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jeudi 7 février 2019

Saga Alim'confiance, le dispositif sensé rendre transparent les résultats des contrôles sanitaires n'a pas l'agrément de la DGCCRF

Non Monsieur Sébastien Rémy, chef du bureau d'appui à la surveillance de la chaîne alimentaire, le dispositif Alim'confiance ne répond pas « à la demande des citoyens qui souhaitent être rassurés sur leur alimentation ».

Pourquoi ?

Parce que le nombre de contrôles réalisés est notoirement insuffisant !

Selon un document du ministère de l'agriculture du 1er février 2019, un expert alim'agri, Sébastien Rémy, chef du bureau d'appui à la surveillance de la chaîne alimentaire, explique en quoi consiste ce dispositif  alim'confiance … et voici une retranscription (une vidéo est visible ici) de ses propos :
Le dispositif alim’confiance permet de rendre transparent les résultats des contrôles sanitaires effectués dans tous les établissements de la chaîne alimentaire. C’est-à-dire, dans les abattoirs, dans les établissements agro-alimentaires, les établissements de production de lait, de production de viande, mais également les établissements qui sont proches du consommateur, à savoir : les métiers de bouche, donc les bouchers, les fromagers, les restaurants, les supermarchés et les hypermarchés.À ce jour, plus de 70'000 résultats de contrôles ont ainsi été publiés sur le site, dont notamment plus de 20 000 contrôles dans les restaurants.Le dispositif alim’confiance se décompose en 4 smileys, correspondants à 4 niveaux d’hygiène. Le niveau d’hygiène « satisfaisant » est un niveau pour lequel l’établissement reçoit de la part de l’administration un rappel réglementaire.
Le niveau d’hygiène « à améliorer » concerne les établissements qui sont mis en demeure de procéder à des actions correctives dans un délai contraint qui est fixé par l’administration.Le niveau d’hygiène « à corriger de manière urgente » est le niveau d’hygiène dans lequel la santé publique du consommateur est susceptible d’être mise en jeu. C’est pourquoi, l’administration décide de procéder à la fermeture de l’établissement, ou à la suspension ou au retrait de son agrément.C’est un dispositif qui répond à une attente légitime du consommateur, et qui concoure à renforcer la confiance dans le secteur alimentaire.Concrètement, le dispositif alim’confiance permet aux consommateurs de géolocaliser autour de sa position les restaurants, et de faire une sélection en fonction du niveau d’hygiène de l’établissement, qui peut être un des critères de recherche du consommateur, après le prix et la qualité gustative du restaurant.Chaque jour, de nouveaux résultats de contrôles sont publiés sur le site, et ces résultats de contrôles sont disponibles pendant une durée d’un an.
Il n'a pas de chance Monsieur Sébastien Rémy, chef du bureau d'appui à la surveillance de la chaîne alimentaire, car ce n'est pas moi qui vais lui répondre, mais la Cour des comptes … qui dans son rapport public annuel 2019 s'est intéressée au « Contrôle de la sécurité sanitaire de l’alimentation : des progrès à consolider » et au dispositif Alim'confiance en particulier …

Contrairement au personnel du ministère de l'agriculture, « les services de la DGCCRF, qui partagent avec la DGAL les contrôles effectués dans les établissements de remise directe et de restauration, se sont refusés jusqu’à présent à appliquer les dispositions du décret du 15 décembre 2016 au motif que, compte tenu de la faiblesse du taux de couverture, la publication des résultats pourrait porter préjudice aux établissements contrôlés par rapport à ceux qui ne l’ont pas été. La DGCCRF préfère communiquer de sa propre initiative, et au cas par cas, sur certaines mesures de retrait et de rappel de produits alimentaires non-conformes et dangereux. »

Autrement dit la DGCCRF ne participe pas au dispositif Alim'confiance ...

Au niveau du volet humain, c'est encore plus clair, mais je ne crois pas que cela puisse permettre de rendre transparent les résultats des contrôles sanitaires effectués dans tous les établissements de la chaîne alimentaire.

