jeudi 23 avril 2020

Revue des éclosions de cryptosporidiose dues au lait cru


Voici un article qui passe en revue les éclosions de cryptosporidiose dues au lait cru

Contexte
Cette revue a analysé les épidémies de cryptosporidiose humaine dues au lait cru. L'objectif de notre étude était de mettre en évidence et d'identifier les aspects sous-estimés et sous-déclarés de la transmission du parasite ainsi que la valeur ajoutée du génotypage des isolats de Cryptosporidium.

Méthodes
Nous avons effectué une revue de la littérature descriptive en utilisant les archives numériques Pubmed et Embase. Tous les documents originaux et articles de cas faisant référence à des éclosions de Cryptosporidium dues à du lait non pasteurisé ont été examinés. Les références croisées de ces publications ont également été incluses.

Résultats
Des éclosions ont été décrites aux États-Unis, en Australie et au Royaume-Uni. Les preuves de laboratoire de la présence de Cryptosporidium provenant d'échantillons de lait manquaient dans la majorité des investigations. Cependant, dans les articles les plus récents, des tests moléculaires sur des prélèvements de selles ainsi que des données épidémiologiques ont confirmé que l'infection avait été contractée par la consommation de lait non pasteurisé.

Comme la période d'incubation de Cryptosporidium est relativement longue (de plusieurs jours à quelques semaines) par rapport à de nombreux autres agents pathogènes d'origine alimentaire (quelques heures à quelques jours), ces articles manquent souvent de confirmation microbiologique car, au moment où l'épidémie a été identifiée, le lait potentiellement contaminé n'était plus disponible .

Conclusion
La cryptosporidiose est généralement considérée comme une infection intestinale d'origine hydrique, mais plusieurs articles sur la transmission d'origine alimentaire (y compris par le lait cru) ont été rapportés dans la littérature. Les veaux sont fréquemment infectés par Cryptosporidium spp., qui ne se multiplie pas dans le lait.

Cependant, les oocystes de Cryptosporidium peuvent survivre si la pasteurisation échoue. Ainsi, la pasteurisation est essentielle pour inactiver les oocystes. Bien que des cas de cryptosporidiose acquis à partir de lait cru soient rarement signalés, le risque ne doit pas être sous-estimé et Cryptosporidium doit être considéré comme un agent potentiel de contamination. Le génotypage des isolats de Cryptosporidium pourrait être un outil de soutien pour renforcer les preuves épidémiologiques ainsi que pour estimer la charge de la maladie.

Référence
Ursini, T., Moro, L., Requena-Méndez, A. et al. A review of outbreaks of cryptosporidiosis due to unpasteurized milk. Infection (2020). https://doi.org/10.1007/s15010-020-01426-3

COVID-19 le le secteur laitier en France: Simplification de la mise sur le marché de lait cru destiné au consommateur final


« La France autorise des modifications de la réglementation sur le lait cru en raison d'un coronavirus », source article de Joe Whitworth paru le 23 avril 2020 dans Food Safety News et adaptation par mes soins -aa.

Les autorités françaises ont assoupli les règles concernant la vente de lait cru en raison de la pandémie de coronavirus.

Le ministère de l’agriculture a temporairement adopté des mesures facilitant la commercialisation par les producteurs de leur lait cru (non pasteurisé) destiné à la vente directe. Le ministère a également précisé qu'il incombait à l'exploitant d'assurer la sécurité sanitaire de tout produit mis sur le marché.

Il s’agit de la note de service de la DGAL (DGAL/SDSSA/2020-222 du 3 avril 2020) : 
Mesures temporaires favorisant l'adaptation des entreprises du secteur alimentaire mettant sur le marché des denrées animales ou d'origine animale au contexte des restrictions imposées dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19.

La vente de lait cru directement au consommateur peut se faire en remplissant une déclaration en ligne. Normalement, le producteur de lait de vache, de chèvre ou de brebis doit demander l'autorisation des autorités pour pouvoir vendre du lait cru et être ensuite soumis à une inspection. À la fin de la crise des coronavirus, le producteur devra faire une demande s'il souhaite conserver ce statut.

