jeudi 7 février 2019

Sécurité sanitaire des aliments en France: La Cour des comptes fait de nouveau des constats d'impuissance

Et un rapport de plus, dira-t-on ?

La Cour des comptes publie le 5 février 2019 un volet de son rapport public annuel 2019 sur le « Contrôle de la sécurité sanitaire de l’alimentation : des progrès à consolider ».

Le titre est assez doux, on ne tire pas sur une ambulance, mais le contenu est tout aussi précis et méthodique dans les reproches formulés.

Tout cela part d'« un premier contrôle, en 2013, de la politique de sécurité sanitaire de l’alimentation, qui l’avait amenée à formuler cinq recommandations à son rapport public annuel de 2014, la Cour s’est penchée, en 2018, sur les suites qui leur ont été données. »


L'année 2014 a été une mauvaise année pour les ministères chargées de la sécurité sanitaire des aliments.

En décembre 2014 est paru un autre rapport remis lundi 8 décembre 2014 au ministre en charge de l’alimentation, Stéphane Le Foll, qui dresse un portrait très critique de la politique française de sécurité sanitaire des aliments. Il pointe notamment l’impressionnante baisse des contrôles au cours des dernières années.

Entre autres recommandations, les deux rapporteurs, Marion Guillou et Christian Babusiaux, proposent, « par une information accrue du public et des garanties de transparence, de travailler à restaurer la confiance du public, aussi bien dans la parole publique que dans les opérateurs ».  Source Journal de l'environnement.

La Cour relève que des progrès ont été réalisés dans la programmation, le ciblage et les suites données aux inspections (I), mais que des faiblesses persistent dans la chaîne de contrôle (II) et que la gouvernance de cette politique publique doit être clarifiée et son financement optimisé (III).
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Ci-dessus, les cinq recommandations du précédent rapport, vous lirez en fin d'article les cinq nouvelles recommandations ...

Ainsi, il est noté dans rapport 2019, « Des progrès dans la programmation, le ciblage et les suites données aux inspections », c'est maigre ...

De même, il est indiqué,
Chaque année, les plans de contrôle et de surveillance élaborés et mis en œuvre par la DGAL comprennent ainsi un important volet consacré à la surveillance, qui permet d’obtenir une estimation de la contamination dans une production définie (comme par exemple de la contamination des fromages au lait cru par la bactérie Listeria monocytogenes) et, ce faisant, d’évaluer le niveau d’exposition potentielle du consommateur à ce danger.

Le petit souci est que le dernier plan de surveillance et de contrôle qui s'est intéressé à Listeria monocytogenes dans les fromages au lait cru date de 2016.

Dans un paragraphe, « Des contrôles globalement mieux ciblés », on découvre (on s'en doutait),
Les contrôles réalisés par la DGCCRF aux différents stades de la production et de la commercialisation des aliments relevant de ses attributions ont baissé sur l’ensemble de la période 2013-2017. La diminution la plus sensible du nombre d’inspections effectuées par cette administration concerne les établissements de distribution et de restauration (-20 % entre 2013 et 2017), ce qui porte le taux de couverture dans ce secteur à un niveau extrêmement bas (4 % en 2017). Dans le même temps, la proportion d’entreprises contrôlées présentant des anomalies a augmenté dans presque tous les secteurs inspectés par les services de la DGCCRF (le taux moyen d’anomalies est ainsi passé de 42 à 49 % entre 2013 et 2017).

Pour la DGAL, il est noté, « cette administration a maintenu le nombre de contrôles effectués par ses services depuis 2015 ainsi que le taux d’anomalies constatées, qui atteint 41 % en 2016 et 2017. ».

Le souci principal est que réside dans le fait que les inspection en sécurité des aliments sont en baisse constante depuis 2012, selon les chiffres mêmes de la DGAL, voir ici et ici.

Dans « Une politique de suites mieux encadrée », on apprend que la récréation est finie,
En 2015, la DGAL a révisé et renforcé sa politique de suites pour s’assurer de leur mise en œuvre harmonisée par l’ensemble des services. Ainsi, entre 2013 et 2017, le nombre de suites données aux contrôles réalisés par les services de la DGAL a augmenté, toutes catégories confondues. Les avertissements adressés aux opérateurs contrôlés ont crû (+67 %), en partie du fait d’un durcissement de la politique de suites de la DGAL. Désormais, un avertissement est systématiquement adressé aux entreprises ayant un niveau de maîtrise des risques seulement « acceptable » (noté B sur une échelle allant de A à D). De même, le nombre de suites contraignantes mises en œuvre depuis ce renforcement a augmenté de 37 %.

