« Yersinia : un nouvel outil
génomique pour l’identification des souches », source communiqué de l’Institut Pasteur du 15 octobre 2019.
Les bactéries du genre Yersinia sont très nombreuses et diffèrent notamment par leur capacité à provoquer une maladie (leur pouvoir pathogène) ou pas. Yersinia pestis est ainsi responsable de la peste, tandis que Yersinia enterocolitica et Yersinia pseudotuberculosis sont des bactéries responsables d’affections intestinales. Des chercheurs de l’Institut Pasteur ont développé une nouvelle méthode d’analyse génomique pour classer et identifier toutes les souches de Yersinia et estimer leur pouvoir pathogène.
Le
genre Yersinia,
qui appartient à la famille des entérobactéries,
est actuellement composé de 19 espèces et comprend trois agents
pathogènes qui touchent l’Homme :
- l’agent de la peste Yersinia pestis ;
- et les pathogènes alimentaires Yersinia enterocolitica et Yersinia pseudotuberculosis, qui sont responsables de yersiniose entérique, une maladie pouvant être transmise par les aliments.
Yersinia
enterocolitica
représente
la troisième cause de diarrhée d’origine bactérienne dans les
pays tempérés et froids, après Salmonella
et
Campylobacter.
En France, les infections se manifestent le plus souvent sous forme
de cas sporadiques ou de cas groupés en faible nombre.
« Jusqu’à
présent, l’identification des souches était réalisée grâce à
des méthodes biochimiques qui peuvent manquer de résolution. Elles
reposent en effet sur des réactions métaboliques qui, en cas de
réaction atypique, aboutiront à une mauvaise
identification » déclare
Cyril Savin, responsable-adjoint du Centre
national de référence (CNR) de la peste et autres yersinioses,
hébergé
à l’Institut Pasteur.
« Nous
avons mis au point une méthode d’analyse de la séquence du génome
qui permet d’en faire une traduction rapide et compréhensible »,
explique
Sylvain Brisse, responsable de l’unité Biodiversité et
Epidémiologie des Bactéries Pathogènes. « En
scannant pour chaque souche la séquence de nombreux gènes du génome
de Yersinia, on se rend compte que chaque bactérie possède un
profil génétique unique. La méthode consiste à transformer ce
profil génétique en une sorte de ‘code-barre’ standardisé. »
En
utilisant cette méthode sur le genre Yersinia,
plus de 3000 code-barre ont été recensés, dont certains mettant au
jour de nouvelles espèces. « Nous
avons abouti à un langage standardisé pour que chaque laboratoire
puisse maintenant reconnaître ces codes »,
poursuit Sylvain Brisse. Pour diffuser la méthode, une base
de données de « code-barres » (profils génomiques) et
l’identification correspondante a
été rendue accessible publiquement, permettant aux laboratoires du
monde entier d’identifier les souches de Yersinia
à
l’aide de leurs propres séquences génomiques.
Grâce
à un algorithme de classification automatisé, chaque profil
génomique est associé à son espèce et à sa lignée génétique.
« La
comparaison des profils génétiques des souches de Yersinia a
révélé une biodiversité inattendue, révélant plusieurs espèces
nouvelles et inconnues jusqu’alors. Grâce au profil génomique des
souches, leur identification est désormais extrêmement fiable »,
souligne Alexis Criscuolo, bioinformaticien au département de
Biologie computationnelle. « Cette
méthode nous permet également de mieux définir le pouvoir
pathogène des souches que nous recevons au CNR. Environ 33% d’entre
elles ne sont pas pathogènes ! »,
souligne Cyril Savin. Le pouvoir pathogène étant différent d’une
souche de Yersinia à
une autre, l’identification précise des souches est en effet
essentielle : « Elle
permet à la fois un meilleur suivi des patients et oriente le
déploiement de mesures de santé publique », explique
Javier Pizarro-Cerdá, responsable de l’unité de
recherche Yersinia à
l’Institut Pasteur.
L'étude est parue dans la revue Microbial Genomics.
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