mercredi 22 décembre 2021

Contrôles 2019 et 2020 de fin d'année: Les contrôles par la DGCCRF ne sont plus ce qu'ils étaient !

Je vous souhaite un très bon et très joyeux Noël, de belles fêtes de fin d’année

C’est pratique, il fallait y penser, plutôt que de faire un bilan chaque année, la DGCCRF a choisi un autre moyen de ‘gonfler’ ses données de contrôles en nous proposant deux années en un seul document, «Contrôles 2019 et 2020 de produits consommés pendant les fêtes de fin d’année». La pandémie liée à la COVID est sans doute passée par là ...

Menée par la DGCCRF à l’approche des fêtes de fin d’année, cette enquête vise à garantir la sécurité et la protection économique des consommateurs en intensifiant ses contrôles sur les produits traditionnellement consommés à cette période. Les réglementations contrôlées concernaient autant la loyauté que la sécurité, en 2019 comme en 2020. 

Le but des contrôles effectués était la recherche de fraudes portant sur la loyauté de l’information fournie au consommateur et sur la sécurité des produits et services.

Ceux qui auront la volonté de comparer les résultats de ces contrôles avec ceux des années précédentes, 2015 et 2016, verront une baisse très significative des actions de contrôle, c’est ainis, il faudra se faire une raison, la DGCCRF n’est plusce qu’elle a étéjugez plutôt,

2015: 34 823 actions de contrôle, 12 200 visites et 11 232 établissement contrôlés

2016: 32 641 actions de contrôle, 11 109 visites et 10 199 établissements contrôlés

2019-2020: 38 104 actions de contrôle, 14 881 visites et 13 778 établissements contrôlés; taux d’anomalie (établissements): 33,6 %; taux de non-conformité (prélèvements): 53,8 %

Suit donc un inventaire à la Prévert, et je ne traite dans cette article que des denrées alimentaires …

Des taux d’anomalie par établissement parfois supérieurs à 50% constatés en 2019 sur les produits alimentaires festifs
Dans le domaine des produits de la mer, l’origine des poissons contrôlés n’était pas toujours spécifiée. Les enquêteurs ont relevé des poissons et mollusques saumurés vendus comme produits frais (et non comme préparations), de même que des dénominations usurpées (p. ex. «huîtres marennes Oléron»).

Les enquêteurs ont constaté la francisation ou l’absence d’information sur l’origine des viandes bovines contrôlées. Le dépassement de dates limites de consommation (DLC) a été constaté, ce qui a conduit à des retraits et destructions de produits. La fermeture administrative d’une boucherie et la destruction de 240 kg de viandes corrompues et dénuées de traçabilité ont été décidées.

Les contrôles de charcuterie (36%) ont permis de constater de très nombreuses DLC dépassées et des pratiques commerciales trompeuses sur des produits de charcuterie. Sur les abats de volaille (26%), des substitutions de produit ont été observées (bloc de foie gras au lieu de foie gras) ainsi que des appellations erronées («foie gras» au lieu de «préparation à base de foie gras») ou des allégations mensongères («au foie gras»).

266 kg de poissons et viandes congelés portaient des signes de décongélation/ recongélation qui ont conduit à leur saisie. Une équipe de contrôle interministérielle a consigné 790 produits préemballés auprès d’une association d’aide alimentaire pour non-respect des températures et dates limites de consommation.

Sur les vins sous signe de qualité, les enquêteurs ont constaté des appellations IGP indûment attribuées et des défauts de mention de la centilisation.

Sur les produits sucrés festifs (secteur qui représente 29% des anomalies constatées), les manquements étaient multiples: défaut d’étiquetage, absence d’indication des allergènes, de l’indication du caractère décongelé de certaines denrées, défaut de traçabilité et utilisation de colorants interdits; elles ont donné lieu à des actions correctives.

Les contrôles en boulangerie-pâtisserie (41% des anomalies détectées) ont conduit à constater et à sanctionner divers manquements: utilisation illicite de l’enseigne «boulangerie», omission de la mention «décongelé» pour des pâtisseries, absence totale ou partielle d’indication des allergènes, de traçabilité, défauts d’hygiène, présence de mentions valorisantes non justifiées, de colorants impropres à la consommation et de balances dont l’étiquetage métrologique n’était plus à jour.