Concernant le volet des autocontrôles, 
« la transmission obligatoire à l’administration de résultats d’analyses non conformes, révélés par des autocontrôles, revêt une importance capitale. Elle permet en effet aux services de l’État de contrôler rapidement les mesures prises par l’entreprise pour remédier aux anomalies détectées. »

Rien n'a bougé depuis 2014 selon la Cour des comptes, « Quatre ans plus tard, aucune des mesures nécessaires à la mise en œuvre de cette obligation n’avait été prise. »

Pour revenir aux contrôles dont la Cour des comptes estimait qu'ils étaient « globalement mieux ciblés »,
Ces moyens humains ne permettent pas de couvrir, par un contrôle de premier niveau, une part significative des établissements de certains secteurs. Tel est le cas de la remise directe au consommateur, secteur où les établissements sont nombreux et dispersés. En 2017, le taux de couverture de ce secteur d’activité atteint par les services de contrôle atteignait 9 % pour la DGAL et 4 % pour la DGCCRF. Au titre de la sécurité sanitaire de l’alimentation, un établissement de restauration est donc contrôlé en moyenne tous les quinze ans par les services de l’État.

Le volet bouteille à l'encre des « Des mesures de retrait et de rappel dont l’effectivité doit être assurée » il est noté qu'« Il est donc indispensable d’améliorer l’exécution des mesures de retrait et de rappel de produits alimentaires dangereux. ».

D'accord mais comment fait-on ?

La Cour des compte estime que le dispositif Alim'confiance est un dispositif fournissant « Une publicité à donner à l’ensemble des résultats des contrôles ».
Comme la DGAL est la seule administration à y participer, cela ne fonctionne pas, d'où la colère de la Cour des comptes,
Quelle qu’en soit la justification, cette situation est anormale : le décret vise tous les contrôles rendus obligatoires par la réglementation européenne, sans distinction entre les administrations chargées d’effectuer les vérifications, qui sont donc toutes tenues de l’appliquer.

De la critique du modèle sanitaire français,
Le modèle français, qui sépare, au stade de la mise sur le marché, le pilotage de la sécurité sanitaire des aliments d’origine animale (DGAL) de celle des aliments d’origine végétale (DGCCRF), tout en confiant la qualité des eaux à une troisième administration (DGS), constitue une originalité en Europe.

Devant la complexité du sujet, la Cour des comptes préfère botter en touche,
À ce stade, il est pour le moins indispensable de clarifier la gouvernance, en désignant un chef de file de l’ensemble du dispositif.

Sur la rationalisation des réseaux de laboratoires, la Cour des comptes rappelle qu'une mutualisation est indispensable entre les différentes administrations … oui quand cela aura-t-il lieu ?

Sur la question du budget, trois administrations y concourent, le ministère de l'agriculture, la DGGCRF et la mission Santé dont la Cour des comptes indique que « la Direction générale de la santé n’étant pas en mesure d’en chiffrer le montant, en tout état de cause limité. »

De même, selon un rapport du Sénat, « : il n’existe pas à l’heure actuelle de document de politique transversale permettant de regrouper et de suivre globalement les masses budgétaires qui concourent, en dépenses et en recettes, à la sécurité sanitaire de l’alimentation. »

De même que le modèle français de sécurité sanitaire constitue une originalité en Europe, « La faible participation des professionnels au financement des contrôles sanitaires de l’alimentation : une exception française. »

L'ensemble de ces constats conduisent à nouveau la Cour à formuler les cinq recommandations suivantes :
1. (DGAL, DGCCRF) assurer l’effectivité des mesures de retrait et de rappel de denrées alimentaires dangereuses, en ayant en particulier recours au blocage en caisse de celles-ci dans les cas les plus graves ;

2. (DGAL, DGCCRF) publier toutes les mesures de retrait et de rappel de denrées alimentaires dangereuses sur un site internet unique ;
3. (DGAL) établir une analyse de risques spécifique aux établissements bénéficiant d’une dérogation à l’obligation d’agrément prévue par le règlement européen n° 853/2004, et organiser en conséquence la programmation de leur contrôle ;

4. (Pouvoirs publics) désigner un chef de file de l’ensemble du dispositif de contrôle de la sécurité sanitaire de l’alimentation ;

5. (DGAL, DGFiP) faire participer davantage les professionnels au financement des contrôles sanitaires en augmentant le rendement des redevances sanitaires prévues par le code général des impôts.

A noter que le mot « consommateur » n'est utilisé dans rapport 2019 de la Cour des comptes que huit fois contre zéro à transparence et opacité ..., la Cour semble bien bonne ...

