mardi 14 janvier 2020

Coquillages et norovirus en France, une dimension internationale


Selon un article de Joe Whitworth paru le 14 janvier 2020 dans Food Safety News, « Plus de 1000 personnes malades en France en relation avec des coquillages crus contaminés ».

Voici une adaptation de cet article ci-après ...

Ce n’est pas un scoop car Santé publique de France avait publié un bilan au 8 janvier 2020 avec 1 033 personnes malades versus 668 personnes au 2 janvier 2020.

Cela étant, ces foyers de cas de toxi-infections alimentaires collectives ont déclenché des rappels internationaux, mais aussi 15 notifications au RASFF de l’UE en 2020, une notification chacun pour le Luxembourg, l'Espagne, le Danemark et la Suisse, deux pour  l'Italie, quatre pour les Pays-Bas, trois pour la France et deux pour la Suède ... (mis à jour au 16 janvier 2020).

La Suède, l'Italie et les Pays-Bas ont également signalé des foyers liés à des huîtres vivantes de France. Des produits ont été rappelés en raison d'un risque de contamination par norovirus au Luxembourg, Suisse, Hong Kong et Singapour.

Mats Lindblad, coordinateur des maladies transmissibles à Livsmedelsverket (Agence nationale de l'alimentation de Suède), a déclaré que 31 personnes étaient malades dans le pays.

« Le lien a été établi par des entretiens avec des patients. Les symptômes et le temps d'incubation indiquent norovirus. Livsmedelsverket n'a émis aucun avis contre la consommation d'huîtres. Nous informerons cependant les consommateurs du nombre inhabituellement élevé d'intoxications alimentaires liées aux huîtres en Suède et dans d'autres pays cet hiver », a-t-il déclaré à Food Safety News.

L'épidémie semble limitée aux Pays-Bas à la région d'Amsterdam.

Plus personnes malades que les années passées
Depuis début décembre 2019, Santé publique France a reçu 179 déclarations de foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liées à la consommation de coquillages crus mais principalement des huîtres.(...)

Le nombre de notifications liées à la consommation de coquillages crus en 2019 est supérieur à celui des années précédentes. Chaque année, entre 25 et 120 alertes liées à la consommation de coquillages sont signalées à Santé publique France, dont entre quatre et 30 se produisent entre décembre et janvier.

Les autorités françaises tracent les produits contaminés jusqu'aux zones de production et analysent les sites concernés. À ce jour, plusieurs zones ont été fermées en raison d'une contamination par norovirus.

Les autorités d'Ille-et-Vilaine en France ont arrêté la pêche, la collecte, l'expédition et la commercialisation des crustacés de deux zones de production. Il s’agit de «Baie du Mont Saint-Michel rivage» et de «Zone conchylicole d’Hirel mais cette dernière a été levée.

Un certain nombre de chaînes de supermarchés en France ont informé les consommateurs des rappels en raison d'un éventuel norovirus dans les produits. Il y a eu, à ma connaissance 32 rappels, voir le site Oulah!

Notons que des distributeurs n’ont pas signalé de rappels de coquillages, étonnant, non ?

Rappels dans l'UE et en Asie
En Belgique, Match et Cora ont rappelé des moules de marque « Moules de Bouchot de la Baie du Mont Saint Michel » dans certains magasins.

Au Luxembourg, Auchan a vendu des huîtres et des moules des sociétés rappelées Mytilimer, SAS Kermaree et Cultimer. Cora a également rappelé les deux produits pour la même raison.

Des supermachés, Aligro (dans différentes villes), Coop, Manor Supermarché Lausanne et Migros Genève, ont émis des rappels de moules, coques et huîtres en Suisse.

Le Center for Food Safety de Hong Kong a découvert qu'une entreprise locale avait importé des moules non prêtes à consommer affectées qui étaient en vente dans ses supermarchés. L'agence a suspendu l'importation et la vente à Hong Kong de tous les coquillages récoltés dans les deux zones françaises concernées.

À Singapour, des « Moules vivantes de Bouchot » de France (Baie Du Mont-Saint-Michel) ont été rappelées en raison de norovirus. L'Agence alimentaire de Singapour a demandé à l'importateur, Classic Fine Food(s) Pte Ltd, de rappeler les produits qui ne sont plus disponibles sur le marché.

