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jeudi 18 mars 2021

Les toxi-infections alimentaires collective en France ne sont que la partie la plus visible d’un problème plus vaste. C'est la conclusion des données 2019 selon Santé publique de France

Le blog vous avait partiellement entretenu des données des TIAC en France à partir du bilan 2019 sur les zoonoses dans l'UE, voir 2019, Annus horribilis pour les toxi-infections alimentaires collectives en France.

Santé publique de France publie mise à jour des données le 18 mars 2021 sur les toxi-infections alimentaires collectives en France.

Le dispositif de surveillance des toxi-infections alimentaires collective, basé sur les déclarations obligatoires permet de suivre l’évolution de ce type d’infections.

Les données relatives aux toxi-infections alimentaires collectives déclarées en France en 2019 font apparaître +9% de toxi-infections alimentaires collectives par rapport à 2018.

En 2019, 
1 783 toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) ont été déclarées en France, affectant 15 641 personnes, dont 609 (4%) se sont présentées à l’hôpital (hospitalisation ou passage aux urgences) et 12 (0,08%) sont décédées..

Par rapport à 2018, le nombre de TIAC notifiées est en augmentation (+9%) : 1 630 TIAC avaient été déclarées en 2018 affectant 14 742 personnes.

Comme les années précédentes, l’agent pathogène le plus fréquemment confirmé était Salmonella pour 36% des TIAC pour lesquelles un agent a été confirmé (35% en 2018). Les agents pathogènes les plus couramment suspectés, sur la base des informations épidémiologiques et cliniques, mais sans pouvoir être confirmés sur le plan microbiologique, étaient les agents toxiniques Staphylococcus aureus, Clostridium perfringens et Bacillus cereus correspondant à 69% des TIAC pour lesquelles un agent a été suspecté (70% en 2018). Aucun agent n'a pu être mis en évidence ni suspecté sur la base des informations épidémiologiques et cliniques dans 16% des TIAC déclarées (16% également en 2018).

L’hiver 2019 a été marqué par un nombre exceptionnellement élevé de TIAC liées à la consommation d’huîtres en décembre 2019 avec 134 TIAC notifiées sur le seul mois de décembre 2019 versus entre 4 et 30 sur les moisde décembre et janvier des hivers précédents.

L’augmentation du nombre de TIAC déclarées entre 2018 et 2019 est principalement observée pour les TIAC familiales (+21%) et les TIAC en restauration commerciale (+14%). Les TIAC en restauration collective ont légèrement diminué (-5%).

Les données complètes relatives aux toxi-infections alimentaires collectives déclarées en France en 2019 sont ici.

Dans le détail, cela donne,

Le nombre de malades liés à ces TIAC a également augmenté du fait de l’augmentation du nombre de TIAC déclarées : 15 641 en 2019 versus 14 742 en 2018 et 13 010 en 2017. Le nombre de cas médian par TIAC en 2019 est de 4 (3 en 2017 et 2018) : 3 pour les TIAC familiales (Interquartile IQR : 2-5), 3 en restauration commerciale (IQR : 2-4) et 12 en restauration collective (IQR : 6-24).

IQR : interquartile range ou cart interquartile est une mesure de dispersion qui s'obtient en faisant la différence entre le troisième et le premier quartile.

Lieux de survenue des TIAC déclarées en 2019

Parmi les 1 783 TIAC déclarées en 2019, 569 (32%) sont survenues dans le cadre de repas familiaux, 727 (41%) en restauration commerciale et 476 (27%) en restauration collective (entreprises, cantines scolaires, banquets, instituts médico-sociaux (IMS)). Cette répartition est très similaire à celle de 2018 où ont été notifiées 29% de TIAC familiales, 39% de TIAC en restauration commerciale et 31% en restauration collective. Les TIAC ont généré 2 438 malades en milieu familial, 2 931 en restauration commerciale et 10 196 en restauration collective. Pour 11 TIAC correspondant à 76 malades, le lieu de repas n’est pas connu.

