Les
scientifiques de la Food Standards Agency (FSA) ont examiné les
principaux sujets à prendre en compte lors des épidémies à
norovirus liées aux huîtres.
Les
experts en microbiologie de la FSA ont évalué le risque pour la
santé publique des huîtres crues, afin de contribuer au
développement d'options de management des risques en cas d'épidémie.
Des
travaux ont été menés en réponse aux épidémies
récurrentes à norovirus liées à la consommation d'huîtres
crues. En Angleterre, entre 2013 et 2022, il y a eu 1 307 cas à
norovirus liés aux huîtres. En Écosse, de 2017 à 2023, 259 cas
ont été signalés. Au cours des mêmes périodes, il y a eu 28
foyers de cas en Angleterre et huit en Écosse provoqués par des
huîtres.
Plus
tôt ce mois-ci, deux cas à norovirus dans des huîtres en
provenance de France auraient rendu malades six personnes en Norvège
et 14 en Suède.
Demande
de lignes directrices et options de management des risques
Les
options d’analyse pour norovirus sont limitées et peu fiables, a
dit la FSA. Le virus peut être détecté et quantifié dans les
aliments, notamment les huîtres, mais les analyses ne permettent pas
de distinguer le virus infectieux du virus endommagé, incapable de
provoquer une infection.
Les
positions actuelles de la FSA et de la Food Standards of Scotland
(FSS) sont que les analyses sur les huîtres provenant de lots
épidémiologiquement liés à des épidémies, où les cas
présentent des symptômes typiques du norovirus, ne peuvent pas
déterminer le caractère infectieux. Cependant, les analyses de
norovirus présentent un intérêt en tant qu'outil préventif en cas
de conditions météorologiques défavorables pouvant entraîner une
contamination des parcs à huîtres ou pour déterminer l'efficacité
des interventions.
La
contamination des huîtres par norovirus est en grande partie due
aux rejets d'eaux usées humaines à proximité des parcs à huîtres.
Les huîtres sont des filtreurs qui absorbent norovirus lorsqu'elles
filtrent l'eau de mer. Les niveaux de norovirus varient
considérablement selon la saison, avec des quantités plus élevées
pendant les mois d'hiver.
Les
autorités locales, les entreprises alimentaires et l'Agence
britannique de santé publique (UKHSA) souhaitent obtenir des
conseils sur la manière de gérer les épidémies à norovirus, car
il n'y a aucune limite dans la réglementation. En France, les
mesures prises après une épidémie comprennent la fermeture des
parcs à huîtres pendant 28 jours et des analyses hebdomadaires de
norovirus jusqu'à ce que la zone de production soit négative.
Il
est difficile de gérer les risques liés aux huîtres lors
d’épidémies à norovirus : fermer un parc de coquillages et
cesser la récolte pendant une longue période est économiquement
préjudiciable à l’entreprise. Cependant, une réouverture trop
rapide peut entraîner de nouveaux cas. Des résultats
contradictoires provenant de différents laboratoires peuvent
également compliquer la capacité à émettre des conseils, selon le
rapport.
La
FSA a recensé 110 incidents associés à la consommation d’huîtres
et potentiellement liés à norovirus entre 2000 et 2022. La FSS a
enregistré 16 incidents associés à des huîtres cultivées ou
consommées en Écosse et liés au norovirus entre 2017 et février
2023.
Le
niveau de risque varie
Les
huîtres issues des zones de production de classe A peuvent être
vendues pour la consommation humaine directe. Ceux issus des sites de
classe B doivent subir une dépuration ou un reparcage avant vente au
public.
L'analyse
a révélé que le Royaume-Uni semble avoir une prévalence plus
élevée de norovirus dans les huîtres que d'autres pays,
probablement en raison de la moins bonne qualité sanitaire de ses
eaux. Il existe une incertitude quant aux niveaux de consommation
d'huîtres au Royaume-Uni, mais on estime qu'ils sont faibles.
Les
scientifiques ont comparé les niveaux de norovirus dans les huîtres
vendues au détail aux niveaux dans les lots d'huîtres liés aux
épidémies et ont constaté que les lots d'épidémies présentaient
des niveaux significativement plus élevés.
Les
entreprises alimentaires doivent prendre en compte les facteurs
environnementaux qui peuvent affecter les sites côtiers où se
trouvent les parcs à huîtres, tels que les niveaux de
précipitations, la vitesse et la direction moyennes du vent et les
points de rejet des eaux usées à proximité dans leurs systèmes de
gestion de la sécurité alimentaire.
«Nous
concluons que si les huîtres sont consommées crues et qu’il
existe un potentiel de contamination des eaux usées humaines par des
déversements d’eaux usées ou si le lot d’huîtres est lié à
des épidémies, il existe un risque de maladie due au norovirus. Le
risque varie de faible à très élevé, en fonction des niveaux de
norovirus présents dans le lot d'huîtres», ont dit les
scientifiques.
Commentaire
Peut-être
un jour aura-t-on une évaluation du risque norovirus dans des
huîtres en France. Je ne vois pas pas bien qui pourrait la faire, l’Anses ?
En
attendant, on lira un article récent, Consommation
de coquillages bivalves dans les populations côtières françaises :
données pour l'évaluation des expositions aiguës et chroniques.