Des produits potentiellement contaminés ont également été distribués en Autriche, Danemark, Chine, République Tchèque, Finlande, Allemagne, Lettonie, Lituanie, Japon, Malte, Pologne, Espagne et Ukraine, selon des alertes sur le portail du RASFF de l’UE.

lundi 13 janvier 2020

Bilan des rappels de 2019, heureusement qu'Oulah! est là !


Oulah!, la désormais célèbre plateforme de rappel des produits, vous propose un article sur « Les rappels de produits en 2019 »
La revue PROCESS Alimentaire avait rapporté que, l’Ania (Association Nationale des Industries Alimentaires), la FCD (Fédération du Commerce et de la Distribution), GS1 France et une quarantaine d’acteurs à se réunir dans un groupe de travail pour proposer de nouveaux outils digitaux. Une étude d’ampleur va être menée et les résultats seront dévoilés en juin prochain.

Il paraît que c’est un vaste chantier que « la création d’un site unique recensant les rappels par les autorités ». On va certainement nous ressortir le minitel ...

Le directeur d’Oulah!, Franck Valayer, rapporte :
Certes, vouloir informer les consommateurs est louable mais n’est-ce pas le travail des services d’Etat en priorité ?
Sans aucune paranoïa qui soit, ne faut-il pas se poser la question du bien fondé d’un telle démarche de la part des professionnels de l’alimentaire. Qui peut assurer aux consommateurs que tous les rappels de produits en France seront bien listés sur une plateforme gérée ceux-là mêmes qui fabriquent, vendent et distribuent les produits rappelés en sachant qu’un rappel peut engendrer une perte financière considérable ?
En attendant, sans faire appel à l'intelligence artificielle, « les consommateurs devront se contenter de ce qui existe dont notamment Oulah!, qui rappelons-le, n’est le travail que d’une seule personne qui, en tant que citoyen engagé, assure bénévolement un rôle d’informateur en rapportant sur son site l’ensemble des rappels de produits qu’il peut « dénicher » en pratiquant un travail de veille quotidien sur de nombreux sites de fabricants, revendeurs ou sites de consommateurs. »

Rappelez-vous aussi cher lecteur que les associations de consommateurs ne font pas le job en matière de rappels, car comme elles le disent, rien ne vaut un essai comparatif entre Oulah! et les sites de 60millions-mag.com, site du magazine 60 Millions de consommateurs, édité par l’Institut national de la consommation (INCl) et l’UFC-Que Choisir.

Les résultats publiés par Oulah! sont accablants … pour ceux sensés informer le consommateur ... sur les 1 000 rappels tous produits confondus en 2019 pour Oulah!, 574 rappels de produits pour 60 Millions de consommateurs et 488 pour l’UFC-Que Choisir ...

Revenons aux produits alimentaires, le chiffre du jour fourni par Oulah! est 367 avis de rappels en 2019 vers 332 en 2018. 

Que faut-il souhaiter pour 2020 qui commence très fort ... avec déjà 40 avis de rappels chez Oulah!

Mes estimations personnelles étaient de 354 pour les produits alimentaires, mais je l’ai indiqué dans l’article sur ce nouveau record de rappels, ce ne sont que des estimations ..., comme comme l’admet Franck Valayer, le fondateur du site, la liste de rappels est non exhaustive,  il n’empêche que c’est le seul endroit, actuellement, où le consommateur peut trouver une information sur les rappels de produits, la plus proche de la réalité contrairement à d’autres sites.

Comme pour les associations de consommateurs, les chiffres publiés par nos autorités sanitaires sont très très loin du compte ...

S'agissant des produits alimentaires, en 2019, les pathogènes alimentaires ont représenté près 67,3 % des causes de rappels. En 2018, l’ensemble des micro-organismes pathogènes ou dangereux représentaient plus de 51%, soit plus d’un rappel sur deux en France en 2018 ! On progresse donc en 2019 !

