jeudi 30 novembre 2023

Le préfet du Val d'Oise, superstar des contrôles sanitaires et des fermetures administratives

Un article de presse donne un coup de projecteur sur l’action constante et déterminée du préfet du Val d’Oise, Philippe Court, dans la lutte pour la sécurité des aliments et l’accroissement des contrôles sanitaires. Une action quelque peu isolée dans un pays où hélas la sécurité des aliments sur le terrain manque d’effectifs en raison de coupes drastiques du passé, et si les intentions sont là, les augmentations des contrôles au niveau national peinent à démarrer ...

Voici donc, «Dans le Val-d’Oise, le préfet «tue le match» en affichant les restaurants insalubres sur les réseaux sociaux», source article de BFMTV du 30 novembre 2023.

Depuis début 2023, la préfecture du Val-d'Oise revendique la fermeture de plus de 80 établissements insalubres. Sur les réseaux sociaux, elle n'hésite pas à les afficher publiquement. Un mode d'action revendiqué par le préfet, dont la stratégie est saluée par les internautes, mais aussi les élus.

«Le chef préparait son service et donc sa mise en place», souffle Dimitri. Mais l'homme qui a poussé la porte ce jour de novembre, quelques heures avant l'ouverture, n'était pas un client pressé mais un agent de la Direction départementale de la protection des populations (Ddpp) venu contrôler l'établissement, un restaurant vietnamien situé à Enghien-les-Bains (Val-d'Oise).

Après avoir repéré plusieurs non-conformités au niveau de l'hygiène, comme l'absence de traçabilité de certaines denrées ou des traces de moisissure sur la purée de piments, l'agent a jugé que les conditions d'hygiène présentaient un risque pour le consommateur. Verdict: fermeture administrative. Et comme d'autres établissements, le restaurant où travaillait Dimitri s'est retrouvé sur le compte X (Ex-Twitter) de la préfecture, photos peu ragoûtantes à l'appui.

«Name and shame»

«Aujourd'hui la vitrine des commerces, ce sont les réseaux sociaux et c'est la raison pour laquelle nous indiquons les fermetures sur les réseaux sociaux et les raisons de la fermeture», a expliqué le préfet lors d'une conférence de presse organisée sur le sujet ce mercredi 29 novembre.

Alors, sur X et Facebook notamment, la préfecture publie régulièrement des messages annonçant ces fermetures. Entre le mois de mars et le mois de novembre 2023, 66 contenus liés à ces fermetures administratives ont été publiés sur le compte X du préfet.

A chaque fois, des photos prises par les agents lors des contrôles sont associées à ces publications. Clichés de produits périmés, locaux sales, déjections de nuisibles, poulets entiers entassés sans protection... Une communication, qui, selon le préfet, répond à «un changement des usages des consommateurs» car de plus en plus de repas se font en livraison au travers des plateformes désormais, plutôt que de la consommation sur place et à emporter.

«La force de l'image, c'est que ça tue le match», revendique le préfet
La préfecture n'hésite pas non plus à pratiquer le «name and shame» en affichant nommément les restaurants épinglés et même leurs adresses. Photo de Phillipe Court ci-contre.  

Une politique de communication assumée et justifiée. «C'est une version moderne de l’affichage obligatoire de fermeture administrative sur la devanture des restaurants», justifie-t-il.

Une pratique qui n'a pas manqué d'attirer l’œil de certains internautes. Car les publications en lien avec ces contrôles cartonnent. Certaines d'entre elles atteignent presque le million de vues.

Relayés en masse, ces posts ont érigé Philippe Court héros de la défense des consommateurs, au point de devenir un «mème».

Alors, lorsqu'un internaute partage la photo d'un plat jugé douteux ou qu'un compte professionnel annonce l'ouverture d'un restaurant, c'est le préfet qui est appelé à la rescousse -non sans humour- sur les réseaux. «Le préfet du 95 ne vous a pas assez fait de mal à ce que je vois», écrit un internaute en partageant une vidéo montrant un tacos composé... de hamburgers.

Une autre réclame même la création d'un biopic façon «Le Bureau des Légendes» sur la vie et l'action du préfet, une série «qui le suivrait en train de mener son combat contre les structures de restaurations insalubres».

Son omniprésence est tellement remarquée, que certains s'inquiètent lorsque les publications sur les restaurants insalubres viennent à manquer. «Le préfet du Val d'Oise ça date il n'a pas fermé un fast-food», remarque un autre utilisateur de X.

Des chiffres et «un enjeu de santé publique»

Mais derrière l'humour des internautes, les fermetures administratives conduites par la préfecture du Val-d'Oise ne sont pas qu'un effet d'annonce. La préfecture avance des chiffres : depuis le 1er janvier 2023, sur 546 contrôles effectués, 81 établissements ont dû fermer leurs portes, a-t-elle précisé ce mardi 29 novembre.

