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mardi 7 juin 2022

Exposition chronique de la population belge aux résidus de produits phytopharmaceutiques par la consommation de fruits et légumes

photo d'illustration
AVIS 09-2022: Exposition chronique de la population belge aux résidus de produits phytopharmaceutiques par la consommation de fruits et légumes (période 2014-2020). Avis scientifique approuvé par le Comité scientifique de l’AFSCA de Belgique le 20 mai 2022.

Mots clés
Évaluation des risques, produits phytopharmaceutiques, exposition, légumes, fruits, programme de contrôle

Contexte et termes de référence
Les produits phytopharmaceutiques sont utilisés pour protéger les cultures contre les organismes nuisibles ou pour lutter contre les mauvaises herbes. Cependant, leur utilisation peut entraîner la présence de résidus dans les aliments, ce qui représente un risque potentiel pour la santé publique. Chaque année, l'Agence fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire (AFSCA) vérifie les niveaux de résidus de quelque 600 produits phytosanitaires différents dans plus de 3.000 denrées alimentaires. Sur environ 14.500 échantillons de fruits et légumes, de céréales et d'autres produits d'origine végétale contrôlés entre 2014 et 2020, 97 % à 98 % étaient conformes aux limites légales et aucun résidu n'a été détecté dans 31 % des échantillons. Bien que ces données donnent quelques indications, les informations nécessaires pour évaluer le risque pour le consommateur font défaut. À cette fin, l'exposition doit être calculée et comparée à des valeurs toxicologiques de référence, telles que la ‘dose journalière acceptable’ (‘acceptable daily intake’, ADI) et la ‘dose aiguë de référence’ (‘acute reference dose’, ARfD). Le Comité scientifique a déjà évalué dans des avis précédents le risque pour le consommateur belge lié à la présence de résidus dans les fruits et légumes (avis SciCom 31-2007, 02-2010, 18-2015). Ces évaluations ont généralement montré que l'exposition chronique ou à long terme aux résidus de produits phytopharmaceutiques par la consommation de fruits et légumes sur le marché belge ne présentait pas de risque pour la santé du consommateur. Il est demandé au Comité scientifique de répéter cette évaluation sur base des résultats de contrôle de l'AFSCA pour la période 2014-2020.

Méthode
Pour l'évaluation des risques, 44 résidus contrôlés ont été sélectionnés sur la base de leur fréquence de rapportage (c.-à-d. le pourcentage d'échantillons présentant un niveau supérieur à la limite de rapportage ou de détection), leur toxicité et leur représentativité (c.-à-d. qu'un nombre suffisant d'échantillons doit avoir été analysé). En outre, un certain nombre de résidus ont été sélectionnés en raison de l'attention médiatique passée ou parce qu'ils ont été pris en compte dans l'étude d'exposition précédente (avis SciCom 18-2015). Dans un premier temps, l'exposition chronique (mg/kg poids corporel par jour) a été estimée au moyen d'une approche déterministe. À cette fin, les résultats de contrôle de l'AFSCA ont été mis en relation avec les données de consommation belge de fruits et légumes issues de l'enquête sur la consommation alimentaire de 2014 et rapportées dans la ‘Comprehensive European Food Consumption Database’ de l'EFSA. Pour évaluer le risque, l'exposition a été comparée à l’ADI et exprimée en % de l’ADI. Dans le cas où cette première évaluation indiquait une exposition élevée ou un risque potentiel, l'exposition au résidu concerné a été affinée dans une deuxième étape en appliquant, par exemple, des facteurs de transformation pour tenir compte de l'impact possible de la transformation sur le niveau de résidu. Dans une dernière étape, il a été évalué si les résidus et/ou les résultats sélectionnés se prêtaient ou non à une estimation de l'exposition cumulative.

Conclusions
Entre 2014 et 2020, une diminution de la fréquence de rapportage est observée pour le glyphosate, le boscalid, le captane, le carbendazime, le chlorpyrifos, le cyprodinil, la deltaméthrine, le diméthoate, l'ométhoate, le linuron, l'imidaclopride, l'iprodione, le penconazole, le propamocarbe, la pyraclostrobine et le thiaclopride. Cette diminution de la fréquence de rapportage peut s'expliquer en partie par le fait que l'utilisation de plusieurs de ces produits phytopharmaceutiques a été restreinte ou interdite en Europe (par exemple, l'iprodione, le linuron). En revanche, une tendance à l'augmentation de la fréquence de rapportage est observée pour l'acétamipride, le fluopyram, le mépiquat (jusqu'en 2019), le pyriméthanil, le spirotetramat et la trifloxystrobine.

Bien que l'exposition estimée des enfants soit généralement plus élevée que celle des adolescents et des adultes, l'exposition moyenne des différentes catégories d'âge entre 2014 et 2020 pour chacun des 44 résidus évalués est inférieure voir pour la majorité des résidus évalués jusqu'à 100 fois inférieure à l’ADI correspondante. De même, pour les personnes consommant des quantités relativement importantes de fruits et légumes, l'exposition estimée pour la plupart des résidus considérés est 10 à 20 fois inférieure à l’ADI. Cette estimation est basée sur le 97,5ème percentile ou P97,5 de la consommation, il s’agit d’une surestimation importante parce qu’il est implicitement supposé que de grandes portions de tous les aliments contenant tous les résidus sont consommées quotidiennement par une personne.

(…) Généralement, on peut conclure sur base des résultats de contrôle de l'AFSCA pour la période 2014 à 2020 que l'exposition à long terme du consommateur belge, y compris les enfants, à des résidus de produits phytopharmaceutiques via la consommation de fruits et légumes et, ne présentait pas de risque ou n'était pas préoccupante, même avec une consommation élevée de fruits et légumes. Les incertitudes associées à l'évaluation des risques et énumérées dans l'avis ont très probablement conduit à une surestimation du risque. Les produits phytopharmaceutiques pour lesquels il est avéré que l'exposition est néfaste pour la santé humaine, à savoir les cancérigènes génotoxiques, les substances toxiques pour la reproduction ou les perturbateurs endocriniens, ne sont plus autorisés. (...)