Listeria monocytogenes reste en 2019 la principale cause des rappels de produits alimentaires en France avec 26,43 % des produits rappelés, soit 97 sur 367 rappels de produits alimentaires, c’est un très léger mieux. En effet, en 2018Listeria arrivait toujours largement en tête (105 rappels sur 332), ce qui représente près de 31,6% des avis de rappels.
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Escherichia coli producteurs de shigatoxines (STEC) est en deuxième position des pathogène alimentaires en 2019 … avec 9 % des produits alimentaires et Salmonella avec 7,62 %

A noter que norovirus est quasiment absent des causes de rappels en 2018, mais le barrage s’est rompu à partir de mi décembre 2019 à janvier 2020 sous une pression conjuguée de différents éléments, voir ici et ici.

Enfin, la présence d’allergènes dans les produits alimentaires, non mentionnés sur l’étiquetage des produits, continue son score élevé en France avec 18,8 % des produits rappelés versus 6,6 % en 2018, sans que l’on puisse voir une amélioration … cela semble une spécialité bien française ...

Le tableau de maladie de la sécurité des aliments repose toujours sur le même constat, des contrôles et des inspections insuffisants, des gadgets mis en place comme signal conso, ou encore tout récemment, l’intelligence artificielle au service des inspections, c’est digne de l’inspecteur Clouseau, alias la panthère rose, mais comme chaque fois, on ne change pas une équipe qui va dans le mur, qui communique mal et de façon non transparente, et laisse le plus souvent seul le consommateur … tout en voulant assurer sa sécurité sanitaire, impossible équation et ça se dégrade d’année en année …

Merci à Oulah! d’avoir collecté ces rappels,

Merci Franck

Coquillages et norovirus inside !


Selon cet article paru en janvier 2018 dans le BEH, « Pour les norovirus, une transmission alimentaire est possible, notamment via les aliments qui peuvent être contaminés soit directement (coquillages), soit lors de leur manipulation sans précautions d’hygiène par une personne infectée. »

Chaque hiver, les gastro-entérites aiguës virales sont à l’origine de 1,4 à 4,0 millions de consultations en médecine générale. Les deux premières semaines de janvier, l’incidence de consultations pour ce motif est estimée entre 200 et 600 consultations pour 100 000 personnes par semaine. Santé publique France surveille, grâce à un dispositif qui comprend plusieurs sources de données, l’évolution épidémiologique des GEA virales hivernales et des GEA dans le cadre de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) en France. Santé publique France communique sur les mesures de prévention afin de réduire le risque de contamination.

Dans le contexte actuel des toxi-infections alimentaires collectives suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus en France, voici un article (Bull. Acad. Vét. France – 2019) proposé par Soizick F. Le Guyader, Pascal Garry, Joanna Ollivier & Jean-Côme Piquet qui a pour titre, « Microbiologie et coquillages : des enjeux et des développements futurs »

Résumé
La salubrité des coquillages est considérée depuis fort longtemps comme un problème de santé publique. La mise en place d’une réglementation basée sur un indicateur bactérien de contamination d’origine fécale a permis de diminuer significativement les épidémies d’origine bactérienne. Cependant, les épidémies de gastroentérites virale dues à la présence de norovirus issus de rejet humains persistent. Des travaux de recherche nous ont permis de mettre en évidence que l’huître n’est pas simplement un filtre passif mais est capable de sélectionner certaines souches virales, via la présence de ligands spécifiques, très proches des ligands observés chez l’homme pour ces mêmes virus. Les développements en cours en lien avec l’utilisation des outils de metagénomique, vont nous permettre de mieux appréhender le devenir de certains micro-organismes pathogènes humains après leurs rejets dans l’environnement côtier.
Mots-clés : coquillages, microbiologie sanitaire, huîtres, norovirus.