En 2020, les métiers de bouche et les producteurs fermiers ont supporté d’importantes baisses d’activité
Les contrôles menés en 2020 dans le domaine des produits alimentaires ont conduit à la constatation de manquements de même nature: défaut d’information sur les prix, les allergènes, l’origine, la teneur en matières grasses et le traitement thermique des fromages; absence ou non-conformité des étiquetages sur des produits pré-emballés comme le foie gras, le miel, les pâtisseries, les confiseries et les chocolats; pratiques commerciales trompeuses (p. ex. mentions valorisantes injustifiées, allégations thérapeutiques, origine trompeuse, faux producteurs, dénominations non conformes, etc.) ; non-conformité liée à la qualité ou à la sécurité (DLC dépassée, défaut de traçabilité, non-respect des règles d’hygiène).
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Grâce à la revue PROCESS Alimentaire, vous n'avez plus accès aux 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le lien suivanthttp://amgar.blog.processalimentaire.com/. Triste histoire de sous ...

mardi 21 décembre 2021

Curcumine dans les compléments alimentaires : la dose journalière admissible peut être dépassée, selon le BfR

Je vous souhaite un très bon et très joyeux Noël, de belles fêtes de fin d’année

«Curcumine dans les compléments alimentaires : la dose journalière admissible peut être dépassée», selon un avis du BfR n°040/2021 du 14 décembre 2021. L’avis fait 11 pages.

Le curcuma n'est pas seulement connu comme épice ou comme additif alimentaire (E100). Les compléments alimentaires peuvent également contenir des composants du rhizome de la plante curcuma, souvent sous forme d'extraits enrichis en curcumine. De plus, de la pipérine ou des extraits de poivre enrichis en pipérine peuvent également être ajoutés à ces produits. La pipérine peut augmenter la biodisponibilité de la curcumine afin que la curcumine puisse être mieux absorbée par le corps. Dans le cadre de l'évaluation de la curcumine en tant qu'additif alimentaire (E100), l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a fourni une dose journalière admissible (DJA) pour la curcumine de 3 mg/kg de poids corporel (pc) et par jour. La DJA spécifie la quantité d'une substance qui peut être consommée quotidiennement pendant toute une vie sans risque détectable pour la santé.

L'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques (BfR) a utilisé cette valeur comme base pour l'évaluation des risques pour la santé de la curcumine dans les aliments, en particulier des compléments alimentaires enrichis en curcumine. À long terme, l'apport total de curcumine provenant de toutes les sources ne devrait pas dépasser 3 mg/kg de poids corporel par jour. Outre les compléments alimentaires, les sources de curcumine peuvent également être des additifs alimentaires ou des épices. Si cette valeur est dépassée sur une longue période de temps, même légèrement, des effets néfastes sur la santé peuvent survenir. Cela s'applique particulièrement aux individus sensibles de la population. Le BfR a notamment évalué les risques sanitaires pouvant être associés à la consommation de compléments alimentaires contenant de la curcumine auxquels de la pipérine a été ajoutée afin d'augmenter la biodisponibilité de la curcumine. Cependant, étant donné que la composition exacte de ces produits peut varier considérablement, une évaluation générale n'est pas possible du point de vue du BfR. Une évaluation doit toujours être faite sur la base d'un produit spécifique dont la composition est connue. Dans ce contexte, il existe également un besoin fondamental de recherche sur la toxicité des préparations contenant de la curcumine avec une biodisponibilité améliorée. Un aspect ici est la question d'un éventuel effet toxique sur le foie de ces produits, à laquelle il n'est pas encore possible de répondre de manière adéquate. Des effets potentiellement toxiques pour le foie ont déjà été observés avec des produits contenant de la curcumine avec une biodisponibilité améliorée, souvent grâce à l'ajout de pipérine. Dans certains cas, cependant, ces produits contenaient également d'autres composants qui pourraient également être (en partie) responsables de cela.

