jeudi 4 juillet 2019

16 produits de la société TLC distribués par Carrefour sont rappelés soit pour présence, soit pour suspicion de présence de Listeria monocytogenes


Parfois, voire même souvent, les problèmes liés à Listeria monocytogenes persistent dans certaines usines, équipement, environnement, etc., on parle alors de bactéries persistantes comme l’ont montré les articles de 2018 suivants :
Carrefour informe les consommateurs le 3 juillet 2019 du rappel de produits de la gamme traiteur de la société TLC … il y en a pour tous les goûts …

La liste des 16 produits rappelés est un peu longue mais on apprend que certains, quatre produits, ont la mention « présence de présence de Listeria monocytogenes » mais pour les 12 autres produits, il est rapporté, « Principe de précaution : suspicion de présence de Listeria monocytogenes. » Bien entendu, il faudrait plutôt lire mesure de précaution
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C’est ce qui a fait écrire à L’Union,
L’enseigne de grande distribution Carrefour a été contrainte de procéder à une campagne de rappel de certains de ses produits de la gamme « traiteur-TLC ». Ses marchandises contiennent de la Listeria ou sont susceptibles d’en contenir. La listériose est une maladie qui peut être grave et dont le délai d’incubation peut aller jusqu’à huit semaines.
A mon avis, ce n’est pas Carrefour qui a été contraint mais la société TLC et on aura une petite idée de cela en fin d’article …

Ce même média ajoute dans son texte que le rappel concerne des produits dont la « présence de Listeria est confirmée » et des produits dont il y a des « soupçons de présence de Listeria » …

Je ne sais pas si c’est la société TLC ou Carrefour qui a été contraint de rappeler des produits, mais s’il s’agit de nos autorités sanitaires, elles sont très (trop) discrètes sur le sujet des rappels, comme d’hab, pourrait-on dire …

Carrefour nous informe qu’il y a « 31 magasins concernés ».

Des médias (1, 2, 3, 4, 5) rapportent l’information, mais d’une façon incomplète, en ne listant pas l’ensemble des produits rappelés ou en occultant les 12 produits concernés par le rappel, mais qui ont le droit à la mention soit disant protectrice, « Principe de précaution : suspicion de présence de Listeria monocytogenes. »

Comment les pouvoirs publics ont-ils pu laisser passer un tel communiqué de TLC ?

Cela étant, la société TLC n’est pas une inconnue pour ceux qui suivent les rappels. Comme le rappelle L’Indépendant, « Ce n'est pas la première fois que cette marque est pointée du doigt pour un risque sanitaire. »

En effet, selon le site Oulah!, le 10 janvier 2019, il y a eu le rappel de Cornet de jambon macédoine x 2 de marque TLC pour cause de présence de Listeria monocytogenes.
Sept magasins Carrefour avaient été alors concernés.

Autre rappel de produit d'origine France ayant pour cause Listeria monocytogenes, on apprend selon cette information de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) du 2 juillet 2019 :
Les Dépendances procède au rappel de fromage au lait cru Coulommiers de marque Dongé parce que ce produit pourrait être contaminé par la bactérie Listeria monocytogenes. Le produit visé décrit ci-dessous ne doit pas être consommé.
Ce produit pourrait avoir été vendu en demi ou en quart. Les consommateurs qui ne sont pas certains s'ils ont acheté le produit visé devraient se renseigner auprès de leur détaillant. 
Ce qui est étonnant avec ce rappel, c’est que l’ACIA n’indique pas si la « présence de Listeria est confirmée » et/ou s’il y a des « soupçons de présence de Listeria » …

A la recherche de Vibrio vulnificus en France et en Europe


La DGAL du ministère de l’agriculture vient de publier une instruction technique, DGAL/SDSSA/2019-486, du 2 juillet 2019 concernant le « Jugement de conformité des lots de produits de la pêche et de coquillages vivants trouvés contaminés par des Vibrio suite à des contrôles officiels (version modifiée de l'IT 2014-487».
La présente note a pour objet de définir les critères de jugement de conformité d'un lot de produits de la pêche ou de coquillages vivants trouvés contaminés par des Vibrio. Les informations contenues dans l'Instruction technique 2014-487 ont été actualisées, notamment pour ce qui concerne la méthode d'analyse et les modalités de gestion des lots contaminés. Les modifications apportées à la précédente version de 2014 sont surlignées. 
L’annexe I, « Les Vibrio spp. d’intérêt en santé publique », est bien faite, mais il y a une petite ‘erreur’ me semble-t-il,
A ce jour, aucune infection à Vibrio vulnificus d’origine alimentaire n’a été rapportée en Europe ou en France Métropolitaine.
Ce constat est assez répandu comme nous le verrons en fin d’article, mais il me semble que c’est faux … et voici différents éléments pour étayer mon propos,

