vendredi 8 février 2019

Après le rapport 2019 de la Cour des comptes sur le contrôle de la sécurité sanitaire des aliments, les réponses des trois ministères

Suite de l'article qui traitait du rapport proprement dit de la Cour des comptes, Sécurité sanitaire des aliments en France: La Cour des comptes fait de nouveau des constats d'impuissance. Voici un commentaire rapide sur les réponses des trois ministères concernés.


Profil bas de la ministre des solidarités et de la santé qui ne fait que constater brièvement le fouillis du modèle français qui « constitue une originalité en Europe » et renvoie à des propositions gouvernementales :
L’organisation du contrôle de la sécurité sanitaire des aliments s’articule effectivement entre de nombreux acteurs publics chargés de la veille sanitaire (SpF), de l’évaluation scientifique des risques des produits alimentaire (Anses), de l’élaboration des politiques publiques et de la réglementation (DGCCRF, DGS et DGAL) ainsi que de la mise en œuvre des contrôles officiels et des alertes (DGCCRF, DGAL, DGDDI, ARS, etc.) en s’appuyant notamment sur le protocole de coopération de 2006 concernant le partage de compétences signé par la DGAL, la DGCCRF et la DGS. Cette organisation doit gagner en lisibilité et efficience. C’est pourquoi, le Gouvernement va étudier la mise en place d’une organisation plus intégrée de cette politique de sécurité sanitaire des aliments.
Les professionnels sont en effet responsables de la qualité et de la sécurité des produits qu’ils mettent sur le marché et il me paraît donc logique que les actions de contrôle, d’analyse et de surveillance épidémiologique mises en place par l’État soient en partie financées par les industriels, dans le cadre des taxes et redevances prévues par la réglementation européenne.

La réponse du ministre de l’économie et des finances est la plus longue des réponses des trois ministères mais c'est aussi un modèle de langue de bois …

C'est au consommateur de faire le job car « la DGCCRF développe une application mobile permettant aux consommateurs de signaler facilement les manquements des professionnels » de la distribution et de la restauration, car selon ce ministère c'est le secteur qui a un taux de couverture à un niveau « extrêmement bas ».

Ouf, fini pour un temps la guerre des polices, voici que le ministre annonce, « Je suis en mesure de préciser à la Cour que la DGCCRF inscrira ces contrôles sur Alim’confiance à brève échéance. » Je ne sais pas ce que signifie en temps administratif, le terme brève échéance.

Fin de non recevoir sur la mutualisation des réseaux des laboratoires.

Sur les retraits-rappels
La DGCCRF travaille d’ores et déjà à la mise en œuvre des mesures les plus pertinentes du rapport de ce groupe de travail, en particulier à la création d’un site internet unique, avec les autres administrations concernées. Il convient de noter que la DGCCRF publie déjà sur son site internet tous les retraits-rappels, alimentaires et non alimentaires, dont elle assure le suivi.

Ouf, on travaille ensemble !

Cela étant, il n'est pas exact de dire que la DGCCRF publie déjà sur son site internet tous les retraits-rappels, alimentaires et non alimentaires, dont elle assure le suivi, loin s'en faut.
Exemple que chacun peut vérifier, 6 rappels de produits alimentaires sur le site de la DGCCRF en janvier 2019 versus 10 sur le site Oulah!

A propos de la « recommandation n°4, désigner un chef de file de l’ensemble du dispositif de contrôle de la sécurité sanitaire de l’alimentation », c'est sûrement une bonne idée mais … « elle doit faire l’objet d’une analyse approfondie pour évaluer les coûts induits par une telle réorganisation (maintien de compétences des agents, perte de retour d’expérience, mutualisation des analyses et du développement de leurs techniques, gestion des alertes, ...) qui ne doivent pas être supérieurs aux gains supposés. »

Le coût de la sécurité des aliments pour les entreprises va augmenter. En effet, « En lien avec le Ministre de l’action et des comptes publics, je proposerai à la Ministre en charge de la santé et au Ministre en charge de l’agriculture, dans le cadre des discussions précitées sur la gouvernance de la sécurité sanitaire, d’étudier la possibilité de rationaliser le recouvrement des redevances sanitaires. »

La réponse du ministre de l’agriculture et de l’alimentation fait comme d'hab dans l'autosatisfaction,
Ce rapport est satisfaisant au sens où il souligne la qualité du dispositif de veille et de contrôle de la sécurité sanitaire de l’alimentation et les améliorations qui lui ont été apportées depuis le précédent contrôle réalisé par la Cour des comptes en 2013, ce dont je me félicite.

