jeudi 4 juillet 2019

Les « faux » steaks hachés devant le Sénat pour tenter de comprendre qui est responsable


La com du ministère de l’agriculture nous informe ainsi sur la « Sécurité sanitaire des aliments : des contrôles assurés à tous les niveaux par l’État ».

Le ministère de l’agriculture « a pour mission de vérifier la qualité et la sécurité des aliments à tous les maillons de la chaîne alimentaire. »

Il va être question au Sénat du « Scandale des faux steaks hachés », et on lira sur ce sujet une question d’actualité au gouvernement du 12 juin 2019. De même, on lira les articles que le blog avaient diffusé, « Fraude à 780 tonnes de faux steaks hachés. FranceAgriMer serait présumé innocent » et « Enquête sur la viande de cheval en Irlande et fraude aux steaks hachés en France ».

Précisément, « Mercredi 3 juillet 2019, la commission des affaires économiques a organisé deux tables rondes sur le thème de la qualité frauduleuse des steaks hachés fournis aux associations caritatives»

Comment expliquer le décalage entre, d’une part, le très lourd degré de contrôles administratifs pesant sur les associations dans le cadre de l’utilisation des fonds européens et, d’autre part, le manque de contrôle sanitaire ou de contrôle de composition des produits réalisés avant les livraisons aux associations, notamment sur les produits sensibles comme la viande !
Pour le rapporteur Fabien Gay (Groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Écologiste – Seine-Saint-Denis), « les administrations compétentes font comme si tout avait bien fonctionné. Mais si c’était le cas, il n’y aurait pas eu ce scandale ! Il y a des dysfonctionnements dans les procédures d’appels d’offres et de contrôles et il convient d’agir au plus vite pour éviter qu’une telle affaire ne se reproduise. »
Les administrations qui n’ont pas l’habitude de se voir reprocher quoi que ce soit ne tiennent pas, me semble-il, le même discours que les associations caritatives …
À l’image de Jean-Philippe Vinquant, directeur général de la cohésion sociale (DGCS), qui « ne peut pas imaginer un système où celui qui reçoit des produits qui sont livrés n’a pas une responsabilité pour s’assurer ». « Il n’y a pas un gestionnaire de cantine ou un responsable d’hypermarché qui ne contrôle pas ce qui lui est livré. Le contrôle doit reposer à un moment sur une alerte de celui qui reçoit les produits ».
Des propos qui ont scandalisé Fabien Gay, rapporteur général de ces auditions. « Votre réponse est hallucinante. Vous comparez les associations avec les collectivités territoriales et les commerçants. Mais l’association ne passe pas un marché public, c’est vous qui le faites. C’est vous qui commandez. Donc qu’elles aient un regard visuel, très bien. Mais à aucun moment vous ne parlez de la responsabilité qui vous incombe », s’indigne le sénateur communiste.
Plus tôt dans les débats, Jacques Bailet, président des banques alimentaires, a dénoncé le flou de l’administration dans l’affaire des faux steaks hachés. « Il eut été normal qu’elle donne une directive claire aux quatre têtes de réseau et ne nous laisse pas chacun adopter notre propre politique. Dans le débat avec le fournisseur, là aussi, on est livrés à nous-même ». Une position approuvée par les autres associations.
Dans les débats, les différents intervenants ont été amenés à rappeler le déroulé chronologique de cette affaire. Jacques Bailet, Président du réseau des Banques alimentaires, a expliqué que tout avait commencé le 21 février, lorsque, prévenue par les bénéficiaires, la banque alimentaire de Lannion a lancé l’alerte. Des analyses sont commandées et sont transmises le 25 mars à la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS). Le 5 avril, cette direction, qui agit sous l’autorité de plusieurs ministères, ne donne aucune réelle consigne au réseau des banques alimentaires, selon Jacques Bailet. « On a pris sur nous la décision d’interrompre la diffusion, de la bloquer », explique-t-il.
Une chronologie plus que particulière
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) est prévenue le 28 mars par la DGCS selon Virginie Beaumeunier, la directrice. Une enquête est lancée, avec deux objectifs : confirmer une éventuelle tromperie sur la qualité des produits et identifier ensemble des acteurs concernés.
E11 et 20 avril, une trentaine de prélèvements de produits ont été réalisés dans les locaux de banques alimentaires partout en France. Des prélèvements qui ont été envoyés dans un laboratoire de Montpellier, pour une analyse de composition. « Le 13 mai, nous avons les premiers résultats, qui mettent en évidence une non-conformité majeure par rapport à la réglementation et au cahier des charges de France AgriMer sur la totalité des échantillons analysés », explique Virginie Beaumeunier 

Toute présence fortuite est exclue par le laboratoire, les manquements étant trop fréquents. Le 16 mai, la DGCCRF procède à de nouveaux prélèvements dans les autres associations (Les Restos du cœur, le Secours populaire, La Croix-Rouge), afin de confirmer si les manquements sont généralisés. Au total, 42 prélèvements sont faits, tous sont jugés non conformes. 


Quant à France AgriMer, l’organisme chargé d’élaborer le cahier des charges de l’appel d’offres et qui a choisi Voldis comme l’un des distributeurs, les résultats de leurs analyses ne sont tombés que lundi 1er juillet. Néanmoins, la directrice Christine Avelin rappelle que les contrôles sanitaires transmis en amont par la société mise en cause ne présentaient aucune anomalie. 


 « Le contrôle n’entre pas dans notre champ de compétences, donc on préfère laisser ça en amont aux structures de l’État, que ce soit France AgriMer ou une autre, sachant que le FEAD (Fonds européen d’aide aux plus démunis) est quelque chose qui est très lourd administrativement », expliquait Olivier Grinon, membre du Bureau national du Secours populaire français. 

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