La Cour des comptes note :
Ces moyens humains ne permettent pas de couvrir, par un contrôle de premier niveau, une part significative des établissements de certains secteurs. Tel est le cas de la remise directe au consommateur, secteur où les établissements sont nombreux et dispersés. En 2017, le taux de couverture de ce secteur d’activité atteint par les services de contrôle atteignait 9 % pour la DGAL et 4 % pour la DGCCRF. Au titre de la sécurité sanitaire de l’alimentation, un établissement de restauration est donc contrôlé en moyenne tous les quinze ans par les services de l’État.
Alors, pour reprendre la formule utilisée en début d'article, êtes-vous désormais rassurés sur votre alimentation ?

mercredi 11 mars 2020

Saga Alim'confiance entre mythe et réalité


Le ministère de l'agriculture nous propose une infographie sur « Alim'confiance : les résultats sanitaires accessibles à tous » ...

Quelques assertions inexactes :
  • Les résultats des contrôles accessibles à tous
On a droit à un smiley et non pas au résultat des contrôles ou des inspections comme dans d'autres pays …
  • Le dispositif Alim'confiance vous permet de connaître le niveau d'hygiène ou de maîtrise sanitaire de toute la chaîne alimentaire
Cela donne droit à un smiley avec un 'niveau d'hygiène' qui disparaît de l'écran au bout d'un an … comprenne qui pourra …

Le plus comique est le nombre d'inspections dans la restauration commerciale … jugez plutôt ...

Dans un article du blog du 8 décembre 2019 sur les contrôles ‘renforcés’ dans le Val de Marne, il était confirmé que les restaurants étaient contrôlés tous les 15 ans … et selon ce site, un restaurant « est contrôlé en moyenne tous les quinze ans », s’inquiète la Cour des Comptes.

De l'avis même d'une inspectrice, il paraît que selon Le Messager du Pays de Gex du 27 décembre 2019, « Un restaurant peut vivre un certain temps sans avoir vu un contrôleur »

Par ailleurs, on nous dit dans cette infographie que « Dans tous les pays, la mise en place de ce dispositif a favorisé l'amélioration du niveau sanitaire des établissements ».

Voyons si cela a été le cas pour les derniers bilans disponibles : opération fêtes de fin d'année 2018-2019 et Opération alimentation vacances 2010. On lira respectivement ce que le blog en avait pensé ici et ici.

En 2019, « Il apparaît encore que la restauration commerciale est particulièrement concernée par une perte de maîtrise ou une maîtrise insuffisante des risques. »

En 2018, on avait noté, « on note globalement et par secteur ciblé (hormis les métiers de bouche) une légère dégradation pour les niveaux confondus « perte de maîtrise - urgence » et « maîtrise des risques insuffisante », en particulier pour les secteurs de la restauration collective et commerciale concernées par de mauvaises pratiques d'hygiène (locaux, personnel, manipulation / process de fabrication de denrées) souvent associées au non-respect des DLC et/ou des températures de conservation des denrées. »
Il faut croire que l’opération Alim’confiance n’améliore pas vraiment les choses …

Pour mémoire, selon Santé publique de France, en 2017, « 40% des toxi-infections alimentaires collectives ont lieu suite à des repas en restauration commerciale. »

La suite au prochain épisode, le dispositif peut améliorer le niveau sanitaire mais chez nous c'est Alim'confiance qu'il faut améliorer ...

lundi 3 février 2020

Saga Alim'confiance : Des résultats en demi-teinte, selon l'association de consommateurs CLCV


L'association de consommateurs CLCV s'est intéressée à l'« Hygiène des établissements alimentaires : résultats en demi-teinte ».
La CLCV a mené le combat pour que les consommateurs puissent avoir accès aux informations sur l’hygiène des établissements de la chaîne alimentaire (restaurants, boulangeries, …). En 2017, c’est chose faite avec la mise en place du dispositif Alim’confiance.

Combat loin d'être fini car quelle est l'information que l'on a un rapport d'inspection, des informations précises, pas du tout, un simple logo décliné en quatre catégories :
  • Niveau d'hygiène très satisfaisant : établissements ne présentant pas de non-conformité, ou présentant uniquement des non-conformités mineures.
  • Niveau d'hygiène satisfaisant : établissements présentant des non-conformités qui ne justifient pas l’adoption de mesures de police administrative mais auxquels l’autorité administrative adresse un courrier de rappel de la réglementation en vue d’une amélioration des pratiques.
  • Niveau d'hygiène à améliorer : établissements dont l'exploitant a été mis en demeure de procéder à des mesures correctives dans un délai fixé par l'autorité administrative et qui conduit à un nouveau contrôle des services de l’État pour vérifier la mise en place de ces mesures correctives.
  • Niveau d'hygiène à corriger de manière urgente : établissements présentant des non-conformités susceptibles de mettre en danger la santé du consommateur et pour lesquels l'autorité administrative ordonne la fermeture administrative, le retrait, ou la suspension de l'agrément sanitaire.
Par ailleurs la CLCV semble faire l'impasse d'une information importante de décembre 2019 issue d'un témoignage d'une inspectrice en sécurité des aliments dans Fréquence de contrôle d’un restaurant, une fois tous les dix ou quinze ans, ça se discute ?