Ces fermetures ont concerné deux Ehpad, onze boulangeries, 53 restaurants, trois entreprises de fabrication ou de vendeur de produit à la ferme et un abattoir.

Pour la préfecture du département, ces contrôles émanent d'une volonté de «rétablir la confiance» et de «protéger les consommateurs». Selon Philippe Court, ces contrôles sont aussi des enjeux «de santé publique».

Le préfet prévoit même d'intensifier les contrôles en 2024. «Grâce à des moyens alloués par le ministère de l'Agriculture et à des bureaux de contrôle, l'objectif est de faire près de 1 600 contrôles», a-t-il affirmé. Soit trois fois plus qu'en 2023.

«Il fait enfin respecter la loi»

Depuis sa nomination, les actions du préfet sont appréciées par les maires. En particulier sur la politique de salubrité.

«C'est un préfet tout à fait exceptionnel, qui a à cœur de réduire toutes les déréglementations, notamment sur les restaurants insalubres ou les marchands de sommeil», vante Philippe Sueur, maire DVD d'Enghien-les-Bains.

L'édile, à la tête de sa commune depuis 1989, a vu passer des dizaines de préfets. «En toute franchise, je n'en ai jamais vu un aussi actif», martèle-t-il auprès de BFMTV.com.

À quelques dizaines de kilomètres d'Enghien-les-Bains, les sons de cloches sont identiques. «Je suis ravie d'avoir un préfet aussi dynamique et à l'écoute», lance Stéphanie Van Euw, maire Libres! de Pontoise. Si l'élue évoque les autres actions de Philippe Court, elle ne tarit pas d'éloge quant à la lutte contre l'insalubrité.

À la mairie de Pontoise comme à Enghien-les-Bains, un service est dédié au respect des règles d'hygiène et de la sécurité alimentaire. «Mais il n'a pas les mêmes pouvoirs que ceux de l’État», précisent les deux édiles. Alors, lorsque les agents municipaux qui y travaillent font remonter des problèmes, la préfecture est rapidement mise au courant. Un travail commun qui a évolué ces derniers mois.

Aujourd'hui, l'édile en est persuadée. «Avec Philippe Court, on peut dire que le couple maire-préfet est vraiment assuré.»

La Seine-Saint-Denis s'en inspire

Dans les départements limitrophes, cette communication inspire. C'est le cas en Seine-Saint-Denis. Si les contrôles y sont importants, l'accent n'avait pas été mis sur la communication.

Mais la donne a changé. «Au début de l'été, nous avons effectué un contrôle et notifié une fermeture administrative à un restaurateur. Mais cela s'est mal passé, alors le préfet nous a dit qu'il fallait communiquer», détaille la préfecture de Seine-Saint-Denis auprès de BFMTV.com

Puis le service de communication a décidé de pérenniser ces publications, en intensifiant l'ajout de photos.

Dès lors, sur le compte de la préfecture du 93, des publications quasi-similaires ont émergé. Comme pour annoncer la fermeture d'un restaurant situé à Aulnay-sous-Bois le 21 novembre dernier. Là aussi, même méthode: le restaurant, son adresse et des photos édifiantes sont affichés.

Avec des photos de cadavres de souris, la recette fait mouche pour cette publication visionnée plus de 2,7 millions de fois. Dans les commentaires, il n'en faut pas plus aux internautes pour noter l'inspiration du préfet de la Seine-Saint-Denis sur son voisin.

Un autre évoque un travail commun entre Philippe Court et Jacques Witkowski. «Le peuple est avec vous, luttons ensemble contre les snacks et les restos qui veulent nous intoxiquer.»

De son côté, la préfecture de la Seine-Saint-Denis l'assure, «il n'y aura pas de concurrence» avec le Val-d'Oise.

Commentaire

Bravo à l’action du préfet du Val d’Oise !
Plus d’effectifs permettent plus de contrôles (le Val d'Oise, département pilote ?), dans ces conditions il est heureux de constater que dans ce domaine l’État ne marche pas sur la tête. On comprend d’autant moins que depuis 2012 les effectifs des inspections et autres contrôles en sécurité des aliments aient fondu en France. Rappelons encore une fois les chiffres, selon le ministère de l’agriculture, 2012, 86 239 inspections en sécurité des aliments versus en 2022, 48 960 ...
Bravo donc aux préfets du Val d’Oise et de la Seine-Saint-Denis, mais une hirondelle ne fait pas le printemps ; quid dans les autres départements ?

Complément. Préparation de la nouvelle saison 2024 du préfet du Val d'Oise, à ne rater sous aucun prétexte ...

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