vendredi 24 avril 2020

COVID et France : Modification du nombre de cas contaminés avec l'exclusion de cas dans les EHPAD

Je me fie depuis le début de l’épidémie de COVID-19 à ces trois sites Internet,

Université John Hopkins (Etats-Unis)

Voici, selon ces trois sites, la situation en France au 23 avril 2020 à 20h45
Site Internet
Nombre de cas
Nombre de décès
South China Morning Post
159 315
21 889
CEBM de l’Université d’Oxford
158 183
21 856
Université John Hopkins
159 467
21 889

Il y a eu des modifications dans les données, voici, par exemple, quelle était la situation en France au 17 avril 2020 à 14h00
Site Internet
Nombre de cas
Nombre de décès
South China Morning Post
147 091
17 941
CEBM de l’Université d’Oxford
165 027
17 920
Université John Hopkins
147 113
17 942

Pour comprendre ces changements, le CEBM de l’Université d’Oxford rapporte le 17 avril ces petites modifications dans les données :
Note: La France a indiqué qu'une partie des cas dans les EHPAD et les ESMS - représentant environ 33% du total des cas des EHPAD et des ESMS - ont été confirmés (plutôt que probable, comme les 67% restants) et en tant que tels doivent être considérés comme déjà inclus dans le nombre total de cas nationaux [source], point de la situation au 14 avril 2020]. Le gouvernement français a maintenant commencé à signaler la répartition entre les cas confirmés et probables dans les EHPAD et les ESMS [source]. Nous avons ajusté les données historiques de la France au 4 avril sur la base de ces informations. Le 3 avril, le gouvernement français avait signalé 17 827 cas supplémentaires et 532 décès supplémentaires dans les EHPA et ESMS qui n'avaient pas été signalés auparavant. Le 2 avril, il avait signalé 884 décès supplémentaires.

Mais le Financial Times va plus loin, pour les données au 9 avril 2020, « Toutes les cartes et graphiques excluent désormais les décès dans les EHPAD et ESMS du total de la France pour maintenir la comparabilité internationale ».

Cela est en contradiction avec ce que rapporte le CEBM et ouvre la porte à toutes les supputations ...

Voici quelques données sur la France (source CEBM de l'université d'Oxford) et la baisse de nouveaux cas se poursuit et souhaitons que cela se poursuive encore pour les prochains jours:

- 22 avril : 1 653 nouveaux cas et 516 nouveaux décès en France [source]
- 21 avril : 2 667 nouveaux cas et 531 nouveaux décès en France [source]
- 20 avril : 2 489 nouveaux cas et 547 nouveaux décès en France
- 19 avril : 1 101 nouveaux cas et 395 nouveaux décès en France [source] [source] [source]
- 18 avril: 3 824 nouveaux cas et 642 nouveaux décès en France [source
- 17 avril: 1 909 nouveaux cas et 761 nouveaux décès en France 
- 16 avril: 17 164 nouveaux cas et 753 nouveaux décès en France [source
- 15 avril : 4 560 nouveaux cas et 1 438 nouveaux décès en France [source
- 14 avril: 6 524 nouveaux cas et 762 nouveaux décès en France [source]
- 12 avril: 2 937 nouveaux cas et 561 nouveaux décès en France [source]
- 11 avril: 4 785 nouveaux cas et 635 nouveaux décès en France [source]
- 10 avril: 7 120 nouveaux cas et 987 nouveaux décès en France [source]
- 09 avril: 4 799 nouveaux cas et 1341 nouveaux décès en France [source] [source]
- 08 avril: 3 881 nouveaux cas et 541 nouveaux décès en France
Nombre de nouveaux cas par jour en France, source CEBM.
Nombre de nouveaux cas confirmés par jour, moyenne mobile sur 7 jours, source Financial Times.

Au secours, les masques arrivent, mais pas avant le 4 ou 11 mai, et après visa par un comité Théodule !