Simplification de la mise sur le marché de lait cru destiné au consommateur final
Pour faciliter la vente au consommateur final de lait qui ne pourrait plus être collecté, l'arrêté du 13 juillet 2012 relatif aux conditions de production et de mise sur le marché de lait cru est modifié pour remplacer temporairement la demande d'autorisation par une simple déclaration.

Cette simplification est rendue possible par la connaissance préalable de l'état sanitaire des troupeaux laitiers. Toutefois, les autres prescriptions techniques de l'arrêté du 13 juillet 2012 ne sont pas modifiées et ce type de mise sur le marché n'est donc pas possible en l'état pour tout producteur de lait. 
Une réponse formelle n'est pas indispensable mais le retour du formulaire de déclaration contre-signé par l'inspecteur permet de clarifier la situation de l'exploitant.

Changement bienvenu
Deux groupes laitiers avaient envoyé une évaluation des difficultés rencontrées par les producteurs au ministère de l'agriculture et demandé des adaptations réglementaires pour faire face à la crise du COVID-19.

La Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL) et La Fédération Nationale des Eleveurs de Chèvres (FNEC) ont salué les nouvelles mesures, qui faciliteront la vente des produits des producteurs laitiers en difficulté en raison de la fermeture de leurs marchés habituels.

Les producteurs doivent garantir un bon état de santé aux animaux impliqués dans la production laitière et qu'ils sont indemnes de brucellose et de tuberculose s'ils souhaitent vendre à la ferme. Ils doivent utiliser de l'eau potable pour nettoyer et désinfecter le matériel en contact avec le lait cru.

Les produits doivent être refroidis après la traite et stockés entre 0°C et 4°C à moins que la vente ne soit effectuée à la ferme dans les deux heures suivant la fin de la traite. Il doit également répondre à tous les critères microbiologiques pour Listeria monocytogenes, Salmonella et E. coli.

Les limites de volume hebdomadaires ont également été suspendues. Les opérateurs doivent tenir un registre des quantités vendues pendant la période d'urgence. Normalement, un producteur a le droit de vendre à un intermédiaire dans un rayon de 80 kilomètres ou 200 kilomètres dans des municipalités éloignées, mais avec des limitations de volume. A la fin de la crise, une demande d'agrément devra être faite si le producteur souhaite conserver des volumes supérieurs à ce que la réglementation autorise en temps normal.

La situation ailleurs en Europe
La Food Standards Agency (FSA) a dit aux producteurs laitiers qui ne sont pas enregistrés comme producteurs de lait cru de ne pas donner ou vendre du lait cru directement de leurs réservoirs.

La recommandation vient du fait que certains agriculteurs peuvent être invités par des amis et des voisins s'ils peuvent acheter du lait dans les réservoirs, certains supermarchés constatant des pénuries de lait dans les rayons, selon la Royal Association of British Dairy Farmers (RABDF).

En Italie, Mara Bizzotto, députée européen, a déclaré que le prix du lait est en forte baisse par rapport aux 42 à 43 cents le litre en janvier, il était de 22 à 28 cents en mars.

« De plus, de nombreux producteurs se plaignent de la non-collecte du lait cru dans les étables, ce qui signifie un gaspillage inacceptable d'un produit frais de qualité et, surtout, une perte de revenus pour les producteurs », a-t-elle déclaré.

Le Copa (agriculteurs européens) et Cogeca (coopératives européennes) avaient précédemment mis en garde contre un ‘sentiment négatif’ sur le marché laitier, qui pèse sur les prix à un moment qui représente la haute saison.

Thierry Roquefeuil, président du groupe de travail Copa et Cogeca sur le lait et les produits laitiers, a déclaré, « Nous ne pouvons accepter que la situation du marché laitier continue à se détériorer. Les producteurs laitiers et leurs coopératives ne peuvent endurer les conséquences d'une nouvelle crise, alors que la crise précédente vient à peine de se terminer. En outre, ils ne peuvent être abandonnés à leur sort. »

« La Commission européenne et les États membres ont le devoir d’agir dès maintenant. Le Copa et la Cogeca demandent d’agir rapidement et de mettre en place les mesures nécessaires ainsi que d’activer le stockage privé pour tous les produits laitiers. Autoriser le stockage privé pour le lait écrémé en poudre, tous les types de fromages, le beurre ainsi que pour l’entreposage en congélateur de lait de bufflonne et/ou de caillé permettrait de garantir la sécurité alimentaire tout au 2 | 4 long de l’année. », a-t-il déclaré.