Commentaire
Pour la France, on lira avec intérêt l’article de Géraldine Woessner, «Pesticides: quand la presse française devient folle».
Abusés par l’étude d’une ONG liée au lobby bio, certains médias alertent sur le «danger» qu’il y aurait à consommer des fruits et des légumes. Une aberration.

Aux lecteurs du blog
Je suis en conflit depuis plusieurs années avec la revue PROCESS Alimentaire pour une triste question d’argent qui permettrait de récupérer et de diffuser correctement les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire s’est comportée et continue de se comporter en censeur et refuse tout assouplissement pour la modique somme de 500 euros. N’ayant pas les moyens d’aller devant la justice, je leur fait ici de la publicité gratuite. Derrière cette revue, il y a des aimables censeurs, les journalistes complices de la direction !

vendredi 3 juin 2022

L'EFSA publie les dernières études d’un programme d'évaluation des risques

«L'EFSA publie les dernières études d’un programme d'évaluation des risques», source Food Safety News.

Une étude a évalué le risque d'Anisakis à partir de poissons au Portugal et les connaissances des personnes sur le parasite.

Les chercheurs ont recueilli des informations sur la perception du risque et les attitudes de la population portugaise face à la contamination des poissons par Anisakis et sur leur connaissance des méthodes de prévention de l'infection.

Les nématodes parasites du genre Anisakis sont l'agent causal de l'anisakiose. L'homme est infecté par la consommation de poisson cru ou insuffisamment cuit contaminé par le parasite. L'infection peut entraîner des symptômes gastro-intestinaux et allergiques. Il y a peu de rapports d'anisakiose au Portugal, mais des preuves d'allergie à Anisakis existent, indiquant qu'une exposition a lieu.

Le Portugal a l'un des niveaux de consommation de poisson les plus élevés au monde et le merlu européen est l'un des plus populaires. Il n'y a pas de tradition de consommation de poisson cru ou insuffisamment cuit au Portugal, mais ces produits deviennent de plus en plus populaires et les méthodes de cuisson courantes telles que les grillades n'atteignent pas toujours des températures suffisantes pour tuer les larves de parasites.

Il y a eu une augmentation des rapports d'anisakiose au cours des dernières décennies. Cela est probablement dû à des facteurs tels que des mesures d'inspection accrues pour les produits de la pêche conduisant à des taux de détection plus élevés de produits de la mer contaminés et à des techniques de diagnostic améliorées détectant davantage d'infections humaines.

Quarante-cinq merlus européens d'âges divers ont été mesurés, pesés et les viscères et les muscles ont été examinés à la recherche de larves d'Anisakis. Au total, 473 larves d'Anisakis au stade 3 ont été trouvées.

Parmi les 746 répondants à l'enquête, la plupart ont cité la «transmission de parasites» comme un risque associé à la consommation de poisson cru. Beaucoup de personnes n'avaient pas entendu parler d'Anisakis ou de méthodes de prévention. Parmi ceux qui connaissaient ces méthodes, la majorité ont cité la «cuisson à cœur» et la «congélation» comme étant les plus importantes.

Seules 7% des personnes ont évité d'acheter ou de manger du poisson à cause de la présence de vers. Au total, 35% des personnes interrogées seraient prêtes à payer entre 1 euros et 2,5 euros supplémentaires pour un produit de poisson traité pour éliminer les larves et les allergènes d'Anisakis.

Autres évaluations publiées
Les travaux ont été effectués dans le cadre du programme de bourses de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) (EU-FORA), qui offre aux scientifiques des organisations de sécurité des aliments à travers l'Europe l'opportunité d'approfondir leurs connaissances et d'acquérir de l'expérience dans l'évaluation des risques alimentaires.

Un projet a examiné la prévalence de Salmonella dans les carcasses de porc. Il a été réalisé dans un abattoir en Italie entre octobre 2018 et octobre 2021 et 757 carcasses de porc ont été prélevées.

Au total, 19 échantillons positifs ont été retrouvés. Le type était Salmonella Derby huit fois, Salmonella Typhimurium et Salmonella London trois fois, Salmonella Give et Salmonella Brandenburg deux fois et Salmonella Goldcoast une fois.

La prévalence de Salmonella était plus élevée dans les échantillons provenant d’élevages distants de plus de 200 km. Les raisons possibles pourraient être le séjour plus long des animaux dans des véhicules de transport avec une hygiène inadéquate et leur contact étroit. Le taux de positivité a également augmenté pour les animaux plus lourds, mais dans une moindre mesure.

Une autre étude a évalué la résistance aux antimicrobiens (RAM) chez Campylobacter en Italie sur une décennie. Plus de 2 734 souches de Campylobacter jejuni isolées d'animaux domestiques et sauvages et d'humains entre 2011 et 2021 ont été analysées.

La proportion de souches complètement sensibles était très similaire dans les isolats d'humains et d'animaux domestiques, tandis que les souches d'animaux sauvages avaient une prévalence significativement plus élevée. Les échantillons de volaille ont montré un niveau élevé de résistance à l'acide nalidixique, à la ciprofloxacine et à la tétracycline.

L'analyse a révélé qu'une meilleure connaissance des niveaux de résistance de Campylobacter jejuni était nécessaire, et une surveillance obligatoire de Campylobacter chez différents animaux a été suggérée.

D'autres travaux ont évalué les risques pour la santé associés à la consommation de préparations botaniques de kratom. Il est disponible via des plateformes en ligne sous forme de compléments alimentaires. Le kratom a été considéré comme une plante potentiellement préoccupante pour la santé par la FDA et l'EFSA.

L'évaluation a indiqué que la consommation a le potentiel d'entraîner des effets neurologiques indésirables, y compris la dépendance et le syndrome de sevrage et d'autres manifestations de toxicité, telles que la toxicité hépatique.

