Lettre
à Marion Cotillard et Juliette Binoche (Par Jean-Paul Pelras). Lettre parue dans
l'agri du 5 février 2021.
Mesdames,
«On
l’a fait, on a gagné, vous avez gagné» C’est le message
que vous diffusez dans une vidéo où, avec une vingtaine de
contributeurs, vous criez victoire car vous êtes parvenu(e)s à
faire condamner l’Etat Français pour inaction climatique. Ce qui
pourrait, avec un second jugement, contraindre notre pays à prendre
de nouvelles mesures couteuses et contraignantes pour ses
ressortissants. L’Etat Français, autrement dit la Nation,
autrement dit le peuple, autrement dit 67 millions de personnes qui
n’ont pas forcément envie de payer et de se soumettre car des
personnalités publiques tentent d’influencer l’opinion en
recueillant 2,3 millions de signatures favorables à leurs messages.
Experts
dans la stratégie de l’échantillon, les écologistes nous ont
démontré, à ce titre, qu’avec moins de 2 % des suffrages et
quelques surprenantes coalitions, ils savent, notamment lors des
élections présidentielles, imposer un dogme dont les dommages
collatéraux finissent tôt ou tard par impacter l’escarcelle du
contribuable français. Celui qui n’a pas suffisamment de talent ou
de charme pour gravir les marches du Festival de Cannes, ni
suffisamment d’argent pour passer sa vie dans ces avions qui vous
transportent de continent en continent.
Lorsque
vous dites « vous avez gagné », je ne pense pas que la population
française ait remporté quoi que ce soit. Alors qu’en revanche
cette « Affaire du siècle » vous permet d’officier du bon côté
des consciences, une fois encore grâce au prisme des médias. Votre
action soutenue par « Greenpeace », « Oxfam » dirigée par
l’ancienne ministre Cécile Duflot, « Notre affaire à tous » et
la « Fondation pour la nature et l’Homme » (ex fondation Nicolas
Hulot) suscite un changement de modèle qui implique la
quasi-totalité des activités économiques. Ces activités qui
tendent, et nous le voyons avec la crise que nous sommes en train de
traverser, à passer au second plan. Ces activités que vous êtes
une poignée, issus pour la plupart de sphères privilégiées, à
accuser, sont pourtant celles qui génèrent l’emploi, qui
nourrissent, habillent, abritent, soignent, éduquent, éclairent,
réchauffent, transportent, 7 milliards d’individus. Pour parler de
l’outil et prétendre que l’on peut s’en passer il faut, à
minima en connaître le prix et l’utilité.
Etes-vous,
Mesdames, égéries par ailleurs de campagnes publicitaires très
lucratives, les mieux placées pour dénoncer ce consumérisme auquel
vous nous incitez ? Comment pouvons-nous accepter pareilles
pirouettes de la part de celles qui perçoivent en une année ce que
le commun des mortels ne peut espérer gagner en une vie ? Cet
argumentaire, vous le connaissez et je vous en avais adressé, Madame
Binoche, un extrait dans une lettre ouverte publiée en mai dernier.
Je
réitère ici mon opinion en maintenant que vous n’êtes, ni l’une
ni l’autre, légitimes pour revendiquer quoi que ce soit au nom du
peuple Français, pour traduire l’Etat en justice, pour influencer
un débat susceptible d’encourager de nouvelles mesures
coercitives, de nouvelles impositions à celles et ceux qui,
contrairement à vous, ont besoin d’une voiture pour se déplacer,
qui n’ont d’autre choix que celui d’aller au supermarché faire
leurs commissions, qui doivent se chauffer et s’éclairer en
surveillant leurs factures d’électricité, qui partent, quand ils
le peuvent, en vacances chez le pépé car ils n’ont pas les moyens
de se payer les Bahamas ou la Californie.
Parce
si le monde doit changer, celui que vous représentez doit, à son
tour, faire preuve d’un peu moins de suffisance, d’un peu moins
de fatuité. Ne vous croyez surtout pas, Mesdames, obligées de nous
représenter car votre statut vous confère une quelconque notoriété.
C’est en cela aussi que notre société doit évoluer. Car nous
n’avons plus à subir l’idéologie et les opinions de ceux qui,
parce qu’ils portent un nom, croient détenir la vérité.
Jean-Paul
Pelras