« Il est également important d’évaluer les effets de la fermeture des écoles sur les livraisons de lait et de produits laitiers aux enfants dans les écoles et d’éviter toute restriction inutile liée au droit de la concurrence durant cette situation de force majeure. »

L'Agence écossaise de protection de l'environnement (SEPA pour Scottish Environment Protection Agency) a aidé à élaborer des orientations sur ce que les producteurs laitiers dont le lait n'est pas collecté pendant la pandémie de COVID-19 devraient faire une élimination par épandage à la ferme où il a été produit est nécessaire.

mercredi 22 avril 2020

Aplatir la courbe ne conduira pas à un tournant du coronavirus, selon une étude


Un article a été publié sur la plateforme de préimpression arXiv.org la semaine dernière, « Cost-effectiveness Analysis of Antiepidemic Policies and Global Situation Assessment of COVID-19 » ou Analyse coût-efficacité des politiques contre l’épidémie et évaluation de la situation mondiale du COVID-19.

Dans le résumé, on peut y lire,
Nous analysons la rentabilité de trois types de mesures contre l’épidémie pour COVID-19: contrôle épidémiologique régulier, contrôle des interactions sociales locales et restriction des déplacements interurbains.
Nous constatons que:
1) la restriction des voyages interurbains a un effet minimal, voire négatif, par rapport aux deux autres au niveau national;
2) le moment de l'atteinte d'un tournant est indépendant du nombre actuel de cas et n'est lié qu'à la rigueur de l'application des mesures de contrôle épidémiologique et de contrôle des interactions sociales;
3) une application rigoureuse au stade précoce est la seule occasion de maximiser à la fois l'efficacité antiépidémique et la rentabilité;
4) la rigueur médiocre des mesures d'interaction sociale est le pire choix.
Par la suite, nous regroupons les pays/régions en quatre groupes en fonction de leurs mesures de contrôle et fournissons une évaluation de la situation et des suggestions de politiques pour chaque groupe.
« Aplatir la courbe ne conduira pas à un tournant du coronavirus, selon une étude », source scmp du 22 avril 2020.

Les projections de l'équipe sino-américaine indiquent que la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande sont parmi les meilleures dans la crise mondiale pour équilibrer économie et lutte contre les maladies.

La Chine a réussi à supprimer rapidement l'épidémie, mais la stratégie a un coût trop élevé, selon les chercheurs

Les tentatives des autorités du monde entier pour «aplatir la courbe» pourraient être la pire façon de lutter contre le coronavirus pandémique, selon de nouvelles projections d'une équipe internationale de chercheurs.

L'approche, qui a été adoptée par de nombreux pays dans l'espoir qu'un temps plus calme et un futur vaccin aidera à freiner le virus, pourrait détruire les économies tout en ayant peu d'effet sur la réduction des infections, ont déclaré des chercheurs dirigés par le professeur Liu Yu de l'Université de Pékin.

« Le tournant ne viendra jamais, la valeur maximale du nombre de cas restera la même que s'il n'y a pas de telles mesures », a déclaré l'équipe, qui comprenait des scientifiques de l'Université de Harvard aux États-Unis, dans un article non évalué par des pairs publié sur la plateforme de préimpression arXiv.org la semaine dernière, « Cost-effectiveness Analysis of Antiepidemic Policies and Global Situation Assessment of COVID-19 ».

« Nous leur suggérons fortement de reconsidérer [l'approche].

« Aplatir la courbe » implique l'utilisation d'une gamme de mesures de riposte à la pandémie, y compris la fermeture de lieux publics, la fermeture d'entreprises non essentielles et l'émission d'ordonnances de séjour à domicile, pour stabiliser le nombre de nouvelles infections et de décès afin que les hôpitaux puissent faire face aux patients. L'idée n'est pas d'éliminer les nouvelles infections mais d'éviter un pic de nouveaux cas afin que le système de santé ne soit pas débordé. Lorsque le nombre de nouveaux cas quotidiens et de plateaux de décès, la courbe se serait aplatie.

Dans leur étude, les chercheurs ont examiné les infections quotidiennes, la propagation géographique des maladies, la production économique et les transports publics pour évaluer l'efficacité de diverses politiques de confinement, en particulier le compromis entre la lutte contre les épidémies et le développement économique.