Dans un avis de l’Anses de 2015 relatif à un cas d’hépatite survenu après la prise d’un complément alimentaire à visée articulaire, il est noté à propos du curcuma (Curcuma longa)

Deux études toxicologiques menées sur des souris ont mis en avant l’hépatotoxicité du curcuma ou d’un extrait alcoolique de curcuma administrés pendant 14 jours (Deshpande et al. 1998; Kandarkar et al. 1998). Un article publié en 2006 mentionne 29 cas d’atteintes hépatiques survenus au Japon dans le cadre de la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma (Takikawa 2006). Cependant, les données cliniques obtenues sur un grand nombre de patients traités à des doses supérieures aux doses alimentaires sur de longues périodes ainsi que les avis de plusieurs agences sanitaires (OMS, EMA et EFSA) n’ont pas mis en évidence d’hépatotoxicité du curcuma, de la curcumine et des extraits de curcuma (EFSA 2010; EMA 2009; EMA 2014; Fan et al. 2013; OMS 1999).

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Allemagne: Mauvaise hygiène dans les salades de fruits à emporter. Un produit sur quatre avec des non-conformités

Je vous souhaite un très bon et très joyeux Noël, de belles fêtes de fin d’année

«Mauvaise hygiène dans les salades de fruits. Un produit sur quatre avec des non-conformités», source Office fédéral de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL) d’Allemagne.

Les fruits prédécoupés et les «salades de fruits à emporter» sont populaires auprès de nombreux consommateurs. Cependant, si les mesures d'hygiène nécessaires ne sont pas respectées lors de la production, du stockage et de la livraison, des germes pathogènes peuvent se multiplier rapidement. Selon l'Office fédéral de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL) un produit sur quatre testé présentait des défauts. 

Des collations aux fruits avec des fruits coupés sont souvent proposées dans les magasins et sur les étals du marché. La plupart du temps emballés dans des films plastiques ou des boîtes en plastique, ils sont souvent stockés pendant de longues périodes et sont donc sensibles à la contamination microbienne. Les autorités locales de contrôle des aliments vérifient donc dans les entreprises de manière axée sur les risques si les exigences d'hygiène légalement stipulées pour la production, le stockage et la distribution de ces produits à base de fruits sont respectées.

Pour le plan national de surveillance (Bup), la production, le stockage et la livraison hygiéniques de fruits et de salades de fruits à découper ont été contrôlés dans 1 135 entreprises lors de 1 172 inspections de produits. Au total, des écarts ont été constatés dans 25,2 % des produits contrôlés. Les raisons fréquentes des écarts étaient des lacunes dans les autocontrôles des prestataires; également en production (mauvaise hygiène) et pendant le stockage refroidissement défectueux), des erreurs ont été découvertes.

Commentaire
Ce qui se passe actuelelmnt en France avec les fruits découpés, généralement vendus chez des petits détaillants, est pratiquement la même chose que ce qui s’est passé avec les salades prédécoupées en sachet. Le stockage de ces produits se fait hélas à tempratire ambiante. Manque de contrôle, de surveillance ...

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Miracle de Noël: Les données 2020 des toxi-infections alimentaires collectives en France sont déjà disponibles !

Je vous souhaite un très bon et très joyeux Noël, de belles fêtes de fin d’année

On les attendait as usal pour mars ou avril 2021, mais c’est un effet de Noël, voici que nous avons désormais accès aux données des «Toxi-infections alimentaires collectives en France : les chiffres 2020».

La petite histoire retiendra que nous avons eu la même année les données 2019 et donc désormais celles de 2020. Incroyable, du jamais vu, merci au miracle de Noël !

Santé publique France publie les données annuelles de surveillance des toxi-infections alimentaires collectives qui montrent une nette diminution de 43% de Tiac déclarées en 2020 par rapport à 2019, très certainement du fait de la pandémie de COVID-19 et des mesures de distanciation sociale mises en place.

Une forte diminution entre 2019 et 2020, très probablement en raison de la pandémie de COVID-19
Forte diminution de 43% du nombre de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) notifiées par rapport à 2019, très certainement du fait de la pandémie de COVID-19 et des mesures de distanciation sociale mises en place (confinements, fermeture des lieux de restauration commerciale et collective, télétravail…).