Rappelons aussi qu'en France, « Au titre de la sécurité sanitaire de l’alimentation, un établissement de restauration est donc contrôlé en moyenne tous les quinze ans par les services de l’État. » Source rapport de la Cour des comptes, février 2019.

Par ailleurs, la CLCV ne semble pas faire cas du Déclin inquiétant des contrôles des aliments en Europe, selon le BEUC.
Ce dispositif permet aux consommateurs d’accéder aux résultats des contrôles sanitaires selon 4 niveaux d’hygiène. Près de 3 ans après sa mise en place, nous avons évalué le dispositif et analysé les résultats des contrôles d’hygiène effectués.

De bons résultats au global mais des établissements et des régions mauvais élèves  

Environ 94% des établissements obtiennent des notes satisfaisantes ou très satisfaisantes mais certains types d’établissements et des régions ont des progrès à faire. Il s’agit par exemple des boulangeries/pâtisseries (18% à améliorer) et des métiers de bouche (7.5% à améliorer). Quant aux régions, les DOM-TOM, le Centre-Val-de-Loire et la Bourgogne-Franche-Comté font partie des régions « mauvais élèves » (entre 9 et 14% « à améliorer »).

Des contrôles en hausse mais concentrés sur certaines régions  

Entre le 12 décembre 2018 et le 10 décembre 2019, 41 779 contrôles ont été effectués, soit une augmentation de 3,7% par rapport à notre étude de 2018. Mais cette augmentation s’est concentrée sur certaines régions : près de la moitié des contrôles (47%) ont eu lieu dans 3 régions (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine). Certaines régions pourtant touristiques comme la région PACA et la Corse ont vu leur nombre de contrôles diminuer. Plus d’un quart des contrôles ont été effectués en Île-de-France dont la grande majorité à Paris même (64%) alors que certains départements sont quasiment exclus de l’analyse ! 

Il est possible de suivre les évolutions de la démarche Alim'confiance en allant sur le site open data Alim'confiance ...
Parmi les demandes de la CLCV,
  • La mise en place de mesures correctives rapides par les professionnels concernés par les notes « à corriger » et « à améliorer » et d’un suivi de ces établissements par les autorités avec de nouveaux contrôles. 
  • Mieux organiser les contrôles et adapter leur nombre à la répartition des établissements sur le territoire, afin que certaines régions ne soient pas sur-représentées.
  • Augmenter le nombre de contrôles pour les types d’établissements pour lesquels les inspections sont peu nombreuses et/ou mauvaises et traitant notamment des denrées alimentaires sensibles.
  • Augmenter les contrôles pour les établissements suivants boulangeries/pâtisseries/chocolateries/glaciers ; rayons pain/viennoiserie/pâtisserie ; boucherie/charcuterie et commerces généralistes. 
  • Les résultats restent disponibles après un an pour que les consommateurs puissent évaluer les évolutions.
  • L’affichette de contrôle dans les établissements obligatoire et bien visible des consommateurs.
Enquête intéressante mais qui aurait due être corrélée avec les résultats relativement précis des opérations alimentation vacances et fêtes de fin d'année des années correspondantes ...

L'analyse complète des résultats des contrôles Hygiène Alim'confiance de la CLCV est ici.

Enfin la CLCV ne demande pas à ce que la DGCCRF puisse enfin contribuer au dispositif Alim'Confiance, comme l'avait demandé la Cour des comptes ...