Concernant le renforcement de la sécurité sanitaire des aliments, il va y avoir, mais quand, on ne sait pas, pour bientôt sans doute, le trop fameux désormais « site internet unique permettant un accès direct par le grand public à la liste des denrées alimentaires ou d'aliments pour animaux, qui font l'objet d'une procédure de rappel en cohérence avec la recommandation faite par la Cour des comptes. »

Pour le reste, le ministère de l'agriculture veut une consolidation du système sanitaire français qui va nécessiter un renforcement des contrôles opérés par l'administration et donc des effectifs associés, bien loin des vues du ministre de l'économie …

Ce n'est pas la désignation d'un chef de file au niveau des administrations centrales, le ministère de l'agriculture « souhaite même aller plus loin en proposant de créer une police sanitaire unique de l'alimentation. »

Deux idées intéressantes, mais le ministère de l'agriculture sera-t-il entendu et soutenu ?

Etats-Unis : Quand l'industrie du bio se voit menacer par les cultures hydroponiques et aquaponiques

Dans un article du Figaro du 18 janvier 2019, Paul Ariès : « Le véganisme est le cheval de Troie des biotechnologies alimentaires », il était rapporté ce qui suit … et bien entendu, l'interview est à lire en intégralité ...
Le véganisme est le cache-sexe du courant dit de la libération animale ou de l'égalité animale. Ces fantasmes végans sont d'autant plus en phase avec notre modernité que nous avons largement perdu tout contact avec la nature, c'est pourquoi la pensée végane est d'abord une pensée urbaine, et qu'ils coïncident aussi avec les stratégies alimentaires des grands groupes économiques. Les végans sont les idiots utiles des fausses viandes, des faux fromages, des faux laits qui vont bientôt envahir nos étals, avec, par exemple, de la fausse viande réalisée à partir de cellules-souches. Un consortium fort de 2,2 billions de dollars entend imposer avec Jérémy Coller ces «fausses viandes». Tout est prêt: les brevets, les capitaux, l'acceptabilité, on calcule déjà le retour sur investissement! Si l'idéologie végane n'existait pas, le secteur de l'industrie agro-alimentaire devrait l'inventer.
C'est dans ce contexte que voici qu'aux Etats-Unis, « L'industrie du bio n'approuve pas chaleureusement les producteurs hydroponiques et aquaponiques », source article de Dan Flynn paru le 8 février dans Food Safety News.

L'hydroponie ou culture hydroponique est une agriculture hors-sol. L'aquaponique associe l'élevage de poissons et la culture de plantes en circuit (presque) fermé. 

Certains produits frais provenant de producteurs hydroponiques ont été approuvés et sont vendus sous le label bio de l’USDA, mais les agriculteurs qui cultivent leurs cultures bio dans le sol n’aiment pas la concurrence.

Il y a deux semaines, le litigieux Center for Food Safety (CFS) a déposé une requête en faveur de l’élaboration de règles auprès du ministère américain de l’agriculture (USDA), exigeant de nouvelles réglementations interdisant la certification bio à la production issue de l’agriculture hydroponique. La pétition de 22 pages demande également à l'USDA de révoquer toute certification bio existante précédemment délivrée aux exploitations hydroponiques.

La sécurité des aliments ne joue aucun rôle dans la pétition. La culture hydroponique n’a pas de sol, elle est donc un peu embarrassée car elle ne fournit pas d’échantillons de sol comme mesure de la conformité aux analyses. Le CSF souligne que la réglementation issue de l'Organic Foods Production Act (OFPA) de 1990 « suggèrent systématiquement des échantillons de sol comme mesure de vérification de la conformité ».

Les agents qui examinent les opérations dans le cadre du processus de certification bio de l’USDA « doivent effectuer des tests périodiques de résidus de produits agricoles », avec des échantillons de sol comme méthode d'analyse, indique la pétition de CFS. « De nombreux systèmes hydroponiques ne contiendraient pas de sol pour l'échantillonnage, comme le suggère la règlements de l'OFPA. »

Les producteurs hydroponiques, aquaponiques et aéroponiques peuvent actuellement obtenir une certification bio. L'USDA l'autorise dans la mesure où le certificateur peut démontrer qu'il est conforme à la norme bio. Un fournisseur de l'industrie dit que la culture hydroponique, par définition, est une méthode de culture de plantes dans une solution riche en nutriments à base d'eau qui n'utilise pas de sol. A la place, les racines de plantes se nourrissent d'une solution nutritive avec accès à l'oxygène.

Il y a un an, l'Agriculture Marketing Service (AMS) de l'USDA avait tenté de résoudre certains problèmes liés à la certification biologique des activités de la culture hydroponique et aéroponique. L’action de l’AMS intervient après que le National Organic Standards Board (NOSB) de l’USDA ait recommandé que l’on interdise aux systèmes autres que les sols de s'appeler production biologique. L'USDA a brièvement réfléchi à cette question avant de dire « merci, mais pas merci » au NOSB pour la recommandation.