Les TIAC interviennement majoritairement en restauration qu'elle soit collective avec 27% mais surtout, le chiffre est à retenir, c'est que 41% des TIAC ont lieu en restauration commerciale.

En restauration commerciale, le nombre et la proportion des TIAC ont augmenté de manière continue depuis 2006 passant de 251 TIAC (28% de l’ensemble des TIAC) en 2006 à 727 TIAC (41%) en 2019.

Un vrai bilan sur le dispositif Alim'confiance serait à faire après de tels résultats, par exemple à quoi a-t-il servi, si les TIAC en restauration commerciale notamment ne cesse d'augmenter ?

Agents pathogènes, confirmés ou suspectés, impliqués dans les TIAC déclarées en 2019

En 2019, un agent pathogène a pu être confirmé sur le plan microbiologique dans l’aliment incriminé ou chez au moins une personne malade dans 390 TIAC (22% de l’ensemble des TIAC déclarées). Un agent pathogène a été suspecté sans confirmation microbiologique dans 1 102 TIAC (62%). Pour 291 TIAC (16%), aucun agent n’a pu être ni confirmé, ni suspecté.

L’agent pathogène le plus fréquemment confirmé était Salmonella avec 139 TIAC (36% des TIAC à agent confirmé) dont 25% de S. Enteridis (30% en 2018), 32% de S. Typhimurium (19% en 2018) et 2% de variant monophasique de Typhimurium (11% en 2018). Pour 37% des TIAC confirmées à Salmonella, le sérotype n’était pas connu (31% en 2018). Les TIAC confirmées à Salmonella ont été responsables de 807 malades et 161 hospitalisations.

Douze décès ont été déclarés en 2019, dont 10 chez des résidents dans quatre EHPAD. Un décès fait suite à l'ingestion de Datura.

Aliments suspectés, TIAC déclarées en 2019

Dans 43% des TIAC où un agent pathogène a été confirmé ou suspecté (30% en 2018), les aliments suspectés étaient multiples, composés de divers ingrédients ou étaient des plats cuisinés (exemples : salades composées, pizzas, sandwichs, buffet…) ne permettant pas de suspecter une catégorie d’aliments particulière. La consommation de coquillages a été suspectée être à l’origine de 13% des TIAC, suivie par la viande (9%), les volailles (7%), les poissons (7%), les œufs et produits à base d’œufs (6%), les produits de charcuterie (5%), les produits laitiers (3%), et les crustacés (2%). Aucun aliment n’a pu être suspecté dans 5% des TIAC.

Pour 30% des TIAC à Salmonella, la consommation d’œufs ou de produits à base d’œufs a été suspectée comme source d’infection et celle de volaille dans 10% de ces TIAC. Les fromages et produits laitiers ont été suspectés dans 5% des TIAC à Salmonella.

Non-conformités relevées liées aux TIAC déclarées en 2019

Des non-conformités de produits, de matériel, de pratiques de stockage ou de préparation ont été identifiées dans 638 TIAC (36% des TIAC déclarées, 36% en 2018).

Dans les trois lieux de repas (milieu familial, restauration commerciale ou restauration collective), les non-conformités les plus fréquemment relevées étaient liées à un équipement défectueux ou inadapté (48% des TIAC où des non-conformités ont été relevées), suivi par un non-respect des règles d’hygiène ou une manipulation inappropriée des aliments par un membre de la famille ou du personnel (45%). Une contamination des matières premières, intermédiaires ou produit fini a été identifiée dans 32% des TIAC où des non-conformités ont été relevées. Des problèmes de fonctionnement (défaut de la chaîne du froid/chaud, erreurs de préparation, délais trop long entre la préparation et le service) ont été relevés dans 4% des TIAC où des nonconformités ont été observées. Ces chiffres sont similaires à ceux de 2018.

Mesures correctrices liées aux TIAC déclarées en 2019

On peut relever que «Plus de la moitié des actions correctives réalisées dans les restaurants commerciaux étaient un nettoyage et une désinfection de l’établissement (54%).»