On lira les épisodes de la saga Alim'confiance sur ce blog ici.

vendredi 7 février 2020

Saga Alim'confiance : Une fiction en France mais aussi en Guadeloupe


Le ministère de l'agriculture nous propose une fiction le 6 février 2020 « Comment est garantie la sécurité sanitaire en France ? Du contrôle à Alim'confiance, illustration du dispositif en Guadeloupe »
Le site Alim’confiance répertorie les résultats des contrôles sanitaires effectués par l’administration dans le secteur alimentaire. Annie-Claude Tabar, inspectrice en sécurité sanitaire des aliments à la Direction de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt de Guadeloupe, présente sa mission en vidéo.

On apprend ainsi,
En métropole tout comme dans les Départements et régions d'outre-mer, de nombreux contrôles officiels ont lieu pour assurer la sécurité sanitaire. Ces contrôles se déroulent dans les établissements de la chaîne alimentaire (restaurants, commerces de bouche, restauration collective...) en deux temps :
  • un contrôle documentaire ;
  • un contrôle physique.
Lors de cette dernière phase, l'inspecteur vérifie notamment que le personnel de l'établissement suit les règles d'hygiène ainsi que les locaux.
Les résultats de l'inspection sont ensuite disponibles sur Alim'confiance. Lancé en mars 2017, ce site internet et cette application mobile permettent de les consulter librement.


Par ailleurs, sauf erreur de ma part, il n'y a aucune entreprise ou restaurant référencé en provenance de Guadeloupe sur le site Alim'confiance … à la date de l'écriture de cet article.

Rappelons qu'au bout d'un an, le nom des entreprises ou restaurants, etc. disparaît d'Alim'confiance … étrange système !

Malheureusement, à la date du 7 février 2020, ce ne sont pas « Plus de 40 000 résultats d'inspection ont été rendus public ... » que nous avons, mais seulement autour de 30 000 !

Vous pouvez vérifier en additionnant les données ci-dessous sur cette capture d'écran … et nous n'obtenons que 30 404 résultats très loin des plus de 40 000 résultats…, étonnant, non ?

mercredi 5 février 2020

Saga Alim'confiance : Quand le niveau 'acceptable' d'un restaurant devient 'satisfaisant'

Un internaute intervenant dans le secteur de la restauration commerciale me narre cette belle histoire …

Il rapporte, tout comme l'a fait l'association de consommateurs, la CLCV, que sur le site Alim'confiance, « il y a de nombreux résultats satisfaisants. En réalité les chiffres sont truqués à la base. Les inspecteurs ne mettent pas la note réelle dans de nombreux cas. »

La CLCV notait qu'« Environ 94% des établissements obtiennent des notes satisfaisantes ou très satisfaisantes mais certains types d’établissements et des régions ont des progrès à faire. » Voir aussi l'article du blog à ce sujet, Saga Alim'confiance : Desrésultats en demi-teinte, selon l'association de consommateurs CLCV.

Cet internaute me signale que « Par ailleurs, les divergences d'interprétations et les écarts sont très importants avec nos évaluations COFRAC selon NF V01-015»

Il arrive même que de la part de certains inspecteurs communaux il y ait des faussetés ou des inexactitudes que nous avons constatées.

Ainsi, « Dans cette capture d'écran vous voyez par exemple qu'un établissement noté « ACCEPTABLE » se voit quand même attribuer la note « SATISFAISANT ». Personnellement je ne trouve pas çà très honnête vis à vis du consommateur.
Il me semble que le terme « ACCEPTABLE » signifie dans la terminologie Alim'confiance, Niveau d'hygiène améliorer ...
Niveau d'hygiène à améliorer : établissements dont l'exploitant a été mis en demeure de procéder à des mesures correctives dans un délai fixé par l'autorité administrative et qui conduit à un nouveau contrôle des services de l’État pour vérifier la mise en place de ces mesures correctives.

En effet, ce restaurant a eu cinq observations entraînant « des actions correctives nécessaires à une mise en conformité au titre de la réglementation en vigueur. »

Le niveau d'hygiène satisfaisant correspond à des établissements présentant des non-conformités qui ne justifient pas l’adoption de mesures de police administrative mais auxquels l’autorité administrative adresse un courrier de rappel de la réglementation en vue d’une amélioration des pratiques.