Pourtant on vient de très loin, ainsi,

Dans une interview au Figaro du 18 avril, la directrice générale de Santé publique de France persiste dans son aveuglement sur le port du masque en ville, elle reste alignée sur la doxa du gouvernement et du président de la République ...

A la question sur le port du masque pour le grand public, quelles sont vos recommandations ?
Nos recommandations concernent les personnels de santé, et les personnes avec des symptômes. Nous estimons que nous ne disposons pas assez d'informations assez robustes pour se prononcer pour le reste de la population, et nous étudions le sujet avec le Haut Conseil de la santé publique.

Mais tout cela est fini, terminé, avant l’heure, c’est pas l’heure, après l’heure, tant pis pour vous !

Je ne referai pas ici l’historique d’un fiasco ou d’un scandale des masques en France, chacun la connaît avec anecdotes et litotes aussi stupides que navrantes. Un historique de la pénurie de masques en France a été proposé sur ce lien.

Les comités Théodule et autres experts de l’Afnor reviennent avec une série de liens sur les masques et tout ce que vous avez voulu savoir sur les masques sans jamais oser le demander, attention il faut que votre masque soit conforme presque avec les normes NF Afnor, sinon point de salut !

Rappelons que l’Académie nationale de médecine avait déjà publié dès le 2 avril des tutos pour faire des masques ici et a plublié « Aux masques citoyens ! ». Le blog avait proposé des tutos dans un article, Le tuto le plus simple pour faire un masque, et sans couture !

Mais quelle tristesse d’en être arrivé là … voici quelques exemple de liens de la bureaucratie made in Afnor …

Un masque « grand public » sur tous les visages français déconfinés après le 11 mai 2020 ?

AFNOR n’a pas attendu : elle ouvre une plateforme web solidaire pour mettre en relation confectionneurs ou fabricants de masques barrires et employeurs souhaitant équiper leurs salariés ou agents. Rendez-vous sur https://masques-barrieres.afnor.org !
Masques barrières solidaires. La plateforme qui crée le lien entre une offre solidaire et des demandes de masques barrières. Pour se référer au modèle, mettre à disposition ses confections, trouver des masques, donner des matériaux

Général ; Disponibilité du document ; Matériaux/essais/performance ; Confection ; Utilisation.
Coronavirus : téléchargez le modèle de masque barrière

Vente libre de masques en Israël en supermarché
Par ailleurs, on apprend selon Les Echos du 24 avril 2020, « Les Français pourront se procurer des masques à partir du 4 mai »
Le gouvernement veut rendre plus accessible les masques grand public aux Français, avant le déconfinement. Plusieurs modes de distribution sont à l'étude, pharmacies, mairies, grande distribution ou encore buralistes. De premières expérimentations seront faites à partir du 4 mai, explique Agnès Pannier Runacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances.

« Et l'approvisionnement, par la production française et les importations, va s'accroître rapidement pour dépasser 25 millions de masques lavables par semaine fin avril », poursuit-elle. Anecdote qui en dit long, hélas, la moitié de ces masques seulement seront fabriqués en France ...

Mais on ne vous a pas attendu, et des moyens pour s’en procurer ainsi que des tutos, il en existe depuis longtemps …

En complément à l'article, j'ajoute ce qui suit dans l'interview aux Echos,


A la question, Des Français vous reprochent d’avoir dit qu’ils n’étaient pas indispensables parce qu’il n’y en avait pas …

Le ministre de la Santé a été très transparent sur le niveau de notre stock stratégique qui n’avait pas été alimenté par des décisions des gouvernements successifs. De surcroît, le scénario épidémique actuel n’a pas été imaginé. Il a fallu travailler en urgence pour faire face à une consommation mutipliée par plus de dix, nous l’avons fait et nous avons rattrapé le retard initial.



Langue de bois comme de bien entendu et non réponse à la question posée, les Français avaient besoins de masques et il n’y en avait pas, il fallait donc le dire tout simplement …



Dernier point, je lisais dernièrement que selon une ancienne ministre de l’éducation nationale, s’agissant du coronavirus : « Le leadership de cette crise est essentiellement pris en charge par des hommes »



Le blog vient de citer deux femmes dans cet article, qui n’ont pas brillé par leur clairvoyance, c’est le moins qu’on puisse dire … alors homme ou femme, quel importance, ce n’est pas le souci, ce que l’on veut c’est une stratégie !