1 010 TIAC déclarées en France en 2020 (versus 1 783 en 2019, affectant ainsi 6 814 personnes (versus 15 641 personnes en 2019. Parmi elles, 396 (6%) se sont présentées à l’hôpital (hospitalisation ou passage aux urgences), versus 609 en 2019 et 9 (0,13%) sont décédées (versus 12 en 2019).

Très forte diminution de 61% du nombre de TIAC déclarés en restauration d’entreprise. Cette diminution est de 49% pour la restauration commerciale, de 46% pour la restauration en milieu scolaire, de 35% pour les repas familiaux et de 26% pour la restauration en institut médico-social (IMS).

Comme les années précédentes, l’agent pathogène le plus fréquemment confirmé était Salmonella pour 43% des TIAC pour lesquelles un agent a été confirmé (36% en 2019). 

Les autres agents pathogènes les plus couramment suspectés étaient les agents toxiniques Staphylococcus aureus, Clostridium perfringens et Bacillus cereus (74% des TIAC pour lesquelles un agent a été suspect).

Le bilan complet des données 2020 est ici.

Lieux de survenue des TIAC déclarées en 2020
La part des TIAC faisant suite à des repas familiaux a augmenté, passant de 31,9% en 2019 à 36,6% en 2020, et celle des TIAC déclarées suite à des repas dans des restaurants commerciaux a diminué, passant de 40,8% à 36,5%. La part des TIAC dans les IMS a augmenté, passant de 8,4% à 10,9%. La part des TIAC dans les autres lieux collectifs (entreprise, milieu scolaire, autres collectivités) a diminué, passant de 18,3% à 15,0%.

Parmi les IMS figurent les établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes ou EHPAD. Bien triste de constater que malheureusement, les TIAC ont augmenté dans ce secteur. Il n‘y avait donc pas que la pandémie de la COVID. A noter que «9 décès ont été notifiés suite à des TIAC dont 8 chez des résidents dans 7 EHPAD».

Aliments suspectés, TIAC déclarées en 2020
Pour 43% des TIAC pour lesquelles un agent pathogène a été confirmé ou suspecté (43% également en 2019), les aliments suspectés étaient multiples, composés de divers ingrédients ou étaient des plats cuisinés (exemples : salades composées, pizzas, sandwichs, buffet…) ne permettant pas de suspecter une catégorie d’aliments particulière. La consommation d’œufs et de produits à base d’œufs a été suspectée être à l’origine de 11% des TIAC, suivie par les volailles (10%), la viande (8%), les poissons (8%), les coquillages (6%), les produits laitiers (4%), les produits de charcuterie (3%), et les crustacés (1%). Aucun aliment n’a pu être suspecté pour 4% des TIAC.

Pour 48% des TIAC confirmées ou suspectées à Salmonella, la consommation d’œufs ou de produits à base d’œufs a été suspectée comme source d’infection (30% en 2019). Les produits de charcuterie, les viandes et les fromages et produits laitiers ont été suspectés pour respectivement 8%, 8% et 6% des TIAC à Salmonella (14%, 7% et 5% en 2019).

Les TIAC à Clostridium perfringens, à Bacillus cereus ou à Staphylococcus aureus ont été majoritairement associées à la consommation de plats composés ou plats cuisinés (72%, 62% et 59% respectivement). Enfin, la consommation de coquillages était suspectée être à l’origine de 57% des TIAC virales.

A retenir
Toutefois, les TIAC ne sont que la partie la plus visible d’un problème plus vaste. Le fardeau des infections d’origine alimentaire reste important avec entre 1,28 à 2,23 millions de personnes affectées chaque année, dont la majorité des cas surviennent de façon sporadique sans lien apparent entre eux.

Mise à jour du 23 décembre 2021. On lira ce document de l'Anses, 10 recommandations pour éviter les intoxications alimentaires.

Mise à jour du 4 janvier 2021 . Un article de Joe Whitworth dans Food Safety News fait le point sur les données 2020 des TIAC en France avec ce titre, Large drop but France still records more than 1,000 outbreaks in 2020 (Forte baisse mais la France enregistre toujours plus de 1 000 foyers de TIAC en 2020).