L'aquaponique se réfère à la culture de graines dans un système avec des poissons d'élevage qui fournissent des nutriments pour les plantes. Les producteurs de serre et les agriculteurs urbains utilisant des systèmes de culture verticale utilisent des méthodes hydroponiques et aéroponiques, le tout sans sol. Le secteur de l’agriculture bio fait l’objet de débats autour de ces méthodes hydroponiques depuis près d’une décennie.

Le CFS souhaite une interdiction totale des activités hydroponiques d’être autorisées à utiliser le label bio de l’USDA. Il affirme que les systèmes de production hydroponiques qui n'utilisent pas de sol ne respectent pas les normes biologiques fédérales et violent les pratiques biologiques, qui exigent que l'agriculture biologique comprenne l'amélioration des sols et la conservation de la biodiversité.

Plus d'une douzaine d'autres agriculteurs, consommateurs, distributeirs et organismes de certification biologiques, dont l'Organic Farmers Association, la Northeast Organic Dairy Producers Alliance (NODPA), PCC Community Markets et le Cornucopia Institute se sont joints à la pétition.

« Décrire les opérations méga-hydroponiques comme 'biologiques' est contraire au texte et aux principes de base de la norme biologique. Nous sommes actuellement aux prises avec une bataille acharnée pour l'avenir de l'agriculture biologique. Nous sommes aux côtés des agriculteurs et des consommateurs de produits biologiques qui estiment que l'étiquette doit conserver son intégrité », a déclaré George Kimbrell, directeur juridique du CFS.

Les pétitionnaires affirment que les consommateurs font confiance au label biologique et paient un supplément pour l'assurance qu'il indique un moyen plus sain et plus écologique de produire les aliments qu'ils achètent.

Depuis que le label fédéral Certified Organic a été introduit il y a plus de 20 ans, le CFS affirme que le marché des aliments biologiques a connu une croissance exponentielle et qu'il s'agit désormais d'une industrie de 60 milliards de dollars dans laquelle des sociétés multinationales ont acheté des marques biologiques et sont en concurrence avec de petits producteurs d'aliments qui utilisent des méthodes respectueuses de l'environnement. .

« Permettre aux systèmes hydroponiques d'être certifiés bio compromet les moyens de subsistance des agriculteurs biologiques qui s'efforcent de préserver un sol sain comme fondement de leurs exploitations », a déclaré Kate Mendenhall de l'Organic Farmers Association. « Les producteurs hydroponiques bénéficiant du label bio sans rien faire pour le sol portent atteinte à la norme et mettent tous les agriculteurs biologiques basés sur le sol dans un désavantage économique insoutenable. »

La pétition affirme que l’agriculture biologique a traditionnellement été définie comme s’appuyant sur les exigences du sol, telles que l’amélioration de la fertilité du sol, l’amélioration de la qualité du sol et l’utilisation de méthodes agricoles respectueuses de l’environnement, telles que le travail du sol et la rotation des cultures.

L’USDA continue d’autoriser les cultures hydroponiques, ce qui va à l’encontre de la recommandation de l’avis consultatif du NOSB selon laquelle la certification bio ne devrait pas être étendue aux méthodes de culture hors sol.

Le Canada et le Mexique interdisent la culture hydroponique pour les produits bio et le Parlement européen a voté en faveur de la suppression de la certification bio des produits hydroponiques en avril 2018.

« Les lobbyistes du secteur agroalimentaire travaillent depuis des décennies pour assouplir les normes du bio », a déclaré Mark Kastel, directeur exécutif du Cornucopia Institute. « Dans ce cas, la gestion prudente de la fertilité des sols est non seulement un précepte philosophique, mais aussi codifié dans le droit fédéral. »
Et bien que le CFS réussisse souvent avec ses stratégies juridiques, la pétition actuelle à l'USDA pourrait ne pas aller très loin. Jennifer Tucker, l'administrateur adjoint du National Organic Program de l'USDA, a récemment déclaré que la certification bio des activités hydroponiques était « une question résolue ».

« L’année dernière, nous avons publié un bulletin d’information (newsletter électronique) qui indiquait que la culture hydroponique était autorisée depuis le début du programme et qu’elle a été toujours autorisée », a déclaré Tucker. « Nous considérons que c'est un problème réglé. »

The Packer, la publication du secteur des produits de base, fruits et légumes, a rendu compte des commentaires de Tucker lors de la Global Organic Produce Expo 2019.

« Il existe certains certificateurs qui certifient la culture hydroponique, et d'autres non. ils sont tous liés par un ensemble de réglementations communes », a ajouté Tucker.