Enfin, petite mesquinerie, la tva sur les masques vendus ne sera que de 5,5%, un scandale peut en cacher un autre ...



Mise à jour du 30 avril 2020. La DGCCRF publie un communiqué le 29 avril 2020, Mise en vente de masques de protection dans les enseignes de la grande distribution.
Les enseignes de la grande distribution alimentaire confirment que des masques grand public (en tissu et réutilisables) et des masques à usage unique seront progressivement mis en vente, dans des magasins et drive, à partir du lundi 4 mai, avec des approvisionnements qui monteront en puissance après le 11 mai.
Avant l'heure, on ne doit pas porter un masque, mais après le 11 mai, il faudra en porter un !


Après les amendes pour défaut de dérogation de sortie, le secrétaire d’État aux Transports a ajouté aux souches de son carnet de contraventions une nouvelle sanction: à partir du 11 mai, les usagers des transports pourront être sanctionnés s’ils ne portent pas de masque. Le citoyen, bonne pomme, à qui l’on a expliqué que le masque ne servait à rien, puis qu’on en manquait cruellement, puis qu’il pouvait se le fabriquer lui-même, ne devrait pas être, comme les pouvoirs publics, en retard à l’allumage. Il portera son masque. Il n’en reste pas moins que la passion de l’amende comme la compulsion fiscale participent, une fois encore, du génie français.

jeudi 23 avril 2020

COVID-19 et déconfinement en Suisse: Rincer à fond les installations d’eau potable avant la réouverture des locaux au public


Ce n’est hélas pas encore le cas chez nous, soyons patients, mais le déconfinement assoupli se prépare dès lundi prochain chez nos amis suisses.

« Coronavirus – rincer à fond les installations d’eau potable avant la réouverture des locaux au public », source communiqué de l’OSAV (office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires)

Dès le 27 avril 2020, les premiers établissements, comme les cabinets paramédicaux et les salons de coiffure, de massage ou de beauté, reprendront leurs activités. Les centres sportifs, les écoles et d’autres suivront. Souvent les installations d’eau potable n’y ont guère été utilisées durant plusieurs semaines, ce qui favorise la prolifération de microorganismes comme les légionelles. Ces dernières peuvent provoquer une pneumonie sévère (appelée légionellose). Il est donc impératif de bien rincer les installations d’eau potable avant leur remise en service.

Les mesures prises par le Conseil fédéral pour lutter contre la pandémie du coronavirus seront progressivement assouplies à partir du 27 avril 2020.

Dans les bâtiments et les locaux rouverts au public, les installations d’eau potable doivent absolument être rincées à fond avant cette date ou avant leur remise en service. Concrètement, il s’agit d’ouvrir tous les robinets – d’éviers, de lavabos, de douches, de raccordements d’eau, etc. – et de laisser couler l’eau pour un rinçage complet.

Il est important d’ouvrir simultanément plusieurs robinets pour assurer un courant suffisamment fort dans les conduites de distribution. Il faut laisser couler l’eau de tous les robinets au moins jusqu’à l’obtention d’une température constante. Le rinçage doit s’effectuer séparément pour l’installation d’eau froide et l’installation d’eau chaude. Ce geste simple et efficace permet de protéger la santé des utilisateurs.

La Société suisse de l’industrie du gaz et des eaux (SSIGE) a élaboré, à cette fin, une fiche d’information.

Le lavage des mains en entreprise alimentaire, vu par des observations 'scientifiques' cachées


Voici une étude qui vise à comparer la conformité à l'hygiène des mains dans des zones de haute précaution et à haut risque dans une entreprise galloise de fabrication d'aliments à l'aide d’observations cachées.

