mardi 12 février 2019

Un animateur de Fox News affirme ne pas s'être lavé les mains depuis 10 ans, « Les germes ne sont pas une réalité »


Il paraît que le président Trump écoute les nouvelles de cette chaîne. Un animateur de Fox News affirme ne pas s'être lavé les mains depuis 10 ans, « Les germes ne sont pas une réalité », source Doug Powell du barfblog.

Au grand dam de ses invités, un présentateur de Fox and Friends, Pete Hegseth, a déclaré dimanche matin au public de l’émission qu'il ne s'était pas lavé les mains depuis une décennie.
Katherine Hignett de Newsweek a écrit que la révélation est survenue après que les co-animateurs, Ed Henry et Jedediah Bila, aient interrogé Hegseth en dehors des caméras à propos de la consommation de pizza après le National Pizza Day, samedi. Hegseth avait soutenu que la pizza « dure longtemps ».

Bila se moqua alors de Hegseth et qu'il pourrait prendre un morceau de « n'importe quoi sur une table  « qui n’est pas cloué », y compris des tasses.

« Ma résolution pour 2019 est de dire des choses en direct que je dis en dehors du direct… Je ne pense pas que je me sois lavé les mains depuis 10 ans. Vraiment, je ne me lave pas vraiment les mains », a poursuivi Hegseth, provoquant le rire de ses collègues.

« Quelqu'un peut-il m'aider », a dit Bila. « Oh quel mec ».

« Je m'inocule moi-même. Les germes ne sont pas une chose réelle. Je ne peux pas les voir. Par conséquent, ils ne sont pas réels », a déclaré Hegseth.

« Vous êtes donc immunisé contre toutes les bactéries », répondit Bila en roulant des yeux. « Mon père a aussi cette théorie. »
Hegseth a ensuite partagé un Tweet pour soutenir son concept inhabituel de santé et d'hygiène avec le hashtag « DontWash ».

Mais le Centers for Disease Control and Prevention affirme que le lavage des mains est un moyen essentiel de prévenir la transmission des maladies. En vous lavant les mains, en particulier après avoir utilisé les toilettes, vous évitez la propagation de bactéries dangereuses, telles que Salmonella et E. coli, susceptibles de persister en petites particules invisibles d'excréments humains.

Il est également important de se laver les mains après avoir manipulé de la viande crue, car celle-ci peut héberger des germes provenant d'excréments d'animaux.

« Un gramme de fèces humains, ce qui correspond au poids d'un trombone, peut contenir un milliard de germes », indique le CDC.

Complément. Un internaute me signale cette information de 2015, Ce chimiste ne s'est pas douché depuis 12 ans: Il se lave avec des bactéries. Cet ingénieur en chimie a créé un spray à base de bactéries vivantes, qu'il utilise pour assurer son hygiène...


Complément du 18 août 2019. L'Est Républicain évoque ce sujet avec ce titre, Arrêter de se laver : une nouvelle tendance.
Pour rétablir leur équilibre corporel, de plus en plus de personnes ont décidé d'arrêter de se laver avec du savon.

Bien entendu, n'apporter aucun crédit scientifique à ce genre d'errements ...

lundi 11 février 2019

Bilan des toxi-infections alimentaires collectives pour l'année 2017 vu par la DGAL, y'a encore beaucoup de boulot

Une note de service de la DGAL, DGAL/MUS/2019-87 du 01-02-2019, traite de la « Publication du bilan et des statistiques des toxi-infections alimentaires collectives et des cas humains pour l'année 2017 ».
Ce bilan annuel des TIAC et cas humains permet une description statistique relative aux déclarations, aux pathogènes, aux aliments suspectés et aux investigations réalisées au cours de l'année 2017.

Ce bilan annuel des TIAC est en fait « Un bilan épidémiologique concernant les TIAC est publié annuellement par Santé Publique France (SPF). Ce bilan est établi en compilant les données émanant des DD(CS)PP (transmission d’un tableau de bord extrait de SIGAL, portail d'authentification du ministère en charge de l'agriculture ) avec celles émanant des ARS (agences régionales de santé). Le bilan 2016 est consultable sur le site de SPF ».