Vous voyez un joli oiseau, mais moi je vois une usine à Campylobacter, en Finlande aussi

Dans un précédent article, j'indiquais que Les tortues et les reptiles sont une Salmonella factoryVoici que les oiseaux seraient désormais une Campylobacter factory …

« Vous voyez un joli oiseau, moi je vois une usine à Campylobacter, en Finlande aussi », source Doug Powell du barfblog.

Le rôle des réservoirs environnementaux, y compris les oiseaux sauvages, dans l’épidémiologie moléculaire de Campylobacter jejuni n’a pas été évaluée en profondeur.

Nos résultats ont montré que le gibier à plumes peut présenter un risque d’acquisition de campylobactériose, car ils avaient des génomotypes de C. jejuni très similaires aux isolats humains détectés précédemment. Par conséquent, les mesures d'hygiène lors de l'abattage et la manipulation de la viande méritent une attention particulière.

Au contraire, une phylogénie unique a été révélée pour des isolats de choucas (photo de droite), et certaines des caractéristiques génomiques identifiées parmi ces isolats sont supposées affecter leur spécificité d’hôte et leur virulence.
La génomique comparative au sein de types de séquence (ST), utilisant le typage de séquence multilocus du génome entier (wgMLST) et la phylogénomique sont des méthodes efficaces pour analyser les relations génomiques des isolats de C. jejuni.

Référence. Population Genetics and Characterization of Campylobacter jejuni Isolates from Western Jackdaws and Game Birds in Finland.
Sara Kovanen, Mirko Rossi, Mari Pohja-Mykrä, Timo Nieminen, Mirja Raunio-Saarnisto, Mikaela Sauvala, Maria Fredriksson-Ahomaa, Marja-Liisa Hänninen and Rauni Kivistö . Appl. Environ. Microbiol. February 2019 85:e02365-18; Accepted manuscript posted online 14 December 2018, doi:10.1128/AEM.02365-18

Comment Henry Heinz a utilisé le ketchup pour améliorer la sécurité des aliments

« Comment Henry Heinz a utilisé le ketchup pour améliorer la sécurité des aliments », source Doug Powell du barfblog.

Deborah Blum a écrit dans National Geographic que le ketchup - cette sauce rouge réjouissante vendue dans des bouteilles en verre - a fait son apparition sur le marché américain au 19ème siècle. Mais ses ingrédients étaient étonnamment différents de ce qu'ils sont aujourd'hui.

Les défenseurs des aliments se sont plaints du fait que la sauce était souvent faite à partir de restes de tomate épaissis avec des zestes de citrouille moulus, du marc de pomme (peau, pulpe, graines et tiges laissées après que le fruit avait été pressé pour obtenir du jus), de la fécule de maïs et teintée en rouge trompeur. Un auteur français de livres de cuisine a décrit le ketchup vendu sur les marchés comme « sale, décomposé et putride ».

À la fin du 19e siècle, il est devenu moins putride, les fabricants ajoutant des conservateurs chimiques pour ralentir la décomposition en bouteille. Mais le vrai changement - l’invention du ketchup moderne - s’est produit au XXe siècle et c’est une histoire de politique et de personnalité. Tout commence par une alliance improbable entre l’un des plus riches fabricants de produits alimentaires du pays, Henry J. Heinz, et un chimiste fédéral sous-payé. Les deux hommes étaient unis par la conviction mutuelle que les aliments insalubres et peu fiables était un problème national croissant.

La position de Harvey Washington Wiley sur le sujet n’a surpris personne. En tant que chef du bureau de la chimie au ministère de l’agriculture des États-Unis, Wiley préconisait des normes de sécurité des aliments depuis les années 1880. À l’époque, son minuscule département était la seule division fédérale responsable de la qualité des aliments du pays. Ses chimistes avaient exposé à la fois une fraude répandue - du gypse dans de la farine à la poussière de brique dans de la cannelle - et une utilisation consternante et imprudente de conservateurs non analysés, allant du formaldéhyde au borax.

La position de Heinz a été un choc, en particulier pour ses collègues industriels. Il a refusé de s’aligner sur d’autres sociétés américaines, qui s’efforçaient pour la plupart de bloquer tout effort visant à établir des normes en matière d'aliments et des boissons. Et pour comprendre cela, nous devons regarder l'homme lui-même ainsi que l'homme d'affaires prospère.

Il est né en 1844 à Pittsburgh, fils de parents d'immigrants allemands. Ses parents, John et Anna Margaretha, étaient de fervents luthériens. leurs enfants - Henry, l'aîné de huit ans - ont été scolarisés dans une école luthérienne. Leur mère a insisté pour qu'ils vivent selon les principes chrétiens: « Fais tout le bien que tu peux. Ne vivez pas pour vous-même », était l'une de ses paroles préférées. On s’attendait également à ce que les enfants travaillent dur et gagnent bien leur vie. Cela allait sans dire.