Cela étant précisé voici le procès-verbal d'un restaurant commercial qui se voit attribuer la note « ACCEPTABLE », puis au bout d'un délai réglementaire « SATISFAISANT » …

Joli tour de passe-passe ...

jeudi 29 novembre 2018

Saga de la non-transparence du ministère de l’agriculture : À propos du bilan du plan de contrôle renforcé des établissements fabriquant ou conditionnant des poudres de lait infantile


Un précédent article rapportait la non-transparence de nos autorités sanitaires dans Rappels des produits alimentaires, toujours une absence de transparence à tous les niveaux, et c’est tellement vrai que j’ai décidé d’en faire une saga …

Cette saga va commencer avec la publication par le ministère de l’agriculture le 12 novembre 2018 du « Bilan du plan de contrôle renforcé des établissements fabriquant ou conditionnant des poudres de lait infantile ».

Ce bilan s’inscrit dans la suite logique de la crise Lactalis, souvenez-vous des manchettes des médias en janvier 2018 (1, 2, 3 et 4), et fin août, la rédaction un rapport rédigé par une commission d’enquête … et enfin, depuis plus rien, as usual

On va donc voir ce que l’on va voir … même si aujourd’hui, tout cela ne semble plus intéresser grand monde, mais est-ce bien d’un « bilan du plan de contrôle renforcé » dont il s’agit ?

Les mots ont quand même un sens, mais là, il n’y a que quelques lignes, très décevant donc, … jugez plutôt …

Parmi les 110 établissements agréés pour la déshydratation de lait, 41 établissements manipulaient des poudres infantiles. Ces établissements ont été inspectés par les agents des directions départementales en charge de la protection des populations, qui en plus de la vérification des locaux et équipements, ont procédé à un examen documentaire des résultats d’autocontrôle mis en œuvre par les professionnels.

Donc pas de prélèvements réalisés

A l’issue de ces inspections, le niveau de maîtrise des risques sanitaires de ces établissements a été évalué par les inspecteurs et mis en transparence sur le site internet et l’application mobile Alim'confiance. Parmi ces établissements, 32 ont un niveau sanitaire satisfaisant ou très satisfaisant.

Un établissement a fait l’objet d’une suspension d’activité par les services de l’État, car les manquements relevés y étaient importants. Cet établissement ne pourra reprendre son activité que lorsque toutes les garanties de maîtrise des risques seront apportées aux services de contrôle. Il est à noter que cet établissement ne produisait pas de poudres infantiles lors de l'inspection ayant conduit à sa fermeture administrative.

Enfin, huit établissements ont été mis en demeure de procéder à des mesures correctives dans un délai imparti par les services d’inspection. Ces mesures ont concerné par exemple des adaptations de locaux, le renforcement de procédures de nettoyage-désinfection ou encore un plus grand niveau d’exigence dans la réalisation des autocontrôles. Les entreprises concernées font l’objet d’un suivi renforcé. De nouvelles inspections inopinées par les services de l’État sont programmées pour vérifier d’une part, la mise en place des mesures correctives exigées et, d’autre part, l’amélioration et le maintien d’un niveau de maîtrise des risques satisfaisant.

Ce « bilan du plan renforcé » ne nous dit pas si les « huit établissements mis en demeure de procéder à des mesures correctives » avaient des salmonelles dans leur environnement de fabrication … ce sera certainement pour plus tard … si une commission d’enquête le demande …

La revue PROCESS Alimentaire du 5 février 2018 rapportait à propos de ce plan de contrôle renforcé, « Le recueil de ces paramètres technologiques contribuera à la préparation d’une saisine de l’Anses (qui sera publiée ultérieurement). Les inspections devront être finalisées au plus tard le 15 mai 2018. »
Les inspections ont peut-être étaient finalisées « au plus tard le 15 mai 2018 », mais elles n’ont été publiées que le 16 novembre 2018 !

Comme il ne faut fâcher personne, ce bilan demeure anonyme, aucune entreprise est citée … mais on sait que ce n’est pas le cas ailleurs …

Récemment, le 16 novembre et le  21 novembre 2018, la Food Standards Agency du Royaume-Uni rapportait :

Un abattoir du Yorkshire a été condamné à une amende pour manquement aux règles d'hygiène alimentaire. La société Yorkshire Abattoir Services Limited a été condamnée à payer plus de 34 400 £ (36 675 euros) après avoir été reconnue coupable d'infractions en matière d'hygiène alimentaire.

