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vendredi 15 décembre 2023

2023 : Top 10 de la sécurité des aliments en France

Le blog reprend pour cette année le Top 10 de la sécurité des aliments en France, délaissé depuis 2019. Réalisé sans concertation et totalement subjectif, ce Top 10 entend être néanmoins un reflet de la situation de la sécurité des aliments en France.

1. Le préfet du Val-d'Oise, «la légende du contrôle sanitaire»
Le préfet du 95 a bien mérité haut la main de figurer en tête dans ce top 10 de la sécurité des aliments en France avec un nombre très impressionnant de contrôles sanitaires et de fermetures administratives. Un arbre qui cache le vide dans les autres départements à l’exception de la Seine-Saint-Denis, un peu trop timoré et du Gard en pleine renaissance …
Cette stratégie d’affichage sur les réseaux sociaux est revendiquée par Philippe Court, le préfet du Val-d’Oise. «C’est un enjeu de santé publique, c’est un sujet qui est au cœur des préoccupations quotidiennes de nos concitoyens», soulignait-il la semaine passée, lors d’une présentation du bilan de ces contrôles sanitaires. En 2023, plus de 80 établissements ont fait l’objet d’une fermeture administrative dans le Val d'Oise, qui dit mieux ?

2. Botulisme à Bordeaux
Tout ceci est entre les mains de la justice, mais tout de même 15 cas dont 1 décès à Bordeaux. Cette épidémie a eu un retentissement international important à cette épidémie en raison de la Coupe du monde de Rugby.
Cette épidémie à eu une portée internationale importante, chaque organisme ou agence sanitaire a publié un article à ce sujet de l'Institut Pasteur à l'OMS et bien d'autres ...

3. Intoxication alimentaire collective en France
Ce ne sont pas hélas les cas qui manquent, EHPAD de Pleine-Fougères (40 cas dont 4 décès), CPAM du Morbihan (370 cas), 120 élèves à la cantine de Mondeville, un restaurant du le Val d’Oise et ses 35 cas d’intoxication alimentaire, etc., bref, les toxi-infections alimentaires collectives se portent bien en France, malgré la mention ‘suspicion’ régulièrement mise en avant par nos autorités ...
Cette augmentation était déjà actée en 2022, voir l'article du blog à ce sujet.

4. Agribashing en France
Il n’a pas eu que la non-dissolution du ‘Mouvement des Soulèvements de la Terre’, mais des actions éco-terroristes, un peu partout en France chez nos agriculteurs et éleveurs qui nous nourrissent. Il est vrai qu’en France, avec notre justice et notre administration, «on marche sur la tête» ...

5. Rappels de produits alimentaires
Il n’y a que la myopie du ministère de l’Agriculture pour dire, «Cette visibilité accrue des alertes alimentaires peut laisser penser qu’elles sont plus nombreuses, or ce n’est pas le cas». On devrait avoir autour de 1 890 rappels en 2023, un peu moins qu’en 2022 (2 441), mais toujours beaucoup trop !.
RappelConso, une application qui a changé les choses en matière de rappel de produits alimentaires, c'est notable, mais le site travaille peu le week-end et pas du tout les jours fériés. Des retards sont à mettre au crédit de cette application, voire des retards et des oublis, le blog les signale très régulièrement. A noter que pour des raisons étranges, la DGCCRF ne publie plus les alertes de rappels de produits sur X (ex Twitter). Je crois savoir que c‘est par manque d’argent ou de personnel, ou bien les deux ...

6. Pathogènes alimentaires
Listeria monocytogenes semble être largement en tête des causes de rappel de produits alimentaires en France. Salmonella serait en seconde position, et en France comme Europe, il semble persister, un foyer épidémique à Salmonella Enteritidis dans plusieurs pays lié à de la viande de poulet et des produits à base de viande de poulet (kebab). Voir le complément en bas de page.

7. Glyphosate
Le renouvellement du glyphosate a eu lieu, et il faut s’en féliciter.
Parmi tous les articles proposés par le blog, il y a Glyphosate : Le mensonge institutionnalisé par Gérard Kafadaroff. La position de la France sur ce dossier a manqué, hélas, de courage et s’apparente à l’Absurdisthan.

8. Nestlé Buitoni
Après le scandale Buitoni, Nestlé se déleste de ses pizzas surgelées en Europe, et l’une des conséquences est qu’il n’y aura plus de pizzas Buitoni fabriquées sur le site de Caudry (Nord). Gâchi humain avec 59 cas de SHU pédiatriques, gâchi en termes de gestion, bref la fin avec la fermeture de l’usine est assez pitoyable … 
Nestlé a même été exclu en tant que sponsor du prochain congrès européen sur l'obésité. Cette épidémie et ce fiasco resteront un cas d’école.

9. RASFF
Le réseau d'alerte rapide, sensé être rapide, n’en a plus de que le nom. La France se distingue car cette année encore le nombre de notifications au RASFF de l’UE pour les produits d’origine France a augmenté. 
Par ailleurs, tous les rappels à l’étranger pour les produits d’origine France ne font pas l’objet d’une notification. Au moment d’écrire ce top 10, signalons qu’il y a 233 notifications en 2023 versus 222 en 2022. Comme pour les rappels, on va sans doute nous dire, «Cette visibilité accrue des alertes alimentaires peut laisser penser qu’elles sont plus nombreuses, or ce n’est pas le cas».
Enfin, nos autorités nous racontent qu’il existe un partage d’informations entre États membres de l’Union européenne, le blog montre souvent le contraire ...

