jeudi 25 juillet 2019

Steaks hachés frauduleux: Bonjour les dégâts!


Le blog vous en avait déjà parlé ici et ici

Cela étant, vous ne trouverez pas l'information développée ci-après sur le site du ministère de l'agriculture qui nous a narré le 23 juillet 2019 du rôle des « missions de la Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP) », un vrai téléscopage d'informations:
La Brigade nationale d’enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP) est l'unité d'investigation de la Direction générale de l'alimentation (DGAL). Elle intervient sur l'ensemble du territoire pour lutter contre la délinquance organisée, notamment les trafics de sécurité sanitaire des aliments, d'identification des animaux domestiques, de santé des animaux et des végétaux vivants, de médicaments vétérinaires et de produits phytopharmaceutiques interdits ou falsifiés.
Qu’a-t-elle fait dans l’histoire des steaks hachés frauduleux dont on nous dit, voir plus loin, que la situation est encore pire que ce que nous savions déjà !

Ou bien on lira aussi du même ministère, Sécurité sanitaire des aliments : comprendre le dispositif de contrôle et de veille, oh oui, on aimerait bien comprendre, surtout quand il ne fonctionne pas!

La France Agricole rapporte que dans l'affaire des steaks hachés frauduleux, la défaillance de l’Etat épinglée.
Origine de la viande impossible à déterminer, contrôles insuffisants, État « défaillant » : la commission des Affaires économiques du Sénat a livré mercredi un rapport accablant dans l’affaire des steaks hachés frauduleux fournis à des associations caritatives. 
« Personne ne peut aujourd’hui déterminer l’origine de la viande contenue dans les steaks hachés distribués dans le cadre du marché public incriminé », indique ce rapport.

Le communiqué du Sénat sur un rapport* concernant ces steaks hachés frauduleux est sans appel, « Affaire des « faux » steaks hachés distribués aux plus démunis - La réaction de l’État n’était pas à la hauteur pour la commission des affaires économiques du Sénat ».
Comment en est-on arrivé là ? Comment en est-on arrivé à distribuer aux associations caritatives des steaks hachés contenant des estomacs, des amygdales, du cartilage et des cœurs de bœuf, du soja, de l’amidon, ainsi que des morceaux de viandes déjà transformées réutilisés pour l’occasion, notamment du poulet ?

Sans préjuger le fond de l’affaire, à savoir une éventuelle qualification de tromperie, le rapport, adopté le mercredi 24 juillet 2019 par la commission des affaires économiques, constate que les administrations compétentes avaient les moyens de limiter les effets de la crise, voire de l’éviter. 
Pour Fabien Gay, rapporteur, « malgré les réactions remarquables des associations caritatives qui ont permis d’arrêter rapidement la distribution de ces produits, l’affaire était inévitable tant les défaillances des procédures de gestion du fonds européen d’aide aux plus démunis étaient nombreuses ».  
Les dysfonctionnements ont porté à la fois sur les appels d’offres initiaux, qui n’assurent pas la traçabilité des matières premières, et sur les contrôles effectués par les services de l’État. 
Malgré des alertes à répétition portant sur l’industriel polonais produisant les steaks hachés depuis des années, notamment en 2015 au sujet de la présence de salmonelles, le dernier contrôle sur place par l’administration date par exemple de 2013 alors que les services sont censés contrôler chaque industriel au moins une année sur deux. 
De même, les autorités pilotant le FEAD (Fonds européen d’aide aux plus démunis) ont seulement commandé fin mai des analyses sur les steaks hachés incriminés, alors que les associations et la DGCCRF avaient déjà les résultats de leurs propres laboratoires et que les premières alertes ont été émises début février.  
En outre, les associations se sont senties bien « seules » dans la gestion de la crise, les services de l’État estimant qu’une fois les denrées livrées, elles étaient responsables des conséquences de leur distribution. 
 Pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise, la commission des affaires économiques propose 18 recommandations opérationnelles suivant quatre axes prioritaires :
  • renforcer les appels d’offres afin qu’ils ne favorisent plus une course au moins disant tarifaire au détriment de la qualité des denrées, en exigeant davantage de critères pour les attributaires et en favorisant un approvisionnement plus local ;
  • limiter le carcan administratif pesant sur les associations pour recentrer les moyens de contrôles vers les analyses sur les produits ;
  • mettre en place une procédure d’alerte pilotée par l’administration en cas de crise, seule à même d’interrompre rapidement la distribution des produits sur l’ensemble du territoire ;
  • octroyer des aides en urgence aux associations qui, pour lutter contre les effets de cette affaire dont elles sont pourtant les principales victimes, supportent un coût potentiel d’un million d’euros.
La commission des affaires économiques est présidée par Mme Sophie Primas (Les Républicains – Yvelines). Le rapporteur est M. Fabien Gay (groupe CRCE - Seine-Saint-Denis).