Enfant, Henry vendit aux voisins des légumes supplémentaires du potager de la famille. À l'âge de dix ans, il avait son propre jardin et transportait les produits en charrette chez les épiciers locaux. À l'adolescence, il livrait les produits aux épiciers par charrette à cheval et vendait également du raifort préparé dans de petites jarres en verre. De nombreuses variétés commerciales étaient alors vendues en verre coloré - parfois à des fins décoratives, parfois parce qu’elles en masquaient le contenu. Young Heinz a délibérément utilisé du verre transparent pour que les clients puissent voir le raifort à l'intérieur. En 1888, à l'âge de 44 ans, il avait sa propre entreprise de fabrication d'aliments, la société H.J. Heinz, et à partir de là, il ne regarda jamais en arrière .

L’entreprise de Heinz a fabriqué une soixantaine de produits en 1896, chiffre qui est passé à 200 d’ici à la fin du siècle. La société proposait toujours du raifort mais également des cornichons, du ketchup, des vinaigres, des sauces au piment, de la sauce tomate, de la viande hachée, des beurres de fruits, des fèves au lard, des cerises confites, des vinaigrettes à la moutarde, gelée de cassis, des conserves d’ananas, un assortiment de moutarde et des pâtes en conserve. Heinz était un maître promoteur - la société utilisait tout, des panneaux publicitaires éclairés aux wagons peints en passant par des présentoirs aux salons mondiaux pour faire la publicité de ses produits.

Mais Heinz a également estimé que pour que la promotion réussisse, le produit lui-même devait être bon, le fabricant digne de confiance. Il a autorisé les visites publiques de son usine de Pittsburgh afin que les gens puissent en admirer la propreté et le bien-être des travailleurs. Il a construit des serres pour expérimenter les meilleures variétés de fruits et de légumes. Il a continué à utiliser du verre clair, plutôt que coloré, pour ses produits. Pour son ketchup, il en a créé un avec une base à huit côtés afin que les clients puissent étudier la sauce sous plusieurs angles.

Et c’est le ketchup lui-même qui l’incitera à aller encore plus loin. …

En juin 1906, les deux premiers textes législatifs importants relatifs à la protection du consommateur aux États-Unis - le Meat Inspection Act et le Pure Food and Drug Act - devinrent des lois, jetant ainsi les bases d'une réglementation fédérale en matière de sécurité sanitaire des aliments.

Et le nouveau ketchup sans conservateur de H.J. Heinz était prêt à être lancé. Comme le proclamait la campagne publicitaire de l'entreprise, celui-ci était « reconnu comme étant la norme par les autorités gouvernementales, responsables des aliments ». C'était également le nouveau modèle pour le ketchup américain - un mélange épais de politique, de personnalité, d'acceptation du 20ème siècle selon laquelle la sécurité des aliments est importante et bien sûr, les tomates.

La journaliste Deborah Blum, lauréate du prix Pulitzer, est directrice du programme de journalisme scientifique Knight au MIT. Ses livres incluent The Monkey Wars et son dernier livre, The Poison Squad. 

jeudi 7 février 2019

Saga Alim'confiance, le dispositif sensé rendre transparent les résultats des contrôles sanitaires n'a pas l'agrément de la DGCCRF

Non Monsieur Sébastien Rémy, chef du bureau d'appui à la surveillance de la chaîne alimentaire, le dispositif Alim'confiance ne répond pas « à la demande des citoyens qui souhaitent être rassurés sur leur alimentation ».

Pourquoi ?

Parce que le nombre de contrôles réalisés est notoirement insuffisant !