10. Police sanitaire unique
La police sanitaire unique semble effective depuis le 1er janvier 2023 ; elle regroupe l’ensemble des compétences en sécurité des aliments au sein ministère l’agriculture.
Qu’il y ait ou non une police sanitaire unique, ce qui est souhaité, c’est qu’au plus vite, on atteigne le chiffre de 100 000 inspections en 2024, c’est loin d’être gagné, alors que la Belgique, notre voisin, a atteint ce chiffre en 2022.
La sécurité des aliments vue par le prisme des contrôles ou inspections est un constant défi, songez qu’en 2012, il y avait 86 239 inspections, et on a cassé ce dispositif, pour aujourd’hui, sous nos yeux le reconstruire péniblement.
L’«objectif est une augmentation de 10% des contrôles dès 2024», mais en même temps on nous dit «Ce dispositif, effectif à partir du 1er janvier 2024, vise à augmenter, dès 2024, de 80% le nombre d’inspections en remise directe soit un total de 100 000 contrôles par an.» Hum, Hum, qu'est-ce que cela peut vouloir dire ? Un exemple du «en même temps» ...

Commentaire
C'est à noter, l'Anses n'est pas présente dans le Top 10, la sécurité des aliments n'est qu'une des trop nombreuses priorités de l'agence, dommage, j'aimais bien quand elle ne s'occupait que de sécurité des aliments.

Complément du 17 décembre 2023
Selon ce RappelConso, il y a eu, à ce jour, 99 avis de rappel de fromages pour cause de présence de STEC et 653 avis de rappels (tous produits confondus) pour cause de présence de Listeria monocytogenes ...

vendredi 21 octobre 2022

Possible intoxication alimentaire dans un collège de Bordeaux

«Bordeaux : des collégiens pris de vomissements après le repas d’Halloween à la cantine», source Sud Ouest.  

De nombreux élèves sont rentrés chez eux après l’incident.

Une partie des demi-pensionnaires du collège Aliénor-d’Aquitaine s’est sentie mal après le déjeuner, ce jeudi 20 octobre. L’établissement évoque une possible intoxication. Des élèves pointent la purée de citrouille. Les parents veulent comprendre

Le collège Aliénor-d’Aquitaine a été la scène d’un malaise collectif ce jeudi 20 octobre. Une trentaine de minutes après le premier service de 11h30 à la cantine, une quarantaine d’élèves se sont plaints. «Certains ont été pris de vomissements assez forts, de crampes abdominales, de frissons, ou les trois à la fois», décrit un élu de la Fédération des conseils de parents d’élèves… le reste de l’article est réservé aux abonnés ... à suivre ...

L’Anses nous avait informé dans «Attention aux courges amères», mais est-ce le cas dans ce collège ?

A l’approche d’Halloween et en pleine saison des citrouilles, potirons, potimarrons, pâtissons et autres cucurbitacées qui égaient les recettes d’automne, il est important de rappeler que toutes les «courges» ne sont pas comestibles. Certaines courges amères peuvent être à l’origine d’intoxication alimentaire parfois grave.

Ce collège n’a pas de chance car une semaine avant de cet incident alimentaire, «Trente-quatre personnes du collège Aliénor d’Aquitaine à Martignas-sur-Jalle ont été légèrement intoxiqués ce mercredi 13 octobre annonce la préfecture de la Gironde.»

jeudi 21 octobre 2021

Aliments contaminés par l’oxyde d’éthylène : quelle est la réalité des risques ?

Dira-t’on un jour, tout ça pour ça ?
Cela y ressemble fortement !
13 424 produits (références et lots) ont été rappelés depuis plus d’un an en France, selon la DGCCRF, et surtout en lisant l’article du Pr Narbonne, ci-dessous, ces questions nous viennent à l’esprit, tout cela aurait-il pû ou dû être évité ?

Il ne s’agit donc pas d’une crise sanitaire pouvant affecter les consommateurs mais simplement d’un problème de conformité réglementaire d’utilisation d’un procédé non autorisé en Europe qui doit se réglé par des mesures administratives au niveau des importations. De plus les évaluations des risques sanitaires ne doivent pas se faire selon la réglementation actuelle qui n’est pas adaptée au cas particulier du traitement des denrées sèches par l’ETO. 

«Aliments contaminés par l’oxyde d’éthylène : quelle est la réalité des risques ?» est un article écrit par Jean François Narbonne. Docteur ès Sciences (Toxicologie), Professeur honoraire de l’Université de Bordeaux, ancien Directeur du groupe de Toxicologie de l’UMR CNRS 5255, Ancien expert auprès de l’ANSES, du Conseil de l’Europe et de l’UNEP/OMS.

Le blog reproduit plusieurs éléments de cet article paru sur le site de l’Association Toxicologie-Chimie. Je remercie un lecteur attentif du blog de m’avoir signalé cet article. Tous les liens de l’article ci-dessous sont de mon fait.

En allant sur ce lien, vous pourrez lire plusieurs autres articless sur l’oxyde d’éthylène.

1. L’alerte

A la fin du mois d’aout 2020, la Belgique puis l’Allemagne ont effectué un signalement auprès du réseau d’alerte rapide européen pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) sur la présence d’oxyde d’éthylène (ETO) dans des graines de sésame. Des analyses complémentaires réalisées au mois d’octobre ont montré une contamination étendue des graines de sésame, en particulier celles provenant d’Inde. Les concentrations étaient généralement de l’ordre de 0,5 à 10 mg/kg. Les signalements de contaminations concernent au moins de 3 000 tonnes de sésame sur les 60 000 tonnes de graines de sésame importées d’Inde chaque année par l’UE, dont la moitié sont bio. Ces signalements ont déclenché une cascade de rappel de produits tels que : farines, fromage, graines, houmous et tartinables, plats préparés, pains, purées de sésame, céréales, burgers, confiseries, épices, biscottes. Depuis plusieurs années, les produits en provenance d’Inde font l’objet de demandes pressantes de la Commission européenne en matière d’hygiène. En cause, des contaminations par des salmonelles, des résidus de matières non sensés se trouver dans les graines, etc. mis en évidence dans les 5 ou 6 dernières années. L’UE a donc fait pression pour que l’Inde respecte mieux les exigences sanitaires. Les opérateurs locaux ont alors vraisemblablement eu recours au traitement par l'ETO qui a également été détecté dans des graines de sésame en provenance de Bolivie et d'Ethiopie, ainsi que dans des épices et aromates de Turquie, de Tanzanie, du Sri Lanka, d'lndonésie, d'Egypte, du Maroc et des Pays-Bas. Les conséquences médiatiques dans un contexte de pandémie mondiale ont suscité des craintes irraisonnées chez les consommateurs : «Alimentation, présence d’un pesticide : 7000 références retirées des rayons» ; «Sésame contaminé : Pourquoi le bio est touché». Pour comprendre cette crise il faut connaître les données scientifiques et techniques du problème.

