dimanche 10 février 2019

Sécurité des aliments, le rappel volontaire par les entreprises alimentaires est-il un oxymore ?

« Lettre de l'éditeur de Food Safety News : Que la FDA reste vivante est-il un oxymore », source article de Dan Flynn du 10 février 2019 paru dans Food Safety News.

Nous connaissons tous ce qu'est un oxymore lorsque nous en entendons un. Parmi mes favoris: le renseignement militaire, les horaires des trains de l'Amtrak (sorte de SNCF aux Etats-Unis) et l'ingénierie de la circulation des voitures. Les écrivains essaient généralement d'éviter d'utiliser involontairement des oxymores. Un des problèmes que j'essaie toujours de mettre de côté chez Food Safety News est le « rappel volontaire ».

Au moins depuis que la loi sur la modernisation de la sécurité des aliments a été adoptée, il y a huit ans, les rappels sont à peu près aussi volontaires que la décision que nous avons tous prise de signer au bas d'une contravention.

Le gentil policier explique que nous pouvons soit signer et promettre de comparaître devant le tribunal - soit simplement envoyer la contravention par courrier - ou être arrêté sur place. Vous vous dites, « Oh, gentil policier, laissez-moi la signer pour que vous puissiez continuer votre chemin ».

Faites-vous du volontariat ou prenez-vous l'option la moins pénible?

Le rappel volontaire, cependant, est un oxymore qui ne veut pas mourir. Pendant longtemps, j'ai reproché aux clowns du marketing de l'industrie alimentaire de maintenir vivant le « rappel volontaire ».

Maintenant, j'ai pris conscience de cela. Ce n’est pas dû aux clowns du marketing, mais c’est d'une personne beaucoup plus haut placée dans la chaîne alimentaire. Le 7 février, le commissaire de la FDA, Scott Gottlieb, a commenté « de nouvelles étapes pour renforcer le processus de l'agence en matière de publication d'alertes publiques et de notifications de rappels ».

Voici comment il a commencé: « La US Food and Drug Administration prend de nouvelles mesures pour renforcer et moderniser le processus de publication d’un avertissement public concernant un rappel volontaire et la notification des rappels. »

Aie. Non pas que Gottlieb essaie de cacher quelque chose. C’est vraiment l’équivalent de signer en bas d'une contravention ou d’être arrêté.

« La plupart des entreprises collaborent avec la FDA pour initier rapidement des rappels volontaires et travaillent avec leurs partenaires de la chaîne d'approvisionnement pour retirer le produit des rayons afin de prévenir toute distribution ultérieure », a écrit Gottlieb. « Et en général, un rappel survient rapidement lorsque le problème est découvert. Cependant, dans certains cas, la FDA peut avoir besoin de fournir des conseils de sécurité sanitaire au marché pour protéger les consommateurs. »

« Hormis le fait de maintenir vivant l’oxymore « rappel volontaire », la FDA sous la direction de Gottlieb a fait du bien en matière de rappel. L’autorité réglementaire de rappel obligatoire de l’agence est comme une arme chargée, prête à viser et à tirer. Les responsables de la FDA ont présenté la nouvelle politique de rappel obligatoire en novembre dernier.

La FDA, qui a compétence sur environ 80% des aliments aux États-Unis, va également divulguer les points de vente au détail des produits alimentaires rappelés dans certaines situations, selon Gottlieb. Le ministère de l’agriculture des États-Unis le fait depuis des années.

« Nous franchissons une nouvelle étape pour aider à s'assurer que les avertissements publics et les notification des rappels soient appropriés lorsque des produits réglementés par la FDA sont en cause », a déclaré Gottlieb la semaine dernière.

« La dernière directive que nous publions aujourd'hui décrit les circonstances dans lesquelles une entreprise doit émettre un avertissement public à propos d'un rappel volontaire, elle décrit le délai général imparti aux entreprises pour émettre un tel avertissement, quelles informations devraient être comprises dans un avertissement public et elle décrit aussi les situations où la FDA peut prendre des mesures pour émettre son propre avertissement public si l'avertissement d'une entreprise est jugé insuffisant. Elle décrit également la politique de la FDA concernant la publication des rappels dans son rapport sur l’application de la loi, qui répertorie tous les rappels surveillés par la FDA, parfois avant la réalisation d’une évaluation finale des dangers pour la santé. » Il y revient avec cette affaire de « rappel volontaire » dans une déclaration qui porte sur les obligations et les délais.

Le commissaire a également fait de son mieux pour répondre aux critiques qui pourraient être formulées à l’encontre de la FDA. Gottlieb a-t-il abordé le fait qu'il y ait suffisamment d'avertissements publics et trop de rappels?

Il a ajouté que la FDA avait publié des alertes ou des avertissements aux consommateurs concernant de nombreux produits alimentaires tels que les Honey Smacks de chez Kellogg’s, des légumes rappelés et la laitue romaine. En avril 2018, la FDA a émis une ordonnance de rappel obligatoire pour certains produits à base de kratom. Également en 2018, la FDA a rendu publique la liste des établissements de vente au détail vendant du melon prédécoupé associé à une épidémie d'infections à Salmonella.

Gottlieb a dit qu'il y a eu un total de 7 420 rappels au cours de la dernière année. Le commissaire a déclaré que 831 d'entre eux étaient classés dans la catégorie de risque la plus élevée de l'agence.

« Ce chiffre représente un chiffre faible sur cinq ans à propos des rappels », a déclaré Gottlieb. « Cependant, les avis de rappel pourraient sembler avoir augmenté parce que notre publicité de ces événements est devenue plus importante. Nous fournissons régulièrement plus d’informations sur les rappels et d’autres problèmes de sécurité sanitaire des aliments survenus. Nous avons également communiqué plus fréquemment, et dans de nombreux cas, directement avec les consommateurs via les réseaux sociaux de l’agence. Je pense qu’il est essentiel que les consommateurs disposent de ces informations pour pouvoir prendre des mesures afin de protéger leur propre santé. »

Gottlieb promet encore plus à l'avenir.
« Je reste déterminé à investir dans les programmes de rappel et d'épidémies de la FDA, en tirant parti de nos succès et en appliquant le leadership et l'expertise de la FDA pour protéger les familles américaines et assurer la sécurité de notre pays », a-t-il dit.

Maintenant, Monsieur le Commissaire, si vous pouviez faire un petit changement en substituant le mot « entreprise » au mot « volontaire », appelez cela un « rappel de l'entreprise », vous pouvez éliminer un oxymore et personne ne vous accusera que cela provient du renseignement militaire.

Complément. En France, il peut aussi y avoir le rappel volontaire, mais on surtout, le rappel par mesure de précaution, décidément on a aussi chez nous les même clowns du marketing de la sécurité des aliments !

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