Selon un document du ministère de l'agriculture du 1er février 2019, un expert alim'agri, Sébastien Rémy, chef du bureau d'appui à la surveillance de la chaîne alimentaire, explique en quoi consiste ce dispositif  alim'confiance … et voici une retranscription (une vidéo est visible ici) de ses propos :
Le dispositif alim’confiance permet de rendre transparent les résultats des contrôles sanitaires effectués dans tous les établissements de la chaîne alimentaire. C’est-à-dire, dans les abattoirs, dans les établissements agro-alimentaires, les établissements de production de lait, de production de viande, mais également les établissements qui sont proches du consommateur, à savoir : les métiers de bouche, donc les bouchers, les fromagers, les restaurants, les supermarchés et les hypermarchés.À ce jour, plus de 70'000 résultats de contrôles ont ainsi été publiés sur le site, dont notamment plus de 20 000 contrôles dans les restaurants.Le dispositif alim’confiance se décompose en 4 smileys, correspondants à 4 niveaux d’hygiène. Le niveau d’hygiène « satisfaisant » est un niveau pour lequel l’établissement reçoit de la part de l’administration un rappel réglementaire.
Le niveau d’hygiène « à améliorer » concerne les établissements qui sont mis en demeure de procéder à des actions correctives dans un délai contraint qui est fixé par l’administration.Le niveau d’hygiène « à corriger de manière urgente » est le niveau d’hygiène dans lequel la santé publique du consommateur est susceptible d’être mise en jeu. C’est pourquoi, l’administration décide de procéder à la fermeture de l’établissement, ou à la suspension ou au retrait de son agrément.C’est un dispositif qui répond à une attente légitime du consommateur, et qui concoure à renforcer la confiance dans le secteur alimentaire.Concrètement, le dispositif alim’confiance permet aux consommateurs de géolocaliser autour de sa position les restaurants, et de faire une sélection en fonction du niveau d’hygiène de l’établissement, qui peut être un des critères de recherche du consommateur, après le prix et la qualité gustative du restaurant.Chaque jour, de nouveaux résultats de contrôles sont publiés sur le site, et ces résultats de contrôles sont disponibles pendant une durée d’un an.
Il n'a pas de chance Monsieur Sébastien Rémy, chef du bureau d'appui à la surveillance de la chaîne alimentaire, car ce n'est pas moi qui vais lui répondre, mais la Cour des comptes … qui dans son rapport public annuel 2019 s'est intéressée au « Contrôle de la sécurité sanitaire de l’alimentation : des progrès à consolider » et au dispositif Alim'confiance en particulier …

Contrairement au personnel du ministère de l'agriculture, « les services de la DGCCRF, qui partagent avec la DGAL les contrôles effectués dans les établissements de remise directe et de restauration, se sont refusés jusqu’à présent à appliquer les dispositions du décret du 15 décembre 2016 au motif que, compte tenu de la faiblesse du taux de couverture, la publication des résultats pourrait porter préjudice aux établissements contrôlés par rapport à ceux qui ne l’ont pas été. La DGCCRF préfère communiquer de sa propre initiative, et au cas par cas, sur certaines mesures de retrait et de rappel de produits alimentaires non-conformes et dangereux. »

Autrement dit la DGCCRF ne participe pas au dispositif Alim'confiance ...

Au niveau du volet humain, c'est encore plus clair, mais je ne crois pas que cela puisse permettre de rendre transparent les résultats des contrôles sanitaires effectués dans tous les établissements de la chaîne alimentaire.

La Cour des comptes note :
Ces moyens humains ne permettent pas de couvrir, par un contrôle de premier niveau, une part significative des établissements de certains secteurs. Tel est le cas de la remise directe au consommateur, secteur où les établissements sont nombreux et dispersés. En 2017, le taux de couverture de ce secteur d’activité atteint par les services de contrôle atteignait 9 % pour la DGAL et 4 % pour la DGCCRF. Au titre de la sécurité sanitaire de l’alimentation, un établissement de restauration est donc contrôlé en moyenne tous les quinze ans par les services de l’État.
Alors, pour reprendre la formule utilisée en début d'article, êtes-vous désormais rassurés sur votre alimentation ?

Un médicament utilisé pour traiter le diabète de type 2 a un impact sur le microbiome intestinal


« Un médicament utilisé pour traiter le diabète de type 2 a un impact sur le microbiome intestinal », source ASM News.

L'acarbose, un médicament couramment utilisé pour traiter le diabète de type II, peut modifier le microbiome intestinal de manière réversible et dépendant du régime alimentaire, selon une nouvelle étude publiée dans le journal mSphere. Les résultats soulignent l’importance du microbiome intestinal pour la santé et montrent qu’il faudrait accorder plus d’attention à la manière dont le microbiome intestinal réagit aux médicaments.

« L’acarbose pourrait potentiellement changer le microbiome intestinal, mais c’est un changement très dépendant du régime alimentaire », a déclaré la chercheuse principale de l’étude, Nicole Koropatkin, professeure adjointe de microbiologie et d’immunologie, École de médecine de l’Université du Michigan, Ann Arbor, Michigan. « Avec les médicaments, en particulier ceux qui affectent le diabète, nous devons penser non seulement à son impact sur les enzymes et le métabolisme de l'hôte, mais également à son incidence sur le métabolisme des bactéries intestinales. Nous savons qu'il semble y avoir certaines compositions de bactéries intestinales qui sont plus étroitement liées au diabète et qui pourraient même précéder l'apparition clinique du diabète. »

Au cours des dernières années, les chercheurs ont appris que le microbiome intestinal des personnes atteintes de diabète et des personnes en bonne santé était différent. Les scientifiques ont également appris que la metformine, un médicament populaire contre le diabète, exerce son effet médicinal en modifiant notamment le microbiote intestinal de manière à améliorer la tolérance au glucose. Cela s’ajoute à la metformine qui a un impact sur le métabolisme du glucose chez l’hôte.