Le blog avait publié un article sur le bilan 2017 des TIAC par SPF ici. On pourra sans doute se demander pourquoi il n'y a pas eu qu'un seul rapport ... Le seul fait de se poser la question, c'est avoir des nuits blanches, des migraines, des nervous breakdown, comme on dit de nos jours.

Qu'y a-t-il donc de nouveau car cette note de service signée par le directeur général de la DGAL est une curiosité car traditionnellement et rituellement, SPF diffuse le bilan avec plus ou moins de retard avec selon les années ...
En 2017, 1208 TIAC ont été déclarées (certaines TIAC peuvent correspondre à un repas pris en 2016). On note une légère diminution entre 2016 et 2017. Le nombre de malades, lui, a augmenté, passant de 13997 en 2016 à 14269 en 2017. Cette augmentation du nombre de malades est lié à l'augmentation du nombre de cas moyen par TIAC déclarée.
La principale origine des TIAC reste la restauration commerciale (39% en 2016, 40% en 2017), suivie par la restauration collective à caractère social (30% en 2016, 34% en 2017). La part de la restauration familiale est relativement stable: 25% en 2016, 21% en 2017.

On voit donc où doivent se situer les enjeux et le manque cruel de contrôles en restauration commerciale voir à ce sujet .le rapport 2019 de la Cour des comptes qui souligne qu'une entreprise de restauration est en moyenne contrôlé tous les15 ans par les services de l'Etat.

Que peut faire dans ces conditions le dispositif Alim'confiance, mal foutu dès le départ, et qui de plus ne fonctionne que sur un pied, la DGCCRF n'ayant pas encore adopté le dispositif. Les TIAC vont continuer à bien se porter contrairement à ce qui se passe à New York !

Une éclaircie tout de même car « La diminution observée du nombre global de TIAC est principalement expliquée par la diminution du nombre de TIAC déclarées en restauration commerciale (480 en 2017 contre 592 en 2016) et en milieu familial (258 en 2017 et 465 en 2016) ; par contre, le nombre est relativement stable en restauration collective (406 en 2017 contre 393 en 2016). »

On découvre aussi la difficulté de détecter un agent pathogène,
Un agent pathogène a pu être confirmé microbiologiquement dans l'aliment incriminé ou chez au moins une personne malade dans 229 TIAC alors qu'un agent a été suspecté dans 444 TIAC ; pour 364 TIAC, aucun agent n'a pu être identifié ou suspecté. Plus le délai de déclaration (délai entre la date de survenue des premiers symptômes et la déclaration) est court, plus on a de chance de retrouver l'aliment et l'agent en cause. Les délais de déclaration vont de 1 jour à plus de 2 semaines, le délai médian étant de 3 jours.

171 TIAC n'ont pas été retenues (?), étrange …
Dans 22 % des TIAC (c'est-à-dire dans 229 TIAC) où un agent pathogène a été suspecté ou confirmé, les aliments suspectés sont des aliments composés ou des plats cuisinés. Les viandes autres que volailles et les produits de charcuterie sont suspectés dans 16 % des cas puis viennent les poissons, les viandes de volailles et les végétaux. Aucun aliment n'a pu être suspecté dans 11,5 % des TIAC.
Par ailleurs,
Les TIAC à Salmonella ont été majoritairement associées à la consommation d’œufs ou de produits d’œufs et de viandes. Pour les TIAC à Staphylococcus aureus, Bacillus cereus et Clostridium perfringens, la consommation de plats cuisinés est le plus souvent suspectée. Enfin, les TIAC à virus entérique sont le plus souvent associées à la consommation de coquillages et de végétaux.