Une fermeture des établissements a été ordonnée pour 32 restaurants commerciaux (9% des TIAC en restauration commerciale où des mesures correctives ont été prises) et 4 établissements de restauration collective où des mesures ont été ordonnées (2%). Au total, des saisies de denrées et/ou des retraits/rappels de produits ont été effectués suite à 22 TIAC survenues en restauration commerciale ou collective et suite à 15 TIAC survenues après des repas familiaux.

Dans la conclusion, il est noté quelques changements par rapport aux bilans précédents

Depuis sa mise en place en 1987, la surveillance des TIAC par la déclaration obligatoire a permis de déclencher des investigations pour en identifier les causes et mettre en place rapidement des mesures correctives au sein des établissements afin d’améliorer la sécurité des aliments.

Jusque là, le texte ci-dessus était traditionnel voire classique, mais ce qui suit n'existait auparavant,

Toutefois, les TIAC ne sont que la partie la plus visible d’un problème plus vaste. Le fardeau des infections d’origine alimentaire reste important avec entre 1,28 à 2,23 millions de personnes affectées chaque année, dont la majorité des cas surviennent de façon sporadique sans lien apparent entre eux. La déclaration et l’investigation des TIAC sont un dispositif opérationnel et efficace qui complète utilement les autres dispositifs de surveillance des infections d’origine alimentaires, afin d’améliorer la sécurité sanitaire des aliments.

Alors que propose-t-on pour améliorer les choses ? Toujours moins de contrôles !!! 

Complément. Un espoir. Peut-être pourra-t-on espérer une baisse des TIAC en 2020 liée à la pandémie COVID-19, mais ce n'est même pas sûr ...

Mise à jour du 7 avril 2021. On lira l'article de Food Safety NewsFrance sees increase in foodborne outbreaks.

Dans un tweet, Joe Whitworth de Food Safety News pense que The real problem is the winter peak in #norovirus after shellfish consumption (Le vrai problème est le pic hivernal de TIAC à norovirus après la consommation de coquillages). Je serai tenté de lui répondre pas seulement Joe, pas seulement ...

mardi 12 janvier 2021

Fermeture d'urgence d'un restaurant en Seine Saint-Denis, les inspections semblent exister même pendant la pandémie de COVID-19

Dans la rubrique, il n'y a pas que le confinement qui fait fermr les restaurants, voici une information fournie sur twitter par Bruno Longhi, «Seine-Saint-Denis. Fermeture d'urgence d'un restaurant de Saint-Ouen sur ordre de la préfecture», source actu.fr du 7 janvier 2021.

Apparemment les inspections sanitaires fonctionnent malgré leur baisse (voir ce qui se passe en Irlande) durant la pandémie du COVID-19 … mais, avec ce cas, on croirait voir un exemple souvent emprunté à l’Angleterre ...

Les services de la préfecture ont effectué un contrôle dans le restaurant Le 216 à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Celui-ci a été fermé d'urgence pour problèmes d'hygiène.

C’est une fermeture d’urgence qu’a acté la préfecture de Seine-Saint-Denis concernant le restaurant Le 216, situé 109 avenue Michelet, à Saint-Ouen. Après une inspection, les services de la préfecture ont constaté «de graves manquements aux règles d’hygiène et d’entretien général des lieux et des installations».

La liste des manquements est longue
La direction départementale de la protection des populations de Seine-Saint-Denis s’est rendue mardi 22 décembre 2020 à l’établissement Le 216 pour une inspection. Et les enquêteurs ont eu de quoi faire, les manquements sont nombreux :
  • Absence totale de lutte contre les nuisibles en présence de rats et de moucherons
  • Hygiène manuelle inexistante
  • Absence d’utilisation de savon bactéricide
  • Absence de maîtrise de la chaîne du froid
  • Absence de maintenance des locaux et des équipements
  • Absence de formation des employés aux bonnes pratiques en hygiène alimentaire
  • Absence de procédure de nettoyage et de et désinfection des locaux et du matériel
Les services ont donc acté que tout cela faisait courir un risque grave de santé publique. Pour toutes ces raisons, la préfecture a pris un arrêté de fermeture immédiat pour une durée indéterminée. 
Le propriétaire du restaurant peut faire appel de cette décision dans un délai de deux mois auprès du tribunal de Montreuil, en attendant l’établissement est fermé.

