Il
y a quelques temps, en décembre 2018, j'avais commis un article,
L’Anses
lance une évaluation comparative du glyphosate avec les alternatives
disponibles : L’huile de coude bio est-elle un sérieux candidat ?
Et
voici que sur son blog, seppi vient d'écrire un article
que je reprends bien volontiers, « INRAE et
« agriculture
sans pesticide chimique » ... Dies
iræ .La rationalité sacrifiée sur l'autel de la démagogie.
Pour
les latinistes Dies iræ
signifie Jour de colère, et il y a de quoi … jugez plutôt ...
Notre
tout nouvel Institut de Recherche pour l'Agriculture,
l'Alimentation et l'Environnement (INRAE) vient
d'organiser – conjointement avec deux instituts de recherche
allemands (hélas... même les Allemands...) – le passage d'une
partie de l'Europe dans l'obscurantisme, le charlatanisme et, pour
tout dire, la connerie.
Voyez
ce communiqué de presse dégoulinant de fanfaronnade :
« Alternatives
aux pesticides chimiques : 24 organismes de recherche européens
s’engagent sur une feuille de route ambitieuse »
Si
vous n'êtes pas tombé à la renverse à la lecture de « pesticides
chimiques », vous pouvez peut-être encore absorber le
résumé :
« Mobiliser les efforts de recherche pour accélérer la transition agroécologique répond à une forte demande des pouvoirs publics, des professionnels et de la société, en France comme en Europe. Pour faire face à ce défi majeur, repenser la manière dont la recherche doit être conduite et développer une stratégie commune de recherche et d’expérimentation non plus à une échelle uniquement nationale mais européenne est l’objet de la déclaration d’intention « Pour une agriculture sans pesticide chimique ». Cette déclaration a été signée aujourd’hui par 24 organismes de recherche de 16 pays européens. Sous l’impulsion de l’institut français INRAE et de ses homologues allemands ZALF et JKI, cet engagement sans précédent permet la mobilisation de toute une communauté de recherche autour d’une vision partagée d’une agriculture sans pesticide chimique. Cette déclaration formalisée à l’occasion du Salon International de l’Agriculture le 23 février, avec le soutien des ministères français en charge de l'agriculture et de la recherche, et en présence d'Amélie de Montchalin, Secrétaire d'Etat aux Affaires Européennes, assoit la mise en place d’une alliance européenne de recherche qui finalisera une feuille de route et la présentera prochainement à la Commission Européenne pour contribuer au Pacte Vert pour l’Europe. »
Encore autorisée ? |
Toujours
assis ?
La
suite regorge de mots aussi creux que grandiloquents :
« dialogue à l’échelle européenne entre chercheurs,
ouvert aux partis prenantes » ; « L’objectif
est ambitieux » ; « définir une nouvelle
stratégie de recherche, transdisciplinaire et multi-acteurs » ;
« transition vers une agriculture sans pesticide chimique
partout sur le continent » ; « vision
ambitieuse » ; « transition écologique
durable à l’échelle du continent » ; « mesures
très ambitieuses » ; « développer une
agriculture durable et produisant des aliments sains » –
implicitement : ceux d'aujourd'hui ne le sont pas... « tout
en gardant des systèmes agri-alimentaires productifs et
économiquement viable »...
On
va donc « mieux utiliser les approches agro-écologiques
afin de développer des systèmes de production plus résistants aux
maladies, exploiter le fort potentiel de la sélection végétale,
développer l’utilisation du numérique et des nouvelles
technologies et agroéquipements, approfondir les leviers et verrous
de la transition socio-économique ». Va-t-on se lancer
dans la génétique moderne, les OGM et les NBT ?
Ça
va remuer !
« Une feuille de route en préparation invoque aussi une remise en question des méthodes de recherche en intégrant des approches systémiques et multidisciplinaires. Ces nouvelles méthodes doivent renforcer et accélérer le lien entre avancées des connaissances et expérimentations en laboratoire et sur le terrain. Une science menée de manière ouverte, en lien avec le monde agricole pour que celui-ci s’approprie les changements, en partageant les travaux et les résultats dans tout territoire, sur tout type de culture et en intégrant la variabilité des climats et des sols pour tester à grande échelle des solutions alternatives. »
On
n'aurait donc pas encore intégré « des approches
systémiques et multidisciplinaires », créé un lien
efficace « entre avancées des connaissances et
expérimentations en laboratoire et sur le terrain », mené
une science « de manière ouverte, en lien avec le monde
agricole »...
Oh !
On veut aussi « contribuer à […] permettre
d’éclairer les politiques publiques nationales et européennes »...
L'expérience nationale avec le glyphosate est tout à fait
éclairante...
Voici
la liste des 24 organismes de recherche qui vont changer le monde ou
plus prosaïquement chasser des subventions :
- Aarhus University, Danemark
- Agricultural Academy, Bulgarie
- Agricultural University of Athens, Grèce
- Agroscope, Suisse
- Alma Mater Studiorum - University of Bologna, Italie
- Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, Cirad, France
- Consiglio Nazionale delle Ricerche, Italie
- Hungarian Research Institute of Organic Agriculture, Hongrie
- French National Research Institute for Agriculture, Food and Environment– INRAE, France
- Institute of Agriculture and Food Biotechnology – IBPRS, Pologne
- Julius Kühn-Institute – JKI, Federal Research Centre for Cultivated Plants, Allemagne
- Latvia University of Life Sciences and Technologies, Lettonie
- Leibniz Centre for Agricultural Landscape Research – ZALF, Allemagne
- National Agriculture Research and Innovation Centre – NAIK, Hongrie
- Natural Resources Institute Finland – Luke, Finlande
- Rzeszow University of Technology, Pologne
- Sant’Anna School of Advanced Studies, Italie
- Swedish University of Agricultural Sciences – SLU, Suisse
- Szent István University, Hongrie
- Teagasc - Agriculture and Food Development Authority, Irlande
- University of Agricultural Sciences and Veterinary Medicine - USAMV – Bucarest, Roumanie
- University of Life Sciences in Lublin, Pologne
- Vytautas Magnus University Agriculture Academy, Lituanie
- Zagreb University, Faculty of Agriculture, Croatie
Seize
pays européens, dont la Suisse ? Il en reste douze, pas tous
petites ni insignifiants du point de vue de la recherche agronomique,
qui n'ont pas (encore ?) cédé à la folie : Autriche,
Belgique, Chypre, Espagne, Estonie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas,
Portugal, République tchèque, Slovaquie, Slovénie.
Cette approche est donc un nouvel exemple de ce qui était dénoncé ci-après dans un article du Figaro.fr,
Il faut le répéter, le catéchisme progressiste fonctionne exactement comme toutes les formes de fondamentalisme: conviction d’être la seule vraie foi et l’étape finale de l’histoire morale, intolérance absolue envers tout questionnement, violences exercées au nom du bien, promotion d’une vision binaire et manichéenne du monde…Mise à jour du 6 mars. A lire dans Alerte Environnement, Ce que coûterait le retrait du glyphosate en arboriculture : entre 120 et 432 euros par hectare.