Faux steaks : le sénateur Fabien Gay pointe « une triple défaillance de l’État »
Un rapport sénatorial d’information, auquel nous avons eu accès, vient éclairer notre enquête sur les faux steaks livrés à des associations par FranceAgriMer… et ses conclusions indiquent que la situation est encore pire que ce que nous savions déjà ! 
En réalité, le rapport conclut : « Le plan de contrôle actuel est incontestablement défaillant ». Et pour cause, outre les trois emplois à temps plein consacrés aux vérifications, surtout administratives, FAM ne dépense que 300.000 euros par an pour contrôler 85 millions d’euros d’achats alimentaires, soit 0,3% du budget. 
Au travers l'Etat qui est épinglé, bien entendu, les regards devraient sans tarder se tourner vers le ministre de l'agriculture et ses absences de contrôles ....

Alors quelle suite sera donnée à ce rapport, on me dit qu'un ministre démissionne pour moins que ça, ce serait à mon sens une bonne chose, car, à quoi bon être responsable d'un ministère qui a failli et ne pas prendre ensuite ses responsabilités ...


*Le rapport sur la qualité des steaks hachés distribués dans le cadre du Fonds européen d'aide aux plus démunis (FEAD). Rapport d'information No 695 de M. Fabien GAY, fait au nom de la commission des affaires économiques (Ce document n'est pas disponible au format électronique).

Salmonella continue de tenir INFOSAN occupé


« Salmonella continue de tenir INFOSAN occupé », source article Joe Whitworth paru le 25 juillet 2019 dans Food Safety News.

Salmonella a été encore une fois le principal danger traité par un réseau international de sécurité des aliments d’avril à juin de cette année.

Au cours du deuxième trimestre de 2019, le réseau international des autorités de sécurité des aliments (INFOSAN) a participé à sept événements relatifs à la sécurité des aliments impliquant Salmonella dans 29 sur 66 pays.

L’un d’entre eux était une épidémie à Salmonella Enteritidis au Canada liée à la consommation de profiteroles et d’éclairs importés de Thaïlande. Une salmonellose a été diagnostiquée chez 85 personnes. Trois d'entre elles sont décédées.

Par l'intermédiaire du point de contact d'urgence INFOSAN en Thaïlande, il a été découvert que les profiteroles et les éclairs congelés en cause étaient également distribués en Australie; le point de contact d'urgence en Australie a été informée et un rappel effectué.

Les collègues d’INFOSAN en Australie, au Canada et en Thaïlande s’intéressent encore aux détails de la distribution et au séquençage complet du génome pour identifier toute autre cas de maladie lié aux produits en cause.

Le réseau a participé à 21 événements survenus entre janvier et mars de cette année et cinq étaient dus à Salmonella.

Résumé des incidents
Les sept incidents liés à Salmonella d’avril à juin faisaient partie des 18 incidents comportant un risque microbiologique. Quatre autres étaient dues à Listeria monocytogenes, deux à E. coli et un à Bacillus cereus, au virus de l'hépatite A, à norovirus, à Vibrio parahaemolyticus et à Vibrio vulnificus.

INFOSAN a été impliqué à cinq reprises en raison d'un danger physique tel que du métal, plastique et verre et à quatre reprises pour des allergènes non déclarés, amande, œuf et lait, gluten et pistache.

Un incident était dû à une contamination chimique non spécifiée et un autre était lié à un mauvais nettoyage-désinfection et à un manque de certification au cours du processus de fabrication.

Le réseau est géré par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les groupes d'aliments les plus mentionnés sont le lait et les produits laitiers, les herbes, les épices et les condiments, la viande et les produits à base de viande, les snacks, les desserts et d'autres aliments, le poisson et d'autres produits de la mer, les fruits et les produits de fruits, les produits à usage nutritionnel spécial, les céréales et les produits à base de céréales, des aliments composites, fruits à coque et oléagineux, légumes et produits à base de légumes.

La plupart des événements concernaient l’Europe, avec plus du double du nombre de pays situés en deuxième position, la Méditerranée orientale, tandis que l’Asie du Sud-Est était la moins concernée.

Dans le même temps, la deuxième réunion mondiale d'INFOSAN, organisée par la FAO et l'OMS, et accueillie par l'Autorité de sécurité sanitaire de l'agriculture et des aliments d'Abou Dhabi, est prévue du 9 au 11 décembre aux Émirats Arabes Unis.

Des membres de plus de 100 pays se réuniront pour donner une vue d’ensemble du réseau et souligner son importance pour renforcer la capacité des pays à faire face aux urgences sanitaires liées aux aliments.

Comme les lecteurs de ce blog le savent, la France est aussi concernée par Salmonella avec ces plusieurs foyers de toxi-infections alimentaires collectives dont un article a dit que cela avait concerné au moins 83 personnes …

mercredi 24 juillet 2019

Quand les néoruraux ne supportent pas les bienfaits de la campagne, est-ce de l'agribashing?