La caractérisation des risques réels est rendue difficile par des incertitudes considérables, notamment la variabilité de la composition des préparations de kratom, des informations insuffisantes sur les relations dose-réponse ou les effets d'une utilisation à long terme.

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lundi 9 mai 2022

Des experts évaluent les mesures de maîtrise des STEC

«Des experts évaluent les mesures de maîtrise des STEC», source article de Joe Whitworth paru le 9 mai 2022 dans Food Safety News.

Des experts ont examiné l'efficacité et la praticité de certaines mesures de lutte contre E. coli dans deux secteurs.

La réunion conjointe FAO/OMS d'experts sur l'évaluation des risques microbiologiques (JEMRA) a porté sur les E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) dans la viande et les produits laitiers.

Une réunion virtuelle du JEMRA s'est tenue en juin 2020 pour fournir des avis scientifiques sur les mesures de contrôle avant et après abattage des STEC chez les animaux et les aliments d'origine animale. Un résumé de la réunion (11 pages) a été publié avec un rapport complet à suivre plus tard.

Cela est intervenu après que la Commission du Codex Alimentarius a approuvé de nouveaux travaux en juillet 2019 sur l'élaboration de lignes directrices pour maîtriser les STEC dans le bœuf, le lait cru et le fromage produit à partir de lait cru, de légumes verts à feuilles et des graines germées.

Les experts ont examiné la littérature scientifique sur les mesures de maîtrise physiques, chimiques et biologiques contre les STEC lors de la production primaire, de la transformation et de la post-transformation de la viande crue, du lait cru et des fromages au lait cru. L'efficacité et l'aspect pratique de ces mesures ont été notés comme étant élevés, moyens ou faibles.

Todd Callaway, Natalia Cernicchiaro et Peter Feng des États-Unis ont participé. Les 17 spécialistes comprenaient également Roger Cook, Paul Cook, Sara Monteiro Pires et Tim McAllister.

Principaux résultats
La force des preuves des interventions variait, certaines études ayant été menées dans des usines de viande ou de produits laitiers et d'autres en laboratoire. Il y avait également des différences dans les méthodes analytiques utilisées, le sérotype et les souches de STEC et les niveaux de contamination.

En raison des risques pour la santé et des coûts associés, les études en usine sont rares. Des bactéries de substitution, telles que E. coli générique, sont utilisées comme substituts et les résultats sont extrapolés, ce qui signifie que les preuves des effets de l'intervention spécifiquement pour les STEC peuvent ne pas être disponibles. Selon les experts, il existe une incertitude quant à savoir si les niveaux de détection et de réduction observés dans les études de substitution sont représentatifs des STEC ou de la production et de la transformation commerciales.

La plupart des interventions sur les STEC ont été évaluées à l'aide d'études de challenge test en laboratoire plutôt que dans des conditions à l'échelle commerciale ou de production. De nombreuses études portant sur l'impact des interventions ont utilisé des niveaux d'inoculum de départ élevés d'une ou plusieurs souches de STEC et avec des sérotypes limités. De faibles niveaux sont susceptibles d'être plus représentatifs de situations de contamination naturelle.

De nombreuses études se sont concentrées sur l'impact d'une mesure de maîtrise à une étape spécifique de la chaîne alimentaire, plutôt que dans le contexte d'une chaîne d'approvisionnement complète.

Les entreprises alimentaires ont mis en place de multiples mesures de maîtrise dans les exploitations et dans les installations de transformation, mais l'efficacité globale de plusieurs obstacles reste difficile à quantifier. Il n'est pas certain que les réductions observées associées à chaque contrôle individuel soient cumulatives lorsqu'elles sont combinées. En outre, l'efficacité d'une intervention peut varier d'un site à l'autre, ont déclaré les experts.

Preuves de la maîtrise
Les preuves à l'appui de la démographie des bovins, de la densité animale, de l'exposition à d'autres animaux et de l'hygiène de la litière ont été jugées comme ayant un niveau de confiance moyen ou élevé pour avoir un impact sur les STEC. Les interventions comprenant l'alimentation de fourrages par rapport à des rations concentrées, des types de céréales spécifiques et l'inclusion de produits d'agrumes et d'huiles essentielles dans les aliments avaient des niveaux de confiance dans l'efficacité plus faibles.

Les mesures de transformation pour lesquelles les preuves ont démontré une efficacité élevée dans la réduction de la prévalence des STEC comprenaient l'aspiration à la vapeur de la contamination fécale visible sur les carcasses, l'utilisation d'un lavage des carcasses à l'eau chaude potable, la pasteurisation à la vapeur suivie d'un refroidissement à l'air de 24 heures et des combinaisons de ces mesures.

L'efficacité des interventions contre les STEC dans les fromages au lait cru variait selon l'origine animale du lait cru, les pratiques de fabrication, l'échelle de production, la charge microbienne de base, la composition du lait cru et le sérotype de STEC.

La pasteurisation est très efficace, la confiance dans les preuves de l'utilisation de bactériophages pendant la fermentation du lait et l'irradiation gamma ou eBeam pour réduire les niveaux de bactéries dans le lait ont été évaluées comme moyennes.

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mercredi 20 avril 2022

Deux clusters 1 et 2 à Salmonella dans l'épidémie internationale, selon l'ECDC

Un précédent article faisait état d’un Foyer épidémique dans plusieurs pays à Salmonella lié à des produits chocolatés. Point au 12 avril, selon l'EFSA et l'ECDC, et à ce moment-là, il n’était question que d’une seule souche de Salmonella. Voici désormais que l’ECDC nous indique qu’il y aurait deux clusters 1 et 2. Cela étant, si l'on prend le cas de la France, le nombre total de cas s'élève à 37 pour le cluster 1 et à 5 pour le cluster 2. Le nombre total euroépen atteint désormais 187 cas pour le cluster 1. Vous aurez noté que même en épidémiologie, le Royaume-Uni est traité à part, c'est méprisable.

Voici une Mise à jour du 19 avril par l’ECDC de l’épidémie à Salmonella Typhimurium monophasique, publiée le 20 avril 2022.