2. Les traitements de désinfection

Les techniques classiques de décontamination des denrées alimentaires par la chaleur ont leurs limites puisque certains germes présentent une résistance au système de stérilisation classique. Leur élimination nécessite l'utilisation de conditions spéciales (chauffage à 120°C, hautes pressions) car les spores résistent par la synthèse d'une protéine qui leur permettent de survivre dans une eau bouillante. Du fait de la sensibilité des poudres alimentaires à la chaleur, les procédés de décontamination athermiques chimiques (fumigations) et physiques (irradiation, UV, hautes pressions, lumière pulsée...) semblent plus appropriés car ils permettent d’éviter les dégradations thermiques des qualités organoleptiques et des propriétés nutritionnelles. Très longtemps utilisée, la fumigation consiste à appliquer, sur les poudres, des gaz tels que l’oxyde d’éthylène, l’oxyde de propylène, le phosphure d’hydrogène et le bromure de méthyle qui sont des composés engendrant des réactions d’alkylation et provoquant ainsi la destruction ou l’inactivation des micro-organismes. Utilisée jusqu’en 1980, la fumigation des poudres alimentaires présentait de nombreux inconvénients, notamment la production de composés nouveaux (néoformés), ayant une toxicité inférieure à celle des agents primaires (éthylène glycol, chloro-2 éthanol, épichlorhydrine...).

3. Oxyde d’éthylène et 2-chloroéthanol – Informations générales

Il s’agit d’un gaz produit par oxydation de l’éthylène, de façon naturelle par la flore microbienne, soit de façon industrielle par catalyse en présence d’argent. Ce gaz sert à la synthèse de composés comme l’éthylène glycol, certains gaz propulseurs, additifs de carburants, formulations de pesticides, matières plastiques. Il est ou a été utilisé dans la synthèse ou comme intermédiaire de synthèse de nombreux produits …. L’oxyde d’éthylène (ETO) a été utilisé comme agent de stérilisation de matériel médical et comme insecticide pendant une quarantaine d’années. Cet usage est maintenant interdit dans l’UE. Comme fumigant, il reste en usage dans différents pays hors UE pour son rôle de biocide dans le stockage des denrées, essentiellement des farines, des amendes, des fruits secs et des confiseries en Europe et aux Etats-Unis. L’ETO est aussi utilisé pour la stérilisation et comme traitement antifongique et antibactérien dans certains produits comme les épices, la poudre de curry et des noix de coco déshydratées. La stérilisation nécessite des doses plus élevées que les traitements insecticides mais concerne des aliments peu consommés en quantité. Techniquement, l’ETO est utilisé en mélange avec du CO2 dans des installations dédiées et sécurisées. Le principal produit de dégradation de l’ETO est le 2-chloroéthanol (2-CE) ou éthylène chlorohydrine, qui se forme quand l’ETO réagit avec le chlore (Na Cl) qui se trouve dans les matrices alimentaires traitées.

4. Problème du cadre législatif et réglementaire

Si l’ETO est un puissant toxique pour les travailleurs exposés, la toxicité pour les produits traités doit être considérée sous un aspect très différent. Dans le cas de stérilisation de matériel médical par exemple, l’exposition du consommateur peut venir d’un certain relargage au moment de l’utilisation, d’ETO adsorbé sur les matériaux plus ou moins poreux (en plastique par exemple). Ceci peut en particulier concerner du matériel jetable à usage unique, conservé sous emballage étanche et qui pourrait induire une courte exposition au moment de l’ouverture pour utilisation. Dans le cas de stérilisation de produits alimentaires secs, comme des graines ou des épices, le problème est différent car si le but est aussi d’éliminer de graves dangers biologiques (bactéries et virus) fréquents dans les pays producteurs (Inde Pakistan, Egypte, Afrique…), l’ETO a pu être faiblement adsorbé sur les matrices. Cependant ayant un point d’ébullition de 10,4°C, l’ETO s’évapore au cours des phases de stockage, de dilution et de chauffage éventuels dans le cadre des processus de fabrication des produits finis. Ainsi on ne détecte plus d’ETO dans les produits bruts traités ou dans les produits finis mais on trouve le produit néoformé, le 2-CE, dont la toxicité n’a plus rien à voir avec celle de l’ETO. Si on veut trouver une comparaison pertinente, on peut se référer au traitement de stérilisation des denrées par ionisation. Dans ce cas l’agent biocide est le radical hydroxy OH., généré par radiolyse de l’eau présente dans la matrice. Cette entité extrêmement réactive de l’oxygène, est aussi hautement cancérigène par réaction avec l’ADN des cellules vivantes (donc aussi pour les opérateurs non protégés). Dans les matrices alimentaires ce radical induit la formation de composés néoformés issus essentiellement de la radiolyse des lipides (aldéhydes, oxycholestérol…) qui entrent dans l’évaluation des risques pour les consommateurs et dans l’estimation de la balance bénéfices /risques. Dans ce cas la toxicité propre du rayonnement ionisant n’entre pas en ligne de compte dans cette évaluation. Dans le cas du traitement par l’ETO, la forme active de l’oxygène est l’époxyde porté par l’éthylène qui du fait de sa réactivité sur les entités biologiques vivantes, a son effet biocide mais induit sur les matrices alimentaires «inertes» la formation du 2-CE qui est le composé néoformé majeur. On pourrait aussi faire un parallèle avec les traitements thermiques de pasteurisation ou stérilisation où on considère la toxicité éventuelle des composés néoformés ingérés par le consommateur (produits de Maillard, lipides oxydés, acrylamide, furanes…). Il semble donc que le cadre réglementaire lié au classement de l’ETO comme pesticide paraît à première vue, comme un peu décalé par rapport à un procédé de décontamination des denrées alimentaires. Pour comprendre ce décalage, il faut rappeler les contextes réglementaire et toxicologique.