La note de service revient sur des dossiers marquants de l'année 2017 :

1- Intoxications alimentaires liées à la consommation de thon
Pas d'information du consommateur à ce sujet de la part du ministère de l'agriculture, pourtant « Entre avril et juillet 2017, 26 toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) liées à la présence d'histamine dans du thon ont été déclarées en France et ont concerné 189 malades. Ces chiffres ont dépassé en quelques mois ceux de toute l'année 2016 (25 TIAC, 100 malades). Une enquête complexe a été conduite pour expliquer d'où provenait cette contamination. »

2- Augmentation anormale du nombre de malades liés à Salmonella Eastbourne
Là aussi, pas d'information du consommateur à ce sujet de la part du ministère de l'agriculture, pourtant « Entre août et décembre 2017, 36 cas humains de salmonellose impliquant le sérotype Eastbourne ont été identifiés par le CNR. »
L'interrogation des cartes de fidélité (des patients) a permis d'identifier que la plupart des malades avaient consommé du camembert. Plusieurs établissements producteurs étaient cités, l'un d'entre eux plus fréquemment.

Le lecteur intéressé lira les détails de ces enquêtes.

En conclusion, il est rappelé que « Ce bilan n'est toutefois pas exhaustif, dans la mesure où les TIAC restent encore sous-déclarées. »
Le nombre élevé de TIAC familiales (21% des TIAC, et probablement la catégorie la plus sous-déclarée) rappelle l'importance de l'information du consommateur sur les règles d'hygiène de base ainsi que sur les risques de certains aliments vis-à-vis de populations sensibles.

Enfin un aveu d'impuissance,
Salmonella reste un agent particulièrement préoccupant, suspecté dans plus de 10% des TIAC. Ce chiffre est à rapprocher des plus de 200 alertes « produits » pour présence de Salmonella enregistrées par la Mission des Urgences Saniataires en 2017. Les efforts sont donc à poursuivre sur ce pathogène, et ce sur l'ensemble de la chaîne alimentaire.

Bref, comme indiqué précédemment, y'a encore beaucoup de boulot !

dimanche 10 février 2019

Sécurité des aliments, le rappel volontaire par les entreprises alimentaires est-il un oxymore ?

« Lettre de l'éditeur de Food Safety News : Que la FDA reste vivante est-il un oxymore », source article de Dan Flynn du 10 février 2019 paru dans Food Safety News.

Nous connaissons tous ce qu'est un oxymore lorsque nous en entendons un. Parmi mes favoris: le renseignement militaire, les horaires des trains de l'Amtrak (sorte de SNCF aux Etats-Unis) et l'ingénierie de la circulation des voitures. Les écrivains essaient généralement d'éviter d'utiliser involontairement des oxymores. Un des problèmes que j'essaie toujours de mettre de côté chez Food Safety News est le « rappel volontaire ».

Au moins depuis que la loi sur la modernisation de la sécurité des aliments a été adoptée, il y a huit ans, les rappels sont à peu près aussi volontaires que la décision que nous avons tous prise de signer au bas d'une contravention.

Le gentil policier explique que nous pouvons soit signer et promettre de comparaître devant le tribunal - soit simplement envoyer la contravention par courrier - ou être arrêté sur place. Vous vous dites, « Oh, gentil policier, laissez-moi la signer pour que vous puissiez continuer votre chemin ».

Faites-vous du volontariat ou prenez-vous l'option la moins pénible?

Le rappel volontaire, cependant, est un oxymore qui ne veut pas mourir. Pendant longtemps, j'ai reproché aux clowns du marketing de l'industrie alimentaire de maintenir vivant le « rappel volontaire ».

Maintenant, j'ai pris conscience de cela. Ce n’est pas dû aux clowns du marketing, mais c’est d'une personne beaucoup plus haut placée dans la chaîne alimentaire. Le 7 février, le commissaire de la FDA, Scott Gottlieb, a commenté « de nouvelles étapes pour renforcer le processus de l'agence en matière de publication d'alertes publiques et de notifications de rappels ».

Voici comment il a commencé: « La US Food and Drug Administration prend de nouvelles mesures pour renforcer et moderniser le processus de publication d’un avertissement public concernant un rappel volontaire et la notification des rappels. »

Aie. Non pas que Gottlieb essaie de cacher quelque chose. C’est vraiment l’équivalent de signer en bas d'une contravention ou d’être arrêté.