Au 19 avril 2022, une épidémie de 187 cas confirmés et probables à S. Typhimurium monophasique (cas groupés ou cluster 1) a été identifiée dans l'UE/EEE et au Royaume-Uni. L'épidémie se caractérise par une proportion inhabituellement élevée d'enfants hospitalisés, certains avec des symptômes cliniques graves tels qu'une diarrhée sanglante. Sur la base d'entretiens avec des patients et d'études épidémiologiques analytiques initiales, des produits à base de chocolat spécifiques ont été identifiés comme la voie d'infection probable. Les cas affectés ont été identifiés grâce à des techniques avancées de typage moléculaire. Comme cette méthode d’essai n'est pas systématiquement pratiquée dans tous les pays, certains cas peuvent ne pas être détectés.

Des rappels de produits ont été lancés dans le monde entier et des exemples de ceux-ci peuvent être retrouvés sur les sites Internet de plusieurs pays, dont la Belgique, la France, l'Allemagne, l'Irlande, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et le Royaume-Uni. Les rappels visent à prévenir la consommation de produits potentiellement contaminés par Salmonella. Des enquêtes supplémentaires sont menées par les autorités de santé publique et de sécurité des aliments dans les pays où des cas sont signalés, afin d'identifier la cause et l'étendue de la contamination, et de s'assurer que des produits contaminés ne sont pas mis sur le marché.

L'ECDC et l'EFSA ont publié une évaluation rapide de l'épidémie au 12 avril 2022. La deuxième souche de S. Typhimurium monophasique dans des échantillons non humains (cas groupés ou cluster 2), qui est mentionnée dans l’évaluation rapide de l’épidémie publiée, s'est avérée correspondre à 23 cas humains en Belgique (n=5), France (n=5), Allemagne (n=4), Irlande (n=1), Pays-Bas (n=1) et Royaume-Uni (n=7).

Les questions concernant les rappels de produits en cours doivent être adressées aux autorités nationales de sécurité des aliments.

Nombre de cas confirmés et probables* d'infection à S. Typhimurium monophasique (groupe 1) par pays, UE/EEE et Royaume-Uni, au 19 avril 2022
* Selon la définition européenne des cas d
e l’épidémie.

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jeudi 24 mars 2022

Applications alimentaires des nanoparticules et leur toxicité: tendances et besoins actuels en matière de stratégies d'évaluation des risques

Voici un article paru dans Journal of Protection intitulé, «Nanoparticle Food Applications and Their Toxicity: Current Trends and Needs in Risk Assessment Strategies» (Applications alimentaires des nanoparticules et leur toxicité: tendances et besoins actuels en matière de stratégies d'évaluation des risques).

Résumé
La nanotechnologie est devenue l'un des domaines scientifiques les plus révolutionnaires de ces dernières décennies car elle exploite la réactivité accrue des matériaux à l'échelle atomique. La classification actuelle des nanoparticules (NPs) utilisées dans les aliments est esquissée en fonction de la production et des caractéristiques physico-chimiques. Cette revue vise à présenter de manière concise les NPs inorganiques et organiques les plus populaires et les plus largement utilisées dans les industries alimentaires. Considérant que la toxicité des NPs est souvent associée à la réactivité chimique, une série d'études de toxicité in vitro sont également résumées, intégrant des informations sur le type d'études de NPs et les spécifications rapportées, le type de cellules utilisées, les conditions d'exposition et les critères d'évaluation évalués. Le rôle important du système digestif dans l'absorption et la distribution des aliments nanoformulés dans le corps et comment cela affecte la cytotoxicité qui en résulte. Des exemples de la façon dont les NPs et leur accumulation dans différents organes sont présentés en relation avec la consommation d'aliments spécifiques. Enfin, le rôle de l'élaboration d'évaluations des risques pour la santé humaine afin de caractériser à la fois l'impact potentiel du danger et la probabilité ou le niveau d'exposition humaine est décrit. Des incertitudes existent autour des évaluations des risques et de l'exposition des NPs en raison des informations limitées sur plusieurs aspects, y compris la toxicité, le comportement et la bioaccumulation. Dans l'ensemble, cet examen présente les tendances actuelles et les besoins d'évaluations futures en matière d'évaluation de la toxicité afin d'assurer l'application sécuritaire des NPs dans l'industrie alimentaire.
Faits saillants
- L'utilisation et l'inclusion des NPs dans la production alimentaire sont en croissance.
- Les NPs de TiO2 sont largement utilisées par l'industrie alimentaire.
- Une caractérisation approfondie des dangers des NPs à l'aide de modèles in vitro plus avancés est nécessaire.
- Les interactions individuelles et multimélanges des NPs nécessitent des investigations supplémentaires sur les dangers.
- Des approches unifiées d'évaluation des risques sont nécessaires pour déterminer les risques pour la santé des Nps.

NB: Apparemment l’article ne semble pas savoir que le TiO2 est interdit au sein de l’UE. Par ailleurs, le Royaume-Uni n'est pas d'accord avec la position de l'UE sur le dioxyde de titane ...

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lundi 7 février 2022

Pâtes et moule en bronze, un sujet de préoccupation ? Pas vraiment dit la Food Standards Agency

Photo d'illustration

Il paraît que le tréfilage est une action réalisée grâce à des moules en bronze qui donne à la texture de la pâte un aspect plus rugueux, presque artisanal, et qui permet de parfaitement retenir la sauce. 

Qui dit moule en bronze dit métaux et dans le cadre de l’évaluation des risques, la Food Standards Agency (FSA) a analysé les taux de métaux dans des pâtes, «Analyse des niveaux de métaux dans les pâtes séchées et tréfilées dans un moule en bronze sur le marché britannique».