Au préalable quelques définitions, selon le BRC,
La zone de grande précaution. Il s’agit d’une zone conçue selon des normes strictes, où les pratiques relatives au personnel, aux ingrédients, aux équipements, à l’emballage, à l’environnement visent à minimiser la contamination du produit par des micro-organismes pathogènes.
La zone à haut risque. Il s’agit d’une zone physiquement séparée conçues selon des normes strictes d’hygiène, où les pratiques relatives au personnel, aux ingrédients, aux équipements, à l’emballage, à l’environnement visent à éviter la contamination du produit par des micro-organismes pathogènes.
L'hygiène des mains est l'une des méthodes les plus efficaces pour prévenir la contamination croisée ou transfert de contamination.

Les manipulateurs d'aliments jouent un rôle majeur dans la prévention des maladies d'origine alimentaire au cours de la production alimentaire. Par conséquent, les défaillances en matière d'hygiène des mains des manipulateurs d'aliments sont fréquemment signalées comme étant impliquées dans les maladies d'origine alimentaire.

Bien qu'informatives, les connaissances sur la sécurité sanitaire des aliments ne sont pas indicatives des pratiques réelles et peuvent être sujettes à des biais, par conséquent les manipulateurs d'aliments peuvent démontrer une sensibilisation à la sécurité sanitaire des aliments, mais peuvent ne pas traduire les connaissances en pratiques sûres.

Pour cette raison, les données d'observation sont supérieures aux données de sondages. Cependant, lors des observations directes, la présence du chercheur peut augmenter la réactivité du sujet, tandis que l'observation vidéo secrète fournit une analyse plus complète sur une période prolongée, où la familiarité réduit le biais de réactivité. Des recherches antérieures sur l'observation vidéo ont évalué les comportements des manipulateurs d'aliments dans les établissements de vente au détail/de restauration, mais cette méthode a été sous-utilisée dans les environnements commerciaux de la fabrication d'aliments.

L'observation secrète peut permettre la comparaison des pratiques dans différents domaines de la fabrication au cours de la même période.

Signification de l’étude
Les données d'observation vidéo ont fourni un aperçu approfondi de la conformité à l'hygiène des mains lors de l'entrée en production et ont ainsi illustré une ressource précieuse et utile pour l'entreprise. Les résultats indiquent une prise de conscience de la nécessité de mettre en œuvre des pratiques d'hygiène des mains, mais dont l'importance peut être sous-estimée.

Malgré les différents manipulateurs d'aliments travaillant dans deux zones distinctes de l'entreprise, de nombreuses mauvaises pratiques d'hygiène des mains ont été observées dans les deux, ce qui était contraire au protocole de l'entreprise, ce qui peut compromettre la sécurité des aliments pendant la production. Les résultats suggèrent la nécessité d'une formation sur mesure pour informer les manipulateurs d'aliments des problèmes spécifiques au site afin d'améliorer les pratiques.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour explorer les facteurs cognitifs, techniques, sociétaux et organisationnels potentiels qui peuvent influencer la motivation et la capacité du personnel à mettre en œuvre correctement les pratiques d'hygiène des mains.

NB : Merci à Doug Powell du barfblog de m'avoir signalé cette étude.

Challenges du diagnostic et de l'épidémiologie de Escherichia coli entéro-invasif


Escherichia coli entéro-invasif (ECEI) et Shigella spp. sont deux bactéries à Gram négatif responsables de maladies diarrhéiques dans le monde. Les présentations cliniques de ces deux agents pathogènes sont très similaires et se manifestent généralement par la diarrhée, les crampes abdominales, les nausées et la fièvre chez l'enfant et l'adulte. En plus d'un tableau clinique similaire, ECEI et Shigella partagent des caractéristiques de laboratoire qui peuvent rendre difficile leur distinction dans la pratique courante de laboratoire clinique. Les deux agents pathogènes sont transmis par voie fécale-orale et les infections sont fréquemment associées à la consommation d'aliments et d'eau contaminés. Alors que Shigella est associée à des épidémies d'origine alimentaire à grande échelle, les épidémies causées par ECEI sont rarement enregistrées.