4.1. Réglementation

D’un point de vue légal, les résidus d’ETO sont considérés comme des pesticides. En effet, la Directive 2009/128/CE a instauré un cadre communautaire d’action pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable. Les pesticides sont : *D’une part les produits phytopharmaceutiques au sens du règlement (CE) n°1107/2009 ; *D’autre part les produits biocides au sens du règlement (CE) 528/2012. -Les produits biocides sont destinés à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre de toute autre manière par une action autre qu’une simple action physique ou mécanique. Exemples : désinfectants, produits de protection, produits de lutte (insecticides, rodenticides), peintures antisalissure sur les bateaux, etc. -Les produits phytopharmaceutiques permettent de protéger les végétaux en détruisant ou éloignant les organismes nuisibles indésirables ou en exerçant une action sur les processus vitaux des végétaux. Exemples : insecticides, fongicides, herbicides, acaricides... Ainsi, les deux catégories de pesticides, biocides et produits phytopharmaceutiques, sont définies par leurs usages et non leurs formulations chimiques.

Dans le cadre du traitement de désinfection des denrées alimentaires, l’ETO est donc classée comme un biocide figurant sur la liste de l’ECHA comme TP2 (désinfectant). Cependant en Europe, l’utilisation pour la désinfection des denrées alimentaires n’est pas autorisée (ECHA, 2020). La réglementation pesticide (EC) No 396/2005 précise que les limites maximales applicables aux résidus de pesticides (LMR) présents dans ou sur les denrées alimentaires et les aliments pour animaux d’origine végétale et animale sont exprimées comme la somme de la matière active et de ses métabolites. Pour l’ETO la LMR concerne donc la somme ETO + son métabolite le 2-CE, exprimés en équivalent ETO. La LMR est de 0,02 mg/kg valeur de la LOQ (limite de quantification).

Si on prend la réglementation dans son expression, on voit qu’elle concerne les résidus présents «dans ou sur les denrées alimentaires». Or l’expérience issue des cas historiques de contamination par l’ETO (des milliers de dosages depuis le «début de la crise» en 2019) montre que dans les résultats analytiques exprimés en ETO + 2-CE, l’ETO est inférieur à la LOQ, la seule présence détectée est celle du 2-CE. Ceci s’explique très simplement par la volatilité de l’ETO à température ambiante et donc à son dégagement rapide au cours du stockage des denrées et de leur transformation, surtout si le process comporte une phase de chauffage du fait de son point d’ébullition de 10,4°C alors que celui du 2-CE est de 129°C. Dans le produit fini, seul le composé néoformé par réaction de l’ETO avec le Cl présent dans les matrices alimentaires est détectable. Ainsi la réglementation «pesticide» base l’évaluation des risques sanitaires sur une substance l’ETO, à laquelle le consommateur n’est pas exposé ! L’ évaluation des risques sanitaires devrait logiquement être basée sur le 2-CE, substance néoformée réellement présente.

La réglementation sur les biocides paraît pertinente quand le produit de traitement reste présent dans ou sur la denrée alimentaire, par-contre elle ne l’est plus quand le produit de traitement disparait rapidement et que ne persistent que les produits néoformés.

De même si la toxicité des métabolites est inconnue ou peu documentée, l’assimilation de leur toxicité à celle de la substance parente est pertinente (par précaution), elle n’est plus dans le cas inverse. Or il existe une réglementation qui tient compte de la disparition de la substance de traitement au cours d’un procédé : C’est celle qui différencie les auxiliaires technologiques des additifs. En effet leur définition précise que : «Les auxiliaires technologiques sont des substances, non consommées comme ingrédients alimentaires en soi, mais utilisées lors du traitement ou de la transformation de matières premières, de denrées alimentaires ou de leurs ingrédients afin de répondre à un objectif technologique donné». En fait la France est l'un des seuls pays européens à préciser les conditions d'évaluation, d'autorisation et d'utilisation de ces auxiliaires via le décret n° 2011-509 du 10 mai 2011 et l'arrêté du 7 mars 2011.

On voit donc que les autorités françaises sont capables d’adapter les règlements quand la législation européenne ne prend pas en compte des contextes spécifiques.
Cependant si un auxiliaire technologique «disparaît» au cours d’un traitement technologique il induit la formation de composés néoformés qui peuvent avoir leur propre toxicité. Dans ce cas, le cadre réglementaire le plus adapté est celui appliqué pour l’évaluation des effets des traitements technologiques sur les matrices alimentaires couvert par le règlement (CE) n°258/97 (catégorie 6/f) concernant les «nouveaux aliments ou novel foods». Il s’agit en effet les «aliments et ingrédients alimentaires auxquels a été appliqué un nouveau procédé de production qui n’est pas couramment utilisé, lorsque ce procédé entraîne dans la composition ou la structure des aliments ou des ingrédients alimentaires des modifications significatives de leur valeur nutritive, de leur métabolisme, ou de leur teneur en substances indésirables». Dans le cadre, de nouveaux procédés de décontamination (comme la lumière pulsée ou les hautes pressions), les questions instruites par les agences nationales sont les suivantes : - Evaluation de l'efficacité du traitement pour la décontamination de surface des produits ; - Evaluation de l’impact du procédé sur la qualité sanitaire et les caractéristiques nutritionnelles des produits.
C’est ce contexte réglementaire qui semble le plus approprié dans le cadre du traitement des aliments secs par l’ETO.(...)