Selon les chercheurs, seuls quelques pays, dont la Corée du Sud, le Qatar, la Norvège et la Nouvelle-Zélande, ont pu arrêter la propagation du virus en perturbant le moins possible les affaires.

Pendant ce temps, certains des pays les plus développés - comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et l'Espagne - ont subi de gros coups dans leur économie tout en faisant face à la flambée d’infections et des taux de mortalité. Ces économies avancées n'étaient pas mieux à même de contenir la pandémie que les pays en développement tels que l'Iran et le Laos, selon l'étude.

Les chercheurs ont imputé cet échec à l'accent mis sur l'aplatissement de la courbe, qui dépendait fortement de la coopération publique en matière de distanciation sociale.

La politique a entraîné une perturbation majeure de l'activité économique et de la vie sociale, mais n'a pas réussi à isoler les personnes infectées du reste de la population. Dans une certaine mesure, c'était pire que de ne rien faire, ont-ils dit.

« Ce choix entraîne toujours une perte de 20 à 60% de la production économique, mais n'aboutit qu'à une réduction de 30 à 40% du nombre de cas, une mesure insuffisante pour renverser la courbe épidémique », ont déclaré les chercheurs. « Nos résultats montrent qu'il s'agit généralement du pire scénario en termes de rentabilité. »

Certains dirigeants, dont le président américain Donald Trump, ont proposé de lever certaines des restrictions en cas de pandémie, mais l’article a averti que le faire était une manière incorrecte et dangereuse de procéder.

Les chercheurs ont dit que l'assouplissement des mesures de confinement sans augmenter de manière significative la capacité de contrôle des infections telles que les tests pourrait créer une catastrophe humanitaire aux États-Unis similaire à celle vécue par l'Équateur, où des cadavres de victimes de coronavirus étaient enveloppés dans du carton et laissés dans les rues parce que trop de gens étaient décédés.

Cette conclusion est conforme aux prévisions de certains hauts responsables américains de la santé, dont Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses, qui a déclaré qu'une réouverture trop rapide de l'économie aurait un effet inverse.

Une solution, selon l'étude, était de resserrer les mesures de confinement tout en augmentant rapidement les tests et l'isolement des patients. Si chaque patient infectait moins d'une autre personne, la propagation du coronavirus serait finalement maîtrisée.

Cela signifiait une interdiction plus stricte des activités publiques et la construction d'hôpitaux de fortune pour héberger tous les patients afin qu'ils n'infectent pas les autres.

L'étude a également indiqué que les interdictions de voyager avaient un effet limité sur la propagation du virus. Dans une fenêtre d'environ 10 heures avant le confinement de la ville de Wuhan, dans le centre de la Chine, plus de 300 000 personnes s’en sont échappées’ vers d'autres parties du pays, mais elles n'ont pas provoqué une épidémie massive à travers la Chine, selon l’article.

L'interdiction américaine des vols en provenance d'Europe en mars n'a pas été effective car les épidémies avaient déjà commencé dans les villes américaines, selon les chercheurs.

La stratégie chinoise d'« élimination » est le moyen le plus efficace de supprimer rapidement l'épidémie, mais elle n'est pas viable en raison de son coût élevé, avec une perte de production économique de 40 à 90% en un mois, ont-ils déclaré.

Les chercheurs ont suggéré que les autorités considèrent des stratégies moins rigoureuses mais tout aussi efficaces adoptées par la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande, qui ont maintenu moins de 10 cas par jour et n'ont subi que des pertes allant de 0,5 à 4% de leur économie.

Jaymie Meliker, professeur de santé publique à l'Université Stony Brook à New York, a déclaré que le modèle avait ses limites parce que l'équipe de Liu n'avait pas évalué chaque vie perdue lors de la pandémie.

« Je n'ai pas pu trouver combien ils estiment qu'une vie vaut dans leur modèle coût-bénéfice », a déclaré Meliker.

Si les hôpitaux sont débordés et que plus de personnes meurent à cause de cela, alors nous devons quantifier ce coût pour un modèle de rentabilité.
Cela est nécessaire pour que nous puissions évaluer les avantages et les inconvénients des différentes stratégies de confinement.