« La plupart des entreprises collaborent avec la FDA pour initier rapidement des rappels volontaires et travaillent avec leurs partenaires de la chaîne d'approvisionnement pour retirer le produit des rayons afin de prévenir toute distribution ultérieure », a écrit Gottlieb. « Et en général, un rappel survient rapidement lorsque le problème est découvert. Cependant, dans certains cas, la FDA peut avoir besoin de fournir des conseils de sécurité sanitaire au marché pour protéger les consommateurs. »

« Hormis le fait de maintenir vivant l’oxymore « rappel volontaire », la FDA sous la direction de Gottlieb a fait du bien en matière de rappel. L’autorité réglementaire de rappel obligatoire de l’agence est comme une arme chargée, prête à viser et à tirer. Les responsables de la FDA ont présenté la nouvelle politique de rappel obligatoire en novembre dernier.

La FDA, qui a compétence sur environ 80% des aliments aux États-Unis, va également divulguer les points de vente au détail des produits alimentaires rappelés dans certaines situations, selon Gottlieb. Le ministère de l’agriculture des États-Unis le fait depuis des années.

« Nous franchissons une nouvelle étape pour aider à s'assurer que les avertissements publics et les notification des rappels soient appropriés lorsque des produits réglementés par la FDA sont en cause », a déclaré Gottlieb la semaine dernière.

« La dernière directive que nous publions aujourd'hui décrit les circonstances dans lesquelles une entreprise doit émettre un avertissement public à propos d'un rappel volontaire, elle décrit le délai général imparti aux entreprises pour émettre un tel avertissement, quelles informations devraient être comprises dans un avertissement public et elle décrit aussi les situations où la FDA peut prendre des mesures pour émettre son propre avertissement public si l'avertissement d'une entreprise est jugé insuffisant. Elle décrit également la politique de la FDA concernant la publication des rappels dans son rapport sur l’application de la loi, qui répertorie tous les rappels surveillés par la FDA, parfois avant la réalisation d’une évaluation finale des dangers pour la santé. » Il y revient avec cette affaire de « rappel volontaire » dans une déclaration qui porte sur les obligations et les délais.

Le commissaire a également fait de son mieux pour répondre aux critiques qui pourraient être formulées à l’encontre de la FDA. Gottlieb a-t-il abordé le fait qu'il y ait suffisamment d'avertissements publics et trop de rappels?

Il a ajouté que la FDA avait publié des alertes ou des avertissements aux consommateurs concernant de nombreux produits alimentaires tels que les Honey Smacks de chez Kellogg’s, des légumes rappelés et la laitue romaine. En avril 2018, la FDA a émis une ordonnance de rappel obligatoire pour certains produits à base de kratom. Également en 2018, la FDA a rendu publique la liste des établissements de vente au détail vendant du melon prédécoupé associé à une épidémie d'infections à Salmonella.

Gottlieb a dit qu'il y a eu un total de 7 420 rappels au cours de la dernière année. Le commissaire a déclaré que 831 d'entre eux étaient classés dans la catégorie de risque la plus élevée de l'agence.

« Ce chiffre représente un chiffre faible sur cinq ans à propos des rappels », a déclaré Gottlieb. « Cependant, les avis de rappel pourraient sembler avoir augmenté parce que notre publicité de ces événements est devenue plus importante. Nous fournissons régulièrement plus d’informations sur les rappels et d’autres problèmes de sécurité sanitaire des aliments survenus. Nous avons également communiqué plus fréquemment, et dans de nombreux cas, directement avec les consommateurs via les réseaux sociaux de l’agence. Je pense qu’il est essentiel que les consommateurs disposent de ces informations pour pouvoir prendre des mesures afin de protéger leur propre santé. »

Gottlieb promet encore plus à l'avenir.
« Je reste déterminé à investir dans les programmes de rappel et d'épidémies de la FDA, en tirant parti de nos succès et en appliquant le leadership et l'expertise de la FDA pour protéger les familles américaines et assurer la sécurité de notre pays », a-t-il dit.

Maintenant, Monsieur le Commissaire, si vous pouviez faire un petit changement en substituant le mot « entreprise » au mot « volontaire », appelez cela un « rappel de l'entreprise », vous pouvez éliminer un oxymore et personne ne vous accusera que cela provient du renseignement militaire.