On lira aussi comme exemple patenté de langue de bois les réponses de la ministre des solidarités et de la santé, du ministre de l’économie et des finances et du ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Nous en reparlerons dans un prochain article ...

mercredi 6 février 2019

Sondage du public britannique à l'égard des problèmes liés aux aliments.


Voici les résultats semestriels sur l’attitude du public sondé par la Food Standards Agency (novembre 2018) et qui ont été publiés le 31 janvier 2019.

L'enquête de suivi suit l'évolution des attitudes des consommateurs à l'égard des problèmes liés aux aliments. Cela a concerné les consommateurs en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord.

Problèmes alimentaires préoccupants
Les principales préoccupations concernant la sécurité des aliments parmi les personnes interrogées sont les suivantes:
- Hygiène alimentaire au restaurant (35%)
- Intoxication alimentaire (29%)
- Produits chimiques de l'environnement, tels que le plomb, présent dans les aliments (28%)
- Additifs alimentaires (28%)

Les principales préoccupations en matière d’alimentation étaient:
- La quantité de sucre dans les aliments (50%)
- Déchets alimentaires (49%)
- Prix ​​des denrées alimentaires (46%)
- Bien-être animal (43%)


Préoccupations concernant la sécurité des aliments dans les établissements alimentaires britanniques
43% des répondants se sont inquiétés de la sécurité des aliments dans les restaurants, les pubs, les cafés et les plats à emporter au Royaume-Uni. 40% des répondants se sont inquiétés de la sécurité des aliments dans les magasins et les supermarchés britanniques. La tendance générale générale en matière de sécurité des aliments dans les restaurants et les magasins a diminué depuis la première vague.

Sensibilisation aux normes d'hygiène
84% des répondants ont déclaré connaître les normes d’hygiène dans les lieux où ils mangent ou là où ils achètent des aliments. Les moyens les plus couramment cités de connaître les normes d’hygiène étaient les autocollants ou certificats d’hygiène (60%) et l’aspect général des locaux (59%).

Notoriété de la Food Standards Agency (FSA)
Les résultats démontrent que 77% des personnes interrogées ont déclaré connaître la FSA, c'est comparable aux vagues précédentes. Parmi les personnes connaissant la FSA, 67% lui font confiance pour faire son travail et 69% ont déclaré qu’elles faisaient confiance à la FSA pour dire la vérité dans l'information qu’elle fournit. Le principal problème des répondants (87%) est que la responsabilité de la FSA est de veiller à ce que les aliments soient salubres.

Sensibilisation à l'intoxication alimentaire
Salmonella et E. coli étaient de loin les types d'intoxication alimentaire les plus connus (notoriété totale, respectivement de 89% et 82%). Parmi les sources d'intoxication alimentaire les plus probables figuraient le poulet cru ou la dinde crue (77%), suivi par les coquillages et crustacés (56%), les plats à emporter réchauffés (47%) et les œufs (40%).

Sensibilisation et incidence des allergènes
16% des répondants connaissaient des règles spécifiques concernant les allergènes et 9% ont déclaré avoir eux-mêmes une intolérance ou une allergie alimentaire. La plupart des gens (70% à 78%) ont déclaré pouvoir demander aux membres du personnel des établissements alimentaire davantage d’informations sur les ingrédients contenus dans les aliments, en raison des préoccupations liées aux allergènes ou aux intolérances alimentaires potentiels.

Attitudes envers la production alimentaire, la vente et l'étiquetage
La majorité d'entre eux ont déclaré croire que les aliments sont ce qu'ils prétendent et qu'ils sont étiquetés avec précision (74%), et 72% font confiance à l'authenticité des ingrédients/l'origine/la qualité des aliments. Les résultats ont également montré que 43% des personnes interrogées étaient convaincues que les personnes qui produisent et vendent des aliments prennent leur métier à cœur.

Contexte
Des travaux sur le terrain pour cette vague ont eu lieu en novembre 2018 lorsqu'un échantillon représentatif de 2 007 adultes en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord a été interrogé en face à face.

Le rapport complet est ici.