État des lieux de l'hygiène des français confinés, selon un sondage


Voici ce que nous dit l'Ifop à propos d'un sondage sur l'état des lieux de l'hygiène des français confinés ...
Dans un pays parfois perçu comme surexposé par les habitudes de sa population en matière de salutation (« bises », serrage de main…), d’hygiène corporelle ou d’irrespect des consignes collectives, les messages appelant à l’application des « gestes barrières » et autres règles de distanciation sociale ont été martelé pendant des semaines, amenant à des progrès considérables en matière d’hygiène des mains et de respect des « gestes barrières ». Cependant, l’instauration du confinement ne s’est pas traduite pour autant par une amélioration générale de l’hygiène des Français. Au contraire, une étude de l’Ifop menée pour 24matins révèle que le repli social lié au confinement s’est accompagné chez nombre de Français d’une tendance à la dégradation de l’hygiène corporelle et vestimentaire allant de pair avec une chute notable de leur estime de soi sur le plan physico-esthétique.  
1) Une hygiène corporelle et vestimentaire moins soutenue qu’en temps normal 
La comparaison d’études menées avant (3 février) et après (4 avril) la mise en place du confinement a mis en lumière un net relâchement des Français dans le lavage quotidien de leurs corps et de leur visage : à peine 67% des Français pratiquent quotidiennement une toilette complète en période de confinement, contre 76% avant l’éclatement de la crise. Et c’est dans la gent masculine que cette tendance à la baisse est la plus forte : la proportion d’hommes se lavant tous les jours le corps et le visage ayant chuté de 10 points (61%) par rapport au niveau mesuré début février (71%). 
Une telle évolution est sans doute à lier au fait que le confinement a réduit les interactions sociales et les contacts physiques. En cela, il a desserré la contrainte que le regard des autres fait peser habituellement sur l’image de soi au point d’atténuer la crainte d’être stigmatisé par ses pairs en cas de négligence dans son apparence. D’ailleurs, c’est chez les hommes confinés seuls que la fréquence de lavage quotidienne est la plus faible (49%, contre 70% des hommes vivant à quatre ou plus dans leur foyer), signe que l’hygiène tient beaucoup au degré de sociabilité d’un individu et à sa prise en compte du regard d’autrui dans la gestion de son apparence corporelle. 
Pour le reste, cette absence de toilette quotidienne constitue, comme dans les précédentes enquêtes, un phénomène plutôt masculin, affectant avant tout les seniors dont les pratiques en matière d’hygiène ont été inculquées à une époque où le confort sanitaire de base (ex : eau courante, salle de bain, douche…) n’était pas aussi répandu : moins de la moitié (49%) des hommes de 65 ans et plus se lavant entièrement tous les jours, contre plus des deux tiers des jeunes de moins de 25 ans (67%). 
Jouant aussi un rôle important dans la prévention des infections et le bien-être corporel, l’hygiène vestimentaire enregistre également un certain recul avec le confinement. Par exemple, à peine 68% des hommes confinés déclarent changer quotidiennement de sous-vêtements, contre 73% avant la mise en place du confinement. Là aussi, les « mauvais élèves » sont surreprésentés dans les rangs des seniors – qui continuent à avoir des pratiques hygiéniques proches de celles qu’ils ont connus dans leur enfance – et des hommes confinés seuls : 41% des hommes vivant seuls admettant ne pas changer de slip ou de caleçon tous les jours, contre 15% des femmes dans la même situation.
Enfin, vous lirez les commentaires de deux autres thèmes abordés dans ce sondage ... 

2) “No bra”, “free pussies” “no slip”… Un contexte propice à l’émergence de nouvelles habitudes vestimentaires

3) Une forte dépréciation de soi sur le plan physique

Lexique
- no bra : pas de soutien-gorge
- free pussies : pas de culotte

- no slip : pas de slip

Parmi toutes les sujets abordés par l’Anses sur le COVID-19 et le confinement,


Il ne manque plus que l’hygiène du corps ...

COVID-19 et Académie nationale de médecine : Aux masques citoyens !