Une usine de découpe de viande de Birmingham condamnée à une amende de plus de 43 000 £ (48 222 euros) pour manquement à l'hygiène. Sandwell Foods Ltd, commercialisée sous le nom de Halal World, a été reconnue coupable de quatre infractions en matière d’hygiène des aliments.

Cela a le mérite d’être public, simple et clair … on sait à qui on a à faire …

Maintenant venons-en à cette transparence des résultats des inspections, dont on nous dit que « le niveau de maîtrise des risques sanitaires de ces établissements a été mis en transparence sur le site internet Alim'confiance ».

Comment faire pour retrouver les entreprises qui ont été inspectées sur le site Alim’confiance ?
Ce que l’on sait :
. 32 ont un niveau sanitaire satisfaisant ou très satisfaisant, soit 78% des établissements,
. huit établissements ont été mis en demeure de procéder à des mesures correctives dans un délai imparti par les services d’inspection et,
. un établissement a fait l’objet d’une suspension d’activité par les services de l’État
Pas facile d’avoir une liste …

Une première recherche des établissements concernés m’a amené à une « Liste des établissements agréés CE conformément au règlement (CE) n°853/2004 ». Ce règlement fixe des règles spécifiques d’hygiène applicables aux denrées alimentaires d’origine animale.

Malheureusement l’accès aux différentes listes des entreprises, dont on nous assure qu’il y a une mise à jour quotidienne, est refusé, souci de sécurité, me dit mon navigateur, même souci avec deux autres micro-ordinateurs essayés. La liste qui m’intéressait était : « Section IX. Lait cru, colostrum, produits laitiers et produits à base de colostrum ».

Je me rabats donc sur l’Instruction technique (DGAL/SDSSA/2018-71) du 29/01/2018, « Plan d'inspection des établissements fabriquant, mélangeant ou conditionnant des poudres de produits laitiers destinées à l'élaboration de denrées alimentaires pour bébés. »

Surprise, il n’y a pas « 110 établissements agréés pour la déshydratation de lait », comme indiqué dans le communiqué du ministère de l’agriculture précité, mais 98 figurant dans l’« Annexe : liste des établissements agréés au titre de leur activité de déshydratation du lait (Resytal, janvier 2018). » Pour en savoir un peu sur Resytal, on lira ce lien.

Une fois arrivé sur cette liste, il semble difficile de lister les « 41 établissements qui manipulaient de la poudre infantile », car cette information stricto sensu ne figure pas sur la liste … et quelques établissements pris au hasard faisant de la « poudre de lait » ne donnent aucun résultat après consultation du site d’Alim’confiance (recherche des établissements agroalimentaires)  

Ou bien, il me faut passer systématiquement tous les 98 établissements listés au crible du site Alim’confiance pour peut-être retrouver la liste des 44 établissements ayant fait l’objet du plan de contrôle renforcé, c’est dire si cela est simple et surtout transparent …

En conclusion,  retour à la case départ, dans attente d’une transparence qui ne ressemblera pas à la chasse audahu (attrape-nigauds) … à moins qu’une bonne âme (ça existe) me fournisse la marche à suivre …


Emission de télé ou téléfilm ou télé réalité ?

Dans le cadre de cet article sur le Bilan du plan de contrôle renforcé des établissements fabriquant ou conditionnant des poudres de lait infantile, il faut dire un mot de l'émission sur France 2, Cellule de crise, on pourrait croire par certains moments à un téléfilm, « Lait contaminé : au cœur de l'affaire Lactalis » a été diffusée le 27 novembre 2018 :

Alors que les Français sont de plus en plus méfiants face au contenu de leurs assiettes, l'enquête de « Cellule de crise » sur le lait infantile contaminé illustre comment l'agroalimentaire n'est toujours pas une industrie sous contrôle. Tout juste un an après la découverte de l'épidémie, les principaux acteurs de l'affaire Lactalis racontent les coulisses de la crise. Le 30 novembre 2017, les biologistes de l'Institut Pasteur identifient une épidémie de salmonellose. Les victimes sont des bébés, tous ont consommé des poudres de lait produites par le géant mondial Lactalis. C'est le début d'une crise alimentaire marquée par une spectaculaire et inquiétante série de dysfonctionnements : retards pour informer les parents, tergiversations pour identifier les lots potentiellement contaminés.