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Surveillance de Listeria monocytogenes dans 19 exploitations laitières espagnoles pendant trois saisons consécutives

Je vous souhaite un très bon et très joyeux Noël, de belles fêtes de fin d’année

«Des isolats de Listeria monocytogenes associés aux ruminants appartiennent préférentiellement à des clones hypervirulents qui sont associés aux produits laitiers: une étude longitudinale dans 19 élevages», source article publié dans Environmental microbiology du 4 décembre 2021. L’article est disponible en intégralité.

Les objectifs de la présente étude étaient: (i) déterminer la prévalence de Listeria spp. Chez des ruminants laitiers individuels et l'environnement de l'exploitation dans des exploitations laitières espagnoles selon une étude longitudinale; (ii) caractériser la diversité génétique et la structure des populations de L. monocytogenes dans les exploitations laitières en utilisant le séquençage du génome entier; et (iii) pour comprendre la transmission de L. monocytogenes au niveau de l’exploitation laitière et les facteurs de risque [saison, hygiène de production, nombre de lactation et les jours de lactation actuelle] qui l'influencent.

Résumé
Des études ont montré que les ruminants constituent des réservoirs de Listeria monocytogenes, mais l'épidémiologie et la diversité génétique de ce pathogène au sein des élevages sont mal connues. Ici, nous avons mené une étude longitudinale à grande échelle pour surveiller Listeria spp. dans 19 exploitations laitières pendant trois saisons consécutives (N = 3251 échantillons). L. innocua était l'espèce la plus répandue, suivie de L. monocytogenes. L. monocytogenes a été détecté dans 52,6% des élevages et plus fréquemment chez les bovins (4,1%) et les ovins (4,5%) que dans les élevages caprins (0,2%). La lignée I représentait 69% des isolats de L. monocytogenes. Parmi les échantillons d'animaux, les sous-lignées (SL) et les complexes clonaux (CC) les plus répandus étaient SL1/CC1, SL219/CC4, SL26/CC26 et SL87/CC87, tandis que SL666/CC666 était le plus répandu dans les prélèvements environnementaux. 61 types différents de cgMLST* de L. monocytogenes ont été retrouvés, 28% sont communs à différents animaux et/ou surfaces au sein de la même exploitation laitière et 21% précédemment signalés ailleurs dans le cadre de la surveillance alimentaire et humaine. La prévalence de L. monocytogenes n'a pas été affectée par l'hygiène de l'élevage mais par la saison: une prévalence plus élevée a été observée pendant l'hiver chez les bovins, et pendant l'hiver et le printemps dans les élevages d’ovins. Les vaches dans leur deuxième lactation avaient une probabilité plus élevée d'excrétion fécale de L. monocytogenes. Cette étude met en évidence les exploitations laitières comme réservoir de L. monocytogenes hypervirulent.

Discussion
Comprendre la dynamique de la population de L. monocytogenes et sa biodiversité est essentiel pour une surveillance efficace des maladies et le développement de stratégies de contrôle. À notre connaissance, il s'agit de la plus grande étude longitudinale sur la prévalence, l'écologie et les caractéristiques génomiques de L. monocytogenes chez des ruminants laitiers individuels et l'environnement de l’exploitation laitière. D'autres études ont soit appliqué une conception d'étude longitudinale avec un nombre réduit d'exploitations laitières (une à trois exploitations laitières) et/ou analysé des échantillons de matières fécales de ruminants d'élevage choisis au hasard, ce qui limite la compréhension des modèles d'excrétion fécale globale et individuelle au fil du temps

Dans cette étude, la prévalence de L. monocytogenes détectée dans les exploitations laitières (3,8% dans des échantillons de matières fécales et 2,5% dans des échantillons de l'environnement de l’exploitation laitière) était inférieure à celle précédemment signalée dans les exploitations laitières sans cas clinique de listériose (prévalence de l'échantillon fécal de 0% à 60% chez les bovins et 14,2% chez les ovins) dans des exploitations laitères des États-Unis et d'Europe. Les différences de climat et de gestion de l'exploitation (par exemple, les aliments utilisés) entre les différentes régions géographiques peuvent expliquer la faible prévalence de L. monocytogenes dans notre étude par rapport aux études précédentes réalisées dans les pays du Nord.