Des extraits de l’article vous sont sont proposés ci-après :
La mise en place et le respect de ces critères microbiologiques ont permis de diminuer de façon significative la mise sur le marché de coquillages contaminés par des bactéries.
Suite à la publication d’une méthode pour la détection des norovirus et virus de l’hépatite A (ISO 15216-1 2017), des mesures de gestion sont appliquées depuis quelques années sur le territoire pour limiter le risque de contamination virale. Ainsi, lors de cas avérés dans la population suite à la consommation de coquillage, ou d’évènements exceptionnels (climatiques, rejet accidentel d’eaux usées...), des zones de production peuvent être fermées et les lots de coquillages retirés du marché. Cependant, aucune mesure préventive n’existe et des épidémies persistent. . Les signes observés sont ceux d’une gastro-entérite aigüe et sont liés à la présence de norovirus dans les huîtres consommées, conséquence d’une contamination des eaux côtières par des rejets humains.
L’épidémiologie montre un caractère saisonnier marqué avec un pic hivernal. Si les signes cliniques disparaissent assez rapidement, l’excrétion virale dans les selles peut persister pendant deux à trois semaines, à des concentrations allant de 108 à 1010 particules/ g de selle. Cette longue excrétion virale peut expliquer la transmission élevée de personne à personne et dans le secteur agro-alimentaire, la contamination possible des aliments lors de leur manipulation. Les quantités importantes de virus excrétés vont aussi se retrouver dans les eaux usées et ainsi contaminer l’environnement. En effet, si certains traitements appliqués dans les stations d’épuration tels que l’ultrafiltration permettent d’éliminer un grand nombre de particules, d’autres procédés plus anciens ne sont pas aussi efficaces et entrainent le rejet de particules dans l’environnement. Par ailleurs des rejets directs, des assainissements individuels déficients, ou des accidents sur le réseau de canalisation d’eaux usées contribuent à l’apport de virus dans les eaux de surface ou en zone côtière.

C’est dans ce contexte que j’apprends les rappels suivants : 
  • 11 janvier 2020 : La Société Distrimers procède au rappel d'huitres de Bouzigues suite à Arrêté préfectoral de fermeture de la zone de production conchylicole de l’étang de Thau en raison de présence de norovirus. Source Auchan.
  • 13 janvier 2020 : La Société Cultimer France procède aujourd'hui au retrait de la vente et au rappel des huitres d’Isigny, Huitres spéciales Normandie N°2 Filère responsable 1,20kg, suite à la mise en évidence de la présence de norovirus et à l'arrêté de la préfecture du Calvados du 10/01/2020. source Auchan.
Il s’agit des 29e et 30e rappel fait par des distributeurs en France ...

samedi 11 janvier 2020

Choses lues sur la contamination de coquillages par norovirus


Enfin serait-on tenté de dire, le ministère de l’agriculture, mais y a-t-il encore un ministre de l’agriculture ?, communique le 10 janvier 2020 sur la « Contamination des coquillages par les norovirus : le ministère a rencontré les représentants de la conchyliculture ».
Des huîtres manchoises touchées par le norovirus © Radio France - Nathanael Charbonnier.
On aura donc attendu plus d’un mois pour avoir de la part de ce ministère une information, c'est tout simplement insensé !

En l’absence du ministre, « Le cabinet du ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a reçu ce jour le Président du Comité national de la conchyliculture et Président du Comité régional de la Conchyliculture Bretagne Sud Philippe Le Gal, les présidents des Comités régionaux de la conchyliculture Goulven Brest (Bretagne Nord), Thierry Hélie (Normandie Manche) pour un point de situation sur les fermetures et réouvertures de certaines zones de production conchylicoles. »

Depuis début décembre 2019, 179 suspicions de TIAC (toxi-infection alimentaire collective) liées à la consommation d'huîtres ont été signalées aux ARS et DDPP de plusieurs régions.

Santé publique de France parle de « 179 déclarations obligatoires (DO) de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus. » C’est une nuance importante …

Accessoirement, au cas où cela intéresserait le ministère de l’agriculture, cela concerne 1033 personnes dont 21 (2 %) ont été hospitalisées ...
Ce sont ainsi 23 zones conchylicoles qui ont été fermées, situées dans 7 départements : la Charente Maritime (2 zones) ; l’Ille et Vilaine (2 zones) ; le Morbihan (8 zones) ; la Manche (2 zones) ; la Loire Atlantique (3 zones) ; l’Hérault (4 zones) et le Calvados (2 zones). Plus de 400 entreprises sont concernées par ces mesures de restrictions.