Contamination de steaks hachés et …justice, huit ans après les faits

Selon Les Marchés, dans le procès des steaks contaminés, le gérant de SEB-Cerf réfute toute responsabilité.
Le gérant du fournisseur de Lidl mis en cause dans le scandale des steaks hachés contaminés par la bactérie E. coli en 2011 a accusé son ancien responsable qualité, mort en 2017, lundi lors de son procès devant la Cour d'appel de Douai. Guy Lamorlette, 78 ans, à la tête de la société SEB-Cerf basée à Saint-Dizier (Haute-Marne) depuis sa création, accuse son ex-responsable qualité, Laurent Appéré -qui s'est suicidé quelques jours avant le jugement en première instance, en juin 2017- d'avoir modifié de lui-même le plan de maîtrise sanitaire (PMS) et de lui avoir fait signer les papiers sans l'informer du fait que le nouveau « PMS-3 » n'était pas validé par les autorités sanitaires. En juin 2011, une quinzaine d'enfants avaient développé, après avoir mangé des steaks hachés achetés chez Lidl, des syndromes hémolytiques et urémiques (SHU) qui ont laissé d'importantes séquelles. L'un d'eux est paralysé à vie et handicapé mental. Le nouveau PMS contrôlait uniquement les produits finis, de façon aléatoire, et non les matières premières. Lors du procès en première instance, en juin 2017, Guy Lamorlette avait déclaré se sentir « responsable mais pas coupable ». Lundi, en appel, il a cette fois réfuté toute responsabilité.
Pour La Provence (avec AFP), « Bactérie E.coli : deux ans ferme requis en appel contre le producteur de steaks contaminés »/
Trois ans de prison dont deux ans ferme ont été requis en appel mardi à Douai à l'encontre du fournisseur de Lidl mis en cause dans le scandale des steaks hachés contaminés par la bactérie E. coli en 2011. L'arrêt sera rendu le 26 février. 
Guy Lamorlette, 78 ans, à la tête de la société SEB-Cerf basée à Saint-Dizier (Haute-Marne) depuis sa création, avait accusé lundi son ex-responsable qualité, Laurent Appéré - qui s'est suicidé quelques jours avant le jugement en première instance, en juin 2017 - d'être responsable des failles sanitaires ayant causé contamination de seize enfants par la bactérie E. coli O157:H7.
En juin 2011, une quinzaine d'enfants ont été contaminés par la bactérie E.coli après avoir mangé des steak hachés achetés chez Lidl et fournis par cette société de Saint-Dizier. Ces enfants avaient développé des syndromes hémolytiques et urémiques qui ont laissé d'importantes séquelles. L'un d'entre eux, Nolan, 9 ans, est paralysé à vie et handicapé mental.
« La sécurité sanitaire des denrées alimentaires incombe d'abord au chef d'entreprise qui les produit », a cependant insisté l'avocat général Bernard Beffy, précisant que c'était Guy Lamorlette qui était jugé à cette audience. « M. Appéré ayant l'avantage d'être mort, on peut lui coller beaucoup de choses sur le dos sans qu'il puisse se défendre », a-t-il ajouté. 
L'avocat de Guy Lamorlette, Arnaud Vauthier, a expliqué que son client, à la tête d'une « entreprise familiale où la confiance joue pour beaucoup », avait placé en M. Appéré une « confiance aveugle » qu'il n'avait pas souhaité lui retirer lors du premier procès. 
Plaidant la relaxe, il a insisté sur la bonne foi du prévenu : « Si M. Lamorlette était sûr qu'il y avait un risque potentiel dans ces boîtes de steaks, il ne les aurait pas mises en vente ».
Le fait que les parents n'aient pas respecté la cuisson à 65°C recommandée sur les boîtes de steaks pour éliminer tous les germes, a également été avancé pour dédouaner Guy Lamorlette de sa responsabilité. 
Dans la matinée, les dix avocats des parties civiles ont également demandé la reconduction de la peine prononcée en première instance en juin 2017, soit, en plus de la peine de deux ans ferme d'emprisonnement, 50.000 euros d'amende, plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts pour de nombreuses familles de victimes et à une interdiction d'exercer dans le secteur industriel et commercial.
«Selon le principe de précaution, soucieuse d’assurer toutes ses responsabilités et ne s’autorisant aucune concession ce qui concerne la sécurité des consommateurs, la société CERF rappelle des produits ayant subi plusieurs contrôles négatifs après cuisson, mais issus d’une matière première potentiellement dangereuse avant cuisson. »

Après trois rappels de lingettes désinfectantes, que fait l'ANSM ?

Le 28 janvier 2019, rappel de lingettes désinfectantes : Wip'Anios Premium - Wip'Anios Excel - Wip'Anios Exceltravel des Laboratoires Anios.
Une source de contamination microbienne a été identifiée et localisée dans un processus de fabrication de l’un de nos sous-traitants et peut avoir généré une contamination bactérienne de certains lots de lingettes fabriquées.