Conclusion

Il ne s’agit donc pas d’une crise sanitaire pouvant affecter les consommateurs mais simplement d’un problème de conformité réglementaire d’utilisation d’un procédé non autorisé en Europe qui doit se réglé par des mesures administratives au niveau des importations. De plus les évaluations des risques sanitaires ne doivent pas se faire selon la réglementation actuelle qui n’est pas adaptée au cas particulier du traitement des denrées sèches par l’ETO. On a vu qu’en son temps, l’administration Française avait su adapter la réglementation au cas particulier des auxiliaires technologiques. La réglementation la plus pertinente est celle de l’évaluation des procédés technologiques introduite en 1997 dans le cadre de la directive «Novel Foods». On ne voit pas pourquoi les procédés plus anciens ne seraient pas évalués sur les mêmes critères.
Il est étonnant que devant un tel décalage entre la perception et la réalité des risques, les opérateurs des filières alimentaires, les assureurs des lourdes opérations de rappel, les experts des agences et des organismes de recherche, les journalistes spécialisés ou même les hommes politiques conscients, n’aient pas alertés les administrations en charge de l’application des règlements.

Aux lecteurs du blog
Grâce à la revue PROCESS Alimentaire, vous n'avez plus accès aux 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le lien suivanthttp://amgar.blog.processalimentaire.com/. Triste histoire de sous ...

lundi 24 octobre 2022

Choses lues sur la sécurité des aliments, selon le Seismo Info d'octobre 2022

Seismo Info, le célèbre couteau suisse de la sécurité des aliments de l'OSAV vous propose le Seismo d'octobre 2022 (10/2022). Certains des sujets ont été traités par le blog, voici donc seulement une sélection des éléments diffusés par Seismo. Par ailleurs, dorénavant, les informations de Seismo sont présentées par domaine : microbiologie, chimie, nutrition, fraude/tromperie et allergènes.

Microbiologie
Listeria monocytogenes : Listeria monocytogenes est fréquent dans le système alimentaire norvégien et est associé à une prévalence accrue de déterminants de survie au stress et de résistance. Food Safety Magazine, 1 page. (12.09.2022). Publication originale : AEM.

Salmonella Thompson résistant à plusieurs médicaments découvertes dans des produits à base de porc : des scientifiques ont caractérisé un isolat de Salmonella Thompson multirésistant aux médicaments provenant d’un produit à base de porc prêt à être consommé, vendu au détail en Chine. Cela semble indiquer que les produits prêts à consommer à base de porc venant de Chine constituent une source potentielle d’infection humaine par des S. Thompson co-résistants aux céphalosporines à spectre étendu et aux fluoroquinolones. Front. Micr, 11 pages. (15.09.2022).

Hépatite A de génotype IB d’origine inconnue : des clusters et des épidémies causés par le virus de l’hépatite A (VHA) de génotype IB avec quatre séquences de VHA uniques mais étroitement apparentées ont été signalés dans six pays de l’Union européenne (UE) et au Royaume-Uni (UK). Plus de 300 cas avec des souches de VHA identiques ou étroitement apparentées ont été identifiées. FSN 2 pages. (01.10.2022). Publication originale : ECDC.

STEC dans des falafels surgelés : présence possible de E. coli producteurs de shigatoxines dans des falafels aux États-Unis. Vingt cas, apparus entre le 24 juillet 2022 et le 19 septembre 2022, ont été signalés dans six États ; cinq personnes ont dû être hospitalisées et aucun décès n’est à déplorer. FDA, 1 page. (07.10.2022).

Foyer de cryptosporidiose associé à l’eau potable : en Italie, des enquêtes épidémiologiques ont permis d’associer un foyer de cryptosporidiose apparu en 2019 à l’eau potable. La caractérisation moléculaire a révélé que l’agent responsable était l’espèce zoonotique Cryptosporidium parvum. Un seul sous-type (IIdA25G1) a été trouvé parmi tous les cas ; il était également présent dans l’un des deux échantillons d’eau positifs. L’eau de la municipalité provenait d’une source dont le traitement désinfectant n’était pas suffisant pour inactiver le parasite. Eurosurveillance, 11 pages. (01.09.2022).

La crise du coût de la vie pourrait augmenter le risque d’intoxication alimentaire : un article explique pourquoi l’augmentation du coût de la vie, en particulier l’augmentation des coûts de l’énergie, pourrait entraîner une augmentation du risque d’intoxication alimentaire due à Listeria monocytogenes. The Conversation, 2 pages. (13.09.2022).

Œufs de Toxocara spp. sur des légumes «prêts à consommer» : une étude visant à enquêter sur la présence d’oeufs de Toxocara spp. dans des échantillons de légumes «prêts à consommer» (laitue, épinards, oignon de printemps et céleri) prélevés dans des jardins communautaires du sud de l’Angleterre a révélé pour la première fois la présence d’oeufs de Toxocara spp. sur des légumes cultivés au Royaume-Uni, ainsi que dans le sol d’où provenaient ces légumes. Elle met également en évidence les risques de biosécurité et de zoonoses dans les jardins communautaires. Food Wat. Parasitol, 7 pages. (06.2022).