En mai 2015, l’Anses et la DGAL du ministère de l’agriculture nous avaient proposé un Bulletin épidémiologique n°68, 2015, « spécial vigilance sur la chaîne alimentaire » dans lequel il était question de « Vibrio impliqués en pathologie humaine: une étude de leur répartition dans des produits de la mer consommés en France ».

Il est indiqué que « Ces premiers résultats révèlent que les produits de la mer peuvent présenter un danger potentiel pour la sécurité du consommateur en France et soulignent l’importance d’une surveillance de ces espèces. »

La conclusion souligne
Les résultats collectés au cours de cette étude donnent une indication intéressante sur la présence des espèces V. parahaemolyticus, V. cholerae et V. vulnificus dans les produits locaux ou importés mis en vente sur le marché français, et en particulier sur la présence de souches portant des gènes codant pour des facteurs de pathogénicité connus.
Ceci souligne la nécessité d’une vigilance accrue et d’un contrôle régulier des produits régionaux ou importés, dont la mise en œuvre systématique pourrait évoluer à la faveur du développement récent de méthodes de détection et de quantification. Un renforcement de la surveillance des produits de la mer permettra de mieux anticiper la menace potentielle de ces pathogènes en santé humaine.
La menace potentielle de ces pathogènes en santé humaine existe …

Ainsi un document de l’InVS rapporte des informations sur « Les infections à vibrions non cholériques en France : cas identifiés de 2001 à 2003 par le Centre national de référence des vibrions et du choléra ».
Pour 13 cas, le contexte de contamination sur le territoire français a pu être clairement établi. Parmi ces cas, 6 infections étaient consécutives à la consommation de produits de la mer (5 infections à V. cholerae, se manifestant par des syndromes divers, 1 infection à V. parahaemolyticus), 3 infections à V. cholerae et 4 infections à V. vulnificus étaient consécutives à une exposition à l’eau de mer ou de piscine. 
En août 2008, en France, il est rapporté,
Lundi 4 août, un homme de 73 ans est décédé à l'hôpital de Sète d'une septicémie. L'infection résulte d'une  blessure à la main (par piqûre de la nageoire dorsale et l'hameçon) acquise le Jeudi 31 Juillet lors d'une partie de pêche dans l'étang de Vic (Hérault). 
La symptomatologie, l'évolution clinique et les analyses biologiques permettent de fortement suspecter une infection par Vibrio vulnificus. Une confirmation par le Centre national de référence est attendue en début de semaine prochaine. Il s'agirait du 1er cas confirmé de contamination en région méditerranéenne en France.
L’Allemagne a rapporté en juillet 2019 son premier décès dû à Vibrio vulnificus depuis quatre ans.

L'analyse des données de surveillance cliniques, microbiologiques et épidémiologiques, des cas confirmés depuis 1995 en France a été menée en 2017 conjointement par le CNR et Santé Publique France; 10 cas de vibriose en moyenne ont été rapportés annuellement par le CNRVC, une augmentation sans précédents a été enregistrée en 2017 avec 26 cas d’infections à vibrions non cholériques, associés à 6 espèces de Vibrio, majoritairement V. cholerae (n = 10) et V. parahaemolyticus (n = 8). Un lien avec le milieu marin, consommation de produits de la mer ou contact direct avec l'eau de mer, a été établi dans 80% des cas, qui se sont manifestés majoritairement par des gastroentérites.
Les cas ont été fréquemment signalés dans les zones côtières et particulièrement sur la côte atlantique, mais une notion d'exposition probable à l'étranger, dans des pays à risque, a été signalée dans 40% des cas. Cette augmentation du nombre de cas pourrait être attribuée aux températures élevées enregistrées en 2017 et/ou à l'évolution des techniques de diagnostic. 
Autres documents,
  • « The emergence of Vibrio pathogens in Europe: ecology, evolution, and pathogenesis (Paris, 11–12th March 2015) », paru dans Fontiers in Microbiology, qui relate des cas d’infection à infection à Vibrio vulnificus
  • Environmental occurrence and clinical impact of Vibrio vulnificus and Vibrio parahaemolyticus: a European perspective. Environmental Microbiology Reports, 2, 7-18.
L’EFSA note aussi dans ce document de 2012 que des cas sporadiques à Vibrio vulnificus ont été identifiés en Europe,

Dans un article de Food Safety News de mai 2019, Les lignes directrices sur la sécurité sanitaire des produits de la mer se rapprochent après une réunion sur Vibrio.