J’avais récemment dans un article critiqué les très nombreux communiqués de l’Académie nationale de médecine parce que j’estimais que cette institution n’avait pas assez rappelé que les médecins généralistes pouvaient et devaient jouer un rôle dans l’épidémie de COVID-19, les cabinet des généralistes étant le plus souvent vides …
Aux masques citoyens!, est-ce le nouveau slogan du chef de l'état ?
Mais je me rattrape avec ce dernier et très utile communiqué du 22 avril 2020, 


Dans l’attente de l'arrivée incessante de masques le 11 mai ou plus tôt, ou plus tard ou encore ...
Le principe « altruiste » de ce type de masque a été souligné en rappelant qu’il n’était pas destiné à protéger la personne qui le porte, mais les personnes alentour selon le principe « Un pour tous, tout pour un ». Pour être efficace, le port du masque anti-projections doit être généralisé dans l’espace public. Cette mesure ne peut avoir un impact épidémiologique sur la circulation du virus que si tout individu s’astreint à l’appliquer dès qu’il sort de son domicile. Une simple recommandation ne peut suffire, chacun devant se considérer comme potentiellement porteur du virus et contagieux, même quand il se sent en bonne santé. Veiller à ne pas contaminer les autres n’est pas facultatif, c’est une attitude « citoyenne » qui doit être rendue obligatoire dans l’espace public. Il est possible, dans chaque famille, de confectionner des masques en tissu « artisanaux », « alternatifs », « écrans » ou « barrières », lavables et réutilisables à partir de matériaux courants non onéreux.
Malgré l’évidente nécessité d’une telle mesure, malgré son acceptabilité attestée par l’anticipation de nombreuses personnes qui ne sortent que masquées, des objections de principe retardent sa mise en œuvre et favorisent la persistance d’une transmission du virus dans la communauté. Restreindre le port du masque dans les seuls transports en commun, c’est négliger tous les espaces publics où le risque demeure. Subordonner cette obligation à la fourniture gratuite de masques par l’État, c’est conforter la population dans une situation d’assistance et de déresponsabilisation. Enfin, attendre la date du 11 mai pour faire porter le masque aux Français, c’est accorder 3 semaines de répit au SARS-CoV-2 pour qu’il continue de se transmettre, c’est accepter plusieurs milliers de nouvelles infections, donc plusieurs centaines d’hospitalisations et plusieurs dizaines de morts supplémentaires.
C’est pourquoi, la France ayant déclaré la guerre au Covid-19, l’Académie nationale de médecine recommande fortement une mobilisation citoyenne pour le port du masque.

On ne saurait mieux dire ...

Mise à jour du 30 avril 2020. La DGCCRF publie un communiqué le 29 avril 2020, Mise en vente de masques de protection dans les enseignes de la grande distribution.
Les enseignes de la grande distribution alimentaire confirment que des masques grand public (en tissu et réutilisables) et des masques à usage unique seront progressivement mis en vente, dans des magasins et drive, à partir du lundi 4 mai, avec des approvisionnements qui monteront en puissance après le 11 mai.
Avant l'heure, on ne doit pas porter un masque, mais après le 11 mai, il faudra en porter un !

Lu dans l'éditorial du Figaro du 30 avril 2020 de Vincent Trémolet de Villers,

Après les amendes pour défaut de dérogation de sortie, le secrétaire d’État aux Transports a ajouté aux souches de son carnet de contraventions une nouvelle sanction: à partir du 11 mai, les usagers des transports pourront être sanctionnés s’ils ne portent pas de masque. Le citoyen, bonne pomme, à qui l’on a expliqué que le masque ne servait à rien, puis qu’on en manquait cruellement, puis qu’il pouvait se le fabriquer lui-même, ne devrait pas être, comme les pouvoirs publics, en retard à l’allumage. Il portera son masque. Il n’en reste pas moins que la passion de l’amende comme la compulsion fiscale participent, une fois encore, du génie français.

Pourquoi, il faut entreprendre le traçage de contacts, le traçage de contacts, le traçage de contacts ...


« La traçage des contacts a aidé à mettre fin à l'épidémie d'Ebola; les experts en santé publique disent que cela peut aussi arrêter le COVID-19 », source article d’Adrianna Rodriguez dans USA TODAY du 21 avril 2020.

Un expert en santé publique qui a dirigé la lutte contre l'épidémie d'Ebola au Libéria a déclaré que les États-Unis minimisent une stratégie pour arrêter la pandémie de coronavirus: le traçage des contacts.