Botulisme d’origine alimentaire dû à un produit à base de pommes de terre : au cours du mois de septembre 2019, les autorités de santé publique du Colorado ont été informées que quatre patients avaient été admis dans des hôpitaux voisins avec des signes cliniques correspondant à ceux du botulisme. Les quatre personnes avaient partagé un repas comprenant des pommes de terre sautées préparées vendues dans le commerce dans un emballage individuel sur lequel ne figurait aucune instruction de réfrigération. Foodb. Path. Dis, 6 pages. (23.09.2022).

Clostridium perfringens et systèmes d’exploitation laitière : C. perfringens isolés d’installation de production laitière d’élevages bovins, caprins et ovins, ont fait l’objet d’un dépistage phénotypique pour établir un profil de sensibilité aux antimicrobiens ; aussi, ils ont été soumis à un séquençage du génome entier dans le but d’élucider les marqueurs génétiques apparentés, ainsi que d’examiner les marqueurs génétiques de virulence, les éléments génétiques mobiles et d’autres caractéristiques. Des isolats de toxines de type A et de type D ont été identifiés, dont 20 nouveaux types de séquences. Int. J. Food Micr., 11 pages. (02.12.2022).

Clostridium botulinum dans le concentré de chai : une entreprise rappelle certaines bouteillles de mélange de concentré de chai en raison d’une transformation potentiellement insuffisante pouvant entraîner une contamination par Clostridium botulinum. FSN 2 pages. (30.09.2022).

Foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) : entre le mois de juin et le mois de septembre 2022, 788 détections de virus IAHP ont été signalées dans 16 pays de l’UE/EEE et au Royaume-Uni, dont 56 chez des volailles, 22 chez des oiseaux captifs et 710 chez des oiseaux sauvages. Des cas ont encore été détectés en septembre, ce qui indique que l’épidémie sévit manifestement toujours. Le risque de transmission aux êtres humains par exposition à des produits à base de volaille contaminés est considéré comme négligeable. EFSA, 2 pages. (03.10.2022).

Chimie
Microparticules de plastique dans les tissus hépatiques cirrhotiques chez l’être humain : des chercheurs du centre médical universitaire de Hambourg-Eppendorf ont prélevé des échantillons de foie, de rein et de rate. Des concentrations de microplastiques ont été détectées dans les six tissus hépatiques cirrhotiques. Ananova, 2 pages. (07.08.2022). Publication originale : eBiom.

Esters organophosphorés dans des produits alimentaires : une recherche britannique met en lumière la présence d’esters organophosphorés (OPE) dans les aliments. L’étude semble confirmer que l’ingestion d’aliments est une voie d’exposition humaine importante aux OPE au Royaume-Uni. Les concentrations les plus élevées ont été mesurées dans le lait et les produits laitiers, puis dans les céréales et les produits à base de céréales, tandis que les concentrations les plus faibles ont été observées dans les œufs de poule. FoodNavigator, 2 pages. (15.09.2022). Publication originale : SSRN.

Toxines d’intoxication diarrhéique par les fruits de mer et cancer colorectal : les fruits de mer peuvent accumuler des toxines d’intoxication diarrhéique (IDFM), qui peuvent provoquer une maladie gastro-intestinale. Les toxines IDFM favorisent l’apparition de tumeurs susceptibles d’accroître le risque de cancer colorectal. Malgré cela, la réglementation actuelle concernant le niveau de toxines IDFM dans la chair de mollusques est, selon un nouvel article, uniquement axée sur la réduction des symptômes gastro-intestinaux. Express, 1 page. (16.09.2022).

Mycotoxine dans les substituts de viande à base de soja : une étude visait à évaluer le risque lié à l’exposition aux mycotoxines résultant du remplacement de la viande par des produits analogues d’origine végétale, afin de démontrer la nécessité de disposer d’un cadre réglementaire approprié pour les mycotoxines dans les substituts de viande. ExpoHealth, 15 pages. (22.09.2022).

Les nanoplastiques dans la chaîne agroalimentaire : les nanoplastiques présents dans le sol contaminé peuvent être absorbés par les plantes. Selon une étude récente réalisée en Finlande, lorsque des insectes sont nourris avec ces plantes et qu’ils sont ensuite eux-mêmes mangés par des poissons, la consommation de ces poissons constitue potentiellement un risque pour la santé des êtres humains. FoodNavigator, 1 page. (13.09.2022). Publication originale : Nanotoday.

Sous-produits et résidus agricoles destinés à l’alimentation des animaux : en réorganisant les systèmes de production alimentaire afin de consacrer davantage de sous-produits et de résidus agricoles à l’alimentation des animaux, on libérerait suffisamment de matière pour nourrir environ un milliard de personnes sans qu’il soit nécessaire d’augmenter la production. Existe-t-il un risque d’introduire des dangers (par exemple, des mycotoxines, des résidus de pesticides, des micro-organismes) dans la chaîne alimentaire ? EurekAlert!, 2 pages. (19.09.2022). Publication originale : Nature Food.

Pesticides dans les pâtes de fruits : les pâtes de fruits peuvent contenir de fortes concentrations de pesticides, en raison de la pulvérisation de produits chimiques agricoles sur les fruits à partir desquels le cuir de fruit est fabriqué. Les quantités de résidus contenues dans le fruit frais varient considérablement en fonction des types de fruits. FSN , 1 page. (22.09.2022). Publication originale : EWG.

Des mycotoxines dans des aliments complémentaires pour nourrissons : une étude a évalué les profils de mycotoxines et d’autres contaminants présents dans des aliments complémentaires consommés par des nourrissons et de jeunes enfants nigérians au cours de leurs 18 premiers mois de vie. La dose journalière hypothétique estimée à l’aide d’une approche déterministe semble indiquer que les nourrissons et les jeunes enfants sont soumis à une exposition chronique aux aflatoxines entre le sixième et le 18e mois. Food Control, 10 pages. (02.2023).

