« La
flore intestinale livre ses secrets pour développer de nouveaux
traitements contre le diabète », source communiqué
du 18 février de l'Inserm.
Un
composé organique produit par la flore intestinale, le métabolite
4-Cresol, aurait des effets protecteurs contre le diabète de type 1
et de type 2, notamment en stimulant la croissance des cellules bêta
du pancréas qui produisent l’insuline. C’est ce que montre une
nouvelle étude, dirigée par le chercheur Inserm Dominique Gauguier
au sein du laboratoire « Toxicité environnementale, cibles
thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs »
(Inserm/Université de Paris) et publiée dans le journal Cell
Reports.
Ces résultats ouvrent la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques
qui pourraient améliorer la situation de millions de patients.
Plus
de trois millions de Français sont atteints de diabète, tous types
confondus. Cette maladie, dont la prévalence ne cesse d’augmenter,
est associée à un risque accru de développer des pathologies
cardiovasculaires, ce qui en fait un problème de santé publique
majeur. Développer et améliorer les traitements destinés à ces
patients est donc essentiel.
Des
études récentes ont montré que les formes fréquentes de diabète
sont causées par la mutation de plusieurs gènes et par des facteurs
liés à l’environnement et à certaines compositions de la flore
intestinale.
Des
travaux menés par le chercheur Inserm Dominique Gauguier au sein du
laboratoire « Toxicité environnementale, cibles
thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs »
(Inserm/Université de Paris), en collaboration avec des collègues
de l’Université de Kyoto (Japon) et de l’Université de McGill
(Canada), viennent renforcer ces résultats. Ces travaux mettent en
effet à jour une association entre le diabète et un composé
organique produit par la flore intestinale et également présent
dans certains aliments, le métabolite 4-cresol.
Les
chercheurs ont d’abord réalisé une étude de profilage
métabolique, pour identifier tous les types de métabolites présents
dans l’organisme, à partir d’échantillons sanguins de 148
adultes, certains d’entre eux diabétiques. L’idée :
identifier des marqueurs pouvant être associés au développement de
la maladie. « Nous
nous sommes aperçus que le 4-Cresol présentait un réel intérêt.
Produit du métabolisme de la flore intestinale, ce composé semble
être un marqueur de résistance au diabète. On retrouve notamment
des quantités plus faibles de 4-Cresol dans le sérum des patients
diabétiques que chez des individus non diabétiques »,
explique François Brial, chercheur Inserm et premier auteur de
l’étude.
Travaillant
à partir de modèles de diabète et d’obésité chez le rat et la
souris, les chercheurs ont ensuite testé les effets du 4-Cresol sur
les signes cliniques du diabète et sur le fonctionnement des
cellules bêta du pancréas, qui sécrètent l’hormone insuline,
dont le rôle est de maintenir l’équilibre du taux de glucose
contenu dans le sang. Ces cellules bêta s’épuisent au cours de la
maladie.
Pistes
de traitement
L’équipe
a ainsi montré qu’un traitement chronique de 4-Cresol à faible
concentration conduit à une amélioration du diabète. Les
chercheurs observent notamment une réduction de l’obésité et de
l’accumulation de graisse dans le foie, ainsi qu’une augmentation
de la masse pancréatique, une stimulation de la sécrétion
d’insuline et une prolifération des cellules bêta pancréatiques.
Désormais,
l’objectif immédiat des chercheurs est d’étudier les
possibilités de moduler la flore intestinale pour rétablir la
production du 4-Cresol chez les patients diabétiques. Pour cela, ils
vont d’abord tenter d’identifier les bactéries qui produisent
naturellement ce métabolite, puis définir lesquelles pourraient
s’avérer être des traitements potentiels, sûrs et efficaces dans
des syndromes de déficit en insuline.
Sur
la base d’études récentes, les patients diabétiques peuvent déjà
se voir proposer de nouvelles options thérapeutiques. Des transferts
de flore intestinale peuvent notamment être envisagés, même si les
mécanismes d’action de ces traitements ne sont pas encore bien
compris, ou encore des opérations de chirurgie bariatrique, qui
restent lourdes et invasives. « Notre
but est de parvenir à des pistes thérapeutiques qui permettent une
modulation fine de la flore intestinale, en favorisant la
prolifération de « bonnes » bactéries dont on comprend
mieux le fonctionnement, et la production de 4-Cresol à des doses
thérapeutiques », conclut
Dominique Gauguier.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.