Tolbert Nyenswah, du Département de la santé internationale à la Bloomberg School of Public Health de Johns Hopkins, a déclaré que le traçage de contacts réussi pourrait rouvrir le pays d'ici deux à trois mois.

« À l'heure actuelle, 100% de toutes les personnes entrant en contact avec des patients atteints de COVID-19 doivent être tracées », a-t-il déclaré. « Même un seul contact manqué peut prolonger l’épidémie. »

Selon un article publié le 20 avril 2020 par des chercheurs du Johns Hopkins Center for Health Security, le pays a besoin d'un effectif de 100 000 traceurs de contacts. À cette échelle, l'effort nécessiterait 3,6 milliards de dollars, selon les chercheurs. Ils ont appelé à une injection de fonds d'urgence du Congrès.

Leurs estimations sont basées sur ce qui a fonctionné dans d'autres pays. Dans la région de Wuhan, en Chine, où l'épidémie a commencé, 9 000 traceurs de contact ont été rapidement déployés pour enrayer la propagation dans la ville de 11 millions d'habitants.

L'Organisation mondiale de la santé décompose la recherche des contacts en trois étapes de base: l'identification, la liste et le suivi.

Une fois qu'un patient est positif pour le virus, les contacts sont identifiés en demandant avec qui le patient est entré en contact, comme les membres de la famille, les collègues, les amis ou les personnels de santé. Ensuite, les traceurs tentent d'identifier et d'atteindre tous ceux qui sont entrés en contact avec le patient COVID-19 positif. Des suivis réguliers doivent être effectués avec tous les contacts pour surveiller les symptômes.

Même si les cas aux États-Unis ont dépassé 760 000 cas lundi matin, Nyenswah a déclaré que le traçage des contacts jusqu'au dernier foyer domestique était possible.

« Pour que nous devancions la courbe, pour que nous aplatissions la courbe, pour que nous courbions la courbe, pour arrêter l'épidémie… traçage de contacts, traçage de contacts, traçage de contacts », a déclaré Nyenswah, racontant les efforts extrêmes des traceurs dans les zones rurales. L'Afrique par rapport à la première nation du monde que sont les États-Unis.

« C'est lourd, c'est laborieux, cela peut prendre beaucoup de temps », a-t-il dit. « Cela peut être fait. »

Matthew Fox, professeur d'épidémiologie et de santé mondiale à l'Université de Boston, est en faveur du traçage des contacts, mais a déclaré qu'il ne pensait pas que les États-Unis pouvaient atteindre zéro cas avant qu'un vaccin ne soit disponible dans les prochaines années.

« Je pense que cela est minimisé dans les médias, mais je ne pense pas que ce sera la solution à tous nos problèmes », a-t-il déclaré. « Nous pensons que le coronavirus est beaucoup plus transmissible. Ebola, vous devez entrer en contact avec des fluides corporels… la transmission des gouttelettes est tellement plus difficile. »

Fox a dit que le traçage des contacts joue un rôle important dans une stratégie plus large intégrant d'autres mesures de santé publique pour minimiser la transmission. Bien que cela n'ait pas beaucoup d'impact à mesure que les cas dans le pays grimpent, a-t-il dit, il est important de commencer à intensifier le traçage des contacts lorsque le nombre de cas devient plus gérable.

John Welch, directeur des partenariats et des opérations pour la réponse COVID au Massachusetts pour Partners in Health, va embaucher environ 900 traceurs de contacts pour l'État.

Partners in Health, une organisation mondiale de santé à but non lucratif, estime que ces personnes passeront de 80 000 à 100 000 appels par semaine, travaillant 12 heures par jour pendant les sept jours. Welch a déclaré que les traceurs de contacts non seulement garderont une trace des contacts, mais redirigeront les patients dans le besoin vers les ressources appropriées pour le test ou le traitement.

Welch a vu des efforts similaires fonctionner de première main en Sierra Leone pendant l'épidémie d'Ebola. Il s'est étouffé en se rappelant qu’il ne pouvait pas imaginer un jour où l'épidémie prendrait fin.

Complément du 25 avril 2020On pourra lire « Dépistage du coronavirus : les raisons du fiasco français sur les tests », source Le Monde du 25 avril 2020. Article réservé aux abonnés.