L. monocytogenes a été détecté plus fréquemment chez des élevages bovins que dans des élevages de petits ruminants, en accord avec des études antérieures concernant l'épidémiologie de la listériose chez les ruminants Fait intéressant, l'espèce pathogène, L. ivanovii, souvent signalée chez les petits ruminants n'a été détectée dans aucune de nos exploitations laitières, ce qui pourrait être dû à sa prévalence relativement faible ou à d'éventuels biais des protocoles d'isolement qui ont généralement été optimisés pour la récupération de L. monocytogenes. Nos résultats sont en accord avec d'autres rapports utilisant des approches basées sur la culture montrant que l'incidence de L. innocua dans les fèces des ruminants est plus élevée (9,7% à 22,7%) que celle de L. monocytogenes (1,8% à 9,3%), bien qu'il ait été démontré que L. innocua peut devenir plus important que L. monocytogenes au cours des protocoles d'enrichissement masquant sa détection.

Bien que la consommation d'ensilage contaminé soit considérée comme la principale source d'infection pour les ruminants, jusqu'à un tiers des cas de listériose animale n'ont pas de lien évident entre la listériose et l'alimentation en ensilage. Dans cette étude, dans 50% des exploitations laitières où des excrétions fécales ont été détectées, aucune souche de L . monocytogenes pourrait être détecté dans les aliments pour animaux, les mangeoires ou les abreuvoirs. Il a été suggéré que la faune, le personnel de l’exploitation laitière ou les visiteurs, l'acquisition de nouveaux animaux et/ou de matériel agricole pourraient également véhiculer L. monocytogenes dans les exploitations.

La majorité des isolats récupérés ici appartenaient à la lignée I (en particulier à SL1/CC1, SL219/CC4 et SL87/CC87) qui est significativement associée à une origine clinique à la fois chez l'homme et l'animal. Il a été démontré que CC1 et CC4 sont fortement associés aux produits laitiers, étant plus invasifs (hypervirulents) et colonisant mieux la lumière intestinale et une cause de plusieurs épidémies de listériose humaine. CC87 a déjà été signalé comme prédominant dans les isolats d'origine alimentaire et cliniques en Chine et lié à deux épidémies dans le nord de l'Espagne.

Il est intéressant de noter que 21% des CTs (cgMLST types -aa) détectés ici n'étaient pas uniques à cette étude et comprenaient des génotypes précédemment détectés dans le contexte de la surveillance de la listériose en Europe et en Océanie. Ces résultats soulignent l'importance des programmes de surveillance chez les animaux des exploitations laitières, même en l'absence de signes de maladie, pour prévenir la transmission de pathogènes à l'homme à travers la chaîne alimentaire. Cela serait également particulièrement important chez les vaches lors de leur deuxième lactation et pendant les périodes hivernales, lorsque la prévalence de L. monocytogenes était significativement plus élevée. Des études antérieures ont également montré que la prévalence de L. monocytogenes dans les élevages bovins était plus élevée pendant l'hiver et qu'une transition inadéquate de la première à la deuxième lactation pouvait altérer le système immunitaire et prédisposent à la colonisation de L. monocytogenes. Nos résultats soulignent également l'importance de la gestion des antibiotiques en médecine vétérinaire, puisque la résistance à la tétracycline a été détectée plus fréquemment dans les isolats de L. innocua provenant des exploitations laitières utilisant cet antibiotique.

ici, les mêmes génotypes ont été retrouvés chez plusieurs animaux et surfaces au sein des mêmes exploitations laitières, bien que la majorité d'entre eux (72%) étaient sporadiques. De plus, à l'exception d'un mouton, des génotypes identiques n'ont pas pu être détectés chez le même animal au cours de différentes saisons, ce qui suggère que la période d'excrétion fécale est plus courte que le laps de temps entre nos dates d'échantillonnage (14 à 135 jours). En effet, le transport fécal de L. monocytogenes chez les humains adultes en bonne santé est également signalé comme transitoire et des études expérimentales antérieures chez des moutons inoculés par voie orale avec une dose élevée de L. monocytogenes (1010unités formant colonies) ont montré que l'excrétion fécale n'a duré que 10 jours. Des études chez les ruminants sauvages et domestiques suggèrent que les animaux peuvent héberger silencieusement L. monocytogenes dans les amygdales même sans rejet fécal, ce qui pourrait expliquer pourquoi L. monocytogenes n'a pas été détecté dans le excréments d'un troupeau de moutons où s'est déclarée une épidémie de listériose.