En cas de contamination induite par des lingettes contaminées, le risque d’infection est le plus élevé chez les patients immunodéprimés. D’une manière générale, l'évaluation des risques pour la santé liés à l'utilisation de ces lingettes conclut à un risque faible pour le patient et l'utilisateur. Cette évaluation prend en considération l'indication produits, l'absence de signalement d’effets indésirables liés à l'utilisation de ces lingettes, la probabilité de survenue d’infection et les résultats d'investigations complémentaires (temps de survie limité des bactéries sur les surfaces et sensibilité de ces bactéries aux antibiotiques : pipéracilline (PTZ) et ceftazidime (CZD)).

Des mesures correctives visant à éliminer la source de contamination ont été mises en œuvre et font l'objet d'une surveillance étroite.
Par mesure de précaution, nous vous demandons de ne plus utiliser les sachets de lingettes que vous pourriez encore avoir en stock portant les numéros de lot documentés dans l'annexe ci-jointe, car nous ne pouvons exclure la présence possible de lingettes contaminées.



Même discours que ci-dessus.

Cette société a les mêmes signataires de l'avis de rappel que les deux autres avis précédents de rappel.
Cette fois-ci, le discours a quelque peu changé et il commence ainsi :
Une source de contamination microbienne (Burkholderia cepacia, Gram négatif) a été identifiée et localisée dans un processus de fabrication de l’un de nos sous-traitants et peut avoir généré une contamination bactérienne de certains lots de lingettes fabriquées.

Ah bon ?

Il était temps, ce n'est qu'au troisième rappel qu'on est informé sur la cause de la contamination, dont Wikipédia nous dit, « Burkholderia cepacia est un agent pathogène pour l'homme provoquant le plus souvent des pneumonies chez les patients immunodéprimés ou ayant une maladie pulmonaire sous-jacente (telle que la mucoviscidose ».

Peut-être qu'après trois rappels, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pourrait mettre son nez pour savoir ce qu'il en est et mettre ainsi fin au discours mécanique selon lequel « Des mesures correctives visant à éliminer la source de contamination ont été mises en œuvre et font l'objet d'une surveillance étroite. »

Complément. Rappel de Lingettes sensitives Carrefour Baby, le 7 février 2019 mais publié le 11 février 2019 par la DGCCRF,
Risque potentiel de présence de la bactérie Burkholderia susceptible de provoquer des infections en particulier chez les personnes immunodéprimées et celles atteintes de mucoviscidose.

mardi 5 février 2019

Retour sur une épidémie nationale à Salmonella Agona associée aux laits infantiles de chez Lactalis


Retour sur une épidémie nationale à Salmonella Agona associée à des laits infantiles avec une distribution internationale en décembre 2017 avec des éléments d'une publication parue dans le numéro du 11 janvier 2019 d'Eurosurveillance.

Identification de l'épidémie
À la fin du mois de novembre 2017, le Centre national de référence (CNR) pour la recherche de Salmonella avait constaté une augmentation inhabituelle de Salmonella Agona chez des nourrissons, 22 cas ayant été identifiés entre août et novembre 2017 chez des enfants de moins de six mois. Le 1er décembre, des entretiens avec des soignants de huit de ces nourrissons par Santé Publique France (SPF) ont identifié des produits de lait infantile d'une seule entreprise comme source potentielle. Tous sauf le premier des huit cas investigués, avaient consommé des produits fabriqués dans une seule installation exploitée par cette entreprise. Cette installation avait déjà été associée à une épidémie à Salmonella Agona en 2005. Une investigation sur l’épidémie est actuellement en cours avec le CNR, SPF, le ministère de la santé et le ministère de l’économie en charge des affaires des consommateurs.

Investigations environnementales et des produits
Les investigations environnementales et des produits par l'entreprise et du ministère chargé de la consommation sont toujours en cours. Cependant, les informations épidémiologiques suggèrent fortement que les produits fabriqués dans une installation sont à l'origine des infections. L'installation fabrique une large gamme d'aliments pour nourrissons et enfants en bas âge. Les analyses microbiologiques de routine des produits effectués par l'installation dans le cadre des pratiques de production normales ont été négatifs. Le 2 décembre 2017, l'entreprise a rappelé volontairement les lots des trois produits initialement impliqués (laits-A, B, C). Le 10 décembre, après que les parents d'un cas eurent déclaré utiliser exclusivement un quatrième produit (Lait-D) et à la lumière des résultats préliminaires d'investigations environnementales menées sur le site, l'entreprise a rappelé tous les produits fabriqués sur son site depuis la mi-février 2017 et pour laquelle la production était associée à une tour de séchage sur le site [1 et 2]. Le 13 décembre, cinq autres lots omis de la liste de rappel publiée le 10 décembre ont été rappelés. Le 22 décembre, par mesure de précaution, l'entreprise a rappelé volontairement tous les produits fabriqués ou transformés dans l'installation depuis février 2017.