Une prévalence élevée des infections à ECEI a été documentée dans les zones rurales et les environnements avec un mauvais assainissement dans les pays à haut risque tandis que les infections à ECEI en Europe sont généralement sporadiques et liées aux voyages. Néanmoins, quelques foyers à ECEI ont été signalés en Europe, les plus récents étant survenus en Italie en 2012 et au Royaume-Uni en 2014. Ces éclosions ont touché, respectivement, 109 cas et 157 cas probables, ce qui met en évidence le fait que ECEI, comme Shigella, a la capacité de provoquer de grandes éclosions de maladies gastro-intestinales.

La souche épidémique identifiée dans ces récentes épidémies européennes, ECEI O96:H19, est un type de ECEI émergent qui présente des caractéristiques phénotypiques plus proches de celles de Escherichia coli (E. coli) non invasif que celles décrites pour Shigella. Il est suggéré que ces caractéristiques contribuent à améliorer les capacités de survie ainsi que la capacité de mieux s'adapter aux différentes niches écologiques.

Traditionnellement, la culture des échantillons fécaux a été le pilier du diagnostic en laboratoire des bactéries entériques, et ECEI a été différenciée de Shigella en évaluant une combinaison de plusieurs caractéristiques phénotypiques, y compris les caractéristiques biochimiques, de motilité et sérologiques.

Cette situation est en train de changer car les méthodes basées sur la PCR deviennent courantes dans de nombreux laboratoires de diagnostic. Contrairement à E. coli non invasif, ECEI et Shigella peuvent envahir et se multiplier dans les cellules épithéliales intestinales, un processus qui est partiellement médié par un gène plasmidique (ipa) codant pour l’invasion des entérocytes. Pour cette raison, la PCR ciblant le gène ipaH peut séparer ECEI des autres E. coli non invasifs, mais ne peut pas différencier ECEI et Shigella. Le gène lacY a été proposé comme marqueur moléculaire supplémentaire pour lequel la plupart des E. coli sont positifs et Shigella est négatif. Son utilisation comme cible de PCR pour séparer Shigella et ECEI est limitée aux isolats bactériens, car de nombreux échantillons fécaux sont lacY positif en raison de la présence de E. coli dans la flore normale.

En Suède, plusieurs laboratoires cliniques se sont tournés vers l'utilisation de tests PCR directs sur des échantillons de matières fécales comme principal outil de diagnostic. Cependant, la plupart de ces laboratoires cultivent des échantillons positifs pour la PCR, ce que l'on appelle une culture guidée par les résultats de la PCR. Bien que la culture d'échantillons fécaux positifs à la PCR soit effectuée en routine, il peut être difficile d'obtenir des isolats ECEI car la morphologie des souches ECEI sur des substrats couramment utilisés peut imiter la morphologie de la flore de fond entérique, les colonies jaunes sur gélose au xylose lysine désoxycholate (gélose XLD), plutôt que la morphologie de Shigella, colonies rouges sur gélose XLD. Par conséquent, la séparation de ECEI des autres bactéries dans la flore normale nécessite généralement des procédures de laboratoire supplémentaires telles que le dépistage d'un grand nombre de colonies, ce qui est considéré comme trop long pour la plupart des laboratoires cliniques.

Pour cette raison, il est probable qu'un patient dont les échantillons sont positifs pour la PCR ipaH mais négatifs pour la culture ne serait pas notifié comme cas si l'algorithme de diagnostic au laboratoire nécessite un isolat de Shigella détecté. De plus, la PCR est une méthode plus sensible que la culture et Shigella est connue pour sa capacité de survie limitée dans les échantillons fécaux, ce qui peut également conduire à des échantillons positifs pour la PCR ipaH mais négatifs pour la culture.