En résumé, nos données montrent que (i) L. innocua et L. monocytogenes étaient les Listeria spp. dans les fèces des ruminants laitiers et les environnements associés aux exploitations laitière; (ii) les ruminants isolés peuvent héberger L. monocytogenes seul ou avec L. innocua sans signes cliniques d'infection; (iii) L. monocytogenes a pu être isolé dans la moitié des exploitations laitières échantillonnées; (iv) les clones hypervirulents de L. monocytogenes CC1 et CC4, qui sont parmi les CC les plus courants de L. monocytogenes responsables de l'infection humaine, représentaient 30% des isolats de L. monocytogenes récupérés dans cette étude et ont été principalement obtenus à partir d'échantillons associés à l'hôte (fèces); (v) la prévalence globale de L. monocytogenes était plus élevée en hiver qu'en automne dans les élevages de bovins et plus élevée en hiver et au printemps qu'en automne dans les élevages ovins; et (vi) l'excrétion fécale de L. monocytogenes était intermittente et les vaches étaient plus susceptibles d'excréter L. monocytogenes lors de leur deuxième lactation.

Nos données sont cohérentes avec l'hypothèse selon laquelle des exploitations laitières peuvent favoriser la sélection de clones invasifs de L. monocytogenes, qui sont excrétés dans les fèces plus efficacement que les clones hypovirulents, et constituent un réservoir de souches hypervirulentes qui peuvent coloniser les produits laitiers. Cette étude améliore la compréhension de Listeria spp. la prévalence et l'écologie dans l'environnement des ruminants laitiers et peuvent contribuer à l'élaboration de stratégies efficaces de surveillance et de contrôle des maladies pour réduire à la fois le nombre de cas humains et animaux de listériose.

*Analyses cgMLST (core genome MLST): cgMLST (core genome MLST): Les séquences d’une série de gènes du 'génome de base' sont obtenues par ‘Whole genome sequencing’ et comparées à une base de données en ligne (Institut Pasteur, Paris).

Merci à Joe Whitworth de Food safety News d'avoir communiqué cette information.

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lundi 20 décembre 2021

Le Royaume-Uni constate une augmentation du nombre de produits alimentaires non-conformes en provenance des États-Unis

Je vous souhaite un très bon et très joyeux Noël, de belles fêtes de fin d’année

«Le Royaume-Uni constate une augmentation du nombre de produits non-conformes en provenance des États-Unis», source article de Joe Whitworth paru le 20 décembre 2021 dans Food Safety News.

Les autorités britanniques ont émis un avertissement en raison d'une augmentation du nombre de produits alimentaires et de boissons non conformes importés de pays comme les États-Unis.

Le problème a été identifié par la Food Standards Agency (FSA) grâce à un plan de surveillance des importations et à la survenue d'incidents.

Les autorités locales ont été invitées à soulever la question auprès des importateurs de produits en provenance des États-Unis, car elles peuvent ne pas être au courant des différences de lois entre les deux pays.

Selon la réglementation européenne conservée au Royaume-Uni après le Brexit, tous les additifs alimentaires dans les produits doivent être autorisés pour une utilisation dans la catégorie d'aliments concernée.

La non-conformité est principalement liée à l'utilisation d'additifs alimentaires dans des produits dans lesquels leur utilisation n'est pas autorisée ou à leur présence à des niveaux dépassant la limite maximale autorisée, ainsi qu'à des défauts d'étiquetage.

Exemples de problèmes rencontrés
Les exemples incluent le colorant érythrosine (E127), indiquée sur les produits des États-Unis sous le nom de rouge 3 , dont l'utilisation n'est autorisée que dans les cerises à cocktail, que l'on trouve dans les céréales pour petit-déjeuner, les produits de boulangerie et les confiseries.

