l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), les enfants et les adolescents ne devraient pas ingérer plus de trois milligrammes (mg) de caféine par kilogramme (kg) de poids corporel par jour.
Pour un jeune en bonne santé pesant environ 50 kg, cela équivaut à 150 mg de caféine. Cette quantité est déjà dépassée après avoir consommé deux canettes de boisson énergisante disponibles dans le commerce, contenant chacune 80 mg de caféine par 250 millilitres (ml).
Cependant, à certaines occasions, certains adolescents boivent au moins quatre canettes en quelques heures. Cela peut entraîner des risques accrus pour la santé, surtout pour le système cardiovasculaire.
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L’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR) a publié un avis scientifique sur les risques des boissons énergisantes pour les adolescents.
« Les dix pour cent d'enfants et d'adolescents qui consomment un litre et plus de boissons énergisantes en quelques heures doivent être considérés comme un groupe à haut risque », a déclaré le Dr Andreas Hensel, Président du BfR.


« Beaucoup d’entre eux ne sont pas conscients que la consommation supplémentaire d’alcool ou lors d’un exercice physique intense peuvent encore intensifier les effets indésirables de la caféine. » 

En plus de la caféine, les boissons énergisantes contiennent généralement d'autres substances telles que la taurine, la glucuronolactone ou l'inositol, et sont annoncées pour augmenter la concentration et les performances physiques. 
La caféine, ingérée en grande quantité, peut toutefois avoir des effets néfastes sur le système cardiovasculaire. 
Dans son évaluation, le BfR conclut que des quantités modérées de boissons énergisantes n’entraînent aucun effet indésirable chez les jeunes adultes en bonne santé. 
Cependant, chez plusieurs personnes ayant bu un litre au cours des études évaluées, des effets modérés à graves ont été observés, tels que palpitations, essoufflement, tremblements musculaires, nausées, anxiété, nervosité et modifications de l'électrocardiogramme. 
Des enquêtes sur le comportement de consommation d'alcool montrent que 10% des enfants et des adolescents allemands consomment une quantité excessive de boissons énergisantes d'un litre et plus à certaines occasions. 
Pour cette raison, le BfR recommande d’élargir l’information et l’éducation afin de lutter contre la consommation excessive de boissons énergisantes par les enfants et les adolescents. 
Le groupe à risque pourrait être facilement atteint par le biais de campagnes dans les écoles. 
Depuis 2014, la recommandation suivante doit être appliqué aux boissons énergisantes contenant plus de 150 mg de caféine par litre: « Teneur élevée en caféine. Déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes ou allaitantes ».
On lira avec intérêt les recommandations de l’Anses :

  • Pendant une activité physique, évitez de consommer des « boissons dites énergisantes ». 
  •  N’associez pas alcool et « boissons dites énergisantes ». 
  •  De manière générale, modérez votre consommation de caféine. 
  •  Enfants, adolescents, femmes enceintes ou allaitantes, personnes sensibles à la caféine : soyez particulièrement vigilants vis-à-vis de vos apports en caféine, notamment via les « boissons dites énergisantes ». 
  • Vous présentez des troubles cardio-vasculaires, des troubles hépatiques sévères, une pathologie neurologique, psychiatrique ou une insuffisance rénale ? Soyez vigilants quant à votre consommation de « boissons dites énergisantes ». 
A retenir !
Le terme « boisson énergisante » est un terme marketing à ne pas confondre avec « boisson énergétique » qui répond à un besoin nutritionnel dans le cadre d’une activité intense et qui peut donc être consommée lors d’une activité sportive

A lire aussi l’avis de l’Anses de 2013 sur Évaluation des risques liés à la consommation de boissons dites « énergisantes » et l’Infographie sur cet avis.

Les agriculteurs méritent plus que des paroles et des traités!


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Si tout le monde semble d’accord sur le constat et parler de souffrance chez nos agriculteurs, pourquoi cela ne bouge pas plus ?