Il me semble d’après ce site fourni par Santé publique de France, Atlas des zones de production et de reparcage de coquillages10 départements sont concernés …
Les pluies abondantes des dernières semaines associées à l'épidémie hivernale de gastro-entérites à norovirus et à une période de forte consommation d’huîtres ont très probablement contribué à la survenue de TIAC suite à la consommation de coquillages contaminés par des norovirus.

C’est donc la faute à pas de chance, il pleut un peu, beaucoup en hiver et sans doute est-ce encore un effet du dérèglement climatique ?

Les gastro-entérites aiguës hivernales sont souvent virales. Une recrudescence est observée chaque année, en France, comme en Europe, générant une augmentation des consultations médicales pour GEA.

Il pleut en hiver, c'est normal, des épisodes de gastro-entérites aiguës, c'est habituel en saison hivernale, donc la prochaine fois, on ne mangera pas d’huîtres, comme cela on ne sera pas malade, est-ce bien ça la recommandation du ministère de l’agriculture ?
La réunion a été l’occasion de rappeler l’ensemble des mesures prises pour protéger le consommateur. Ainsi, dès la déclaration d’une TIAC, des investigations sont immédiatement engagées pour identifier l’origine de l’infection et fermer les zones contaminées, pendant 28 jours. Le ministère rappelle par ailleurs que la filière fait l’objet d’un encadrement sanitaire officiel, à même de garantir la qualité des productions mises sur le marché.

On n’a pas protégé le consommateur puisque la fermeture des zones est intervenue après coup, ce n’est pas donc une action proactive de nature à protéger les consommateurs qui ont eu le malheur de consommer des huîtres au mois de décembre …

seule la mesure d’interdiction de commercialisation prolongée pendant 1 mois jusqu’à négativation de recherches virales dans les coquillages et la récession de l’épidémie de GEA a permis de prévenir l’apparition de nouvelles Tiac.

Le communiqué du ministère de l'agriculture se poursuit ainsi, 
La situation socio-économique des conchyliculteurs victimes de ces contaminations a été examinée. Le Ministère demande aux Préfets des 6 départements concernés d’identifier au cas par cas les préjudices directs des fermetures de zones pour les entreprises. L’ensemble des dispositifs d’aides aux entreprises en difficulté seront activés, sur la base de ce diagnostic indispensable pour préciser le type d’outils à mobiliser.

Enfin, les perspectives d’évolution à moyen terme ont été dessinées, en matière de possibilité de mise à l’abri des coquillages en période à risque ; d’évolution des dispositifs assurantiels, et de surveillance et de recherche (notamment sur les capacités de détection du virus dans le milieu et les méthodes de purification).
Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation va demander aux Préfets des 5 Régions concernées de procéder à un retour d’expérience, et, sur la base des orientations nationales, de définir un plan d’action local. Une nouvelle réunion se tiendra avec la profession d’ici fin février.
La prévention de ces contaminations en renforçant le suivi de l’assainissement des eaux usées est par ailleurs cruciale ; elle relève en premier lieu des collectivités territoriales.

On n’a aucune idée des avis de rappels de coquillages dans la grande distribution, j’ai comptabilisé 30 avis de rappels et le ministère de l’agriculture ne fournit aucune liste des produits rappelés, c’est un bis repetita des épisodes précédents des crises sanitaires précédentes ...

A noter aussi qu'à Hong Kong, « L’importation et la vente de coquillages récoltés dans les zones de and sale production 35.11 et 35.06 en France sont suspendues ».

Le Centre for Food Safety (CFS) du Food and Environmental Hygiene Department a annoncé le 10 janvier que l’importation et la vente à Hong Kong de coquillages récoltés dans les zones de production 35.11 et 35.06 en France ont été suspendus avec effet immédiat.



Au niveau du RASFF de l’UE, il y a eu au 16 janvier 2020, 15 notifications en 2020, une notification chacun pour le Luxembourg, l'Espagne, le Danemark et la Suisse, deux pour  l'Italie, quatre pour les Pays-Bas, trois pour la France et deux pour la Suède ... (mis à jour au 16 janvier 2020).

vendredi 10 janvier 2020

TIAC liées à la consommation de coquillages, 1033 personnes malades : Norovirus inside !


Après un premier bilan épidémiologique au 2 janvier avec 667 personnes maladesSanté publique de France informe en ce 10 janvier 2019, « Toxi-infections alimentaires collectives suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus, bilan épidémiologique au 8 janvier 2020 ».