Le restaurant ne figure pas encore sur le dispositif Alim’confiance du ministère de l’agriculture, mais il est en 6e position parmi les pires restaurants de Saint-Ouen, selon ce classement des Worst rated restaurants in Saint-Ouen, France ...

Mise à jour du 25 janvier 2021. On lira cette information fournie par Bruno Longhi

Seine-Saint-Denis. Fermeture d'urgence de trois restaurants à Epinay sur ordre de la préfecture. 
Les services de la préfecture ont effectué des contrôles dans trois restaurants à Epinay (Seine-Saint-Denis). Ils ont été fermés d'urgence pour problèmes d'hygiène.

samedi 9 janvier 2021

Irlande: Diminution de 67% des entreprises de restauration ayant rencontrées des problèmes d'hygiène en 2020. Quid en France ?

Si l’on mesure la sécurité des aliments au nombre d’établissement alimentaire ayant reçu une injonction de fermeture ou des non-conformités pour des raisons d’hygiène, on peut dire, sans risque de se tromper, qu’en raison de la pandémie du Covid-19, ce chiffre a fortement diminué et pour cause …

Un exemple est venu de l’Irlande où selon ce communiqué de la Food Safety Authority of Ireland (FSAI) du 8 janvier 2021, «42 ordonnances d'exécution signifiées aux entreprises du secteur alimentaire en 2020», je serai tenté de dire 42 seulement ...

L'Autorité irlandaise de sécurité des aliments (FSAI) a communiqué que 42 ordres d'exécution avaient été signifiés à des entreprises du secteur alimentaire pour des infractions à la législation sur la sécurité des aliments en 2020, soit une diminution de 67% par rapport aux 125 ordres d'exécution réalisés en 2019.

La baisse du nombre reflète en grande partie l'impact du COVID-19, où un grand nombre d'entreprises de restauration ont été temporairement fermées pendant de longues périodes tout au long de l'année, et cela n'est pas nécessairement dû à l'amélioration des pratiques de sécurité des aliments.

La FSAI a réitéré l'importance de systèmes solides de management de la sécurité alimentaire et a souligné que la responsabilité juridique incombe aux entreprises du secteur alimentaire de s'assurer que les aliments qu'elles vendent sont conformes à la législation sur la sécurité alimentaire et peuvent être consommés sans danger.

Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2020, 31 ordonnances de fermeture, 2 ordonnances d'amélioration et 9 ordonnances d'interdiction ont été émises par des agents d'hygiène du milieu au sein du Health Service Executive (HSE), des inspecteurs vétérinaires des collectivités territoriales et des agents de la FSAI sur les entreprises alimentaires à travers le pays.

Les types de problèmes récurrents de sécurité des aliments qui ont conduit à des ordonnances d'exécution en 2020 étaient: des entreprises alimentaires non enregistrées et non supervisées; des conditions sales; des preuves d'infestations de rongeurs et d'excréments de rongeurs; la présence de cafards; le non-maintien de la température des denrées alimentaires; des installations de stockage des aliments inadaptées et des installations d'eau inadéquates ou inexistantes.

En ce qui concerne la France, on peut seulement signaler une baisse de l’activité ’inspection’, si l’on doit se fier au dispositif Alim’confiance.