En tant que cristallographe des protéines qui étudie les enzymes dégradant l’amidon, le Dr Koropatkin s’intéresse de plus près à l’acarbose et cherche à déterminer si ce médicament antidiabétique pourrait également entraîner des effets non ciblés sur le microbiote susceptibles d’affecter les avantages thérapeutiques du médicament. L’acarbose inhibe les glucoamylases dans l’intestin grêle afin d’empêcher la digestion de l’amidon dans le régime alimentaire et de diminuer ainsi la glycémie postprandiale. Il en résulte une augmentation de l'amidon dans l'intestin distal, où il devient un aliment pour la communauté bactérienne intestinale.

Pour comprendre, le Dr Koropatkin s’est associé au Dr Patrick Schloss, professeur de microbiologie et d’immunologie à la faculté de médecine de l’Université du Michigan, qui se consacre aux interactions hôte-microbiome. Ils ont examiné l'effet de la thérapie à l'acarbose, à la fois à faible et à forte dose, sur la structure de la communauté intestinale chez des souris nourries avec un régime riche en amidon ou riche en fibres de polysaccharides végétaux. « Nous voulions essayer autant que possible de reproduire la manière dont l'acarbose est administré à l'homme », a déclaré le Dr Koropatkin. « Lorsque les humains commencent à prendre un traitement à l'acarbose, ils commencent généralement par une faible dose, puis ils passent à une dose thérapeutique plus élevée. »

Les chercheurs ont découvert que le microbiote fécal des animaux consommant une faible dose d'acarbose (25 ppm) n'était pas significativement différent de celui des animaux témoins ne recevant pas d'acarbose. Cependant, une forte dose d'acarbose (400 ppm) avec un régime riche en amidon a considérablement modifié la structure du microbiote intestinal. Les acides gras à chaîne courte mesurés à partir d'échantillons de selles ont augmenté, en particulier le butyrate, du fait du traitement à l'acarbose dans les deux régimes. Les chercheurs ont notamment expliqué que le régime alimentaire riche en amidon avec une dose élevée d'acarbose entraînait une expansion des Bacteroidaceae et des Bifidobacteriaceae et une diminution des Verruocomicorbiacea et des Bacteroidales S24-7. Une fois le traitement arrêté, la composition intestinale est rapidement revenue au niveau du groupe témoin, suggérant que le médicament n’a pas d’impact permanent sur la communauté intestinale. La dose élevée d'acarbose dans un régime alimentaire à base de polysaccharides végétaux a entraîné une structure de communauté distincte avec une représentation accrue des Bifiidobacteriaceae et des Lachnospiraceae.

« Notre étude montre que l’alimentation en acarbose modifie la structure de la communauté intestinale de manière réversible et dépendante de l’alimentation, ce qui peut avoir des conséquences sur la manière dont ces médicaments sont administrés de manière idéale chez l’homme »a déclaré le Dr Koropatkin.

À l’heure actuelle, le Dr Koropatkin a déclaré qu’un régime riche en fibres constituait toujours la meilleure recommandation pour un diabétique ou une personne en bonne santé. « D'après tout ce que nous savons sur le microbiote intestinal, la meilleure chose à faire est de manger une alimentation riche en fibres », a déclaré le Dr Koropatkin. « C’est votre meilleure chance de conserver et de collecter un microbiome qui produit beaucoup d’acides gras à chaîne courte qui régulent le développement immunitaire et l’homéostasie énergétique

Le Dr Koropatkin a déclaré que les acides gras à chaîne courte le butyrate, en particulier, avait beaucoup retenu l'attention parce qu'il avait des effets anti-inflammatoires et anti-tumorogènes.
« Toute thérapie susceptible d'augmenter la production de butyrate mérite d'être envisagée lorsque nous réfléchissons à des moyens de lutter contre l'inflammation intestinale et systémique », a déclaré le Dr Koropatkin.

L'usine McCain de Californie va fermer après avoir été à l'origine du rappel le plus important de l'année 2018



« Quand cela commence à vaciller, c'est que cela va vraiment s'effondrer : McCain Foods ferme une installation alimentaire de Californie, responsable du plus important rappel d'aliments en 2018 », source Doug Powell du barfblog.

Le 14 octobre 2018, McCain Foods a été à l'origine une épidémie rampante liée à des légumes transformés dans son usine de Colton en Californie, qui a duré six semaines.

Désormais, cette usine a été fermée.

Au début de janvier 2019, Sam Bloch de New Food Economy a écrit que l'installation de Colton produisait des ingrédients commerciaux, le mortier invisible du système alimentaire.

Vous ne connaissez peut-être pas McCain, mais vous avez probablement mangé ses aliments. La société de restauration multinationale, basée à Toronto en Ontario (Canada), fabrique des aliments surgelés - principalement des pommes de terre, mais également des fruits et des légumes, des pizzas, des jus de fruits et divers plats au four - dans 53 usines du monde entier.