Difficultés d’approvisionnement, atermoiements du gouvernement, corporatismes et blocages réglementaires ont fait perdre de précieuses semaines au pays.

77,5% des agriculteurs ne savent pas comment ils vont gérer l'après glyphosate


Selon La France Agricole du 22 avril 2020, « Sans glyphosate, 3 agriculteurs sur 4 sont dans l’impasse ».
Une enquête inter-instituts (Acta, Arvalis, Fnams, ITB et Terres Inovia) sur l’utilisation du glyphosate en grandes cultures révèle un grand désarroi des agriculteurs face à son interdiction. Plus de 75 % sont sans solution, alors que «la balance bénéfice/risque de ce retrait n’a pas été établie
«Le glyphosate n’est pas un herbicide comme un autre», rapporte cette enquête réalisée via un questionnaire en ligne, dont les résultats, publiés le 17 avril 2019, synthétisent les réponses de 7 677 agriculteurs. 94,8% sont des utilisateurs du glyphosate. Les exploitations concernées sont majoritairement en grandes cultures (70 %) puis en polyculture élevage (27%).
Voici quelques éléments sur l’enquête dont on trouvera les résultats ici.
Dans le cadre des discussions actuelles sur le glyphosate et son utilisation en France, une enquête inter-instituts (ACTA, ARVALIS, FNAMS, ITB et TERRES INOVIA) en ligne, « Enquête inter-instituts 2019 sur l’utilisation du glyphosate en grandes cultures Agriculteurs utilisateurs ou non utilisateurs » a été proposée aux agriculteurs (via mailing essentiellement) du 15/07/2019 au 18/09/2019. Ce questionnaire avait pour objectif de connaître les usages du glyphosate dans les systèmes de grandes cultures, et de recueillir les avis des producteurs sur le sujet

L’enquête a également mis en évidence un certain désarroi suite à l’annonce du retrait du glyphosate. Ils sont en effet 77,5% à ne pas savoir comment ils vont gérer cet « après glyphosate ». Le recours au travail du sol est la méthode qui revient le plus fréquemment parmi les éventuelles solutions (faux semis à 84%, labour à 55%) chez les répondants qui ont identifié ces leviers. Ce recours aura des conséquences sur les besoins matériels et donc les charges liées aux investissements : 70% environ des répondants devront se rééquiper, mais également sur l’organisation des exploitations et les charges de fonctionnement et de main d’œuvre.

Les inquiétudes sont importantes et mettent en évidence des soucis sur la viabilité d’exploitation ou de systèmes tels qu’ils sont menés aujourd’hui (comme les systèmes en agriculture de conservation (vertueux sur de nombreux sujets (sols, érosion, etc…) mais dépendant étroitement de l’utilisation du glyphosate). Ces systèmes, sans glyphosate, devront ré-intensifier le travail du sol, avec des conséquences économiques (investissements), agronomiques (érosion, matière organique, etc…), environnementales (consommation carburant, bilan Carbone, , etc…) organisationnelles (capacité à travailler toute la surface, main d’œuvre, jours disponibles) importantes. Finalement, la balance bénéfice /risque de ce retrait n’a pas été établie. Les inquiétudes portent aussi sur les conséquences techniques du retrait, avec de probables recrudescences de vivaces et d’adventices annuelles.

Enfin, les commentaires libres mettent l’accent sur les incohérences liées à ce retrait : objectifs nationaux de réduction du CO2, en opposition avec une réintensification du travail du sol, exigences de gestion des couverts obligatoires dans le cadre de la Directive nitrate incompatibles avec la multiplication des interventions de travail du sol; interdiction nationale du glyphosate mais concurrence déloyale avec les importations de pays pouvant encore l’utiliser, etc…

Le glyphosate n’est pas un herbicide comme un autre. Son interdiction annoncée provoquera une rupture qui n’a pas pu être anticipée et dont les conséquences sont majeures pour les exploitations utilisatrices : surcoûts directs dont le rééquipement, charges de travail, jours disponibles, consommation énergétique, impacts environnementaux directs, retour arrière pour les exploitations sans labour, risques sanitaires,…. Les résultats de cette enquête montre un grand désarroi et la nécessité de prendre en considération la phase de transition. Mieux peser et suivre les impacts que la décision de retrait pourraît entraîner à large échelle semble plus que jamais nécessaire.