En octobre 2020, la Food Standards Agency a été approchée par des inquiétudes quant à l'utilisation de laiton (un alliage de cuivre et de zinc) en contact avec la pâte pour pâtes lors de la fabrication de pâtes italiennes séchées «tréfilées dans des moules en bronze». Il a été suggéré que le laiton utilisé dans ces filières pour pâtes alimentaires pourrait contenir et libérer du plomb et donc être contraire à la législation sur les matériaux en contact avec les aliments.

En réponse à cela, la Food Standards Agency a commandé une petite enquête sur des pâtes trifilées dans des moules en bronze sélectionnées au hasard pour déterminer si cela posait un problème. Des échantillons de pâtes ont été analysés pour leur teneur en plomb, cadmium, cuivre et zinc.

Bien que du plomb ait été détecté dans quelques échantillons, ceux-ci n'étaient que très légèrement au-dessus de la limite de détection. Les teneurs maximales retrouvées pour tous les métaux testés ne sont pas considérées comme une source de préoccupation. Le rapport est ici.

Merci à Joe Whitworth de m’avoir signalé l’information.

Aux lecteurs du blog
Comme le montre cette notice de la BNF, le blog Albert Amgar a été indexé sur le site de la revue PROCESS Alimentaire. 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue sont aujourd’hui inacessibles. Disons le franchement, la revue ne veut pas payer 500 euros pour remettre le site à flots, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles.

jeudi 21 octobre 2021

Oxyde d'éthylène et la Commission européenne: Le show des rappels must go on !

 

Exemples de produits rappelés récemment en France

N’hésitez pas à lire avant ou après l’article ci-dessous, un autre article diffusé par le blog, Aliments contaminés par l’oxyde d’éthylène : quelle est la réalité des risques ?

Voici donc «Certains Etats membres de l'UE s'en prennent aux mesures de rappel d'oxyde d'éthylène», source article de Joe Whitworth paru le 21 octobre 2021 dans Food Safety News, article adapté par mes soins -aa.

Plusieurs pays européens ont qualifié les mesures adoptées pour lutter contre l'oxyde d'éthylène dans un additif alimentaire de «disproportionnées».

Le 13 juillet 2021, il a été convenu que tous les produits contenant de la gomme de caroube (E410) contaminée par de l'oxyde d'éthylène devaient être retirés ou rappelés pour protéger le consommateur. L'additif est utilisé dans les crèmes glacées, les produits carnés, les confiseries et le fromage et est produit à partir de graines de caroube.

Cependant, la Belgique et le Danemark ont ​​fait part de leurs préoccupations concernant le rappel systématique de toutes les denrées alimentaires produites avec une matière première supérieure à la limite maximale de résidus (LMR) légale.

Les découvertes d'oxyde d'éthylène ont commencé en septembre 2020 avec des produits à base de graines de sésame en provenance d'Inde. La substance a été utilisée pour réduire ou éliminer la contamination par Salmonella. Dans l'UE, l'utilisation d'oxyde d'éthylène pour désinfecter les denrées alimentaires n'est pas autorisée. Plus de 700 rapports concernant l'oxyde d'éthylène ont depuis été publiés sur le système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF).

Répression des États membres

Lors d'une autre réunion, le 4 octobre 2021, des responsables d'un pays ont déclaré qu'il pourrait ne pas être en mesure de continuer à appliquer l'approche convenue tandis qu'un autre a regretté le peu de temps et la pression sous lesquels les conclusions ont été atteintes.

Des représentants d’Etats membres ont déclaré que la Commission européenne n'avait pas réussi à leur fournir rapidement un communiqué légal pour soutenir les mesures d'exécution, sous-entendu, les mesures de rappels.

La Commission européenne estime que même si l'oxyde d'éthylène n'est pas retrouvé dans le produit final en-dessus de la limite de quantification, ces produits ne sont pas conformes aux exigences de sécurité alimentaire. La gamme potentiellement large d'aliments contenant de la gomme de caroube contaminée à l'oxyde d'éthylène pourrait avoir des effets cumulatifs en consommant une variété d'articles impliqués.

Des experts des États membres de l'UE, de la Suisse, de la Norvège, de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), de la Commission européenne, y compris de la DG Santé et des laboratoires de référence de l'UE (EURL), ont participé à la réunion pour apporter des éclaircissements sur les aspects réglementaires et techniques afin de soutenir les mesures d'application par les Etats membres de l'UE.

Les règles mises à jour prévues pour s'appliquer à partir de janvier 2022 comprendront des contrôles d'oxyde d'éthylène pour les importations de gomme de xanthane et de guar, d'épices, de suppléments de carbonate de calcium contenant des plantes et des nouilles.

La Commission européenne a déclaré qu'elle s'était engagée à réduire le gaspillage alimentaire, mais que cela ne doit pas nuire à la sécurité des aliments.

«Il ne peut y avoir de compromis car la sécurité des aliments est une condition préalable essentielle à un système alimentaire durable. Bien qu'il soit regrettable de jeter des aliments, il est essentiel que les aliments dangereux soient retirés de la chaîne d'approvisionnement alimentaire et jetés conformément à la législation européenne en vigueur», selon la Commission européenne.

Certains États membres ont rappelé que, bien qu'ils soient d'accord avec cette déclaration, ils remettent en question l'approche selon laquelle un aliment est considéré comme dangereux et jusqu'où s'étendrait une non-conformité dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire, étant donné que la teneur en ETO et 2CE (oxyde d’éthylène et 2-chloroéthanol) des produits alimentaires composites serait dilué quelques milliers de fois. La Commission européenne a reconnu la nécessité d'approfondir l'examen de cette question, en s'appuyant sur l'expérience acquise et l'évolution de la situation.

Action prévue pour les certificateurs bio de l’Inde

L'incident a également incité la Commission européenne à proposer une mise à jour de la liste des autorités de contrôle reconnues pour l'importation de produits biologiques dans l'UE.

Des milliers de tonnes de graines de sésame prétendument bio contaminées par de l'oxyde d'éthylène ont été importées d'Inde depuis fin 2020, certaines provenant d'entreprises contrôlées par des organismes officiels. Cela a donné lieu à environ 90 rapports dans le système d'information sur l'agriculture biologique (OFIS pour Organic Farming Information System). Les niveaux de contamination variaient selon les envois, mais dépassaient généralement de loin le niveau maximal de résidus.