L’activité ‘restaurant’ fait état de seulement 9 296 inspections au 9 janvier 2921 et si on met les données des inspection en fonction des mois de l’année 2020, l’effet Covid-19 est très caractéristique, mais sans doute aussi l'absence d'inspections, et pour cause, sur le schéma ci-dessous:

vendredi 27 novembre 2020

Influence des émojis sur l'interprétation des rapports d'inspection en sécurité des aliments des restaurants

«
Visage dégoûté, lieu endroit infesté ? Influence des émojis sur l'interprétation des rapports d'inspection des restaurants», source Journal Health CommunicationArticle disponible en intégralité.
Cet article fait appel à l'ELM (ou elaboration likelihood model of persuasion) ou Modèle de persuasion de la probabilité d’élaboration. Le modèle ELM décrit les modalités de formation de l’attitude et de la persuasion suivant que la motivation et le degré d’implication du sujet sont importants ou faibles. 
Cet article peut aussi aider les autorités réglementaires qui choisissent des émojis comme symbol du résultat de l'inspection, voir en France, le cas Alim'confiance.
Résumé
Chaque année, des millions d'Américains tombent malades d'une maladie d'origine alimentaire et on estime que la moitié de tous les cas signalés surviennent dans des restaurants.
Pour information, en France en 2018, selon les données de Santé publique de France, dernières données disponibles, 39% des TIAC ont lieu en restauration commerciale et 31% en restauration collective, soit 70% du nombre total de TIAC !
Pour protéger le public, les services réglementaires sont encouragés à effectuer des inspections des restaurants et à divulguer des rapports aux consommateurs.

Cependant, le format des rapports d'inspection est incohérent et contient généralement des informations peu claires pour la plupart des consommateurs qui interprètent souvent mal les résultats de l'inspection. De plus, les consommateurs recherchent de plus en plus ces informations dans un contexte numérique.

Des recherches limitées explorent les rapports d'inspection comme des outils de communication. En utilisant l'affect en tant qu'information et l'ELM comme cadres théoriques, cette expérience a examiné comment des émotions discrètes (par exemple, le dégoût) véhiculées par des indices illustrés (c'est-à-dire des émojis) influençaient le traitement des rapports d'inspection par les consommateurs. Les participants, recrutés dans Amazon Mechanical Turk (une plateforme Internet de microworking -aa), ont été assignés au hasard à l'une des six conditions expérimentales avec 3 (émojis: souriant versus dégoûté vs aucun) x 2 (niveau de non-conformité: faible versus élevé).

Ensuite, les participants ont rempli un questionnaire sur la perception et le traitement cognitif du message. Les résultats ont révélé que, par rapport au texte, l'émoji dégoûté augmentait les perceptions du risque et les comportements d'évitement.

En termes d'émotion, l'émoji visage souriant a motivé les participants à ressentir plus d'émotions liées à l'hygiène.

À leur tour, des sentiments positifs ont diminué la probabilité d'élaboration. Comme prévu par ELM, l'implication a également prédit l'élaboration, de sorte que les participants qui étaient très impliqués dans les rapports d'inspection élaboraient plus que ceux qui étaient moins impliqués. La participation a également modéré la relation entre les emojis présentés et leur élaboration. Les implications pratiques sont également discutées.

Les implications pratiques
Les autorités sanitaires qui sont généralement responsables de la conception des rapports, doivent tenir compte à la fois du style de présentation et du contenu.

Le seul fait d'inclure des emojis souriants conduit à des problèmes. Par exemple, le King County utilise un emoji légèrement souriant pour les restaurants avec de nombreuses non-conformités critiques. C'est un message incongru et les consommateurs déploieront en fait plus d'efforts pour essayer de le comprendre. C'est contre-intuitif. De plus, en termes de perception du risque et d'intention comportementale, un emoji souriant semble avoir le même effet qu'un texte seul.

À l'inverse, si un émoji dégoûté est ajouté au mélange, les consommateurs peuvent être en mesure d'identifier de manière plus appropriée le risque immédiat et de se protéger du problème.

Bien que ce soit un outil de communication bénéfique pour les autorités sanitaires afin de prévenir la propagation des maladies d'origine alimentaire, il est peu probable que les restaurateurs soient désireux de préconiser que des visages nauséeux soient associés à leur entreprise, même temporairement.

Cependant, en raison des attitudes et des comportements défavorables associés à l'émoji dégoûté, cela pourrait améliorer les conditions de sécurité des aliments dans les restaurants en général.