La shigellose est à déclaration obligatoire en Suède comme dans la plupart des pays européens. En 2017, l'incidence était de 2,1 pour 100 000 habitants en Suède, et la majorité des cas avaient été infectés à l'étranger. La déclaration obligatoire des maladies permet la mise en œuvre d'une série d'actions de santé publique, y compris des activités de gestion et de surveillance de la santé publique, et aide à définir les expositions aux risques. Contrairement à la shigellose, la déclaration n'est pas obligatoire pour les ECEI et la présence de ce pathogène en Suède est actuellement inconnue.

En Suède, la présence de ECEI est actuellement inconnue et aucune information sur la distribution de la souche spécifique de l'épidémie n'était disponible pour l'équipe d'investigation sur l'épidémie, c'est-à-dire on ne sait pas si ECEI O96:H19 circule en Suède ou si cette souche a été introduite via un produit alimentaire importé.

Cette sérotype spécifique de ECEI de ST99 a été signalée pour la première fois comme l'agent pathogène causant une maladie lors d'une épidémie en Italie en 2012, et a depuis été impliquée dans deux éclosions au Royaume-Uni et dans un cas sporadique lié à des voyages en Espagne. Le sérotype O96:H19 de ST99 est considéré comme une nouvelle souche de ECEI virulente émergente et diffère des autres souches de ECEI et de Shigella traditionnelles dans de nombreux tests phénotypiques car il est plus réactif, par ex. fermente le glucose, est positif pour la lysine décarboxylase et est mobile. Cela a également été démontré dans la présente enquête. Les souches émergentes de ECEI telles que ECEI O96:H19, qui ressemble phénotypiquement plus à E. coli qu'à Shigella, ce qui pourrait permettre d'améliorer les capacités de survie, pourraient potentiellement contribuer à une augmentation des épidémies d'origine alimentaire causées par ECEI à l'avenir. Cela nécessite une meilleure préparation en laboratoire et un consensus sur les recommandations de mesures de santé publique des échantillons fécaux de Shigella/ECEI positifs par PCR.

Référence
Lagerqvist Nina, Löf Emma, Enkirch Theresa, Nilsson Peter, Roth Adam, Jernberg Cecilia. Outbreak of gastroenteritis highlighting the diagnostic and epidemiological challenges of enteroinvasive Escherichia coli, County of Halland, Sweden, November 2017. EuroSurveill. 2020;25(9):pii=1900466 https://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2020.25.9.1900466

Transmission et dynamique de STEC O157: H7 : Une histoire sur les associations complexes entre l'agent pathogène, l'hôte et l'environnement


Photo avec l'autorisation de Lena-Mari Tamminen
« Une étude sur les exploitations agricoles suédoises élargit les connaissances sur E. coli », source Food Safety News.

Une chercheuse d'une université suédoise a révélé de nouvelles connaissances sur la transmission et la persistance de E. coli O157:H7 entre et au sein des exploitations agricoles.

La thèse de doctorat de Lena-Mari Tamminen à l'Université suédoise des sciences agricoles (SLU) a identifié des zones cibles possibles pour des mesures à la ferme afin de réduire la prévalence de l'agent pathogène potentiellement mortel.

En Suède, la transmission nationale d'un sous-type hautement virulent de E. coli producteur de shigatoxines (STEC) O157:H7, provenant de cas groupés régionaux d'exploitations de bovins infectés, est en augmentation. Au total, 40 rapports de syndrome hémolytique et urémique (SHU), le nombre le plus élevé jamais enregistré de cas annuel, ont été enregistrés en 2018 et la moitié d'entre eux sont survenus chez des enfants de moins de 10 ans.

En réduisant l'incidence chez les bovins, la propagation de l'infection aux humains pourrait être évitée, mais comme les animaux ne présentent aucun symptôme, il n'est pas facile de savoir quand et comment agir. Cependant, E. coli ne fait pas partie de la flore intestinale normale de l'animal, il peut donc en être exempt dans les bonnes conditions.

Facteurs de risque
Le risque d'introduction du STEC O157:H7 dans les élevages bovins a été étudié en collectant des échantillons environnementaux au printemps et à l'automne sur 80 sites de l'île d'Öland.