Adjuvants des pesticides : les adjuvants sont des produits conçus pour renforcer l’efficacité ou les propriétés physiques des mélanges de pesticides à pulvériser. Appliqué sur plus de 10 millions acres par an, l’α-(p-nonylphényl)- ω-hydroxypoly(oxyéthylène) (APNOHO) a été identifié comme étant le pesticide le plus utilisé dans l’État de Californie. L’exposition à l’APNOHO est associée à des perturbations endocriniennes, à des anomalies congénitales et à une toxicité de l’eau. ehp , 7 pages. (03.08.2022). Publication originale : ehp, Infosperber.

Nutrition
Boissons végétales : les boissons végétales sont souvent commercialisées et utilisées par les consommateurs comme alternatives au lait de ruminants, et en particulier au lait de vache. Cependant, de nombreuses recherches ont établi que la composition nutritionnelle variait en fonction des produits et que ces derniers ne remplaçaient pas le lait du point de vue nutritionnel. FarmersWeekly, 2 pages. (12.09.2022). Publication originale : FrontNutr.

Substituts végétaux à la viande : les résultats d’une étude montrent que les substitus végétaux à la viande affaiblissent le système digestif gastro-intestinal des souris et qu’ils ne sont pas aussi bien digérés ni absorbés par l’organisme que la vraie viande. J. Agr. Food Chem, 1 page. (07.09.2022).

Fibres alimentaires et cancer du foie : selon de nouvelles recherches, la consommation de fibres alimentaires hautement raffinées peut accroître le risque de cancer du foie. EurekAlert, 2 pages. (26.09.2022). Publication originale : Gastroenterology.

Allergies
Rappels d’allergènes alimentaires : les rappels d’allergènes alimentaires émis par les organismes de réglementation alimentaire au Royaume-Uni de 2016 à 2021 ont été analysés par type d’aliments, groupe d’allergènes, raisons du rappel et date de péremption des aliments. C’est le lait qui a fait l’objet du plus grand nombre de rappels. Par ailleurs, la présence involontaire d’allergènes continue d’être mise en évidence dans les aliments déclarés «sans allergènes». Food Control, 11 pages. (02.2023).

Fraude / Tromperie
Résidus de médicaments dans de la viande étiquetée sans antibiotiques : des consommateurs ont intenté un recours collectif, auquel s’est jointe une organisation à but non lucratif, contre un détaillant de produits alimentaires pour publicité mensongère. L’accusation affirme que des antibiotiques ont été détectés dans du bœuf vendu comme «biologique » et « sans antibiotiques». Affidia, 1 page. (29.08.2022). Publication originale : FarmForward. Informations supplémentaires : Science.

Identification des cèpes de Bordeaux : dans le cadre d’une nouvelle étude, l’inspection visuelle a été combinée à une identification au moyen du code-barres ADN et à des analyses phylogénétiques, afin d’identifier avec précision les produits à base de cèpes de Bordeaux (Boletus edulis) vendus dans le commerce et destinés à la consommation humaine et d’évaluer leur qualité. Plusieurs produits industriels étiquetés B. edulis ne contenaient pas cette espèce, mais les espèces moins précieuses B. reticulatus, B. bainiugan ou B. meiweiniuganjun. Food Control, 7 pages. (02.2023)

mardi 1 novembre 2022

Articles les plus lus par les lecteurs du blog en octobre 2022

Je vous présente les 10 articles les plus lus au mois d'octobre 2022 par les lecteurs du blog.

Très bonne fréquentation du blog en octobre, des sujets variés ont retenu votre attention, comme celui sur l'avenir de la sécurité des aliments, qui termine en seconde position. A noter, trois ex aequo pour les places 9, 10 et 11.

Pour autant, c'est un article sur l'environnement qui est en première position, et sans doute, vous êtes-vous demandés, comment vont-ils faire pour taxer les pets et les rots des animaux ?

  1. En Nouvelle-Zélande, une police des pets de vaches ?
  2. Avenir de la sécurité sanitaire des aliments. Scénarios possibles pour les années 2022-2032, selon l'OSAV de Suisse
  3. Des nanoplastiques peuvent perturber les processus des cellules hépatiques et pulmonaires humaines lors d'expériences en laboratoire
  4. De la cuisson de la farine dans un four domestique
  5. Choses lues sur la sécurité des aliments, selon le Seismo Info d'octobre 2022
  6. Le partage des données sur la sécurité des aliments reste délicat, selon des experts
  7. Une étude révèle que la charcuterie est liée à plus de 90% des cas à Listeria aux États-Unis
  8. Possible intoxication alimentaire dans un collège de Bordeaux
  9. Belgique: Exercice de simulation européen d’épidémie alimentaire
  10. L'Espagne signale un record d'alertes alimentaires en 2021
  11. Étude de l'impact sur la santé publique de différents niveaux autorisés de Listeria monocytogenes dans des produits alimentaires 

mercredi 22 juin 2022

L’activisme politico-écologique menace l’agriculture française

«L’activisme politico-écologique menace l’agriculture française» [par Jean-Paul Pelras], source l’agri du 21 juin 2022.

Du saccage des retenues d’eau à celui de certaines productions, en passant par le déversement de trains acheminant des céréales, les visites nocturnes d’abattoirs ou celles d’élevages, les actions, souvent violentes et impunies, visant à dénoncer les pratiques agricoles ou celles de l’agro-industrie, se multiplient sur l’ensemble du territoire français depuis quelques années. Elles sont le fait d’activistes soutenus plus ou moins implicitement par des ONG environnementales, par un syndicat agricole en particulier, par certains partis politiques de gauche, mais aussi par une frange culturelle et intellectuelle impliquée, pêle-mêle, dans la lutte contre le réchauffement climatique, la protection animale, l’usage des pesticides ou encore la précarité. Nous avons affaire ici à des groupes ou à des obédiences qui veulent transmettre un message politique, la dimension économique échappant totalement à ces mouvements et à toute rationalité.