Les recherches indiquent que la divulgation publique des rapports d'inspection des restaurants, en particulier sur Internet, améliore la conformité en matière de sécurité des aliments (Waters et al., 2013).

Cependant, si les autorités sanitaires considèrent que l'implication dans les rapports d'inspection est faible dans leur domaine, alors l'emoji souriant aide à alléger la charge cognitive des consommateurs.

Par conséquent, les autorités sanitaires devraient faire un effort pour comprendre les motivations des consommateurs et leur interprétation des emojis avant de façonner les divulgations en conséquence.

En outre, comme de nombreuses autorités sanitaires s'appuient sur le Food Code de la FDA des États-Unis pour déterminer les règles de sécurité des aliments, il serait avantageux pour l'agence d'explorer comment des emojis pourraient être universellement classés en ce qui concerne l'hygiène.

Enfin, dans le contexte actuel où une prime a été accordée à l'hygiène des lieux publics en raison du COVID-19, les considérations sur la meilleure façon de communiquer les mesures mises en œuvre aux clients sont devenues urgentes. La communication de preuves scientifiques au profane est une entreprise fondamentale, aujourd'hui plus importante qu'il y a quatre mois.

lundi 19 octobre 2020

Rendre publics les résultats des contrôles officiels permet-il d'améliorer la santé publique ? Non, si l'on considère le cas de New-York et de la France !


J’avais alors évoqué en mars 2012 dans l’article, New York : les scores sur les portes des restaurants et la baisse des infections d’origine alimentaire, le fait que « La Ville de New York estime qu’il existe un lien entre le système de scores en hygiène des aliments indiqué sur les portes des restaurants et la baisse des toxi-infections alimentaires. »

C’était dans ce contexte que paraissait, « Les cas à Salmonella à New York augmentent en 2012 malgré les notes sur les portes avec des lettres dans les restaurants », selon un article de Doug Powell du barfblog du 8 octobre 2013.

Voici qu'il en est de nouveau question dans un nouvel article paru le 17 octobre 2020 dans le Journal of Public Health, « Notes en hygiène des aliments : L'effet du programme d'inspection des notes sanitaires des restaurants de New York sur la salmonellose ».

Résumé
Contexte
La ville de New York a commencé à rendre public des rapports sur les notes des inspection sanitaire des restaurants en 2010. L'impact de la politique sur l'incidence des maladies d'origine alimentaire n'avait pas été étudié auparavant. (Ce qui 'est pas tout à fait exact -aa)

Méthodes
Nous avons utilisé une conception de cohorte rétrospective pour évaluer si l'introduction de notes sur l'hygiène en 2010 a réduit l'incidence de la salmonellose. Pour estimer l'impact de la politique, nous avons effectué une analyse des doubles différences dans laquelle, New York, a été comparée à un «groupe témoin synthétique» constitué d'un échantillon pondéré de zones géographiques de comparaison.

Nous avons évalué les cas de salmonellose signalés d'avril 2003 à décembre 2015 à partir du Système national de surveillance des maladies à déclaration obligatoire (NNDS ou National Notifiable Diseases Surveillance System, Weekly Tables of Infectious Disease Data). Notre principal critère de jugement était les cas trimestriels ajustés en fonction du risque de salmonellose signalés pour 100 000 résidents.

Résultats
Les résultats de notre analyse des doubles différences ont révélé que le programme de qualité sanitaire des restaurants de New York était associé à une réduction non significative des cas ajustés au risque de salmonellose signalés pour 100 000 (−0,31, intervalle de confiance à 95% = (−1,41, 0.80)). Cette constatation était solide pour toutes les spécifications.

Conclusions
Conformément aux preuves récentes selon lesquelles la publication de rapports d'inspection a eu peu d'incidence sur la santé publique, la publication de rapports d'inspection avec des notes en hygiène des aliments des restaurants ne semblent pas réduire l'incidence de la salmonellose.