Complément. En France, il peut aussi y avoir le rappel volontaire, mais on surtout, le rappel par mesure de précaution, décidément on a aussi chez nous les même clowns du marketing de la sécurité des aliments !

Présence de larves d'Anisakis dans du poisson et information du consommateur

Le Progrès.fr du 10 février 2019 rapporte, « Sainte-Sigolène : il trouve un ver parasite dans son poisson ».
Le jeune homme s’était fendu d’un post « sous le coup de la colère  », après avoir trouvé un ver dans un filet de poisson acheté à l’Intermarché sigolénois. 
Samedi 2 février, le jeune homme achète un filet de poisson au rayon pêche du magasin. Au moment de le préparer, il se rend compte de la présence d’un « invité » remuant. 
 « Sous le coup de la colère », il poste sur le réseau social. Les partages s’enchaînent, ainsi que les commentaires.


Dans le même temps il s’est renseigné auprès de la DDCSPP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations). « Je ne voulais pas faire de la mauvaise pub au magasin, mais simplement être entendu ».

Il l’a visiblement été, puisqu’il a obtenu un rendez-vous avec la direction du magasin, vendredi après-midi. 
« Le directeur a été à l’écoute et compréhensif. Il m’a expliqué les méthodes de l’enseigne. Il m’a également informé que ce ver, qui était bien un anisakis, existe et qu’ils s’en débarrassent en travaillant le poisson. Il arrive qu’à la découpe, si la chair est épaisse, on puisse passer à côté. Rien à voir avec l’hygiène. »

Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Heuh, un peu quand même... car Intermarché est responsable de la qualité sanitaire des produits vendus. Selon Synhorcat,
Ils ne doivent pas contenir de parasites. En conséquence, ce danger doit être pris en compte dans votre plan de maîtrise sanitaire. La réglementation actuelle du paquet d’hygiène (particulièrement les règlements CE n°178/2002, 853/2004 et 2074/2005) prévoient les notamment les obligations suivantes :


- contrôles visuels pour s’assurer de l’absence d’infestation visible par des parasites, 

- traitement par la congélation -20°C pendant au moins 24 heures pour les produits à risque. 
Si la congélation est uniquement utilisée dans un but d’assainissement du produit en garantissant pendant 24 heurs une température à cœur de -20°C, 

- vous n’êtes pas obligés de préciser « denrées congelée » pour la présentation au consommateur, mais vous ne pouvez plus faire mention de l’état frais de vos produits,

- vous devez toutefois informer vos clients professionnels par écrit de la réalisation de ce traitement assainissant. 
Le non respect de la réglementation vous expose à des sanctions pénales dans le cadre d’un contrôle sanitaire relevant la constitution d’une infraction à la législation par vos soins.

C'est donc un peu plus compliqué qu'un simple « panneau d'information » tel que cela est relaté dans ce média ci-après :
Les enseignes préciseront désormais les risques
Le loup soulevé par le jeune homme auprès de la DDCSPP a également eu les conséquences positives attendues. « La DDCSPP m’a informé que l’enseigne était obligé de donner les indications aux consommateurs, chose qu’ils n’avaient pas faite. Désormais, l’enseigne ainsi que l’ensemble des magasins Intermarché préciseront le risque de vers et les conditions à respecter pour ne pas être victime de ce parasite : cuire ou congeler le poisson avant consommation. » 
Des panneaux seront affichés dans les magasins Intermarché.

Recommandations aux opérateurs


«La cuisson (60°C à cœur) et la congélation telle que décrite dans le règlement (CE) n°853/2004 du 29 avril 2004, dans des conditions de temps et températures précises (- 20°C en tous points du produit pendant au moins 24 heures), sont les traitements les plus efficaces pour tuer les larves d’Anisakis et de Pseudoterranova. Cependant, aucune mesure de maîtrise n’est disponible à ce jour pour lutter contre le risque d’allergie, y compris les allergies cutanées. La migration éventuelle des larves en direction des tissus avoisinants (filets) doit être évitée par réfrigération et éviscération le plus rapidement possible des poissons fraîchement pêchés (cela permet de réduire le risque mais ne l’élimine pas car des larves peuvent être présentes et encapsulées dans le muscle du poisson vivant). Le parage des filets est recommandé.
Recommandations aux consommateurs