Se basant régulièrement sur des témoignages de parents, l’émotion est omniprésente et n’apporte rien à la gestion de crise de l’affaire Lactalis.

A aucun moment, il n’est expliqué ce qu’est une analyse microbiologique, c’est la base et c’est bien dommage, car l’analyse microbiologique ne donne pas toujours un résultat comme on aimerait que cela soit, ce n’est une analyse parfaite et elle comporte des biais inhérents à ce type d’analyses : la contamination sur un milieu sec pour les poudres de lait est hétérogène et il faut donc des volumes de prélèvements pour tenter de retrouver une contamination.

Ce que le consommateur aurait pu apprendre :

La sécurité des aliments est principalement assurée par une approche préventive (bonnes pratiques d’hygiène et application des principes de l’HACCP). Les critères microbiologiques donnent des références concernant l’acceptabilité des denrées et des procédés de fabrication mais pour des raisons liées par exemple à l’échantillonnage et la faible prévalence de certains dangers, les analyses microbiologiques ne peuvent jamais garantir la sécurité d’un produit analysé. Source Note de service de la DGAL (DGAL/SDSSA/N2006-8048) de février 2006 à propos des critères microbiologiques applicables aux aliments.

Pas un mot sur le « Bilan du plan de contrôle renforcé des établissements fabriquant ou conditionnant des poudres de lait infantile » publié par le ministère de l’agriculture et qui montre que l’absence de transparence prévaut toujours …

Le seul point vraiment utile et qui aurait pu être creusé, ce sont les contradictions flagrantes des deux ministres, ministre de l’agriculture et ministre des finances, lors des auditions de la Commission d’enquête chargée de tirer les enseignements de l’affaire Lactalis et d’étudier à cet effet les dysfonctionnements des systèmes de contrôle et d’information, de la production à la distribution, et l’effectivité des décisions publiques, Tome II :

Ministre de l’agriculture :
Or ces analyses, très nombreuses, comme vous pouvez le constater, ne comprennent pas le lait infantile, dont le contrôle relève de la DGCCRF. Vous me permettrez par conséquent de ne pas répondre à la place du ministère de l’économie et des finances, tutelle de la DGCCRF, puisque vous aurez tout loisir d’interroger mon collègue Bruno Le Maire sur le sujet.

Ministre de l’économie et des finances :
Les compétences sur la salmonelle sont du ressort de la DGAL et des services vétérinaires et pas de la DGCCRF.

Notons que cette intervention du ministre de l’économie et des finances ne se trouve pas dans le compte-rendu des auditions, mais uniquement dans les vidéos des auditions !

Notons aussi que comme dans une série américaine, tout un chacun s'est félicité des propositions du rapport de la commission d'enquête, sans se poser la question de savoir quelle mesure précise sera effectivement être mise en place dans la réalité, personnellement j'ai des doutes sur son effectivité.

Des exemples après l’affaire Lactalis auraient pu être pris pour montrer que malgré le rapport « poudre aux yeux » de la Commission d’enquête, rien n’a changé, as usual …

Enfin, le dernier intervenant de l’émission est une personne de Food Watch, ONG qui ne représente qu’elle-même, et qui a surtout servi de caisse de résonance médiatique (faire le buzz correspond plus à la réalité) sur la souffrance des parents, mais aussi en tapant sur les autorités, les distributeurs, les pharmacies, Lactalis, etc., dans le but de se faire connaître du public français …
France 2 a donc ainsi servi de caution et de tremplin à cette ONG, dont j’avais déjà dit en mai 2014, « foodwatch arrive en France : Non, merci ! », je n’ai pas changé d’avis …

Pour information :

Il y a eu en France à la fin de la semaine 47 de 2018, 304 avis de rappel de produits alimentaires versus 192 avis de rappel pour toute l’année 2017, soit 36,9 % de plus … là aussi la transparence serait de mise, mais quand …
Sur ce sujet, on lira aussi La folie des rappels de produits, « 2018, l'année de tous les records ? », ce n’est pas, l’année de tous les records, c’est une explosion …

Au niveau du RASFF de l’UE, à la fin de la semaine 47 de 2018, pour les produits alimentaires d’origine France, il y a eu 202 avis de rappel de produits alimentaires versus 133 notifications pour toute l’année 2017, soit 34,2 % de plus… un peu moins que le chiffre des produits alimentaires rappelés en France…