La France Agricole m'a mis sur la voie, en « Dordogne - Ils veulent éliminer les cigales qui font trop de bruit »

Après le chant du coq et le coassement des grenouilles, voici le chant des cigales qui dérange des particuliers installés en Dordogne. Ils ont demandé à éliminer ces insectes.

Pour les cigales, vous lirez cela dans le détail dans un article de France bleu Périgord, c'est édifiant de bêtise !

Mais, il parait qu'il y aurait aussi des mouches et des cloches ainsi que le meuglement des vaches et le bruit des tracteurs, les bouses de vaches, … sans oublier des déjections d'abeilles !

Voir à ce sujet la réaction du maire face à cette demande plus qu'originale sur sa page Facebook

Les néoruraux sont les citadins ayant décidé de partir s'installer en zone rurale, mais qui, dans une petite minorité, ne supporte pas les bienfaits de la campagne …

Pour ma part, je crois que ces demandes inconsidérées sont assez proches de l'agribashing qui fleurit hélas dans notre pays ...


Complément du 25 juillet 2019. On lira avec un grand intérêt l’article de seppi sur « Les paysans, une cible trop facile » dans La Liberté (journal romand).

Complément du 28 août 2019. On savait que passées les bornes, il n'y a plus de limites, on lira cet article de seppi, Agris = nazis... l'agribashing, ça suffit !

L'augmentation des infections à Candida auris pourrait être imputée au réchauffement climatique


« L'augmentation de Candida auris pourrait être imputée au réchauffement climatique », source ASM News.

Selon une nouvelle étude publiée dans mBio, une revue en accès libre de l'American Society for Microbiology, le réchauffement de la planète pourrait avoir joué un rôle déterminant dans l'émergence de Candida auris.

C. auris, qui est souvent multirésistant aux antibiotiques, constitue une menace sérieuse pour la santé publique, et est peut être le premier exemple d'une nouvelle maladie fongique résultant du changement climatique.

« L’argument que nous avançons sur la base de la comparaison avec d’autres champignons proches est que, lorsque le climat s’est réchauffé, certains de ces micro-organismes, dont Candida auris, se sont adaptés à des températures plus élevées et ont percé les températures protectrices de l’homme. », a déclaré Arturo Casadevall, titulaire de la chaire de microbiologie moléculaire et immunologie à l'École de santé publique Bloomberg de Johns Hopkins, Baltimore, Maryland. « Le réchauffement climatique pourrait entraîner de nouvelles maladies fongiques dont nous n’avons même pas connaissance à ce jour. »

C. auris est apparu indépendamment sur trois continents simultanément, chaque clade étant génétiquement distinct. « Ce qui est inhabituel chez Candida auris, c'est qu'il est apparu sur trois continents différents en même temps, et que les isolats provenant d'Inde, d'Afrique du Sud et d'Amérique du Sud ne sont pas liés. Quelque chose s'est passé pour permettre à ce micro- organisme de bouillonner et de provoquer des maladies. Nous avons commencé à envisager la possibilité d'un changement climatique », a dit le Dr Casadevall.

« Si les infections fongiques sont rares chez l'homme, c'est que dans la plupart des champignons dans l'environnement ne peuvent pas proliférer aux températures, ni dans notre corps. »
La résistance des mammifères aux maladies fongiques invasives résulte de la combinaison de températures de base élevées qui créent une zone de restriction thermique et des mécanismes de défense avancés de l'hôte sous forme d'immunité innée et adaptative.

Dans la nouvelle étude, les chercheurs ont comparé la susceptibilité thermique de C. auris à certains de ses proches parents phylogénétiques.

Les chercheurs ont découvert que C. auris est capable de croître à des températures plus élevées que la plupart des espèces étroitement apparentées, et que la plupart des espèces apparentées ne toléraient pas les températures chez les mammifères. Selon les chercheurs, l’adaptation à des températures plus élevées est l’une des causes de l’émergence de C. auris.

« Ce que suggère cette étude est le début de l’adaptation des champignons aux températures plus élevées, et nous aurons de plus en plus de problèmes au cours du siècle », a dit le Dr Casadevall.

« Le réchauffement climatique conduira à la sélection de lignées de champignons qui sont plus tolérantes thermiquement, de sorte qu'elles puissent franchir la zone de restriction thermique des mammifères. »

Le Dr. Casadevall a dit que si de meilleurs systèmes de surveillance avaient été mis en place, la présence de C. auris aurait déjà été détectée.

« Nous devons investir dans une meilleure surveillance des maladies fongiques. Nous sommes assez doués pour surveiller la grippe et les maladies qui causent la diarrhée ou qui sont contagieuses, mais les maladies fongiques ne le sont généralement pas et personne ne s'est vraiment soucié de les documenter », a dit le Dr Casadevall.

« Si plus de champignons devaient traverser cette zone de restriction thermique, vous ne le sauriez vraiment pas avant que quelqu'un ne commence à le rapporter dans la littérature. »