Le premier article n'avait fait la Une de Santé publique de France, c'est désormais chose faite avec ce deuxième bilan ...
Des cas de TIAC suspectées d'être liées à la consommation de coquillages crus en France métropolitaine ont été signalés depuis décembre 2019.
Nombre de TIAC suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus, par région de déclaration. France métropolitaine, 1er décembre 2019 - 8 janvier 2020.
Depuis début décembre 2019, 179 déclarations obligatoires (DO) de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus, principalement des huitres, ont été transmises à Santé publique France. Les signalements proviennent de la majorité des régions de la France métropolitaine.
La grande majorité (138/179, 77%) de ces TIAC est survenue à partir du 23 décembre. On observe un pic de malades autour du 25-27 décembre. Les repas incriminés se regroupent autour du 24-25 décembre.
Au total, 1 033 personnes ont été malades dont 21 (2%) ont été hospitalisées. Il s’agit très majoritairement de personnes âgées de plus de 15 ans. Pour les 595 malades avec une information sur l’âge, 19 (3,1%) étaient des enfants de moins de 15 ans. Les symptômes, principalement des diarrhées et des vomissements, ainsi que les durées d’incubation, sont compatibles avec des infections à norovirus ou d’autres virus entériques. Les analyses de selles réalisées à ce jour par le Centre national de référence des virus des gastro-entérites ont confirmé la présence de norovirus et d’autres virus entériques.
Ce nombre de TIAC suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus est nettement plus élevé que les années précédentes. Chaque année entre 25 et 120 TIAC suspectées d’être liées à la consommation de coquillages sont signalés à Santé publique France dont entre 4 et 30 survenues sur les périodes décembre-janvier.
Suite aux signalements de TIAC suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus, la Direction générale de l’alimentation (DGAL) en lien avec les Directions départementales en charge de la protection des populations (DD(CS)PP) réalise une enquête de traçabilité afin de remonter jusqu'à la zone de production des coquillages suspectés et des analyses de confirmation sont effectuées sur les zones concernées. A ce jour, plusieurs zones ont été fermées pour cause de contamination par des norovirus. Les fermetures de zones peuvent être consultées sur ce site : (Rubrique « Statuts »). 

Il y a eu à ce jour 30 rappels de coquillages pour le mois de janvier 2020 dont les derniers datent du 11 janvier 2020 (mise à jour au 13 janvier 2020).

10 départements seraient concernés par ces rappels, mais en raison de l’absence d’un site unique des rappes, il n’est pas facile pour les consommateurs de s’y retrouver, le conseil du jour, allez sur Oulah!, la plateforme de rappels.

Ce n’est pas tout, il y a eu aussi, depuis le 16 janvier 2020, 15 notifications au RASFF de l’UE en 2020, une notification chacun pour le Luxembourg, l'Espagne, le Danemark et la Suisse, deux pour  l'Italie, quatre pour les Pays-Bas, trois pour la France et deux pour la Suède ... (mis à jour au 16 janvier 2020).

Les huîtres « ne sont pas malades », mais porteuses d'un « norovirus » qui « provient de l'homme », explique Renan Henry, l'un des responsables du Comité de survie des ostréiculteurs. Ce norovirus est la cause la plus fréquente de la gastro-entérite. Il s'agit d'une crise passagère, selon le préfet du Morbihan, Patrice Faure, liée à plusieurs facteurs. L'épidémie de gastro-entérite est favorisée par les températures basses et de fortes pluies qui ont duré, « avec des eaux de ruissellement qui ont alimenté les stations d'épuration et les systèmes d'assainissement non-collectifs, occasionnant parfois des débordements dans les rivières ».

jeudi 9 janvier 2020

De la détection de cellules persistantes de Escherichia coli O157:H7 dans des laitues


« Détection de cellules persistantes de Escherichia coli O157:H7 dans des laitues et modèlisation mathématique pour prédire leur présence », source article des éditeurs de la revue Apllied and Environmental Microbiology, une revue de l’American Society for Microbiology.