D’un côté le ministre de l’agriculture, dans un moment de lucidité ou un coup de chaud suite à une corrida,, a indiqué sur France info le 19 août 2019,
« … Il y a une souffrance dans le monde agricole. Je n'en peux plus de tous ces gens qui stigmatisent et qui montrent les agriculteurs du doigt », a déclaré Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture. « Les agriculteurs ne sont pas des empoisonneurs, ce ne sont pas des pollueurs, ce sont des gens qui souffrent et qui ne gagnent pas leur vie, c'est ça le vrai problème », a-t-il conclu. 

En écho aux déclarations du ministre, voici le témoignage d’Anne-Cécile Suzanne, agricultrice en polyculture élevage dans l’Orne, paru dans Le Figaro.fr du 18 août 2019 (extraits), « Accusé agriculteur, présentez-vous à la barre! »

Suite au vote du CETA, elle indique que la « colère est montée, comme si ce vote avait été la goutte de trop, la dernière consécration du paradoxe français, qui enferme notre agriculture entre quatre murs. »
Le premier de ces murs est vert. Quand on est agriculteur, il n’est plus possible d’aller chez son boulanger sans se voir reprocher de traiter son blé. La pression sociale et médiatique n’a jamais été aussi forte pour nous demander de produire de façon durable, en respectant les animaux, les paysages, les cours d’eau et la santé des consommateurs. La solution est exposée comme étant simple et il n’est pas un citoyen, pas un expert télévisé, qui ne sache quoi faire s’il était agriculteur: passez tous au bio, à l’agroécologie et à la production de lentilles, on vous remerciera. Par contre, nous attendons toujours que la consommation suive… 
Le deuxième mur est blanc. Blanc comme les pages de traités qui font de l’agriculture la variable d’ajustement des négociations commerciales. Sur les marchés internationaux, les productions agricoles se négocient suivant deux critères: la quantité et le prix. Pour survivre, un seul mot d’ordre, dont l’écho résonne à chaque nouveau traité de libre-échange: la productivité. Afin de la maximiser, nous devons absolument intensifier notre production, par l’utilisation de produits phytosanitaires et la maximisation de la surface cultivée. Bougez-vous, nous dit le président de la République, afin de renforcer votre compétitivité. Très bien, à bas les arbres et les haies, faisons de la place. 
Le mur vert et le mur blanc se font face, si nous en choisissons un, la réalité de l’autre nous rattrape et le résultat est une impasse. Soit on est durable, mais pas rentable, soit on est performant, mais détesté. Alors on essaie de faire un pas de côté, mais à gauche et à droite, on est enfermé. 
Car il y a un troisième mur, et il est rouge. À bas la viande rouge et le sang, à bas les abattoirs et les élevages. Aujourd’hui, être éleveur bovin, c’est être résistant. Le sujet est devenu identitaire, et se résume à une fracture trop claire pour être vraiment nette: si j’aime les animaux et le climat, je mange des lentilles, si j’aime mon terroir et mes traditions, je vais chaque jour chez mon boucher. Que les prairies captent le CO2 et permettent la préservation des habitats sauvages? Que les estives ne soient entretenues que grâce au passage des animaux d’élevage? Que les vaches de France vivent en plein air? Des réalités annexes, dont il ne vaut pas la peine de faire état quand on parle alimentation, agriculture et légumes verts. 
En filigrane, une consommation coupable, un vide de sens où le consommateur se voit reprocher de ne pas rationaliser chacun de ses tickets de caisse au supermarché. De plus en plus, on s’excuse d’exister et on fantasme l’élevage, comme un métier fait de cages, alors même que les animaux, eux, vivent le plus souvent dans les prés. Le résultat in fine est terrible: nos élevages disparaissent, et l’on préfère importer de la viande d’animaux élevés en cage et dopés aux hormones à l’étranger. 
Le dernier mur est noir. Noir comme les pensées des céréaliers, des maraîchers, des fruiticulteurs et des éleveurs, qui se voient imposer des normes affectant leurs rendements et des prix d’achat en dessous de leurs coûts de production. Des normes qui leur coûtent cher, et dont ils ne sont pas remboursés. Le résultat est la disparition des petites exploitations, avec des revenus constamment en baisse et un désespoir installé durablement dans ces professions.
Il faut souhaiter que le ministre puisse lire ces propos et enfin se décider, au-delà des paroles, à agir très concrètement, mais le peut-il ?