L’inactivation des larves d’Anisakidae est assurée par :

une congélation pendant sept jours dans un congélateur domestique, une cuisson à cœur (un minute minimum à 60°C à cœur). Une cuisson rose à l’arête est insuffisante pour inactiver les larves potentiellement présentes. 
Une éviscération rapide du poisson pêché ou acheté entier est conseillée. La découpe en tranches fines (carpaccio) plutôt qu’en tranches épaisses ou en cubes permet souvent de détecter la présence de parasite. Une larve d’Anisakis coupée en deux morceaux reste capable de pénétrer dans la paroi du tube digestif. Il n’existe pas de mesure permettant d’éviter le risque allergique, seule l’éviction est recommandée en cas d’allergie.

Deux soucis sont donc à pendre en compte les larves d'Anisakis mais aussi le risque allergène … en souhaitant qu'Intermarché et les autres distributeurs puissent ben intégrer tous ces éléments ...

Bilan des alertes dans le domaine alimentaire en 2017 : Y'a beaucoup de boulot !


Une note de service de la DGAL, DGAL/MUS/2019-86 du 01-02-2019, traite de la « Publication du bilan et des statistiques des alertes dans le domaine alimentaire enregistrées par la mission des urgences sanitaires en 2017 ».
Ce bilan annuel 2017 donne une description de l'activité des services déconcentrés et de la Mission des Urgences Sanitaires (MUS) en matière de gestion des alertes dans le domaine des denrées alimentaires d'origine animale.

Il y a encore peu ce bilan s'appelait le bilan des non-conformités relatives aux denrées d'origine animale, aux produits en contenant et aux aliments pour animaux enregistrées à la DGAL et la dernière version disponible devait concerner le bilan des années 2012 et 2013 …et puis plus rien en termes de bilan .., c'est dire si ce bilan 2017 présente un grand intérêt.
Disons-le d'emblée, c'est un excellent travail qui a été réalisé et qui est proposé dans cette note de service de la DGAL. Beaucoup de données à étudier mais aussi des questions à se poser, la MUS traite les alertes, sanitaires, c'est bien, mais pourquoi n'est-on pas informé ?

On nous dit en préambule, sous forme d'avertissement, que « Ces données ne permettent pas de tirer des conclusions sur la qualité sanitaire des produits mis sur le marché en France, ni d’effectuer des comparaisons avec celles d’autres pays ou avec celles du RASFF. »

Soit, mais quand on voit le nombre d'alertes nationales, on est quand même un peu inquiet, 1045 alertes pour 2017… surtout quand on essaie de suivre tant bien que mal les informations sur les avis de rappel
Le nombre annuel d'alertes nationales est stable depuis 2014. De même, la part des alertes déclenchées hors de France est stable depuis 2014 (2014: 10%, 2015: 12%, 2016: 13%, 2017: 11%).

Et surtout, si on lit la conclusion de ce rapport,
Le nombre d’alertes en 2017 est relativement stable par rapport aux années précédentes. A noter que ce chiffre, nous le verrons lors du prochain bilan, est en nette augmentation en 2018 (30% d’augmentation enregistrée au mois de septembre 2018).

On s'en doutait, mais là on se demande pourquoi une telle dégradation de la situation après quatre année de stabilité, pourquoi aucun indicateur n'est pas à la baisse ?

Les données de la MUS soulignent le bon travail fait par les autocontrôles dans les entreprises alimentaires, pourtant si décriés dans différents rapports :
La majorité des alertes est déclenchée suite à des autocontrôles positifs (64%). Les Plan de Surveillance -Plan de Contrôles (PSPC) de la DGAL sont à l'origine de 12% des alertes, denrées alimentaires d'origine animale (DAOA) et alimentation animale confondues. Pour l'alimentation animale seule, les PSPC sont à l'origine de 17% des alertes (soit 2 alertes issues de PSPC pour 12 alertes déclenchées en France).