Le pathogène humain Escherichia coli O157:H7 a provoqué des flambées récurrentes de maladies infectieuses d'origine alimentaire liées à la consommation de laitue malgré une faible prévalence sur les plantes dans les champs. En utilisant de la laitue cultivée en laboratoire, Munther et al. ont démontré la présence d'une sous-population de cellules persistantes de E. coli O157:H7, qui sont des variants phénotypiques qui ont une tolérance accrue aux antibiotiques et à d'autres stress dus à la dormance cellulaire.

Leur modèle mathématique pour décrire les sous-populations de E. coli O157:H7 sur la laitue a été appliqué avec succès aux données de plusieurs essais sur le terrain publiés. L'état persistant de E. coli O157:H7 peut avoir des implications importantes pour sa survie aux nombreux stress rencontrés de la ferme à la table.

Voici le résumé de l’étude qui est paru dans Applied and Environmental Microbiology.

Les infections à Escherichia coli O157:H7 ont été régulièrement associées aux produits. L'état physiologique des cellules de E. coli O157:H7 survivantes aux nombreux stress rencontrés sur les plantes est mal connu. Les populations de E. coli O157:H7 sur les plantes sur le terrain suivent généralement une décomposition biphasique dans laquelle de petites sous-populations survivent sur de plus longues périodes.

Nous avons émis l'hypothèse que ces sous-populations comprennent des cellules persistantes, connues sous le nom de cellules dans un état de dormance transitoire qui surviennent par variation phénotypique dans une population clonale.

En utilisant trois études expérimentale (avec des populations en croissance, en phase stationnaire à la capacité limite et en décomposition), nous avons mesuré les fractions de cellules persistantes dans les populations cultivables de E. coli O157:H7 après l'inoculation sur des plants de laitue en laboratoire.

Les fractions cellulaires persistantes moyennes les plus élevées sur les feuilles de chaque phase étaient respectivement de 0,015, 0,095 et 0,221%.

Le déclin des populations de E. coli O157:H7 sur des plantes incubées dans des conditions sèches a montré la plus forte augmentation de la fraction persistante (46,9 fois). Des modèles d'équations différentielles ont été construits pour décrire la dynamique temporelle moyenne des populations de cellules normales et persistantes de E. coli O157:H7 après inoculation sur des plantes maintenues sous une humidité relative faible, résultant en des taux de changement d'une cellule normale à une cellule persistante de 7,7x10−6 à 2,8x10-5 h-1.

En appliquant nos équations du modèle à la phase de décroissance, nous avons estimé les paramètres du modèle pour quatre essais sur le terrain publiés de la survie de E. coli O157:H7 sur de la laitue et obtenu des taux de chagement similaires à ceux obtenus dans notre étude.

Par conséquent, notre modèle est pertinent pour la survie de ce pathogène humain sur des plants de laitue sur le terrain. Étant donné le faible état métabolique des cellules persistantes, ce qui peut les protéger des traitements de désinfection, ces cellules sont importantes à prendre en compte dans la décontamination microbienne des produits.
Importance
Malgré des éclosions de maladies infectieuses d'origine alimentaire liées à la consommation de laitue, E. coli O157:H7 diminue rapidement lorsqu'il est appliqué sur des plantes dans le champ, et peu de cellules survivent sur des périodes prolongées.

Nous avons émis l'hypothèse que ces cellules sont persistantes, présentes dans un état dormant et ce qui se produit naturellement dans les populations bactériennes.

Lorsque des plants de laitue ont été inoculés avec E. coli O157:H7 en laboratoire, la plus grande fraction persistante de la population a été observée pendant le décroissance de la population sur les surfaces sèches des feuilles. En utilisant la modélisation mathématique, nous avons calculé le taux de changement d'une cellule normale de E. coli O157:H7 à une cellule persistante sur des plants de laitue sèche sur la base de nos données de laboratoire.

Le modèle a été appliqué à des études publiées dans lesquelles la laitue a été inoculée avec E. coli O157:H7 sur le terrain, et des taux de changement similaires à ceux obtenus dans notre étude ont été obtenus.

Nos résultats apportent d'importantes nouvelles connaissances sur la physiologie de ce pathogène virulent sur des plantes à considérer pour améliorer la sécurité des produits.