mardi 28 novembre 2023

Cas de botulisme à Bordeaux : Rôle crucial des données de cartes de crédit et de la coopération internationale rapide, selon une étude

Dans un article de 2005, il a été fait état de l’utilisation des cartes de fidélité d’un distributeur afin de retrouver des clients qui avaient acheté des steaks hachés mis en cause dans une intoxication alimentaire.  

Voici à plus petite échelle un remake en quelque sorte, 18 ans après, mais cette fois-ci, il s'agit de cartes dites de crédit ...

«Les données des cartes de crédit utilisées pour retracer les cas possibles dans une épidémie de botulisme», source article de Joe Whitworth paru le 28 novembre 2023 dans Food Safety News.

Une épidémie de botulisme d'origine alimentaire en France a mis en évidence l'efficacité de l'utilisation des données de carte de crédit pour identifier des patients potentiels, selon des chercheurs.

En septembre 2023, une épidémie de botulisme touchant 15 personnes survient à Bordeaux lors de la Coupe du monde de rugby. Les malades venaient du Canada, de France, d'Allemagne, d'Irlande, d'Espagne, du Royaume-Uni et des États-Unis. Une personne est décédée. Des patients ont déclaré avoir consommé des sardines en conserve produites localement au restaurant Tchin Tchin Wine Bar.

Une recherche des personnes ayant consommé les sardines a été effectuée à partir des données des reçus de cartes de crédit du restaurant, selon une étude publiée dans la revue Eurosurveillance, «Foodborne botulism outbreak involving different nationalities during the Rugby World Cup: critical role of credit card data and rapid international cooperation, France, September 2023.»

Obtenir des coordonnées grâce à l'utilisation de la carte de crédit

En examinant les commandes de repas et les reçus des cartes, les chercheurs ont découvert que 29 clients avaient commandé des sardines en conserve. Une douzaine de cas suspects avaient déjà été identifiés. Les autorités sanitaires françaises ou britanniques en ont contacté 14 autres, mais elles n'ont présenté aucun symptôme. Cependant, trois d'entre eux étaient des citoyens britanniques symptomatiques qui ont été orientés vers des soins d'urgence au Royaume-Uni et ont reçu de l'antitoxine botulique.

L'identification des clients a été possible après avoir examiné les paiements par carte de crédit et récupéré leurs coordonnées personnelles via les sociétés émettrices de cartes de crédit.

Compte tenu de la gravité du botulisme, les sociétés émettrices de cartes ont coopéré avec les autorités sanitaires et ont contacté les clients identifiés pour obtenir leur approbation avant de transmettre leurs coordonnées. Cela a permis à trois Britanniques ignorant leur maladie d'être envoyés aux urgences pour y recevoir de l'antitoxine botulique.

Au moment où l’épidémie a été reconnue, la plupart des personnes exposées étaient rentrées dans leur pays d’origine. Cependant, tous ont été identifiés via les sociétés de cartes de crédit et ont reçu un contact en cas d'urgence de santé publique en cas d'apparition de symptômes.

Des données telles que des cartes de fidélité ou des reçus sont fréquemment utilisées dans les enquêtes sur les épidémies pour identifier les produits alimentaires achetés. Ces méthodes complètent d'autres moyens d'investigations épidémiologiques. Cependant, en raison des réglementations sur la protection des données, l'accès aux données personnelles via les reçus de carte de crédit n'est pas toujours possible dans les meilleurs délais. Cette pratique ne peut pas être appliquée systématiquement lors d'investigations épidémiologiques étant donné la sensibilité des données, ont dit les scientifiques.

Type de botulisme généralement peu lié au poisson

Tous les patients suspects avaient fréquenté le même restaurant bordelais à des dates différentes et consommé des sardines marinées en conserve. Ceux-ci faisaient partie d'un lot préparé par le restaurant le 1er septembre et servi entre le 1er et le 10 septembre. Plusieurs cas ont signalé un mauvais goût ou une odeur désagréable du produit mariné dans de l'huile et des herbes.

Les personnes sont tombées malades entre le 5 et le 12 septembre. L'âge médian des cas était de 36 ans, mais variait entre 30 et 70 ans. Parmi tous les cas, sept étaient des femmes et huit des hommes. Treize ont été hospitalisés, dont six ont nécessité une ventilation mécanique invasive. Sur les 15 cas suspects, 10 ont été confirmés en laboratoire.

Une étude précédente parue dans la même revue donnait plus de détails sur huit personnes originaires de quatre pays admises en unité de soins intensifs du CHU de Bordeaux.

Les inspecteurs ont visité le restaurant et, même s'ils n'ont identifié aucun écart dans le stockage des aliments, ils ont noté des techniques de stérilisation incorrectes dans la préparation des aliments en conserve.

Les échantillons de sardines provenant de cinq bocaux différents ont été testés positifs à la neurotoxine botulique de type B et à Clostridium botulinum de type B. Tous les autres échantillons d’aliments, y compris les ingrédients de la marinade, se sont révélés négatifs.

Des articles antérieurs sur le botulisme provoqué par le poisson et d'autres produits marins ont été liés à la neurotoxine botulique de type type E, tandis que le type B a été principalement associé aux produits transformés à base de porc.

«Cette épidémie de botulisme d'origine alimentaire en France met en évidence à la fois l'efficacité de l'utilisation des données des cartes de crédit pour identifier les personnes exposées et éventuellement prévenir rapidement les cas graves. Cela souligne également l’importance de réseaux de collaboration internationaux efficaces, en particulier lors de rassemblements de masse où des personnes de nombreux pays peuvent être exposées, comme lors des prochains Jeux olympiques organisés en France à l’été 2024», ont dit les chercheurs.

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