Il est même souligné que « La majorité des alertes sont déclenchées suite à des autocontrôles professionnels avec une légère progression des contrôles à la production. »
Parmi les alertes déclenchées suite à des autocontrôles, 48% font suite à un prélèvement au niveau du détaillant et 36% font suite à un prélèvement au niveau du producteur.

Merci qui ? Merci les entreprises alimentaires !
En ce qui concerne les alertes déclenchées en dehors de la France, en 2017, la majorité a fait suite à un prélèvement officiel (43%), ou à un autocontrôle (38%). A noter que dans les autres Etats membres, les autorités compétentes réalisent plus de prélèvements en contrôle officiel qu'en France.
La dernière phrase sonne comme un aveu d'impuissance. Le ministère de l'agriculture nous indique que « Au total, plus de 800 000 analyses sont réalisées chaque année par un réseau de laboratoires agréés. » Il faut donc croire malgré l'avertissement du début du rapport, que c'est sans doute mieux ailleurs ...
Les produits carnés (boucherie, charcuterie, volaille, gibier) représentent la plus grande part des alertes (44%). Viennent ensuite les produits de la mer, c'est-à-dire poissons, coquillages et crustacés (32%) et les produits laitiers (14%).
Les contaminants impliqués dans les alertes enregistrées par la MUS en 2017 : Listeria monocytogenes constitue la problématique la plus fréquente (33% des alertes), suivi par Salmonella (20% des alertes).

Pour Listeria monocytogenes, « en France, une différence existe avec d’autres pays pour la gestion de certains produits avec présence de Listeria monocytogenes < 100 UFC/g », il y a systématiquement alerte.

Au niveau des rappels, aucun site Internet public ou privé ne donne la totalité des informations sur les avis de rappel. Le site Oulah! avait dénombré 133 avis de rappel en 2017, mais cependant, il est très loin du compte car,
« En 2017, 291 rappels ont été effectués. L'ensemble de ces rappels concerne les denrées (aucun rappel sur le feed -alimentation animale). Certains rappels sont mis en place alors qu'aucun retrait n'est possible : c'est le cas lorsque le produit est à DLC dépassée par exemple. Concernant ces rappels, 52% ont une portée nationale ou internationale. »
On reste stupéfait devant le constat selon lequel, « Des communiqués de presse ont été publiés pour 18 alertes, soit 6% des alertes avec rappel. »

Puis intervient le petit jeu du chat et de la souris, ce n'est pas à moi de le faire mais à l'autre, et le consommateur doit se dire que ces enfantillages doivent cesser, et apparemment, ils vont cesser car « on » annonce un site unique des avis de rappel :
L'administration a pris en charge la publication du communiqué de presse dans 7 cas. En règle générale, le professionnel est en effet responsable de la communication. Dans certains cas, l'administration peut se substituer au professionnel (lorsque celui-ci est défaillant ou lorsque le rappel concerne plusieurs producteurs dans le cas par exemple de fermetures de zones de pêche), ou communiquer en parallèle dans un contexte de cas humains.
Les rappels concernent principalement des produits contaminés par des bactéries : 222 rappels sur 291 concernaient cette problématique en 2017. Parmi les alertes liées à des bactéries, 35% ont nécessité un rappel.
L'autre principale cause à l'origine de rappels est la présence de corps étrangers type verre (18 rappels), devant les toxines (3 rappels) et les virus (2 rappels).

En bref, bactéries, toxines, virus, tout cela est de la microbiologie ...

Concernant le RASFF, « en 2017 sur les 110 alertes déclenchées, 16 ont entraîné des mesures de retrait et/ou rappel. »

Les chiffres du RASFF pour 2017 consultés sont quelque peu différents, 133 notifications au RASFF pour les produits d'origine France dont 80 alertes ...

Pour les produits carnés, « Au total, 44% des alertes déclenchées en 2017 concernaient des produits carnés (soit 457 alertes). »
Les problématiques les plus fréquentes sont des contaminations bactériennes: 171 alertes à Listeria monocytogenes, 160 alertes à Salmonella.