(Bloch écrit que McCain se vantait qu'une frite sur quatre consommée dans le monde est de chez MacCain. Bloch aurait pu creuser un peu et il a découvert que la famille McCain était un feuilleton télévisé aux proportions machiavéliques, en termes canadiens, rivalisée uniquement par la famille Seagram, qui a fait fortune en achetant de l'alcool aux États-Unis lors de la prohibition américaine. La famille McCain a également tué les pommes de terre Bt modifiées par génie génétique, ce qui aurait pu soulager chimiquement l'environnement, en particulier dans l'est du Canada, mais c'est une autre histoire, retour aux légumes).

En octobre, plusieurs magasins allant de Whole Foods à Walmart, ont retiré de leurs rayons des milliers de salades, wraps et burritos, préoccupés par les ingrédients comprenant du maïs et des oignons grillés ou caramélisés susceptibles d'avoir été contaminés par Salmonella et Listeria monocytogenes.

Ensemble, les rappels McCain affecteront plus de 99 millions de pounds de nourriture, soit plus de 44 905 tonnes.

Maintenant, Bloch écrit que McCain a fermé son usine de Colton, en Californie, qui avait transformé les légumes, notamment des oignons émincés, des poivrons et du maïs grillés ou caramélisés, et les avait vendus comme ingrédients à des cuisines commerciales et à des fabricants de produits alimentaires dans tout le pays. Les rappels ont touché toutes les allées des supermarchés, des salades préemballées de chez Whole Foods et de Trader Joe’s aux trempettes au fromage et aux bols de céréales Kashi congelés. La quantité totale de produit affectée dépasse les 100 millions de pounds, ce qui en fait le rappel le plus important de 2018 et peut-être de mémoire récente.

McCain a annoncé la fermeture de l’usine le 11 janvier, ce qui, selon un communiqué de la société, entraînera des mises à pied pour 100 employés. Dans un courrier électronique adressé à The New Food Economy, Andrea Davis, une porte-parole de McCain a confirmé que le rappel influait sur la décision de fermer l’usine, tout en précisant que d’autres facteurs étaient également en cause.

« La gamme de produits fabriquée sur le site de Colton ne répond pas aux besoins changeants de notre portefeuille », a écrit Davis. « Bien que le récent rappel ait été une considération, la décision de fermer définitivement l'installation était en fin de compte une décision commerciale. »

On ne sait pas exactement quand l'usine sera fermée et les représentants de McCain n'ont pas pu être contactés pour commenter la décision dans les délais impartis.

L'établissement en question avait des antécédents d'infractions en matière de sécurité des aliments.

Que peut-on en conclure à votre avis …. que McCain ne peut pas ou ne veut pas dire que c'est Listeria en particulier qui a fait fermer l'usine devenue à la longue très difficile à nettoyer ...

Comment nettoyer la brosse des toilettes, il y a bien une idée, mais cela ne va pas vous plaire ...


« C'est dégoûtant ». La curieuse idée d’une maman pour nettoyer la brosse des toilettes a divisé Internet », source DougPowell du barfblog.


Cependant, une mère - qui en a marre d’acheter de nouvelles brosses de toilette tous les deux ou trois mois - a eu une idée controversée afin de garder sa brosse des toilettes propre - et cela divise certainement certains cercles sur Internet.

S'adressant au site britannique Mumsnet, la femme demande: « Serait-ce absolument dégoûtant de… mettre la brosse des toilettes au lave-vaisselle , qui permet le laver à chaud, suivi ensuite d'un lavage chaud du lave-vaisselle vide ?? !!! »

Euh… oui, oui, ce serait absolument dégoûtant. Mais peut-être que c'est juste nous parce que la révélation la plus hallucinante de cette histoire est que cette femme n'est pas la seule à faire cela.

« Bien sûr que ça marche ! La température des lave-vaisselle est réglée pour tuer tous les microbes. Je ne voudrais surtout pas faire un lavage après », a répondu quelqu'un.

« Je mets mes quatre brosses des toilettes, les supports dans lesquelles elles reposent (c’est tout une histoire) tous les mois dans le lave-vaisselle. C’est un chargement complet, mais je ne mets rien d’autre avec », a ajouté un autre.

Le volet dégoûtant étant impliqué, alors j’ai contacté mes amis microbiologistes qui ont accepté, c’est assez répugnant, mais c’est une bonne procédure.

Le risque le plus important peut être le goutte-à-goutte en portant la brosse au lave-vaisselle. Portez-le donc dans son support et placez-le également au lave-vaisselle.

D'autres idées sont proposées dans l'article précité, de quoi entretenir le buzz ...