L'absence de réponse sur les causes profondes de la défaillance du système de la part des organismes de contrôle impliqués dans la contamination et les mesures correctives inappropriées prises par ces agences et l'autorité indienne de tutelle, mettent en péril la robustesse des contrôles et de la surveillance, selon le Commission européenne.

Le projet de loi stipule que cinq organismes de contrôle ne devraient pas figurer sur la liste de ceux reconnus par l'Autorité pour le développement des exportations de produits alimentaires agricoles et transformés (APEDA) en Inde. Cela signifie qu'ils ne seront pas en mesure de certifier les exportations de produits biologiques de l'Inde vers l'UE, car les entreprises autorisées par eux ont envoyé des produits contaminés à l'oxyde d'éthylène en Europe.

Plus de 20 autres agences de certification resteront sur la liste. Si le projet de loi est approuvé, il s'appliquera à partir de janvier 2022.

En conclusion de la réunion du 4 octobre 2021, la Commission européenne a résumé les points d'action suivants :

. Demander à l'EFSA d'approuver éventuellement l'évaluation des risques du BfR sous la forme d'une déclaration en tant que priorité urgente.

. Rendre publiques les considérations juridiques concernant la conclusion de la réunion du coordinateur de crise du 13 juillet 2021 dans une annexe au rapport de synthèse de cette réunion.

. En tenant compte de l'expérience acquise, évaluer s'il est nécessaire d'affiner l'approche de la gestion des risques à l'avenir.

Bienvenue chez les bisounours de la Commission européenne !


Aux lecteurs du blog
Grâce à la revue PROCESS Alimentaire, vous n'avez plus accès aux 10 052 articles initialement publiés par mes soins de 2009 à 2017 sur le lien suivanthttp://amgar.blog.processalimentaire.com/. Triste histoire de sous ...

Aliments contaminés par l’oxyde d’éthylène : quelle est la réalité des risques ?

Dira-t’on un jour, tout ça pour ça ?
Cela y ressemble fortement !
13 424 produits (références et lots) ont été rappelés depuis plus d’un an en France, selon la DGCCRF, et surtout en lisant l’article du Pr Narbonne, ci-dessous, ces questions nous viennent à l’esprit, tout cela aurait-il pû ou dû être évité ?

Il ne s’agit donc pas d’une crise sanitaire pouvant affecter les consommateurs mais simplement d’un problème de conformité réglementaire d’utilisation d’un procédé non autorisé en Europe qui doit se réglé par des mesures administratives au niveau des importations. De plus les évaluations des risques sanitaires ne doivent pas se faire selon la réglementation actuelle qui n’est pas adaptée au cas particulier du traitement des denrées sèches par l’ETO. 

«Aliments contaminés par l’oxyde d’éthylène : quelle est la réalité des risques ?» est un article écrit par Jean François Narbonne. Docteur ès Sciences (Toxicologie), Professeur honoraire de l’Université de Bordeaux, ancien Directeur du groupe de Toxicologie de l’UMR CNRS 5255, Ancien expert auprès de l’ANSES, du Conseil de l’Europe et de l’UNEP/OMS.

Le blog reproduit plusieurs éléments de cet article paru sur le site de l’Association Toxicologie-Chimie. Je remercie un lecteur attentif du blog de m’avoir signalé cet article. Tous les liens de l’article ci-dessous sont de mon fait.

En allant sur ce lien, vous pourrez lire plusieurs autres articless sur l’oxyde d’éthylène.

1. L’alerte

A la fin du mois d’aout 2020, la Belgique puis l’Allemagne ont effectué un signalement auprès du réseau d’alerte rapide européen pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) sur la présence d’oxyde d’éthylène (ETO) dans des graines de sésame. Des analyses complémentaires réalisées au mois d’octobre ont montré une contamination étendue des graines de sésame, en particulier celles provenant d’Inde. Les concentrations étaient généralement de l’ordre de 0,5 à 10 mg/kg. Les signalements de contaminations concernent au moins de 3 000 tonnes de sésame sur les 60 000 tonnes de graines de sésame importées d’Inde chaque année par l’UE, dont la moitié sont bio. Ces signalements ont déclenché une cascade de rappel de produits tels que : farines, fromage, graines, houmous et tartinables, plats préparés, pains, purées de sésame, céréales, burgers, confiseries, épices, biscottes. Depuis plusieurs années, les produits en provenance d’Inde font l’objet de demandes pressantes de la Commission européenne en matière d’hygiène. En cause, des contaminations par des salmonelles, des résidus de matières non sensés se trouver dans les graines, etc. mis en évidence dans les 5 ou 6 dernières années. L’UE a donc fait pression pour que l’Inde respecte mieux les exigences sanitaires. Les opérateurs locaux ont alors vraisemblablement eu recours au traitement par l'ETO qui a également été détecté dans des graines de sésame en provenance de Bolivie et d'Ethiopie, ainsi que dans des épices et aromates de Turquie, de Tanzanie, du Sri Lanka, d'lndonésie, d'Egypte, du Maroc et des Pays-Bas. Les conséquences médiatiques dans un contexte de pandémie mondiale ont suscité des craintes irraisonnées chez les consommateurs : «Alimentation, présence d’un pesticide : 7000 références retirées des rayons» ; «Sésame contaminé : Pourquoi le bio est touché». Pour comprendre cette crise il faut connaître les données scientifiques et techniques du problème.