Des aliments contenant des colorants de Southsampton (E102, E104, E110, E122, E124 et E129), jaune orangé sunset, jaune de quinoléine, carmoisine, rouge allura, tartrazine et ponceau 4R au-dessus des niveaux autorisés ou sans avertissement : «Peut avoir un effet néfaste sur l'activité et l'attention chez les enfants.»

L'EDTA de calcium disodique et l'acide érythorbique sont des additifs autorisés pour certains aliments, mais ils ne sont pas autorisés dans les boissons alors que certaines boissons contiennent de l'huile végétale bromée (E443).

Les boissons étiquetées comme contenant du E443, de l'EDTA ou de l'acide érythorbique et des produits autres que les cerises cocktail contenant de l'érythrosine ou du rouge 3 ne doivent pas être importés au Royaume-Uni.

Les entreprises alimentaires qui importent et vendent ces produits sont tenues de s'assurer que tout ce qu'elles mettent sur le marché respecte les exigences légales. Il a été conseillé aux importateurs de s'approvisionner uniquement en produits conformes à la législation sur les additifs alimentaires.

Adam Hardgrave, responsable des additifs alimentaires, des arômes et des matériaux en contact avec les aliments à la FSA, a déclaré : «Nous avons fourni aux autorités sanitaires portuaires des conseils supplémentaires sur les additifs alimentaires non approuvés et les étiquetages incorrects retrouvés dans les aliments et boissons importés. Il est de la responsabilité des exploitants alimentaires de s'assurer que les produits importés sont conformes à la réglementation sur les additifs alimentaires et s'ils ne le sont pas, ils seront retirés du marché.

Aux lecteurs du blog
Grâce à la revue PROCESS Alimentaire, vous n'avez plus accès aux 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le lien suivanthttp://amgar.blog.processalimentaire.com/. Triste histoire de sous ...

dimanche 19 décembre 2021

Hélas, pas de trêve de Noël pour les rappels de produits alimentaires en France !

Aurons nous une trêve de Noël dans les rappels de produits alimentaires en France ?  
N’y comptez pas trop, si l’on en juge par ce qui s'est passé cette semaine …
Dans le détail, cela nous donne:

Rappels du 13 décembre 2021, 2
oxyde d’éthylène: 1
Listeria monocytogenes: 1

Rappels du 14 décembre 202nous1, 7
oxyde d’éthylène: 3
Listeria monocytogenes: 2
allergènes: 1
Clostridium perfringens: 1

Rappels du 15 décembre 2021, 27
oxyde d’éthylène: 21
Listeria monocytogenes: 2
allergènes: 1
histamine: 1
corps étranger: 1
huile minérale: 1

Rappels du 16 décembre 2021, 5
oxyde d’éthylène et 2-Chloroéthanol: 2
nitrites: 1
allergènes: 1
défaut d’étanchéité: 1

Rappels du 17 décembre 2021, 14
Listeria monocytogenes: 4
oxyde d’éthylène: 3
allergènes: 3
Salmonella: 1
défaut d’étanchéité: 1
nitrites: 1
bisphénol A: 1

Les principales causes de rappels sont:
- oxyde d’éthylène, 30
- Listeria monocytogenes, 9
- allergènes, 6

Ltotal extavagant des rappels, depuis le 1er décembre 2021est de 227. Pour mémoire, il est de 3 377 depuis le 1er avril, selon RappelConso.

Comme déjà signalé dans Scènes de vie au pays de RappelConso, il y a eu cette fois-ci un autre oubli dans les rappels de cette semaine, il s‘agit de boudins blancs cocktails aux girolles 250g chez Carrefour et chez Auchan le 16 décembre 2021 pour cause de présence de Listeria monocytogenes. Du travail d’amateurs ...

Enfin, en ce qui concerne la contamination par l’oxyde d’éthlène, selon la DGCCRF dans une situation établie le 17 décembre 2021, 15 329 produits rappelés (références et lots) depuis le 20 octobre 2020, versus 15 173 au 10 décembre 2021 et 14 543 au 3 décembre 2021. Pour mémoire, la notiification initiale au RASFF de lUE de la contamination de graines de sésame par l’oxyde d’éthylène a eu lieu le 20 septembre 2020.

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