vendredi 4 janvier 2019

Analyse de l’exposition de la population Suisse à l’arsenic par la consommation de riz et de produits à base de riz



Le bulletin nutritionnel suisse du 3 janvier 2019 rapporte une analyse sur riz et arsenic :
Une analyse porte sur l’exposition à l’arsenic de certains groupes à risques via la consommation de riz et de produits à base de riz. Les valeurs moyennes concernant la présence d’arsenic ont été combinées avec les données de l’enquête menuCH et les résultats d’une étude allemande afin d’évaluer l’absorption d’arsenic.
Source Bulletin nutritionnel suisse 2019, Exposition de la population Suisse à l’arsenic par la consommation de riz et de produits à base de riz, Roxane Guillod-Magnin, Beat J. Brüschweiler, 18 pages.

L’’arsenic est un métalloïde toxique omniprésent ; différentes espèces sont présentes dans l’environnement. L’arsenic peut former des composés organiques et anorganiques. Les espèces anorganiques (iAs), arsénite et arséniate, sont hautement toxiques et carcinogènes. Les espèces organiques méthylées comme le monométhylarsonite (MMA(V)) et le diméthylarsinate (DMA(V)), pourraient être carcinogènes. Des préoccupations ont récemment été exprimées au sujet de l’exposition chronique à de faibles doses d’arsenic, provenant en particulier de l’iAs.
Le riz fait partie des principales sources alimentaires d’arsenic, avec les espèces prédominantes iAs et DMA(V). L’exposition à l’iAs et au DMA(V), due à la consommation de riz et de produits à base de riz, a été évaluée dans des groupes à risques spécifiques de la population suisse adulte (végétariennes et végétariens, personnes qui se nourrissent sans gluten et sans lactose), ainsi que chez les enfants. Pour évaluer l’ingestion d’arsenic, on a combiné les valeurs moyennes de présence d’arsenic avec les données de consommation (moyenne, 95e centile) afin de calculer l’exposition moyenne et haute (95e centile).

L’exposition est indiquée en microgrammes par kilogramme de poids corporel. L’unité utilisée est le μg/kg par jour.
L’exposition à l’iAs de la population adulte générale a été estimée à 0,029 μg/kg par jour (moyenne) et 0,133 μg/kg par jour (95e centile). Chez les enfants, l’exposition à l’iAs a été évaluée à 0,044 μg/kg par jour (moyenne) et 0,184 μg/kg par jour (95e centile). Les risques pour la santé ont été évalués au moyen d’une comparaison avec les valeurs toxicologiques de référence pour l’iAs (0,3 μg/kg par jour) et pour le DMA(V) (2,9 μg/kg par jour). Chez les adultes (moyenne et 95e centile) et chez les enfants (moyenne et 95e centile), l’exposition à l’arsenic liée à la consommation de riz et de produits à base de riz se situait au-dessous de ces valeurs de référence. Ce n’était pas le cas cependant si l’on excluait les enfants qui ne consomment pas de riz.
Selon les données de l’enquête nationale sur l’alimentation menuCH, la consommation de riz des adultes avec un mode alimentaire particulier, comme le végétarisme ou une alimentation sans gluten ou sans lactose, n’est pas plus élevée.
Chez les enfants qui consomment de grandes quantités de riz et de produits à base de riz, il existe le risque d’une exposition élevée à l’iAs. Il est donc nécessaire d’émettre des recommandations pour les enfants afin qu’ils limitent la consommation de riz et de produits à base de riz et qu’ils aient une alimentation équilibrée.

Résumé
L’exposition de la population suisse aux deux espèces prédominantes d’arsenic, iAs et DMA(V), a été calculée par combinaison des données de consommation de riz et de ses produits dérivés (menuCH et VELS, une étude allemande -aa) et des données sur l’occurrence de l’arsenic dans les aliments.
L’exposition a été évaluée pour la population adulte, ainsi que pour les enfants en bas âge (un à trois ans). Au sein de la population adulte, certains groupes ont spécialement été investigués, puisque considérés à risques au regard de leurs régimes alimentaires. Il s’agit des végétariens, des personnes qui se nourrissent sans gluten ou sans lactose ainsi que des grands consommateurs de riz (plus de 175 g par jour).
Le riz est la principale source d’arsenic de la population adulte suisse.
Les autres aliments riches en arsenic, comme le poisson, les algues ou les champignons, ne sont consommés que de manière sporadique. Dans certaines régions, l’eau peut également être une source non négligeable d’iAs.
En Suisse, la concentration d’arsenic dans l’eau est normalement faible, de l’ordre de 0,2 μg/l (valeur médiane), concentration ne présentant aucun risque pour la santé. Cependant, quelques villages de montagne, dans les cantons du Tessin et du Valais, présentent des taux d’arsenic beaucoup plus élevés, et devraient dès lors faire l’objet d’une surveillance.
Au sein de la population adulte, la consommation de riz et de ses dérivés par les personnes suivant un régime particulier (végétarisme, alimentation sans gluten et sans lactose) n’est pas supérieure à celle de la population générale.
C’est pourquoi, au vu des résultats actuels, les personnes suivant l’un des régimes susmentionnés ne peuvent pas être considérées à risques.
Un manque de connaissances subsiste au sujet des conséquences d’un apport quotidien d’arsenic par l’alimentation, même à de très faibles doses, et les incertitudes sont de ce fait importantes. Il serait dès lors essentiel de connaître les effets d’une exposition chronique à de faibles doses d’arsenic des personnes les plus sensibles à l’arsenic, c’est-à-dire les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes. L’arsenic passant la voie placentaire, le foetus est lui aussi soumis à l’arsenic ingéré par la mère. Le lait maternel peut également, suivant le régime alimentaire de la mère, contenir des doses significatives d’arsenic.
Durant la phase de croissance, l’organisme est plus sensible à l’arsenic.
On peut donc en conclure que même si l’exposition de la population suisse à l’arsenic, par la consommation de riz, est faible, certains comportements, comme une consommation importante de riz, peuvent tout de même comporter un risque. L’exposition des enfants en bas âge, en raison du ratio élevé entre le poids corporel et la nourriture ingérée, est plus importante que celle des adultes.
Le risque occasionné par la consommation de riz ou de produits à base de riz des jeunes enfants ne peut donc pas être totalement exclu, en particulier pour les enfants en bas âge suivant un régime alimentaire (régime sans gluten, végétarisme), mais également les individus allergiques ou évitant le lait de vache, ou encore les enfants dont les besoins en hydrates de carbone sont principalement couverts par le riz. L’OSAV (Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires) s’appuyant sur l’étude réalisée par Guillod-Magnin et al. (2018), a émis des recommandations sur la consommation de riz et de produits dérivés, destinées aux jeunes enfants (OSAV 2018).

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