2. Les traitements de désinfection

Les techniques classiques de décontamination des denrées alimentaires par la chaleur ont leurs limites puisque certains germes présentent une résistance au système de stérilisation classique. Leur élimination nécessite l'utilisation de conditions spéciales (chauffage à 120°C, hautes pressions) car les spores résistent par la synthèse d'une protéine qui leur permettent de survivre dans une eau bouillante. Du fait de la sensibilité des poudres alimentaires à la chaleur, les procédés de décontamination athermiques chimiques (fumigations) et physiques (irradiation, UV, hautes pressions, lumière pulsée...) semblent plus appropriés car ils permettent d’éviter les dégradations thermiques des qualités organoleptiques et des propriétés nutritionnelles. Très longtemps utilisée, la fumigation consiste à appliquer, sur les poudres, des gaz tels que l’oxyde d’éthylène, l’oxyde de propylène, le phosphure d’hydrogène et le bromure de méthyle qui sont des composés engendrant des réactions d’alkylation et provoquant ainsi la destruction ou l’inactivation des micro-organismes. Utilisée jusqu’en 1980, la fumigation des poudres alimentaires présentait de nombreux inconvénients, notamment la production de composés nouveaux (néoformés), ayant une toxicité inférieure à celle des agents primaires (éthylène glycol, chloro-2 éthanol, épichlorhydrine...).

3. Oxyde d’éthylène et 2-chloroéthanol – Informations générales

Il s’agit d’un gaz produit par oxydation de l’éthylène, de façon naturelle par la flore microbienne, soit de façon industrielle par catalyse en présence d’argent. Ce gaz sert à la synthèse de composés comme l’éthylène glycol, certains gaz propulseurs, additifs de carburants, formulations de pesticides, matières plastiques. Il est ou a été utilisé dans la synthèse ou comme intermédiaire de synthèse de nombreux produits …. L’oxyde d’éthylène (ETO) a été utilisé comme agent de stérilisation de matériel médical et comme insecticide pendant une quarantaine d’années. Cet usage est maintenant interdit dans l’UE. Comme fumigant, il reste en usage dans différents pays hors UE pour son rôle de biocide dans le stockage des denrées, essentiellement des farines, des amendes, des fruits secs et des confiseries en Europe et aux Etats-Unis. L’ETO est aussi utilisé pour la stérilisation et comme traitement antifongique et antibactérien dans certains produits comme les épices, la poudre de curry et des noix de coco déshydratées. La stérilisation nécessite des doses plus élevées que les traitements insecticides mais concerne des aliments peu consommés en quantité. Techniquement, l’ETO est utilisé en mélange avec du CO2 dans des installations dédiées et sécurisées. Le principal produit de dégradation de l’ETO est le 2-chloroéthanol (2-CE) ou éthylène chlorohydrine, qui se forme quand l’ETO réagit avec le chlore (Na Cl) qui se trouve dans les matrices alimentaires traitées.

4. Problème du cadre législatif et réglementaire

Si l’ETO est un puissant toxique pour les travailleurs exposés, la toxicité pour les produits traités doit être considérée sous un aspect très différent. Dans le cas de stérilisation de matériel médical par exemple, l’exposition du consommateur peut venir d’un certain relargage au moment de l’utilisation, d’ETO adsorbé sur les matériaux plus ou moins poreux (en plastique par exemple). Ceci peut en particulier concerner du matériel jetable à usage unique, conservé sous emballage étanche et qui pourrait induire une courte exposition au moment de l’ouverture pour utilisation. Dans le cas de stérilisation de produits alimentaires secs, comme des graines ou des épices, le problème est différent car si le but est aussi d’éliminer de graves dangers biologiques (bactéries et virus) fréquents dans les pays producteurs (Inde Pakistan, Egypte, Afrique…), l’ETO a pu être faiblement adsorbé sur les matrices. Cependant ayant un point d’ébullition de 10,4°C, l’ETO s’évapore au cours des phases de stockage, de dilution et de chauffage éventuels dans le cadre des processus de fabrication des produits finis. Ainsi on ne détecte plus d’ETO dans les produits bruts traités ou dans les produits finis mais on trouve le produit néoformé, le 2-CE, dont la toxicité n’a plus rien à voir avec celle de l’ETO. Si on veut trouver une comparaison pertinente, on peut se référer au traitement de stérilisation des denrées par ionisation. Dans ce cas l’agent biocide est le radical hydroxy OH., généré par radiolyse de l’eau présente dans la matrice. Cette entité extrêmement réactive de l’oxygène, est aussi hautement cancérigène par réaction avec l’ADN des cellules vivantes (donc aussi pour les opérateurs non protégés). Dans les matrices alimentaires ce radical induit la formation de composés néoformés issus essentiellement de la radiolyse des lipides (aldéhydes, oxycholestérol…) qui entrent dans l’évaluation des risques pour les consommateurs et dans l’estimation de la balance bénéfices /risques. Dans ce cas la toxicité propre du rayonnement ionisant n’entre pas en ligne de compte dans cette évaluation. Dans le cas du traitement par l’ETO, la forme active de l’oxygène est l’époxyde porté par l’éthylène qui du fait de sa réactivité sur les entités biologiques vivantes, a son effet biocide mais induit sur les matrices alimentaires «inertes» la formation du 2-CE qui est le composé néoformé majeur. On pourrait aussi faire un parallèle avec les traitements thermiques de pasteurisation ou stérilisation où on considère la toxicité éventuelle des composés néoformés ingérés par le consommateur (produits de Maillard, lipides oxydés, acrylamide, furanes…). Il semble donc que le cadre réglementaire lié au classement de l’ETO comme pesticide paraît à première vue, comme un peu décalé par rapport à un procédé de décontamination des denrées alimentaires. Pour comprendre ce décalage, il faut rappeler les contextes réglementaire et toxicologique.

4.1. Réglementation

D’un point de vue légal, les résidus d’ETO sont considérés comme des pesticides. En effet, la Directive 2009/128/CE a instauré un cadre communautaire d’action pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable. Les pesticides sont : *D’une part les produits phytopharmaceutiques au sens du règlement (CE) n°1107/2009 ; *D’autre part les produits biocides au sens du règlement (CE) 528/2012. -Les produits biocides sont destinés à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l’action ou à les combattre de toute autre manière par une action autre qu’une simple action physique ou mécanique. Exemples : désinfectants, produits de protection, produits de lutte (insecticides, rodenticides), peintures antisalissure sur les bateaux, etc. -Les produits phytopharmaceutiques permettent de protéger les végétaux en détruisant ou éloignant les organismes nuisibles indésirables ou en exerçant une action sur les processus vitaux des végétaux. Exemples : insecticides, fongicides, herbicides, acaricides... Ainsi, les deux catégories de pesticides, biocides et produits phytopharmaceutiques, sont définies par leurs usages et non leurs formulations chimiques.

