Une analyse porte sur l’exposition à l’arsenic de certains
groupes à risques via la consommation de riz et de produits à base de riz. Les
valeurs moyennes concernant la présence d’arsenic ont été combinées avec les
données de l’enquête
menuCH et les résultats d’une étude allemande afin d’évaluer l’absorption
d’arsenic.
L’’arsenic est un métalloïde toxique omniprésent ;
différentes espèces sont présentes dans l’environnement. L’arsenic peut former
des composés organiques et anorganiques. Les espèces anorganiques (iAs),
arsénite et arséniate, sont hautement toxiques et carcinogènes. Les espèces
organiques méthylées comme le monométhylarsonite (MMA(V)) et le
diméthylarsinate (DMA(V)), pourraient être carcinogènes. Des préoccupations ont
récemment été exprimées au sujet de l’exposition chronique à de faibles doses
d’arsenic, provenant en particulier de l’iAs.
Le riz fait partie des principales sources alimentaires
d’arsenic, avec les espèces prédominantes iAs et DMA(V). L’exposition à l’iAs
et au DMA(V), due à la consommation de riz et de produits à base de riz, a été
évaluée dans des groupes à risques spécifiques de la population suisse adulte
(végétariennes et végétariens, personnes qui se nourrissent sans gluten et sans
lactose), ainsi que chez les enfants. Pour évaluer l’ingestion d’arsenic, on a
combiné les valeurs moyennes de présence d’arsenic avec les données de
consommation (moyenne, 95e centile) afin de calculer l’exposition moyenne et
haute (95e centile).
L’exposition est indiquée en microgrammes par kilogramme de
poids corporel. L’unité utilisée est le μg/kg par jour.
L’exposition à l’iAs de la population adulte générale a été
estimée à 0,029 μg/kg par jour (moyenne) et 0,133 μg/kg par jour (95e centile).
Chez les enfants, l’exposition à l’iAs a été évaluée à 0,044 μg/kg par jour
(moyenne) et 0,184 μg/kg par jour (95e centile). Les risques pour la santé ont
été évalués au moyen d’une comparaison avec les valeurs toxicologiques de
référence pour l’iAs (0,3 μg/kg par jour) et pour le DMA(V) (2,9 μg/kg par
jour). Chez les adultes (moyenne et 95e centile) et chez les enfants (moyenne
et 95e centile), l’exposition à l’arsenic liée à la consommation de riz et de
produits à base de riz se situait au-dessous de ces valeurs de référence. Ce
n’était pas le cas cependant si l’on excluait les enfants qui ne consomment pas
de riz.
Selon les données de l’enquête nationale sur l’alimentation
menuCH, la consommation de riz des adultes avec un mode alimentaire
particulier, comme le végétarisme ou une alimentation sans gluten ou sans
lactose, n’est pas plus élevée.
Chez les enfants qui consomment de grandes quantités de riz
et de produits à base de riz, il existe le risque d’une exposition élevée à
l’iAs. Il est donc nécessaire d’émettre des recommandations pour les enfants
afin qu’ils limitent la consommation de riz et de produits à base de riz et
qu’ils aient une alimentation équilibrée.
Résumé
L’exposition de la population suisse aux deux espèces
prédominantes d’arsenic, iAs et DMA(V), a été calculée par combinaison des
données de consommation de riz et de ses produits dérivés (menuCH et VELS, une
étude allemande -aa) et des données sur l’occurrence de l’arsenic dans les
aliments.
L’exposition a été évaluée pour la population adulte, ainsi
que pour les enfants en bas âge (un à trois ans). Au sein de la population
adulte, certains groupes ont spécialement été investigués, puisque considérés à
risques au regard de leurs régimes alimentaires. Il s’agit des végétariens, des
personnes qui se nourrissent sans gluten ou sans lactose ainsi que des grands
consommateurs de riz (plus de 175 g par jour).
Le riz est la principale source d’arsenic de la population
adulte suisse.
Les autres aliments riches en arsenic, comme le poisson, les
algues ou les champignons, ne sont consommés que de manière sporadique. Dans
certaines régions, l’eau peut également être une source non négligeable d’iAs.
En Suisse, la concentration d’arsenic dans l’eau est
normalement faible, de l’ordre de 0,2 μg/l (valeur médiane), concentration ne
présentant aucun risque pour la santé. Cependant, quelques villages de
montagne, dans les cantons du Tessin et du Valais, présentent des taux
d’arsenic beaucoup plus élevés, et devraient dès lors faire l’objet d’une
surveillance.
Au sein de la population adulte, la consommation de riz et
de ses dérivés par les personnes suivant un régime particulier (végétarisme,
alimentation sans gluten et sans lactose) n’est pas supérieure à celle de la
population générale.
C’est pourquoi, au vu des résultats actuels, les personnes
suivant l’un des régimes susmentionnés ne peuvent pas être considérées à
risques.
Un manque de connaissances subsiste au sujet des
conséquences d’un apport quotidien d’arsenic par l’alimentation, même à de très
faibles doses, et les incertitudes sont de ce fait importantes. Il serait dès
lors essentiel de connaître les effets d’une exposition chronique à de faibles
doses d’arsenic des personnes les plus sensibles à l’arsenic, c’est-à-dire les
enfants et les femmes enceintes ou allaitantes. L’arsenic passant la voie
placentaire, le foetus est lui aussi soumis à l’arsenic ingéré par la mère. Le
lait maternel peut également, suivant le régime alimentaire de la mère,
contenir des doses significatives d’arsenic.
Durant la phase de croissance, l’organisme est plus sensible
à l’arsenic.
On peut donc en conclure que même si l’exposition de la
population suisse à l’arsenic, par la consommation de riz, est faible, certains
comportements, comme une consommation importante de riz, peuvent tout de même
comporter un risque. L’exposition des enfants en bas âge, en raison du ratio
élevé entre le poids corporel et la nourriture ingérée, est plus importante que
celle des adultes.
Le risque occasionné par la consommation de riz ou de
produits à base de riz des jeunes enfants ne peut donc pas être totalement
exclu, en particulier pour les enfants en bas âge suivant un régime alimentaire
(régime sans gluten, végétarisme), mais également les individus allergiques ou
évitant le lait de vache, ou encore les enfants dont les besoins en hydrates de
carbone sont principalement couverts par le riz.
L’OSAV (Office fédéral de la sécurité
alimentaire et des affaires vétérinaires) s’appuyant sur l’étude réalisée par
Guillod-Magnin
et al. (2018), a émis
des recommandations sur la consommation de riz et de produits dérivés,
destinées aux jeunes enfants (
OSAV
2018).