Revenons un instant en France, où Santé publique de France publie, chaque année, très tardivement, le plus souvent, les
Données relatives aux toxi-infections alimentaires collectives déclarées en France.

Les données de 2016, parues courant 2017, indiquent dans la conclusion,
Depuis avril 2017, les consommateurs ont accès aux résultats des contrôles sanitaires réalisés depuis le 1er mars 2017 dans tous les établissements de la chaîne alimentaire (restaurants, cantines, abattoirs, etc.) sur le site www.alim-confiance.gouv.fr. Cette mesure a été prévue par la loi d’Avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, du 13 octobre 2014. L’impact de cette mesure incitative à l'amélioration continue des établissements agroalimentaires pourra être évalué dans les années à venir.
Pas de complément d'information sur ce sujet dans les données de 2017 et 2018, dernières données disponibles …, ce sera vraisemblablement le cas pour les données de 2019 que l'on attend toujours ...

En 2018, Santé publique de France note qu'il y a eu « +24% de toxi-infections alimentaires collectives par rapport à  2017 ».

Il faut donc croire que, ce qui se passe à New-York, se passe aussi en France, et qu'effectivement, le système dénommé Alim'confiance, qui permet de rendre publics les résultats des contrôles officiels réalisés en matière de sécurité sanitaire des aliments depuis le 1er mars 2017 ne permet pas d'améliorer la santé publique ...

vendredi 31 juillet 2020

Bilan 2019 de l’activité de la DGAL, le compte n'est pas bon !

Après quelque quatre mois de retard, vient enfin de paraître le 31 juillet 2020 le rapport 2019 d'activité DGAL …

Selon le Directeur général de l’alimentation,

Dans un monde globalisé et bouleversé par le changement climatique, la biosécurité et la prévention sont plus que jamais indispensables. Les filières agricoles et alimentaires le savent : la performance sanitaire est devenue aujourd’hui une condition de la performance économique.
C’est dans cet esprit, conforté par la crise du covid-19, que la DGAL entend poursuivre son action, au service des citoyens et de la sécurité sanitaire de notre pays.
Pas sûr que le compte soit bon « au service des citoyens et de la sécurité sanitaire de notre pays » jugez plutôt …

Les dégâts occasionnés par l’ère Le Foll, nom d'un ancien ministre de l’agriculture sous l’ère Hollande, un formidable ministre, selon le journalise Périco Légasse, sont très nettement visibles de 2012 à 2016, un vrai massacre ! 

Puis après, on a essayer de colmater les brèches du navire sans vraiment y arriver. La sécurité des aliments est-elle encore une priorité ?

Les inspections en sécurité sanitaires des aliments en France de 2012 à 2019,
  • 2012 : 86 239
  • 2013 : 82 729
  • 2014 : 78 000
  • 2015 : 76 000
  • 2016 : 55 000
  • 2017 : 54 000
  • 2018 : 57 500
  • 2019 : 58 200

Et dire de la Belgique, plus petit pays que nous, s’il en est, mais qui fait presque autant d’inspections (57 200 en 2019) que nous …

Les données des contrôles de la sécurité sanitaire des aliments, selon les rapports de la DGAL:

La comparaison de l'activité 2019 par rapport à 2018 indique 700 inspections au total en plus, dont,
  • 500 inspections en moins dans les établissements d'abattage, de transformation et d'entreposage,
  • 500 inspections en moins en restauration collective,
  • 900 inspections en moins dans les commerces,
  • 800 inspection en plus en restauration commerciale.
Que dire du bilan 2019 par rapport aux autres années, on semble avoir atteint un palier avec toujours la même rengaine des fermeture d'établissements, la question des sanctions peut raisonnablement se poser ... 

A noter aussi la présence depuis novembre 2019 d'un gadget, «IAlim» est accessible aux inspecteurs du ministère de l’agriculture et de l’alimentation afin de les aider à mieux cibler leurs contrôles sanitaires dans les restaurants. Ce doit être le pendant de SigalConso chez la DGCCRF ... Vous avez là des exemples de ce qu'est la start-up Nation, voulue par notre Président ...