« La situation en Europe est très différente, alors que nous avons des infections à Vibrio parahaemolyticus, mais nous ne voyons pas à la taille et l’ampleur de celles qui ont lieu aux Etats-Unis », a déclaré Rachel Hartnell, du Cefas Weymouth Laboratory.

Vibrio vulnificus peut être fatal dans une forte proportion de cas, il est donc grave mais rare, nous ne voyons pas de cas en Europe. Même sans réseau de surveillance épidémiologique si des personnes décédaient, nous le saurions. Si vous présentez Vibrio parahaemolyticus ou Vibrio vulnificus, cela n’est pas notifié et c'est là le problème.

A suivre …

Les « faux » steaks hachés devant le Sénat pour tenter de comprendre qui est responsable


La com du ministère de l’agriculture nous informe ainsi sur la « Sécurité sanitaire des aliments : des contrôles assurés à tous les niveaux par l’État ».

Le ministère de l’agriculture « a pour mission de vérifier la qualité et la sécurité des aliments à tous les maillons de la chaîne alimentaire. »

Il va être question au Sénat du « Scandale des faux steaks hachés », et on lira sur ce sujet une question d’actualité au gouvernement du 12 juin 2019. De même, on lira les articles que le blog avaient diffusé, « Fraude à 780 tonnes de faux steaks hachés. FranceAgriMer serait présumé innocent » et « Enquête sur la viande de cheval en Irlande et fraude aux steaks hachés en France ».

Précisément, « Mercredi 3 juillet 2019, la commission des affaires économiques a organisé deux tables rondes sur le thème de la qualité frauduleuse des steaks hachés fournis aux associations caritatives»

Comment expliquer le décalage entre, d’une part, le très lourd degré de contrôles administratifs pesant sur les associations dans le cadre de l’utilisation des fonds européens et, d’autre part, le manque de contrôle sanitaire ou de contrôle de composition des produits réalisés avant les livraisons aux associations, notamment sur les produits sensibles comme la viande !
Pour le rapporteur Fabien Gay (Groupe Communiste, Républicain, Citoyen et Écologiste – Seine-Saint-Denis), « les administrations compétentes font comme si tout avait bien fonctionné. Mais si c’était le cas, il n’y aurait pas eu ce scandale ! Il y a des dysfonctionnements dans les procédures d’appels d’offres et de contrôles et il convient d’agir au plus vite pour éviter qu’une telle affaire ne se reproduise. »
Les administrations qui n’ont pas l’habitude de se voir reprocher quoi que ce soit ne tiennent pas, me semble-il, le même discours que les associations caritatives …
À l’image de Jean-Philippe Vinquant, directeur général de la cohésion sociale (DGCS), qui « ne peut pas imaginer un système où celui qui reçoit des produits qui sont livrés n’a pas une responsabilité pour s’assurer ». « Il n’y a pas un gestionnaire de cantine ou un responsable d’hypermarché qui ne contrôle pas ce qui lui est livré. Le contrôle doit reposer à un moment sur une alerte de celui qui reçoit les produits ».
Des propos qui ont scandalisé Fabien Gay, rapporteur général de ces auditions. « Votre réponse est hallucinante. Vous comparez les associations avec les collectivités territoriales et les commerçants. Mais l’association ne passe pas un marché public, c’est vous qui le faites. C’est vous qui commandez. Donc qu’elles aient un regard visuel, très bien. Mais à aucun moment vous ne parlez de la responsabilité qui vous incombe », s’indigne le sénateur communiste.
Plus tôt dans les débats, Jacques Bailet, président des banques alimentaires, a dénoncé le flou de l’administration dans l’affaire des faux steaks hachés. « Il eut été normal qu’elle donne une directive claire aux quatre têtes de réseau et ne nous laisse pas chacun adopter notre propre politique. Dans le débat avec le fournisseur, là aussi, on est livrés à nous-même ». Une position approuvée par les autres associations.
Dans les débats, les différents intervenants ont été amenés à rappeler le déroulé chronologique de cette affaire. Jacques Bailet, Président du réseau des Banques alimentaires, a expliqué que tout avait commencé le 21 février, lorsque, prévenue par les bénéficiaires, la banque alimentaire de Lannion a lancé l’alerte. Des analyses sont commandées et sont transmises le 25 mars à la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS). Le 5 avril, cette direction, qui agit sous l’autorité de plusieurs ministères, ne donne aucune réelle consigne au réseau des banques alimentaires, selon Jacques Bailet. « On a pris sur nous la décision d’interrompre la diffusion, de la bloquer », explique-t-il.
Une chronologie plus que particulière
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) est prévenue le 28 mars par la DGCS selon Virginie Beaumeunier, la directrice. Une enquête est lancée, avec deux objectifs : confirmer une éventuelle tromperie sur la qualité des produits et identifier ensemble des acteurs concernés.
E11 et 20 avril, une trentaine de prélèvements de produits ont été réalisés dans les locaux de banques alimentaires partout en France. Des prélèvements qui ont été envoyés dans un laboratoire de Montpellier, pour une analyse de composition. « Le 13 mai, nous avons les premiers résultats, qui mettent en évidence une non-conformité majeure par rapport à la réglementation et au cahier des charges de France AgriMer sur la totalité des échantillons analysés », explique Virginie Beaumeunier 