Potentiel de propagation internationale et alertes internationales
Au 8 janvier 2018, des investigations de traçabilité en amont avaient révélé que les produits rappelés avaient été distribués dans 66 pays, dont 12 dans l'Union européenne (UE). Une alerte a été diffusée le 4 décembre sur le système européen d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), qui a été mise à jour au fur et à mesure de la disponibilité d'informations supplémentaires sur le réseau de distribution international des produits. L'alerte a également été émise via le réseau Infosan de l'Organisation mondiale de la santé. Les autorités européennes de la santé publique et les microbiologistes ont été alertés de l'épidémie le 6 décembre 2017 par SPF via une enquête urgente sur les informations diffusées par l'intermédiaire de l'Epidemic Intelligence Information System for Food and Waterborne Diseases and Zoonoses du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.
À ce jour, deux cas chez des nourrissons ayant consommé des produits exportés concernés ont été identifiés dans des pays de l'UE autres que la France. L'isolat d'un cas en Espagne appartenait à un cluster de l'épidémie avec un polymorphisme mononucléotidique dans le séquençage du génome entier réalisé au CNR. L'isolat provenant d'un cas en Grèce n'a pas produit de H2S, ni de gaz après 18 h d'incubation sur une gélose au fer Kligler et les résultats du séquençage du génome entier sont en attente.

Mesures de contrôle en France
En France, depuis le 2 décembre 2017, de multiples plates-formes médiatiques ont été utilisées pour informer les parents et les personnes en charge de l'épidémie, pour leur conseiller de ne pas utiliser les produits en cause et de recommander des pratiques d'hygiène appropriées pour la préparation de produits à base de lait pour nourrissons. Tous les produits rappelés ont été publiés sur le site Internet du ministère français chargé de la consommation. La première alerte publique ayant été lancée un week-end, des conseils ont également été donnés sur la manière de réduire le risque si des produits de remplacement n'étaient pas disponibles au cours du week-end. En coopération avec la Société française de pédiatrie, des conseils ont été émis sur les différentes options de produits à base de lait pour nourrissons. Le ministère français de la santé a mis en place un service d'assistance téléphonique pour les parents et les soignants concernés. Les établissements de pédiatrie et de maternité ainsi que les professionnels de la santé ont également été informés.
Il s'agit du troisième foyer à Salmonella associé à des produits laitiers pour nourrissons signalé en France [Voir ici et ici]. Des épidémies similaires ont également été rapportées ailleurs. Un foyer à Salmonella Agona touchant 141 cas confirmés est apparu en France en 2005 et était associé à deux produits différents fabriqués dans le même établissement et impliqués dans le foyer actuel. Lors de l'éclosion de 2005, des échantillons des produits en cause et des échantillons environnementaux de l'installation ont donné des isolats présentant le même profil par PFGE que les isolats cliniques. Cependant, seul un échantillon sur 176 et quatre des 27 échantillons des deux produits alimentaires concernés et six des 420 échantillons environnementaux ont été testés positifs pour Salmonella Agona suggérant une contamination de faible niveau. Les dates de production des échantillons d'aliments positifs suggèrent une contamination persistante de l'environnement. La source de la contamination dans l'installation n'a pas été identifiée. Dans le cadre de l'éclosion actuelle, les enquêtes environnementales sont toujours en cours et, à ce stade, aucune source de contamination évidente n'a été identifiée dans l'installation.
Le nombre de cas associés à cette éclosion est probablement sous-estimé, car les cas présentant des symptômes bénins n'ont peut-être pas consulté un professionnel de la santé ou n'ont pas fait l'objet d'un diagnostic approfondi (prélèvement de selles, culture, identification du sérotype, confirmation au CNR). Malgré cette possibilité, compte tenu de la large distribution des produits et du faible nombre de cas signalés, le niveau de contamination des produits est probablement faible. Le fait que l'épidémie actuelle implique le même sérotype que dans l'épidémie précédente soulève la question de la persistance de la présence de l'organisme dans l'établissement pendant 12 ans. La persistance de Salmonella Agona dans un environnement de production d'aliments secs aux États-Unis, entraînant deux éclosions à dix ans d'intervalle, 1998 et 2008, a déjà été rapportée. Une comparaison des isolats humains et environnementaux de 2005 avec les isolats de l'éclosion actuelle est en cours afin d'étudier cette possibilité.