Ce dispositif vient donc en complément d'Alim'confiance dont le blog vous narré les soucis récemment ...

Bien entendu dans ce contexte de manque d'effectifs pour les inspections et les contrôles, on notera qu’il y a eu +24% de foyers de TIAC et +13% de personnes malades en 2018 !

En 2018, les TIAC en restauration collective (+29%) et les TIAC en restauration commerciale ont également augmenté (+14%) par rapport à 2017.

TIAC déclarées
2018
2017
2016
TIAC familiales
471 (+35%)
349
465
TIAC en restauration commerciale
638 (+14%)
562
592
TIAC en restauration collective
504 (+29%)
392
393
On peut se demander à quoi peut bien servir le dispositif Alim'confiance ...

Enfin, on notera que le mot transparence ne fait pas partie du vocabulaire de la DGAL, il est juste cité une communication sur le risque transparente, vraiment ?

Par ailleurs, les rappels de produits alimentaires ne sont pas cités une seule fois as usual, c'est pourtant une préoccupation importante des consommateurs, mais visiblement ce n'est toujours pas une priorité pour la DGAL ... comme pour la DGCCRF ...

Complément. A propos des alertes et crises sanitaires, il y a vraiment du changement en 2019 dans le rapport d’activité de la DGAL par rapport aux autres années :
  • En 2017, « La Mission des urgences sanitaires (MUS) gère chaque année plus de 1000 alertes, avec le concours des services déconcentrés en départements (DDCSPP) et des bureaux techniques de la DGAL. »
  • En 2018, « La Mission des urgences sanitaires coordonne chaque année la gestion de plus de 1 000 alertes en lien étroit avec les services déconcentrés dans les départements. »
  • En 2019, « La Mission des urgences sanitaires (MUS) de la DGAL, au-delà de la gestion des urgences et crises sanitaires, est chargée de coordonner la mise en place de ces dispositifs  (préparation, suivi de procédures, animation de réseau ,…). »
Complément du 15 août 2020. Le site du ministère de l'agriculture informe le 12 août 2020 de la parution du rapport d'activité 2019 de la DGAL ....

Lire le communiqué de l’Académie nationale de médecine : Masquez-vous, masquez-vous, masquez-vous

mercredi 22 juillet 2020

Cette année, pas d'opération alimentation vacances, épidémie de COVID-19 oblige

Le blog est triste, cette année, il n'y aura pas d'Opération Alimentation Vacances (OAV)
Les Opérations Alimentation Vacances (OAV) permettent de renforcer chaque année les contrôles en matière de sécurité sanitaire dans le secteur de la restauration et des commerces alimentaires, notamment lorsqu'ils connaissent un pic d'activité.
Le blog souhaite un très gros pic d'activité à la restauration et aux commerces alimentaires, mais le jeu du chat et de la souris n'aura pas lieu cette année …

Sans réelle efficacité sur l'amélioration de la situation sanitaire dans les restaurants, les toxi-infections alimentaires collectives ont même vu leur nombre augmenté en 2018. « Les TIAC en restauration commerciale ont également augmenté mais dans une moindre mesure (+14%). »

Ainsi l'’impact d'Alim'Confiance, dispositif ministériel fournissant les résultats des contrôles sanitaires réalises depuis le 1er mars 2017 dans tous les établissements de la chêne alimentaire (restaurants, cantines, abattoirs, etc.), reste encore à évaluer, et cette mesure sur l’amélioration continue des établissements agroalimentaires reste très incertaine, mais avec un jeune et nouveau ministre, les choses vont, c'est sûr, changer …

A propos d'Alim'Confiance, en raison de l'épidémie liée au COVID, les inspections ont bien chuté comme le montre ce graphique pris le 20 juillet 2020 et souhaitons que tout puisse revenir rapidement à la normale … sécurité sanitaire oblige ... voir aussi l'article, Une idée comme une autre pour la DGAL, des inspections virtuelles en hygiène alimentaire pourraient réduire les arriérés ...