Dans le cadre du traitement de désinfection des denrées alimentaires, l’ETO est donc classée comme un biocide figurant sur la liste de l’ECHA comme TP2 (désinfectant). Cependant en Europe, l’utilisation pour la désinfection des denrées alimentaires n’est pas autorisée (ECHA, 2020). La réglementation pesticide (EC) No 396/2005 précise que les limites maximales applicables aux résidus de pesticides (LMR) présents dans ou sur les denrées alimentaires et les aliments pour animaux d’origine végétale et animale sont exprimées comme la somme de la matière active et de ses métabolites. Pour l’ETO la LMR concerne donc la somme ETO + son métabolite le 2-CE, exprimés en équivalent ETO. La LMR est de 0,02 mg/kg valeur de la LOQ (limite de quantification).

Si on prend la réglementation dans son expression, on voit qu’elle concerne les résidus présents «dans ou sur les denrées alimentaires». Or l’expérience issue des cas historiques de contamination par l’ETO (des milliers de dosages depuis le «début de la crise» en 2019) montre que dans les résultats analytiques exprimés en ETO + 2-CE, l’ETO est inférieur à la LOQ, la seule présence détectée est celle du 2-CE. Ceci s’explique très simplement par la volatilité de l’ETO à température ambiante et donc à son dégagement rapide au cours du stockage des denrées et de leur transformation, surtout si le process comporte une phase de chauffage du fait de son point d’ébullition de 10,4°C alors que celui du 2-CE est de 129°C. Dans le produit fini, seul le composé néoformé par réaction de l’ETO avec le Cl présent dans les matrices alimentaires est détectable. Ainsi la réglementation «pesticide» base l’évaluation des risques sanitaires sur une substance l’ETO, à laquelle le consommateur n’est pas exposé ! L’ évaluation des risques sanitaires devrait logiquement être basée sur le 2-CE, substance néoformée réellement présente.

La réglementation sur les biocides paraît pertinente quand le produit de traitement reste présent dans ou sur la denrée alimentaire, par-contre elle ne l’est plus quand le produit de traitement disparait rapidement et que ne persistent que les produits néoformés.

De même si la toxicité des métabolites est inconnue ou peu documentée, l’assimilation de leur toxicité à celle de la substance parente est pertinente (par précaution), elle n’est plus dans le cas inverse. Or il existe une réglementation qui tient compte de la disparition de la substance de traitement au cours d’un procédé : C’est celle qui différencie les auxiliaires technologiques des additifs. En effet leur définition précise que : «Les auxiliaires technologiques sont des substances, non consommées comme ingrédients alimentaires en soi, mais utilisées lors du traitement ou de la transformation de matières premières, de denrées alimentaires ou de leurs ingrédients afin de répondre à un objectif technologique donné». En fait la France est l'un des seuls pays européens à préciser les conditions d'évaluation, d'autorisation et d'utilisation de ces auxiliaires via le décret n° 2011-509 du 10 mai 2011 et l'arrêté du 7 mars 2011.

On voit donc que les autorités françaises sont capables d’adapter les règlements quand la législation européenne ne prend pas en compte des contextes spécifiques.
Cependant si un auxiliaire technologique «disparaît» au cours d’un traitement technologique il induit la formation de composés néoformés qui peuvent avoir leur propre toxicité. Dans ce cas, le cadre réglementaire le plus adapté est celui appliqué pour l’évaluation des effets des traitements technologiques sur les matrices alimentaires couvert par le règlement (CE) n°258/97 (catégorie 6/f) concernant les «nouveaux aliments ou novel foods». Il s’agit en effet les «aliments et ingrédients alimentaires auxquels a été appliqué un nouveau procédé de production qui n’est pas couramment utilisé, lorsque ce procédé entraîne dans la composition ou la structure des aliments ou des ingrédients alimentaires des modifications significatives de leur valeur nutritive, de leur métabolisme, ou de leur teneur en substances indésirables». Dans le cadre, de nouveaux procédés de décontamination (comme la lumière pulsée ou les hautes pressions), les questions instruites par les agences nationales sont les suivantes : - Evaluation de l'efficacité du traitement pour la décontamination de surface des produits ; - Evaluation de l’impact du procédé sur la qualité sanitaire et les caractéristiques nutritionnelles des produits.
C’est ce contexte réglementaire qui semble le plus approprié dans le cadre du traitement des aliments secs par l’ETO.(...)

Conclusion

Il ne s’agit donc pas d’une crise sanitaire pouvant affecter les consommateurs mais simplement d’un problème de conformité réglementaire d’utilisation d’un procédé non autorisé en Europe qui doit se réglé par des mesures administratives au niveau des importations. De plus les évaluations des risques sanitaires ne doivent pas se faire selon la réglementation actuelle qui n’est pas adaptée au cas particulier du traitement des denrées sèches par l’ETO. On a vu qu’en son temps, l’administration Française avait su adapter la réglementation au cas particulier des auxiliaires technologiques. La réglementation la plus pertinente est celle de l’évaluation des procédés technologiques introduite en 1997 dans le cadre de la directive «Novel Foods». On ne voit pas pourquoi les procédés plus anciens ne seraient pas évalués sur les mêmes critères.
Il est étonnant que devant un tel décalage entre la perception et la réalité des risques, les opérateurs des filières alimentaires, les assureurs des lourdes opérations de rappel, les experts des agences et des organismes de recherche, les journalistes spécialisés ou même les hommes politiques conscients, n’aient pas alertés les administrations en charge de l’application des règlements.

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