Toute présence fortuite est exclue par le laboratoire, les manquements étant trop fréquents. Le 16 mai, la DGCCRF procède à de nouveaux prélèvements dans les autres associations (Les Restos du cœur, le Secours populaire, La Croix-Rouge), afin de confirmer si les manquements sont généralisés. Au total, 42 prélèvements sont faits, tous sont jugés non conformes. 


Quant à France AgriMer, l’organisme chargé d’élaborer le cahier des charges de l’appel d’offres et qui a choisi Voldis comme l’un des distributeurs, les résultats de leurs analyses ne sont tombés que lundi 1er juillet. Néanmoins, la directrice Christine Avelin rappelle que les contrôles sanitaires transmis en amont par la société mise en cause ne présentaient aucune anomalie. 


 « Le contrôle n’entre pas dans notre champ de compétences, donc on préfère laisser ça en amont aux structures de l’État, que ce soit France AgriMer ou une autre, sachant que le FEAD (Fonds européen d’aide aux plus démunis) est quelque chose qui est très lourd administrativement », expliquait Olivier Grinon, membre du Bureau national du Secours populaire français. 

mercredi 3 juillet 2019

Des souches de Lactobacillus inhibent la formation de biofilms de Salmonella sp. isolés de volaille


« Une étude identifie des souches de bactéries lactiques afin de maîtriser les biofilms de Salmonella sp. chez les volailles », source article de Julie Larson Bricher paru le 3 juillet 2019 dans Meatingplace.

Dans une étude récente, des chercheurs ont découvert que trois souches de Lactobacillus et leurs protéines de surface pouvaient être utilisées comme solutions de remplacement dans la maîtrise de la formation de biofilms par Salmonella dans l’industrie avicole.

Les chercheurs ont isolé 15 souches de Salmonella d'un environnement avicole afin de déterminer leur capacité à former des biofilms sur différentes surfaces. Plus précisément, l’étude a examiné l’effet de trois souches de Lactobacillus - L. kefiri 8321 et 83113 et de L. plantarum 83114 - et leurs protéines de surface sur le développement du biofilm de S. Enteritidis.

Lors de la comparaison sur des surfaces en acier inoxydable, en verre et en polystyrène, les surfaces en polystyrène présentaient une formation plus importante de biofilm que les surfaces en verre ou en acier inoxydable, ont indiqué les chercheurs.

Les résultats ont montré que la pré ou la co-incubation avec les trois souches de Lactobacillus réduisait de manière significative (environ 1 log ufc/ml) la capacité de S. Enteritidis 115 à former un biofilm par rapport au témoin sans Lactobacillus. L'inhibition du biofilm a également été obtenue lorsque les protéines de surface extraites de souches de Lactobacillus ont été préalablement ou co-incubées avec S. Enteritidis 115.

Le résumé est proposé dans Food Research International.

Reste à savoir si, comme le disent les auteurs, « Les résultats obtenus ont montré que ces souches de Lactobacillus et leurs protéines de surface pouvaient être utilisées comme alternatives pour maîtriser la formation de biofilm par Salmonella dans l’industrie avicole. »