Casser, détruire, démolir, déconstruire et réfléchir après, si tant est qu’ils en soient capables et qu’il reste encore quelque chose à bâtir sur les ruines du saccage. Voilà à quoi pourrait ressembler, in fine, la profession de foi de ces contestataires tous azimuts qui veulent abolir le «modèle» existant sans avoir expérimenté, à l’échelle planétaire, la viabilité du suivant. Cocteau disait: «Les jeunes savent ce qu’ils ne veulent pas avant de savoir ce qu’ils veulent». Formule pouvant effectivement faire mouche, à condition qu’elle soit corrélée à un résultat. Car il n’y a, pour l’instant, aucune preuve, si ce n’est loin des champs et dans certaines théories pseudos-vertueuses, permettant d’affirmer qu’une alternative mondiale à l’agriculture conventionnelle parviendra à nourrir qualitativement, quantitativement et sans «élitisme alimentaire» 9 milliards d’individus à l’aune des années 2050.

Renverser la table de l’agro-industrie pour lui préférer celle de la permaculture, de l’agriculture bio, de l’agroécologie, de l’agriculture vivrière et autre traction animale, sous-entend le retour à des pratiques usitées par nos grands-parents et nos arrières grands-parents. Lesquels ont tout fait pour mécaniser leurs exploitations afin de limiter la pénibilité, adopter des techniques visant à améliorer la productivité, promouvoir un modèle capable de maintenir, voire de développer leur compétitivité. Productivité et compétitivité, deux mots bannis du vocabulaire écologiste qui prône une agriculture où seraient utilisés moins d’intrants. Ce qui induirait une diminution des volumes alors qu’il faudra les augmenter de 50 % si l’on veut, en 2050, fournir 2 700 kcal par jour à tous les habitants de la planète.

Crise ukrainienne oblige, le récent revirement de la Commission européenne, qui souhaitait davantage de verdissement en activant le programme Farm to Fork, apporte des éléments de réponses techniques et politiques non négligeables aux interrogations qui concernent notre autonomie alimentaire. Il n’est subitement plus question de réduire de 50 % l’usage des pesticides, de tripler les surfaces en bio, d’augmenter les jachères, mais au contraire de les abandonner, au moins temporairement, pour “élargir la capacité de production de l’Union”. Des demandes qui émanent des élus et, entre autres, des professionnels de l’agriculture, donc des premiers concernés.

Ceux qui croient savoir et ceux qui savent vraiment
Car ce qui différencie ceux qui idéalisent l’agriculture de ceux qui la pratiquent au quotidien, c’est l’expérience. Cette expérience, souvent transmise de génération en génération que ne détiennent ni les zadistes, ni les wokistes, ni les antispécistes, ni les écologistes militants du grand chambardement dicté, depuis des amphithéâtres climatisés, à l’abri du caprice des éléments, du yoyo des mercuriales, des attaques de ravageurs, de celles des gentils prédateurs, du travail à accomplir 365 jours par an, des lettres d’huissiers et des prêts à rembourser.

«Il faut changer de modèle» répondront certainement, sur un ton traditionnellement peu amène et à la lecture de ce propos, ceux qui n’ont jamais élevé une vache, taillé une vigne ou fait pousser le moindre poireau. Le fossé qui sépare les activistes écologistes du monde agricole conventionnel sera, à ce titre, de plus en plus difficile à combler. Car nous avons, d’un côté, ceux qui croient savoir et, de l’autre, ceux qui savent vraiment. Les premiers sont soutenus par des courants de pensées libertaires, idéologiques, politiques voire médiatiques. Les seconds sont confrontés aux obligations de résultats qu’imposent les bilans de fin de mois. Cette nuance ne supporte ni le fantasme, ni l’approximation, encore moins la nostalgie et l’illusion.

La paupérisation de certains secteurs d’activité agricole, les menaces qui pèsent sur notre souveraineté alimentaire, le découragement du monde paysan confronté à une stigmatisation permanente, doivent être perçus comme autant de signaux alarmants par ceux qui nous dirigent. Déléguer, par pure stratégie politicienne, quelques parcelles de pouvoir aux mouvements écologistes dont leurs représentants sont incapables de dépasser la barre des 5 % lors d’une élection présidentielle, relève d’un manque de discernement évident et d’une très dangereuse irresponsabilité. Cette irresponsabilité qui précipiterait, en seulement quelques années, le déclin irréversible de notre agriculture, mais aussi la dépendance de notre pays et de notre continent aux productions importées non contrôlées.

N’en déplaise à celles et ceux qui, bardés de certitudes politiquement correctes, n’ont jamais chaussé une paire de bottes ou tourné la clé d’un tracteur, nous sommes encore nombreux à vouloir croiser des vaches sur l’Aubrac et à vouloir vendanger nos vignes au pied des Pyrénées. En revanche, nous ne voulons pas que la France devienne, de Bordeaux à Lyon et de Lille à Perpignan, un vaste champ de genêts où «l’intelligence» d’une poignée d’inutiles aurait fini par avoir raison du bon sens paysan.

Aux lecteurs du blog
Je suis en conflit depuis plusieurs années avec la revue PROCESS Alimentaire pour une triste question d’argent qui permettrait de récupérer et de diffuser correctement les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire s’est comportée, continue de se comporter en censeur et refuse tout assouplissement pour la modique somme de 500 euros. N’ayant pas les moyens d’aller devant la justice, je leur fait ici de la publicité gratuite. Derrière cette revue, il y a une direction dégueulasse et un rédacteur en chef complice !