Pour les produits laitiers, « En 2017, 140 alertes ont été enregistrées à la MUS. La grande majorité de ces alertes concerne des fromages au lait cru (101 alertes, soit 72%). »
Pour les fromages au lait cru en 2017 (produits en France et hors de France), 100 sur les 101 alertes étaient liés à une contamination bactérienne. En fromages au lait cru, 58 alertes étaient liés à la présence de Listeria monocytogenes. Sur ces 58 alertes, 55 concernaient un fromage produit en France.

Les fromages au lait cru font partie du patrimoine culinaire de notre pays mais ils représentent aussi un souci en termes de santé publique.

Pour les coquillages, « La majorité des non conformités concerne la présence d'E. coli à un taux supérieur au seuil. Les alertes portent principalement sur des mollusques produits en France. »

Il me semble que la problématique norovirus dans les coquillages ait été sous estimée ...

Au niveau du RASFF de l'UE, il y a eu 21 notifications pour des coquillages de France et autant de notification avec E. coli qu'avec norovirus ...

Ce bilan sous forme de constat, c'est bien mais comment fait-on pour améliorer les choses ?

samedi 9 février 2019

Premier bilan du nouveau dispositif de surveillance des zones de production de coquillages. On en reste coi !

Le ministère de l'agriculture communique le 4 février 2019 sur le « Premier bilan de la mise en place du nouveau dispositif de surveillance des zones de production de coquillages ».

Chouette, on va enfin savoir ce qui se cache derrière les « nouvelles modalités de surveillance qui ont été définies par la Direction générale de l'alimentation et mises en œuvre pour la première fois, dans les 22 départements littoraux, le 1er janvier 2018. »

Il faut dire que l'année 2018 nous a réservé une activité intense au niveau des coquillages,
Rappelons qu’il y a eu 53 notifications au RASFF de l’UE en 2018 dont 36 pour la présence de norovirus dans les coquillages de France, et combien d’épidémies à norovirus ou de TIAC ? Nous ne le saurons pas … le RASFF parle quant à lui de 13 épidémies d'origine alimentaire ...
Au niveau des avis de rappels de coquillages, selon le site Oulah!, il y a eu 11 rappels d’huîtres et de moules pour cause de présence de norovirus en 2018. 
Cela étant, c’est bien de faire une note de service de la DGAL sur la « Gestion du risque norovirus en lien avec la consommation de coquillages »; mais c’est encore mieux d’informer les consommateurs sur les avis de rappel.
Le ministère de l’agriculture n’a signalé aucun de ces rappels au cours de l’année 2018 et maintenant une note de service de la DGAL (DGAL/SDSSA/2018-952 du 24-12-2018) nous informe sur la « Gestion du risque norovirus en lien avec la consommation de coquillages. » en ces termes : « Néanmoins, en raison de l'importance que peuvent prendre les gastro-entérites virales, etc. ».
Que dit ce « Premier bilan » ? Je préfère vous laisse juge de ce qu'il contient … c'est à la fois simple et complexe ...
Un an après la mise en place de cette nouvelle organisation, une réunion a été organisée rassemblant tous les acteurs institutionnels de la surveillance : les services de l'administration centrale et déconcentrés de l’État, les laboratoires départementaux d’analyses, ainsi que la coordination nationale et les laboratoires de l'Ifremer. 
Cette réunion a été l’occasion de rappeler les conséquences positives de l’évolution mise en place, le maintien de l’efficacité de la surveillance, ainsi que le renforcement du travail en réseau des différents acteurs locaux. L’Ifremer conforte sa position d’appui à la puissance publique à travers ses missions d’assistance à maîtrise d’ouvrage, qui lui permettent de mettre à profit son expertise. 
Ce premier retour sur la mise en route du dispositif a également permis aux différents acteurs d’échanger sur leurs nouvelles missions, sur les difficultés rencontrées et sur les évolutions envisagées du dispositif. Ces échanges permettront de nourrir les réflexions en cours pour la surveillance sanitaire des zones de production de coquillages. 
2019 sera mise à profit pour conforter ce nouveau dispositif.
Norovirus a encore de beaux jours devant lui ...