Référence. Jourdan-da Silva NathalieFabre LaetitiaRobinson EveFournet NellyNisavanh AthinnaBruyand MathiasMailles AlexandraSerre Estelle,Ravel MagaliGuibert VéroniqueIssenhuth-Jeanjean SylvieRenaudat CharlotteTourdjman MathieuSeptfons Alexandrade Valk HenrietteLe Hello Simon. Ongoing nationwide outbreak of Salmonella Agona associated with internationally distributed infant milk products, France, December 2017. Euro Surveill. 2018;23(2):pii=17-00852. https://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2018.23.2.17-00852

Viandes polonaises frauduleuses : Les comptes du ministère de l'agriculture sont-ils les bons ?


Le 2 février 2019, le ministère de l'agriculture nous apprend « Viandes polonaises frauduleuses : les 145 kg restants retrouvés ».
Sur 2,7 tonnes exportées par la Pologne, 795 kg de viande ont été vendues en France.
Ce samedi 2 février, la totalité de la viande a été retrouvée. Très précisément, sur ces 795 kg, 500 kg ont été bloqués et seront détruits, 150 kg ont été vendus au consommateur via notamment des boucheries. Les 145 kg restants ont été identifiés dans des lots de viande commercialisés par des grossistes, boucheries ou restaurants. Une partie de ces lots a pu être retirée du marché.

Si je comprends bien d'une part, 150 kg ont été vendus au consommateur via notamment des boucheries. D'autre part, restent les 145 kg dont une partie de ces lots a pu être retirée du marché, mais une partie a pu être consommée ...

Le 4 février 2019, on nous dit (il s'agit de Loïc Evain, directeur général adjoint de l'Alimentation au ministère de l'Agriculture), « Épisode de la viande bovine frauduleuse : « Le système d'alerte a bien fonctionné » :
Tout est identifié, mais les derniers lots qui ont été retrouvés samedi avaient été mélangés à un lot plus important de viandes. Le grossiste a informé ses clients, les bouchers, les restaurateurs. Il y a une partie de la viande qui aura été certainement consommée, mais la grande majorité aura été retrouvée. Nous avons, de façon certaine, retiré du marché 500 kg.

D'accord, on a retiré 500 kg de 795 kg, il reste donc 295 kg …
Le système d’alerte a bien fonctionné. On a une réglementation, au niveau de l’Union européenne, qui est certainement la plus stricte du monde. Mais, plus stricte ne veut pas dire infaillible. Il y a toujours des fraudeurs qui inventent des stratagèmes qui permettent de passer entre les mailles des filets. Là, on a une fraude caractérisée. 
D’une manière générale, la sécurité sanitaire de l’alimentation en Europe, est assurée. En France, nous consommons 1 million 500 000 tonnes de viande bovine chaque année. Là, on parle de 795 kg. Certes, ce sont 795 kg de trop qui n’auraient jamais dû se retrouver dans le circuit licites.

Passé ce moment d'auto-congratulation bien compréhensible, le compte sera-t-il le bon ?

Pas vraiment, car ce communiqué ne nous dit pas ce que sont devenus les 295 kg … soit 150 kg ont été vendus au consommateur via notamment des boucheries auxquels il faut ajouter une partie des 145 kg qui a pu être consommée …

On apprend aussi :
On a des services de contrôles dans tous les États membres de l’Union européenne. En France, nous avons 4 500 inspecteurs sur le terrain qui contrôlent les entreprises agroalimentaires, qui mettent des PV quand il y a des non-conformités. Mais il y a des stratagèmes développés par certains fraudeurs que l’on ne pourra malheureusement pas éviter.

Oui mais les inspections en sécurité des aliments sont à la baisse depuis 2012, selon les chiffres de la DGAL …., voir ici et ici.

Les associations antispécistes et véganes expulsées des écoles !

La France Agricole du 5 février 2019 rapporte « Enseignement - Les lobbies végans expulsés des écoles ».
Depuis les recteurs jusqu’aux chefs d’établissements, tous ont reçu la même instruction, on ne peut plus claire, de la part des ministères de l’Éducation et de l’Agriculture : en matière d’éducation à l’alimentation, les interventions en classe de L214, ou de toute autre association végane ou anti-spéciste, « ne s’inscrivent pas dans le cadre ».
À cette rentrée scolaire de septembre 2018, plusieurs établissements ont reçu des supports et des propositions d’interventions de la part d’associations véganes ou antispécistes, en particulier de L214.

Un communiqué de la Coordination rurale (CR) du 4 février annonce « Victoire de la CR : L214 n’aura plus le droit de cité dans les écoles ! »
Le ministère de l’Éducation a adressé un courrier aux établissements scolaires afin de leur rappeler que dans le cadre de la promotion de la santé et plus particulièrement de l’éducation à l’alimentation, « les ressources pédagogiques utilisées en classe doivent avoir été élaborées en lien avec l’éducation nationale ». Dans ce courrier, l’association L214 est clairement ciblée, et désormais l’ensemble de leurs documents de propagande, mis à disposition gratuitement des enseignants, n’auront plus leur place dans les écoles de la République. 