Un des facteurs de risque d'introduction de l'infection était l'achat d'animaux. Tamminen a évalué le veau en termes de santé et de bien-être pour étudier les différences individuelles.

En comparant les exploitations agricoles dans une zone où les bactéries ont circulé, Tamminen et ses collègues pourraient avoir une idée de la façon dont les bactéries se propagent et des types d'exploitations les plus à risque de l'obtenir.

Dans quatre fermes, un échantillonnage environnemental avec analyse des souches a été effectué pendant l'été, entre l'échantillonnage du printemps et celui de l'automne. Les animaux ont attrapé les bactéries du voisin dans les pâturages, peut-être par contact avec d’autres animaux ou avec l’environnement, et les ont ramenés à la ferme.

Le partage de machines agricoles était un facteur de risque d'être positif dans l'échantillonnage d'automne, de sorte que le déplacement des véhicules entre les fermes pourrait être un problème. Étant positif au printemps et à l'automne, l'échantillonnage était associé à la taille de l'exploitation, les plus grandes étant plus susceptibles d'être positives et combinant la production de lait et de viande.

Des échantillons individuels de veaux de 12 fermes laitières avec STEC O157:H7, établis par échantillonnage environnemental, ont été collectés. Des indicateurs du bien-être et du comportement des animaux pour étudier les différences individuelles ont été utilisés pour explorer les différences entre les veaux colonisés et non colonisés.

Une seule ferme avait des échantillons environnementaux positifs provenant de veaux jeunes et sevrés, de jeunes animaux et de vaches laitières. Dans toutes les fermes, l'agent pathogène a été retrouvé chez des veaux âgés de 2 à 6 mois. Dans six fermes, des groupes comprenant des animaux jusqu'à 12 mois étaient également positifs dans l'échantillonnage environnemental.

Mesures de réduction
Les résultats suggèrent que les animaux sociaux et actifs sont plus susceptibles d'être colonisés par l'agent pathogène alors qu'il était moins probable que les animaux présentent des signes de mauvaise santé et de bien-être. Les variables associées au portage de la bactérie étaient le frottement ainsi que l'auto-léchage et le léchage d'autres veaux. Ces résultats ont été publiés dans la revue Scientific Reports*, « Socially engaged calves are more likely to be colonised by VTEC O157:H7 than individuals showing signs of poor welfare ».

Les animaux colonisés excrétant des niveaux élevés de bactéries étaient importants pour la transmission, mais l'exposition environnementale augmentait également le risque de transmission dans les enclos.

La transmission fréquente de souches virulentes entre les fermes voisines se produit dans les zones denses du bétail avec des contacts réguliers. De nombreuses fermes voisines augmentent le risque d'infection dans une ferme et les voies de transmission sont liées aux contacts humains et animaux entre les fermes.

Dans les exploitations infectées, STEC O157:H7 se retrouve le plus souvent chez les veaux et les jeunes animaux et seulement occasionnellement chez les vaches laitières. La dynamique de transmission au sein des exploitations est influencée par les contacts directs entre les animaux, la présence de super-excréteurs ainsi que l'hygiène des enclos.

Les agriculteurs peuvent prévenir les cas humains sporadiques causés par un contact direct avec les animaux en informant les visiteurs, en particulier les enfants, de se laver les mains après cette activité. D'autres actions évitent le mélange des groupes et empêchent l'agent pathogène de se déplacer entre les enclos par des bottes sales, des mouches et d'autres vecteurs potentiels.

Les mesures visant à aider la ferme à éliminer plus rapidement l'infection comprennent de s'assurer que la litière est sèche et d'essayer de réduire la densité de stockage dans les groupes d'animaux. Les mesures de biosécurité réduisant les contacts humains et animaux entre les autres fermes réduiront les risques. Cela pourrait inclure la fourniture de vêtements de protection pour les visiteurs, en particulier ceux qui voyagent entre les fermes, et éviter les pâturages où les animaux peuvent être en contact avec ceux d'autres fermes.

* L'article est disponible intégralement et gratuitement.