La CR félicite le ministre de l’Éducation de cette prise de position franche. Nous avions alerté à plusieurs reprises sur le danger que représente cette association qui voulait s’introduire dans les écoles afin de répandre de fausses informations auprès des jeunes publics particulièrement influençables. 

À la suite de ces courriers, Véronique Le Floc’h, secrétaire générale de la CR et Alexandre Armel, responsable de la section Viande ont été reçus à la mi-janvier par Benoît Bonaime, conseiller enseignement agricole, recherche innovation et relations sociales de Didier Guillaume. 

Il aura certes fallu du temps pour voir cette association chassée de nos écoles, mais la mobilisation de l’ensemble du réseau CR a été couronné de succès. Beaucoup de CRD (Coordination Rurale départementale) s’étaient emparées de ce dossier pour défendre tant les éleveurs que le modèle alimentaire français. 

La CR reste plus que jamais engagée face aux mouvements anti-spécistes et ne relâche pas sa vigilance. Partout où ils tenteront de salir l’élevage, nous serons présents pour tordre le cou à leurs inepties.

On ne saurait mieux dire ...

lundi 4 février 2019

Un enfant belge malade en lien avec la présence de Salmonella dans les produits de nutrition infantile

L’AFSCA informe et demande aux parents ayant acheté des produits de nutrition infantile des marques Modilac et Picot AR, vendus en France et en ligne, de ne plus les donner à consommer à leurs enfants.

« Un enfant belge malade en lien avec la présence de Salmonella dans les produits de nutrition infantile », source article de Joe Whitworth du 4 février 2019 paru dans Food Safety News.

La Belgique a signalé un cas à Salmonella chez un nourrisson lié à un foyer en France.

L'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA) a déclaré avoir été informée que deux bébés malades en Belgique qui avaient entre autres consommé des produits de nutrition infantile de la marque Modilac achetés en France quelques heures avant l'apparition des symptômes .

À la suite d'une investigation, il semble que la consommation de produits de marque Modilac ait été à l'origine des symptômes chez l'un des deux enfants malades.

Salmonella Poona a rendu malade quatre enfants en France, liés à la consommation de produits de marque Modilac, commercialisés par Sodilac, une filiale de Savencia SA. Trois autres cas font toujours l'objet d'une investigation et le séquençage est en cours.

Les quatre patients confirmés, âgés de deux mois à dix mois, sont tombés malades entre août et fin décembre 2018. Pour les cas probables, la fourchette d'âge va jusqu'à 18 mois et la date d'apparition de la maladie va jusqu'en janvier 2019.

Lactalis a rappelé 16 300 boîtes de lait Picot AR, fabriqué dans la même usine espagnole que les produits Modilac, mais aucun cas de maladie n’a été associé aux produits Lactalis.

Les produits Modilac concernés ne sont pas distribués sur le marché belge. Ils sont distribués en France uniquement dans les pharmacies et via des associations caritatives ou commercialisés via des ventes en ligne. Des articles ont également été envoyés au Vietnam, Maroc, Algérie et Tunisie.

L'AFSCA a demandé aux parents ayant acheté les produits en France ou en ligne de ne plus les utiliser. L’agence a pris contact avec les autorités françaises et la situation est surveillée.

L'AFSCA insiste régulièrement sur le fait que les consommateurs doivent être conscients que les achats en ligne à l’étranger ne sont pas toujours sûrs et les consommateurs doivent s'informer des risques éventuels en consultant les sites internet des autorités sanitaires étrangères. 

Santé publique de France, l'agence de la santé publique, a rapporté que les quatre cas à Salmonella chez des nourrissons appartiennent à un même cluster génomique, à savoir que les souches sont génétiquement liées.

Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a déclaré qu'il n'avait pas trouvé de correspondances avec l'isolat français dans sa base de données. Jusqu'à présent, aucun autre pays n'a signalé d'appariement, mais les analyses de séquençage du génome sont en cours et des cas supplémentaires peuvent être signalés.

Salmonella Poona est le 36ème sérotype le plus courant du système de surveillance européen (TESSy). Il a été signalé par 23 pays de l'UE en 2013-2017 avec 147 à 206 cas par an. Sur la période de cinq ans, la France représentait 34% des cas, suivie du Royaume-Uni avec 26% et le groupe d'âge le plus commun étaient les enfants âgés de 0 à 4 ans (37% du total des cas).